Des êtres, poussés par l'urgence vitale, se retrouvent à arpenter la longue route, semée de haines et de peurs, qui mène de l'Afrique à l'Europe, questionnent ce qui fonde notre humanité: une fragilité de notre relation. Ils s'agitent, sans l'avoir choisi, dans une tragédie d'errances multiples. Ces hommes, ces femmes, ces enfants, que l'on nomme avec un langage à géométrie variable - migrants, réfugiés, étrangers - ont ce visage que beaucoup ne veulent plus voir. Le début des récits à venir se fonde pourtant sur la réinvention possible d'un Etre-ensemble.
De nos jours, la censure n'a plus le visage officiel des systèmes autoritaires connus par le passé. L'autocensure a pris une telle place dans les imaginaires qu'il n'est plus nécessaire de recourir à la violence directe d'un temps révolu. Des dynamiques orchestrées sous le manteau sont sans cesse en marche. Le non-dit ou le principe de l'évitement suffisent à noyer les questions qui fâchent, au point que les créateurs, les artistes, les chercheurs en sciences humaines, épousent d'eux-mêmes les contours d'une pensée consensuelle. Un numéro qui soulève bien des questions.
A travers l'histoire de tous les peuples qui retiennent l'attention scientifique des auteurs, un certain nombre des rapports complexes de l'homme à l'animal sont abordés. Le Cheval apparaît lié au prestige des hommes qui l'apprivoisèrent, à leur imaginaire le plus profond, autant individuel que collectif, à leurs angoisses métaphysiques et religieuses. De l'ensemble des textes ici rassemblés, c'est peut-être l'inquiétante image de l'animal " intelligent " lié au monde mystérieux du divin qui ressort avec le plus de force.
Au fil d'enquêtes transnationales conduites depuis les années 1980 entre l'Amérique et l'Asie, Yves Dezalay a tracé une voie originale au cour des sciences sociales de l'international. Ancré dans la sociologie des champs et des capitaux, mais maintenant une posture toujours éclectique sur le plan théorique comme dans l'enquête, il a ouvert la brèche d'une sociologie incarnée de la mondialisation saisie au prisme des stratégies d'internationalisation et de reproduction des élites périphériques, et des pratiques d'import-export des savoirs d'État. Aujourd'hui mobilisés dans une grande diversité de sous-champs d'enquêtes (sociologie des champs, économie-monde, histoire connectée, critical legal studies, relations internationales, etc.) et par plusieurs générations de chercheurs travaillant sur les objets de l'international, les travaux d'Yves Dezalay sont restés pourtant peu discutés. Trente ans après la publication de Marchands de droit (1992), ce numéro fait le point sur les acquis, les usages et les difficultés d'une oeuvre riche et exigeante. Il est aussi l'occasion d'un état des lieux critique sur les champs disciplinaires de l'enquête globale aujourd'hui en plein développement.
"Ce numéro porte sur la sociologie politique des ""élites transnationales"" et interroge ce qui se joue dans la formation de positions dominantes qui se reproduisent d'une génération sur l'autre. Comment circulent les mécanismes qui assurent certains modes de reproduction et comment sont-ils compartimentés ? Comment se traduisent des expériences socio-historiques différentes, mais aussi leurs points de passages obligés, et les dynamiques sociales de diffraction et d'expansion qui leur sont inhérentes ?"
De l'Europe au Japon, en passant par les Philippines, l'Inde, les Emirats arabes unis et le Brésil, l'ouvrage cherche à cerner l'"objet restaurant" dans toutes ses dimensions. Cet ouvrage collectif rassemblant des géographes, des historiens et des profesionnels du monde de la restauration, met en lumière les évolutions récentes des établissements de restauration des plus luxueux aux restaurants populaires en passant par les restaurants cosmopolites.
Les évolutions importantes dans le champ du placement familial renforcent l'intérêt de ce dossier consacré aux recherches récentes sur cette question. Ce dossier propose des articles présentant des recherches françaises, allemandes et néerlandaises. Si celles-ci mettent à jour l'importance de préoccupations nouvelles dans les situations de placement elles s'intéressent aussi à l'accès à l'indépendance à l'entrée dans la vie adulte et aux durées d'accompagnement des jeunes après leur sortie.
Progressivement, le législateur a oeuvré pour faire de l'adoption une institution destinée à donner à un enfant une famille qui lui permette de se construire. Les évolutions actuelles de la société contribuent à renouveler un champ de questionnements déjà complexes. Qu'en est-il de la construction des liens familiaux dans les cas d'adoptions internationales ? Comment se pose en France la question de l'adoption par des couples homosexuels ?
Au sommaire de ce numéro :
N° 026, l'évolution de la musique congolaise N° 027, chronique d'une guerre inutile : la fragmentation du Congo. Qui est Pascal Lissoubo. Appel des évêques du Congo.
Que lèguent les parents, les grands-parents à leurs enfants ou leurs petits-enfants ? Comment les influencent-ils ? L'héritage psychologique, éducatif, psychosocial et culturel, constitue le bagage de la transmission. L'héritage peut être bénéfique ou destructeur. Ce qui est transmis dépend de ceux qui le transmettent, mais aussi de ceux qui le reçoivent. Voici un ensemble de contributions sur ce concept qui lie les générations entre elles.
La candidature d'Hillary Clinton à la présidentielle de 2016 enthousiasme les féministes aux Etats-Unis mais semble aussi laisser beaucoup d'électrices insensibles. Si Sarah Palin, Hillary Clinton, Elizabeth Warren, Michele Bachmann, Nikki Haley ou Carly Fiorina occupent souvent le devant de la scène contemporaine, ces figures nationales ne doivent pas faire oublier la sous-représentation des femmes dans les instances élues, ou la difficulté de leurs combats. Le numéro s'intéresse aussi aux femmes conservatrices ainsi qu'aux fondements juridiques des droits des femmes.
À partir de cinq études de cas, ce dossier revient sur le traitement politique de cadavres jugés problèmatiques en raison de leur nombre ou des conditions de leur mort : il peut s'agir des corps de victimes de crimes de masse et de ceux de terroristes tués au cours de leur attaque. Ces cadavres ont en commun de poser problème aux responsables des États-nations, qui ne peuvent en disposer aisément : ils sont absents, ou au contraire présents mais indésirables au point qu'on leur refuse une sépulture. Les différentes contributions décrivent le travail de politisation de ces corps problématiques, mais elles montrent aussi et surtout les limites de ce travail.
"Si la religion est un ""système de solidarité, de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c est-à-dire séparées qui unissent en une même communauté morale (...) tous ceux qui y adhèrent"", on peut tout à fait comprendre l idée que ""le Noir est un être ""incurablement religieux"". Pris sous cet angle, le religieux devient ""synonyme"" de nature humaine parce que présent dans toute son oeuvre. Ce numéro est une illustration de cette thèse, en fonction des contextes sociologiques considérés par les différents auteurs."
"Quel sens les acteurs (prisonniers et personnel pénitentiaire) confèrent aux notions de peine et de réinsertion ainsi que sur les moyens mis en oeuvre pour atteindre cet objectif. Les femmes incarcérées arrivent souvent dans des situations de précarité sociale et sanitaires importantes, comme population déjà marquée par une forte stigmatisation. L auteure a mené des entretiens dans des établissements pénitentiaires afin de mettre en évidence la trajectoire de réinsertion, les stratégies identitaires, les profils de détenues."
Au sommaire de ce numéro:
- Politique d'aide au surdéveloppement des pays riches (C. Meillassoux) - Culture et développement: leçons asiatiques pour l'Afrique (J.B. Onana) - Régionalisation et développement durable au Sénégal (E.H.Seydou touré) - Politique coloniale pendant la peste au Sénégal (M.M. Dieng) - Rendez-vous manqué de Senghor et de Sony Labou Tansi (N. Martin-Granel) - Menace et salut de l'universel (H. Memel-Fote)
La naissance de la Revue gabonaise de sociologie est porteuse d'une double ambition : ouvrir la recherche gabonaise à une réflexion internationale et instruire celle-ci de l'expérience gabonaise qui ne saurait être enrichissante sans une véritable tradition nationale de la recherche dans laquelle s'enracine la pratique de toutes les sciences sociales.
Egalement dans ce numéro : Jules Vallès et les droits de l'enfant. Les médiateurs du livre. Education populaire et associations.
Au sommaire de ce numéro : La transformation des organisations universitaires ; L'organisation des universités : complexification, diversification, rationalisation, évaluation ; Informatisation et dynamique des relations entre administratifs, enseignants et étudiants dans les établissements universitaires ; Les règles de solidarité dans l'université ; importance et rôle des règles et des pratiques locales ; Les universités à l'épreuve du changement : préparation et mise en oeuvre des contrats d'établissement : La mémoire des lieux, exclusion et norme logement.
Les manifestations politiques contemporaines se caractérisent selon les analyses de ces quinze dernières années, par deux traits : un fort contrôle de la violence physique et un grand soin accordé à la mise en scène et au discours de ces pratiques.
D'où un relatif désintérêt pour ce qui contribue à faire pourtant la spécificité de l'action manifestante, c'est-à-dire l'intensité de la présence physique qui y est explicitement investie. Or il serait dommage de désincarner trop vite la manifestation, plus vite que l'histoire. Montrer qu'on est physiquement présent dans un rapport de force ne serait pas nécessairement anodin. Tel est le point de vue qui réunit les quatre articles centraux de ce numéro.
Cette manière persistante de " manifester " son opinion contribue à définir l'habitus politique contemporain. Voilà qui incite à se demander, plus généralement, pourquoi et à quelles conditions il demeure intéressant pour le chercheur, aujourd'hui, de focaliser son attention sur la dimension physique de la vie sociale.
Quelle religion ? Quelle vie publique ? Entre le refus du politique ou l'adaptation du politique à leurs impératifs moraux, chrétiens et juifs sont passés les uns à côté des autres sans réussir à se mêler vraiment malgré leur commune origine. La référence à l'antiquité semble bien devenue une spécificité chrétienne. Ainsi les voies des juifs et des chrétiens restent parallèles, mais non communes. Les temps présents témoignent des échecs des tentatives de rapprochement.
Le grand dossier de ce numéro porte sur la passion du sport chez les jeunes. D'autres articles viennent enrichir ce numéro : La violence à l'adolescence - Travail et droit de cité au Québec - Les jeunes et l'emploi.
Ce numéro de Méditerranées propose des regards sur la Grèce émanant des Égyptiens et des Proche-Orientaux. Dans une seconde partie, quatre auteurs apportent chacun un élément de réponse à cette double question : en quoi l'empire ottoman est-il héritier et que s'est-il passé après sa disparition ? Sa chute a-t-elle entraîné une explosion ou au contraire son héritage a-t-il pu servir de creuset à une culture méditerranéenne ?
A l'ère contemporaine, l'émancipation implique un bouleversement des rapports sociaux, inconcevable en dehors d'une auto-émancipation. Ce grand moment possible, voire inéluctable, de la réalisation de l'émancipation sociale, beaucoup l'ont pensé comme ce qui pouvait lui donner une place à part, parmi les grandes étapes de l'historie de l'humanité. En quelque sorte le saut de la préhistoire à l'histoire.
La gestion politique de l'immigration est souvent apparue sous une forme paradoxale.
Soucieuse d'assurer la dissolution des immigrés dons le corps national, elle s'est appuyée sur des dispositifs d'intervention qui ont contribué à reproduire la spécificité de certaines populations immigrées. Ce paradoxe est particulièrement mis en évidence dans les politiques de l'habitat qui ont tenté, de manière différente selon les périodes historiques, de résoudre le dilemme de la spécificité et du droit commun.
Les contributions au dossier dressent un bilan du traitement réservé aux immigrés dans les politiques de l'habitat. Trois périodes sont abordées, chacune correspondant schématiquement aux grandes phases d'installation des immigrés en France dans l'après-guerre. Elles incarnent trois formes idéales typiques, différentes mais souvent combinées, de prise en compte de l'immigration dans les politiques publiques : la diversion, la stigmatisation et la scotomisation.
Ce bilan participe également, à sa manière, à la réévaluation du " modèle français d'intégration ". On sait qu'avec le développement de la politique de la ville, la gestion de la diversité ethnique et sociale est l'un des enjeux centraux des années à venir. Ces regards historiques ou actuels apportent un éclairage précieux sur les contradictions et les limites de la réponse française à la société multiculturelle.