Notre siècle a été volcanisé par deux grandes guerres et, aujourd'hui, nous sommes confrontés à des crises qui s'enchaînent, se combinent, se heurtent les unes les autres. La crise politique, la crise culturelle, la crise écologique, la crise morale, la crise planétaire sont autant d'aspects de l'être, désormais crisiaque, de nos sociétés.
Edgar Morin a consacré une grande partie de son oeuvre à traiter et à diagnostiquer la crise. La crise est présente dans ses premiers travaux, bien avant qu'il la théorise. Dans les années 1960, il effectue des enquêtes « à chaud » au moyen de méthodes d'observation quasi cliniques (voir La Métamorphose de Plozévet, Mai 68 et La Rumeur d'Orléans) qui le conduisent à formuler les principes d'une crisologie.
Le thème de la « crise » va guider le parcours de cet ouvrage qui porte sur la pensée politique et sociale d'Edgar Morin. Aujourd'hui, la crise de la mondialisation techno-économique, la crise du coronavirus et, depuis février 2022, l'invasion de l'Ukraine par la Russie accentuent les risques de régressions. Nous vivons dans des sociétés travaillées par des crises qui mettent en péril l'avenir de l'humanité. Le monde s'est engagé dans une voie sans issue. Il est temps de changer de voie. Une nouvelle Voie s'impose, selon Edgar Morin, comme une urgence indispensable (voir Une politique de civilisation, La Voie et Changeons de voie).
Ce livre donne la parole aux jeunes. Dans une série d'entrevues semi-dirigées avec des étudiants et des étudiantes d'universités et de cégeps, l'auteur leur a permis de s'exprimer sur leur compréhension du phénomène, sur leurs valeurs, sur les caractéristiques de la société future idéale et sur les conditions pour y parvenir. Quels changements sont nécessaires ? Quels changements sont acceptables ? À quelles conditions ? Qu'il s'agisse de comportements sociaux, d'alimentation, de transport ou autre, qu'il s'agisse de contrôle social, d'éducation ou de technologie, les jeunes interrogés nous parlent. Nous devons les écouter.Le réchauffement climatique est probablement le plus grand défi auquel l'humanité est confrontée et les bouleversements qu'il va occasionner nous contraignent à remettre en question notre mode de vie qui en est la cause directe et qui épuise les ressources de notre planète. Malheureusement, la croissance économique est un dogme, alors que nous devrions plutôt réfléchir en matière de qualité de vie, de sobriété et même, pour certains, de décroissance. Dans ce contexte, il est essentiel de comprendre ce que souhaitent les jeunes, car ce sont surtout eux qui auront à vivre avec les conséquences des choix que nous faisons actuellement.
La prospective stratégique est une discipline qui consiste à explorer les différents avenirs possibles afin de mieux anticiper les changements, à se prémunir des éventuelles difficultés et se préserver contre des erreurs. Sa finalité est d'aider à agir au présent, en tenant compte des conséquences et de l'impact de nos actions. En bref, son objectif est de contribuer à construire le futur que nous voulons - ce qui pose un redoutable défi cognitif. Comment anticiper le changement climatique ? Comment construire des politiques de recherches pour améliorer nos connaissances de l'espace extra-atmosphérique ? Comment anticiper d'éventuelles ruptures technologiques ? Comment prévoir les futures disruptions de modèles économiques ?Nécessaire à la réalisation de tout projet d'envergure pour les organisations publiques ou privées, la prospective stratégique est d'une certaine façon la science qui vise à améliorer concrètement nos processus de délibération et nos prises de décision avant d'agir. C'est pourquoi elle est de plus en plus enseignée dans les écoles de sciences politiques, d'ingénierie, d'architecture, d'urbanisme, d'aménagement du territoire, de gestion ou de management. Le présent livre se veut à la fois un manuel, qui en présente toutes les méthodes et tous les aspects aux étudiants, et un essai qui questionne la rationalité de nos choix à destination d'un lectorat plus large.
« J'ai écrit ce livre pour briser le silence qui règne sur la montée de l'islamisme, sur ses ravages parmi les jeunes et sur les dégâts qu'il provoque dans notre école publique. Pendant longtemps, le silence a été la seule réaction : la célèbre formule Surtout pas de vagues ! a permis pendant vingt ans de mener une confortable politique de l'autruche.
J'ai écrit ce livre parce que je suis attaché à la laïcité : ce principe républicain nous protège et protège nos libertés, celle de croire ou de ne pas croire, celle de pratiquer librement un culte, celle de changer de conviction, celle de critiquer les religions ou l'absence de religion et, pour les parents, celle de confier leurs enfants à l'école publique sans crainte qu'ils y soient harcelés ou endoctrinés.
J'ai écrit ce livre parce que le temps presse et qu'il y a maintenant urgence à agir. » (J.-P. Obin)
Nous vivons une époque paradoxale : les extraordinaires progrès scientifiques et techniques des dernières décennies ont bouleversé notre existence, mais, dans le même temps, un fulgurant retour de la barbarie sape nos valeurs laïques fondamentales, héritées des Lumières. Religions et utopies sociales, ces illusions dangereuses constituent la pire malédiction de l'humanité ; elles assaillent notre liberté de penser et de nous exprimer librement. Elles nous imposent leurs critères absolutistes du Bien et du Mal ainsi que leur foi dans un au-delà ou un avenir radieux et chimérique. Leur but est évident : nous empêcher de vivre sereinement et nous priver du bonheur quotidien. Homme ou Dieu ? Raison ou foi ? Plaisir ou ascèse ? Vivre ici et maintenant, ou attendre la vie après la mort ?
Ce livre très documenté n'en est pas moins un ouvrage grand public : écrit dans un style simple et accessible, il se veut un essai-coup de poing, un pamphlet choc et sulfureux pour nous libérer des fausses promesses et des mensonges qui nous emprisonnent.
Que se passe-t-il au moment du décès et des funérailles des personnes sans domicile ? La mort des sans-abri est en effet un point aveugle des politiques publiques. Statistiques imprécises et rareté des études concourent à l'invisibilité des sans-abri jusque dans leurs obsèques. Pourtant, des rites funéraires variés accompagnent le décès des sans-abris, mis en place par leur entourage de la rue, et qui ont beaucoup à nous dire sur la façon dont les communautés humaines savent prendre soin de leurs morts. Basé sur une enquête de plusieurs mois auprès des SDF, le présent ouvrage explore à la fois l'anthropologie des rites funéraires des sans-abri et, sous un jour nouveau, la sociologie des inégalités.
Basé sur des études de psychologie et de sociologie du travail, ce livre soutient que nos démocraties ont mal, non à l'identité, mais au travail. Il inscrit les dernières mutations du travail dans une histoire des relations entre travail et vie. Non seulement notre force de travail et nos données biologiques sont utilisées comme sources de valeur, mais aussi notre existence même : données numériques, aspirations au mieux-être, émotions, relations sociales, loisirs, soins que nous recevons (domaine des professions les plus précarisées).
Le travail n'est pas une valeur incontestable, il ne doit pas, seul, conditionner le revenu, et sa définition, pas plus que celle de ses fonctions, n'est exempte de choix politiques. Le mal-être au travail, dû à l'urgence, au stress ou à la réorganisation constante, ne peut être atténué que par une rupture avec le nouveau management, une réflexion sur la démocratie au travail, et surtout, une reconquête du temps de bien travailler - qui a tant manqué aux soignants pendant la pandémie. Ce qui n'implique aucun allongement du temps de travail (en fin de semaine ou avant la retraite), mais une redéfinition de la place prise dans nos vies par le triptyque travail-production-consommation, en considération de nos besoins, des inégalités de richesses, et de la préservation du vivant.
Dans ce bref essai, Pierre-André Taguieff s'interroge sur le devenir de l'antiracisme, qu'il analyse comme un ensemble de croyances et de pratiques oscillant entre le pôle des valeurs universalistes et celui des valeurs identitaires ou différentialistes. Soumettant les discours antiracistes contemporains à un examen critique, il analyse la tentation croissante du relativisme culturel radical alimentée par le déconstructionnisme et le constructivisme social, la racialisation de tous les problèmes de société, la sacralisation des « minorités » érigées en victimes et la séduction exercée par ce qu'il appelle le néo-antiracisme, c'est-à-dire un antiracisme réhabilitant l'idée de race ou d'identité raciale, faisant ainsi surgir, par un retournement paradoxal, un antiracisme racialiste, voire raciste. Nourrie de slogans et de mots de passe (« racisme systémique », « racisme d'État », « intersectionnalité », « privilège blanc », etc.), une nouvelle langue de bois pseudo-antiraciste s'est diffusée dans le champ des sciences sociales, ainsi que deux grands dogmes idéologiques : la principale forme de racisme serait aujourd'hui représentée par l'« islamophobie », et le racisme serait toujours et exclusivement le fait des « Blancs », légitimant dès lors ce qu'il faut bien appeler un racisme anti-blanc. Face à ces dévoiements inquiétants du néo-antiracisme, seule l'exigence d'universalité peut permettre de penser une fraternité qui ne soit pas tribale et une solidarité qui ne soit pas sectaire.
Les brassages planétaires font débat. Les diverses migrations qu'ils recouvrent sont un trait fondamental des sociétés et des milieux vivants, à travers l'histoire ; mais leur apparente accélération contemporaine suscite des réactions fortes, souvent hostiles. Cet ouvrage part de plusieurs intuitions : le caractère intellectuellement fructueux d'explorer tout à la fois les migrations humaines, végétales et animales. La nécessité de faire le point sur ces brassages, de mettre à plat les arguments qui s'échangent, et l'intérêt de creuser le parallèle entre les différentes migrations, ne serait-ce que pour en vérifier - ou non - le bien-fondé, en mesurer la portée et les limites.
Ce faisant, esquisser l'espace d'une construction intellectuelle et politique assumée des brassages planétaires.
En 2017, un groupe éclectique s'est réuni avec un objectif modeste : réfléchir autour d'ouvrages tout juste parus portant sur l'évolution économique et sociale de notre société. Actifs, retraités, étudiants, doctorants... toutes ces personnes d'âges et de professions différents ont mis en commun leur expérience : ingénieurs ou cadres, directrice des ressources humaines d'une grande entreprise, syndicaliste, créateur d'entreprises de haute technologie, directeur d'une société coopérative, salarié dans l'administration universitaire, enseignants-chercheurs en sciences de l'homme et de la société, fonctionnaire spécialiste du développement territorial... Les discussions furent animées et de nombreuses réunions ont été nécessaires pour parvenir à une compréhension commune entre le pragmatisme des uns et les réflexions philosophiques des autres, donnant lieu à une une série de conférences en 2019.
Cet ouvrage, très accessible et grand public, est une invitation à participer à la démarche de ce groupe, permettant aux lecteurs de profiter de la compétence des conférenciers et de disposer d'un panorama des réflexions en cours sur l'industrie l'emploi, les entreprises, le secteur universitaire... à partir d'entretiens menés. Ce livre témoigne des évolutions importantes en cours, aussi bien dans le secteur associatif ou coopératif que dans les petites et grandes entreprises.
En ce XXIe siècle, le vivant est une question vive : que ce soit au niveau de la recherche en sciences et technologie, en éducation, dans la société et lors des débats sur l'érosion de la biodiversité ou la transformation du vivant, par exemple. Cet ouvrage, rapprochant la recherche et l'enseignement, arrive à point nommé pour l'Année de la biologie. Les divers chapitres abordent, sous des perspectives tantôt épistémologique, éthique, scientifique et citoyenne pour une éducation au vivant, différents enjeux qui gravitent autour de la question du vivant et de ses controverses. D'autres chapitres proposent des pistes de réflexion et des pratiques éducatives sur des sujets variés, dont la biodiversité, le statut des primates, la représentation des microorganismes et la légalisation du cannabis au Canada. Le volume contribue à ouvrir de nouvelles perspectives en résonance avec les défis actuels qui se posent au vivant comme question socialement vive.
Notre monde est rempli de paradoxes, dont une bonne partie pourrait se résumer par l'idée que c'est un monde qui est à tous et à personne. Il y a de plus en plus de choses qui nous affectent tous, mais dont personne ne peut, ou ne veut, assumer la responsabilité. Quelle est la différence entre ce qui appartient à tous et ce qui n'est pas gouvernable ? Quelle est la différence entre la responsabilité partagée et l'irresponsabilité généralisée ?
Pour comprendre cette nouvelle constellation, le philosophie espagnol Daniel Innerarity propose la métaphore du retour de la piraterie à l'ère globale. Comment penser et gouverner un monde fait de menaces partagées et de souverainetés débordées ? Comment se protéger dans des espaces sans limites claires, dans un monde fait de réseaux, de flux et de connexions ?
En ce début du XXIe siècle, nous faisons face à des défis majeurs. La misère est l'un de ces défis qui perdure et continue de détruire la vie de millions de personnes. Or l'humanité se prive de la rencontre avec ceux qui y résistent. Joseph Wresinski (1917-1988), combattant contre cette misère et fondateur du mouvement international ATD Quart Monde, nous confronte à un paradoxe : de ceux qui résistent à la misère, nous avons, avant tout, à apprendre. Les pauvres sont nos maîtres ! Mais peut-on apprendre quelque chose, peut-on attendre quelque chose des plus pauvres ? Ce livre raconte une histoire méconnue, déconstruit les pensées qui empêchent le vivre-ensemble et propose des attitudes transformatrices. Connaître pour aimer, aimer pour connaître ; prendre le plus pauvre comme mesure du progrès commun ; croiser les savoirs ; reconnaître que tout être humain, sans exception aucune, pense et détient une part d'expérience irréductible : tels sont les défis auxquels nous sommes conviés. Apprendre de ceux qui résistent à la misère pour construire, ensemble, une humanité « libérée de la terreur et de la misère », comme nous y appelle le préambule de la Déclaration universelle des droits de l'homme.
Au regard des défis de l'anthropocène et du réchauffement climatique, de la crise de la relation au vivant, est-il encore pertinent de parler de développement durable, une notion promue depuis plus d'un tiers de siècle par un large spectre d'acteurs - institutions, associations, entreprises, collectivités... ? Ne faudrait-il pas lui préférer définitivement celle de transitions (écologique, énergétique...) sinon de bifurcations ? Le lecteur trouvera des éléments de réponse dans ce recueil, qui montre à quel point Cerisy a contribué, au fil de colloques, à révéler le potentiel de cette notion de développement durable, quitte à en pointer aussi les limites et en suggérer parfois le dépassement.
Aujourd'hui défendre les êtres vivants, humains et non humains est capital. Comme la littérature a pour qualité essentielle d'être attentive aux différentes formes de vie, cet ouvrage propose des textes issus de colloques de Cerisy, « avec » et « sur » les vivants depuis 1987 (Chateaubriand, Yourcenar, Cendrars, Gaspar, Ponge, Le Clézio, mais aussi A. Simon, M. Collot, C. Larrère, J.-Cl. Ameisen et P. Quignard, E. Hache, M.-J. Mondzain et J. Sacré).
Jacques Tassin, dans sa postface, montre que l'écriture et la lecture « procèdent non seulement avec les vivants mais aussi et surtout à même les vivants. »
La ruse et l'invention permettent à l'être humain de s'arracher à ses déterminations physiologiques. L'évolution de l'espèce ne s'accomplit pas au même rythme que le renouvellement de sa culture. Là résident une source de frustrations terribles et le rêve, caressé depuis l'aube de l'humanité, qu'elle puisse rompre avec l'ordre naturel, une ambition portée par les héros des récits mythologiques tels Gilgamesh ou encore Prométhée.
L'avènement des technosciences depuis la seconde moitié du XXe siècle laisse entrevoir la possibilité que l'homme puisse s'émanciper de son héritage évolutionnaire. Ces schémas d'anticipation ont été exacerbés par l'art, le cinéma et la littérature, dans des oeuvres à partir desquelles se sont construites nos représentations du monde futur. Dans la culture transhumaniste, le développement du génie génétique et de l'intelligence artificielle annoncent l'obsolescence du genre humain, devant lequel marcherait bientôt le dernier homme.
Ce dépassement hypothétique, martelé outre-Atlantique, relayé avec ferveur par la Silicon Valley, est-il plausible, et surtout, est-il souhaitable ? De nouveaux régimes artistiques (art-science, art corporel, arts numériques) accompagnent les mutations anthropologiques en cours d'instauration. Quelle part de responsabilité ont-ils dans la consolidation de ces imaginaires ?
Gilles Clément a consacré sa vie à porter haut la pratique du jardinier, tout en lui donnant une portée philosophique et politique d'une ampleur et d'une exigence radicalement nouvelles. C'est donc à sa figure, et plus précisément à la dimension politique de son travail, que cet ouvrage est consacré.
Le jardin concentre notre rapport au monde et fait écho à notre conception de la nature - ou du moins d'un idéal de nature. Il est le réceptacle des dérives comme des utopies de nos sociétés ; en cela, il est bien le reflet aigu de nos questionnements et de nos tâtonnements, âmes et corps engagés.
Cet ouvrage rassemble des écrits et témoignages de paysagistes, artistes, militants, écologues, gestionnaires d'espace, élus, rassemblés en 2016 autour de Gilles Clément, dans le cadre de la troisième décade cerisyenne consacrée aux jardins.
De nombreux bouleversements climatiques affectent maintenant toutes les régions du monde. Le bien-être des populations est ainsi mis en péril, car ces changements s'attaquent aux fondements de la santé publique par leurs répercussions sur l'air, l'eau, les denrées alimentaires et le logement, tout en augmentant les risques de maladie. Peu d'importance a été accordée jusqu'ici à l'échelle internationale aux impacts sur la santé, les services de santé ou les services sociaux, non plus que sur les coûts engendrés pour la société.
Pourtant, l'Organisation mondiale de la santé promeut depuis plusieurs années une participation plus active du monde de la santé en changements climatiques, vu la grande menace qu'ils posent à la santé publique. Ce livre met en lumière Les nombreux impacts des changements climatiques sur la santé. En parallèle, il propose des mesures d'adaptation et de soins pour atténuer et prévenir les incidences dans le domaine de la santé, ainsi que dans d'autres domaines connexes.
Les professionnels de la santé et des services sociaux pourront approfondir le rôle étiologique du climat en matière de santé. De même, des professionnels d'autres secteurs, tout comme le grand public averti, pourront se familiariser avec ces sujets pour lesquels leurs interventions s'avèrent souvent cruciales.
Au cours des dernières décennies, de nombreux changements économiques, politiques et culturels ont bouleversé la nature du travail, la manière de l'organiser ainsi que la relation d'emploi. Ces transformations nécessitent de revoir, de critiquer et d'actualiser les principaux concepts à partir desquels la sociologie analyse le monde du travail. Dans cet ouvrage, les concepts revisités sont les suivants : salariat, précarité, informalité, conflit, contrôle et organisation du travail, qualification et compétence, rapport au travail, parcours professionnel, insertion professionnelle, temporalités. Chacun des concepts retenus est analysé selon une perspective critique, qui consiste à remettre en question les assises théoriques et empiriques de ceux-ci, et une perspective analytique, qui vise à arrimer ces concepts fondamentaux aux nouvelles réalités du monde du travail.
A travers l'oeuvre de trois e crivains des i les antillaises de la Martinique et la Guadeloupe, Corina Crainic dresse ici un portrait saisissant et mouvant de l'identite de ses habitants. C'est principalement la figure des marrons, ces esclaves fuyant la plantation pour la liberte dans la fore t, qui signe la trace de ces re cits. L'identite des Martiniquais et des Guadeloupe ens est particulie rement complexe. Elle a oscille entre une origine africaine dont l'expe rience coloniale a oblite re la filiation, une inte gration a la France d'outre-mer jamais comple tement consentie, et une insertion socioe conomique sur un territoire qui suinte encore la douleur de l'esclavage.
S'e loignant des figures de la ne gritude, comme de celles de la cre olite , le marron, le seul ve ritable he ros antillais de crit dans ces travaux d'e crivains re cents, s'ouvre sur l'ame ricanite . Une ame ricanite qui prend ses distances face a l'appartenance et au sens pour une identite de relations a l'autre, une identite du recommencement. L'acceptation de l'appartenance au continent n'est pas pour autant de nue e de troubles identitaires et de violences propres a ces lieux de liberte et de commencement.
Le lecteur que be cois trouvera dans cet ouvrage des complicite s identitaires certaines. De ja , au cours des anne es 1960, les oeuvres de Frantz Fanon sur la de colonisation et d'Aime Ce saire sur la ne gritude avaient nourri nos imaginaires. Les e crits de Simone Schwarz-Bart, E douard Glissant et Patrick Chamoiseau, lus a l'aune de l'ame ricanite , ne sont pas sans faire e cho a nos propres de bats sur notre appartenance continentale.
Les obsessions identitaires sont multiples et se répandent partout. Toutes nos identités collectives sont touchées et se dissolvent dans des revendications diverses : être femme ou homme ou non-binaire, être noir, blanc ou asiatique, être français ou européen, être juif, musulman, chrétien ou sans religion... La « race », le genre, le sexe sont des identités sans cesse troublées, questionnées, affirmées ou refusées. On dénonce ici une identité qui serait soumission à un pouvoir symbolique, là une autre identité qui serait acceptation d'un état de fait.
Cette crise de nos identités, dont les causes peuvent être recherchées dans la mondialisation ou dans ce qu'autorisent les avancées scientifiques et technologiques, signifie une profonde crise de notre humanité, de notre humanisation. C'est aussi une crise de la transmission de ce que signifie être humain.
Avec les contributions de :
Houria Abdelouahed, Laurence Croix, Bernard Ferry, Roland Gori, Jean-Michel Hirt, Rhadija Lamrani Tissot, Jean-Pierre Lebrun, Céline Masson, Jean-Jacques Moscovitz, Jean-Jacques Rassial, Jacqueline Schaeffer.
Dimension fondamentale de l'existence incarnée, la finitude évoque au premier abord l'expérience négative des limitations qui cernent l'être humain. Mais en quel sens l'expérience de la finitude est-elle porteuse d'une signification positive ?
Les contributions ici réunies, dans leur diversité et leur complémentarité, abordent cette question à la lumière de la pensée d'Edith Stein.
La compréhension steinienne de la finitude humaine est inséparable d'une lecture critique de la philosophie de l'existence de Heidegger, dans la mesure où Edith Stein a cherché à penser le désaccord qui l'opposait à l'analytique de l'être-pour-la-mort. Tout en désignant la personne humaine comme un être essentiellement limité et temporellement mortel, la finitude, telle qu'Edith Stein la conçoit, est positivement liée à la liberté entendue comme la capacité pour un individu de répondre à ce qui le précède et l'appelle : les valeurs, autrui, et ultimement le Tout-Autre. Profondément incarnée, la signification steinienne de la finitude est également liée à l'expérience de la blessure, solidaire d'une réflexion sur la vulnérabilité et la relation à l'altérité dont les implications s'avèrent d'une étonnante modernité.
Conformément à la dynamique d'une ascension vers le sens de l'être qui sous-tend le rapport entre être fini et être éternel, Edith Stein va jusqu'à envisager la finitude humaine dans la perspective de « la relation de l'âme avec Dieu ».
Ce volume offre enfin une étude comparative sur Edith Stein et Franz Rosenzweig.
Avec les contributions de : Sophie Binggeli, Soeur Jean-Edith Ginot, Emmanuel Cattin, -Bénédicte Bouillot, Bérengère Guérin, Éric de Rus, Félix Resch.
La culture est consubstantielle à l'humanité, mais la grande variété de ses manifestations empiriques rend problématiques la comparaison et l'évaluation de celles-ci en toute neutralité et toute probité.Quand les sectateurs de l'anti-universalisme (anti-spécistes, racialistes, communautaristes, culturalistes radicaux et déconstructionnistes de tout poil) font grand tapage médiatique et que certains thuriféraires du relativisme voudraient imposer leurs oukases dans les universités, il nous paraît opportun de rappeler, sans dogmatisme, mais sans faiblesse, la solidité des fondements de l'humanisme libéral, mais aussi les vertus pratiques de ses déclinaisons institutionnelles. Par sa réflexivité critique, il autorise et encourage - contre les préjugés ethnocentristes - l'acceptation de la pluralité des cultures humaines ; par sa défense de certaines valeurs universelles, il met en garde contre le risque de transformer l'acceptation de l'altérité en promotion de l'enfermement identitaire et en apologie du repli sur soi culturel.