Peau noire, masques blancs La décolonisation faite, cet essai de compréhension du rapport Noir-Blanc a gardé toute sa valeur prophétique : car le racisme, malgré les horreurs dont il a affligé le monde, reste un problème d'avenir.
Il est ici abordé et combattu de front, avec toutes les ressources des sciences de l'homme et avec la passion de celui qui allait devenir un maître à penser pour beaucoup d'intellectuels du tiers monde.
Frantz Fanon (1925-1961) Né à Fort-de-France, il s'engage dans les Forces française libre en 1943, puis étudie la médecine, la philosophie et la psychologie à Lyon. Il devient médecin-chef de l'hôpital psychiatrique de Blida, mais il est expulsé d'Algérie en 1957 et s'installe à Tunis où il reste lié avec les dirigeants du GPRA. Il meurt d'une leucémie après avoir publié deux autres ouvrages consacrés à la révolution algérienne et à la décolonisation.
Ce livre présente la synthèse de vingt années de recherches, menées en france et en algérie, sur l'émigration et l'immigration, deux phénomènes qui sont aussi indissociables que le recto et le verso de la même feuille et pourtant très différents en apparence, au point qu'on croit pouvoir comprendre l'un sans connaître l'autre.
Abdelmalek sayad restitue à l'immigration tout ce qui en fait le sens, c'est-à-dire le non-sens : par des entretiens admirables de délicatesse et de compréhension, il amène les immigrés à livrer le plus profond de leur intimité collective, les contradictions déchirantes dont leur existence déplacée est la conséquence. c'est par exemple l'immense mensonge collectif à travers lequel l'immigration se reproduit, chaque immigré étant conduit, par respect pour lui-même et aussi pour le groupe qui lui a donné mandat de s'exiler, à dissimuler les souffrances liées à l'émigration et à encourager ainsi de nouveaux départs.
Ce sont les contradictions de tous ordres qui sont inscrites dans la condition d'immigré, absent de sa famille, de son village, de son pays, et frappé d'une sorte de culpabilité inexpiable, mais tout aussi absent, du fait de l'exclusion dont il est victime, du pays d'arrivée, qui le traite comme simple force de travail. autant de choses qui ne sont pas seulement dites dans le langage habituel de la littérature critique, mais également dans la langue que les immigrés emploient eux-mêmes pour faire part avec beaucoup d'intensité et de justesse, de leur propre expérience.
On ne pourra plus, après avoir lu le livre, regarder de la même façon les immigrés que l'on croise distraitement dans le métro ou dans la rue, ni écouter avec la même indulgence les discours dont ils font l'objet et qui, même les mieux intentionnés, les enfoncent dans leur étrangeté.
En 1988 et 1989, Pierre Bourdieu consacre son cours à un aspect aussi central que difficile de l'État : le service du bien public. Les fonctionnaires prétendent sacrifier leurs intérêts personnels, mais des actions gratuites, totalement désintéressées, sont-elles vraiment concevables ? Y a-t-il une part de vérité à décrire le droit comme un ensemble de règles universelles au-dessus des intérêts particuliers, ou n'est-ce là qu'idéologie ? Les bureaucrates sont-ils la classe qui pense, célébrée par Hegel (mais aussi Durkheim), ou les usurpateurs dénoncés par Marx ? Pierre Bourdieu dépasse ces alternatives en s'intéressant à la formation, dans nos sociétés, de champs tels que le champ juridique ou le champ bureaucratique : les agents sociaux y sont conduits à servir, en même temps que des intérêts qui leur sont propres, des intérêts qui les dépassent. Si des actions désintéressées, orientées vers l'universel, sont possibles, c'est parce qu'il existe, dans ces univers sociaux, un intérêt au désintéressement.
Au-delà de cette démonstration, ces cours sont l'occasion de découvrir des analyses inédites de Bourdieu sur la genèse du champ juridique, la naissance des sciences sociales, l'usage de la notion de profession en sociologie...
Le discours économique classique repose sur des postulats qu'il présente comme allant de soi : offre et demande posées de façon indépendante, individu rationnel connaissant son intérêt et sachant faire le choix qui y correspond, règne inconditionnel des prix... Or il suffit d'étudier de près une transaction, comme Pierre Bourdieu le fait ici pour la vente et l'achat immobiliers dans le Val d'Oise, pour s'apercevoir que ces postulats abstraits ne rendent pas compte de la réalité.
Le marché est construit par l'État, qui peut par exemple décider de favoriser l'accès à la maison individuelle ou à l'habitat collectif ; quant aux personnes impliquées dans la transaction, elles sont immergées dans des constructions symboliques qui font, au sens fort, la valeur des maisons, des quartiers ou des villes.
L'abstraction illusoire des postulats classiques est d'ailleurs critiquée aujourd'hui par certains économistes ; mais il faut aller plus loin : l'offre, la demande, le marché, et même l'acheteur et le vendeur, sont le produit d'une construction sociale, de sorte qu'on ne peut décrire adéquatement les processus dits « économiques » sans faire appel à la sociologie.
Au lieu de les opposer, comme on le fait traditionnellement, il est temps de comprendre que sociologie et économie constituent en fait une seule et même discipline ayant pour objet l'analyse de faits sociaux, dont les transactions économiques ne sont après tout qu'un aspect.
Le clerc, qui ne se confond pas avec le prêtre ou le moine, est le descendant d'une lignée originale dans l'Occident urbain du Moyen Age : celle des intellectuels. Le mot est moderne, il a l'avantage de désigner à la fois le penseur et l'enseignant, et de ne pas être équivoque.L'enquête de Jacques Le Goff est une introduction à la sociologie historique de l'intellectuel occidental. Mais elle fait aussi la part du singulier et du divers, et devient ainsi une galerie de caractères finement analysés.La première édition de cet ouvrage devenu classique a paru aux Editions du Seuil en 1957. Elle reparaît aujourd'hui augmentée d'une préface et d'une longue bibliographie critique dans lesquelles Jacques Le Goff fait droit aux travaux parus depuis la première publication, et bien souvent inspirés par elle.
Le citoyen des démocraties modernes aurait déserté le forum pour se réfugier dans la sphère privée, répètent à l'envi les pessimistes. Ce jugement ignore en réalité une large part de notre vie politique. En marge des procédures institutionnelles censées installer la confiance entre gouvernants et gouvernés, s'est en effet développé un vaste continent de la défiance active. Surveiller, empêcher et juger sont ainsi devenus les travaux quotidiens des citoyens de la « contredémocratie ». C'est cette face cachée de l'activité démocratique dont Pierre Rosanvallon propose ici la première théorie d'ensemble. En l'inscrivant dans un cadre historique et politique élargi, ce livre éclaire d'un jour nouveau les mobilisations négatives qui émaillent notre vie publique au risque de la paralyser.
La libido est désormais un secret de polichinelle. Rien n'est moins inconscient, rien ne s'affiche davantage. Il ne faut pourtant pas se leurrer. La libération sexuelle pourrait bien être une ceinture de luxure aussi cadenassée que la moyenâgeuse ceinture de chasteté. Parce qu'il est ramené au plaisir, au mieux à la « petite mort », on ignore le lien du sexe avec la joie, car la joie est exigeante, et elle exige qu'on renonce aux plaisirs mesquins. La psychologie conçoit le sexe comme ressort afin de ne pas voir, ce qui est beaucoup plus embarrassant, le sexe comme mystère. L'hypersexualisation actuelle pourrait même cacher une haine du sexe. Haine du sexe comme marque de notre condition charnelle. Haine du sexe dans sa sexuation. Haine du sexe dans sa fécondité. Et nous ramener paradoxalement à un dualisme où la raison, au lieu de se mettre à l'écoute de la chair, en fait le matériau de son fantasme et s'élève au-dessus de ses déterminations. Comme à ses premiers siècles, le christianisme se retrouve alors aujourd'hui dans la situation singulière d'avoir à chanter la gloire du corps, la spiritualité de la chair, et à lui redonner sa dimension spirituelle. En analysant successivement la spécificité de la sexualité humaine, dont l'enjeu, à travers l'enfantement, serait la question du salut ; le couple et la signification de l'union charnelle; celle de la naissance, qu'on obscurcit souvent au profit d'un projet parental qui fait de l'enfant le produit d'un désir, cet essai montre en quoi la sexualité nous dépasse et tente de saisir son mystère ultime.
Le macroscopeQu'y a-t-il de commun entre l'écologie, le système économique, l'entreprise, la ville, l'organisme, la cellule ?Rien, si on se contente de les examiner avec l'instrument habituel de la connaissance, l'approche analytique. Beaucoup, si l'on dépasse cette démarche classique pour faire ressortir les grandes règles d'organisation et de régulation de tous ces « systèmes ». Pour l'auteur, l'instrument symbolique de cette nouvelle manière de voir, de comprendre et d'agir est le « macroscope », qui devrait être aussi précieux aujourd'hui aux responsables de la politique, de la science, de l'industrie, et à chacun de nous, que le sont le microscope et le télescope pour la connaissance scientifique de l'Univers.Joël de RosnayDocteur ès sciences. Écrivain scientifique. Futurologue. Ancien directeur des applications de la recherche de l'Institut Pasteur, ancien directeur de la stratégie de la Cité des sciences et de l'industrie, il est président exécutif de Biotics International et conseiller de la présidente de la Cité des sciences et de l'industrie.
Les principaux axes d'étude de Pierre-Michel Menger sont : les arts, leurs marchés et leurs systèmes d'évaluation ; le travail et l'emploi dans les arts et la culture, et la répartition du temps accordé au loisir et au travail dans l'emploi du temps des Français. Ce volume rassemble les contributions les plus significatives de l'auteur sur ces sujets. Parues dans des revues scientifiques, elles n'étaient jusqu'alors pas accessibles au public.
Sous une apparence pragmatique, la gestion constitue une idéologie qui légitime la guerre économique et l'obsession du rendement financier. Les ' gestionnaires ' installent en fait un nouveau pouvoir managérial. Il s'agit moins d'un pouvoir autoritaire et hiérarchique que d'une incitation à l'investissement illimité de soi dans le travail pour tenter de satisfaire ses penchants narcissiques et ses besoins de reconnaissance. Il s'agit d'instiller dans les esprits une représentation du monde et de la personne humaine, en sorte que la seule voie de réalisation de soi consiste à se jeter à corps perdu dans la ' lutte des places ' et la course à la productivité.
Or, pour comme pour mieux assurer son emprise, cette logique déborde hors du champ de l'entreprise et colonise toute la société. Aujourd'hui, tout se gère, les villes, les administrations, les institutions, mais également la famille, les relations amoureuses, la sexualité... Le Moi de chaque individu est devenu un capital qu'il doit faire fructifier.
Mais cette culture de la haute performance et le climat de compétition généralisée mettent le monde sous pression. Le harcèlement se banalise, entraînant l'épuisement professionnel, le stress et la souffrance au travail. La société n'est plus qu'un marché, un champ de bataille insensé où le remède proposé aux méfaits de la guerre économique consiste toujours à durcir la lutte. Face à ces transformations, la politique, à son tour contaminée par le ' réalisme gestionnaire', semble impuissante à dessiner les contours d'une société harmonieuse, soucieuse du bien commun.
Peut-on néanmoins échapper à l'épidémie ? Peut-on repenser la gestion comme l'instrument d'organisation et de construction d'un monde commun où le lien importe plus que le bien ? C'est en tout cas la piste qu'ouvre ici le diagnostic du sociologue clinicien.
L'Autre s'identifie souvent aux mondes lointains et exotiques. Sociologues, Claude Grignon et Jean-Claude Passeron réfléchissent ici au contraire sur l'altérité domestique, celle que nous côtoyons tous les jours, qui nous est familière, presque intime. Comment décrit-on la culture populaire, c'est-à-dire : comment se donne-t-on les moyens de la penser ? Faut-il, pour la comprendre dans sa cohérence, la traiter comme un univers autonome de significations, ainsi que le conseille le relativisme culturel ? Faut-il, au contraire, partir des mécanismes de domination sociale qui la constituent, comme le voudrait une théorie de la légitimité culturelle ? En quoi rend-on, par l'un ou l'autre choix, justice aux traits propres dont elle est porteuse ? L'efficacité obstinée des deux figures opposés du misérabilisme et du populisme suggère que vouloir penser l'Autre comme radicalement Autre ou comme utopiquement Même, c'est, comme le dit l'expression populaire, «du pareil au même».
Nous sommes, depuis une décennie, confrontés à cette évidence : toutes les institutions sociales s'affaiblissent, et certaines d'entre elles menacent même de s'effondrer. La famille, l'école, la ville, le système de protection et de contrôle social, l'entreprise, la politique elle-même offrent à nos yeux le spectacle désolant d'archaïsmes incapables de se moderniser. Faut-il s'en inquiéter ? S'en réjouir ? Que se passe-t-il pour que les piliers de nos sociétés démocratiques se dérobent ainsi quand la globalisation du monde appellerait leur renforcement ?
Tous les vingt ans, Alain Touraine publie une somme théorique magistrale, synthèse de ses travaux en cours. Après Production de la société (1973) et Critique de la modernité (1992), La Fin des sociétés marquera son oeuvre comme le point d'achèvement d'un travail d'observation critique de l'émergence du Sujet sur les ruines de la Société, et de la substitution de la revendication éthique à celle de l'émancipation du travail.
Mais c'est sans doute ceci, d'abord, que le lecteur retiendra : ce n'est pas d'un monde unifié dont nous avons besoin, mais d'une pensée globale du monde. A charge pour nous d'apprendre à quelles conditions le sujet de droits que nous sommes devenus est susceptible de se faire l' acteur d'une expérience post-historique entièrement nouvelle, où l'économie financière, devenue sauvage aujourd'hui, pourrait être à nouveau contrôlée.
Ce livre, aussi rigoureux qu'inventif, offre une perspective stimulante sur les questions de « l'internationalisation » et de « la mondialisation ». Il prend les choses à rebours : il s'intéresse aux institutions nationales mais au lieu d'adopter pour cela un point de vue lui-même national, Abram de Swaan fait apparaître que les États-nations et leurs institutions sont inextricablement imbriqués dans des structures transnationales souvent remarquablement prégnantes. Même dans des domaines considérés comme relevant par excellence des affaires intérieures, les questions de langue et du système scolaire par exemple, de Swaan révèle de manière inattendue le primat des structures transnationales. Les analyses des pratiques culturelles ou des programmes d'enseignement actuels et futurs qui se placent spontanément dans les limites des frontières nationales, oublient le caractère primordial de leur inscription dans ce qu'on peut concevoir comme une société transnationale émergente. Ce livre change ainsi radicalement la perspective dominante en sciences sociales et renouvelle la compréhension de plusieurs questions centrales notamment pour la poursuite de la construction européenne.
Notre société engendre de nouvelles peurs. Car la modernité, devenue " liquide ", a fait triompher l'incertitude perpétuelle : la quête de sens et de repères stables a laissé la place à l'obsession du changement et de la flexibilité. Le culte de l'éphémère et les projets à courts terme favorisent le règne de la concurrence au détriment de la solidarité et transforment les citoyens en chasseurs ou, pis, en gibier. Ainsi le présent liquide sécrète des individus peureux, hantés par la crainte de l'insécurité.
L'un des plus grands sociologues contemporains porte un regard sans concession sur l'insécurité sociale et s'interroge sur la fin des utopies.
Connu pour ses travaux sur les immigrés, Abdelmalek Sayad s'est également intéressé à la place de leurs enfants dans l'école française. Écrits entre la fin des années 1970, à un moment où l'institution scolaire voit arriver de nouveaux publics issus des regroupements familiaux, et la fin des années 1990, alors que la problématique de leur échec scolaire est devenue prégnante dans les débats publics, ces textes étaient restés jusqu'à présent inédits ou cantonnés à une diffusion confidentielle.
Sayad saisit cette question dans sa genèse et montre comment les politiques et les pédagogies mises en oeuvre pour réconcilier ces élèves avec l'école en valorisant ce que l'on suppose être " leur " culture engendrent des mécanismes de relégation dont les effets se révèlent désastreux. À célébrer la diversité en occultant le poids des facteurs sociaux, nombre d'enseignants en viennent à oublier que la mission première de l'école républicaine est bien d'intégrer ces enfants à la société à laquelle la trajectoire migratoire de leurs parents les destine et non de maintenir à toute force un lien avec leurs " origines " - au risque de les y enfermer.
Présentés par Benoît Falaize (Université de Cergy) et Smaïn Laacher (EHESS), ces textes révèlent avec une remarquable acuité les malentendus et les ratés de la socialisation scolaire qu'il est urgent, à partir de Sayad, de repenser.
Après une trentaine d'années de croissance et de progrès de l'égalité, les inégalités sociales se creusent partout en Amérique du Nord et en Europe depuis les années 1980. Au même moment, on observe un reflux des États-providences, ainsi qu'un recul de la croyance dans la capacité des institutions à assurer une certaine égalité sociale. Pour beaucoup, il serait temps de se débarrasser du politiquement correct qui empêcherait d'appeler les choses par leur nom : les « races », les « racailles », les « assistés », les « putes », les « pédés », etc. Bref, même si chacun le déplore, les liens de solidarité qui nous font désirer l'égalité sociale faiblissent irrémédiablement. Nous sommes souvent tentés d'attribuer ce retour des inégalités à la seule force de mécanismes économiques aveugles.
Mais ce ne sont pas seulement les inégalités et les crises qui affectent les liens de solidarité ; c'est aussi, et peut-être surtout, la faiblesse de ces liens qui explique que les inégalités se creusent. En dépit de leurs principes, les sociétés « choisissent » l'inégalité, soit parce qu'elle serait bonne pour la croissance, soit parce que l'égalité reste un principe purement abstrait. Car ce sont les solidarités entendues comme l'attachement aux liens sociaux qui nous font désirer l'égalité de tous, y compris l'égalité de ceux que nous ne connaissons pas.
Pierre Bourdieu consacra les cinq premières années de son enseignement au Collège de France à un « Cours de sociologie générale », selon l'intitulé qu'il choisit lui-même de retenir. Le présent volume, qui sera suivi d'un second, en constitue la première partie.
Prononcées dans une institution au sein de laquelle la place de la sociologie était encore largement à faire, ces leçons exposent d'une manière particulièrement claire et méthodique les concepts fondamentaux qu'il a développés et les différentes traditions, en philosophie et en sciences sociales, avec ou contre lesquelles il les a forgés. Cette intention pédagogique se démarque toutefois profondément de la rhétorique qui l'accompagne d'ordinaire en s'efforçant de transmettre un mode de pensée original plutôt qu'un corpus de connaissances établies.
En raison de l'objectif affiché, ce cours peut être lu comme une présentation systématique de la théorie qu'il a élaborée, doublée d'une reconstruction inédite de sa genèse. Si Bourdieu a continué d'approfondir et de complexifier ses analyses au fil de son oeuvre, l'entreprise menée ici est restée sans équivalent et représente sans doute la meilleure introduction jamais donnée à son travail.
L'oeuvre multiple et complexe de Pierre Bourdieu a suscité, de par le monde, de très nombreuses interprétations et interpellations. C'est cet univers de discussions que Loïc Wacquant a reconstitué lors d'un séminaire tenu à l'Université de Chicago en 1987 puis au cours d'échanges serrés avec Pierre Bourdieu entre 1988 et 1991. Invitation à la sociologie réflexive livre les enseignements de ces échanges transatlantiques selon trois modalités complémentaires.Après une première partie exposant l'architecture conceptuelle et thématique des travaux de Pierre Bourdieu, Loïc Wacquant, au cours d'une interrogation méthodique nourrie de la lecture de l'oeuvre et de ses critiques, permet non seulement au sociologue de répondre aux objections qui lui ont été adressées, mais aussi de livrer, plus clairement que jamais, les fondements philosophiques et épistémologiques de sa démarche.
Poussé et porté par cette interrogation, Pierre Bourdieu est conduit à révéler jusqu'aux implications éthiques et civiques de son travail et à réfléchir sur ses effets sociaux.En présentant, dans la troisième partie, le préambule à son séminaire de recherche à l'École des hautes études en sciences sociales, Pierre Bourdieu nous fait entrer dans son atelier, ce laboratoire où s'élabore une oeuvre à laquelle ce livre constitue la meilleure introduction.
En 1957, Roland Barthes publie les Mythologies. De la DS au steak-frites, de l'abbé Pierre au courrier du coeur, « il fait le portrait brillant et acide de la société française de consommation à
travers ses icônes économiques, domestiques, politiques et culturelles. Un demi-siècle plus tard, ce tableau de moeurs a gardé tout son éclat. Fidèle aux principes, sinon idéologiques, du moins
sémiologiques de son auteur, nous ouvrons, à notre tour, le bazar des années 2000. » (Jérôme Garcin) Une soixantaine de « nouvelles mythologies » (dont une trentaine, publiées dans Le Nouvel
Observateur le 15 mars 2007, seront reprises et parfois augmentées) seront rassemblées dans cet ouvrage dirigé et préfacé par Jérôme Garcin. Du 4x4 au corps nu d'Emmanuelle Béart, du sushi à l'écran plat, en passant par l'euro, le commerce équitable, les capsules Nespresso ou le blog, une soixantaine d'écrivains, de philosophes, de sociologues dressent le portrait de la société française de ce début de millénaire. Parmi ceux-ci, Jean-Paul Dubois, Philippe Delerm, Catherine Millet, Daniel Sibony, Charles Dantzig, Philippe Sollers, Gilles Lipovetsky, Frédéric Vitoux, Jacques Drillon, Patrick Rambaud, Jacques-Alain
Miller, Boris Cyrulnik, etc.
Pourquoi divorce-t-on si souvent aujourd'hui ? comment peut-on se séparer, et quelquefois se détester, lorsqu'on a tout partagé ou point de concevoir ensemble des enfants ? les questions des adolescents sur le divorce laissent en général les adultes sans voix tant elles sont directes.
Pour eux, comme pour les adultes, la rupture représente une épreuve dont il ne sert à rien de minimiser les effets. ne sont-ils pas les premiers concernés par les déménagements, les changements d'école ou l'apprentissage d'une nouvelle organisation familiale, souvent contraignante ? comment leur donner les moyens de se construire en confiance, sans rien renier de leur histoire personnelle, entre deux maisons et deux univers différents ? a partir d'exemples vécus, les auteurs s'attachent à dédramatiser une situation douloureuse et à dégager les repères dont tout enfant a besoin lorsque ses parents se séparent.