Bord De L'Eau
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Passeports pour la liberté (Histoire de Samira) : Théâtre et sociologie au lycée
Stéphane Beaud, Nacera Bencherif, Dominique Lurcel
- Le Bord de l'eau
- Documents Bord De L'Eau
- 15 Novembre 2024
- 9782385190873
Au coeur de ce livre, il y a d'abord une de ces « histoires extraordinaires de gens ordinaires » (Joyce Carol Oates). Un récit de vie. Celui que Samira Belhoumi, 42 ans à l'époque, a confié, à l'été 2012, au sociologue Stéphane Beaud, lors de plusieurs entretiens, prémices de l'enquête de cinq ans qui allait aboutir à la parution, en 2018, de La France des Belhoumi, portraits de famille, 1977-2017 ( La Découverte) : un chemin de femme vers sa liberté, jalonné d'embuches, d'obstacles en tous genres ; une histoire de contournements, parfois à la limite de la comédie, une histoire de stratégies pour arriver, comme le dit Samira, à « se rapprocher peu à peu d'elle-même » Mais ce livre se veut aussi le compte-rendu, à plusieurs voix, d'une aventure exceptionnelle par son maillage, son ampleur, sa force relationnelle, et, aux dires unanimes de ses participants, ses effets. Une aventure partagée par des centaines d'enseignants et plus de dix mille lycéen/ne/s de la France entière : depuis janvier 2021, Stéphane Beaud et Dominique Lurcel ont rencontré des publics lycéens extrêmement diversifiés, l'un avec ses conférences et ses questionnaires anonymes, l'autre avec l'adaptation qu'il a faite des entretiens (plus de 150 représentations) : débats, confidences en Off, retours des enseignants, témoignages d'élèves. Découverte de l'autre ici, effets miroir là : l'ensemble réuni ici, corpus d'une richesse impressionnante, autorise un regard très éloigné du discours dramatisant sur « l'école en ruines », « l'échec de l'intégration », un regard radicalement à contre-courant de la vision haineuse et simpliste diffusée à longueur de journées par les discours d'extrême droite et certains médias en boucle.
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Cause animale, cause du capital
Jocelyne Porcher
- Le Bord de l'eau
- Documents Bord De L'eau
- 11 Septembre 2019
- 9782356876553
Le livre déconstruit la notion de « cause animale » telle qu'elle est présentée dans les médias de façon quasi consensuelle et met en évidence sa dynamique historique au service du capitalisme.
Pour le bien des animaux, de la planète et de notre santé, il faudrait renoncer à l'alimentation carnée voire à tous les produits animaux et consentir à une agriculture sans élevage.
Le livre fait le point sur les débats et interroge le projet abolitionniste d'un point de vue politique et du point de vue de nos relations aux animaux.
Pourquoi maintenant ? Pourquoi cette défense consensuelle de la cause animale et la condamnation des systèmes industriels, alors que ceux-ci existent depuis plus de cinquante ans ?
L'agriculture sans élevage que défendent les abolitionnistes est-elle souhaitable ? Possible ? À qui profi terait- elle ? Est-il possible de « libérer » les animaux, notamment du travail, et de pérenniser nos relations avec eux comme le soutiennent certains théoriciens ?
Le livre montre que la « cause animale » participe de l'exclusion des animaux domestiques du monde social, via la mise en place d'une agriculture sans élevage.
L'ouvrage porte une critique des associations abolitionnistes de défense des animaux et décrypte leur mission d'agence de communication au service des nouveaux acteurs de l'alimentation que sont les startup de l'agriculture cellulaire soutenues par les multinationales et par les fonds d'investissement les plus puissants. Celles-ci affi chent leur volonté de prendre la place du modèle industriel qu'elles jugent obsolète et prétendent produire des aliments sains, durables...
Sans animaux.
La « cause animale » est de fait celle des actionnaires des biotechnologies, des grandes cultures et des industriels de la robotique. Le livre conclut sur le constat que la seule alternative à la violence industrielle contre les animaux est l'élevage et que la « cause animale », c'est la nôtre, celle de la sortie du capitalisme.
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Une vie de sociologue
François Dubet, Julien Rousset
- Le Bord de l'eau
- Documents Bord De L'Eau
- 11 Septembre 2019
- 9782356876577
Le sociologue François Dubet est l'un des connaisseurs les plus respectés en France de l'éducation, de la jeunesse, et de la justice sociale.
De la marginalité juvénile à l'étude du populisme, ses écrits font, depuis quarante ans, référence.
Dans cette conversation avec le journaliste Julien Rousset, il revient sur son parcours intellectuel, sur les principaux sujets qui ont balisé son itinéraire de chercheur : l'école, l'université, les mouvements sociaux, notre rapport à l'égalité, les métamorphoses de la jeunesse, le long déclin de la social-démocratie, auquel cet homme de gauche ne se résout pas.
Qu'a-t-il appris qui puisse nous aider à mieux comprendre la société contemporaine ? Cette question est le point de départ de cet entretien qui raconte aussi 40 ans de sociologie, triomphante dans les années 1970, souvent prise pour cible ces dernières années.
Un échange dans lequel François Dubet s'exprime avec acuité, sincérité, et en toute liberté.
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La tyrannie des modes de vie ; sur le paradoxe moral de notre temps
Mark Hunyadi
- Le Bord de l'eau
- Documents Bord De L'Eau
- 13 Janvier 2015
- 9782356873729
Les modes de vie sont ce qui nous aff ectent le plus, et pourtant ils sont hors de notre contrôle. Il y a là un paradoxe démocratique : nous, individus réputés libres et démocratiques, sommes dans les fers des modes de vie. Ceux-ci nous imposent en eff et des attentes de comportement durables (avoir un travail, être consommateur, s'intégrer au monde technologique, au monde administratif, au monde économique,.) auxquels nous devons globalement nous adapter.
Ce paradoxe est renforcé par un paradoxe éthique : c'est au moment où l'on assiste à une véritable infl ation éthique, par la multiplication des comités, chartes, conseils, règlements, labels éthiques en tout genre, tous censés protéger les droits individuels, que le modes de vie de plus en plus contraignants étendent comme jamais leur emprise sur les individus. Ce qui veut dire que toute cette infl ation éthique sert à blanchir le système et les modes de vie qui en découlent, qui peuvent ainsi étendre toute leur emprise en étant éthiquement « clean ».
Notre éthique ne sert donc pas à critiquer le système ni les modes de vie, mais à les accompagner dans leur marche triomphale. A travers les modes de vie, avec la complicité de l'éthique individualiste, le système s'impose de manière aveugle, non concertée, non voulue, non planifi ée, et pour cela inéluctable.
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Confrontées à l'allongement progressif de l'espérance de vie de ses citoyens, les sociétés occidentales tentent, chacune à leur manière, de répondre à la question de la " fin de vie ".
Le débat en France ne fait que commencer. Il ne peut pas se contenter de quelques comptes rendus journalistiques dont l'actualité nous abreuve parce qu'il faut bien commenter un fait divers : là, à l'hôpital ; ici, un drame de la vie privée, etc. Évoquant la posture antique comme point de départ possible qui fait " du malade le maître du médecin ", les auteurs interrogent et analysent les logiques sociales, individuelles, morales et éthiques qui traversent aujourd'hui notre société.
Sur quoi fonder une éthique répondant " au face-à-face " ultime ? Comment répondre à cette personne " le mourant " qui déjà n'a presque plus rien de commun avec le soignant puisqu'il perd sous ses yeux ce qui le rendait encore humain : la vie ?
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La théorie sociale de G.H. Mead
Alexis Cukier, Eva Debray
- Le Bord de l'eau
- La Bibliothèque Du Mauss
- 10 Avril 2014
- 9782356872388
L'oeoeuvre de G.H. Mead constitue une source majeure de la théorie sociale récente et contemporaine, de la psychologie sociale aux Théories critiques de J. Habermas et A. Honneth, en passant par l'interactionnisme symbolique initié par H. Blumer ou la sociologie pragmatiste héritière de l'école de Chicago. La réédition récente de son ouvrage le plus célèbre, L'esprit, le soi et la société, a permis à un public large de redécouvrir la richesse de ses analyses de l'expérience sociale, de la communication et de la coopération. Son traitement original, dans une perspective pragmatiste, des problèmes méthodologiques, sociologiques et politiques qui orientent l'élaboration de toute théorie sociale, est plus que jamais aujourd'hui au coeoeur de l'enquête des philosophies et des sciences sociales.
Cet ouvrage collectif, qui réunit des spécialistes et des jeunes chercheurs en philosophie et en sociologie, propose d'examiner les sources de sa théorie, de discuter le sens de certains des concepts qui se trouvent aujourd'hui au coeur du débat interprétatif de son oeoeuvre, et enfin de mettre en lumière le potentiel critique et créateur des perspectives qu'elle ouvre pour la théorie sociale contemporaine.
Il montre comment les concepts constitutifs de sa pensée - le soi, l'Autrui généralisé, l'interaction, le processus social - et son analyse des problèmes liés à la conscience de soi, à la reconnaissance et au contrôle social, se construisent, se distinguent et dialoguent ou peuvent être mis en dialogue avec les analyses de A. Smith, G. W. Hegel, W. James, J. Dewey, E. Goffman, H. Blumer, A. Schütz, H.
Garfinkel, J. Habermas ou encore A. Honneth.
Il offre des traductions inédites de textes de G.H. Mead qui permettent de saisir l'élaboration et la richesse de sa psychologie sociale. Il propose enfin des pistes en vue de réactualisations et de prolongements rigoureux de sa théorie sociale dans la perspective d'une analyse critique des sociétés contemporaines.
A la fois introduction, mise en perspective et examen critique, ce livre s'adresse aux philosophes, sociologues et psychologues, étudiants ou chercheurs, intéressés par l'auteur et/ou la théorie sociale.
Comblant une lacune éditoriale importante en langue française, il constituera un ouvrage de référence sur l'oeoeuvre de G.H. Mead.
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Anti-utilitarisme et paradigme du don.pour quoi?
Alain Caillé
- Le Bord de l'eau
- La Bibliothèque Du Mauss
- 22 Août 2014
- 9782356873293
Depuis plus de trente ans La Revue du MAUSS (Mouvement anti-utilitariste en science sociale) critique la dérive économiciste et utilitariste des sciences sociales. Elle montre comment cette inflexion de la pensée contribue puissamment à la mercantilisation et à la financiarisation spéculative, catastrophique, du monde. Parallèlement, dans le sillage notamment de l'Essai sur le don de Marcel Mauss (1924), elle propose d'observer et de penser le rapport social en chaussant les lunettes du don, étant entendu que pour elle le don est politique (et réciproquement). Ainsi, s'est formée peu à peu, une école de pensée généraliste en science sociale, transversale à la sociologie, l'anthropologie, la science économique et la philosophie morale et politique.
Ce petit livre, issu d'une conférence donnée sous ce titre à l'université de Nanterre en octobre 2013, donne une vision très synthétique du travail accompli par le MAUSS et montre comment, en science sociale, contrairement aux vulgates en vigueur, il faut être résolument à la fois savant et politique
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Cornelius Castoriadis et Claude Lefort : l'expérience démocratique
Nicolas Poirier
- Le Bord de l'eau
- La Bibliothèque Du Mauss
- 18 Février 2015
- 9782356873545
Cet ouvrage réunit des philosophes pour penser le travail de réflexion entrepris par Cornelius Castoriadis et Claude Lefort, à la fois en commun dans le cadre de Socialisme ou Barbarie et de manière indépendante par la suite. Il est aujourd'hui nécessaire de revenir sur l'oeuvre et la pensée de ces deux philosophes politiques majeurs des cinquante dernières années, car depuis leur mort, aucun ouvrage ou manifestation d'ordre intellectuel ne leur ont été consacrés.
Pour l'essentiel, le travail de Castoriadis et de Lefort aura principalement consisté à redonner sens à la notion de démocratie, que l'on ne doit pas entendre uniquement en tant que régime et institution politique, ou même en tant que réalité sociologique, mais bien plutôt en tant qu'expérience par laquelle les hommes s'emploient à transformer les conditions de leur existence commune, ce qui revient à envisager la perspective de l'émancipation à la manière d'un processus conflictuel dont il est impossible de connaître le terme et qui n'a pour autre fondement que le désir de liberté.
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Le sport contre la société
Clément Hamel, Simon Maillard, Patrick Vassort
- Le Bord de l'eau
- 13 Juin 2012
- 9782356871749
Alors que le monde capitaliste connaît la crise la plus profonde, la plus violente et la plus longue qu'il ait connu depuis les années 1930, le « sport » ne semble souffrir d'aucune récession financière, politique ou démographique, nous en voulons pour preuve les grandes compétitions internationales - Jeux olympiques de Londres et Championnat d'Europe de football - qui se dérouleront cette année. Organisé en institution centrale de la société capitaliste dominante, le sport ne paraît nullement souffrir du développement du chômage, de l'appauvrissement des populations, de l'attaque généralisée contre les services publics d'éducation, de santé, de transport, de l'énergie. Structuré en comités, fédérations ou ligues, le sport mondial est devenu le refuge idéologique de tous les courants politiques qui voient en lui fraternité, démocratie et mérite au point où l'état de crise justifie à lui seul l'organisation de ces compétitions sportives internationales.
Cet ouvrage désire démontrer qu'au travers d'une philosophie politique déterminée de la lutte de tous contre tous, de tous contre chacun, de chacun contre tous, et sous couvert de partage, le sport, symbole de la domination la plus outrancière, s'attaque à l'altérité, participant du conformisme humain (sexuel, technique, naissance de l'anthropofacture culturelle.). Il s'attaque également à l'espace vécu et au cadre de vie urbain et non urbain, à la possible existence d'une économie raisonnée, sous l'égide toujours croissante d'une propagande du mérite, du travail et de la productivité, à l'art et aux formes possibles de transcendances de la vie humaine. Le sport en tant qu'institution capitaliste dominante, colonise désormais la vie dans sa totalité.
Un ouvrage qui éclaire le lecteur sur le rôle de l'institution sportive dans l'émergence d'une philosophie de la domination au sein d'un capitalisme mondialisé en crise.
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Les hommes de la prison ; ouvrage-mémoire du centre pénitentiaire de Mont-de-Marsan
Tim Guénard, Jean Hincker
- Le Bord de l'eau
- 22 Août 2014
- 9782356872043
L'objectif de cette publication est double : mettre en avant le travail de création lors des ateliers et garder une mémoire de ces travaux en diffusant le plus largement possible un ouvrage abordant un thème d'actualité.
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État de vigilance ; critique de la banalité sécuritaire
Michaël Foessel
- Le Bord de l'eau
- Diagnostics
- 17 Avril 2010
- 9782356870650
Nous vivons sous le règne de l'évidence sécuritaire.
Des réformes pénales aux sommets climatiques en passant par les mesures de santé : l'impératif de précaution a envahi nos existences. Mais de quoi désirons-nous tant nous prémunir ? Pourquoi la sécurité produit-elle de la légitimité ? Et que disons-nous lorsque nous parlons d'un monde " dangereux " ? Le maître mot de cette nouvelle perception du réel est " vigilance ". L'état de vigilance s'impose aux individus non moins qu'aux institutions : il désigne l'obligation de demeurer sur ses gardes et d'envisager le présent à l'aune des menaces qui pèsent sur lui.
Cette éthique de la mobilisation permanente est d'abord celle du marché, et ce livre montre le lien entre la banalité sécuritaire et le néolibéralisme. Abandonnant le thème de la surveillance généralisée ", il propose une analyse des subjectivités vigilantes. On découvre la complicité secrète entre des Etats qui rognent sur la démocratie et des citoyens qui aiment de moins en moins leur liberté. L'Etat libéral-autoritaire produit des sujets et des peurs qui lui sont adéquats.
C'est à cette identité nouvelle entre gouvernants et gouvernés qu'il faut apprendre à résister.
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Selon boris cyrulnik, il faut tout un village pour élever un enfant, et les anciens sont à la fois porteurs de mémoire et porteurs des lieux qui les ont vu vivre.
La transmission exige, elle, des endroits pour que la parole circule et que " l'inquiétante étrangeté " du témoignage des anciens soit entendue par ceux qui leur succèdent.
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Babel au XX siècle : le dialogue des cultures dans l'oeuvre de Michel Butor
Raja Subhi al-tamimi
- Le Bord de l'eau
- Mondialisation, Culture Et Communication
- 11 Octobre 2013
- 9782356872494
Le mythe de la Tour de Babel occupe une place centrale dans l'oeoeuvre si vaste de Michel Butor. Selon lui, c'est la destruction de l'unité linguistique originelle qui donne naissance à la littérature. Deux notions primordiales et interdépendantes s'imposent dès lors : la (re)lecture qui vient nourrir tout travail d'écriture, ainsi que le voyage qui la transforme et porte à son tour une écriture mobile. C'est cette démarche qui fait de Butor un écrivain de l'interculturalité, qui transfigure la pluralité de la Babel primitive en une bénédiction pour celle du XXe siècle.
Dans cet ouvrage, nous optons à notre tour pour une lecture mobile de l'oeoeuvre de Butor, à travers une multiplicité de références, qui de la source autobiographique aux collaborations avec les artistes, aux lieux, aux monuments, aux livres-objets, constituent pour l'écrivain autant de rencontres. Ces rencontres invitent à la construction symbolique d'une nouvelle Tour de Babel, dont les fondations reposeraient sur la différence et la diversité, sur l'ouverture et l'inachèvement.
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Contre le relationnisme ; lettre aux anthropologues
Albert Piette
- Le Bord de l'eau
- 13 Mars 2014
- 9782356873019
Une lettre adressée aux anthropologues ! Albert Piette y fait le constat de leurs références omniprésentes, très rarement discutées, à la relation. Thème de recherche, concept explicateur, méthode de travail, tout semble passer par la relation. Mais n'est-ce pas trop ? Et l'existence de chaque singularité humaine, de chaque individu : où est-elle ? Ne risque-t-elle pas d'être absorbée par le « tout-relation » ? Dans cette lettre, c'est à une prise de conscience critique du relationnisme et à l'observation de l'existence humaine qu'Albert Piette invite les anthropologues.
A son tour, l'existence y est présentée comme thème, concept, méthode et aussi, associée au savoir anthropologique, comme fondement d'une éthique.
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" je ne pense pas qu'on puisse être fusionnel toute une vie avec la même personne.
Sauf avec la mère je crois. en tout cas pour moi c'est comme ça. il n'y a vraiment qu'elle pour qui je dirais que seule la mort peut nous séparer. car c'est quand même le seul être qui m'a eu tout entier en lui. les autres, ils n'ont eu que mon sexe, et un ébat ça ne dure pas neuf mois... "
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L'éthique protestante et l'esprit de la démocratie ; Max Weber et la culture politique américaine
Stephen Kalberg
- Le Bord de l'eau
- La Bibliothèque Du Mauss
- 14 Novembre 2014
- 9782356873538
Chacun connait la thèse classique de Max Weber sur les origines du capitalisme moderne et ses liens avec la Réforme. Mais on ignore qu'il en défendait également une autre, toute aussi audacieuse. Et si la démocratie, elle-aussi, du moins en Amérique, était fille de l'éthique protestante ?
Cet ouvrage majeur, rédigé par l'un des plus grands spécialistes américains de l'oeuvre du sociologue allemand, est le premier à dévoiler, reconstruire et discuter cette seconde thèse, restée jusqu'ici dans l'ombre. Il montre combien, à l'instar de l'esprit du capitalisme, l'esprit de la démocratie en Amérique s'est nourri des valeurs puritaines et des formes d'organisation des sectes et des églises protestantes ; bref, par une disposition d'esprit particulière, un ethos dont la source est avant tout religieuse. Il permet de rendre compte de l'intensité et l'étendue de la participation civique en Amérique ainsi que de l'attitude des Américains face à l'autorité et à l'Etat. La mise en lumière de cette source religieuse de la démocratie des USA éclaire toute la singularité de la culture politique américaine, sa tension constante entre sa face individualiste et sa dimension communautaire. Dans une perspective distincte de celle d'Alexis de Tocqueville, Weber offre ainsi une généalogie inédite de la sphère civique américaine et une explication originale de la vivacité qu'y connaissent les associations.
Que reste-t-il aujourd'hui, toutefois, de cet esprit de la démocratie dans des sociétés sécularisées où la bureaucratisation s'étend et où s'accroit le « pouvoir des biens matériels » et de la culture de la consommation ? Aux Etats-Unis, comme dans la « vieille Europe », nombreux sont ceux qui s'inquiètent aujourd'hui d'une « crise de la démocratie ». A la lumière de l'analyse de Max Weber cet ouvrage en propose un diagnostic inédit. Mais aussi quelques bonnes raisons d'espérer.
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De la renonciation comme acte politique ; chroniques d'une présidence d'université : Bordeaux 3, 2009-2012
Patrice Brun
- Le Bord de l'eau
- 15 Janvier 2014
- 9782356872852
Ce livre part d'une expérience à laquelle l'auteur n'était pas particulièrement préparé : devenir président d'université. Le vote de la loi LRU en 2007, qui bouleversait l'équilibre des universités françaises déclencha dans nombre d'établissements une vague de protestation. C'est dans ce contexte que Patrice Brun prit la tête d'une liste dont la victoire aux élections allait me propulser à la tête de l'université Bordeaux 3.
C'est cette histoire, de la marche vers le pouvoir jusqu'à son abandon volontaire, qui forme le fifi l rouge du récit. Mais entre ces deux moments extrêmes, la gestion des crises universitaires, des relations humaines à l'intérieur de la communauté mais aussi du simple quotidien, la découverte du monde des décideurs politiques et les rencontres avec des personnalités exceptionnelles offrent matière à réflexion sur les évolutions et les blocages de l'université française, sur la manière dont elle est perçue à l'extérieur et sur l'étrange façon qui est sienne de se croire le centre unique de la pensée.
Entre la course aux honneurs et prébendes individuels et une recherche maladive de fonds liée au désengagement partiel de l'État, entre une rhétorique administrative et enseignante souvent hermétique et un besoin compulsif chez certains de faire moderne, on assiste parfois à l'oubli par les acteurs eux-mêmes de la mission première de l'université, celle d'un service public destiné à armer la Nation pour affronter les défis futurs.
Ce livre porte la marque des réflexions parfois amères, parfois amusées d'un universitaire qui, à la place qu'il a occupée puis laissée, veut toujours se battre pour améliorer l'enseignement et la recherche.
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Sur la corde raide ; le feu de la révolte couve toujours en banlieue
Belmessous/Hacene
- Le Bord de l'eau
- Documents Bord De L'Eau
- 14 Mars 2013
- 9782356872241
Depuis les « émeutes urbaines » de l'automne 2005, l'esprit égalitaire qui découlait d'une conception ouverte de la France, dicté par le souci d'une société « juste », a cédé devant ce que les artificiers du « démon des origines » appellent « l'épreuve des faits ». L'argumentaire le plus typique de cette histoire qui serait en train de se jouer : c'est la culture primitive des individus et notre incapacité à « ouvrir grand les yeux » sur ce qui se passent réellement dans ces « cités » qui expliqueraient le « problème des banlieues ». Ainsi donc, ces jeunes sont les responsables de leur sous-condition.
Cette convergence entre « le problème des banlieues » et les pratiques culturelles de ces habitants d'origine extra européenne, longtemps développée par le Front National, a atomisé les clivages politiques, s'incarnant même dans le discours scientifique.
Évidemment partiale, cette explication des événements confond sciemment ghettos de pauvres et ghettos immigrés. Que l'État soit le grand responsable de la mise en abîme de ces lieux en instrumentalisant leur ségrégation pour mieux contrôler l'organisation de notre société - les barbares dans leur cité et les modernes dans la Cité - ne fait plus question.
Dans cet ouvrage, nous livrons au lecteur les résultats d'une recherche menée dans deux quartiers de l'agglomération parisienne :
La cité Balzac à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) et la Grande Borne à Grigny (Essonne). Étalée sur deux ans (2010 et 2011), cette étude questionnait le sens des révoltes de 2005 et les effets des politiques publiques qui y ont été conduites depuis. Ce qu'on y constate tient en une phrase : ces lieux sont plus que jamais sur la corde raide.
Pourtant, ces révoltes étaient porteuses d'espoir. Elles voulaient ébranler le processus dé-démocratique qui rongent ces quartiers mais elles ont échoué. De sorte qu'on n'y observe aujourd'hui toujours plus de rancoeur, toujours plus de désillusion. Une expression nous revient à l'esprit, entendue chez nombre de nos interlocuteurs : « On n'a rien à perdre. » Ce que cela signifie ? Croire que ces personnes accepteront longtemps de vivre en marge de la vie démocratique, réduits à n'être que des individus de second zone sans destin si ce n'est celui de leur finitude dans ces ghettos de pauvres, c'est se leurrer. Beaucoup nous ont déclaré assumer tous les risques, celui de la radicalité inclus.
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Deuils et héritages ; confrontations à la perte du proche
Nadia Veyrié
- Le Bord de l'eau
- 13 Septembre 2012
- 9782356871954
Comment vit-on en même temps le deuil qui suit la perte d'un être proche et la confrontation à l'héritage matériel ? Les conceptions sociales, éthiques et eschatologiques de la mort sont, tout d'abord, étudiées à travers des travaux philosophiques, anthropologiques, historiques et sociologiques.
Quelle place accordons-nous aujourd'hui à la mort dans notre société ? L'essoufflement social ou son absence dans l'accompagnement de la perte des êtres chers est alors particulièrement souligné. Que révèle également l'absence irréversible des êtres qui nous sont proches ? Ensuite, à quoi fait-on référence lorsque l'on parle du deuil et de l'héritage ? Comment se manifestent-ils ? Deux champs de réponses sont ici proposés : un sur le deuil, tiré de la psychanalyse, qui interroge le processus du deuil, le concept du « travail du deuil » et son devenir ; un autre qui examine le sens donné à l'héritage par le droit, en étudiant les rouages de la « succession » du Code civil. Enfin, le deuil et l'héritage sont présentés, non comme distincts, mais comme interdépendants : l'héritage dans le deuil et le deuil dans l'héritage. Dans le deuil d'une personne et d'une famille, le vécu de l'héritage ne se réduit pas à la succession matérielle définie par le droit. En effet, s'entremêlent des héritages de nature matérielle et symbolique. Après une analyse des héritages « classiques » (maison, argent, bijoux et autres), les héritages dont on ne parle pas ou peu (animaux, tombes et caveaux, cendres, nom de famille) seront interprétés. D'un héritage du deuil, peut-on alors parler d'un deuil de l'héritage ?
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La banlieue change ! ; inégalités, justice sociale et action publique dans les quartiers populaires
Collectif
- Le Bord de l'eau
- Clair & Net
- 18 Octobre 2012
- 9782356871978
À l'origine de cet ouvrage, l'interpellation lancée à un groupe de chercheurs par les élus d'un Conseil général, inquiets de l'évolution des quartiers populaires au lendemain des émeutes de novembre/décembre 2005. Quelle signification donner à ces événements ? En quoi interrogent- ils l'action publique à destination des quartiers ?
Aussi tragique soit-il, l'événement racontait une histoire qui le dépassait, celle de la banlieue, de sa place dans les évolutions majeures de la société française ces trente dernières années. Et c'est à reconstruire le fil de cette histoire qu'il appelait.
Cet ouvrage repose sur l'hypothèse que la question sociale seule ne permet plus, aujourd'hui, de rendre compte des logiques de formation des problèmes urbains. Longtemps, la question ouvrière paraissait dominer les autres dimensions des problèmes sociaux, conçus comme de simples effets induits de la sphère économique. Désormais, la question spatiale et la question ethno-raciale viennent s'y surajouter, rendant encore plus puissants et complexes les mécanismes de domination et de formation des inégalités.
Les chercheurs rassemblés dans cet ouvrage proposent de dénouer les fils de cet écheveau en le passant au crible de recherches et de réflexions ciblées : l'analyse des inégalités ; leur expression subjective dans une palette étendue de sentiments d'injustice ; le sens et le rôle de la mobilisation des identités raciales ou ethniques ; les dispositifs d'action publique et leurs décalages face aux réalités vécues et aux dynamiques à l'oeoeuvre.
Au final, c'est une interrogation sur le fondement du pacte social à laquelle nous confronte la question de la banlieue, interrogation centrale pour toute personne, décideur, chercheur, homme d'action ou citoyen, soucieuse de l'avenir de la cohésion sociale.
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Intégration : mode d'emploi nous parle des immigrés non-européens : son auteur nous y raconte ses premiers pas à Toulouse, ses efforts pour retrouver « une place dans le monde occidental », de la voirie aux bibliothèques municipales, en passant par la plomberie et le tri sélectif des déchets, et surtout son combat de presque trois ans pour faire venir en France sa femme et ses deux jeunes enfants.
Ce livre est l'inventaire détaillé, à la fois cocasse et cruel, du quotidien d'un « musulman éclairé », en situation régulière depuis son arrivée à Paris en 2006, et des souvenirs parfois terribles qui l'assaillent. Il va sans aucun doute contribuer à changer le regard que nous portons sur ces hommes, ces femmes et ces enfants qu'un sort funeste a chassés loin de chez eux, et qui tentent courageusement de commencer une vie nouvelle, sous des cieux pas toujours cléments.
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La société du mérite ; idéologie méritocratique et violence néolibérale
Dominique Girardot
- Le Bord de l'eau
- 16 Mars 2011
- 9782356871084
Aimerions-nous vivre dans une société où, comme le suggérait Nicolas Sarkozy en 2006, " tout se mérite, rien n'est acquis, rien n'est donné ? Certes le mérite n'est pas sans lien avec la démocratie.
Mais il est aujourd'hui l'objet d'un détournement qui en fait surtout - cet essai se propose de le montrer - l'outil de circonstance du néolibéralisme. Autrefois vertu publique, le mérite se prétend désormais mesure de la valeur individuelle indexée sur l'effort. Ainsi est-il communément convié pour justifier non seulement les distinctions sociales, mais aussi chaque situation particulière, notamment les situations difficiles.
Il en vient à rendre compte des épreuves comme du signe d'une défaillance. Chômage, maladie, rupture... voilà ce qui attendrait ceux qui ne font pas les efforts nécessaires pour les éviter. Nous entraînant à justifier l'injustifiable, le mérite ne met-il pas dès lors sa logique au service de la violence néo-libérale, qu'il pare d'un voile de légitimité ? Placé sous la double référence à Hannah Arendt et au paradigme du don, attentif aux liens entre mérite et reconnaissance, cet ouvrage avance que la force d'attraction du mérite réside dans le rempart fantasmatique qu'il constitue contre la précarisation généralisée : plus nous croyons au mérite, plus nous nous sentons assurés que nos efforts nous protègent.
Face à la violence néolibérale des dominants, le mérite alimente alors une autre violence : celle du corps social tout entier, qui, pour conjurer l'angoisse de l'exclusion et de l'invisibilité sociales, stigmatise et décuple la souffrance en la déclarant méritée. Sous les apparences accortes du bon sens, cette société du mérite généralisé ne risque-t-elle pas de nous entraîner dans une impasse ?
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Service ou servitude
Geneviève Fraisse
- Le Bord de l'eau
- Documents Bord De L'Eau
- 20 Août 2009
- 9782356870407
Notre siècle propose un nouveau paradigme du service, modèle social qui mêle emploi et solidarité.
Il y eut jadis la domesticité d'apparat, puis la bonne de la bourgeoisie, et l'employée de maison de l'après-guerre. Désormais, la prise en charge de la vieillesse (mais pas seulement), et la volonté de trouver de nouveaux gisements d'emploi entraînent l'organisation du " service à la personne ". Que penser de cette mutation ? Deux directions s'offrent à nous, celle du rapport entre service et démocratie, et celle du lien entre corps et propriété de soi.
La question posée au XXe siècle par le service domestique fut celle de la difficulté à penser ensemble une situation faite de hiérarchie et de dépendance avec le support politique d'une société nouvelle, conjonction du principe de l'égalité de tous et de l'autonomie de la personne. Comment penser l'égalité et la dissymétrie, l'autonomie et le lien ? Comment définir un métier fait de confusion des rapports humains et de tâches sans limites précises ? Tel est, trente ans après, l'intérêt de republier Femmes toutes mains, de manière à rendre au mot de " service " toute son opacité, à réfléchir à nouveau à ce terme simple, cru, et sérieusement équivoque.
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La tyrannie du "bien vieillir"
Michel Billé, Didier Martz
- Le Bord de l'eau
- Clair & Net
- 25 Août 2010
- 9782356870773
Voilà bien un paradoxe ! Comment une aspiration largement partagée et souhaitée, vieillir et vieillir bien, pourrait-elle devenir tyrannique ? En devenant une injonction, discrète voire sympathique.
L'injonction à " bien vieillir " s'insinue progressivement dans nos mentalités au point de donner forme à notre rapport individuel et collectif à la vieillesse. Vieillissez, mais vieillissez bien ! II faut alors chercher à débusquer cette idéologie du " bien vieillir " là où elle se cache : chez le médecin et dans notre assiette, dans nos vêtements et dans le rapport que nous avons avec notre propre corps, dans les multiples publications sur la vieillesse et dans les médias, dans la peur que nous avons de la mort et dans l'idéologie dans laquelle nous baignons...
Si " bien vieillir " devient le projet personnel et politique auquel nul ne saurait déroger, vieillir mal devient une erreur, une faute, presque un délit vis-à-vis de soi-même et vis-à-vis de ceux qui auront à en assumer les conséquences. Il est alors urgent de mettre en question ce que recouvre cette construction idéologique porteuse d'un sens presque invisible tant elle est liée au désir humain. Tyrannie douce qui a pour effet d'asservir nos contemporains et d'exercer une contrainte sur les années de vie qu'ils ont à vivre en vieillissant...