Qu'ils vivent en famille d'accueil ou en foyer, la plupart des adolescents relevant de la protection de l'enfance, comme tous ceux de leur âge, possèdent aujourd'hui un smartphone. Alors que les mesures de placement cherchent à séparer les lieux de vie pour leur permettre de se reconstruire loin d'un milieu familial jugé inadapté, cet outil technologique constitue un cordon relationnel, qu'ils peuvent gérer de manière autonome. Quels usages en font-ils ? Peut-on les considérer comme bénéfiques ou au contraire comme dangereux ?
En l'absence de consignes officielles précises, les professionnels de la protection de l'enfance (assistants familiaux, éducateurs, référents, coordinateurs, juges...) doivent trouver de nouveaux ajustements pour faire cohabiter pratiques juvéniles, communications familiales et mesures de protection. À partir d'une analyse des décisions de justice et de la réalité des pratiques, les auteurs montrent les marges de manoeuvre possibles entre le maintien d'un cadre formel et l'élaboration d'un accompagnement qui tient compte du parcours familial des enfants et des innovations socionumériques.
La question de la liberté religieuse et de la laïcité revient régulièrement sur le devant de la scène et interroge les professionnels de l'éducation dans leur pratique quotidienne. Cette question réapparue avec l'affaire du " foulard islamique " a suscité de vifs échanges. Un débat public a abouti à la loi du 15 mars 2004 encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics. Quels ont été ses effets ? Comment les principes de la laïcité et de la liberté religieuse sont-ils déclinés dans les différents établissements éducatifs ? Quelle place la religion, l'agnosticisme ou l'athéisme occupent-ils dans la construction identitaire des jeunes ?
Souffrant d'une réputation sulfureuse, la « zone » fait l'objet de nombreux fantasmes mais reste quasi-invisible du point de vue des sciences sociales. En retraçant les étapes de constitution de cet espace non aedificandi aux marges de Paris, ce dossier permet d'en restituer la profondeur socio-historique. Mais la « zone » apparaît aussi au fil des contributions comme caractéristique d'une jeunesse actuelle qui, de Berlin à Paris en passant par le Royaume-Uni, contribue à inventer un espace et un style de vie nomades, à distance des institutions.
Malgré un état de santé de la population globalement bon, les inégalités sociales et territoriales de santé persistent en France, et ce dès la naissance. Ce constat pose la question de l'impact de l'action des professionnels de l'enfance et de l'éducation sur la santé des enfants et de leurs parents. Les politiques de parentalité ont un rôle majeur à tenir en matière de réduction des inégalités sociales de santé, en participant à l'amélioration du bien-être des familles et à la mise en place de conditions favorables au bon développement des enfants. Quels sont les leviers permettant d'associer accompagnement à la parentalité et promotion de la santé ? La pauvreté, première source d'inégalité en France, est au coeur de cette problématique. Quelles sont les modalités d'intervention auprès des familles les plus défavorisées ? Un numéro indispensable pour tous les acteurs concernés.
Dossier thématique coordonné par David Le Breton et Sebastian J. Moser.
Nous vivons à l'âge de la transparence.
Ceux qui la défendent au nom de la rationalité ainsi que la promesse d'un monde plus démocratique et plus sécurisé mettent en avant la clarté, la limpidité, l'intelligibilité et au bout du compte la vérité qu'elle est censée apporter. Pour contrebalancer ces tendances sociétales, ne devient-il pas incontournable de faire l'éloge de l'opacité ? Ne faudrait-il pas rappeler qu'il n'y a pas de lumière sans ombre, et que selon les circonstances les jeux d'ombre et de lumière peuvent être favorables au lien social ?
Certaines personnes font le choix de devenir parent non pas malgré mais avec leur déficience physique ou intellectuelle, leur maladie chronique ou mentale. D'autres vivent ou se retrouvent dans des situations de vulnérabilité (dépression, exil, précarité) qui rendent extrêmement difficile l'exercice de leur parentalité. Quelles en sont les conséquences sur l'enfant ? Quel regard notre société porte-t-elle sur ces parents " différents "? Quelles aides, quels accompagnements Leur sont proposés ou devraient l'être ? Comment faire en sorte qu'ils conservent Leur place de parent sans se substituer à eux avec pour objectif, toujours, te meilleur pour l'enfant ? Ce numéro de L'école des parents analyse ces situations complexes grâce aux contributions de multiples spécialistes (éducateurs spécialisés, juristes, psychiatres, psychologues, anthropologues et...
Parents, les premiers concernés), et affirme la nécessité d'inventer de nouvelles formes de coparentalité.
La cour de récréation est un espace de socialisation particulier où les identités se construisent et s'affirment, où les relations d'amitié et d'amour se nouent et se dénouent, où les jeux et les comportements se transmettent, où les stéréotypes s'imposent et où, loin du regard des adultes, règne aussi la violence. De la maternelle au lycée, qu'est-ce qui se joue, aujourd'hui, dans les cours de récré et comment prévenir cette violence en y associant les élèves ?
Sociologues, anthropologues, psychologues et enseignants portent un regard contemporain sur cet espace de vie.
La parution du n° 16 de la Nouvelle Revue du Travail a lieu à un moment historique, à la fin de la pandémie du Covid 19 en France. Pourtant, si la présentation du numéro s'écarte de la forme traditionnelle des précédentes livraisons c'est aussi pour une autre raison : l'organisation d'un mouvement de résistance des revues des Sciences de l'Homme et de la Société contre un projet Loi qui vise à piloter la recherche française au bénéfice des entreprises en réduisant l'autonomie des chercheurs et les moyens affectés aux sciences sociales.
L'éditorial, en trois langues, rend compte de ce projet de loi et des réactions des scientifiques tout en revenant sur les luttes sociales et politiques de l'hiver 2019-2020 en France, en particulier sur les grèves contre la réforme des retraites. Le dossier rassemble des articles critiques très documentés sur les politiques sociales et économiques en France tout en interprétant les réactions d'interrogation, voire de retrait des usagers face aux grèves. C'est un numéro au coeur de l'actualité qui informe et questionne sur la double crise politique et sanitaire de ce début 2020.
Face à l'impératif de la vitesse et de l'action immédiate de notre époque, ce numéro propose de réfléchir sur l'attente comme ressource éthique.
L'attente, expérience temporelle de la vie quotidienne, se teinte parfois d'espérance et même du bonheur anticipé de l'événement attendu mais peut être chargée d'incertitude et d'appréhension. Ces deux dimensions d'hétéronomie vont de l'inconfort jusqu'à l'extrême angoisse, celle des personnes engagées dans un parcours d'examens en vue d'un diagnostic, celle des demandeurs d'asile dans l'attente d'un refuge, etc. L'attente est bien une expérience morale : elle met entre parenthèses notre rapport pratique au monde en entravant l'activité libre.
Dès lors, comment prendre soin de l'attente ?
L'inclusion dans des classes ordinaires des enfants porteurs d'un handicap pose de façon aiguë la question de leurs relations avec leurs pairs. Quel est le rôle des pairs dans le développement de l'enfant ? Le handicap entraîne-t-il des difficultés particulières dans les relations entre sujets du même âge ? Qu'en est-il à l'école, mais aussi dans les crèches, les centres de loisirs, les séjours de répit ? Comment les enfants parlent-ils du handicap entre eux ? Ce numéro ouvre les pages à de nombreux témoignages : personnes handicapées, parents, AVS, etc.
Ce numéro a plusieurs ambitions : d'une part faire l'état des lieux de la sociologie du travail dans 7 pays pour que les sociologues francophones aient une meilleure connaissance de ce qui se passe en dehors de leur espace habituel de lectures et, d'autre part, questionner leurs convergences, les circulations entre elles, leurs spécificités. Enfin, il s'agit de rendre accessible à un plus grand nombre de lecteurs anglophones ou hispanophones des sociologies du travail hors de leurs propres frontières.
À travers 7 présentations critiques de la sociologie du travail, les contributeurs de ce numéro montrent que, malgré la globalisation de la production et des échanges de marchandises et de services, les problématiques et les façons de traiter le travail, l'emploi, les qualifications ou la formation restent très marquées par l'environnement intellectuel national. Malgré les influences réciproques, les agendas et les calendriers diffèrent d'un pays à l'autre. Les contributions marquent d'une pierre blanche l'histoire mondiale de la sociologie du travail à travers les rapprochements et les oppositions qu'il fait émerger.
Nommer les objets, les êtres et les phénomènes naturels semble bien avoir été, et être encore, une des premières préoccupations cognitives, socialement partagée, de l'homo sapiens conduisant à l'apparition d'un langage parlé qu'il entreprit ensuite d'écrire.
Ce souci de nomination s'accompagna très tôt d'une propension à classer ce qu'il avait nommé, et l'archéologue Alain Testard estimait qu'avant même l'invention de l'écriture, « la classification selon les espèces est au fondement de tout l'art pariétal paléolithique. » C'est cette pensée classificatoire qui s'exprime plus tard dans les listes lexicales de Mésopotamie classant les signes cunéiformes de l'écriture elle-même, puis les mots comme représentation de la réalité.
C'est ainsi que, dès les premières pages du Pentateuque de la Genèse, apparaît clairement le besoin de hiérarchiser les êtres vivants « chacun selon son espèce » et la distinction entre les espèces pures et celles qui ne le sont pas. Dans tous les domaines de la connaissance, les humains accroîtront sans cesse, au fur et à mesure de leur besoin, leurs stocks de mots, quitte à créer des jargons scientifiques, philosophiques et techniques rendant parfois hermétiques leurs propos aux étrangers à ces domaines, de nouvelles hiérarchisations entre ceux qui comprennent et ceux qui ne comprennent pas. Cette tendance fondamentale à passer de la nomination à la classification, et de la classification à la hiérarchisation prendra forme au fur et à mesure de l'évolution humaine, en passant par les classifications de Linné et le darwinisme social de Spencer, jusqu'à ces redoutables applications concrètes encore très actuelles que sont, après la nomination et la classification des races, leur hiérarchisation raciste.
Ce numéro croise deux champs d'étude rarement articulés : celui des mobilités et celui des formes et des espaces de socialisation. Il réunit dix articles qui analysent des processus divers de socialisations à la mobilité et de socialisations dans et par la mobilité, car si les pratiques de mobilité sont apprises, elles sont aussi formatrices. En s'intéressant à différentes formes de mobilités (quotidiennes, pour le travail, pour les loisirs ou les vacances, professionnelles, résidentielles, migratoires, etc.), de populations diversifiées (jeunes, expatrié·e·s, travailleur·se·s mobiles, ménages périurbains, cyclistes, gendarmes, etc.), observées en France et à l'étranger, ces contributions montrent toute l'actualité et la pertinence de saisir les mouvements spatiaux dans leur caractère socialisé et socialisateur.
Ce dossier a pour originalité d'articuler études urbaines, sociologie de la pauvreté et travaux sur les migrations, domaines de recherche généralement distincts. Il aborde plusieurs déclinaisons de la façon dont cohabitent les citadins à l'échelle du logement (foyer de travailleurs migrants, habitat participatif, squat), du quartier et de la ville. S'inscrivant dans sept pays différents, les dix contributions qui le composent montrent la fragilité des relations entre des populations socialement éloignées ainsi que la diversité des situations qui soutiennent ou empêchent la fabrication des cohabitations. À l'heure où la question de l'hospitalité urbaine est au coeur des réflexions sur la ville, ce dossier démontre l'intérêt de conjuguer les approches et les disciplines pour appréhender les reconfigurations des cohabitations contemporaines.
« Ville intelligente », « ville verte », « ville productive », « urbanisme féministe », « urbanisme de crise », autant de référentiels de l'urbanisme contemporain étudiés dans ce dossier qui témoignent de l'influence du marketing territorial, mais aussi d'une déterritorialisation de la fabrique urbaine. Dans le cadre d'une concurrence interurbaine et interétatique généralisée, ce sont non seulement les grandes métropoles internationales (Toronto, Paris, Bruxelles, Singapour ou Séoul), mais aussi désormais les métropoles régionales ou secondaires (Curitiba, Lagos, Bogota ou Phnom Penh), voire les métropoles nationales ou des villes moyennes qui participent à cet « urbanisme globalisé ». La fabrication des modèles évolue aussi vers un processus de plus en plus institutionnalisé et professionnalisé où les consultations et les réseaux internationaux, les acteurs, privés ou publics, de l'expertise et du conseil s'affirment comme promoteurs ou prescripteurs de la « bonne ville » de demain.
Le financement de la ville a profondément évolué au cours des quinze dernières années. Montée en puissance des investisseurs institutionnels, titrisation de pans entiers de la propriété immobilière, développement des partenariats public- privé dans un contexte de contraction des ressources publiques sont autant de phénomènes qui sont venus progressivement bouleverser les façons de faire. Le présent numéro analyse ces nouveaux modèles du financement de l'urbanisation à partir d'exemples français et internationaux récents. Il démontre à partir d'exemples concrets les effets d'un financement globalisé de la ville, de la concentration des acteurs et finalement de la standardisation des produits immobiliers au risque de laisser pour compte toute une partie des populations les plus modestes.
Ce dossier documente les dynamiques contemporaines de (re)production des inégalités relatives au logement et à l'habitat. Il traite des limites du droit au logement, des incidences des programmes de renouvellement urbain sur les trajectoires résidentielles, des effets sociaux des politiques de mixité sociale ou de réduction des coûts de l'énergie, dans différents contextes nationaux. Sont mises en lumière les tensions et les contradictions, locales et nationales, qui structurent la mise en oeuvre des politiques du logement.
De nombreuses recherches portent sur les pratiques du travail social. Pour autant, la diversité des espaces dans lesquels il opère est rarement au coeur des analyses. Or le travail social se déploie dans une multitude d'espaces physiques et sociaux qu'il contribue à façonner et qui lui donnent forme en retour. Ce numéro s'intéresse au rapport à l'espace des professionnels et des bénéficiaires de l'action sociale, et à la manière dont les espaces sont « travaillés » par ces différents acteurs. Les articles réunis portent sur des espaces fermés (foyers d'hébergement, salles d'attente, visites à domicile) et ouverts (maraudes auprès des sans-abris), ainsi que sur la territorialisation de l'action sociale.
S'inscrivant dans la réflexion sur la dimension spatiale des rapports sociaux, notamment des mobilisations collectives, ce numéro étudie les obstacles et les stratégies visant à empêcher la mobilisation des classes populaires. La notion de démobilisation permet d'interroger à la fois les pratiques qui empêchent l'émergence de l'action collective et celles qui entravent ou répriment les mobilisations. Il s'agit de se demander comment l'espace est utilisé dans ces stratégies, quelles sont les échelles de la démobilisation et la variabilité des pratiques selon les contextes sociospatiaux.
Ce numéro entend ainsi apporter un nouvel éclairage sur l'absence ou la faiblesse supposée des mobilisations populaires.
Les " classes moyennes " sont aujourd'hui au centre de nombreux débats, tant scientifiques que politico-médiatiques. Espaces et Sociétés apporte sa contribution, en examinant ce que les classes moyennes font des espaces et ce que les espaces font aux classes moyennes. Les articles réunis analysent la place occupée par l'espace dans la vie sociale et dans la construction identitaire des classes moyennes. Les espaces observés sont le logement, le quartier, la ville, la plage, en France, en Suisse, en Afrique du Sud et aux États-Unis. Les " entrées " sont les modes de vie, les choix résidentiels, les choix politiques, les rapports à la " mixité sociale et/ou ethnique ".
Le développement d'applications cliniques de la psychanalyse à différents champs sociaux a conduit à des interrogations nouvelles sur les notions de cadre pour tenter de traiter des problématiques spécifiques telles que celles des liens de couple, de famille, de groupe et d'institution.
L'opposition des dimensions libidinales et narcissiques qui convergent constamment dans la problématique des couples, se trouve questionnée dans tous les espaces analytiques, qu'il s'agisse de thérapie de couple de thérapie de famille ou de thérapie de groupe.
Des problèmes pratiques, solutions concrètes liées à des circonstances particulières, ou plus généralement méthodologiques, ainsi que des approches plus théoriques déjà classiques, seront reprises dans ce numéro. Quelques illustrations concernant l'économie du couple dans le travail groupal en thérapie de couple et en thérapie de groupe permettront une approche différenciée de la constitution d'un couple et de sa dynamique. Comment la conflictualité comme moteur du fonctionnement psychique peut s'exprimer et se traiter dans la situation du groupe notamment dans ses modalités " conjuguées " à celles du partenaire du couple
Les Cahiers dynamiques évoquent habituellement le travail des professionnels de
l'action éducative. Bien entendu, les jeunes pris en charge, et leur famille,
apparaissent au détour des articles et des interviews, et on devine leur
silhouette, mouvante et incertaine. Nous avons souhaité, cette fois, donner
plus d'espace à celles et ceux qui sont au coeur des pratiques éducatives,
objets de l'attention des professionnels, raison d'être de l'intervention des
institutions judiciaires, éducatives ou médico-sociales... Nous avons souhaité
aussi leur donner la parole. Au-delà des lieux communs, que peut-on dire de ces
jeunes ? Sont-ils des enfants et des adolescents fauteurs de trouble ou à
protéger ? Quelles sont les références culturelles de cette jeunesse, ses
rituels et ses espérances ? Comment vit-elle l'intervention éducative dont elle
est l'objet ?