La transgression traverse et interroge toutes les époques et toutes les sociétés. Le concept recouvre quantité de pratiques diverses au point d'être utilisé souvent extensivement et abusi- vement. Les choses pourtant paraissent simples. Transgresser, c'est aller au-delà de limites juridiquement, politiquement et socialement établies ; c'est aussi s'aventurer hors du territoire dessiné par le code moral de chacun. Au-delà de cette définition sommaire - qui n'intègre pas, par exemple, le vertige enivrant et libérateur qui peut accompagner la transgression, cet « éclair dans la nuit » dont parlait Michel Foucault - comment définir en toute rigueur, à partir de cas précis, ce que transgresser veut dire ?
L'atelier « Sociétés en guerre » qui, au sein du laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes, réunit chercheuses et cher- cheurs qui croisent fréquemment les pratiques transgressives dans leur travail, s'est attelé à cette tâche. La question de savoir ce que la notion de transgression désigne et implique se pose, en effet, de manière particulièrement aiguë en temps de guerre.
D'où le parti d'aborder cette expérience de la transgression dans une perspective pluridisciplinaire à partir d'une observa- tion sur le temps long, de la Grèce antique à l'expérience contemporaine de la guerre civile au Rwanda.
Les éléments de réponse que l'ouvrage apporte mettent en lumière le fait que la transgression est chose exigeante et, sou- vent, plus difficile à vivre et à admettre qu'on ne le croit.
Le dossier se propose de revisiter l'objet « publicité » pour l'inscrire dans le cadre d'une sociologie des biens symboliques.
Il ambitionne d'interroger l'industrie publicitaire sous l'angle de ceux qui la font vivre et qui en vivent, mais aussi des modalités de sa diffusion sociale et de sa régulation.
Les unités de soins palliatifs et les EHPAD sont parfois les lieux de décès par vagues, de patients ou de résidents dont les morts se succèdent en nombre inhabituel sur quelques jours. Ces décès peuvent survenir à répétition sur le temps de présence des professionnels ou surprendre ces derniers au retour d'une période de repos. Comment est gérée et vécue cette réalité collective à l'échelle de l'équipe soignante et des bénévoles ?
L'exposition répétée à la mort, a fortiori lorsqu'elle peut être vécue comme un déferlement, marque-t-elle les soignants ?
Y aurait-il un seuil d'acceptabilité pour ces équipes, par ailleurs familières de la mort, quand la succession de décès expose au sentiment d'être submergé ou frustré et prend la forme d'un trauma ?
On pourrait rapprocher de cette problématique et évoquer l'expérience de décès familiaux par vagues, quand plusieurs membres d'une famille décèdent en quelques semaines ou mois, ou encore quand une maladie génétique est responsable de la disparition en quelques courtes années d'une partie de fratrie.
L'accompagnement en soins palliatifs confronte parfois à des situations humaines complexes ou extrêmes, qui provoquent le désarroi et l'incertitude chez les professionnels et les accompagnants. Les situations frontières alimentent une clinique de la rencontre dans l'asymétrie extrême, dès lors qu'à propos de la problématique en question l'un est autonome et l'autre très vulnérable. Elles sont, justement, l'occasion de se donner le temps et le cadre d'une créativité éthique, quand aucune solution ne s'impose d'emblée et où, de plus, toute solution expose à une réelle insatisfaction.
Il ne s'agit pas tant de décider que de permettre aux personnes impliquées d'élucider ce qui pose problème, et à partir de quoi il faudra décider.