Filtrer
Livres en VO
-
Cent ans d'homosexualité ; et autres essais sur l'amour grec
David Halperin
- Epel
- Les Grands Classiques De L'erotologie Moderne
- 20 Mars 2000
- 9782908855500
Nos catégories modernes échouent à rendre compte de la vie érotique dans la grèce ancienne : c'est que l'" homosexualité ", l'" hétérosexualité " et même la " sexualité " sont des inventions récentes, les produits d'une construction culturelle loin d'être universelle et dégagée des processus historiques.
Prenant la suite des questions soulevées par l'enquête de michel foucault sur l'histoire de la sexualité, david halperin entreprend donc sans détours d'étudier à nouveaux frais certains aspects de l'érotique masculine dans le monde grec antique. comment et dans quels termes l'expérience érotique s'est-elle constituée ? comment se distinguait-elle des autres expériences et quelles en furent les frontières ? les plaisirs sexuels avaient-ils une forme différente pour les différents membres de la société ? comment la constitution des sujets sexuels était-elle liée à celles d'autres formes sociales ? de pouvoir ? de savoir ? en comparant les figures mythiques de l'amitié masculine, en analysant l'équivalence entre prostitution et incapacité politique dans l'athènes classique, ou encore la définition de l'identité de diotime, seul personnage féminin du banquet de platon, david halperin déplace la perspective ordinaire des études sur la paiderastia qui la confondaient jusque-là avec " l'amour grec " tout entier.
Il prouve ainsi qu'interroger autrement les discours que les anciens grecs tiennent sur l'érôs et l'expérience qu'ils en ont transforme les idées que nous nous faisons sur le sexe et sur notre propre culture.
-
Dans la foulée du séminaire " Sociologie des homosexualités " (1998-2004) dirigé par Françoise Gaspard et Didier Eribon, une nouvelle génération de chercheuses et chercheurs s'est engagée avec résolution sur la voie des études gays et lesbiennes.
Par son choix de l'homosexualité, elle confronte les sciences humaines et sociales à leurs impensés catégoriels et plaide pour " une autre dimension de connaissance " (Monique Wittig). Aux côtés de quelques-uns des meilleurs spécialistes français et étrangers, ces jeunes universitaires donnent l'occasion de découvrir des terrains aussi divers que fascinants : de l'amitié chrétienne médiévale au lesbianisme dans le mouvement des Femmes en noir en Israël, du cinéma militant des années soixante-dix au vécu des familles homoparentales, des catégories sexuelles antiques à la géographie commerciale parisienne, des comportements sexuels masculins dans le contexte du VIH aux modalités d'enregistrement du Pacs, etc.
-
Reçue comme allant de soi, immuable, quasi naturelle, et essentielle au lien social, l'hétérosexualité n'a guère jusque-là été questionnée.
Aussi aura-t-il fallu le développement des recherches gay et lesbiennes pour qu'elle apparaisse enfin dans son étrangeté et sa portée normative. Il y a une histoire de l'hétérosexualité, une identité, un genre hétérosexuel non pas inné mais produit par un certain nombre de lieux et de pratiques dont Hétéros, pour la première fois en France, dresse un inventaire critique. Les sites et chats de rencontres, les danses enlacées (une singularité proprement occidentale), les manières de divorcer, l'autobiographie, la littérature " psy " sur le couple, les sciences sociales nord-américaines, les discours sur la sexualité postnatale, les changements sociaux et législatifs, l'armée, les prisons, les centres d'observation pour délinquants, voilà où se construit, non sans difficultés désormais, l'hétérosexualité.
-
-
Aucun amateur de cuisine épicée ne se verra privé de liberté ou victime d'ostracisme pour avoir satisfait ses papilles gustatives.
En revanche, on peut être jeté en prison pour trop aimer les chaussures en cuir. De même, l'homosexualité, le sida, la pornographie, le transsexualisme, et aujourd'hui la pédophilie, donnent-ils lieu à ce que Gayle Rubin appelle une " panique sexuelle ". Chaque panique désigne une minorité sexuelle, généralement inoffensive, comme population-cible. Au terme du processus, celle-ci se trouve décimée, et la société tout entière, juridiquement et socialement, réorganisée.
Gayle Rubin a jeté les bases d'un champ autonome d'études sur le sexe où désir, jouissance et diversité érotique, pourraient trouver leur raison théorique et politique. Les trois textes publiés ici s'inscrivent dans une filiation politique (le féminisme, la nouvelle gauche, les luttes antiracistes, les luttes pour les droits civiques) et théorique (les sexologues, Freud, Lacan, Marx, Foucault, Derrida).
Les paradigmes ne valent rien sans l'enquête de terrain, et rien non plus s'ils ne s'actualisent en choix de stratégie et de tactique politiques. L'ensemble s'éclaire du partiel, le partiel de l'ensemble. Nous sommes loin ici du communautarisme béat qu'on prête parfois en France aux intellectuels américains. Qu'on lise les critiques acerbes de Judith Butler sur les replis identitaires : les lesbiennes n'ont rien d'autre en commun que leur expérience du sexisme et de l'homophobie.
Ou ses réserves sur le coming out : " La sexualité reste-t-elle sexualité quand elle est soumise à un critère de transparence et de révélation ? Une quelconque sexualité serait-elle possible sans cette opacité qui a pour nom inconscient ? " Gayle Rubin et Judith Butler soulignent constamment la nécessité de ne pas troquer une violence contre une autre, une démonologie religieuse contre une démonologie laïque, laissant ainsi sa chance à l'érotologie moderne.
-
La règle de trois foulcaldienne : une étude stylistique
Guy Le Gaufey
- Epel
- Essais
- 13 Octobre 2022
- 9782354275143
Lire Foucault procure souvent un indéniable agrément.
Cependant, à ce jour, peu se sont attardés sur les figures caractéristiques du style de Foucault, sur cette sorte de bercement phrastique qui le fait hésiter devant un mot, se lancer dans des énumérations, tripler ses verbes et ses adjectifs, bref : tenir son lecteur dans le fil de sa parole.
Cette approche stylistique prend appui sur deux études de Leo Spitzer, l'une relative à l'«effet de sourdine» chez Racine, l'autre traduite par Foucault lui-même en 1962 : «Art du langage et linguistique».
Le goût foucaldien pour un trois stylistique, aussi discret qu'insistant, serait-il le ressort de l'énoncé négatif qui vient clore Les Mots et les Choses sur l'incommensurabilité de l'« être de l'homme » et de l'« être du langage » ?