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Editions Métailié
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Marcher ; éloge des chemins et de la lenteur
David Le Breton
- Editions Métailié
- Suites Sciences Humaines
- 5 Avril 2012
- 9782864248590
Revisitant une réflexion menée il y a dix ans, l'auteur constate que le statut de la marche a énormément changé en une trentaine d'années. Aller à pied, livré à son seul corps et à sa volonté, est un anachronisme en un temps de vitesse, de fulgurance, d'efficacité, de rendement, d'utilitarisme. Marcher ainsi de nos jours - et surtout de nos jours, disait J. Lacarrière, "ce n'est pas revenir aux temps néolithiques, mais bien plutôt être prophète". Il est l'un des premiers à en retrouver le goût. Les chemins de Compostelle sont devenus en quelques années des lieux très fréquentés et dotés d'une organisation méticuleuse.
Nous sommes bien loin des anciens chemins, mal aménagés, mal balisés, avec une population méfiante envers ces gens de passage portant leur sac à dos qui étaient les pionniers de leur renaissance dans les années 70. Ceux qu'essaient alors de reconstituer P. Barret et J.-N. Gurgand ont disparu sous les "coquelicots (.) les chemins sont goudronnés ou ne sont plus". Les années 80 voient leur réorganisation méthodique, en 1983 est créée la première association jacquaire, qui sera suivie de bien d'autres. Dans les années 90 les chemins de Compostelle prennent leur essor.
Aujourd'hui la marche s'impose comme une activité essentielle de retrouvailles avec le corps, avec les autres. Là où ils existent, même dans les villages, rares sont les syndicats d'initiative qui ne proposent pas un répertoire de chemins bien balisés pour la découverte de la cité ou de ses environs. Les imaginaires contemporains de la marche sont heureux, ils réfèrent plutôt au loisir, à la disponibilité.
Marcher est un long voyage à ciel ouvert et dans le plein vent du monde dans la disponibilité à ce qui vient.
Tout chemin est d'abord enfoui en soi avant de se décliner sous les pas, il mène à soi avant de mener à une destination particulière. Et parfois il ouvre enfin la porte étroite qui aboutit à la transformation heureuse de soi.
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Croquemort ; une anthropologie des émotions
Julien Bernard
- Editions Métailié
- Traversées
- 22 Octobre 2009
- 9782864247036
Les funérailles constituent un cadre social particulier avec ses règles et ses codes. Il y a le mort, la famille et ceux qui enterrent. Julien Bernard a répondu à une offre d'emploi proposant d'être " porteur de cercueil pour les cérémonies funéraires ". C'est ainsi qu'il a fait profession de croquemort au sein des pompes funèbres. Faisant parallèlement des études de sociologie, il note au jour le jour son approche et la réalité de ce terrain à la fois central et à part dans notre culture.
Comment s'intégrer à une équipe de travailleurs de la mort, comment, entre la compassion, l'engagement, l'humour noir et l'obligation au protocole, arrive-t-on à développer et à porter un regard objectif sur cet étrange et nécessaire travail social qui se constitue " par le bas " grâce à des mécanismes de coordination effective entre les individus sociaux.
Depuis la rencontre des familles jusqu'à la tombe ou le crématorium en passant par la délicate prise en charge des corps, ces professionnels de la mort apprennent à gérer leurs émotions. Véritables grammairiens du " soutien ", ces hommes qui nous enterrent sont aussi les metteurs en scène et les acteurs de nos funérailles durant lesquelles ils essaient de " mettre en sens " la mort et de maîtriser la balance de l'énergie émotionnelle et collective que libère toute perte humaine.
Attentif à ces " points de frottement " très particuliers que sont les dernières confrontations entre les proches et le mort, l'auteur réussit ce tour de force de nous faire pénétrer dans l'univers méconnu de ces travailleurs dont l'art consiste à se glisser un temps dans cet entre-deux, à la fois avec une proximité suffisante pour comprendre ce qu'ils ressentent et une distance sociologique nécessaire pour nous permettre de saisir sans nous épouvanter le quotidien maîtrisé du croquemort.
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Éclats de voix ; une anthologie des voix
David Le Breton
- Editions Métailié
- Traversées
- 22 Septembre 2011
- 9782864248422
Une anthropologie de la voix consiste dans ce paradoxe de ne plus écouter la parole mais la qualité de sa formulation, ses vibrations sonores, affectives, ses singularités. Non plus s'arrêter sur le sens des mots mais sur la tessiture de la voix. Détachée de la parole, la vocalité se donne comme émission subtile d'un corps, elle nous touche, nous bouleverse ou nous irrite, elle est d'emblée un lieu de désir ou de méfiance. Objet de fantasme, elle suffit parfois à susciter l'amour ou la haine envers une personne inconnue entendue seulement à distance à la radio ou au téléphone. Aucune science n'en épuise l'interrogation, même si l'acoustique, la phonétique ou la linguistique essaient de la résorber dans leur savoir. Elle fuit de partout, elle ne se laisse pas circonvenir. L'émotion liée à l'écoute d'une voix ne tient pas à ses propriétés acoustiques mais à son impact sur le désir de celui qui écoute. Il en va de même du visage, les deux éléments les plus intimes, les plus singularisés de l'humain et ceux qui se dérobent le plus. En donnant chair au langage, la voix le donne à entendre. Quand elle disparaît la parole s'efface aussi car elle n'existe pas sans la voix qui lui donne corps.
La voix qui nous importe ici est celle de la vie quotidienne, celle qui fait sens et dont l'influence marque nos existences.
Il s'agit ici de frayer le chemin à une anthropologie sensible et d'explorer le mi-dire de la voix.
David LE BRETON est professeur de sociologie à l'Université de Strasbourg, membre de l'Institut universitaire de France et du laboratoire URA-CNRS " Cultures et sociétés en Europe ". Il est l'auteur, entre autres, de Anthropologie de la douleur, Du Silence, Eloge de la marche, La Saveur du monde, Mort sur la route (roman noir) et Expériences de la douleur.
Annexe :
Sommaire de l'ouvrage Eclats de voix (une anthropologie des voix) Introduction Chapitre 1 : La voix comme signe d'identité Entre corps et souffle, la voix - La voix comme création du monde - Voix et lien social - Le sexe de la voix - Unicité de la voix - Jeux d'identité, jeux de voix - La voix comme révélation - Affectivité - Ambiguïté des caractérologies vocales.
Chapitre 2 : De l'acheminement de la parole au dernier souffle Entrer dans la voix - Les rites de la voix - L'enveloppe protectrice de la voix - Mues - Les discordances du miroir sonore - Enfants sauvages.
Chapitre 3 : Bris de voix Cris - Trop de voix - Bégaiement - Voix brisées - Silences - Épuisement de la voix - Inconscient de la voix - Handicap de la voix.
Chapitre 4 : La voix sourde L'enfant sourd et l'entrée dans la voix - Le débat entre oralisme et langues des signes - La voix sourde comme altérité.
Chapitre 5 : Désirs de voix La voix et le désir - jouissance de la voix, l'opéra - Lyrisme des chants sacrés - Les castrats ou l'amour de la voix - Chanter - Trouver sa voix - La voix du mépris - La voix de son maitre - Voix d'ailleurs.
Chapitre 6 : La voix qui se tait Une voix qui se tait - La voix en deuil - Retenir la voix - La voix artificielle.
Chapitre 7 : Les arts de la voix Puissance de la voix - Oralités - La voix en scène - Conteur - Théâtre - Radio - Paradoxes des voix de cinéma - Conférence.
Ouverture Bibliographie
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De 1993 à 1997 une équipe de sociologues-embarqués a étudié la vie des marins basés à Toulon.
Serge Dufoulon s'est livré à une ethnographie de la frégate anti-sous-marine le Georges Leygues au cours d'opérations en Afrique et au large de la Bosnie. Il a partagé la vie des " gars de la marine ". Il nous montre que la sophistication de cette dernière génération de navires de combat n'empêche pas le respect de rites archaïques hérités de la marine à voile, ni les superstitions : gousse d'ail sous les canons, mots et animaux tabous, rituel de la bouteille à la mer, etc.
Les marins, fonctionnaires embarqués, ont leur façon à eux de dire les choses. La mémoire reste le creuset où se forme leur identité et se forge la culture de bord, histoire individuelle et histoire collective ne font plus qu'un le temps d'une mission. A travers les entretiens qu'il a eu avec les équipages, l'auteur voit poindre les transformations d'une culture militaire en culture industrielle. Les bâtiments de combat, tout comme la mission des militaires, se transforment radicalement.
Un bateau de guerre est désormais vécu par son équipage comme un outil de travail.
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Une identité blessée
Michael Pollak
- Editions Métailié
- Lecons De Choses
- 22 Septembre 1993
- 9782864241553
Michael POLLAK a occupé une place à part dans la sociologie de notre temps.
Mort à 43 ans en laissant une oeuvre interrompue mais d'une portée considérable, il a été un passeur qui a patiemment et savamment construit d'audacieuses passerelles entre cultures et champs scientifiques. Nous présentons ici un ouvrage formé d'extraits brièvement commentés, choisis tantôt pour leur caractère représentatif, tantôt pour leur valeur méthodologique, de manière à éclairer un large pan de la recherche socio-historique des années 1970 et 1980.
Les grands thèmes qui sont abordés dans ce recueil sont : La mémoire, l'oubli et le silence ; Vienne ; La technologie et les risques nucléaires ; Le racisme, la déportation et le génocide ; L'homosexualité et le sida ; L'histoire des sciences sociales.
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