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Helice Helas
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Dans American Fantasy, le jeune dessinateur Quentin Coet reprend et s'amuse des codes de la Pop Culture, mais également des imaginaires de série B. Son travail pose le décor, recense et également revisite ces lieux récurrents du fantasme américain. Le Mall, le collège, le cinéma, la salle d'arcade, la maison individuelle, les panneaux d'affichage ou les rues alignées, tous ces éléments participent d'un langage visuel et d'une géographie morale dans lesquels nous avons été pleinement alimentés, voire gavés... En amateur des bandes dessinées de Charles Burns, ainsi que des films de John Carpenteur, Quentin Coet lève le voile sur ces espaces de projection et de désir. Il arpente ces lieux à la manière du film mythique They Live où le protagoniste découvre des lunettes qui lui permettent de voir les Etats-Unis sans fard aucun : envahis et dominés par des extraterrestres à l'apparence humaine, où chaque publicité appelle l'inconscient à un désir de conformisme consumériste.
Chez Quentin Coet, les humains semblent avoir déserté les rues et les espaces de sociabilité. Face au manque de textes et d'explications, nous, lecteurs et lectrices, esquissons de premières hypothèses : explosion d'une centrale nucléaire et radiations massives ? Pandémies mondiales ? Ou alors un quotidien auquel nous n'aurions pas prêté attention ? Il ne demeure que des scènes de la vie ordinaire, peuplées d'êtres difformes que l'on présuppose comme ayant été jadis des êtres comme vous et moi. Sous le vernis du monde idéal et d'une beauté célébrée par le cinéma et la publicité, quelque chose semble s'être brisé ou ne semble plus tenir. La reproduction des images ne recrache plus simplement le canon, mais génère ses propres monstres. -
Dans "Dream Baby Dream", Nadia Raviscioni réalise une série de dessins sur papier, sans crayonnés préalables, guidés par l'instant, un procédé qui évoque l'écriture automatique chère aux surréalistes. Nous sommes aux confins de la bande dessinée, chaque dessin entretient un jeu de correspondance avec les autres comme autant de strates.
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Depuis Piero della Francesca et Brueghel l'Ancien, Sant'Elia et Le Corbusier jusqu'à Metropolis et Blade Runner, la bd, Schuiten et Peeters, les peintres, dessinateurs et autres architectes visionnaires n'ont cessé d'imaginer des cités utopiques et dystopiques qui dépassent les réalités sociétale, anthropologique et architecturale de la condition humaine (si ce n'est le manhattanisme qui, partiellement, les réalise).
Les artistes, régulièrement, s'emparent de ces territoires de l'imaginaire et livrent leur version du rêve, ou du cauchemar, d'une société réglée. Louis Loup Collet, plus jeune que Platon et les illustres prédécesseurs de la perfection idéale, propose, avec Le monde Lectol, sa version de l'utopie.
Le monde lectol, ce sont des dessins de grand format, déposés dans une caisse en bois, qui ouvrent une fenêtre sur le monde de demain, ou, plus précisément, sur la ville de Lausanne juste avant l'an 2550, à l'ère biobotique. Par biobotique, on entend l'aptitude de l'être humain à créer à son idée des organismes inexistants dans la nature. Les dessins de la caisse sont tout ce qui reste de la ville en 2550, après sa destruction. Ils offrent une représentation minutieuse de Lausanne et de la nature qui l'environne, des pages d'explication sur les organismes biobotiques en langue inconnue ainsi qu'un plan de la ville.
Avec Le monde Lectol, Louis Loup Collet crée un monde cohérent. Au regard s'offre un monde bizarre, peuplé d'êtres humains dotés d'un don divin qui leur permet de contrôler ce monde. Pourtant, ce monde, précisément parce qu'il n'est que fragments, livre les métonymies d'un monde parfait et harmonieux, paradoxal en ce qu'il est prospectif et nostalgique.
Il y a quelque chose du Codex Seraphinianus de Serafini dans Le monde Lectol. Le langage qui y est pratiqué ainsi que la symbiose entre machines et organismes nous échappent. Demeurent l'incroyable beauté, des gigantesques tableaux à la plume, qui représentent des architectures puis, progressivement, des paysages, somptueux et éternels, remplis de vides pleins.