En rendant compte des échanges intellectuels en sciences sociales entre États-Unis et France, ce dossier critique pointe les écarts dans les manières de penser et d'écrire de part et d'autre de l'Atlantique.
Évaluer l'état de ces savoirs à l'ère de la mondialisation, c'est repérer les enjeux géopolitiques, les différences entre les systèmes universitaires, les transformations intellectuelles. À l'encontre d'une anthropologie figée, les auteurs, d'horizons divers, revendiquent une ouverture à la pluralité des mondes, traquent les perspectives neuves. Ils se donnent trois objectifs : faire mieux connaître des disciplines et des champs de recherches américano-anglophones trop souvent méconnus ou sous-évalués en Europe et en France ; problématiser la circulation des savoirs et la transmission des échanges intellectuels en sciences sociales ; étudier les malentendus, les équivoques dans ces échanges, mais en soulignant leur caractère fécond.
Textes américains méconnus, travaux français applaudis là-bas boudés ici puis redécouverts, questions sensibles (héritage colonial, racisme) creusées plus aux États-Unis qu'en France : les cas de figure de (non)réception, perception et transmission des échanges intellectuels entre les deux pays sont divers, varient selon le contexte scientifique et politique. En portant une attention particulière à ces transferts, ce livre invite à repérer les absences dans nos manières de penser pour mieux chercher, ou récupérer, ailleurs. Il s'agit bien ici d'un plaidoyer pour une pensée décloisonnée.
Ont participé à ce dossier : J. Assayag - C. Ginzburg - J. Clifford - C. Laurière - S. Subrahmanyam - M. Abélès - D. Figueira - S. Laugier - C. Salgues - J.-M. Chapoulie - L. Jeanpierre - D. Fassin - P. Simon - F. Keck - E. Neveu - C. Chivallon - É. Fassin - S. Van Damme