Les sectes sentent le soufre. La publication du rapport Vivien, qui les compare à une drogue, aura constitué un nouveau signal d'alarme. Et les nouveaux prophètes font l'objet d'une suspicion unanime, tant à gauche qu'à droite. Pas toujours à tort, il faut bien le dire ...
Fasciné par les phénomènes de marginalité religieuse, un jeune historien a pourtant décidé de mener son enquête, sans préjugés. Ce livre en est le fruit. Il dévoile un monde beaucoup plus complexe qu'on ne l'imaginerait, où le meilleur côtoie le pire. Mais plutôt que de juger, l'ouvrage tente de comprendre et de faire comprendre. Appuyé sur une documentation abondante et récente, il ne se limite pas à une discussion théorique : mais décrit, explique, interroge, avec sensibilité.
Au fil des pages, entrent en scène Moon, les dévots de Krishna, les adeptes de la Méditation Transcendantale, les scientologues et bien des groupes moins connus.
Ces sectes nouvelles ne sont d'ailleurs que la partie émergée de l'iceberg, signe avant-coureur d'une nouvelle religiosité qui pourrait bien imprégner de plus en plus notre vie quotidienne. L'auteur s'efforce de cerner ce phénomène. Concis, pratique, son livre s'adresse non seulement à tous ceux que concernent les sectes, mais aussi à tous ceux qui s'interrogent sur l'évolution spirituelle de notre temps.
Les époques, les siècles de l'histoire s'ouvrent et puis laissent peu à peu les sujets de l'autre siècle, de l'autre époque, s'éteindre, transmettre et s'éteindre, suivant une sorte de loi du genre. C'est la vie, la tradition et la culture qui passent ainsi et accompagnent le présent.
Mais notre siècle n'a pas suivi cette loi : après Auschwitz, le passé s'est arrêté, le passé est sans suite, notre présent n'est pas une suite comme n'importe quelle suite. La « Logique de la mort » se demande ce qu'est un passé sans suite. Seulement cela : le passé arrêté d'un sujet, parmi six millions d'autres, un sujet arrêté dont il ne nous reste ni l'âme ni le corps, dont il ne reste rien, dont les nazis nous ont laissé seulement la mort.
Pourquoi Haïti produit-il des zombis ? Cette question, en apparence surprenante, conduit Laënnec Hurbon à remonter jusqu'à l'Europe du XVIe siècle pour s'interroger sur les effets de l'imaginaire dans les pratiques sociales et politiques. Ce que ce livre apporte, ce n'est pas seulement un saisissant parallèle entre la chasse aux sorcières (en Europe) et la chasse aux cannibales dans la Caraïbe. C'est, venant d'un sociologue du tiers monde, le renversement du regard par lequel l'Europe a jugé le monde à travers le paradigme de l'opposition barbare/civilisé. Car, finalement, le zombi comme l'esclave devient une production du discours européen. Discours qui hante l'imaginaire des anciens colonisés dans leur rapport à leurs propres pratiques culturelles, notamment au vodou confondu avec l'ordre du satanisme et de la sorcellerie, productrice de zombis.
Même après son départ, le maître est encore présent : les réseaux symboliques survivent à sa disparition et s'appliquent au paysan haïtien, imaginé barbare dans ses pratiques et croyances.
Les ressources des sciences humaines sont ici convoquées, comme l'avait fait cent ans auparavant Anténor Firmin, pour questionner le spectre d'un État qui survit à la société esclavagiste en la perpétuant.
« La mort la plus redoutable n'est sans doute pas celle dont on ne sait ni le jour ni l'heure, mais celle qui empêche de vivre chaque jour » (Patrick Baudry). L'auteur interroge le rapport permanent de la violence et du pouvoir, une sociologie du tragique en politique, en technologie et en médecine : dominations et résistances, accidents et catastrophes, maîtrise de la naissance et maîtrise de la mort.
Aujourd'hui, ce n'est pas la violence qui domine, mais la pacification dont l'auteur dégage les limites. La mise à distance du social de ces lieux où il trouvait à se construire, dans les sociétés traditionnelles, est explicitée par l'auteur qui montre les effets d'une déritualisation progressive qui tend à dévitaliser l'existence commune. Il y a bien une perpétuation du tragique qui, jusque dans la banalité de la quotidienneté moderne, indique la puissance d'un être ensemble s'articulant à la violence et à la mort.
Perception nouvelle de la violence et de la mort au quotidien, cette sociologie est un encouragement à délibérer : ne cédant point à une philosophie du vide, nous sommes invités à saisir des potentialités alternatives.