Ce livre présente pour la première fois au grand public un bilan critique des recherches existantes sur l'islamophobie dans les pays occidentaux et ouvre de nouvelles pistes de réflexion. Il offre une description rigoureuse des discours et actes islamophobes et une présentation des débats autour du concept d'islamophobie. Il propose une analyse du processus de construction du « problème musulman », en le comparant avec les précédents historiques de l'histoire coloniale et de l'antisémitisme.
Les jeux vidéo apparaissent dans les premiers temps de l'informatique et accompagnent ses développements techniques et sa popularisation. Aujourd'hui, tant sur le plan culturel qu'économique, ils occupent une place centrale dans le secteur des loisirs.
Pourquoi les morts restent-ils, durablement parfois, des acteurs de la vie politique ? Selon quelles règles et quelles formes les lieux de culte que deviennent leurs tombeaux - et les rites qui s'y déploient - suscitent-ils des pratiques militantes ? Ce numéro se veut une contribution à l'étude de la mort comme affaire publique.
Les trois premiers articles reconstituent diverses modalités de politisation de l'espace du cimetière. À partir du milieu du XIXe siècle, les pouvoirs publics organisent progressivement des « carrés » et cimetières pour les musulmans enterrés en France. La comparaison de la France et de l'Angleterre éclaire les effets de la différenciation des cadres religieux et administratifs entre les deux pays. Plus près de nous, les recompositions partisanes au Liban Sud se reflètent dans l'évolution des pratiques d'inhumation des « martyrs ».
Un deuxième ensemble d'articles revient sur les appropriations et constructions partisanes au sein des cimetières. Au Père-Lachaise, à Highgate (Londres) ou à Waldheim (Chicago), l'agglomération de tombes de militants ouvriers, souvent libres penseurs, autour des premiers « morts pour la cause » atteste l'essor d'une transcendance nouvelle. Le cas du cimetière de Friedrichsfelde à Berlin, où sont enterrés Wilhelm et Karl Liebknecht ainsi que Rosa Luxemburg, permet d'observer comment se construit un « cimetière socialiste », dans la pierre et par les pratiques commémoratives, en particulier celles qui honorent les spartakistes depuis 1919.
L'accent est mis enfin sur les cimetières militaires. Ceux de la Grande Guerre révèlent, à une échelle sans précédent, la diversité des politiques étatiques concernant les corps aussi bien que la mémoire des combattants. Le cas des soldats argentins tombés pendant le conflit des Malouines et enterrés en terre britannique confirme que les morts à la guerre restent des vivants dans la politique nationale.
Le ménage est depuis longtemps l'unitéélémentaire de la statistique publique et de nombre de politiques publiques. Mais cette « unité» est bien sûr composée d'individus. Et selon le niveau que l'on adopte, ménage ou individu, les analyses que l'on conduit ne fournissent pas les mêmes résultats. Faut-il alors étudier les ménages ou les individus ? En fait, c'est surtout l'articulation de ces deux niveaux qui pose question, ou plutôt devrait poser question car, faute de données mais aussi parce qu'elle est particulièrement complexe, cette articulation demeure encore souvent impensée. Avec elle, c'est la fonction du ménage, creuset des liens sociaux les plus élémentaires, et les rôles sexués en son sein, les représentations et positions des femmes et des hommes, qui risquent de rester dans un angle mort. Ce dossier se propose de revenir sur ces questions en apportant un éclairage qui puise dans différentes disciplines des sciences sociales : la démographie, la socio-histoire de la statistique et l'économie.
Faut-il s'émanciper de tout ? Non seulement des puissances ou des tutelles qui nous dominent, mais aussi - pourquoi pas ? - de notre famille, de nos traditions, des rôles si pesants que nous avons à jouer dans la vie sociale, des solidarités qui nous aliènent, de notre corps qui nous entrave, de nous-même enfin ? Après tout, n'est-ce pas ce que nous suggèrent en ligne d'horizon le néolibéralisme et son avant-garde, le transhumanisme ? Dès lors n'est-ce pas, paradoxalement, de l'idée d'émancipation qu'il nous faudrait nous émanciper ? Les contributions réunies dans ce numéro plaident pour une thèse moins radicale et plus opérationnelle : autant il y a des émancipations particulières légitimes à conquérir, autant la perspective d'une Émancipation avec un « É » majuscule se dérobe dès qu'on tente de la fixer.
Face à l'épuisement des grands discours politiques de la Modernité et leur incapacité à articuler ces émancipations singulières, les luttes sociales risquent d'avoir du mal à trouver une boussole. Mais voilà qui confère une mission enthousiasmante aux sciences sociales, tant elles devront contribuer à l'avenir, par leur puissance d'analyse, à l'émergence de nouvelles grammaires émancipatrices.
C'est pour leur éviter des risques « inconsidérés » qu'on a longtemps interdit l'accès des femmes à certaines activités professionnelles. Le goût de l'aventure, la saveur de l'exploit, en un mot la prouesse qui déconsidère le risque : tel était l'apanage censé revenir uniquement aux hommes. Pourtant, hier comme aujourd'hui, certaines pionnières font entendre une autre histoire. Ces pisteuses-secouristes, reporters de guerre, officières, ces artistes de cirque en formation comme ces cochères parisiennes du début du siècle dernier sont autant de figures de femmes prenant le risque d'exercer un métier où elles sont ultra-minoritaires. Pis, par leur présence même, elles feraient courir à leurs collègues - hommes - des risques accrus. C'est à ces expériences de pionnières que s'intéresse ce nouveau numéro de Travail, Genre et Sociétés.