Gallimard
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Conversations ordinaires
Donald Woods Winnicott
- Gallimard
- Connaissance De L'inconscient
- 22 Février 1988
- 9782070711741
Winnicott, dont l'interlocuteur privilégié était l'enfant, se méfiait du langage trop savant des psychanalystes. Il aimait rencontrer ce qu'il appelait des «mères ordinaires» et s'adresser aux auditoires les plus variés pour traiter aussi bien de la dépression que de l'adolescence, du mur de Berlin que de la pilule ou encore de la monarchie britannique. On trouvera dans ce volume, outre des articles parus dans des revues non spécialisées, des causeries prononcées devant des médecins ou des professeurs de mathématiques, des travailleurs sociaux ou des féministes... Le propos n'est pas d'enseigner mais de converser et, sans avoir l'air d'y toucher, de jeter quelque trouble dans les idées reçues de tout un chacun. Pour ce faire, rien de plus efficace qu'une pensée complexe dans des mots simples ; rien de plus tonique que la fraîcheur d'esprit, le paradoxe et l'humour.
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éditer et pirater ; le commerce des livres en France et en Europe au seuil de la Révolution
Robert Darnton
- Gallimard
- Nrf Essais
- 18 Mars 2021
- 9782072842191
Comment expliquer le pouvoir du livre à l'époque des Lumières si on ignore le fonctionnement de l'industrie de l'édition? Il importe de savoir que la moitié au moins des livres vendus en France entre 1750 et 1789 étaient piratés.Du fait des politiques centralisées de l'État, soucieux de surveillance, la Communauté des libraires et imprimeurs de Paris monopolisait les privilèges des livres et ruinait presque toute édition dans les provinces.En réaction, hors de la capitale, les libraires s'approvisionnaient de plus en plus auprès de maisons d'édition qui produisaient des livres français en des lieux stratégiques hors des frontières du royaume - dans ce que Robet Darnton appelle le «Croissant fertile»:d'Amsterdam à Bruxelles, par la Rhénanie, à travers la Suisse et en descendant vers Avignon, les éditeurs pirataient tout ce qui en France se vendait avec quelque succès.Grâce à une main-d'oeuvre et à un papier peu coûteux, les contrefaçons étaient moins chères que les oeuvres produites avec privilèges à Paris. En conséquence, une alliance naturelle se développa entre les libraires de province et les éditeurs étrangers qui razziaient le marché avec un esprit d'entreprise audacieux. Tel fut l'autre visage des Lumières:un capitalisme de butin.
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Ce que social veut dire Tome 1 ; le déchirement du social
Axel Honneth
- Gallimard
- Nrf Essais
- 8 Novembre 2013
- 9782070142965
Ce que social veut dire est un ouvrage en deux tomes, destiné au seul lecteur français. Il entend permettre à ce dernier de comprendre, à travers quelque vingt-cinq textes échelonnés sur vingt ans, l'évolution théorique d'Axel Honneth, représentant de la troisième génération de l'École de Francfort.
Le premier volume (Le déchirement du social) rassemble les contributions dans lesquelles Honneth, à travers la confrontation avec des auteurs classiques (Kant, Fichte, Hegel) ou contemporains et la philosophie sociale (Sartre, Lévi-Strauss, Merleau-Ponty, Castoriadis, Bourdieu, Boltanski et Thévenot), précise les caractères constitutifs de la 'lutte' sociale pour la 'reconnaissance'.
Le second (Les pathologies de la raison, à paraître) appliquera la théorie de la reconnaissance au vaste domaine du diagnostic des injustices et des pathologies sociales (confrontations avec Adorno, Benjamin, Neumann, Mitscherlich, Wellmer, mais aussi la psychanalyse et la théorie de la justice).
Ces deux aspects de l'évolution théorique - éclairer les causes des conflits sociaux et étudier comment ils peuvent être justifiés et jugés sur le plan normatif - sont ici distingués en deux volumes pour un souci de lecture, bien qu'ils se soient toujours chevauchés et mutuellement fécondés, dans un projet global très précis : rapporter toute vie sociale au désir des sujets de valoir aux yeux de leurs semblables comme des personnes à la fois dignes de considération et dotées d'une individualité unique.
Ce qui exige que nous comprenions toujours les régulations centrales de la vie sociale comme des ordres de la reconnaissance, mais aussi comme la manifestation sociale d'un devoir-être moral. Prises ensemble, ces deux idées signifient également que la sociologie et la philosophie pratique ne peuvent s'exercer indépendamment l'une de l'autre.
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Critique de la sociobiologie
Marshall Sahlins
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 20 Mars 1980
- 9782070201532
La sociobiologie constitue-t-elle la nouvelle révolution copernicienne, reléguant l'anthropocentrisme aux oubliettes de l'archéologie du savoir, en replaçant fermement l'homme et sa culture dans son contexte d'animalité concurrentielle ? Marshall Sahlins dénonce vigoureusement cette aberration antiscientifique et antihumaniste. Accepter la «Nouvelle Synthèse» sociobiologique, c'est faire fi de tout l'acquis des sciences de l'homme. Il ne suffit point d'affubler les comportements animaux d'une terminologie anthropomorphique, ou d'identifier les institutions humaines à des formes de «société» animales, pour établir une continuité entre tous ces phénomènes. De fait, le langage est le propre de l'homme ; la fonction symbolique qu'il exprime introduit une discontinuité radicale dans l'univers : les actes des hommes ne se comprennent que par la signification qu'ils revêtent dans un système d'institutions, au nombre desquelles la parenté a longtemps joué un rôle primordial - à l'antipode de toute «réalité» biologique. Il revenait à l'anthropologue de dégager le sens de la fascination qu'exerce cette éternelle «Nouvelle Synthèse», qui s'est insinuée dans les domaines les plus divers de la connaissance, de l'utilitarisme sociologique à l'économie marginaliste, en passant par la théorie des jeux et la linguistique cartésienne de Chomsky. M. Sahlins en identifie le ressort profond : l'«individualisme possessif», et la dialectique de la nature et de la culture qui lui est propre.
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Au coeur des sociétés ; raison utilitaire et raison culturelle
Marshall Sahlins
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 20 Mars 1980
- 9782070288021
Les cultures humaines se sont-elles constituées en se fondant sur les activités pratiques et sur l'intérêt utilitaire ? L'auteur critique cette thèse et défend l'interprétation symbolique de la culture contre les utilitarismes de toutes sortes. Il propose ainsi une conclusion nouvelle au débat séculaire du matérialisme et de l'idéalisme. Quand il s'agit d'analyser les sociétés dites primitives, le matérialisme historique a ses limites. Aussi, marxismes et structuralismes sont-ils destinés à rester deux perspectives théoriques distinctes. Dans cette controverse entre raison pratique et raison culturelle, la conception matérialiste de l'histoire est en procès. La découverte de la culture fait apparaître que, si le matérialisme historique est la conscience de la société occidentale, il l'est dans les termes et dans les limites de cette société. Sahlins, examinant tels aspects de l'alimentation ou de la mode, avance que la production elle-même n'est pas une logique pratique d'efficacité matérielle, mais une intention culturelle. La rationalité matérielle se fonde sur des relations signifiantes entre personnes et objets.
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Style, artiste et société ; essais
Meyer Schapiro
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 4 Janvier 1983
- 9782070241576
Freud a-t-il bien fait d'interpréter comme on sait le «souvenir» de Léonard? Heidegger a-t-il lu comme il faut le message mystérieux de Van Gogh peignant des chaussures? Fromentin a-t-il été porteur de modernité ou frappé de timidité artistique? De quoi parle le retable de Mérode? Que signifient les pommes chez Cézanne, et comment ce grand constructeur a-t-il rêvé? Le peuple n'a-t-il pas parlé à Courbet par son imagerie de prédilection? Pourquoi, comment l'Amérique a-t-elle découvert l'art moderne européen? Et qu'est-ce au fond qu'un style?