Gallimard
-
Explosive modernité : Malaise dans la vie intérieure
Eva Illouz
- Gallimard
- Connaissances
- 15 Mai 2025
- 9782073026484
Comment comprendre le malaise indéniable dans lequel notre civilisation est plongée ? Il y a un siècle, Freud se posait la même question. Mais là où, en psychanalyste, il dressait le tableau d'un conflit entre pulsions et répression, ce qui se joue aujourd'hui est à la lisière entre émotions et monde social. Nos affects les plus intimes - espoir, déception, colère, envie, honte, fierté, amour même - sont désormais pris dans les tensions et dynamiques de nos sociétés. L'espoir, fondement émotionnel de la modernité, a promis le progrès et l'amélioration du sort de chacun. C'était avant que les inégalités, la montée du populisme, démocratie extrême, la domination de la technologie ne le transforment en déception, envie, colère ou nostalgie. La conjonction de toutes ces émotions nous a fait entrer dans une ère explosive. Ce livre est l'exact opposé d'un manuel de développement personnel : il ne nous invite pas à ausculter sans fin notre «moi», mais à ouvrir notre intériorité à l'analyse sociale pour y découvrir que ce qui nous hante est avant tout l'écho des forces à l'oeuvre dans notre vie collective. Sociologue des émotions, Eva Illouz mobilise ici la littérature et la philosophie autant que les sciences politiques pour explorer comment et pourquoi ces émotions sont déployées dans la société.
-
Surnommé «l'homme qui répare les femmes», le gynécologue et chirurgien Denis Mukwege a consacré sa vie aux femmes victimes de sévices sexuels en République démocratique du Congo. Dans une région où le viol collectif est considéré comme une arme de guerre, le docteur Denis Mukwege est chaque jour confronté aux monstruosités des violences sexuelles, contre lesquelles il se bat sans relâche, parfois au péril de sa vie. Dès 1999, il fonde l'hôpital de Panzi dans lequel il promeut une approche «holistique» de la prise en charge : médicale, psychologique, socio-économique et légale. Écrit à la première personne, La force des femmes retrace le combat de toute une vie en dépassant le genre autobiographique. L'héroïne du roman, c'est la femme composée de toutes ces femmes. L'auteur rend un véritable hommage à leur courage, leur lutte. Pour lui, il s'agit d'une lutte mondiale : «C'est vous, les femmes, qui portez l'humanité.» Ainsi, à travers le récit d'une vie consacrée à la médecine et dans un vrai cri de mobilisation, Denis Mukwege nous met face au fléau qui ravage son pays et nous invite à repenser le monde. La force des femmes clame haut et fort que guérison et espoir sont possibles pour toutes les survivantes.
-
Les sorcières et leur monde
Julio Caro baroja, Marie-Amélie Sarrailh
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 28 Mars 1972
- 9782070282012
Le monde change et les sorcières sont toujours les mêmes. Julio Caro Baroja, dans sa jeunesse, avait rencontré des personnes dotées d'une mentalité spéciale, la mentalité magique. Il avait tout appris des sorcières du Pays basque:leur pullulement, révélé par un document officiel de 1466; les grands procès d'inquisition du XVII? siècle; les autodafés, comme celui de 1610 où périrent les sorcières de Zugarramurdi; les superstitions que les paysans basques entretenaient encore à la fin du XIX? siècle et dont on lui parlait dans son enfance. Puis il lut les livres sur la sorcellerie, en d'autres temps, en d'autres lieux; et partout la sorcière était égale à elle-même. Alors, il écrivit ce livre. Livre de structuraliste écrit au temps où le structuralisme était une méthode scientifique et non une mode, qui, à travers la description des cérémonies et des rites, des sabbats et des maléfices, atteint une psychologie archaïque, celle de la mentalité magique. Livre d'anthropologue et de sociologue qui étudie une base commune aux comportements et aux croyances d'hommes éloignés dans le temps et l'espace, et analyse la psychologie collective de sociétés dominées par la peur. Livre d'historien qui a compris que ce qui change, c'est l'environnement historique des sorcières et le regard que jettent sur elles les sociétés et les systèmes de pensée qui se succèdent autour d'elles, de l'Antiquité gréco-romaine au positivisme des Lumières et du scientisme du XIX? siècle, du christianisme médiéval à la psychiatrie contemporaine, de saint Augustin à Michelet, de saint Thomas à Freud, de Gassendi à Goya. Des études souvent profondes, parfois brillantes, ont commenté tel ou tel dossier de sorcellerie. Ici la sorcière est présentée à travers les explications changeantes d'un monde qui n'en finit pas d'exorciser Satan.
-
Ainsi parlait zarathoustra
Friedrich Nietzsche
- Gallimard
- Oeuvre Philosophique Nietzsche
- 8 Décembre 1971
- 9782070280315
Livre « à part », comme Nietzsche le nomma lui-même. Dans Ainsi parlait Zarathoustra apparaissent pour la première fois des thèmes comme la volonté de puissance ou le surhomme. Ces idées comptent au nombre de celles qui ont le plus fortement marqué la pensée contemporaine. « Lorsque Zarathoustra fut âgé de trente ans, il quitta son pays, et le lac de son pays, et il s'en fut dans la montagne. Là jouit de son esprit et de sa solitude et dix années n'en fut las. Mais à la fin son coeur changea, -et un matin, avec l'aurore, il se leva, face au soleil s'avança... », Friedrich Nietzsche.
-
Bouleversement ; les nations face aux crises et au changement
Jared Diamond
- Gallimard
- Nrf Essais
- 17 Septembre 2020
- 9782070147229
Ce livre est une étude comparative, narrative et exploratoire des crises et des changements sélectifs survenus au cours de nombreuses décennies dans sept nations modernes : la Finlande, le Japon, le Chili, l'Indonésie, l'Allemagne, l'Australie et les États-Unis. Les comparaisons historiques obligent, en effet, à poser des questions peu susceptibles de ressortir de l'étude d'un seul cas : pourquoi un certain type d'événement a-t-il produit un résultat singulier dans un pays et un très différent dans un autre ? L'étude s'organise en trois paires de chapitres, chacune portant sur un type différent de crise nationale. La première paire concerne des crises dans deux pays (la Finlande et le Japon), qui ont éclaté lors d'un bouleversement soudain provoqué par un choc extérieur au pays. La deuxième paire concerne également des crises qui ont éclaté soudainement, mais en raison d'explosions internes (le Chili et l'Indonésie). La dernière paire décrit des crises qui n'ont pas éclaté d'un coup, mais qui se sont plutôt déployées progressivement (en Allemagne et en Australie), notamment en raison de tensions déclenchées par la Seconde Guerre mondiale. L'objectif exploratoire de Jared Diamond est de déterminer une douzaine de facteurs, hypothèses ou variables, destinés à être testés ultérieurement par des études quantitatives. Chemin faisant, la question est posée de savoir si les nations ont besoin de crises pour entreprendre de grands changements ; et si les dirigeants produisent des effets décisifs sur l'histoire. Tout en respectant la volonté première de ne pas discuter d'une actualité trop proche qui, faute de distance et perspective, rendrait le propos rapidement obsolète, un Épilogue, propre à l'édition française, esquisse, en l'état des données, une réflexion sur la pandémie du Covid-19.
-
Soyons tous des féministes
Chimamanda Ngozi Adichie, Sylvie Schneiter
- Gallimard
- Hors Série Littérature
- 3 Mars 2022
- 9782072988981
Dans cet essai devenu culte, adapté d'une conférence TED qui a fait le tour du monde, la romancière Chimamanda Ngozi Adichie explore de manière unique, intime et profondément vivante la définition du féminisme de nos jours. Entre colère et espoir, elle puise dans ses expériences vécues tout autant que dans les réalités du monde actuel, pour nous dévoiler un remarquable regard sur ce qu'être une femme aujourd'hui implique et signifie. C'est aussi son cri du coeur qui résonne ici pour bâtir «un monde où les hommes et les femmes seront plus heureux et plus honnêtes envers eux-mêmes». Un monde où nous serons tous des féministes.
-
La liberté est l'engagement américain par excellence, mais, comme le soutient Timothy Snyder, nous avons tant perdu de vue ce qu'elle signifie que cela nous conduit à une crise. Trop d'entre nous considèrent la liberté comme l'absence de pouvoir de l'État : nous pensons que nous sommes libres si nous pouvons faire et dire ce que nous voulons, et nous passer de l'autorité du gouvernement. Mais la véritable liberté n'est pas tant sa provenance, son fondement, que sa destination, sa visée - la liberté de prospérer, de prendre des risques pour l'avenir que nous choisissons en travaillant ensemble. La liberté est la valeur qui rend toutes les autres possibles. De la liberté nous emmène dans un voyage intellectuel passionnant. S'appuyant sur les travaux de philosophes et de dissidents politiques tels qu'Edith Stein, Simone Weil, Vaclav Havel, Leszek Kolakowski, Henry David Thoreau, et sur des conversations avec des penseurs contemporains comme Tony Judt à une époque d'exceptionnalisme américain, Timothy Snyder identifie les pratiques et les attitudes - les habitudes de pensée - qui nous permettront de concevoir un mode de gouvernement dans lequel nous et les générations futures pourrons nous épanouir en reconnaissant l'importance des traditions (défendues par la droite), mais aussi le rôle des institutions (domaine de la gauche). Intime mais ambitieux, ce livre contribue à forger un nouveau consensus ancré dans une politique d'abondance, de générosité et de grâce.
-
À la fin de 1899 mais daté de 1900 comme pour marquer un nouveau siècle paraît Die Traumdeutung : c'est le livre du rêve jusque dans sa composition baroque, foisonnante. Un an plus tard paraît ce petit livre-ci, commandé par un éditeur, et dont le propos est bien différent : cette fois, c'est un exposé sur le rêve et qui revêt une forme plus classique, parfois didactique. Comme l'indique Didier Anzieu dans sa préface, la Traumdeutung constituait et constitue toujours une initiation à l'inconscient. Sur le rêve, lui, introduit à la psychanalyse. Y sont énoncés les résultats acquis par une science alors toute nouvelle. Si l'objet est ici le rêve, Freud n'entend pas pour autant lui conférer une valeur exceptionnelle. Au contraire il se déprend et déprend tout au long son lecteur d'une «surestimation», romantique ou mystique, qui ferait du rêve le lieu de quelque ascension de l'âme vers l'inconnu. Aussi porte-t-il principalement son attention sur les procédés du «travail du rêve» en les illustrant par de nombreux exemples et en nous engageant à les retrouver à l'oeuvre dans d'autres productions de l'inconscient. Sur le rêve, oui, mais surtout pour l'analyse, pour une méthode.
-
La Grande Dactylographie a été dictée en 1933. Elle tente un exposé systématique des recherches menées par Wittgenstein depuis son retour à la philosophie en 1929. Mais elle a laissé insatisfait son auteur, qui a d'abord tenté de la corriger et de la compléter, avant de renoncer à donner une forme systématique à ses réflexions. Elle constitue le maillon nécessaire pour se faire une idée précise de l'évolution de sa pensée entre le Tractatus logicophilosophicus, paru en 1922, et les Recherches philosophiques, publiées posthumément en 1953. Son édition en 2001, qui prend en compte les variantes, a comblé une lacune, étant donné que, des deux livres que ses exécuteurs testamentaires avaient tirés des manuscrits des années 1929-1933, l'un (les Remarques philosophiques) représente un état antérieur de sa pensée, et l'autre (la Grammaire philosophique) ne reprend que partiellement le texte de La Grande Dactylographie. Les analyses qui y sont proposées s'organisent autour de deux grands thèmes : le langage et les mathématiques. Le premier, qui occupe les deux tiers du livre, s'attache à déterminer ce que sont la pensée et l'intentionnalité en demandant : Que veut dire «comprendre une proposition» ? Qu'est-ce qui détermine son sens ? Quel est le statut des règles grammaticales qui commandent l'usage des mots ? En quoi consiste exactement l'«accord» entre langage et réalité ? Wittgenstein y montre, en dénonçant le psychologisme qui grève l'abord de ces questions, que l'exploration de l'usage que nous faisons du langage permet non seulement de dissoudre nombre de faux problèmes légués par la tradition philosophique, mais encore de résoudre les problèmes relatifs à la délimitation des frontières du sens - c'est-à-dire, selon lui, les véritables problèmes de la philosophie. Le second thème porte sur quelques points saillants du grand débat des débuts du XXe siècle autour du fondement des mathématiques. Il livre l'exposé le plus clair que Wittgenstein ait donné de ses positions sur ce sujet.
-
Les origines du totalitarisme - Eichmann à Jérusalem
Hannah Arendt
- Gallimard
- Quarto
- 29 Mai 2002
- 9782070758043
Dispersé jusqu'à présent en trois volumes, Les origines du totalitarisme retrouve son unité dans la réunion des trois parties qui le constituent. L'ensemble est accompagné d'un dossier critique qui donne à la fois des textes inédits préparatoires ou complémentaires aux Origines, comme «La révolution hongroise», un débat avec Eric Voegelin, des extraits de correspondances avec Blumenfeld et Jaspers.
Pour Eichmann à Jérusalem, rapport sur la banalité du mal, des correspondances avec Jaspers, Blücher, Mary McCarthy, Scholem éclairent l'arrière-plan de l'écriture de l'ouvrage et la violente polémique qu'il a suscitée. -
Sophia : Philosophie et phénoménologie
Alexandre Kojève
- Gallimard
- Bibliothèque Des Idées
- 10 Avril 2025
- 9782073041210
Ce livre qui arrive aujourd'hui à la lumière apporte un éclairage inédit sur une figure aussi légendaire que mystérieuse de la vie intellectuelle française du dernier siècle. On connaissait Kojève comme l'un des introducteurs de la pensée hégélienne en France par l'enseignement qu'il avait dispensé à l'École pratique des hautes études dans les années 1930. Un enseignement qui allait exercer une influence cruciale sur la philosophie d'après-guerre en raison de l'auditoire de choix qui le suivait, de Raymond Aron à Jacques Lacan en passant par Georges Bataille, Raymond Queneau ou Maurice Merleau-Ponty. On connaissait les grandes lignes de cette lecture de la Phénoménologie de l'esprit par le compte rendu qu'en avait donné Queneau en 1947 sous le titre d'Introduction à la lecture de Hegel. Mais c'est un Kojève bien différent que révèle ce manuscrit au destin compliqué, écrit fiévreusement entre novembre 1940 et juin 1941 et laissé inachevé. Un Kojève profondément enraciné dans la philosophie russe, pour commencer. Un Kojève, ensuite et surtout, qui donne à sa lecture de Hegel un tour résolument politique, si ce n'est propagandiste, en la plaçant sous le signe du «marxisme-léninisme-stalinisme». C'est une justification de l'URSS qu'il entreprend, en conceptualisant le rôle de l'Empire russe aux prises avec l'histoire universelle, c'est-à-dire contre l'Occident et la social-démocratie bourgeoise. Dans ce premier tome, conçu comme l'introduction d'une oeuvre monumentale, Kojève donne sa définition de la philosophie, expose sa méthode et fixe son but : contribuer à faire advenir le meilleur des régimes, le communisme, dans le pays destiné à cette mission, à savoir la Russie soviétique.
-
Journal d'un écrivain
Fedor Dostoïevski
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 28 Mars 1972
- 9782070107322
La traduction de Gustave Aucouturier est la première traduction française intégrale du Journal d'un écrivain munie de l'abondante annotation nécessaire pour éclairer des textes presque toujours rattachés aux faits d'une époque donnée de la vie russe et de la vie internationale.
-
Composé de traductions nouvelles ou récentes, ce volume établit sur de nouvelles bases le corpus des Oeuvres complètes de Spinoza et y ajoute des appendices substantiels qui apportent un précieux éclairage sur une trajectoire intellectuelle sans équivalent.Malgré la difficulté de son «ordre géométrique», l'Éthique, oeuvre majeure de Spinoza, publiée posthume en 1677 et qui éclipse si souvent les autres traités, fascine. Comment, après avoir acquis la langue des lettrés, un latin sûr et précis, une bonne culture classique, ainsi que les outils conceptuels de Descartes, ce jeune Juif de la communauté portugaise de Hollande, frappé en 1656 par un anathème rabbinique, en vient-il à quitter la voie cartésienne et à tracer son propre chemin ?Le Traité de l'amendement de l'intellect et le Court traité (1661 ?) aident à le comprendre.Spinoza y énonce déjà ce qui sera son fil conducteur : «rechercher s'il y aurait quelque chose qui fût un vrai bien», «qui pût se partager» et qui permette de jouir «d'une joie continuelle et suprême pour l'éternité». Si la «manière géométrique», à laquelle il s'essaie dans les Principes de la philosophie de Descartes (1663), s'impose à lui, c'est qu'on ne démontre que le vrai, qui du même coup démontre que le faux est faux. L'homme pense, et il existe un moyen de le faire penser à coup sûr dans un certain sens : démontrer.Avec le Traité théologico-politique (1670), Spinoza devient du jour au lendemain le prototype haï de «l'athée méchant homme», car s'il fait de l'«union en Dieu» la seule voie de la béatitude, son Dieu se distingue radicalement de celui qui n'est qu'un outil de pouvoir servant à manoeuvrer le peuple par l'espérance et par la crainte, et à le tenir ainsi assujetti.L'Éthique, qui met le salut à portée de main, via l'intelligence, n'arrangera rien : théologiens et philosophes, comprenant qu'elle n'est qu'une autre bible, sans majuscule, s'emploieront dans toute l'Europe à en réfuter la doctrine - non sans se laisser parfois séduire par elle, chemin faisant.La béatitude est une affaire privée, mais la concorde générale, la société heureuse, dépendent de conditions tout autres. Elles seront l'objet du Traité politique, resté inachevé, mais complément indispensable de l'Éthique.Le Précis de grammaire de la langue hébraïque, oeuvre posthume et inachevée du philosophe, révèle la figure méconnue d'un Spinoza grammairien.
-
Le sabbat des sorcières
Carlo Ginzburg
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 3 Novembre 1992
- 9782070727414
Du XIV? au XVII? siècle, dans toute l'Europe, des femmes et des hommes accusés de sorcellerie ont raconté s'être rendus au sabbat : là, de nuit, en présence du diable, on se livrait à des festins, à des orgies, à l'anthropophagie, à la profanation des rites chrétiens.D'où vient le sabbat ? Les accusés se sont-ils laissé extorquer, souvent sous la torture, le récit que leurs juges attendaient d'eux ? Selon Carlo Ginzburg, pas toujours. Dans quelques cas, l'écart entre les questions des juges et les réponses des accusés laisse affleurer des éléments liés à une couche plus profonde. Partant de ces anomalies, appuyé sur un immense matériel documentaire, il a entrepris de retrouver et de recomposer les pièces dispersées de cette histoire nocturne. L'enquête conjugue plusieurs approches auxquelles correspondent autant d'hypothèses : une approche historique qui, des lépreux aux juifs, aux hérétiques et aux sorciers, dessine à la fin du Moyen Âge la place du complot ourdi en son sein par les ennemis de la chrétienté ; une approche morphologique, qui rassemble les éléments disjoints d'une très ancienne culture à fond chamanique, largement attestée dans le monde eurasiatique ; une dernière hypothèse, plus ambitieuse encore, lie l'identification de formes générales de l'expérience essentielle de la mort et de l'au-delà et les structures élémentaires du récit.Un programme immense, mais aussi une rigoureuse leçon de méthode qui veut, à chaque moment, rappeler les exigences, les limites et les possibilités du métier d'historien.
-
Philosophes taoïstes Tome 1 : Lao zi, Zhuang zi, Lie zi
Collectif
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 27 Octobre 2022
- 9782072992346
La légende rapporte qu'au retour d'une rencontre avec Lao zi, Confucius le décrivit à ses disciples comme aussi insaisissable qu'un dragon, «chevauchant les vents et les nuées». On pourrait en dire autant du dao, «la voie»:l'impossibilité à l'appréhender est le gage de sa toute-puissance. Si Confucius employait déjà ce terme, c'est avec Lao zi, Zhuang zi et Lie zi (autrement dit:Lao tseu, Tchouang tseu et Lie tseu) que le dao prend une signification beaucoup plus large pour devenir à la fois un principe et un moteur. Avec eux naît «l'école du dao». La primauté doctrinale de leurs trois textes ne s'est jamais démentie jusqu'à nos jours. Tandis que le Lao zi peut presque être considéré comme un traité prescriptif, le Zhuang zi propose une oeuvre riche en couleurs et en figures fantasques, et le Lie zi un ensemble de récits où le merveilleux côtoie le quotidien. L'influence de ces trois oeuvres est immense, y compris en Occident.Cette nouvelle édition, qui propose des traductions nouvelles ou récentes, se compose de la première version connue à ce jour du Lao zi - elle était jusqu'à présent inédite en français - et de sa version canonique, de la version classique du Zhuang zi en trente-trois chapitres, et du Lie zi intégral en huit chapitres. Ce volume forme désormais un diptyque avec le Huainan zi (tome II des Philosophes taoïstes dans la Pléiade), établi selon les mêmes principes en 2003.
-
La Grande Transformation est un bel exemple de ce qu'on appelle un « classique contemporain ». À sa parution en 1983, l'ouvrage est lu et reçu comme une étude d'an thropologie. Vingt ans après, c'est désormais LA référence de tous les courants qui souhaitent penser une alternative au libéralisme économique.
-
«Seule l'action est la prérogative de l'homme exclusivement ; ni bête ni dieu n'en est capable, elle seule dépend entièrement de la constante présence d'autrui : c'est ainsi que, dans les premières pages de Condition de l'homme moderne, Hannah Arendt répond à sa manière à la question qu'est-ce que l'homme ? dans un livre qui présente sans doute la synthèse la plus complète de sa pensée qu'elle ait donnée de son vivant. Les ouvrages réunis dans ce volume sont tous consacrés à ce problème de l'action, dont ils élucident à la fois la signification philosophique et les implications plus directement politiques. Publiés entre 1958 (Condition de l'homme moderne) et 1972 (Du mensonge à la violence), ils sont donc postérieurs au premier grand livre de Hannah Arendt, Les Origines du totalitarisme (1951), dont ils donnent en quelque sorte le contrepoint ; Hannah Arendt y montre ce qui, dans l'humaine condition, peut toujours être source de résistance contre tous les processus de destruction dont le totalitarisme moderne a représenté une forme paroxystique mais dont certains traits se retrouvent dans toutes les sociétés modernes. Tous ces ouvrages s'appuient sur un travail considérable d'élucidation philosophique, dont on peut mesurer l'ampleur en lisant le Journal de pensée mais, contrairement aux grands livres posthumes, ils sont centrés sur les questions pratiques, même lorsqu'ils proposent une interprétation d'ensemble de constructions théoriques aussi considérables que la science moderne ou la philosophie de l'histoire.»
-
Âge de pierre, âge d'abondance ; l'économie des sociétés primitives
Marshall Sahlins
- Gallimard
- Folio Histoire
- 16 Mars 2017
- 9782072711787
Qu'en est-il de l'économie dans les sociétés primitives ? À cette question fondamentale, l'anthropologie économique répond classiquement : l'économie archaïque est une économie de subsistance et de pauvreté, elle parvient au mieux à assurer la survie du groupe incapable de sortir du sous-développement technique et sans cesse guetté par la famine. Travestissement théorique et idéologique des faits, réplique ici tranquillement un anthropologue et économiste américain de réputation internationale dans un ouvrage devenu très vite un classique contemporain. Passant des chasseurs australiens et bochimans aux sociétés néolithiques d'agriculteurs primitifs telles qu'on pouvait encore les observer en Afrique ou en Mélanésie, au Viêt Nam ou en Amérique du Sud, relisant sans parti pris les textes connus et y ajoutant des données chiffrées, Marshall Sahlins affirme que non seulement l'économie primitive n'est pas une économie de misère, mais qu'elle est la première et jusqu'à présent la seule société d'abondance. L'homme primitif ne rentabilise pas son activité, non pas du fait qu'il ne sait pas le faire, mais parce qu'il n'en a pas envie. À partir de cette remise sur pied, tout le dossier de la question de l'origine de l'État et des stratifications sociales a été repris et débattu.
-
La dialectique de la raison : fragments philosophiques
Theodor W. Adorno, Max Horkheimer
- Gallimard
- Tel
- 3 Novembre 1983
- 9782070700059
Les idéaux du progrès ont été l'élément essentiel de la philosophie bourgeoise des Lumières, déployée sous la bannière de la Raison. Au XX? siècle, le progrès scientifique et technique était de ce point de vue suffisamment avancé pour qu'un monde sans famine, sans guerre et sans oppression cessât d'appartenir au domaine de l'utopie. Or les grandes innovations de l'ère moderne ont été payées «d'un déclin croissant de la conscience théorique». La domination de la société sur la nature, portée à un degré jamais atteint, s'est accompagnée d'une évolution qui n'attache de prix qu'à ce qui est immédiatement utilisable, techniquement exploitable. Les principes de vérité, de liberté, de justice, d'humanité ont perdu leur réalité pour devenir de simples mots. Du même coup, l'ambition de réaliser ces principes dans le monde social s'est vidée de sa substance : celui qui ne sait pas ce qu'est la liberté n'est plus en mesure de lutter pour elle sur le plan politique. Dans ce texte matriciel de ce que l'on appelle «l'École de Francfort», Horkheimer (1895-1973) et Adorno (1903-1969) analysent comment cette autodestruction de la Raison ne peut que se poursuivre à l'avenir et engendrer de nouvelles formes de totalitarisme - à moins que l'ambiguïté qui réside au coeur de la notion de progrès ne soit enfin clairement reconnue et sans cesse surmontée.
-
Terres de sang : L'Europe entre Hitler et Staline
Timothy Snyder
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 5 Avril 2012
- 9782070131983
"Voici l'histoire d'un meurtre politique de masse." C'est par ces mots que Timothy Snyder entame le récit de la catastrophe au cours de laquelle, entre 1933 et 1945, 14 millions de civils, principalement des femmes, des enfants et des vieillards, ont été tués par l'Allemagne nazie et l'Union soviétique stalinienne.
Tous l'ont été dans un même territoire, que l'auteur appelle les "terres de sang" et qui s'étend de la Pologne centrale à la Russie occidentale en passant par l'Ukraine, la Biélorussie et les pays Baltes. Plus de la moitié d'entre eux sont morts de faim. Deux des plus grands massacres de l'histoire, les famines préméditées par Staline, principalement en Ukraine, au début des années 1930, qui ont fait plus de 4 millions de morts, et l'affamement par Hitler de quelque 3 millions et demi de prisonniers de guerre soviétiques, au début des années 1940, ont été perpétrés ainsi.
Tous deux ont précédé l'Holocauste et, selon Timothy Snyder, aident à le comprendre. Les victimes des deux régimes ont laissé de nombreuses traces. Tombées après la guerre de l'autre côté du rideau de fer, elles sont restées dans l'oubli pendant plus de soixante ans et ne sont revenues au jour qu'à la faveur de la chute du communisme. Timothy Snyder en offre pour la première fois une synthèse si puissante qu'un nouveau chapitre de l'histoire de l'Europe paraît s'ouvrir avec lui.
Ce faisant, il redonne humanité et dignité à ces millions de morts privés de sépultures et comme effacés du souvenir des vivants. Par sa démarche novatrice, centrée sur le territoire, son approche globale, la masse de langues mobilisées, de sources dépouillées, l'idée même que les morts ne s'additionnent pas, Timothy Snyder offre ici un grand livre d'histoire en même temps qu'une méditation sur l'écriture de l'histoire.
-
Propos, anecdotes, brèves paraboles, maximes, c'est dans les Entretiens qu'on trouve le visage le moins fabuleux de Confucius. Il y a du Socrate en lui, du Montaigne aussi. Maître K'ong séduit par sa bonhomie, une bonne humeur, une générosité, une gentillesse, qui savent concilier la vigueur des principes et les faiblesses des humains. Le politique, le moraliste, le philosophe, c'est dans les Entretiens qu'on peut trouver le premier état de la pensée de Confucius. «Nul écrit, constate Pierre Ryckmans, n'a exercé une plus durable influence sur une plus grande partie de l'humanité.» Les Entretiens sont après deux millénaires le livre central de l'histoire de la Chine.
-
Humain, trop humain Tome 2
Friedrich Nietzsche
- Gallimard
- Oeuvre Philosophique Nietzsche
- 2 Février 1988
- 9782070712885
Cette nouvelle édition revue par Marc B. de Launay remplace l'édition en deux volumes de 1968
-
Lipstick traces ; une histoire secrète du vingtième siècle
Greil Marcus
- Gallimard
- Folio Actuel
- 13 Septembre 2000
- 9782070410774
« Il y a une figure qui apparaît et réapparaît tout au long de ce livre. Ses instincts sont fondamentalement cruels ; sa manière est intransigeante. Il propage l'hystérie, mais il est immunisé contre elle. Il est au-delà de la tentation, parce que, malgré sa rhétorique utopiste, la satisfaction est le cadet de ses soucis. Il est d'une séduction indicible, semant derrière lui des camarades amers comme Hansel ses miettes de pain, seul chemin pour rentrer chez soi à travers un fourré d'excuses qu'il ne fera jamais. C'est un moraliste et un rationaliste, mais il se présente lui-même comme un sociopathe ; il abandonne derrière lui des documents non pas édifiants mais paradoxaux. Quelle que soit la violence de la marque qu'il laissera sur l'histoire, il est condamné à l'obscurité, qu'il cultive comme un signe de profondeur. Johnny Rotten/John Lydon en est une version ; Guy Debord une autre. Saint-Just était un ancêtre, mais dans mon histoire, Richard Huelsenbeck en est le prototype. » Greil Marcus.
-
Trois essais sur la théorie sexuelle
Sigmund Freud, Pierre Cotet, Robert François
- Gallimard
- Connaissance De L'inconscient
- 10 Avril 1987
- 9782070708543
«Devant le fait que les penchants sexuels étaient largement répandus, l'idée s'imposa à nous que la prédisposition aux perversions était la prédisposition originelle et universelle de la pulsion sexuelle humaine, à partir de laquelle le comportement sexuel normal se développait au cours de la maturation sous l'effet de modifications organiques et d'inihibitions psychiques. Nous espérions dégager la prédisposition originelle dans l'enfance ; parmi les forces qui délimitent l'orientation de la pulsion sexuelle, nous avons mis en évidence la pudeur, le dégoût, la compassion et les constructions sociales de la morale et de l'autorité. C'est ainsi que nous avons été amenés à voir dans chaque déviation fixée de la vie sexuelle normale une part d'inhibition du développement et d'infantilisme.» Sigmund Freud.