Si vous aussi, vous ressentez l'envie d'échapper à l'hystérie de l'époque en faisant un pas de côté et en tournant poliment le dos au jeunisme ambiant, cette revue est faite pour vous. Elle vous fera replonger dans des oeuvres parfois oubliées, rencontrer des personnages hauts en couleur, mémoires encore vivaces de notre patrimoine culturel, vous permettant ainsi de satisfaire vos goûts de jeune (ou vieux) schnock.
Ni rétrograde, ni passéiste. Schnock, donc... Tout bonnement. Alors rejoignez-nous ! Après vous...
Enquêter sur « la guerre transmise », c'est explorer un territoire immense. Celui de la guerre elle-même, bien sûr, elle que nous pouvons tenir pour la plus importante épreuve collective que puisse traverser un acteur social - au point d'ailleurs qu'elle imprime parfois sa marque jusqu'aux heures ultimes de sa propre vie. Mais c'est aussi, d'un même élan, interroger sa transmission : par les liens puissants qu'une guerre tisse avec celles qui la précèdent ; à travers la parole des témoins, les oeuvres de écrivains, des cinéastes, des artistes ; par l'École, les musées et le politique. Elle descend ainsi les filiations par le jeu des mémoires familiales, d'une génération à l'autre, puis de celle-ci aux suivantes. Elle se transmet également par les historiens, qui font de la guerre récit, et qui oublient parfois que c'est en disant la guerre qu'est née leur discipline. Elle se transmet enfin - et peut-être surtout - par le silence, ce que les spécialistes de la psyché savent mieux que les historiens.
Dans cette dixième livraison de Sensibilités, ces derniers posent ensemble leur regard sur les expériences de guerre d'autrefois et les modalités de leur transmission sur la longue durée. Mais plutôt que de les scruter en parallèle, ce numéro tente surtout d'organiser une interlocution véritable entre approches disciplinaires, sans jamais perdre de vue le rapport personnel des chercheurs en sciences sociales ou des explorateurs de la psyché aux objets qu'il analyse.
Avec : Janine Altounian, Stéphane Audoin-Rouzeau, Jeanne Bernard, Julien Blanc, Françoise Davoine, Hélène Dumas, Pierre Judet de La Combe, Rithy Panh, Jean Rouaud, Karine Rouquet, Henry Rousso, Emmanuel Saint-Fuscien, Olivier Saint-Hilaire, Nicolas Werth.
Avec la crise sanitaire, nous avons tous redécouvert notre domicile, ou bien nous l'avons investi différemment. Cette expérience à la fois personnelle et collective nous a conduits, à des degrés divers, à nous interroger sur les contours de l'espace privé et sur ce qu'habiter veut dire. En donnant la parole à des artistes, des philosophes et des sociologues, ce numéro propose une réflexion sur la façon dont les normes de l'habiter se sont définies au fil du temps, en prenant en compte les formes du cadre bâti comme les processus d'appropriation qui font du logement un espace à soi. Que dit de nous une représentation picturale ou photographique de notre intérieur ? Quel rapport entretient-on avec soi et avec l'espace quand on vit dans un monastère ? Comment parvient-on à se recréer un espace intime quand on vit dans la rue ? De quelle(s) utopie(s) les pratiques d'autoconstruction sont-elles porteuses ? Telles sont quelques-unes des thématiques abordées dans ce numéro qui invite à partir à la découverte d'un espace capital et singulier, le « chez-soi ».
DARD/DARD analyse et met en récit les transitions écologiques et sociales. La revue propose des dossiers thématiques sur les grands enjeux de la transition et va dans les territoires à la rencontre de celles et ceux qui construisent le monde de demain, durable et solidaire. Au sommaire de ce numéro de printemps : - Le monde en transition - Dossier : Fin du monde/fin du mois - La transition avec les milieux populaires - Quelle écologie pour quelle justice ? -Quelle écologie dans les milieux populaires ? - Récit fictionnel : Vivre avec des quotas carbone pour plus de solidarité ! - L'exemple : l'association Vrac, Pas de quartier pour la malbouffe dans les milieux populaires ! - Territoire en transition : Malaunay, premier volet : la « montée en transition » - Entretien croisé : Maxence Cordiez # Yves Marignac : Quelle place pour le nucléaire dans notre scénario énergétique ? - Hérauts en transition : projet Tera en Lot-et-Garonne
Des études approfondies du commerce des aviations de chasse, les expéditions d'observation des passages de la planète Vénus au 18esiècle, ou la formation du jeune Bourdieu. Un dossier, coordonné par Jérôme Lamy et Sébastien Plutniak, fait le point sur les relations entre la science et l'anarchie. En même temps qu'il fait le point sur l'état des connaissances, il met l'accent sur des figures de cet alliage, par exemple Paul Feyerabend ou André «Dédé-la-science» Langaney. La rédaction poursuit également son travail d'exploration des archives en dépoussiérant un texte du philosophe belge Léo Apostel, particulièrement dense et publié en 1977. Un autre texte important de Jacques Bouveresse paru en 1985 interroge les fondements de l'intelligence artificielle. Un entretien avec l'historien Christophe Charle, au titre volontiers provocateur (« Les débats épistémologiques en histoire, c'est toujours un peu du théâtre »), met en lumière les séquences et progrès d'une longue et fructueuse carrière. Des notes critiques complètent le sommaire, qu'introduit un éditorial invité d'Arnaud Fossier sur les conditions de production de la vérité en histoire, dans un contexte de mise en question du métier d'historien par quantité de faussaires qui prétendent dire le vrai sur le passé.Â
Dossier : le procès des données L'ethnographie en procès. Enjeux contemporains autour de l'éthique de l'enquête de terrain (Sylvain Laurens).
L'assignation à comparaître et la saisie des données ethnographiques (Shamus Khan).
Une armure pour les ethnographes (Jack Katz).
Peur de la violence et enquête de terrain. Enquêter sur la criminalité organisée entre les risques de violence et les injonctions paradoxales du milieu académique (Marwan Mohammed).
Qui protéger, consentir à quoi, enquêter comment ? Les sciences sociales face à la bureaucratisation de la vertu scientifique (Johanna Siméant-Germanos).
Enquêter sur la filière nucléaire après Fukushima : une recherche négociée (Valérie Arnhold).
Historicité et vérifiabilité des données : sortir l'histoire de son berceau judiciaire (Joseph Morsel).
Rubrique.
Entretien avec Roland Marchal (par Johanna Siméant-Germanos).
Fenêtre.
La base de données sur les appartements parisiens saisis pendant l'Occupation (Isabelle Backouche et Sarah Gensburger).
Tout se passe comme si, face aux catastrophes en cours et à venir, le pessimisme ambiant devait être compensé par des promesses toujours plus exorbitantes. Les rutilants projets spatiaux de ces dernières années en sont l'exemple le plus frappant : vols suborbitaux pour riches désÅ«uvrés, constellation de mini-satellites, publicités et industries lourdes envoyées dans l'espace, terraformation de Marsâ€- Qu'importe, si ces pseudo-aventures risquent de précipiter l'humanité dans l'abîme, si elles sont hautement spéculatives au regard des lois de la physique ou de l'état actuel des connaissances, ou même si elles répondent avant tout à la soif de domination de quelques milliardaires - Jeff Bezos, Elon Musk et Richard Branson en tête - boursouflés de pouvoir et de capitaux, plus occupés à faire fructifier leurs parts de marché (bien terrestres) qu'à trouver des solutions aux désastres en cours. Dans ce numéro, Socialter a choisi de se pencher sur les délires d'escapisme qui remodèlent profondé
Paru en 1885 à Paris, De l'égalité des races humaines est un plaidoyer en faveur de la race noire, une réponse à l'essai De l'inégalité des races humaines de Joseph Arthur de Gobineau. Anténor Firmin voulait combattre les thèses racistes de Gobineau par ce livre de combat qui apporte au mouvement panafricain une grande rigueur scientifique. Se positionnant contre les pseudo-scientifiques, Firmin définit une anthropologie critique, sociale et culturelle. Il réévalue le rôle essentiel des cultures africaines dans l'histoire de la civilisation, des Égyptiens à la première République noire d'Haïti. L'auteur affirme ses certitudes sur l'égalité des hommes et ouvre de nouvelles voies (voix) à la réflexion sur la condition noire. De l'égalité des races humaines est un incontournable pour comprendre le racisme et les stéréotypes qui circulent dans nos sociétés modernes.
Avion, smartphone, voiture, viande, fruits exotiques, légumes hors-saison... À quoi devons-nous renoncer ? Une fois admis que le mode de vie occidental n'est pas soutenable écologiquement et que tout ne pourra pas être rendu «â€‰vert », il devient nécessaire de faire le tri parmi nos objets, nos usages et nos habitudes. Et pour atteindre l'objectif de 2 tonnes équivalent carbone par personne, certains sacrifices seront nécessaires... De quoi avons-nous vraiment besoin ? Pourquoi rien n'est-il jamais «â€‰suffisant » ? Faudra-t-il nous rationner ? Boycotter sert-il à quelque chose ? Comment démanteler nos grandes infrastructures ? Autant de questions auxquelles Socialter tente de répondre dans ce dossier.
Qu'ils vivent en famille d'accueil ou en foyer, la plupart des adolescents relevant de la protection de l'enfance, comme tous ceux de leur âge, possèdent aujourd'hui un smartphone. Alors que les mesures de placement cherchent à séparer les lieux de vie pour leur permettre de se reconstruire loin d'un milieu familial jugé inadapté, cet outil technologique constitue un cordon relationnel, qu'ils peuvent gérer de manière autonome. Quels usages en font-ils ? Peut-on les considérer comme bénéfiques ou au contraire comme dangereux ?
En l'absence de consignes officielles précises, les professionnels de la protection de l'enfance (assistants familiaux, éducateurs, référents, coordinateurs, juges...) doivent trouver de nouveaux ajustements pour faire cohabiter pratiques juvéniles, communications familiales et mesures de protection. À partir d'une analyse des décisions de justice et de la réalité des pratiques, les auteurs montrent les marges de manoeuvre possibles entre le maintien d'un cadre formel et l'élaboration d'un accompagnement qui tient compte du parcours familial des enfants et des innovations socionumériques.
« Jouer dehors ! », « libérer la scène », « libérer la parole » : autant d'appels répétés à un théâtre qui se veut « libéré » d'un ensemble de contraintes plus ou moins explicitement nommées. Libérer le théâtre, oui, mais de quoi ?
Ce numéro est consacré aux formes d'expressions verbales et de performances qui investissent l'espace public et qui revendiquent par ce geste, sinon de faire un théâtre politique, à tout le moins de libérer une parole enfouie, tue ou généralement ignorée et habituellement absente du plateau de jeu. Sortir « dans la rue », jouer « dehors », prendre possession de l'espace public, en somme sortir des théâtres, des arènes, des scènes, permettrait une adéquation entre parole politique et espace public, libérant la parole des citoyens sur des sujets de société sensibles ou qui font débat (des questions sociales, politiques, mais aussi de genre). Du Chili à Marseille, en passant par le Brésil, le Burundi, le Mali, le Rwanda et Sevran, ce numéro approfondit la définition, la portée et les enjeux de divers théâtres joués dans l'espace public.
Notre revue tente de faire progresser l'inventaire de ce qui, en théorie et en pratique, reste à défendre, mérite d'être reconsidéré ou doit être écarté pour favoriser l'émancipation individuelle et collective. Nous espérons ainsi, en diffusant d'anciennes idées et en en proposant de nouvelles, contribuer à l'élaboration d'une culture critique commune.
Sommaire du numéro 5 : Annie Gouilleux, « Notes sur Golden Days de Lewis Mumford » / Alfonso Berardinelli, « Limite et mémoire, variations sur Christopher Lasch » / « Citations mêlées » / Nicolas Gey, « Nouveau poème tiré du recueil Bouquet final à paraître » / « Le cas Stiegler » / Nicolas Eyguesier, « Commentaires sur Les Français jihadistes ».
IN MEMORIAM François Chazel par François Dubet Margaret Maruani par Catherine Marry ENQUÊTES Maxime Quijoux, Cécile Rodrigues - La loi d'airain de l'entreprise coopérative. Comprendre la personnalisation du pouvoir dans les sociétés coopératives et participatives (Scop) Maël Ginsburger, Julie Madon - Faire durer ses objets, une pratique distinctive ? Consommation et frontières de classe chez les ménages aisés THÉORIES ET MÉTHODES Marie-Paule Couto - « Naturels » ou « naturalisés » ? Le travail d'identification des rapatriés d'Algérie par l'État et ses effets sur la recherche en sciences sociales Fabrice Ripoll - Du « capital d'autochtonie » au « capital international ». Penser la structuration scalaire des capitaux et des espaces sociaux DÉBAT : Vers une « droitisation » de la société française ?
Lise Bernard, Tom Chevalier - Introduction Frédérique Matonti - Intellectuels et hégémonie de l'idéologie réactionnaire Raphaël Challier - Peut-on parler de « droitisation » des classes populaires ?
Des usages ordinaires du clivage droite/gauche à l'écart du champ politique Vincent Tiberj - For what it's worth : la droitisation « par en bas » n'a pas eu lieu COMPTES RENDUS Anton Perdoncin - Anaïs Henneguelle et Arthur Jatteau, Sociologie de la quantification Margot Roisin-Jonquières - Haude Rivoal, La Fabrique des masculinités au travail Ève Meuret-Campfort - Collectif Rosa Bonheur, La Ville vue d'en bas. Travail et production de l'espace populaire
Manger, c'est changer le monde trois fois par jour.
Parce que notre fourchette a un impact sur les hommes et la planète, Oui ! vous apporte son éclairage sur ce que l'on mange et l'on produit aujourd'hui.
Aujourd'hui, l'alimentation n'est pas un choix strictement personnel, c'est aussi un choix politique : elle impacte l'écologie, l'économie, le bien-être des hommes et celui des animaux. Elle dépend de notre rapport au monde et l'influence à la fois. Difficile, pourtant, de faire le tri, de séparer le bon grain de l'ivraie, fut-il de quinoa.
Cette revue réalisée par La Ruche qui dit Oui ! souhaite apporter son éclairage sur ce que l'on mange et l'on produit aujourd'hui. Vous n'y trouverez pas d'idées pré-machées, de dogmes réchauffés, mais seulement l'expression d'une curiosité, d'un appétit pour la vérité souvent difficile à satisfaire dans le monde de l'alimentation. On peindra ce monde tel qu'il est. Pour le meilleur et pour le pire. À chacun ensuite de faire ses choix, en conscience.
La Ruche qui dit Oui ! la plateforme web des circuits courts, donne à tous les moyens de créer un système alimentaire juste. 5000 Producteurs, 1100 Ruches et 160 000 utilisateurs réguliers inventent chaque jour une nouvelle façon de consommer. www.laruchequiditoui.fr
Des êtres, poussés par l'urgence vitale, se retrouvent à arpenter la longue route, semée de haines et de peurs, qui mène de l'Afrique à l'Europe, questionnent ce qui fonde notre humanité: une fragilité de notre relation. Ils s'agitent, sans l'avoir choisi, dans une tragédie d'errances multiples. Ces hommes, ces femmes, ces enfants, que l'on nomme avec un langage à géométrie variable - migrants, réfugiés, étrangers - ont ce visage que beaucoup ne veulent plus voir. Le début des récits à venir se fonde pourtant sur la réinvention possible d'un Etre-ensemble.
Que pourrait être un monde où l'air est respirable pour quelqu'un comme Adama Traoré, où la Méditerranée est une mer plutôt que le tombeau des espoirs en exil des harragas comme l'appelle de ses voeux la bande dessinée de Thiziri qui clôture ce numéro. Les violences policières sont une manifestation visible de politiques dont la logique consiste à étouffer, asphyxier, écraser et effacer les familles issues de l'immigration postcoloniale, en nous affectant directement ou indirectement.
L'idée de consacrer un numéro aux utopies a été décidée bien avant que la pandémie ne nous confine, et la promesse présidentielle d'un « monde d'après », qui fait peur plus qu'il ne fait rêver, à partir du moment où nous avons vu des drones se mettre à parler. Nous ne sommes pas tous égaux/égales face à la tâche d'imaginer quel serait ce monde, dans un contexte d'état d'urgence sanitaire qui a affecté de façon différenciée les individus selon leur race, leur classe et leur genre. Comment imaginer d'autres mondes quand nous sommes sous l'emprise de « nécessités pressantes » comme celle d'assurer la continuité de la vie de la nation, endossée principalement par des femmes et/ou racisé·es et/ou prolétaires.
2020 signe les cinq ans de la revue AssiégéEs qui met au centre les réflexions et les enjeux des personnes racisées appartenant aux minorités sexuelles et de genre, comme une opportunité de produire des savoirs, et de créer, avec nos façons de faire. Penser nos expériences n'est pas une finalité lorsque nous produisons des connaissances, parfois sous la forme d'auto-histoires : il s'agit toujours de nous relier à des histoires collectives ; de penser les rapports sociaux, les structures oppressives, à partir de la condition minoritaire ; de confronter fructueusement les multiples expériences de racialisation et de sexualisation.
Avec la revue AssiégéEs, nous faisons l'effort de traduire « nos propres peurs », « nos propres insécurités » comme l'espérait Donna Kate Rushin, car notre parole politique ne peut être réduite à traduire et faire des ponts entre les un·es et les autres, car nos corps et nos dos ne sont pas des ponts à piétiner.
Une vingtaine d'auteurs venant d'horizons géographiques et disciplinaires différents collaborent à ce numéro dont le projet est d'interroger les sciences sociales et humaines, mais aussi la philosophie et même le droit, sur leur rapport à la domination coloniale. Cette relation restant très généralement du domaine du non-dit, on y explore ce qui relève des implicites, des métaphores, des lacunes, bref, des impensés. Il s'agit donc de montrer, à partir de cas précis, comment certains scientifiques sociaux ont mené leurs recherches en complicité totale, mais déniée ou ignorée avec l'entreprise coloniale, comment cette adhésion sans faille à l'esprit de la colonie a marqué et marque encore le choix des objets, la méthodologie, la théorisation, la conceptualisation, le privilège accordé à certaines approches aux dépens d'autres. Au-delà de cette perspective historique sur le passé des disciplines, se pose aussi la question de la persistance et de l'insistance de ce lien largement occulté entre sciences sociales et colonie.
Pour le centenaire de la mort de Vilfredo Pareto, ce numéro revient sur les domaines essentiels de l'oeuvre parétienne, grâce à des auteurs étrangers et français de quatre disciplines différentes (actuariat, économie, histoire, sociologie) et dont les compétences sont avérées sur les thèmes qu'ils se proposent d'aborder. Il y est question du renouvellement de la pensée de Pareto à travers des auteurs contemporains. Après l'analyse historiographique, viennent les études de ses fondamentaux philosophiques (sa « théorie sociologique des croyances collectives » ou sa critique du socialisme et du protectionnisme) et mathématiques (avec sa courbe des revenus qui est devenue un classique de la sociologique économique), suivies de contributions plus spéciales sur la théorie économique et la sociologie économique. Si « l'économie est une petite partie de la sociologie, et l'économie pure est une petite partie de l'économie » comme Pareto se plaisait à l'écrire, l'effacement de son oeuvre dans la sociologie actuelle est loin d'être total : certaines de ses idées fortes développées en matière de répartition (comme la courbe de distribution des revenus) et de mobilité sociale (sur la circulation des élites) sont toujours d'actualité dans les travaux contemporains.
Nous n'y avons pas coupé : cette cinquième livraison de Zilsel envisage la question pressante de l'Intelligence Artificielle. La contribution, en marge mais pionnière et conséquente, des Sciences and Technology Studies à cette question fait l'objet du dossier central, augmenté d'articles exploratoires sur le machine learning ou la fabrication des algorithmes. Par contraste avec l'emballement contemporain autour des promesses de VIA, la stratégie consiste ici à baisser d'un ton, à mettre en perspective le phénomène sur le temps long et à explorer de prés - y compris dans l'élaboration directe de techniques apparentées à VIA.
Les enquêtes qui ouvrent le numéro traitent de thèmes aussi disputés que l'évaluation des critères de scientificité des revues de sciences humaines et sociales, l'émergence de la biocriminologie, l'avènement multi-situé de la sociologie mondiale ou l'oblitération de la psychologie sociale du baron Gustavo Tosti, pensée au tournant de 1900, ou encore l'histoire sociale et intellectuelle de la revue Genèses.
Une longue conversation avec Liliane Hilaire-Pérez offre des aperçus précieux sur son oeuvre féconde et, au passage, sur les développements de l'histoire des techniques, à distance des STS. Ce numéro comprend en outre la traduction d'un article classique de Dorothy Stimson, paru en 1935, portant sur les relations entre le puritanisme et l'essor de la science dans l'Angleterre du 17 siècle. Des essais critiques font le point sur des publications récentes et bouclent cette nouvelle boucle.
A recevoir cinq sur cinq.
En 1962, Emile J. Biasini précisait dans un rapport, reproduit ici intégralement, les contours réels des maisons de la culture, qui devinrent le symbole de l'action culturelle. Elles devaient illustrer la mission fondamentale du ministère de la Culture, telle qu'elle fut définie par André Malraux : "rendre accessibles les oeuvres capitales de l'humanité, et d'abord de la France, au plus grand nombre possible de Français, assurer la plus vaste audience au patrimoine culturel, et favoriser la création d'oeuvres de l'art et de l'esprit qui l'enrichissent".
Parallèlement, depuis une vingtaine d'années, les "événements" culturels se succèdent à un rythme de plus en plus rapide qui réjouit les uns et alarme les autres. Cette omniprésence de l'événementiel joue-telle au détriment de l'action culturelle ou la conforte-t-elle ?
A travers les contributions de Pierre-Yves Heurtin, Catherine Clément, Jean-Michel Djian, Paul Virilio, Françoise Grùnd, André Lewin, Jean Biaise et Chérif Khaznadar, le présent ouvrage aborde cette problématique sous des angles différents. Il n'apporte pas de réponses, il offre matière à réflexion.
Jean Duvignaud, pour qui l'événement, comme le mirage des songes, serait "une appropriation commune dont se repaît la vie collective", a préfacé ce livre peu avant sa disparition.
Le discernement n'est pas d'abord une démarche intellectuelle, une technique éprouvée ou même l'application de valeurs morales. Dans la dynamique d'une vie orientée par l'Evangile et dans l'esprit des Exercices spirituels d'Ignace de Loyola, il s'agit de repérer les mouvements intérieurs qui surgissent en nous pour distinguer ceux qui sont signes d'un surcroît de vie, de ceux qui apportent avec eux le découragement et la paralysie intérieurs.
Discerner, c'est faire le tri dans les aspirations ou les résistances que suscite en nous un choix. Il nous faut pour cela libérer nos facultés d'analyse des attachements mal placés qui peuvent les altérer, car c'est en désirant vraiment la décision qui viendra que nous accomplissons ce que la foi chrétienne appelle la volonté de Die
Ce dossier entend étudier l'économie russe/soviétique par le prisme des pratiques semi légales de ses acteurs, c'est-à-dire en partant d'une interrogation sur la manière dont les Russes/Soviétiques entreprenaient certaines actions économiques dans le contexte contraint de pénurie et en dehors les directives de la planification. À travers des études de cas se situant dans différents contextes historiques - sous le stalinisme, les années 1960 et les années 1970-1980 -, les auteurs suivent au plus près, comment des directeurs d'entrepôt, des associations caritatives ou des clubs d'amateurs s'approprient biens et marchandises pour les utiliser d'une manière détournée de leur usage premier.
Ce questionnement d'histoire matérielle, sur les parcours des objets et des mar- chandises se double d'une réflexion sur l'intention des acteurs sociaux et écono- miques. Les articles reconstituent leur perception sur la manière dont l'économie fonctionne réellement, en marge des circuits officiels. Faisant preuve de créativité, ces entrepreneurs se positionnent dans un système d'échanges hors les règles, mais répondant pourtant à un certain nombre de prescriptions morales. Le passage par une étude de cas, ou par l'épreuve de la micro-histoire, permet de faire émerger d'autres formes de rationalité économique et d'autres circuits d'échanges qui ont tout autant structuré l'histoire économique de cet espace que les régulations légales, réglementaires. Ces études demandent à être systématisées sur le long terme de l'histoire soviétique, voire de l'histoire russe.