« L'éducation est l'action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de développer chez l'enfant un certain nombre d'états physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble et le milieu spécial auquel il est particulièrement destiné. » Ce volume rassemble quatre études exposant les idées maîtresses de Durkheim dont l'intérêt est toujours d'actualité quant aux problèmes abordés et par la manière à la fois raisonnable et optimiste de chercher à les résoudre. Un classique de la pédagogie et de la sociologie.
« «L'homme est un loup pour l'homme» ; qui donc, d'après toutes les expériences de la vie et de l'histoire, a le courage de contester cette maxime ? » « Sombre tableau, Malaise a la couleur de son temps ; la haine, l'agression, l'auto-anéantissement en donnent le ton psychanalytique. Sinistre présage, Freud dépose son manuscrit chez l'imprimeur en novembre 1929, tout juste une semaine après le «mardi noir» de Wall Street (29 octobre). Les derniers mots de la première édition conservaient malgré tout un vague espoir dans les effets de l'«Eros éternel», le grand rassembleur. Un an plus tard, lors de la seconde édition - les 12 000 premiers exemplaires ont été rapidement vendus, Freud est devenu un homme célèbre -, la dernière phrase ajoutée assombrit la perspective : entre les deux adversaires, Eros et la pulsion de mort, «qui peut présumer du succès et de l'issue ?» » (Extrait de la préface).
Durkheim analyse " le rôle que les groupements professionnels sont destinés à remplir dans l'organisation sociale des peuples contemporains ". Constatant le développement des fonctions économiques dans la société, il plaide pour une moralisation et une normalisation des relations entre les différents acteurs de la vie économique. Son analyse est encore de nos jours d'une pertinence confondante, ainsi que le relève Serge Paugam dans sa préface, il insiste sur l'importance de l'analyse et sur la méthode de Durkheim.
L'ouvrage regroupe cinq textes majeurs de Marcel Mauss, rédigés entre 1921 et 1938, qui explorent la possibilité d'une coopération entre psychologie et sociologie à partir de l'analyse précise d'une documentation ethnographique et historique. Depuis l'expression obligatoire des sentiments dans les cérémonies funéraires australiennes jusqu'à l'histoire de la notion de personne comme catégorie de l'esprit humain, en passant par l'étude du rapport des individus à l'avenir dans différents contextes socio-historiques et par la genèse sociale des relations de hiérarchie et de rivalité, Mauss a tenté de construire avec les psychologues et les anthropologues de son temps, généralement formés en médecine, un modèle de l'homme bio-psycho-social avant de se tourner vers la psychologie historique et l'histoire des techniques.
Cet ouvrage montre l'apport décisif de Marcel Mauss à la psychologie sociale.
Parce qu'écrire c'est s'engager, tout auteur doit nécessairement se demander comment, par sa pratique, ne pas participer à la reproduction d'un monde traversé par des systèmes de domination, d'exploitation et de violence.
En examinant ce que signifie de vivre une bonne vie intellectuelle dans un monde mauvais, Geoffroy de Lagasnerie élabore un ensemble d'analyses radicales sur l'autonomie de la culture, sur la valeur du savoir et de la vérité, sur la possibilité de concevoir une pratique de connaissance qui soit en même temps oppositionnelle, ou encore sur les rapports de l'intellectuel aux luttes.
Lorsqu'il suspend l'adhésion spontanée à ce qu'il est, tout auteur se pose nécessairement un jour ou l'autre ces questions troublantes : mais au fait...
à quoi sert ce que je fais ? Quels sens ont l'art, la culture et le savoir - et à quelles conditions ont-ils du sens ?
Une question de sociologie s'intéresse, par définition, à ce qui constitue la dimension sociale de l'existence humaine, mais relève d'un travail d'objectivation ne pouvant se concevoir sans un regard distancié et critique par rapport au sens commun. Pour répondre à cinquante de ces questions, cet ouvrage, dans un souci pédagogique permanent, mobilise le savoir accumulé à partir des recherches menées. Conçu à l'occasion du dixième anniversaire de la revue Sociologie, il traduit le dynamisme et la richesse de la discipline, et une volonté collective de définir et d'éclairer les questions majeures qui traversent notre société.
Longtemps incomprise à cause de sa modernité même, la sociologie de Simmel consiste en une large gamme de modèles d'explication sociologique : en élaborant la notion de « forme », de schéma explicatif commun à des réalités historiques très différentes par ailleurs, Simmel a réussi à éviter tout projet de descriptionexplication dogmatique et systématique de la société. Il peut ainsi juxtaposer des approches très différentes d'un même objet social, d'où le caractère novateur de certaines de ces études devenues classiques, sur le conflit et sur la pauvreté, qui accomplissent un tournant décisif : penser ces phénomènes non plus comme de simples insuffisances de la société, mais comme des parties intégrantes de sa réalisation.
Il y a ainsi beaucoup à apprendre de Simmel sur des questions aussi importantes que la « fracture » sociale ou la progression de la violence. Certaines causes du racisme, de la xénophobie, le développement des extrémismes politiques, celui de la haine en général, sont ici largement et clairement explicités. Simmel lève la perplexité que l'on peut éprouver lorsque les organismes les plus variés confient à dessein des postes importants à des médiocres : ces choix apparemment contestables correspondent pourtant à de bonnes raisons, Simmel nous dit lesquelles et élucide l'apparente irrationalité du monde moderne.
Le monde contemporain a besoin des éclairages de la sociologie. Mais cette discipline à vocation scientifique est prise en otage par ceux qui veulent en faire un « sport de combat » politique, provoquant au besoin le risque de son rejet. Ce livre s'adresse à tous ceux qui s'intéressent aux faits sociaux et sont inquiets ou étonnés des dérives intellectuelles de certaines figures reconnues des sciences humaines et sociales. Les sociologues ne sont pas immunisés contre les biais cognitifs qui peuvent nous égarer dans des récits idéologiques et outranciers : dans ce cas, toutes les conditions sont présentes pour que la sociologie « tourne » en une production plus militante que proprement scientifique. Il est temps pour les sciences humaines - prises en leur sens large - de sortir de leur sommeil dogmatique et de s'astreindre aux règles qui régissent la cité des sciences.
C'est ce que ce livre propose, en convoquant des données issues tout aussi bien de la sociologie que des sciences du cerveau, dans l'intention de rendre accessibles aux non-spécialistes les enjeux fondamentaux que représente ce continent de la pensée.
Publié en 1900, cet ouvrage monumental illustre la conception que Simmel se faisait de l'explication en sciences sociales. Ce n'est pas une étude historique du développement de la monnaie dans une société mais une analyse des diverses causes de l'introduction de l'argent dans le système des relations économiques, de ses multiples et complexes conséquences sociales.
L'ouvrage examine les formes et effets du retour de l'oeuvre sur la vie des savants et les caractéristiques de vies conduites par des oeuvres au sein d'un champ de savoir stratégique, celui des sciences sociales à terrain, et particulièrement l'anthropologie, l'ethnologie et la géographie. Il met en évidence que l'importance des situations de coupure (entre le terrain et le laboratoire, entre l'observation et l'écriture, entre la vie et l'oeuvre, parmi d'autres) engage un effort permanent de suture qui aboutit à des constructions biographiques particulières, tantôt très unifiées (quand la suture fonctionne et que l'oeuvre accorde la vie) tantôt très éclatées (quand la suture échoue et que l'individu se disperse dans des rôles multiples et en tension). L'ouvrage fournit ainsi aux historiens, sociologues et anthropologues des sciences humaines et sociales un outil robuste pour penser ensemble la vie et l'oeuvre, au-delà de l'anecdotisme ou de l'empire de la vocation, à partir de l'oeuvre de savants comme Pierre Bourdieu, Pierre Clastres, Marcel Mauss, Germaine Tillion ou Paul Vidal de la Blache.
L'expérience mystique fait encore l'objet d'appréciations contradictoires : certains théologiens la considèrent comme l'unique voie d'accès possible au transcendant, d'autres la réduisent à des phénomènes hallucinatoires ou même à des formes de délire relevant de la psychiatrie (ce "sentiment océanique" évoqué par Romain Rolland, Freud le considère d'ailleurs comme une pathologie mentale). Mais de nombreuses personnes ont connu des extases comparables à celles décrites par des auteurs religieux.
L'auteur les nomme des "mystiques sauvages", en ce sens que leur expérience, spontanée ou provoquée, ne s'inscrit dans aucun cadre religieux défini. A partir de leurs témoignages, la réflexion philosophique menée par Michel Hulin montre comment cette expérience mystique peut dévoiler une part d'absolu alors même qu'elle se situe en lisière de la folie.
La race fut longtemps appréhendée politiquement dans un sens biologique, approche qui constitua l'une des formes les plus puissantes de l'idéologie raciste. À la suite de la disqualification scientifique et politique de ces catégorisations biologiques, le racisme fut relégué précipitamment au rang de simple préjugé.
Or, qu'en est-il de la production continuée de la race dans les sociétés postcoloniales, à une ère prétendument « post-raciale » ? En mêlant une approche féministe, attentive à une compréhension des rapports sociaux de sexe, et une approche postcoloniale, le présent volume s'interroge sur les conditions épistémiques de la difficulté de défaire la race, ainsi que sur les outils permettant de la déconstruire. Le dernier chapitre porte ainsi précisément sur la supposée obsolescence du racisme scientifique qui serait supplantée par un racisme culturel.
" Ce dictionnaire doit aider la sociologie à reprendre la place qui lui revient parmi les disciplines classiques. Il vise aussi à permettre au lecteur cultivé de mesurer l'importance de la tradition sociologique. " Tel était le souhait des auteurs lors de la première édition parue en 1982, souhait largement exaucé et conforté par les nombreuses rééditions. Ce dictionnaire s'efforce de repérer les questions fondamentales, de débusquer les idées reçues, de mettre en évidence les liens entre certains concepts, de présenter une analyse critique de la tradition sociologique.
Chaque article longuement développé est augmenté de corrélats et d'une bibliographie. Une longue préface inédite de Raymond Boudon retrace l'évolution de la sociologie et la crise actuelle entre sociologie classique et sociologie moderne, cette dernière consistant le plus souvent " en des commentaires sur les faits de société du moment ou en des études de caractère descriptif ". L'auteur prêche pour un retour à la fonction explicative de la sociologie, " à des travaux proposant des analyses inédites, éclairantes et solides des phénomènes sociaux ".
Ouvrage publié sous la direction de Raymond Boudon, membre de l'Institut, professeur émérite à l'Université de Paris Sorbonne, et de François Bourricaud, qui était professeur à l'Université de Paris Sorbonne.
Une discipline se construit. Son histoire implique des techniques et des méthodes de recherche, des formes de construction de son objet, des lieux d'apprentissage, de transmission et d'exercice, des individus associés dans des réseaux de travail et d'évaluation.
L'objectif de cet ouvrage est de présenter une histoire raisonnée du mode de construction de la sociologie moderne. Si l'on entend par « sociologie moderne » une entreprise de connaissance scientifique du social, cette définition même soulève d'autres problèmes : qu'est-ce que le social ? en quoi sa connaissance scientifique peut-elle se distinguer d'une connaissance qui ne le serait pas ?
"Nous estimerions que nos recherches ne méritent pas une heure de peine si elles ne devaient avoir un intérêt spéculatif", écrivait en 1893 Durkheim dans "De la division du travail social".
A l'origine de son investissement dans l'élaboration d'une sociologie de statut scientifique, on trouve une volonté d'engagement dans une action de changement. Le problème d'où il part est celui des rapports entre "individualisme" et "socialisme". Sa solution passe par la constitution d'un corps de connaissances sur ce qu'est une société, mais ces connaissances doivent servir, orienter les acteurs sociaux dans la voie des changements nécessaires.
Au bout du compte, Durkheim précise, tout au long de son itinéraire de recherche, le visage d'une organisation sociale qui concilie les exigences du respect de la personne et de la vocation de l'Etat. La société dont l'avenir est d'une certaine manière inclus dans le présent se définira démocratique, socialiste, personnaliste, sous peine de sombrer dans la barbarie. On trouvera dans ce recueil un ensemble de textes (articles et conférences) qui jalonnent ce souci de lier la science sociale et l'action.
Parmi ceux-ci : "L'individualisme et les intellectuels", publié au moment de l'affaire Dreyfus ; les articles où Durkheim se situe vis-à-vis du marxisme, sous l'aspect du socialisme et de la conception matérialiste de l'histoire ; le compte rendu de son intervention dans un colloque sur "Internationalisme et lutte des classes".
La solidarité constitue le socle de ce que l'on pourrait appeler l'homo sociologicus : l'homme lié aux autres et à la société non seulement pour assurer sa protection face aux aléas de la vie, mais aussi pour satisfaire son besoin vital de reconnaissance, source de son identité et de son humanité. Mais, comme Durkheim le soulignait déjà à la fin du XIXe siècle, le risque n'existe-t-il pas que cette interdépendance fonctionnelle soit sans cesse un peu plus méconnue et que les individus, à mesure que croissent leur autonomie et leur liberté, se sentent libérés de toute dette à l'égard des générations antérieures, peu sensibles au destin des générations futures, et finalement hostiles à l'égard d'une redistribution à l'égard des plus défavorisés ?
En tant que contrat social, la solidarité doit être réévaluée à l'aune des défis auxquels les sociétés modernes sont confrontées en ce début de XXIe siècle : crise de la société salariale, inégalités entre les générations, inégalités de genre, discriminations multiples, ségrégations urbaines et scolaires intenses, dont les effets suscitent un doute sur nos modèles d'intégration.
Les cinquante contributeurs de ce volume ont recherché les moyens d'aborder ces questions en refusant les solutions simplistes. C'est dans le dessein de clarifier le débat et de dissiper les fréquentes confusions entourant les questions de solidarité, qu'ils s'adressent aux universitaires, aux responsables politiques, aux syndicats, au patronat, aux associations : en bref, à tous les citoyens attentifs aux enjeux des réformes en cours ou à venir.
IN MEMORIAM François Chazel par François Dubet Margaret Maruani par Catherine Marry ENQUÊTES Maxime Quijoux, Cécile Rodrigues - La loi d'airain de l'entreprise coopérative. Comprendre la personnalisation du pouvoir dans les sociétés coopératives et participatives (Scop) Maël Ginsburger, Julie Madon - Faire durer ses objets, une pratique distinctive ? Consommation et frontières de classe chez les ménages aisés THÉORIES ET MÉTHODES Marie-Paule Couto - « Naturels » ou « naturalisés » ? Le travail d'identification des rapatriés d'Algérie par l'État et ses effets sur la recherche en sciences sociales Fabrice Ripoll - Du « capital d'autochtonie » au « capital international ». Penser la structuration scalaire des capitaux et des espaces sociaux DÉBAT : Vers une « droitisation » de la société française ?
Lise Bernard, Tom Chevalier - Introduction Frédérique Matonti - Intellectuels et hégémonie de l'idéologie réactionnaire Raphaël Challier - Peut-on parler de « droitisation » des classes populaires ?
Des usages ordinaires du clivage droite/gauche à l'écart du champ politique Vincent Tiberj - For what it's worth : la droitisation « par en bas » n'a pas eu lieu COMPTES RENDUS Anton Perdoncin - Anaïs Henneguelle et Arthur Jatteau, Sociologie de la quantification Margot Roisin-Jonquières - Haude Rivoal, La Fabrique des masculinités au travail Ève Meuret-Campfort - Collectif Rosa Bonheur, La Ville vue d'en bas. Travail et production de l'espace populaire
A partir d'une enquête par entretiens auprès de femmes en couple, cet ouvrage propose une analyse sociologique de la parentalité lesbienne appréhendée à partir de l'exercice du travail parental fourni par les mères. Au-delà des individus, ce sont les deux membres d'un couple qui ont été rencontrés; couples de même sexe et ayant élaboré un projet parental, conduisant à diverses configurations familiales organisées autour de l'adoption, la coparentalité, l'insémination artificielle avec donneur connu ou inconnu, ou encore un rapport hétérosexuel.
L'idéologie contemporaine dominante nous suggère d'avoir peur de tout or, notre espèce pourrait bien être en danger de ne pas prendre de risques.
Qu'est-ce qu'une émotion, qu'est-ce qui la déclenche, quelle est sa fonction, pourquoi cherche-t-on à la partager ? Cet essai examine ces questions à partir d'une abondante documentation scientifique et cherche à comprendre pourquoi l'expérience de l'émotion stimule de façon spectaculaire la communication sociale.
Examiner l'oeuvre d'Émile Durkheim (1858-1917) revient avant tout à faire un bilan de son influence sur la sociologie et ceux qui la font aujourd'hui. Cent ans après la mort de son auteur, elle peut incontestablement nous aider à mieux comprendre le monde d'aujourd'hui, du fait de la similitude entre la France du tournant du XXe siècle et celle du tournant du XXIe siècle, caractérisées par la crise du lien social, la question de l'intégration sociale, les incertitudes concernant la sécularisation des sociétés et la place des religions, ou encore les définitions de la démocratie et des fonctions de l'État. Que doit la discipline à celui qui passe pour en être l'un des fondateurs ? Quels questionnements et quelles réponses nouvelles a-t-il suscités ? Ses ambiguïtés, ses apories ou encore ses échecs ont-ils été dépassés, et comment ? En quoi, comment et pourquoi la sociologie contemporaine est-elle redevable, pour le meilleur comme pour le moins bon, tant à l'oeuvre scientifique de Durkheim qu'à ses orientations idéologiques ?
L´image de l´analphabétisme ou de l´inculture est souvent associée à la pauvreté. Il peut sembler aller de soi que les pauvres sont peu disposés à fréquenter les bibliothèques ; il leur manquerait les ressources élémentaires pour se fondre dans un espace