Faire de la sociologie une science, tel était le souhait de Durkheim lorsqu'il publie en 1894 cet ouvrage dans la Revue philosophique. Appliquant le rationalisme scientifique aux phénomènes sociaux, la sociologie a pour vocation d'établir des lois de la vie sociale comme il existe des lois de la nature. Dans une introduction, François Dubet explique l'argument de Durkheim, ses lignes de force mais aussi les quelques aspects plus critiquables, plus d'un siècle après la publication du livre.
La Responsabilité est l'un des classiques les plus oubliés du corpus de l'école française de sociologie. Rédigé par Paul Fauconnet, l'un des principaux disciples d'Émile Durkheim, il reprend des leçons inédites du maître pour fournir une théorie générale et systématique de la responsabilité pénale d'un point de vue sociologique. Au fil de la démonstration, c'est pourtant bien plus qu'une réflexion sur le droit qui apparaît, l'auteur livrant finalement une théorie sociologique du libre-arbitre qui reconfigure le rapport établi habituellement entre déterminisme et sciences sociales. Le véritable projet sociologique, affirme Fauconnet, ne consiste pas à nier la liberté du sujet, mais à rendre compte des conditions socio-historiques produisant cette croyance, pour comprendre à quelles conditions elle peut être scientifiquement critiquée. Cette première édition commentée, accompagnée d'une présentation et d'un appareil de notes conséquent, guide le lecteur dans la redécouverte d'un texte magistral qui n'a rien perdu de son actualité.
Souvent décrite comme une révolution symbolique dans les sciences sociales, l'oeuvre de Bourdieu est aujourd'hui une référence qui y occupe, y compris pour ses détracteurs, une position dominante. Ce livre explicite classe et synthétise les réflexions issues des usages faits de sa « boîte à outils conceptuels » au fil d'un parcours sociologique et indique les perspectives qu'elles ouvrent. Bien qu'elle soit nécessairement pédagogique, il s'agit d'une « reprise » plutôt que d'une présentation synthétique. Elle s'interroge, en effet, sur les limites du « sens pratique », sur la distribution sociale de la « conscience réflexive », sur les mécanismes de la « violence symbolique », sur l'extension du concept de « champ », sur la multiplication des espèces de « capital », sur la définition des « classes sociales », mais elle laisse le chantier « ouvert » : les concepts peuvent et doivent, dans une certaine mesure, rester provisoires, ce qui ne signifie pas vagues, approximatifs ou confus. Dans le cadre de ce paradigme, « l'engagement sociologique » apparaît comme une conséquence pratique, assumée ou non, d'un exercice du métier de sociologue indissociable d'une démarche réflexive.
« «L'homme est un loup pour l'homme» ; qui donc, d'après toutes les expériences de la vie et de l'histoire, a le courage de contester cette maxime ? » « Sombre tableau, Malaise a la couleur de son temps ; la haine, l'agression, l'auto-anéantissement en donnent le ton psychanalytique. Sinistre présage, Freud dépose son manuscrit chez l'imprimeur en novembre 1929, tout juste une semaine après le «mardi noir» de Wall Street (29 octobre). Les derniers mots de la première édition conservaient malgré tout un vague espoir dans les effets de l'«Eros éternel», le grand rassembleur. Un an plus tard, lors de la seconde édition - les 12 000 premiers exemplaires ont été rapidement vendus, Freud est devenu un homme célèbre -, la dernière phrase ajoutée assombrit la perspective : entre les deux adversaires, Eros et la pulsion de mort, «qui peut présumer du succès et de l'issue ?» » (Extrait de la préface).
« L'éducation est l'action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de développer chez l'enfant un certain nombre d'états physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble et le milieu spécial auquel il est particulièrement destiné. » Ce volume rassemble quatre études exposant les idées maîtresses de Durkheim dont l'intérêt est toujours d'actualité quant aux problèmes abordés et par la manière à la fois raisonnable et optimiste de chercher à les résoudre. Un classique de la pédagogie et de la sociologie.
Pourquoi les mythes du complot envahissent-ils l´esprit de nos contemporains ? Pourquoi le traitement de la politique tend-il à se « peopoliser » ? Pourquoi se méfie-t-on toujours des hommes de sciences ? Comment un jeune homme prétendant être le fils de Mickael Jackson et avoir été violé par Nicolas Sarkozy a-t-il pu ètre interviewé ã un grand journal de 20 heures ? Comment, d´une façon générale, des faits imaginaires ou inventés, voire franchement mensongers, arrivent-ils à se diffuser, à emporter l´adhésion des publics, à infléchir les décisions des politiques, en bref, à façonner une partie du monde dans lequel nous vivons ? N´était-il pourtant pas raisonnable d´espérer qu´avec la libre circulation de l´information et l´augmentation du niveau d´étude, les sociétés démocratiques tendraient vers une forme de sagesse collective ?
Cet essai vivifiant propose, en convoquant de nombreux exemples, de répondre ã toutes ces questions en montrant comment les conditions de notre vie contemporaine se sont alliées au fonctionnement intime de notre cerveau pour faire de nous des dupes. Il est urgent de le comprendre.
Durkheim analyse " le rôle que les groupements professionnels sont destinés à remplir dans l'organisation sociale des peuples contemporains ". Constatant le développement des fonctions économiques dans la société, il plaide pour une moralisation et une normalisation des relations entre les différents acteurs de la vie économique. Son analyse est encore de nos jours d'une pertinence confondante, ainsi que le relève Serge Paugam dans sa préface, il insiste sur l'importance de l'analyse et sur la méthode de Durkheim.
Dans la passionnante Introduction à l'oeuvre de Marcel Mauss, Claude Lévi-Strauss rappelle : « L'influence de Mauss ne s'est pas limitée aux ethnographes, dans le domaine des sciences sociales et humaines, une pléiade de chercheurs français lui sont redevables de leur orientation. » C. Lévi-Strauss insiste sur « ce qu'on aimerait appeler le modernisme de la pensée de Mauss », sur sa détermination à imposer « la notion de fait social total », sur « le souci de définir la réalité sociale, mieux encore, de définir le social comme la réalité ».
Quel est l'héritage de Pierre Bourdieu aujourd'hui ? Quel apport son oeuvre fournit-elle à l'élaboration contemporaine de nouvelles théories et de nouvelles politiques ? La pensée de l'auteur de La distinction continue à servir de point d'ancrage à ceux qui entendent fournir des instruments de réflexion et de critique de la réalité.
Chacun à leur manière, Annie Ernaux, Didier Eribon, Arlette Farge, Frédéric Lordon, Geoffroy de Lagasnerie, Frédéric Lebaron et Édouard Louis montrent à quel point Pierre Bourdieu constitue une source inépuisable pour aborder des sujets aussi divers et actuels que la domination et la reproduction sociale, les rapports de classe, les théories de la reconnaissance et de la justice, l'amour et l'amitié, les luttes et les mouvements sociaux, la politique et la démocratie, etc. Ces textes s'efforcent de mettre au jour ce que Pierre Bourdieu a rendu pensable et visible bien au-delà de la sociologie, c'est-à-dire dans tous les espaces de la création : la littérature, l'art, l'histoire ou encore la philosophie.
Faire vivre Bourdieu, ce n'est pas seulement faire vivre une doctrine.
C'est avant tout réactiver une attitude : l'insoumission.
La France a longtemps été réticente au télétravail, mais la pandémie a fait office d'accélérateur, jusqu'à convaincre la plupart des salariés et des employeurs. En deux ans, la part des actifs qui télétravaillent a doublé. Les modalités se stabilisent et le télétravail s'installe durablement dans la société. Il renouvelle le rapport au travail, invite à repenser les bureaux et les logements, transforme les quotidiens, modifie les interactions, brouille les frontières des temps sociaux et suscite des changements de vie. Ce livre recueille les points de vue de sociologues, géographes, anthropologues, urbanistes, économistes, syndicalistes et représentants du patronat. Il analyse les conséquences à moyen et long terme de la dissociation entre travail et lieu de travail en explorant trois grands champs : les répercussions du télétravail sur les entreprises, ses conséquences sur les quotidiens et son impact sur la géographie des lieux de vie et des activités économiques.
Les fêtes populaires renforcent le lien social en réunissant les populations dans une effervescence joyeuse. Cet ouvrage étudie la dynamique culturelle et économique des fêtes de Bayonne, l'un des principaux événements festifs européens. La première partie retrace l'histoire des fêtes en soulignant leur caractère culturel singulier et l'impact des militants basques sur son évolution récente, qui aboutit à la « belle fête » conviviale actuelle. La deuxième partie met en lumière les conditions économiques de l'événement et les raisons sociales qui lui permettent d'échapper à l'emprise de l'industrie culturelle. Enfin, l'ouvrage propose une ethnographie du déroulement des fêtes en suivant les différents mouvements de la foule festive. Il se conclut par une esquisse de la sociologie de la joie, émotion qui scelle et magnifie le plaisir d'être ensemble.
Cet ouvrage s'attache à présenter l'état de la discipline en proposant une analyse de ses conditions d'émergence et d'institutionnalisation, une interrogation sur son statut scientifique et une description des différentes méthodes d'enquête dont elle dispose. Il contient également une cartographie des courants théoriques qui témoignent de la diversité et de la richesse des questionnements à l'oeuvre sur les faits sociaux. Enfin, à partir de neuf objets classiques de la discipline (la famille, l'école, le travail...), il tente de dresser un état des connaissances sur les phénomènes les plus importants de la vie sociale et confronte analyses théoriques et travaux empiriques, en s'appuyant sur des auteurs et des textes de référence, des données et des travaux récents.
" Une religion est un système de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale, appelée Église, tous ceux qui y adhèrent. Le second élément qui prend ainsi place dans notre définition n'est pas moins essentiel que le premier ; car en montrant que l'idée de religion est inséparable de l'idée d'Église, il fait pressentir que la religion doit être une chose éminemment collective. "
Comment comprendre les métamorphoses et les formes actuelles de la croyance ?
Pourquoi certaines croyances se diffusent-elles rapidement dans l'opinion publique et d'autres non ? Quels sont les contextes sociaux qui favorisent l'émergence des croyances ?
Ce livre propose plusieurs réponses à partir de divers exemples décrivant les logiques qui sous-tendent nos adhésions cognitives et les phénomènes collectifs qui les favorisent. L'ouvrage théorise également l'idée que l'empire des croyances se distingue en grande partie de la déraison.
Texte phare des sciences sociales, l´Essai sur le don, publié en 1925, a immédiatement suscité de nombreux commentaires. Ouvrant la sociologie durkheimienne à l´analyse ethnographique, il inscrit les sociétés du Pacifique, du potlatch amérindien à la kula mélanésienne, dans la culture occidentale.
Dans une présentation essentielle, Florence Weber le situe dans l´histoire scientifique et politique du XXe siècle, et propose au lecteur d´explorer l´archipel des prestations sans marché.
Les Leçons de sociologie d'Émile Durkheim sont, comme leur nom l'indique, un cours, un livre d'enseignement plus qu'un travail de recherche inédit.
La morale professionnelle, la morale civile (définition de l'État, rapport de l'État et de l'individu, patrie, démocratie), les devoirs généraux indépendants de tout groupement social, le droit de propriété, le droit contractuel et la morale contractuelle sont ici traités avec méthode et dans un esprit systématique d'apprentissage des principes de la sociologie au premier rang desquels sont la définition et l'observation des faits.
Ce " retour aux sources " de la connaissance des sociétés humaines permet enfin de comprendre l'influence intellectuelle de Durkheim au-delà des frontières formelles de la sociologie et son engagement dans la construction puis l'interprétation du " fait social ".
Comment vivent les familles fortunées ou moins fortunées de ce que l'on appelle la grande bourgeoisie et l'aristocratie française ? Quels sont leurs réseaux de relations, leurs codes de reconnaissance et d'appartenance à ce milieu social ? L'originalité de l'ouvrage tient aux dix années d'enquêtes et d'entretiens dans cet « espace social ». C'est aussi une analyse du regard que ces familles portent sur elles-mêmes à travers les divers articles qu'elles suscitent dans les médias. Les auteurs expliquent la pratique des entretiens, l'observation, et l'écriture de cette enquête exemplaire.
L'ouvrage regroupe cinq textes majeurs de Marcel Mauss, rédigés entre 1921 et 1938, qui explorent la possibilité d'une coopération entre psychologie et sociologie à partir de l'analyse précise d'une documentation ethnographique et historique. Depuis l'expression obligatoire des sentiments dans les cérémonies funéraires australiennes jusqu'à l'histoire de la notion de personne comme catégorie de l'esprit humain, en passant par l'étude du rapport des individus à l'avenir dans différents contextes socio-historiques et par la genèse sociale des relations de hiérarchie et de rivalité, Mauss a tenté de construire avec les psychologues et les anthropologues de son temps, généralement formés en médecine, un modèle de l'homme bio-psycho-social avant de se tourner vers la psychologie historique et l'histoire des techniques.
Cet ouvrage montre l'apport décisif de Marcel Mauss à la psychologie sociale.
La théorie de la reproduction sociale admet des exceptions dont il faut rendre compte pour en mesurer la portée. Cet ouvrage a pour but de comprendre philosophiquement le passage exceptionnel d'une classe à l'autre et de forger une méthode d'approche des cas particuliers. Il analyse les causes politiques, économiques, sociales, familiales et singulières qui concourent à la non-reproduction sociale, ainsi que leurs effets sur la constitution des individus transitant d'une classe à l'autre.
A la croisée de l'histoire collective et de l'histoire intime, cette démarche implique de cerner la place dans la classe, le jeu des affects et des rencontres, le rôle des différences sexuelles et raciales. Elle invite à briser l'isolement disciplinaire pour appréhender la singularité au carrefour de la philosophie, de la sociologie, de la psychologie sociale et de la littérature. Elle requiert la déconstruction des concepts d'identité sociale et personnelle au profit d'une pensée de la complexion et du métissage des déterminations.
À travers la figure du transclasse, c'est ainsi toute la condition humaine qui est éclairée sous un nouveau jour.
À partir de l'expérience de Mariette, sa grand-mère, et du portrait cinématographique réalisé par son frère, le réalisateur Christophe Reyners, Nathalie Zaccaï-Reyners, sociologue, entreprend un parcours réflexif sur les ressorts du soin apporté à nos aînés et les conditions de leur accueil en institution. S'appuyant sur différents travaux de sciences sociales et humaines, mais aussi de philosophie morale et politique, visitant des expériences extraordinaires et innovantes, discutant les fondements des politiques publiques de ces vingt dernières années, ce parcours interroge les conditions de possibilités d'un accueil souhaitable, tant pour les personnels engagés dans le soutien aux personnes âgées que pour le maintien d'un environnement vivant pour ces derniers comme pour leurs proches.
Une question de sociologie s'intéresse, par définition, à ce qui constitue la dimension sociale de l'existence humaine, mais relève d'un travail d'objectivation ne pouvant se concevoir sans un regard distancié et critique par rapport au sens commun. Pour répondre à cinquante de ces questions, cet ouvrage, dans un souci pédagogique permanent, mobilise le savoir accumulé à partir des recherches menées. Conçu à l'occasion du dixième anniversaire de la revue Sociologie, il traduit le dynamisme et la richesse de la discipline, et une volonté collective de définir et d'éclairer les questions majeures qui traversent notre société.
Parce qu'écrire c'est s'engager, tout auteur doit nécessairement se demander comment, par sa pratique, ne pas participer à la reproduction d'un monde traversé par des systèmes de domination, d'exploitation et de violence.
En examinant ce que signifie de vivre une bonne vie intellectuelle dans un monde mauvais, Geoffroy de Lagasnerie élabore un ensemble d'analyses radicales sur l'autonomie de la culture, sur la valeur du savoir et de la vérité, sur la possibilité de concevoir une pratique de connaissance qui soit en même temps oppositionnelle, ou encore sur les rapports de l'intellectuel aux luttes.
Lorsqu'il suspend l'adhésion spontanée à ce qu'il est, tout auteur se pose nécessairement un jour ou l'autre ces questions troublantes : mais au fait...
à quoi sert ce que je fais ? Quels sens ont l'art, la culture et le savoir - et à quelles conditions ont-ils du sens ?