REVUE ETAPES n.214 : dessin et illustration

Sur le retour du Festival international de l'affiche et du graphisme de Chaumont, les têtes chargées d'images et de paroles, nous dérivons sur une plage abandonnée. Le premier pied posé, l'envie nous prend de siffloter, et voilà encore que nos bras commencent à s'élever à la verticale, sans que nous puissions leur imposer une quelconque résistance. Aussitôt, des oiseaux envahissent les feuillages et entament une discussion profonde sur la pluie et le beau temps. Ils nous racontent ensuite qu'ils ont vu jouer ensemble un lion et une chauve-souris, qu'ils reviennent d'une autre plage sur laquelle les oursins sont sortis de l'eau pour faire une partie d'échecs avec les écureuils. Nous rentrons chez nous, circonspects, et racontons à quelques amis nos aventures abracadabrantes. Ces derniers nous montrent alors les pieds de leurs enfants... transformés en raquettes de tennis. Le monde change profondément, et beaucoup d'entre nous le regardent de manière immobile. Les dessinateurs ont une capacité à en redéfinir continuellement les contours. Que cela soit dans un souci de justesse, de réalisme ou au contraire en y conviant leurs chimères, visions et songes fantastiques. Dans une telle opération de «redesign» du monde, ils ont questionné et réinventé un art qui existe depuis le paléolithique, et lui ont trouvé de nouvelles utilités. Petit à petit, le jeune design graphique (disons «jeune» si l'on considère l'âge du grand frère dessin) élargit son aire de jeu et ses fonctions. Des territoires se révèlent à l'horizon à ceux qui veulent bien les voir. Les imaginer est une première étape. Le vent se lève, bientôt nous apercevrons les plages.
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