"Je ne sais plus comment j'avais retrouvé mon lit. Sitôt après je m'endormis profondément. Mes rêves furent ludiques et agités, baignant dans la couleur, les parfums et la musique. Je franchissais des murs faits de voiles flottants au gré du vent qui étaient autant de tendresses et de caresses. Le jardin, dans lequel j'errais, regorgeait de fleurs écloses et tendres. La rosée formait des perles qui chatoyaient sur les pétales alanguis par tant de fraîcheur. Des roses trémières, des lys délicats aux feuilles fragiles s'étalaient sur la mousse. Les nervures violacées étaient les veines de cette nature en pleine exaltation. Mes pieds la frôlaient à chacun de mes pas. J'étais légère et me baignais dans cet univers chantant. Non seulement ces fleurs étaient généreuses, mais leur délicatesse débordait de la vie qui jubile de bonheur. Mes doigts ne pouvaient pas les atteindre car elles étaient défendues. Le jardin était rempli de fantômes dont je percevais la présence à chacun de mes pas. Il devait se dérouler à cet instant précis une réunion au sommet des grands cèdres." On retrouve dès les premières pages de cette fin de nuit, ou de ce tout début auroral, l'univers tout à la fois coloré et musical des précédents romans d'Arlette Shleifer, en particulier Luna ou le voyage d'une étincelle, son premier; mais, très vite le lecteur est happé par l'action qui l'entraîne dans une enquête quasi policière suite à une soirée et à une nuit agitées... dans une belle maison au bord d'un golfe clair quelque part en Méditerranée... les amis sont partis, la fête est finie, mais la maison est sans dessus dessous et, dans le jardin, un cadavre joue à cache cache.