Ce volume propose la réédition d'une sélection d'une vingtaine d'articles de Jacqueline Guillemin-Flescher parus en France et à l'étranger entre 1983 et 2018. Il offre une vue d'ensemble des travaux qui ont suivi la parution de son ouvrage Syntaxe comparée du français et de l'anglais : problèmes de traduction (1981). Celui-ci avait ouvert la voie à un champ de recherches en linguistique contrastive dans le cadre de la théorie des opérations prédicatives et énonciatives d'Antoine Culioli.
Son organisation met en lumière le fil conducteur de cette recherche, tout en distinguant les grands domaines auxquels elle s'applique. La première partie, consacrée à la théorisation de l'activité de traduction à partir du point de vue de la linguiste, situe sa démarche par rapport à d'autres approches théoriques de la traduction en s'appuyant sur la mise en regard de l'anglais et du français. La deuxième partie explore la question des repérages et de la détermination au niveau prédicatif, à travers des analyses portant sur la deixis, la transitivité, les types de procès, la prédication de propriété. Le concept de qualification/quantification occupe une large place dans la troisième partie consacrée à la construction du sens au niveau énonciatif, qu'il s'agisse d'asserter, de qualifier, de modaliser, de construire un point de vue. Cette représentation du point de vue, à travers les repérages en jeu dans le domaine de la perception, fait l'objet de la dernière partie.
L'ouvrage s'adresse à un lectorat s'intéressant au fonctionnement des langues et aux problèmes de traduction : chercheurs et étudiants en linguistique et traduction, traductologues et traducteurs.
Avec le soutien le soutien de Paris-Est Sup, de l'université de Strasbourg et de l'unité de recherche UR 1339 LILPA.
« Le français à table », voilà le thème bien alléchant pour des journées de réflexion sur la langue française en France et en francophonie. C'est associer en effet les raffinements gustatifs aux productions orales de la bouche, c'est redonner aux mots leurs saveurs, à la langue spécialisée sa motivation, à l'écriture littéraire une sensualité nouvelle.
C'est assurément s'attacher à l'amplification du lexique au fil de l'histoire de la langue et de ses voyages - mots exotiques, mots créées par dérivation, de manière imagée ou anthroponymique -, s'intéresser à la naissance et à l'évolution des textes spécialisées - notes de cuisiniers, « mesnagiers » ou « théâtre d'agriculture », menus ou recettes- , s'arrêter sur l'expression littéraire d'un thème particulièrement attirant qui se charge de contenus symboliques, mis en valeur également par la peinture et la musique.
Ce sont autant d'orientations que ce t'ouvrage pluridisciplinaire propose au public : lexicologues, historiens, littéraires, philosophes, journalistes, professionnels font bénéficier le lecteur de leurs travaux de recherches et de leurs derniers échanges à la table des Lyriades qui les a réunis en Anjou au cours d'un festival d'une semaine de réflexion.
Véritable sujet linguistique, socio-économique et culturel, voilà, pour la huitième étape du voyage au long cours des Lyriades, une belle escale qui, sous un titre prometteur, souhaite mettre à la table de la langue française tous les gourmets et les gourmands de mots, de mets et de textes.
Cet ouvrage est issu des 8es journées de la langues française (Rencontre de Liré) qui se sont tenues principalement à Angers, Liré et Ancenis, du 23 au 29 mai 2016. Il a été conçu sous la direction de Françoise Argod-Dutard, agrégée de lettres modernes, professeur d'université en langue française, présidente du conseil scientifique des Lyriades.
La France découvre son plurilinguisme. On parle en effet sur son territoire plusieurs dizaines de langues autres que le français. Une nouvelle perception de cette réalité linguistique émerge aux niveaux politique, administratif et public depuis une quinzaine d'années. La recherche sur les langues de France et sur les langues en France a simultanément beaucoup progressé. Mais il manquait un état des lieux général et une synthèse. Alors que plusieurs histoires sociales de langues ont été publiées, celle-ci est la première pour l'ensemble des langues parlées dans un pays, la France. Cet ouvrage traite de l'histoire de la communication d'un grand nombre de langues ou variétés qui, à différents moments, sont entrées en contact avec le français. Il prend en compte aussi bien les langues régionales ou minoritaires autochtones que celles de l'Outre-mer et celles de l'immigration ancienne ou récente, sans oublier la langue des signes française. Il ne s'adresse pas seulement aux spécialistes des sciences du langage, mais aussi à un large public qui aspire aujourd'hui à mieux connaître l'histoire et la situation actuelle des langues de France, dont il est souvent question dans l'actualité. Tous découvriront ici les concepts et les données qui s'imposent pour mieux comprendre l'évolution des formes de la communication en ces diverses langues de France. Le projet a été mené à bien à l'initiative du collectif HSLF qui regroupe neuf universitaires et chercheurs de différents horizons. Soixante-dix auteurs français et étrangers ont été sollicités pour décrire et analyser les relations sociales qui se sont établies au fil des siècles entre le français et les autres langues, mais aussi entre celles-ci et le monde externe. L'Histoire sociale des langues de France apporte une masse considérable d'informations sur un aspect méconnu de la société française. Cette histoire novatrice, de nature encyclopédique, est appelée à constituer un ouvrage de référence.
S'appuyant sur une étude comparative entre la langue des Sourds de Belgique francophone (LSFB) et d'autres langues des signes (LS), Aurélie Sinte montre que ces langues possèdent leurs propres moyens d'expression du temps. Cet ouvrage, accompagné d'un DVD, explore un vaste corpus de discours (narratifs, conversationnels et descriptifs) et constitue la première étude discursive menée sur la LSFB.
Qu'est-ce qu'apprendre une langue quand on est enfant ou adulte ? Comment entre-t-on dans le langage ou dans une langue étrangère ? Cet ouvrage offre une perspective comparative qui permet de mieux cerner les ressemblances et les contrastes qui s'observent dans l'acquisition d'une langue entre différents types d'apprenants.
À se demander longuement si les animaux étaient ou non capables de dire, nous en avons oublié de nous demander s'ils avaient, surtout, quelque chose à dire. Suivant les traces de Peirce qui disait qu'il "n'y a pas de pensée sans signe", cet ouvrage se propose d'utiliser les signes de l'expression animale, non pour savoir si elle peut être ou non appelée langage, mais pour remonter à la source de ce qui les crée. À quoi bon avoir un langage, s'il ne sert pas à véhiculer des pensées ?
Face à l'aspect insaisissable de la pensée, les émotions constituaient un bon point de départ, car elles ont cette capacité à mettre le langage humain en échec : quand le chagrin est trop terrible ou l'angoisse trop étouffante, nous échouons à en parler. Mais il nous reste possible d'en "dire" quelque chose, un dire que nous partageons avec d'autres espèces, et qu'il devient, aujourd'hui, nécessaire de savoir décrypter et entendre.
Ce volume est consacré à la linguistique anglaise tout en s'inscrivant dans le domaine plus large de la linguistique générale. Il est dédié aux travaux de Jean-Louis Duchet et Michel Paillard, qui ont eu une grande influence sur le développement de la linguistique anglaise en France.
Les contributions réunies ici apportent un éclairage différent, moderne et neuf aux thématiques étudiées, entre autres à travers l'étude de nouveaux corpus que les nouvelles technologies permettent d'explorer. Un de leurs points communs est l'amour des mots, de leur histoire et de leur évolution sur le plan phonétique, lexical et syntaxique. Un autre est le fait d'appréhender les phénomènes linguistiques, non pas de manière isolée, mais dans leur fonctionnement dans les textes, tout en prenant en considération le contexte socio-historique dans lesquels ils s'inscrivent. Enfin, un intérêt particulier est porté à la langue de spécialité (juridique, sportive...) et à la dimension inter-langues (lexicologie contrastive et problèmes de traduction).
Cet ouvrage est à mettre en regard avec un autre volume dirigé par les mêmes auteures intitulé Opérations prédicatives et énonciatives, contrastivité et corpus dédié aux travaux d'Hélène Chuquet et de Jean Chuquet. Ces deux ouvrages posent des repères cruciaux pour les chercheurs et les étudiants dans les domaines de la linguistique énonciative culiolienne, la linguistique contrastive, la morphophonologie et la lexicologie contrastive.
Ce volume est le premier fruit publié du travail d'un groupe de chercheurs des universités de Poitiers, de la Sorbonne Nouvelle, de Strasbourg, d'Ulster et de Katowice sur les langues et les cultures minorisées. Par sa volonté d'associer des spécialistes de langues diverses, chercheurs dans des disciplines différentes, et des acteurs de terrain, cet ouvrage décloisonne l'univers de la recherche sur les langues minorisées afin de permettre une émulation scientifique interlangue, poussée par des expériences et des vécus humains. Collectif performatif, donc, cet ensemble prend à bras le corps son sujet d'étude : promouvoir les langues minorisées.
Trois dimensions se détachent : les interrogations géopolitiques, un regard sur les succès et les échecs du système éducatif des/en langues minorisées, et des évaluations de différents aspects de la promotion des langues. Des témoignages, à la fois personnels et descriptifs de situations linguistiques particulières, viennent l'illustrer et en faire son originalité.
Le projet qui a donné naissance au présent volume est le fruit d'une réflexion collective sur les fondements sémiotiques et cognitifs de la submorphémie. Il se donne pour objet d'étude les plus petites unités de signification du langage et a pour ambition d'interroger et de dépasser le modèle euclidien qui domine notre représentation du signifiant, de repenser son statut dans le cadre d'une théorie sémiologique générale et de mettre au jour la compositionnalité du signe là où ses manifestations sont probablement les plus spectaculaires et les plus massivement observables, à savoir dans le discours littéraire.
Issu d'un projet collaboratif réunissant des chercheurs venus de neuf laboratoires, l'ouvrage est le premier de son genre à explorer en profondeur la question de la submorphémie au prisme du poétique.
Les sciences du langage et de la communication ont pu montrer que, dans toute activité discursive, réside un décalage entre le dit et le vouloir dire. Cela revient à représenter la signification de la phrase comme divergeant du sens communiqué. Ce sens, que l'on peut qualifier d'implicite, de non- dit, de non-littéral, d'indirect ou encore de figuré doit en effet être pris en compte pour accéder au vouloir dire du locuteur. Des disciplines telles que la pragmatique et la rhétorique ont permis de définir les différentes formes implicites rencontrées dans la langue naturelle et surtout de décrypter les stratégies mises en oeuvre en production et en réception.
Cet ouvrage fait le choix de porter un regard pluridisciplinaire sur cette thématique en rassemblant des chercheurs issus de domaines variés afin de croiser les regards sur des problématiques tant théoriques qu'appliquées : comment peut-on représenter les différentes strates de la signification impliquées par l'émergence d'un contenu implicite ? Qu'est-ce qui motive l'emploi de formes implicites ? Est-ce la possibilité de se retrancher derrière le dit ? Est-ce la volonté de susciter l'adhésion en construisant des représentations figuratives chez le destinataire, ou en faisant appel au sens commun ? Comment et de quelle façon se manifestent les formes et mécanismes de l'implicite selon les langues ? De quelle manière le traducteur (ou l'adaptateur, dans le cas de la traduction audio-visuelle) doit, ou peut, rendre l'implicite dans le matériau linguistique d'arrivée ?
L'objectif est ici de faire en sorte que les linguistes, les traductologues aussi bien que les didacticiens puissent trouver réponses à ces questions transversales et nourrir leurs propres interrogations.
Ce volume est le second volet d'un ensemble de travaux sur la notion d'accord, qui vont des aspects morphologiques de l'accord aux aspects pragmatiques. Il réunit les actes du colloque du CERLICO qui s'est déroulé à Poitiers en juin 2017, et présentent des recherches inédites notamment sur les marqueurs de désaccord qui sont souvent négligés dans les publications sur cette question.
L'ouvrage est consacré à la déflexivité, concept créé par Gustave Guillaume en psychomécanique du langage. Les articles contenus dans ce volume proposent un regard nouveau sur ce concept en élargissant son champ d'application bien au-delà du domaine initial. Sa mise en ½uvre permet d'envisager des descriptions et des analyses plus approfondies, à la fois en morphologie et en syntaxe pour des langues particulières avec des approches contrastives en synchronie et en diachronie. Les contributions portent sur les langues romanes, celtiques, germaniques, slaves et le basque. Cette approche multilingue montre l'opérativité de la déflexivité dans les processus d'évolution de langues très différentes.
Introduite en France dans l'analyse de la phrase à l'issue d'un long processus de maturation de deux siècles (17e-18e siècles), la notion de complément est apparue dans l'Encyclopédie (articles "Régime" et "Construction") de la volonté d'aller au-delà d'une analyse logique binaire, c'est-à-dire en Sujet-Prédicat. Le terme de complément renvoie alors aux problèmes de rection des mots dans la phrase et il se distingue de la fonction syntaxique (en tant qu'elle concerne la distinction du sujet et du prédicat) mais aussi de la construction (l'organisation interne de la phrase). Quant au terme de complémentation, c'est une autre façon de désigner le complément, bien que complémentation soit souvent employé pour regrouper les différents cas spécifiques de compléments, cf. Le Querler (2012), Abeillé et Goddard (1996) mais aussi Crystal (1997). Aussi, le terme de complétude s'emploie parfois comme synonyme de complément (Delmas 2006), parfois pour désigner dans des analyses macro-syntaxiques la totalité d'un texte. Ainsi en pragmatique, on parle de contrainte de complétude forte, en relation avec la maxime gricéenne de quantité (Portuguès 2011), ou encore pour allier la complétude syntaxique et la complétude sémantique (Guillaume 1971). Les communications ont porté sur divers aspects de cette problématique et sur des langues différentes.
Cet ouvrage étudie la continuité référentielle dans les textes en français et anglais à la fin du Moyen Âge et aux périodes modernes et contemporaines. Il s'inscrit à la fois dans une perspective sociohistorique, diachronique, et dans une perspective contemporaine, synchronique, pour rendre compte des processus linguistiques et psychologiques sous-jacents au fonctionnement de la continuité référentielle. L'ouvrage s'appuie sur une série de contributions embrassant différents champs disciplinaires, de la linguistique à la psychologie en passant par la sociolinguistique et la psycholinguistique.
La richesse et la variété des contributions offrent au lecteur une source de connaissance appréciable sur l'état de la question, sur la façon dont s'opère le choix des mots dans des contextes variés, en relation avec les compétences linguistiques des locuteurs. Les analyses proposées couvrent une très grande variété de phénomènes (co)référentiels.
À ce titre, l'ouvrage s'adresse à tous ceux qui se préoccupent de l'analyse des phénomènes linguistiques complexes : étudiants (master, doctorat), enseignants-chercheurs, chercheurs en linguistique, en sciences du langage et en psychologie. Les didacticiens et les enseignants pourront également y trouver de quoi nourrir leurs réflexions au sujet de la référenciation linguistique.
Cet ouvrage questionne toutes les parties de la grammaire et de la structure linguistique. L'exigence d'économie et de pertinence limite fortement l'expansion des faits de langue tant au niveau structurel que discursif. Les études concernent ainsi le jeu de la polysémie ou le flou sémantique des unités lexicales et des constructions. Le lecteur y rencontrera des phénomènes de condensation (grammaticalisation ou stabilisation partielle de procédés énonciatifs ou discursifs telles les constructions grammaticales et/ou lexicales figées, les collocations, la « micro-syntaxe » des mots composés...), ainsi qu'un jeu sur l'absence (« signe zéro », limitation des systèmes phonologiques, ou nomenclatures lexicales plus ou moins lacunaires, mais aussi l'emploi absolu des verbes). La notion de complémentation est étendue aux phénomènes d'enrichissement de la phrase par insertion et parenthésage, ajouts, commentaires et termes servant à clôturer la phrase ou l'énoncé. Au niveau discursif, la complémentation est vue comme justification de la complétude ou saturation de l'énoncé. On s'interroge ainsi sur le rapport entre la complémentation et la notion de « supplémentaire » par rapport à un énoncé considéré, à tort ou à raison, comme premier.
Ce volume en hommage à Jean et Hélène Chuquet constitue un ouvrage de spécialité dans le domaine de la linguistique énonciative appliquée à l'anglais, au français et à la comparaison des langues, centré sur la problématique de la construction du sens à laquelle le traitement des corpus apporte un éclairage nouveau.
Les contributions s'organisent, d'une part, autour de l'interface syntaxe et sémantique et, d'autre part, autour de la comparaison des langues. Dans un mouvement allant du général vers le particulier, chacune des deux parties de l'ouvrage s'ouvre avec des études proposant une lecture fine de l'approche culiolienne et de celle de la linguistique contrastive. Chacune de ces approches est développée dans les contributions qui suivent à travers l'étude de faits de langue et de structures langagières (trouver, do so, je vais te me le, corne + ing / venir, présent de narration, incises de perception visuelle et auditive, locutions figées), prenant appui sur le traitement qualitatif des corpus.
Cet ouvrage est à mettre en lien avec un autre volume dirigé par les mêmes auteures intitulé Morphophonologie, lexicologie et langue de spécialité dédié aux travaux de Jean-Louis Duchet et Michel Paillard. Ces deux ouvrages posent des repères cruciaux pour les chercheurs et les étudiants dans les domaines de la linguistique énonciative culiolienne, la linguistique contrastive, la morphophonologie et la lexicologie contrastive.
Sylvie Hanote et Raluca Nita sont respectivement professeure et maître de conférences en linguistique anglaise à l'université de Poitiers, membres de l'unité de recherche FoReLLIS.
Ce livre propose une enquête historique et exploratoire sur les enjeux, les usages et les conflits linguistiques liés aux négociations du Moyen Âge à l'époque moderne. Centré sur la diplomatie et le commerce, sur des moments de rupture, il réunit un ensemble d'études relatives à des négociations menées en Europe et autour de la Méditerranée, avec une ouverture comparative.
Avec le soutien de l'équipe SAPRAT-EA 4116 de l'École pratique des hautes études.
La linguistique contemporaine, dans son immense majorité, admet comme une évidence le principe selon lequel la relation de la forme ("le signifiant") au sens ("le signifié") est arbitraire. Ce choix théorique repose sur une illusion fondée sur une certaine conception de la langue, selon laquelle l'unité significative privilégiée est le morphème (on ne voit effectivement pas de motivation naturelle à désigner spécialement par le mot nez cet appendice bien connu).
Cet ouvrage démontre que l'élément minimal significatif est en réalité le trait phonétique, composante du phonème (lui-même constituant du morphème), lequel, en tant que propriété articulatoire, établit un lien naturel (donc non arbitraire) avec le signifié : ainsi, le mot nez et tous ceux qui concernent cet appendice comportent-ils le trait [nasal] et ce non seulement en français mais aussi dans la plupart des autres langues, sans qu'un lien typologique entre elles puisse être invoqué.
Là gît l'innovation de la théorie défendue ici : l'hypothèse (démontrée empiriquement) que le trait phonétique est pertinent pour représenter la structuration lexicale. Ainsi émerge un nouveau paradigme au sein des sciences du langage, fondé sur le postulat que les formes n'ont rien d'arbitraire relativement aux significations.
Ce volume est consacré à l'expression linguistique des sentiments et du point de vue : il s'agit de la synthèse de travaux d'équipe et d'une journée qui s'est ouverte à des chercheurs extérieurs. Au-delà de la diversité des approches théoriques, il se propose avant tout de mettre en regard plusieurs langues sur le sujet ; français, anglais, italien, polonais, grec, espagnol, allemand et d'éclairer les études par le biais des différentes entrées qu'offre la science linguistique, notamment le lexique, la syntaxe, la sémantique et l'énonciation.
En effet, pour reprendre les propos désormais célèbres d'Emile Benveniste, la subjectivité est partie intégrante du langage et c'est "dans et par le langage que l'homme se constitue comme sujet". Les sentiments et le point de vue, ce dernier conçu à la fois comme un lieu d'où se construit une attitude du sujet et une manière de positionner le sujet par rapport à ce qui est dit, semblent indissolublement liés, même s'il convient de bien définir les domaines et de fournir des analyses raisonnées.
Il s'agit dans ce volume de présenter des études précises de phénomènes linguistiques : en ce sens, les treize contributions qu'il contient sont un aperçu du vaste domaine de recherche évoqué par le titre. L'ouvrage aura rempli ses objectifs si d'une part il fait percevoir la continuité entre les phénomènes décrits, allant des sentiments au point de vue en passant par le discours et l'attitude énonciative, et si d'autre part il démontre l'apport d'une démarche contrastive à l'analyse de phénomènes linguistiques tels qu'ils se réalisent dans la diversité des langues.
L'étudiant curieux des faits de langue, le linguiste travaillant en syntaxe ou en linguistique du discours et tous ceux qu'intéressent les questions de traduction et de rapports entre les langues y trouveront matière à alimenter la discussion sur un domaine qui pourrait sinon soit rester très théorique, soit se perdre dans l'anecdote.
L'analyse de discours depuis de nombreuses années représente un champ de recherche commun aux sciences du langage et aux sciences de l'information et de la communication. Patrick Charaudeau a été un des principaux acteurs de cette alliance en fédérant au sein du centre d'analyse du discours des chercheurs venus d'horizons divers (sémiotique, psycho-sociologie, sémiologie audiovisuelle) pour les faire intervenir de façon autonome mais aussi collaborative sur des objets communs passés au crible de ces différents axes de pertinence.
Le présent numéro de la Revue constitue le deuxième volet sur la thématique Transcrire, Ecrire, Formaliser. Les contributions qu'éditent Catherine Collin et Fabienne Toupin s'inscrivent dans le mouvement d'une réflexion méthodologique autour de la transcription, et évaluent les variations au sein de la formalisation et de la transcription. Les questions que soulève cette thématique reçoivent des réponses variées à la fois en termes de langues étudiées (français, anglais, mo piu, langue des signes italienne), mais également au regard d'approches linguistiques et de réflexion sur les problèmes que posent la formalisation et la transcription, qu'il s'agisse de conceptualisations à différentes époques (histoire de la linguistique structurale, réflexion autour de l'écriture de la resémantisation.
L'absence de traduction française de son ouvrage majeur, la Sprachtheorie (1934) rend en effet quasiment inconnu le reste de sa théorie du langage. Qui était au juste Kart Bühler? Né en 1879, non loin de Heidelberg, il fait des études de psychologie et de philosophie et obtient une chaire à l'université de Vienne en 1922. Brillant intellectuel, il est capable de s'engager politiquement : on en veut pour preuve la signature qu'il a apposée sur le manifeste du " Vienne intellectuel u invitant à voter en faveur de la social-démocratie. C'est précisément à cause de son engagement politique, et de l'origine juive de sa femme, qu'il est contraint d'émigrer aux Etats-Unis, à la suite d'une incarcération décidée par le gouvernement national socialiste mis en place par Hitler. Abordant le langage du point de vue philosophique et psychologique, il élabore une théorie originale, la Sprachtheorie, dont les traits essentiels sont la théorie des deux champs et l'étude de quelques parties du discours, et qui développe notamment une conception moderne de la métaphore, envisagée d'un point de vue psycholinguistique. Cet ouvrage, après une présentation de la théorie de Kart Bühler, la replace dans les principaux courants de pensée qui l'ont inspirée - philosophiques, linguistiques et psychologiques - et souligne la modernité d'une ?uvre qui annonce les théories structuralistes de la syntaxe de Tesnière et de Fourquet. La thèse de Bühler sur les fonctions du langage préfigure les théories de l'énonciation de Jakobson, puis ultérieurement de Benvéniste. Enfin, la pragmatique contemporaine est en germe dans ses considérations sur l'ellipse et la métaphore. Il est donc temps de redonner à ce linguiste, longtemps méconnu, la place qui lui revient dans l'évolution de la pensée linguistique contemporaine.