Quand les sociologues répondent à des commandes, comment y répondent-ils ? Les reformulent-ils pour faire émerger ce qu'ils considèrent comme des demandes sous-jacentes ? Sont-ils au contraire instrumentalisés ? Quelles pratiques d'enquête et de restitutions proposent-ils pour répondre aux commanditaires ? Celles-ci favorisentelles les échanges entre les sociologues et les acteurs de terrain, les décideurs, les citoyens...
? La sociologie y trouvet-elle l'occasion de moderniser ses théories et concepts et de consolider sa pertinence en écho aux interrogations de nos sociétés ?
La Revue française de sociologie entend montrer la part que les travaux de sociologie prennent à la connaissance du monde social. Son but est de diffuser une production sociologique de qualité en faisant place aux divers courants théoriques et méthodologiques.
Les bénéfices de la conjugalité concernent-ils également les hommes et les femmes, ou bien davantage les premiers que les secondes ? Sous l'angle original de l'alimentation et, plus précisément, de la consommation quotidienne de légumes, Marie Plessz et Alice Guéguen répondent à cette question via une analyse approfondie des données longitudinales de la cohorte Gazel de l'Inserm suivie depuis 1989.
En France, au sein du groupe professionnel des bûcherons, des commissions régionales régulent l'accès au statut d'entrepreneur de travaux forestiers, désignant les membres qui pourront accéder à l'indépendance. A partir de matériaux empiriques variés pour analyser le fonctionnement de ces commissions et les critères qu'elles mettent en oeuvre, Julien Gros met en lumière les effets induits sur l'ensemble du groupe professionnel.
On admet généralement que l'expertise doit se référer à un savoir scientifique bien identifié et considéré comme autonome. Pourtant, certains groupes d'experts mettent surtout en avant leur inscription dans une discipline opérationnelle et appliquée. Dans cette ligne, Ulrike Lepont analyse le cas des health policy analysts aux Etats-Unis pour dégager le mode de construction de leur légitimité et les conditions de leur institutionnalisation réussie.
Entre 1984 et 2014, et à côté des corps d'enseignants-chercheurs, l'enseignement supérieur français a développé le recours à des enseignants du secondaire qui n'ont pas dans leurs attributions l'exercice d'une activité de recherche. Pierre-Michel Menger et al. documentent la montée progressive de ce groupe professionnel et les logiques variables de son affectation au sein des différentes filières disciplinaires et institutionnelles.
Les études sur la guerre se sont longtemps développées autour d'analyses stratégiques et géopolitiques, alors qu'elles portent sur des phénomènes très chargés affectivement, en raison même de leur violence. Ce n'est paradoxal qu'en apparence, car ces études étaient aussi les héritières d'une vision dichotomique de la raison et des émotions ; et dans cette perspective, il semblait d'autant plus nécessaire scientifiquement d'insister sur les intérêts, les coûts et les bénéfices, l'organisation et les tactiques, au-delà des déploiements émotionnels. La prise en compte de la guerre comme une expérience au sens large, dans ses multiples dimensions, dont la dimension affective, s'est faite progressivement. En relations internationales, ce tournant correspond au développement des études féministes de l'international, qui ont contribué à questionner les focales traditionnelles de la discipline. Il renvoie également à une attention croissante à des niveaux plus mésologique et micrologique, avec notamment l'essor des recherches sur la micropolitique des groupes armés. Surtout, cette évolution s'appuie sur deux changements dans les méthodes et l'épistémologie des recherches en émotions politiques. Le premier tient au renouveau général de l'étude des émotions en sciences sociales. Il ne s'agit plus d'évoquer les passions politiques de foules irrationnelles et émeutières, mais d'inscrire ces expressions émotionnelles dans une véritable sociologie. En ce qui concerne les émotions des combattants, l'apport de l'historiographie est notable, avec le vaste champ des études sur les sentiments des combattants de la première guerre mondiale, par exemple. Le second est dû à un ancrage ethnographique fort, nourri par la progression des recherches de terrain sur la violence et la guerre, qui en montrent les répercussions dans une quotidienneté et dans toute leur épaisseur émotionnelle, ce qui permet un autre regard sur le vécu des combattants.
La communauté des sociologues s'interroge de manière quasi permanente sur son utilité, son rôle social, son épistémologie et ses méthodes. Si ces questionnements sont légitimes, ne convient-il pas aussi d'identifier les demandes qui lui sont adressées ? Ce numéro traite trois séries d'interrogations : quels sont les objets pour lesquels les sociologues sont sollicités et quels sont ceux qui leur échappent ? A la lumière de leurs productions, quels diagnostics peuvent-ils établir sur leur discipline ? En quoi les demandes faites aux sociologues et leurs réponses éclairent-elles la relation entre la discipline et nos sociétés ?
A travers des articles issus de recherches menées dans des pays relevant de contextes justifiant un questionnement d'ensemble (la France, l'Italie et la Suisse sont membres de l'OCDE ; l'Argentine est engagée dans un processus de coopération avec l'OCDE), ce dossier thématique cherche à comprendre les rapports au travail des jeunes non diplômés. Il propose des éléments de réponse à trois questions importantes : en amont du rapport au travail proprement dit, quelle expérience les jeunes non diplômés ont-ils de l'emploi et de leur insertion sur le marché du travail ? Remettent-ils en cause l'éthos du travail ? Quelles sont les dimensions instrumentale et expressive de leur rapport au travail ? Ces interrogations ouvrent elles-mêmes sur des problématiques plus larges autour de l'affaissement de la société salariale ou des expériences de domination que ces jeunes subissent.
Comment le prix du travail pénitentiaire est-il déterminé? A l'aide de sources historiques variées sur les prisons françaises entre le milieu du xixe et le milieu du xxe siècle, M. Simioni étudie la formation de ce prix. Que l'on considère la production, la répartition du produit du travail ou encore la consommation des prisonniers, les dispositifs de calcul du prix réalisent un compromis entre une rationalité purement économique et une rationalité proprement pénitentiaire ou punitive.
Les transformations de la profession infirmière, en croissance dans tous les pays occidentaux, vont de pair avec une différenciation horizontale et verticale. S'appuyant sur une enquête représentative auprès d'infirmières de Suisse romande dans tous leurs secteurs d'activité, P. Longchamp et al. mettent au jour les contours du "nouvel espace infirmier" : quatre fractions professionnelles se distinguent, que ce soit pour la pratique des soins, la production des savoirs ou encore la relation avec les médecins.
L'autonomie d'un groupe professionnel ne se joue pas seulement dans un face-à-face entre ses représentants et l'Etat, mais tient aussi à la dynamique interne du groupe, entre les segments qui le composent et s'opposent. A partir du cas des conservateurs de musées en France depuis 1945, L. Hénaut et F. Poulard en fournissent une illustration et revisitent ainsi l'opposition classique entre unité et diversité d'un groupe professionnel.
Le dernier livre de Mark Granovetter, Society and Economy : Framework and Principles, ambitionne d'exposer les fondements théoriques et conceptuels de la nouvelle sociologie économique. E. Friedberg en mène un examen critique, s'interrogeant notamment sur la notion d' "acteur pragmatique" introduite par l'auteur et qui ne diffère guère de l'acteur de l'individualisme méthodologique, posture analytique dont Granovetter semble pourtant vouloir se tenir éloigné.
Dans un texte introductif faisant le point sur le moment big data des sciences sociales, G. Bastin et P. Tubaro s'interrogent sur les effets des deux grandes révolutions qui se déroulent dans le domaine des données aujourd'hui : leur captation par des plateformes du web et l'irruption du machine learning dans leur analyse. M. Bergström compare les résultats d'une enquête traditionnelle sur les préférences des hommes et des femmes en matière d'écart d'âge dans le couple à ses propres investigations dans les données du réseau social Meetic.
Elle en déduit que l'écart d'âge favorable à l'homme dans la plupart des couples est le produit de stratégies masculines dont la sociologie rendait peu compte jusqu'ici et qui doivent interroger ses méthodes d'enquête sur un sujet aussi sensible. A partir d'une enquête dans les milieux de la régulation du trafic urbain, A. Gourmont compare deux mondes jusqu'ici séparés : celui de l'algorithme Waze fondé sur l'optimisation des temps de parcours de ses utilisateurs et celui des opérateurs publics chargés de répartir les automobilistes sur la voirie en fonction de contraintes techniques.
Il note finement ce qui oppose ces deux mondes mais aussi les négociations qu'ils ont commencées pour "faire réalité commune". B. Kotras fait entrer son lecteur dans le marché de la mesure d'opinion sur le web. Les intermédiaires qui opèrent sur ce marché le font au moyen de techniques variées dont deux principalement se sont opposées dans les années 2000 : la première obéissait à un principe d'échantillonnage alors que la seconde, victorieuse, repose théoriquement sur une aspiration exhaustive du web.
Les enjeux techniques, économiques, politiques mais aussi épistémologiques de cette opposition sont considérables, J. Boelaert et E. Ollion proposent une plongée à la fois technique, historique et théorique dans le machine learning. A partir dune comparaison entre différentes solutions d'analyse d'un même jeu de données sur les déterminants du salaire en Suède. ils mettent en évidence les apports et les limites de ces méthodes pour la sociologie.
M. Severo et R Lamarche-Perrin font le bilan des études menées sur Twitter depuis une dizaine d'années et rattachent ces recherches à des conceptions alternatives de l'opinion publique. Ils présentent aussi les différentes méthodes employées pour extraire et analyser les données de la plateforme de micro-blogging. Un autre ensemble de méthodes est présenté par J.-P Cointet et S. Parasie qui s'intéressent au text mining comme moyen de faire accéder les sociologues aux masses considérables de matériaux textuels aujourd'hui à leur disposition ainsi qu'aux nouvelles méthodes importées de la science des données comme la modélisation thématique (topic modeling) ou les plongements de mots (word embedding).
Le Baromètre d'opinion de la drees (ministère des Solidarités et de la Santé) permet à N. Duvoux et A. Papuchon d'étudier le groupe formé par les personnes qui se déclarent pauvres. Analysant les déterminants principaux de cette perception et son articulation avec la dimension monétaire, ils montrent que la pauvreté subjective peut être vue comme un indicateur d'insécurité sociale durable, associée à un surcroit de pessimisme envers l'avenir.
Quelle expérience les migrants venus en France métropolitaine à partir des départements d'outremer ont-ils des discriminations et du racisme ? A l'aide de matériaux quantitatifs et qualitatifs, M. Haddad met en évidence non seulement la proximité de leur vécu avec celui des migrants d'Afrique subsaharienne en raison d'une commune couleur de peau, mais aussi les stratégies que les ultramarins mettent en oeuvre pour se différencier des autres non-blancs.
A l'occasion d'une enquête statistique sur les violences de genre subies par les lesbiennes, gays, bisexuels et trans, des répondants, minoritaires, ont jugé problématique l'enregistrement du genre et de la sexualité. M. Trachman et T. Lejbowicz analysent les deux registres de critique sous-jacents. L'un a pour but la reconnaissance d'identifications minoritaires alors que l'autre questionne la catégorisation en tant que telle.
En raison du fort développement de l'usage des banques de données génétiques dans le monde de la police et de la justice, J. Vailly et G. Krikorian ont conduit des entretiens approfondis auprès de gendarmes et de policiers impliqués dans ces pratiques. Elles analysent ainsi les relations entre catégories d'identification d'auteurs et de suspects d'infraction, et les formes de savoir et rapports de pouvoir liés à cet usage.
Les discours de crise s'accompagnent la plupart du temps d'une série de dispositifs, de mesures d'urgence et d'exception. Les auteur·e·s de ce dossier proposent donc à la fois une réflexion sur la fabrique des crises, c'est-à-dire la construction des énoncés et des diagnostics de crise, et sur leur gouvernement, c'est-à-dire l'ensemble des actions spécifiques mises en oeuvre en vue d'intervenir.
En documentant la « mise en crise » de secteurs variés (alimentation, nucléaire, finance, minerais stratégiques), ils et elles s'interrogent également sur les effets de visibilité et d'ignorance que produisent ces processus, et observent, aux échelles nationales et internationales, le déploiement de nouvelles normes politiques de sécurité et de nouvelles stratégies industrielles. Cette perspective permet de révéler des articulations inédites entre régulations, marchés, pouvoirs et savoirs.
La confiance qu'ont les jeunes à l'égard des institutions diffère fortement au sein des pays européens. A partir des vagues 2008 à 2014 de l'Enquête sociale européenne, T. Chevalier établit que cette variation renvoie, en partie au moins, à l'action publique. Plus la citoyenneté économique est inclusive et/ou plus la citoyenneté sociale est individualisée, plus les jeunes ont confiance dans les institutions.
Dans un service des ressources humaines au sein de la fonction publique territoriale française, les employées ou "gestionnaires" ont en charge la sélection et le placement quotidien de travailleuses temporaires qui exercent des activités de services faiblement qualifiées. M. Gaboriau analyse les tensions associées à cette activité et la manière dont les gestionnaires donnent un sens à leurs pratiques tout en réduisant l'incertitude au quotidien.
C. Vivès se penche sur l'évaluation randomisée de deux programmes d'accompagnement de demandeurs d'emploi. Etudiant l'élaboration de l'évaluation comme la production et l'usage de ses résultats au regard des logiques institutionnelles à l'oeuvre, elle interroge l'objectivité de la méthodologie d'évaluation randomisée et ses effets sur la conduite de l'action publique. Analysant le livre de Jean-Michel Chapoulie, Enquête sur la connaissance du monde social, E.
Anheim dégage et discute trois orientations différentes dans le modèle de connaissance scientifique du social qu'il propose : le modèle positiviste, herméneutique et dualiste, le modèle de la connaissance ordinaire et le modèle critique, réflexif et moniste. J.-H. Déchaux propose une lecture croisée de deux ouvrages sur la manière dont les avancées de la connaissance en génétique transforment le social.
L'un décrit et analyse le marché du test génétique alors que l'autre alerte sur les dangers du courant et du projet transhumaniste.
Quel est le lien entre les caractéristiques démographiques et économiques des territoires et l'occurrence des infractions racistes ? Peut-on dégager, parmi ces infractions, des configurations spatiales différentes ? A. Hajjat, C. Rodrigues et N. Keyhani traitent ces questions via l'analyse quantitative d'un matériau inédit : 483 dossiers pour infractions racistes archivés dans deux tribunaux correctionnels.
Pour saisir la position sociale des ménages dans la société française, J. Cayouette-Remblière et M. Ichou proposent une approche originale qui prend en compte leurs différents membres et plusieurs dimensions de la stratification sociale, puis ils l'appliquent à deux enquêtes nationales. Outre la profession et le niveau d'éducation, les configurations construites soulignent le rôle des variables résidentielles, de la situation familiale et de l'origine migratoire dans la différenciation sociale des ménages.
Quels sont les traits de l'expertise scientifique qui évalue les risques des produits avant leur mise sur le marché ? À partir de l'exemple d'une méthode d'évaluation de produits chimiques promue par une agence américaine dès les années 1980, D. Demortain et H. Boullier montrent comment les interactions entre une administration, des scientifiques et des entreprises ont contribué au développement d'une expertise de marché.
Comment sont conçues les campagnes publiques de communication qui promeuvent une meilleure alimentation ? C. Boubal met en lumière les contraintes et logiques plurielles qu'elles doivent concilier et qui tendent à limiter leur efficacité : respecter les repères nutritionnels sans affronter l'industrie agroalimentaire ; tenir ensemble principes d'éducation pour la santé et exigences publicitaires ; n'être ni dogmatiques, ni stigmatisantes.
Corporation peu étudiée par la sociologie, les patrons des médias ne l'ont été que lorsqu'ils étaient d'anciens journalistes à forte notoriété. Julie Sedel, qui dirige ce dossier, propose de considérer le management des médias comme un « espace carrefour » entre des univers pas toujours sécants. Décrivant finement les trajectoires des dirigeants des organes de presse, elle montre que le profil du journaliste sorti du rang est supplanté par celui l'entrepreneur managérial issu de l'entreprise privée ou de la haute fonction publique. L'observation, par Ivan Chupin, des transformations qu'a connues le fameux Centre de formation et de perfectionnement des journalistes, CFPJ, confirme l'hypothèse de l'avènement d'un modèle entrepreneurial des métiers du journalisme. Enfin, l'entretien avec le sociologue américain des médias Rodney Benson, conduit par Eric Darras, discute et relativise le processus de concentration des médias aux États-Unis, tout en évoquant la situation européenne.
Hors dossier, l'article de Haude Rivoal interroge les représentations professionnelles associées à la masculinité et à la virilité dans les métiers de la logistique à partir d'une étude de cas, et celui de Véronique Marchand analyse le rôle du rire et de la plaisanterie comme modalités principales de communication par les commerçants des marchés de Roubaix pour montrer que le rire sert de médiation dans les rapports de pouvoirs.
Revue pluridisciplinaire de sciences sociales, Sociétés contemporaines diffuse l'avancée des recherches en cours et favorise les échanges entre la sociologie et les disciplines voisines : démographie, économie, géographie, science politique, histoire, anthropologie, ethnologie, psychologie sociale.
Si la critique (voire la défiance) à l'égard de la technologie (vaccins, nucléaire, OGM...) s'est développée dans nos sociétés occidentales, l'idée que la technique réparera nos erreurs sociales et environnementales est plus prégnante encore, qui nous déresponsabilise collectivement des conséquences de nos actions individuelles. Cette confiance dans la technologie (réduction des pollutions, isolation des bâtiments, traitement des déchets, voitures électriques...) conduit souvent à déléguer à d'autres (ingénieurs, chercheurs, mais également responsables politiques) la responsabilité des solutions à trouver aux problèmes environnementaux et sociaux, tout en leur demandant des comptes. Pourtant certains tentent de se réapproprier la technologie, en créant des laboratoires communautaires ouverts (hackerspaces, fablabs) où des gens partagent librement machines, compétences et savoirs.
L'adoption, en 2002, de la General Food Law Regulation par l'Union européenne entendait tirer les conséquences des crises des années 1990, en particulier celle de la «vache folle» qui avait provoqué des morts et mis à mal la filière de la viande bovine en Europe.Près de vingt ans après la réorganisation de l'ensemble du dispositif de sécurité sanitaire des aliments, on peut se demander comment les acteurs publics et privés de ce secteur ont modifié leurs pratiques et leurs métiers, dans quelle mesure les consommateurs ont fait évoluer leurs comportements, et pour quelles raisons les crises sanitaires et les fraudes alimentaires se sont poursuivies. Ces questions restent un impensé des analyses sociologiques, une lacune que ce dossier contribue à combler.
Qu'ils soient agents de maîtrise, responsables d'équipe ou chefs de service, quel est aujourd'hui le travail des managers de proximité? Quels sont leur statut, leur profil et leur place dans les entreprises? Au-delà de la figure du «petit chef» ou de celle du gestionnaire éloigné du terrain, Sociologies Pratiques s'intéresse au rôle d'interface, d'organisation et d'articulation qu'ils assurent quotidiennement auprèsde leur équipe, l'objectif étant de saisir au plus près la réalité de leur travail et de rendre compte des enjeux, bien souvent invisibles, auxquels ils sont confrontés.Ce numéro a bénéficié d'une aide de la MSH Paris-Saclay.
Penser les conflits dans l'étude des acteurs économiques privés transnationaux-Les ressorts symboliques de la compétitivité suisse sur le marché de l'arbitrage privé international (1970-1980)-Les industriels contre « Big Pharma » ?-Municipalisation et clivages privés : le cas d'Eau de Paris
Au cours des dernières décennies, maints travaux sur le genre et la sexualité ont rendu compte de transformations profondes dans les pays occidentaux. Des évolutions moins connues mais tout aussi importantes se sont produites également dans les pays du Sud. En témoignent les articles réunis dans ce numéro qui invite en même temps à d'autres décloisonnements, entre genre et sexualité, féminité et masculinité, hétérosexualité et homosexualité.
Dans bien des pays, la production des identités sexuelles dépend, en même temps que de processus liés à la mondialisation, des spécificités du contexte local : situation postcoloniale, crise économique, échanges transnationaux relevant des migrations ou du tourisme, pratiques religieuses, politiques des ONG, etc. Il apparaît en particulier, dans divers pays d'Afrique, que l'accélération de la monétarisation des rapports sociaux conditionne les formes sociales de la sexualité, les rapports de genre et, donc, la fabrication des identités sexuelles.
La Revue française de sociologie entend montrer la part que les travaux de sociologie prennent à la connaissance du monde social. Son but est de diffuser une production sociologique de qualité en faisant place aux divers courants théoriques et méthodologiques.
La sortie de ce troisième numéro varia marque la volonté d'ouverture qui fonde le projet de Sociétés contemporaines. La cas des médiateurs de musée étudié par Aurélie Peyrin illustre les usages croisés des emplois précaires par les institutions culturelles et les employés. De manière tout à fait complémentaire, celui des vendeurs de la FNAC qu'analyse Vincent Chabault révèle la manière dont l'adaptation des surdiplômés à des conditions détériorées d'emploi rencontre les stratégies culturelles de ce grand magasin. Ces deux articles font ainsi écho à l'analyse du travail dans les institutions culturelles engagée dans le précédent numéro de Sociétés contemporaines. Centré plus précisément sur les modes d'évaluation et de coordination au travail, l'article de Laure Gaertner analyse quant à lui les négociations entre créatifs et commerciaux dans la fabrication d'une campagne publicitaire. Philippe Charrier explique comment les hommes qui exercent comme sages-femmes s'intègrent à cette profession quasi exclusivement féminine. Enfin Eric Charmes montre que la carte scolaire peut, dans les communes périurbaines, servir de tout autres objectifs que celui de la mixité sociale.