S'abîmer Absence Adorable Affirmation Altération Angoisse Annulation Ascèse Atopos Attente Cacher Casés Catastrophe Circonscrire Coeur Comblement Compassion Comprendre Conduite Connivence Contacts Contingences Corps Déclaration Dédicace Démons Dépendance Dépense Déréalité Drame Ecorché Ecrire Errance Etreinte Exil Fâcheux Fading Fautes Fête Fou Gêne Gradiva Habit Identification Image Inconnaissable Induction Informateur Insupportable Issues Jalousie Je-t-aime Langueur Lettre Loquèle Magie Monstrueux Mutisme Nuages Nuit Objets Obscène Pleurer Potin Pourquoi Ravissement Regretté Rencontre Retentissement Réveil Scène Seul Signes Souvenir Suicide Tel Tendresse Union Vérité Vouloir-saisir.
Ce volume contient l'intégralité du texte des Mythologies et environ 120 illustrations.
Parues en 1957, les Mythologies de Roland Barthes constituent un cas à part dans l'édition : depuis plus de cinquante ans, elles ont eu des centaines de milliers de lecteurs ; attachées à saisir une époque, elles n'ont pourtant pas pris une ride. Bref, les Mythologies sont désormais inscrites dans notre patrimoine littéraire.
Pourquoi illustrer les Mythologies ? Avant tout parce que leur objet est très souvent visuel. On sait l'intérêt que Barthes portait à la photographie. Son regard sur la presse (Paris-Match, Elle), la publicité, etc. est tout aussi omniprésent dans le livre. Ce volume entend donc donner à voir l'univers visuel de Barthes, le texte caché en quelque sorte.
Le résultat est fort, surprenant, parfois drôle.
Peau noire, masques blancs La décolonisation faite, cet essai de compréhension du rapport Noir-Blanc a gardé toute sa valeur prophétique : car le racisme, malgré les horreurs dont il a affligé le monde, reste un problème d'avenir.
Il est ici abordé et combattu de front, avec toutes les ressources des sciences de l'homme et avec la passion de celui qui allait devenir un maître à penser pour beaucoup d'intellectuels du tiers monde.
Frantz Fanon (1925-1961) Né à Fort-de-France, il s'engage dans les Forces française libre en 1943, puis étudie la médecine, la philosophie et la psychologie à Lyon. Il devient médecin-chef de l'hôpital psychiatrique de Blida, mais il est expulsé d'Algérie en 1957 et s'installe à Tunis où il reste lié avec les dirigeants du GPRA. Il meurt d'une leucémie après avoir publié deux autres ouvrages consacrés à la révolution algérienne et à la décolonisation.
La situation critique dans laquelle se trouve la planète n'est plus à démontrer. Des effondrements sont déjà en cours tandis que d'autres s'amorcent, faisant grandir la possibilité d'un emballement global qui signifierait la fin du monde tel que nous le connaissons.
Le choix de notre génération est cornélien : soit nous attendons de subir de plein fouet la violence des cataclysmes à venir, soit, pour en éviter certains, nous prenons un virage si serré qu'il déclencherait notre propre fin-du-monde-industriel.
L'horizon se trouve désormais au-delà : imaginer la suite, tout en se préparant à vivre des années de désorganisation et d'incertitude. En toute honnêteté, qui est prêt à cela ?
Est-il possible de se remettre d'un déluge de mauvaises nouvelles ? Peut-on simplement se contenter de vouloir survivre ? Comment se projeter au-delà, voir plus grand, et trouver des manières de vivre ces effondrements ?
Dans ce deuxième opus, après Comment tout peut s'effondrer, les auteurs montrent qu'un changement de cap ouvrant à de nouveaux horizons passe nécessairement par un cheminement intérieur et par une remise en question radicale de notre vision du monde. Par-delà optimisme et pessimisme, ce sentier non-balisé part de la collapsologie et mène à ce que l'on pourrait appeler la collapsosophie...
Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle ont une (dé)formation scientifique et sont devenus chercheurs in-Terre-dépendants.
La vraie vie des Français n'est pas dans les théories générales ou les moyennes statistiques. Les principaux mouvements sociaux des dernières années, des manifestations sur les retraites aux Gilets jaunes ou au phénomène #MeToo, n'ont guère été éclairés par l'étude des structures globales de la société. Les nouvelles géographies des fractures politiques et l'instauration d'un climat de défiance ont certes été bien documentées. Mais la nature des attentes, des colères et des peurs dont elles dérivent n'a pas encore été déchiffrée.
Cet essai propose des outils pour ouvrir et décrypter cette boîte noire. Il se fonde pour cela sur une analyse des épreuves auxquelles les Français se trouvent le plus communément confrontés au quotidien. C'est en partant notamment des expériences vécues du mépris, de l'injustice, des discriminations et de l'incertitude que l'on peut comprendre autrement la société. Les émotions qui les accompagnent expliquent en effet au premier chef les comportements des femmes et des hommes d'aujourd'hui : ceux-ci ne se déterminent dorénavant plus en fonction de leurs seuls intérêts « objectifs ». Une autre manière de réagir aux événements et de produire du commun se fait donc ainsi jour.
Cette approche permet d'appréhender de façon originale la désaffection contemporaine pour la politique existante et indique la direction d'un véritable projet d'émancipation. Les Épreuves de la vie ouvre de cette façon une nouvelle étape du travail de l'auteur consacré à la redéfinition de la question sociale et aux conditions de l'approfondissement de la vie démocratique.
Parce qu'un essai vaut autant par le constat dressé que par les renouvellements esquissés, le texte de Pierre Rosanvallon est discuté et prolongé par quatre « rebonds et explorations » d'Aurélie Adler, Nicolas Duvoux, Emmanuel Fureix et Gloria Origgi, dans une démarche d'intelligence collective.
Ouvrage coédité avec La République des idées.
Pour en finir avec les success stories pétrolières, voici une histoire des territoires sacrifiés à la transformation des hydrocarbures. Elle éclaire, à partir de sources nouvelles, les dégâts et les luttes pour la santé au XXe siècle, du Japon au Canada, parmi les travailleurs et travailleuses des enclaves industrielles italiennes (Tarento, Sardaigne, Sicile), auprès des pêcheurs et des paysans des « Trente Ravageuses » (la zone de Fos / l'étang de Berre, le bassin gazier de Lacq), ou encore au sein des Premières Nations américaines et des minorités frappées par les inégalités environnementales en Louisiane.
Ces différents espaces nous racontent une histoire commune : celle de populations délégitimées, dont les plaintes sont systématiquement disqualifiées, car perçues comme non scientifiques. Cependant, elles sont parvenues à mobiliser et à produire des savoirs pour contester les stratégies entrepreneuriales menaçant leurs lieux de vie. Ce livre expose ainsi la tension sociale qui règne entre défense des milieux de vie et profits économiques, entre santé et emploi, entre logiques de subsistance et logiques de pétrolisation.
Un ouvrage d'une saisissante actualité à l'heure de la désindustrialisation des territoires pétroliers, des conflits sur la décarbonation des sociétés contemporaines, et alors que le désastre de Lubrizol a réactivé les interrogations sur les effets sanitaires des dérivés pétroliers.
Nous vivons une re´volution anthropologique.
Nous la sentons dans le mouvement #MeToo, dans la de´nonciation du fe´minicide, dans une critique de plus en plus pugnace de la domination patriarcale.
Pourquoi cette monte´e soudaine d'une conception antagoniste du rapport entre hommes et femmes ?
Dans cet ouvrage, Emmanuel Todd, informé de ses recherches d'anthropologue, avance que l'e´mancipation des femmes a pour l'essentiel de´ja` eu lieu mais qu'elle conduit à des contradictions nouvelles. En me^me temps qu'a` la liberté, les femmes accèdent à l'anxie´te´ e´conomique, à l'anomie, au ressentiment - individuel et de classe.
Pour comprendre notre présent, il retrace, depuis l'origine, l'évolution de la relation homme/femme dans l'espèce homo sapiens. Il mène aussi une large étude empirique de la convergence entre hommes et femmes et des différences qui continuent de les séparer - d'e´ducation, de me´tier, de longe´vite´, de suicide ou d'homicide, de comportement e´lectoral ou de racisme. Il montre comment la libération des femmes a permis l'effondrement de la religion et de l'homophobie, contribué au recul de l'industrie, conduit à l'essor de la bisexualité et au phe´nome`ne transgenre.
Un livre qui s'efforce de comprendre, hors des sentiers trop fréquentés de l'idéologie, les paradoxes profonds de notre révolution.
La culture occidentale n'a cessé de représenter les manières dont l'amour fait miraculeusement irruption dans la vie des hommes et des femmes. Pourtant, cette culture qui a tant à dire sur la naissance de l'amour est beaucoup moins prolixe lorsqu'il s'agit des moments, non moins mystérieux, où l'on évite de tomber amoureux, où l'on devient indifférent à celui ou celle qui nous tenait éveillé la nuit, où l'on cesse d'aimer. Ce silence est d'autant plus étonnant que le nombre des ruptures qui jalonnent une vie est considérable.
C'est à l'expérience des multiples formes du « désamour » que ce livre profond et original est consacré. Eva Illouz explore l'ensemble des façons qu'ont les relations d'avorter à peine commencées, de se dissoudre faute d'engagement, d'aboutir à une séparation ou un divorce, et qu'elle désigne comme des « relations négatives ».
L'amour semble aujourd'hui marqué par la liberté de ne pas choisir et de se désengager. Quel est le prix de cette liberté et qui le paye ? C'est tout l'enjeu de cet ouvrage appelé à faire date, et qui prouve que la sociologie, non moins que la psychologie, a beaucoup à nous apprendre sur le désarroi qui règne dans nos vies privées.
Comment empêcher les hommes de bafouer les droits des femmes ? En matière d'égalité entre les sexes, qu'est-ce qu'un « mec bien » ? Il est urgent aujourd'hui de définir une morale du masculin pour toutes les sphères sociales : famille, entreprise, religion, politique, ville, sexualité, langage. Parce que la justice de genre est l'une des conditions de la démocratie, nous avons besoin d'inventer de nouvelles masculinités : des hommes égalitaires, en rupture avec le patriarcat, épris de respect plus que de pouvoir. Juste des hommes, mais des hommes justes.
« Un enfant est curieux. Il pose beaucoup de questions et il attend des réponses précises et convaincantes. On ne triche pas avec les questions d'un enfant. C'est en m'accompagnant à une manifestation contre un projet de loi sur l'immigration que ma fille m'a interrogé sur le racisme. Nous avons beaucoup parlé. Les enfants sont mieux placés que quiconque pour comprendre qu'on ne naît pas raciste mais qu'on le devient. Parfois. Ce livre qui essaie de répondre aux questions de ma fille s'adresse aux enfants qui n'ont pas encore de préjugés et veulent comprendre. Quant aux adultes qui le liront, j'espère qu'il les aidera à répondre aux questions, plus embarrassantes qu'on ne le croit, de leurs propres enfants ».
TBJ.
Vingt ans après la publication de l'édition originale de ce livre (1998), alors que plus d'un million d'exemplaires se sont écoulés de par le monde, une nouvelle édition s'imposait.
La voici, enrichie par l'expérience tragique de ces deux décennies, vingt années marquées notamment par l'entrée en scène du terrorisme islamiste et ses conséquences sur l'expression de la haine de l'autre.
Une édition refondue et augmentée pour comprendre mieux encore et pour mobiliser.
Naissons-nous égaux ? Des plus matérielles aux plus culturelles, les inégalités sociales sont régulièrement mesurées et commentées, parfois dénoncées. Mais les discours, qu'ils soient savants ou politiques, restent souvent trop abstraits. Ce livre relève le défi de regarder à hauteur d'enfants les distances sociales afin de rendre visibles les contrastes saisissants dans leurs conditions concrètes d'existence.
Menée par un collectif de 17 chercheurs, entre 2014 et 2018, dans différentes villes de France, auprès de 35 enfants âgés de 5 à 6 ans issus des différentes fractions des classes populaires, moyennes et supérieures, l'enquête à l'origine de cet ouvrage est inédite, tant dans son dispositif méthodologique que dans ses modalités d'écriture, qui articulent portraits sociologiques et analyses théoriques. Son ambition est de faire sentir, en même temps que de faire comprendre, cette réalité incontournable : les enfantsvivent au même moment dans la même société, mais pas dans le même monde.
Rendre raison des inégalités présentes dans l'enfance permet dès lors de retracer l'enfance des inégalités, autrement dit leur genèse et leur influence sur le destin social des individus. En donnant à voir ce qui est accessible aux uns et inaccessible aux autres, évident pour certains et impensable pour d'autres dans des domaines aussi différents que ceux du logement, de l'école, du langage, des loisirs, du sport, de l'alimentation ou de la santé, cet ouvrage met sous les yeux du lecteur l'écart entre des vies augmentées et des vies diminuées. Il éclaire les mécanismes profonds de la reproduction des inégalités dans la société française contemporaine, et apporte ainsi des connaissances utiles à la mise en oeuvre de véritables politiques démocratiques.
Sous la direction de Bernard Lahire, professeur de sociologie à l'École normale supérieure de Lyon (Centre Max Weber) et membre senior de l'Institut universitaire de France, avec la collaboration de Julien Bertrand, Géraldine Bois, Martine Court, Sophie Denave, Frédérique Giraud, Gaële Henri-Panabière, Joël Laillier, Christine Mennesson, Charlotte Moquet, Sarah Nicaise, Claire Piluso, Aurélien Raynaud, Fanny Renard, Olivier Vanhée, Marianne Woollven et Emmanuelle Zolesio.
Pouvons-nous réellement (ré-)habiter notre condition terrestre sans faire face à ce qui se joue au plus profond de nous-mêmes ? Si le capitalisme continue obstinément d'orchestrer une croissance économique mortifère et insoutenable, c'est qu'il se sert adroitement de nos fragilités existentielles. L'économie est en effet traversée d'enjeux tenaces et profondément enfouis, le plus souvent invisibles, comme le déni de la mortalité, la peur de la fragilité et de la souffrance, et l'angoisse du manque et de l'annihilation, qui peuvent court-circuiter notre capacité d'empathie et notre conscience environnementale pour faire de nous des êtres peu clairvoyants, impulsifs et parfois destructeurs.
La transition écologique implique dès lors non seulement des réformes structurelles de grande ampleur, mais aussi notre réinvention profonde en tant qu'êtres humains : nous avons à devenir lucides concernant les vulnérabilités existentielles qu'exploite en nous, à notre insu, le capitalisme croissanciste. Notre plasticité anthropologique nous aidera à y travailler collectivement, par des solutions non consuméristes ouvrant des horizons d'expérimentation radicale.
C'est de cette mutation humaine et d'un nouveau rapport à la mort, donc à la vie, que pourra émerger, grâce à une réconciliation avec notre finitude et celle de la Terre, une existence écologique post-capitaliste.
Comment devenons-nous ce que nous sommes ? De quoi héritons-nous exactement ? Choisissons-nous vraiment nos relations, ou est-ce l'inverse ? Autant de questions que la sociologie n'a cessé de se poser, à rebours de la vogue du développement personnel et des manuels qui confondent compréhension de soi et magie de l'auto-persuasion. Dans ce nouvel ouvrage, Wilfried Lignier suit les principales étapes de la genèse sociale d'une personne, c'est-à-dire la manière dont les institutions et les interactions forment progressivement notre intériorité. L'auteur discute et réélabore ainsi les concepts d'« habitus », de « reproduction », de« socialisation », ou d'« incorporation », en les croisant avec les thèmes de l'enfance et de la parenté, du genre et de la racialisation, de la violence, ou encore des relations entre langage et perception. L'identité de chacun et chacune, pour être unique, n'en apparaît pas moins comme profondément sociale. Par la révélation de notre condition relationnelle, se dessinent des possibilités réelles, parce que réalistes, de gagner en liberté individuelle et collective.
Macron et les Gilets jaunes ont ouvert une page nouvelle de l'histoire de France, qui mêle retour des luttes sociales et apathie politique, sursaut révolutionnaire et résignation devant les dégâts de l'euro, regain démocratique et menace autoritaire.
Pour la comprendre, Emmanuel Todd examine, scrupuleusement et sans a priori, l'évolution rapide de notre société depuis le début des années 1990 : démographie, inégalités, niveau de vie, structure de classe, performance éducative, place des femmes, immigration, religion, suicide, consommation d'antidépresseurs, etc.
Les faits surprendront. Les interprétations que propose l'auteur doivent, quant à elles, beaucoup à Marx, mais à un Marx mis « sous surveillance statistique ». À gauche, comme à droite, elles paraîtront à beaucoup étonnantes, amusantes, contrariantes, ou angoissantes. Cet empirisme sans concession conduit même Emmanuel Todd à réviser radicalement certaines de ses analyses antérieures.
À la lecture de ce livre riche, stimulant, provocateur, la vie politique des années 1992-2019 prend tout son sens : une longue comédie politique où s'invitent les classes sociales.
Bienvenue donc dans cette France du xxie siècle, paralysée mais vivante, où se côtoient et s'affrontent des dominés qui se croient dominants, des étatistes qui se croient libéraux, des individus égarés qui célèbrent encore l'individu-roi, avant l'inéluctable retour de la lutte des classes.
Aimer quelqu'un qui ne veut pas s'engager, être déprimé après une séparation, revenir seul d'un rendez-vous galant, s'ennuyer avec celui ou celle qui nous faisait rêver, se disputer au quotidien : tout le monde a fait dans sa vie l'expérience de la souffrance amoureuse. Cette souffrance est trop souvent analysée dans des termes psychologiques qui font porter aux individus leur passé, leur famille, la responsabilité de leur misère amoureuse.
Dans ce livre, Eva Illouz change radicalement de perspective et propose une lecture sociologique de la souffrance amoureuse en analysant l'amour comme une institution sociale de la modernité. À partir de nombreux témoignages, d'exemples issus de la littérature et de la culture populaire, elle dresse le portrait de l'individu contemporain et de son rapport à l'amour, de son fantasme d'autonomie et d'épanouissement personnel, ainsi que des pathologies qui lui sont associées : incapacité à choisir, refus de s'engager, évaluation permanente de soi et du partenaire, psychologisation à l'extrême des rapports amoureux, tyrannie de l'industrie de la mode et de la beauté, marchandisation de la rencontre (Internet, sites de rencontre), etc. Tout cela dessine une économie émotionnelle et sexuelle propre à la modernité qui laisse l'individu désemparé, pris entre une hyper-émotivité paralysante et un cadre social qui tend à standardiser, dépassionner et rationaliser les relations amoureuses.
Un grand livre de sciences sociales sur le destin de l'amour dans les sociétés modernes.
Depuis soixante ans, les dangers des pesticides pour la biodiversité et la santé sont avérés. Alors pourquoi notre modèle agricole et alimentaire reste-t-il toujours dopé aux pesticides ? Les Monsanto Papers l'ont montré, les lobbyistes du secteur entretiennent savamment le doute quant à la gravité de leurs impacts environnementaux et sanitaires. Mais l'influence des industriels n'est que la face émergée d'une machinerie plus vaste de production de l'ignorance, reposant moins sur la manipulation que sur un déni collectif favorisé par les protocoles officiels de l'évaluation des risques. Face à l'ampleur des données et des dangers potentiels, il devient plus confortable d'ignorer des pans entiers de la connaissance plutôt que d'assumer le vertige de leurs conséquences sur notre modèle agricole.
Au terme de ce voyage inédit au coeur de la fabrique de l'ignorance, l'auteur apporte des pistes et réflexions pour accélérer la transition vers une agriculture affranchie des pesticides.
En pleine épidémie de Covid, dans une maternité déserte, je me suis demandé si mon fils allait naître dans un monde irrémédiablement appauvri, sans le droit de se toucher ni de se rencontrer. Le confinement a été levé, mon fils est né, mais les « gestes barrières » sont restés. J'ai découvert l'immense continent des gestes de la maternité, tour à tour libérateurs et aliénants. J'ai alors commencé à réfléchir aux architectures tactiles, celles qui nous entravent et celles qui nous portent, et à imaginer une archéologie du toucher. L'amour et la perte, la tendresse et la violence, la transmission et la rupture, la naissance et la mort : et si l'on racontait notre vie sous l'angle des gestes qui la composent ? Des mains heureuses qui nous font et nous défont ?
La lecture pour le plaisir est un antidote majeur à l'émergence du « crétin digital ». Des centaines d'études montrent le bénéfice massif de cette pratique sur le langage, la culture générale, la créativité, l'attention, les capacités de rédaction, les facultés d'expression orale, la compréhension d'autrui et de soi-même, ou encore l'empathie, avec, in fine, un impact considérable sur la réussite scolaire et professionnelle. Aucun autre loisir n'offre un éventail de bienfaits aussi large. À travers la lecture, l'enfant nourrit les trois piliers fondamentaux de son humanité : aptitudes intellectuelles, compétences émotionnelles et habiletés sociales. La lecture est tout bonnement irremplaçable.
Michel Desmurget montre que nos enfants lisent de moins en moins, rejette l'idée qu'un écolier sait lire quand il sait déchiffrer et rappelle que lire c'est comprendre. Enfin, tout en reconnaissant l'importance de l'école, il souligne le rôle essentiel du milieu familial pour susciter puis entretenir le goût de la lecture chez l'enfant.
Ce premier ouvrage de synthèse grand public livre des informations capitales, pour les parents notamment, sans jamais les culpabiliser.
Passionnant et puissamment salutaire !
Michel Desmurget est docteur en neurosciences et directeur de recherche à l'Inserm. Il est l'auteur de plusieurs livres, dont le best-seller La Fabrique du crétin digital (Seuil, 2019 ; Points, 2020).
Hier comme aujourd'hui, l'individu ne peut vivre sans liens. Il passe sa vie à s'attacher ? ou à se rattacher après une rupture ? à sa famille tout d'abord, aux proches qu'il s'est choisis par nécessité, par amour ou amitié, à sa communauté ethnique ou religieuse, à ses collègues de travail ou à ses pairs, aux personnes qui partagent les mêmes origines géographiques, sociales ou culturelles, et bien entendu aussi aux institutions de son pays. Autrement dit, l'être humain est anthropologiquement solidaire. Ses attaches lui assurent à la fois la protection face aux aléas du quotidien, et la reconnaissance de son identité et de son existence sociale.
Dans le sillage de Durkheim, Serge Paugam définit l'attachement social comme le processus d'entrecroisement de ces différents types de liens. En redonnant à cette notion une assise à la fois théorique et empirique, cet ouvrage fondamental, nourri de dix ans de recherche internationale, éclaire les multiples manières qu'ont les individus et les groupes de faire société. Il montre que ces liens libèrent le plus souvent, mais peuvent aussi fragiliser ou oppresser, se rompre ou se compenser. Leurs forces et leurs faiblesses sont inégales selon les classes sociales et elles varient selon les normes que chaque société se donne.
Au terme d'une enquête comparative inédite à l'échelle mondiale (dans trente-quatre pays), Serge Paugam renouvelle ainsi la réflexion sur le développement social, les inégalités, les luttes et les formes de résistance à l'oppression. Et il interroge finalement l'ambition universaliste lorsque les frontières de la solidarité humaine s'élargissent à l'échelle de la planète.
L'espace-temps du politique change : la Terre et la multiplicité des êtres qui la composent font irruption dans les affaires humaines en réagissant aux assauts continus d'un front de modernisation mené par l'État-Capital. La condition moderne, portée par des droits anthropocentrés et des mesures politiques gouvernées par l'exploitation systématique des ressources naturelles et la mise au travail de tous les êtres, s'effondre.
En menant une vaste enquête à travers le monde, ce livre ouvre un autre chemin : penser et habiter notre condition terrestre. Des montagnes andines de Bolivie à la rivière Whanganui de Nouvelle-Zélande, de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes en France à l'archipel des îles de Kanaky-Nouvelle Calédonie, du fleuve Elwha aux États-Unis à la rébellion des zapatistes du Chiapas mexicain, les auteurs explorent les processus cosmopolitiques et les inventions institutionnelles qui redonnent à des communautés d'habitant-e-s les moyens d'habiter la Terre.
C'est alors tout le paysage politique de la modernité qui se déplace : l'individu devient personne relationnelle, la démocratie citoyenne et représentative devient l'assemblée multispécifique d'habitants, les peuples nationaux se transforment en peuples-rivières, peuples-montagnes ou peuples-archipels, la souveraineté de l'État se partage pour tenir compte des perspectives décoloniales, interspécifiques et écoféministes. Ces réinventions nous engagent à réhabiter autrement nos relations, nos affects, nos imaginaires afin de vivre une Terre en communs : une Terre faite de plusieurs mondes.
La figuration n'est pas tout entière livrée à la fantaisie expressive de ceux qui font des images. On ne figure que ce que l'on perçoit ou imagine, et l'on n'imagine et ne perçoit que ce que l'habitude nous a enseigné à discerner. Le chemin visuel que nous traçons spontanément dans les plis du monde dépend de notre appartenance à l'une des quatre régions de l'archipel ontologique : animisme, naturalisme, totémisme ou analogisme. Chacune de ces régions correspond à une façon de concevoir l'ossature et le mobilier du monde, d'en percevoir les continuités et les discontinuités, notamment les diverses lignes de partage entre humains et non-humains.
Masque yup'ik d'Alaska, peinture sur écorce aborigène, paysage miniature de la dynastie des Song, tableau d'intérieur hollandais du XVIIe siècle : par ce qu'elle montre ou omet de montrer, une image révèle un schème figuratif particulier, repérable par les moyens formels dont elle use, et par le dispositif grâce auquel elle pourra libérer sa puissance d'agir. Elle nous permet d'accéder, parfois mieux que par des mots, à ce qui distingue les manières contrastées de vivre la condition humaine. En comparant avec rigueur des images d'une étourdissante diversité, Philippe Descola pose magistralement les bases théoriques d'une anthropologie de la figuration.
La collection « Araborama », créée par l'Institut du monde arabe et les éditions du Seuil, rassemble journalistes, intellectuels, écrivains, artistes et illustrateurs pour explorer les réalités présentes, la pluralité et l'histoire du « monde arabe ».
« À l'heure où la Palestine semble abandonnée de tous, à commencer par les États arabes, nous avons choisi d'y retourner, comme une évidence. Pour raconter son peuple dispersé par l'histoire et les frontières. Nous avons voulu arpenter son territoire, divisé entre Gaza et la Cisjordanie avec Jérusalem pour centre introuvable, annexé par la colonisation israélienne et grignoté par le Mur de séparation.
Devenue le symbole de la colonisation dans un monde en train de se décoloniser dans la deuxième moitié du XXe siècle, la Palestine ne s'appartient pas. Elle est une cause, une source d'inspiration pour le monde entier. Le keffieh est le drapeau des révoltés. Palestinien n'est plus seulement une nationalité sans pays, c'est une condition et le refus de s'y plier, c'est une résistance obstinée de chaque instant et de chaque geste.
C'est du monde tel qu'il va mal dont la Palestine nous parle. La Palestine vit déjà à l'heure d'un monde aliéné, surveillé, encagé, ensauvagé, néolibéralisé. Les Palestiniens savent ce que c'est d'être un exilé sur sa propre terre. Apprenons d'eux ! ».
Extrait de l'introduction de Christophe Ayad.
Ont contribué à cet ouvrage : Hussein Adil, Rami Afifi, Sadia Agsous, Sarah Ahmed, Line Ajan, Sara Al Adayleh, Yara Al Najem, Sultan Al Ramahi, Mustapha Kamel Al-Sayyid, Reem Alani, Aliaa Ali, Karam Alksiri, Sara Allan, Dana Al-Sheyyab, Majd Al-Shihabi, Rijan Amro, Christophe Ayad, René Backmann, Tareq Baconi, Bertrand Badie, Cecilia Baeza, Benjamin Barthe, Farah Barqawi, Véronique Bontemps, Jean-Paul Chagnollaud, Mona Chalabi, Chérine Chams El Dine, Assala Chouk, Nathalie Coste Trin Dinh, Youssef Courbage, Sylvain Cypel, Leyla Dakhli, Sarah Daoud, Joan Deas, Alizée De Pin, Rama Duwaji, Youssef El Chazli, Ahmed El Habashy, Dorothée Engel, Jean-Pierre Filiu, Ghadi Ghosn, Sabyl Ghoussoub, Alain Gresh, Xavier Guignard, Mohamed Haïti, Narmeen Hamadeh, Maisan Hamdan, Sarah Handala, Zaha Hassan, Sarah Hatahet, Mary Hazboun, Roger Heacock, Jadd Hilal, Yara Hindawi, Bernard Hourcade, Mothanna Hussein, Derek Ide, Intibint, Bahij Jaroudi, Lena Kassicieh, Karim Kattan, Abdellatif Laabi, Adila Laïdi-Hanieh, Stéphanie Latte Abdallah, Henry Laurens, Marion Lecoquierre, Thomas Maineult, Camille Mansour, Léna Merhej, Aya Mobaydeen, Deena Mohamed, Clothilde Mraffko, Issam Nassar, Manoël Pénicaud, Sarah Qaed, Philippe Rekacewicz, William Sakhnini, Adnan Samman, Elias Sanbar, Shlomo Sand, Larissa Sansour, Othman Selmi, Leïla Seurat, Reem Shadid, Leïla Shahid, Erik Skare, Hana Sleiman, Marion Slitine, Ahmed Tawfik, Omar Tesdell, Achraf Touloub, Jana Traboulsi, Dominique Vidal, Mohamed Wahba Elshenawy, Marwa Yasin, Samuel Youssef, Zaid Zawaidah.
Illustration de couverture © Assala Chouk.
La Silicon Valley, coeur battant des nouvelles technologies, rythme le quotidien de milliards d'individus. Elle a transformé les façons de communiquer, de s'informer, de travailler, de se divertir et de s'aimer. Percées technologiques, marchés financiers, cours de justice, ses entreprises occupent le devant de la scène médiatique. De la conquête spatiale à l'informatique quantique, ses ingénieurs repoussent les frontières de l'infiniment grand et de l'infiniment petit. Ses scientifiques projettent la fin de la mort et travaillent au dépassement de l'humain par la machine.
Ce livre propose une immersion dans un univers qui inspire jusqu'à Hollywood, mais qui reste paradoxalement méconnu. Loin de s'arrêter à ses grands noms, il dépeint le parcours, la mentalité et les façons de faire de ceux qui bataillent quotidiennement dans un système hypersélectif pour séduire les investisseurs, embaucher les meilleurs développeurs et trouver la solution qui changera le monde.
Du Burning Man aux mobilisations anti-Tech, il offre une plongée dans un monde en perpétuelle révolution, riche de promesses et d'inquiétudes pour l'avenir.