Ce numéro s'inscrit dans le cadre du programme ANR franco-allemand Eco- GlobReg « Histoire environnementale du temps présent : l'Union soviétique et les États successeurs, 1970-2000. Globalisation écologique et dynamiques régionales », qui vise à étudier les processus d'émergence et d'effacement des discours écologistes dans la politique et la société soviétiques et ex-soviétiques.
Il s'agira ici d'examiner en particulier les effets - ou absence d'effets - d'une prise de conscience environnementale dans l'exploitation agro-pastorale des steppes centrasiatiques, du point de vue de ses acteurs : autorités politiques, experts en agriculture, directeurs et employés de kolkhozes et de sovkhozes, fermiers privés, bergers salariés, membres d'ONG.
Un an après le décès de Georges Balandier, le 5 octobre 2016, les Cahiers d'Etudes africaines rendent hommage à un fondateur et un continuel inspirateur. C'est ainsi la quête d'une présence absente, d'une dimension cachée de la revue, qui a animé la construction de ce numéro. Par son style fluide, insaisissable, au sens où il ne peut être capturé par un appareil théorique, Georges Balandier a développé une pensée ouverte aux surgissements, à la dynamique perpétuelle des mondes sociaux, prête à toujours proposer de nouvelles catégories adaptées aux situations et à leurs reconfigurations.
A travers une oeuvre caractérisée par un champ sémantique à la fois riche et évolutif, cet homme de science et de lettres a commuté en objets de recherche une vaste série de questionnements et a tracé des lignes de pensée, prolongées par diverses entreprises de recherche, notamment sur l'actualité des terrains africains.
Ce dossier entend étudier l'économie russe/soviétique par le prisme des pratiques semi légales de ses acteurs, c'est-à-dire en partant d'une interrogation sur la manière dont les Russes/Soviétiques entreprenaient certaines actions économiques dans le contexte contraint de pénurie et en dehors les directives de la planification. À travers des études de cas se situant dans différents contextes historiques - sous le stalinisme, les années 1960 et les années 1970-1980 -, les auteurs suivent au plus près, comment des directeurs d'entrepôt, des associations caritatives ou des clubs d'amateurs s'approprient biens et marchandises pour les utiliser d'une manière détournée de leur usage premier.
Ce questionnement d'histoire matérielle, sur les parcours des objets et des mar- chandises se double d'une réflexion sur l'intention des acteurs sociaux et écono- miques. Les articles reconstituent leur perception sur la manière dont l'économie fonctionne réellement, en marge des circuits officiels. Faisant preuve de créativité, ces entrepreneurs se positionnent dans un système d'échanges hors les règles, mais répondant pourtant à un certain nombre de prescriptions morales. Le passage par une étude de cas, ou par l'épreuve de la micro-histoire, permet de faire émerger d'autres formes de rationalité économique et d'autres circuits d'échanges qui ont tout autant structuré l'histoire économique de cet espace que les régulations légales, réglementaires. Ces études demandent à être systématisées sur le long terme de l'histoire soviétique, voire de l'histoire russe.
La sorcellerie n'est pas seulement une affaire privée qui se joue au sein des familles, elle concerne également les institutions jusqu'au coeur même de l'État.
Celles-ci se retrouvent de plus en plus souvent prises dans le cercle mortifère des rumeurs, accusations et violences, quand elles ne participent pas elles-mêmes à l'expansion du schème d'interprétation sorcellaire.
Devant ce constat, ce numéro examine à travers une série d'études de cas com- ment les institutions et leurs acteurs font face à la sorcellerie. Centrées sur l'analyse des dynamiques de l'imputation et de la stigmatisation, les contribu- tions portent aussi bien sur les institutions les plus centrales de l'État (la justice, nationale mais aussi internationale, la police, l'école) que sur les institutions sanitaires, religieuses et sportives ou encore les médias. Elles s'intéressent par exemple aux réactions d'indignation des opinions publiques et à la mobilisation de l'éthique des droits de l'homme face aux lynchages de présumés sorciers. Elles abordent également la question de l'irruption de la sorcellerie dans le contexte de la migration en s'intéressant aux réfugiés et aux institutions responsables de leur prise en charge.
Mais ce sont aussi les anthropologues eux-mêmes qui doivent faire face à la sorcellerie. Souvent interpellés par les acteurs au même titre que les juges, les journalistes ou les médecins, les chercheurs se trouvent alors confrontés à des dilemmes éthiques qu'ils ne peuvent plus longtemps éluder.
Et si, par-delà la dichotomie classique sujet-objet, les artefacts étaient appréhendés comme des agents voire des événements, et considérés dans leur rapport au temps et à l'espace ? Ce dossier propose l'étude des phé- nomènes, dispositifs et contextes par lesquels les objets adviennent en Grèce ancienne.
Envisagés comme acteurs d'un néo-colonialisme résilient, touristes envahissants, expatriés nantis de privilèges exorbitants, les Européens en Afrique, y compris dans la période coloniale, ont rarement été considérés comme des migrants.
Derrière les grands débats sur les relations internationales et transnationales, il faut constater que la question des mobilités a souvent été négligée. Et pourtant, force est de constater que les circulations entre l'Europe et l'Afrique ne se sont jamais complètement interrompues depuis la colonisation et connaissent même aujourd'hui un très net regain.
Les contributions réunies dans ce numéro visent d'abord à analyser ces mobilités, les décrire dans leurs régimes et leurs diversités historiques et contemporaines.
L'enjeu est ici de mettre en perspective, compte-tenu du faible nombre de travaux sur ces thèmes, ces situations dans leur variété géographique (Maghreb, Afrique francophone, lusophone, anglophone). Il est aussi question d'ouvrir la réflexion à l'échelle des populations européennes en Afrique plutôt que de se concentrer sur les seuls agents nationaux de la colonisation. Enfin, certains de ces articles s'appuient sur ces mobilités pour revisiter et interroger la lourde question du rapport colonial.
Au-delà des différents terrains et situations historiques, le point commun des articles est de privilégier l'expérience des acteurs, les témoignages et le vécu individuel, sans négliger pour autant l'évolution des points de vue institutionnels sur ces questions.
Ce dossier explore des confrontations jusqu'ici peu étudiées (rôle de la presse spécialisée dans l'élaboration de la figure du paysan, pratiques agricoles, etc.).
Grâce à des contributions mêlant sociologie des médias, sociologie des mobilisations et sociologie de la politique rurale, ce dossier renforce une réflexion sur la situation actuelle de l'agriculture. Il interroge les fonctions de la presse dans la transformation de la figure du paysan (il devient un technicien de l'agriculture) ; presse qui participe encore aujourd'hui à son évolution (quel est le modèle dominant dans la figure du paysan ?).
Dossier : La sociologie catholique XIXe-XXe siècles.
Coordonné par Olivier Chatelan (maître de conférences à l'université Jean Moulin Lyon 3), Denis Pelletier (directeur d'études à l'EPHE) et Jean-Philippe Warren (professeur à Concordia University, Montréal).
Les articles de ce dossier abordent les cas français, belge, canadien et italien, pour interroger les liens, à la fois de combat, de compromis et de transfert, que cette sociologie à contenu militant entretient avec la sociologie « laïque » telle qu'elle se développe au cours de la même période en milieu universitaire. Il s'agit aussi d'interroger les relations que cette sociologie entretient avec les autres champs disciplinaires, notamment le droit, la théologie, l'histoire, sur une période au cours de laquelle les frontières entre ces disciplines étaient mouvantes.
Dossier : Suicide et fins dernières.
Coordonné par Céline Béraud et Pierre Antoine Fabre.
Comment, aujourd'hui, le moment de la lutte contre la douleur comme irrémé- diable condition humaine, moment central dans l'éthique de la fin du xx e siècle est-il appelé à se transformer dans une autre étape, face à l'acharnement palliatif ?
Comment la question du suicide doit-elle être posée dans ce nouveau contexte et est-il légitime de la poser ?
« À qui doit-on ce que l'image montre ? Qui est responsable ? Est-ce excusable ? Était-ce inévitable ? Y a-t-il un état des choses que nous avons accepté jusqu'à présent et qu'il faille désormais contester ? », se demande Susan Sontag, en se mettant dans la peau d'un spec- tateur occidental qui tenterait de décrypter une photographie de presse montrant un événement dramatique lointain, sans réussir à en embrasser pleinement la complexité.
Tout au long de son histoire, l'image photographique s'est retrouvée au coeur d'enjeux politiques, sociaux et éthiques majeurs. Si, dans le cas de l'Afrique, beau- coup a été écrit sur la photographie comme instrument de coercition (colonial, scientifique), qu'en est-il en revanche d'une photographie qui conteste, « résiste », émancipe ? Dans quels contextes spécifiques cette dernière est-elle fabriquée, par qui, pour qui et avec quels moyens ? Quels sont les réseaux, physiques et numé- riques, qui la redistribuent et la rendent ainsi accessible ou, à l'inverse, invisible ?
Quels sont ses filiations et ses impacts ?
Pourquoi conserver les aliments ? La réponse peut sembler évidente :
Pour les manger plus tard, et donner du temps à leurs qualités nour- ricières. La diversité des techniques de conservation alimentaire que révèlent les enquêtes réunies ici montre pourtant que l'on ne peut s'en tenir là.
Qu'il s'agisse de conserver les ignames « vivants » dans les jardins au Brésil, d'organi- ser le ravitaillement des missions spatiales, ou encore, au XVIIe siècle, d'acheminer les poissons depuis des ports normands jusqu'à Paris, la conservation des aliments engage davantage que les seuls enjeux de rendre disponible de la nourriture. Il apparaît au contraire que le choix de conserver et les techniques utilisées relèvent d'un projet culinaire à la portée sociale, économique, politique.
À partir de l'analyse d'une variété de situations culturelles et historiques, ce volume invite à penser le lien entre consommation et conservation. Il montre la diversité des solutions possibles pour que le temps donné à l'aliment soit aussi un temps social, mettant en tension le privé et le public, le collectif et l'individuel, le marchand et le non-marchand, le partage et l'accaparation.
Le numéro 1-2018 des Annales est consacré à un dossier portant sur un sujet au coeur des débats historiographiques internationaux, les rapports entre micro- histoire et histoire globale. En effet, si l'approche microhistorique a été centrale dans la méthode historique au cours des deux dernières décennies du xx e siècle, on a pu avoir le sentiment d'un retournement complet à partir des années 2000 en faveur d'une histoire « globale » ou « connectée ». Cependant, cette opposi- tion relève largement du malentendu et certains des travaux les plus originaux publiés depuis dix ans combinent la microanalyse contextuelle avec une pers- pective mettant en avant l'échelle mondiale des phénomènes sociohistoriques.
L'introduction et les articles réunis dans ce dossier chercheront à exposer ces enjeux méthodologiques à partir d'études de cas portant sur des circulations de pratiques, de personnes et d'objets, entre l'Asie, l'Afrique et l'Amérique du Sud entre le xvi e et le xix e siècle.
Ce numéro comporte également un ensemble de comptes rendus portant sur l'histoire globale et l'histoire impériale, ainsi qu'une étude sur l'imprimerie véni- tienne à la Renaissance et une note critique sur le travail dans le monde romain antique.
Ce dossier s'intéresse à l'enjeu de la biodiversité à partir de perspectives disciplinaires multiples (sociologie, anthropologie, histoire, droit et sciences agronomiques).
Les études dédiées à la culture matérielle chrétienne portent le plus souvent sur le Moyen Âge ou l'époque contemporaine. Entre l'artisanat médiéval et la production industrielle en série initiée au xix e siècle, la piété moderne est caractérisée par le basculement vers l'image et par le dépouillement. En 2016, les ASSR ont dédié un numéro aux expériences rituelle, dévote et liturgique liées aux objets, sous le titre « La force des objets ». Le fil directeur en était l'objet de la « religion vécue », saisi en contexte rituel, entre histoire et anthropologie.
Le dossier « Façonner l'objet de dévotion chrétien » explore un autre versant de la religion moderne, matérialiste, non moins bricoleur que le Moyen Âge, non moins kitsch et productif que le xix e siècle. Il espère susciter des prolongements critiques sur les termes choisis pour comprendre le façonnement des objets de dévotion chrétiens.
S'ils s'intéressent bien sûr à l'emploi liturgique des objets religieux et à leur place dans les pratiques pieuses, les auteurs de ce numéro étudient en priorité les tours de main de fabricants, les techniques artisanales de fabrication de ces objets, ainsi que leurs canaux de diffusion et de distribution ; autant de termes qui donnent au façonnement des objets religieux l'aspect d'un commerce. Les textes réunis ici prennent ainsi place dans l'ensemble des recherches actuelles consacrées aux liens entre les pratiques matérielles de la foi, surtout catholique, et l'essor de l'artisanat et du commerce.
Ce numéro comporte deux dossiers thématiques. Intitulé « Christianisme ortho- doxe et économie dans le sud-est européen contemporain », dirigé par Vasilios Makrides et Katerina Seraidari, le premier dossier reprend, à partir de cinq études de cas et d'une analyse d'ensemble, la question des rapports entre religion et éco- nomie dont on sait la place centrale qu'elle occupe en sociologie depuis les analyses de Max Weber sur les affinités électives entre protestantisme et capitalisme.
Un second dossier est consacré aux « Conversions à l'islam : race, ethnicité, culture et religion », sous la direction de Juliette Galonnier, Hamzi Khateb, Géraldine Mossière et Amélie Puzenat. Des Pays-Bas à l'Australie en passant par le Royaume- Uni, ce dossier propose une série d'enquêtes de terrain et d'études éclairant les rapports qui se nouent entre conversion et genre, conversion et globalisation du monde, conversion et assignation raciale, et revient sur les enjeux de la conversion en milieu salafiste.
Le numéro 4-2018 des Annales est consacré à l'histoire quantitative et à ses renou- vellements méthodologiques. Au programme de ce numéro, plusieurs articles montrent comment quantifications et visualisations peuvent aider à comprendre les trajectoires des hommes et femmes du passé, de l'Antiquité à la Seconde Guerre mondiale : du choix d'un nom à celui d'un métier, de l'itinéraire d'une reine à ceux de prisonniers ou de Juifs persécutés. Loin des illusions du « big data », les articles font feu de tout bois pour faire parler des sources lacunaires.
Le numéro est accompagné par un ensemble de comptes rendus consacrés à l'histoire sociale et à ses renouvellements.
L'objet, au sens le plus concret, de ce numéro, est le papier en tant que surface matérielle d'expression et d'impression. Il s'agit de questionner les interactions produites entre les messages textuels et leur forme, par la mise en page, les styles d'écritures, les figurations.
Des mains de l'artisan à celles du chercheur, la lettre, le document d'identité ou le Coran personnel se sont chargés de la mémoire et de l'expérience de nombreux intermédiaires. Croisé avec l'étude textuelle des documents, l'objet écrit peut mettre en lumière des messages contradictoires, des sous-textes et des histoires qui seraient restés silencieux autrement. La prise en compte du matériau de l'écrit questionne le rôle de l'artefact scripturaire dans des sociétés largement orales, et son analyse rend leur voix à de nombreux acteurs présents et passés en Afrique.
Fruit d'une collaboration scientifique entre l'Institut des Mondes Africains à Paris et le Centre for Middle Eastern Studies de l'Université de Bergen, ce numéro réunit des historiens, des archéologues et des anthropologues de l'Afrique du Nord et de l'Afrique subsaharienne, unis par la volonté de redonner leur parole aux papiers et aux agents qui les manipulèrent en Afrique, du haut Moyen-Âge à aujourd'hui.
Track list : Heonik Kwon - L'anthropologie et la paix universelle (texte de la 3e confe´rence Le´vi-Strauss prononce´e le 17 octobre 2019) Commentaires de Benoi^t De L'Estoile & Christine Laurie`re Heonik Kwon (universite´ de Cambridge) est un anthropologue spe´cialiste du Vietnam et des politiques me´morielles de la « guerre froide ». Il de´crit par quelles techniques d'hospitalite´ les Vietnamiens « adoptent », dans leur propre autel domestique, les fanto^mes des guerres successives contre la France puis contre les E´tats- Unis, qui ont ravage´ le pays et profonde´ment divise´ sa population. Accueillir les fanto^mes chez soi, dans le Vietnam de l'apre`s-guerre, devient de`s lors la condition pre´alable a` une re´conciliation nationale et a` la mise en oeuvre d'un futur commun. Ainsi, la place donne´e aux morts invite a` une re´flexion sur les conditions de la paix, sugge´rant qu'elle est intimement lie´e dans son principe me^me a` une certaine conception de l'hospitalite´ - en tout cas a` la possibilite´ de laisser coexister ce qui nous est familier et ce qui nous semble fondamentalement e´tranger. Emmanuel Guy, Christophe Darmangeat, Charles Ste´panoff & David Wengrow - Richesse, stockage et ine´galite´s sociales. Pre´histoire et ethnographie Varia Lei¨la Baracchini - « What is this bird ? » Titre, traduction et artification dans un atelier san contemporain Lisa Richaud - Non-sens politiques. Re´pertoires culturels maoi¨stes et plaisirs ordinaires en Chine urbaine Comptes rendus
Dossier :
Le film ethnographique ou les archives filmées des « communautés paysannes » - Jean-Dominique Lajoux, cinéaste au Musée des Arts et Traditions Populaires.
La caméra, auxiliaire de l'historien : archives et récits d'une conseillère agricole - Sylvain Brunier.
Filmer le travail agricole à l'heure des circuits courts - Beautrice Maurines.
Mutations agricoles : apport d'un film anthropologique - Nadine Michau.
Filmer le retour à la terre : retour critique sur quelques mythes - Eric Wittersheim.
De quoi le documentaire contemporain sur la France rurale est-il le témoin ? Retour sur les 18 éditions de « Caméras des Champs » - Luc Delmas.
Le remembrement dans les sources audiovisuelles - Martine Cocaud et Valerie Hess.
Varia :
Formaliser ou sécuriser les droits locaux sur la terre ? Leçons de l'expérience dans la vallée du Sénégal - Patrick d'Aquino, Seydou Camara (†) et Sidy Mohamed Seck.
Comptes rendus.