« Jouer dehors ! », « libérer la scène », « libérer la parole » : autant d'appels répétés à un théâtre qui se veut « libéré » d'un ensemble de contraintes plus ou moins explicitement nommées. Libérer le théâtre, oui, mais de quoi ?
Ce numéro est consacré aux formes d'expressions verbales et de performances qui investissent l'espace public et qui revendiquent par ce geste, sinon de faire un théâtre politique, à tout le moins de libérer une parole enfouie, tue ou généralement ignorée et habituellement absente du plateau de jeu. Sortir « dans la rue », jouer « dehors », prendre possession de l'espace public, en somme sortir des théâtres, des arènes, des scènes, permettrait une adéquation entre parole politique et espace public, libérant la parole des citoyens sur des sujets de société sensibles ou qui font débat (des questions sociales, politiques, mais aussi de genre). Du Chili à Marseille, en passant par le Brésil, le Burundi, le Mali, le Rwanda et Sevran, ce numéro approfondit la définition, la portée et les enjeux de divers théâtres joués dans l'espace public.
Nous avons placé ce numéro des Cahiers balkaniques sous l'égide de la peintre crétoise totalement inconnue en France, Thalia Kalligianni, en remerciant Alexandra Kouroutaki de nous montrer que l'art naïf balkanique s'illustre également en Grèce. C'est profiter d'un domaine que nous avons rarement eu l'occasion d'illustrer.
Par sa diversité, ce numéro couvre les principaux domaines rencontrés au fil des ans, allant de l'histoire diplomatique à la linguistique, de la peinture à la littérature chypriote d'aujourd'hui, du grec des papyrus de la première période arabe à l'époque contemporaine, en passant par l'Empire ottoman ; de la mer Noire à l'Égypte, de la Serbie à l'île de Chypre, sans oublier la vigueur de la diaspora grecque ni l'héroïsation surprise d'un Australien en Grèce.
Que nos lecteurs ne soient pas surpris de cette diversité dont ils avaient perdu l'habitude ces dernières années : c'est la richesse des Balkans.
À la fois outils et objets de recherche, les archives sont des lieux de mémoire qui permettent une enquête sur le passé associant des interrogations sur l'origine, l'identité et l'avenir. Abordées du point de vue de la construction, des usages et des spoliations par des institutions et par des individus, les archives présentées dans les études des jeunes chercheurs rassemblées dans ce numéro de Slovo deviennent un point de départ pour une interrogation sur les transformations des sociétés dans les aires géographiques d'Europe centrale et orientale et de l'ex-URSS.
Cette interrogation nous permet d'abord de découvrir les différentes formes de mémoires (individuelle, collective, institutionnelle, identitaire) dans leur interaction avec des archives aux supports variés. Que le dispositif soit écrit ou oral, appartenant aux réseaux sociaux ou à la presse, de nature politique ou sociétale, les archives sont utilisées pour une réécriture ou une manipulation de l'histoire. Quant au domaine des arts et de la littérature, les archives non seulement apparaissent comme les témoins d'un processus de création, mais aussi participent de la conception esthétique d'une oeuvre. Questionner les archives revient ici à interroger leur statut en tant que source d'inspiration, outil d'interprétation, lieu de création et geste poétique. Enfin, les différents usages des archives par les chercheurs mettent en lumière des perspectives pour un renouvellement des études architecturales, littéraires ou musicales.
La dénatalité, le vieillissement et le ralentissement économique sont des réalités auxquelles le Japon se confronte. La migration est alors appréhendée comme un moyen de réponse aux « besoins » de la Nation, tout en constituant un sujet sensible divisant le pays. Dans cette optique, la reproduction s'entend dans un sens large en y intégrant des dimensions non seulement économiques à travers la contribution des migrants en tant que main d'oeuvre, mais aussi démographiques et identitaires. En e et, en étudiant les réalités et les politiques migratoires, nous sommes amenés à voir la façon dont la reproduction des populations japonaises s'organise, et la façon dont les populations étrangères résidant au Japon sont amenées à transmettre leurs langue et culture.
Ce numéro vient illustrer la tension entre ces deux tendances : une immigration à la fois désirable et indésirable pour la reproduction démographique et sociale. Les lois, les politiques, comme les représenta - tions tendent à inclurent progressivement les étrangers tout en conservant des formes de réticence et de discrimination.