Depuis une quinzaine d'années, les études sur les ibadites se sont multipliées, favorisées notamment par l'édition de sources autrefois difficilement accessibles. Alors que la plupart des publications s'interrogent sur les origines de l'ibadisme, sur sa théologie et son histoire médiévale, ce numéro traite de la place qu'occupe aujourd'hui dans la société nord-africaine cette minorité religieuse, à laquelle le contexte politique très turbulent de ces dernières années impose de nouveaux défis.
Après un lent recul géographique entamé au lendemain de la chute de Tahert en 909, les Berbères ibadites se sont finalement concentrés dans trois régions bien particulières, caractérisées par un certain isolement, au nord-ouest de la Libye, en Tunisie et en Algérie. Dans les trois cas, ils vivent aux côtés des musulmans malikites ; à Djerba, ils côtoient également une petite communauté juive. Réputés pour leur discrétion, les ibadites sont la plupart du temps inconnus des autres musulmans, même au sein des pays dans lesquels ils vivent, ou demeurent si méconnus que certains préjugés historiques perdurent.
Les études réunies dans ce volume permettent de souligner ce qui rapproche fortement les trois régions ibadites et ce qui les différencie les unes des autres. Elles ont été rédigées par des chercheurs confirmés, mais aussi des gens très éloignés des milieux académiques qui ont accepté de décrire la minorité ibadite à laquelle ils appartiennent et/ou d'enquêter sur leur région natale.
Chirurgie esthétique, body art, activisme anti-poids, consommation de stéroïdes, "relookages" et stratégies anti-vieillissement : la "fabrique" des corps est plus que jamais une réalité. Anastasia Meidani nous invite à en explorer toutes les facettes à travers un double parcours, dans les médias et dans l'univers de la forme. Des modèles d'esthétisme collectif, véhiculés par les magazines, aux Centres de Remise en Forme, l'auteur analyse le lien étroit entre pratiques sportives, alimentaires et esthétiques. Une recherche déterminante, à l'heure où la maigreur érigée en norme a conduit certains pays à légiférer sur les défilés de mode et où le culte de l'extrême minceur a mené plusieurs jeunes femmes à la mort.
Ce numéro s'inscrit dans le cadre de travaux de chercheurs maghrébins et européens consacrés à l'étude et à l'histoire des pratiques alimentaires au Maghreb et en Méditerranée, que la revue Horizons Maghrébins a entamés en 2006, à travers quatre livraisons thématiques qui ambitionnent de combler un vide en la matière et d'enrichir significativement le domaine traité. Cette 4e partie de la série « Manger au Maghreb » a pour objectif d'examiner les différents aspects d'une question aussi importante que complexe : la place des fruits et légumes dans l'alimentation, d'un point de vue autant historique que socio-économique et culturel. Cette étude, nécessairement pluridisciplinaire, touche de nombreux domaines : l'agriculture et les sciences de la terre, le commerce, l'alimentation, la santé, la cuisine, la préservation de l'environnement, la biodiversité des écosystèmes, etc. D'un point de vue diachronique, les questions abordées traitent de l'alimentation végétale des Maghrébins et Méditerranéens depuis les temps les plus reculés : du Néolithique à l'époque contemporaine, en passant par le Moyen Âge et les périodes précoloniale et coloniale.
Le titre de cet ouvrage, inspiré d'une chanson de la très célèbre Fairuz qui évoque avec mélancolie les interrogations portées par le printemps à venir, est un clin d'oeil aux événements des printemps arabes qui, à partir de la fin 2010, ont amené de profondes transformations des sociétés de la région - y compris là où les anciens régimes se sont maintenus. Parmi ces transformations, l'émergence de nouveaux imaginaires incarnés dans les rues et les squares ou inscrits sur les murs et, avec eux, l'élaboration d'autres futurs possibles. Les articles rassemblés dans ce volume prennent au sérieux l'imagination et l'anticipation comme pratiques sociales inscrites dans la vie quotidienne. Ils examinent, à partir d'enquêtes de terrain approfondies, comment ces pratiques sont parfois performatives, et font advenir de nouvelles manières de penser et faire le politique. Ils se penchent sur la manière dont les imaginaires peuvent représenter une échappatoire par rapport aux contraintes quotidiennes ; mais aussi comment, inversement, ils reproduisent et perpétuent souvent les normes sociales et les stéréotypes existants dans les sociétés qu'ils critiquent. Enfin, ils explorent la manière dont les futurs (im)possibles s'élaborent dans l'art.
L'amour se vit et se fait.
Mais comment se dit-il ? a travers la parole de français ordinaires, anne-claire rebreyend explore les frémissements du coeur, les élans du corps, et analyse les multiples combinaisons du désir et du plaisir. en exploitant des archives autobiographiques inédites (journaux personnels, récits de vie, correspondances), cet ouvrage pionnier d'histoire culturelle et sociale porte un regard neuf sur les pratiques et les représentations amoureuses dans la france des années 1920 aux années 1970.
Cette histoire n'est pas seulement celle de la " libération sexuelle ", mais d'abord celle d'une libération des discours sur l'intime, ce "privé du privé" des individus.
L'Inde est sujet de désir avant que d'être objet de savoir. Jeunes gens pris par le désir de la route, mystiques à la recherche d'expériences radicales ou simplement voyageurs en quête de nouveautés, tous aiment à raconter les moments inoubliables qu'ils y ont vécus. Mais l'Inde d'aujourd'hui, c'est d'abord une vraie démocratie, des industries et des universités de pointe, des problèmes démographiques et environnementaux, une question religieuse aiguë et des transformations inédites de la caste. L'imaginaire européen de l'Inde ne doit pas cacher les réalités d'un pays qui est un monde à lui seul.
Au tournant du troisième millénaire, la reprise des activités minières dans de nombreux pays latino-américains fait écho à l'importance que ce sec- teur a pu avoir durant la période coloniale, aussi bien sur un plan social et économique que géopolitique. Le question des retombées en termes de développement des espaces concernés, d'impacts environnementaux et d'amélioration (ou pas) des conditions de vie des populations locales, s'articule avec celle du rôle joué par les autorités (quel que soit le niveau territorial de gestion politique) et par les entreprises étrangères qui pilotent les sites miniers et, ce faisant, bien souvent, la vie socio-économique locale.
Ce triptyque d'acteurs - État, entreprises, populations locales - constitue la pierre angulaire de l'organisation matérielle et politique de l'activité mi- nière. Cette dernière interroge la relation aux ressources locales et à leur exploitation, qui dépendent de schémas socio-culturels très divers et dont les enjeux sont profitables ou subis selon le groupe d'acteurs. Les jeux de pouvoir et les liens qui unissent ces acteurs se situent entre résistance et légitimation, appui et rejet ; ils sont portés à la fois par les discours et les actions qui configurent les modalités de l'activité minière et ses retombées socio-spatiales.
La réforme générale des politiques publiques (RGPP) a profondément modifié la géographie des services publics dans l'espace rural par le biais de la réduction du nombre d'agents présents dans les territoires, le retrait et le redéploiement des services. Les auteurs de ce numéro ont cherché à comprendre, sur des territoires précis - quatre pays de la Région Midi-Pyrénées - quels étaient les logiques à l'oeuvre et les impacts des réformes des services publics de la gendarmerie, La Poste, l'éducation et la santé.
La présente livraison de Sciences de la Société s'attache ainsi à décrire les conséquences du modus operandi des services de l'Etat sur la vie quotidienne des citoyens de l'espace rural midi-pyrénéen et à comprendre les représentations que les usagers se font de ces transformations. Le point de vue des élus et plus généralement des acteurs socio-économiques est aussi en filigrane de ce travail, car l'Etat compte beaucoup sur la capacité d'innovation des collectivités locales pour suppléer, voire améliorer la qualité et la présence des services y compris dans les domaines de sa compétence directe.
Cette approche régionale de la question des services publics est complétée par une mise en perspective à l'échelle nationale et européenne.
Les migrants internationaux pauvres ont compris le refus d'hospitalité des nations riches. Un grand nombre d'entre eux - autour de 200 000 annuellement pour la France, 600 000 pour l'Europe - ne se présentent plus à nous comme é- ou immigrants, mais comme transmigrants. En perpétuel mouvement entre nations, ils sont devenus les colporteurs du capitalisme marchand moderne. Qui serait plus qualifié que les transmigrants pauvres pour offrir aux grandes firmes mondiales le vaste marché des pauvres, leur milieu naturellement proche, en passant en Europe, à leurs risques, des produits totalement hors taxes et hors contingentements ? Les majors de l'électronique du Sud-Est asiatique ne s'y sont pas trompés en développant l'économie mondiale " horizontale " du poor to poor, " l'entre-pauvres ".
A la rencontre des pauvres, ils circulent en France dans les quartiers enclavés, accueillis par des jeunes descendants des immigrants des années 60, qui se reconnaissent de moins en moins dans l'histoire collective que la nation leur propose. Le cosmopolitisme né de ces côtoiements engendre, parmi ces jeunes, une nouvelle sorte d'étrangers qui suivent, sur les chemins européens, les transmigrants du poor to poor, et collaborent aux initiatives des nouveaux migrants internationaux en inaugurant des dispositifs sociaux originaux.
Pour certains la route entre les nations, dans un contexte de mondialisation et de transformation des migrations, devient une perspective de " sortie par le bas ".
Ce numéro offre à chaud le point de vue des minorités chrétiennes en Égypte au sujet du printemps du Caire. Il aborde par ailleurs une grande figure de la littérature mondiale injustement ignorée, comme le signale l'écrivain espagnol Juan Goytisolo : Edmond Amran El Maleh.
Les auteurs associés au dossier sur la figure littéraire d'Edmond Amran El Maleh sont des écrivains et poètes de renommée internationale (Tahar Ben Jelloun, James Sacré, Juan Goytisolo et Andrès Robayna), mais aussi des universitaires de l'autre rive de la Méditerranée, spécialistes de l'oeuvre de ce grand écrivain marocain, juif d'expression francophone : Anouar Ben Msil, Abdallah Baïda, Noureddine Bousfihan, Ghyslaine Haddouch...
Contrairement à ce que l'on croit souvent, le marché ne fait pas que dissoudre des liens mais en crée de nouveaux. Partout, communautés de clients, sites de rencontre, régulations marchandes, cartes de fidélité, cadeaux d'entreprise, associations professionnelles, outils du marketing viral, réseaux sociaux électroniques, contrats commerciaux, inventent et font proliférer des formes de liens inédites à partir de la rencontre entre les partenaires de l'échange.
Il convient donc d'étudier comment le marché " fait et " défait " société, et donc " refait " cette dernière, et d'explorer in fine les conséquences de telles transformations. Tel est le programme suivi par l'ouvrage, en trois volets. Le premier fournit des cadres d'analyse et des exemples pour mieux penser et comprendre la façon dont le lien s'inscrit au coeur du marché. Le second volet explore les différentes facettes du marketing du lien, d'abord sur Internet, avec toutes les techniques du marketing viral ou de la captation marchande des " blogueurs ", puis sous d'autres formes, qui vont des techniques classiques de fidélisation à l'usage des cadeaux comme moyen de développer les relations commerciales.
Enfin, le troisième volet porte sur les relations étonnantes qui se nouent entre lien, affect et marché, du côté de l'assurance-vie et du crédit, mais aussi de l'accueil et de la détention des objets marchands dans notre vie intime, voire de la formation des liens amoureux.
Mondialisation tout en vivant leurs propres mutations, ruptures, conflits, fragmentations. Comment travailler sur des terrains de recherche "d'ici" et de "là-bas" ? A partir de recherches en France, au Québec, au Maroc, en Chine, à Singapour, en Bulgarie, au Liban, en Afrique centrale, en Indonésie, est proposée dans cet ouvrage une théorie du cosmopolitisme méthodologique pour penser les dynamiques à la fois locales et globales propres à des terrains de recherche perçus, représentés comme proches ou lointains.
La méthode sociologique est définie ici dans toute son ampleur comme théorie en actes émancipée de toute forme d'hégémonie occidentale afin de comprendre la pluralité des sociétés et s'inscrire dans un vrai processus d'internationalisation des sciences sociales.
L'Observatoire mondial des Médias sur le Genre - Global Media Monitoring Project ou GMMP- à laquelle ont participé plusieurs contributrices de ce dossier, le présent numéro de Sciences de la Société analyse la dialectique entre la société et des médias qui, descriptifs et prescriptifs, ne se contentent pas de " refléter " le réel mais contribuent à sa fabrication.
Dans les années soixante, les féministes accusaient les médias de conforter la domination masculine et la société patriarcale en maintenant les femmes dans des jeux de rôle convenus. Cinquante ans plus tard, si l'étau des assignations " genrées " s'est desserré, la place des médias dans la socialisation des individus s'est affirmée, rendant leur analyse plus que jamais nécessaire.
Démarches artistiques in situ, devoir de mémoire, investissement communicationnel des territoires, autant d'actions ou d'expériences pour repenser notre rapport à l'espace et au temps. Mais, entre injonctions mémorielles, commémorations et oublis, comment penser réellement les traces du passé dans le présent ?
Ce numéro de Sciences de la Société est articulé autour de trois thèmes : actions ou créations artistiques, acte mémoriel et ancrage territorial, et de quatre entrées, qui questionnent successivement l'urbain, le culturel, le patrimoine et l'identité. Il s'agit ainsi d'envisager la reconfiguration d'une oeuvre d'art par l'espace dans lequel elle s'inscrit et/ou la mémoire qu'elle mobilise, et d'analyser la construction culturelle d'un territoire - ou ses représentations imaginaires, et la (re)construction d'une mémoire, à partir d'un médium (oeuvre artistique, photographie, cinéma, etc.).
Ce sont quelques-unes des relations entre art, mémoire et territoire que les chercheurs abordent ici, par un travail de terrain, en créant des chemins de traverse pour raconter ou revisiter de singulières histoires, voire l'Histoire ; celles des hommes et des lieux.
La santé est un enjeu majeur de notre vie quotidienne, tant dans la sphère privée que publique, et les scandales de ces dernières années (du sang contaminé au Médiator) témoignent de cette préoccupation grandissante. Recherche d'épanouissement personnel, exploitation optimale des capacités de chacun, sensibilité accrue aux risques, exigence de protection et de bien-être : tous ces éléments attisent le débat autour des dispositifs de prévention, d'entretien, de promotion ou de réparation. La sociologie ne saurait rester à l'écart de ces questions. Le présent ouvrage se propose d'analyser en profondeur les inégalités face à la santé, le fonctionnement du système de soins et l'évolution actuelle des pratiques (tensions entre cure et care, brouillage des frontières entre normal et pathologique, etc.). Il aborde aussi des questions éminemment sensibles : nouvelles lois de bioéthique, prise en charge croissante de la mort par l'hôpital, vieillissement, problèmes liés au handicap et à la dépendance. Véritable introduction à une sociologie de la santé et du « vivre ensemble », ce livre en prise directe avec la recherche la plus récente a pour ambition de devenir un outil de référence destiné aux étudiants et aux chercheurs en sociologie, mais aussi aux très nombreux acteurs intervenant dans le domaine de la santé.
L'information économique, environnementale et sanitaire est à l'affiche.
D'un côté, on assiste à l'affirmation d'un consommateur de plus en plus actif à la recherche d'appuis cognitifs susceptibles de soutenir son engagement dans l'action. De l'autre, les acteurs institutionnels publics ou privés tentent de porter leur voix sous forme d'affichage, d'emballage ou d'étiquettes. Paradoxalement, ces deux mouvements sont à la fois convergents et contradictoires : est-il possible de concilier des formes de communication descendante et unilatérale avec l'expression de publics en quête d'interactivité ? Telle est l'une des questions qu'aborde ce numéro sur les dispositifs sociotechniques d'affichage, d'emballage et d'étiquetage.
Les supports informationnels à destination des publics forment des espaces ambigus, où se croisent et se combinent souvent les voix des régulateurs et des acteurs de l'offre, du droit et du marché. Pour aborder ces supports et en saisir les enjeux, il convient d'en éclairer l'histoire, d'en explorer les formes, de s'interroger sur l'agencement des différents niveaux d'inscription (de l'affichage à l'étiquette, en passant par l'emballage et la signalétique), de rendre compte du jeu des régulations publiques et des initiatives privées, de l'investissement de l'étiquetage par les consommateurs comme lieu d'information consumériste ou d'expression politique, voire d'examiner l'émergence de formats informationnels nouveaux, largement soutenus par les nouvelles technologies (smartphones, sites internet) qui semblent sortir l'affichage de plus d'un siècle de communication unilatérale et asymétrique pour l'ouvrir à des formes inédites d'interaction avec les usagers.
Les usagers s'approprient les bibliothèques selon des modalités qui correspondent rarement aux attentes des professionnels.
Ils y entrent avec ce qui les constitue : des habitudes de lecture, des demandes et des besoins particuliers, des origines sociales, un rapport spécifique au temps. Entre l'instant où ils en franchissent l'entrée et celui où ils en sortent, des parcours s'ébauchent, inscrits dans les espaces du lieu ; des relations singulières aux objets et aux personnes s'instaurent, des préférences s'expriment concrètement.
Au gré d'une enquête ethnographique rigoureuse et vivante, cet ouvrage suit pas à pas les pratiques effectives des utilisateurs d'une bibliothèque universitaire française, celle de l'université de lettres et sciences humaines de Toulouse. Bien au-delà de la simple étude de cas, l'ouvrage alimentera la réflexion en cours sur le rapport des jeunes au livre et au savoir, dans un contexte marqué par l'essor du numérique et du multimédia, et par celui du nomadisme culturel.
Cette analyse des pratiques du public " réel d'une bibliothèque fournira des outils précieux aux professionnels de la documentation et aux enseignants, mais aussi, de façon plus générale, à tous ceux qui s'intéressent de près à la sociologie contemporaine des pratiques culturelles.