Notre propos est de dénoncer le cours pervers d'une politique aveugle qui nous conduit aux désastres.
Il est d'énoncer une voie politique de salut public.
Il est d'annoncer une nouvelle espérance.
Stéphane Hessel - Edgar Morin
Essai sur jean genet qui analyse le traitement du theme de la marginalite sociale dans l'oeuvre de l'ecrivain.
Philosophe et historien des idées, didier eribon est l'auteur d'une célèbre biographie de michel foucault (flammarion, 1989, dix-sept traductions) et de michel foucault et ses contemporains (fayard, 1994). il est critique de philosophie et de sciences humaines au nouvel observateur, et codirige, avec françoise gaspard, le séminaire « sociologie des homosexualités » de l'ecole des hautes études en sciences sociales. ses réflexions sur la question gay, publiées au printemps 1999, ont été saluées par la critique internationale comme une contribution théorique de toute première importance et sont en cours de traduction dans plusieurs pays.
L'irruption sur la scène publique, culturelle et politique de l'affirmation homosexuelle a entraîné, au cours des dernières années et à l'échelle internationale, une prolifération de discours sur la définition même de l'homosexualité, et soulevé tout un ensemble de problèmes théoriques, sociologiques, philosophiques : qu'est-ce qu'un homosexuel aujourd'hui ? qu'est-ce qu'une identité ? qu'est-ce qu'une mobilisation politique ?
Didier Eribon propose ici une série de réflexions qui se déploient selon trois axes. D'abord une analyse de l'expérience vécue, dans laquelle il s'efforce de ressaisir comment une place infériorisée est assignée aux homosexuels dans la société et comment leur subjectivité s'en trouve marquée. Il s'efforce ensuite de restituer quelques étapes cruciales de la constitution de l'identité gay moderne au XIXe siècle, à la fois dans la littérature et dans la culture populaire. Il étudie alors comment le procès d'Oscar Wilde mit un terme provisoire à l'émergence de cette prise de parole, et comment il en alimenta par la suite les résurgences (chez Gide et Proust notamment). Enfin, il s'attache à commenter les textes de Michel Foucault sur toutes ces questions en s'interrogeant sur ce que peut être une « culture gay » aujourd'hui.
Comment les gays peuvent-ils reformuler eux-mêmes leurs propres personnalités, dans un geste toujours recommencé d'écart par rapport aux normes ? Telle est finalement la préoccupation autour de laquelle s'articulent les trois parties de ce livre, Philosophe et historien des idées, Didier Eribon est l'auteur d'une célèbre biographie de Michel Foucault (Flammarion, 1989), qui a été traduite en dix-sept langues et fait référence dans le monde entier, Il a poursuivi ce travail avec Michel Foucault et ses contemporains (Fayard, 1994). Il a publié également une étude sur Georges Dumézil (Faut-il brûler Dumézil ?, Flammarion, 1992) et trois livres d'entretiens (avec Georges Dumézil, Claude Lévi Strauss et Ernst Gombrich).
La société assigne des places. Elle énonce des verdicts, qui s'emparent de nous et marquent nos vies à tout jamais. Elle installe des frontières et hiérarchise les individus et les groupes. La tâche de la pensée est de porter au jour ces mécanismes d'infériorisation et la logique de la domination et de la reproduction sociales. C'est à un véritable renouvellement de l'analyse des classes, des trajectoires, des identités et du rôle central et ambivalent des institutions (notamment le système scolaire, le droit, la politique...) dans leur fabrication que nous convie Didier Eribon. Avec pour horizon l'idée que seule une démarche qui place au centre de ses préoccupations le problème des déterminismes par lesquels nos vies sont régies peut nous permettre d'ouvrir la voie à une politique de l'émancipation.Paru en octobre 2009, Retour à Reims a rencontré un écho considérable et suscité de très nombreux débats. Didier Eribon entreprend aujourd'hui d'approfondir le récit et les réflexions qui s'entrecroisaient dans cet ouvrage, devenu un classique.Didier Eribon est philosophe et sociologue. Il est professeur à l'université d'Amiens. Il a publié dernièrement Retour à Reims (Fayard, 2009 ; Champs-Flammarion, 2010) et une nouvelle édition de Réflexions sur la question gay (Champs-Flammarion, 2012).
Ils ont été sidérés par la présence de l'arbre. Ils ont éprouvé l'admiration, mais aussi l'horreur, inspirées par ce végétal souverain. Presque tous ont guetté, écouté, la parole de l'arbre. Certains ont espéré profiter de ses messages, en faire leur mentor. D'autres, plus rares lui ont déclaré leur amour.
L'objet de ce livre est de suivre depuis l'Antiquité gréco-romaine ceux qui ont su « voir l'arbre » : Horace et Virgile, mais aussi Ronsard et La Fontaine. Par la suite, Rousseau, Goethe, Novalis et, en France, Chateaubriand, Hugo, Proust et Yves Bonnefoy, entre autres. Bien entendu, il y eut aussi des peintres. S'étendre sous les ombrages, s'y délasser, y méditer, s'enfouir dans le végétal, s'y réfugier, y grimper... À l'époque contemporaine, certains ont tenté d'incruster leur corps dans l'écorce, en espérant que le végétal ferait croître l'empreinte. À l'extrême, des moribonds ont souhaité que leur ADN soit transmis à l'arbre planté sur leur tombe.
On le voit, c'est à une longue promenade que ce livre invite, à la rencontre de l'arbre champêtre, de l'arbre haie, de l'arbre isolé et sauvage comme de l'arbre domestique. Il s'agit ici de l'histoire des émotions éprouvées par des individus qui, au fil des siècles, possédaient les mots pour les dire.
L'oeuvre de Norbert Elias apparaît peu à peu comme essentielle pour comprendre la trajectoire de longue durée de la civilisation occidentale. Elias rédigea les trois essais qui composent cet ouvrage entre l'avant-guerre et 1986, un demi-siècle au cours duquel, toujours attentif aux transformations du monde contemporain, il ne cessa de réfléchir aux rapports de la société et de l'individu.L'idée centrale qu'Elias développe ici est que les individus sont liés les uns aux autres par des liens de dépendance réciproque et que ceux-ci sont comme la matrice constitutive de la société. C'est sous l'effet de cette imbrication que les comportements se sont modifiés au fil des siècles. L'idée moderne de l'individu _ cet idéal du moi qui veut exister par lui-même _ n'est apparue en Occident qu'au terme d'un long processus, qui est indissociable de la domination des forces de la nature par les hommes et de la différenciation progressive des fonctions sociales.L'individu et la société ne sont donc pas deux entités distinctes, et leur rapport ne se pose pas aujourd'hui comme avant la guerre. La dépendance croissante des Etats les uns à l'égard des autres place les hommes dans un processus d'intégration au niveau planétaire. La création des Nations Unies et de la Banque mondiale en a été l'une des premières expressions. Le développement d'une nouvelle éthique universelle et, surtout, les progrès d'une conscience d'appartenance à l'humanité tout entière en sont des signes évidents. Mais nous ne sommes qu'au tout premier stade de ce processus d'intégration. Une chose est certaine: Il ne peut que renforcer l'impuissance de l'individu face à ce qui se déroule au niveau supérieur de l'humanité. .
Le sentiment de « malaise dans la civilisation » n'est pas nouveau, mais il a retrouvé aujourd'hui en Europe une intensité sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. La saturation de l'espace public par des discours économiques et identitaires est le symptôme d'une crise dont les causes profondes sont institutionnelles. La Loi, la démocratie, l'État, et tous les cadres juridiques auxquels nous continuons de nous référer, sont bousculés par la résurgence du vieux rêve occidental d'une harmonie fondée sur le calcul. Réactivé d'abord par le taylorisme et la planification soviétique, ce projet scientiste prend aujourd'hui la forme d'une gouvernance par les nombres, qui se déploie sous l'égide de la « globalisation ». La raison du pouvoir n'est plus recherchée dans une instance souveraine transcendant la société, mais dans des normes inhérentes à son bon fonctionnement. Prospère sur ces bases un nouvel idéal normatif, qui vise la réalisation efficace d'objectifs mesurables plutôt que l'obéissance à des lois justes. Porté par la révolution numérique, ce nouvel imaginaire institutionnel est celui d'une société où la loi cède la place au programme et la réglementation à la régulation. Mais dès lors que leur sécurité n'est pas garantie par une loi s'appliquant également à tous, les hommes n'ont plus d'autre issue que de faire allégeance à plus fort qu'eux. Radicalisant l'aspiration à un pouvoir impersonnel, qui caractérisait déjà l'affirmation du règne de la loi, la gouvernance par les nombres donne ainsi paradoxalement le jour à un monde dominé par les liens d'allégeance.
Le chant d'amour d'A. Mabanckou et d'A. Waberi au continent africain prend la forme d'un abécédaire tour à tour informatif, ludique, drôle, sérieux - d'Abacost à Zembla, en passant par Dictature, Fanon, Mbappé, Obama ou Présence africaine.
Abécédaire buissonnier, ce livre propose une sorte de portrait ou plus exactement une mythographie qui donne à voir et à sentir le pouls de l'Afrique. Un très grand continent dont la puissance culturelle est en train de se déployer sous nos yeux. Hier minorées, voire moquées, la voix et l'importance du Continent dans les affaires planétaires sont aujourd'hui indéniables. L'Afrique est en passe d'imposer une griffe, un style, une manière d'être au monde et en relation avec le reste du monde.
Dans ce dictionnaire tour à tour informatif, ludique, drôle, sérieux, Alain Mabanckou et Abdourahman Waberi entonnent un chant d'amour à l'Afrique, à ses habitants d'hier et d'aujourd'hui, à ses ressources exceptionnelles et à sa spectaculaire planétarisation.
« Qui augmente sa connaissance augmente son ignorance » disait Friedrich Schlegel.
« Je vis de plus en plus avec la conscience et le sentiment de la présence de l'inconnu dans le connu, de l'énigme dans le banal, du mystère en toute chose et, notamment, des avancées d'une nouvelle ignorance dans chaque avancée de la connaissance » nous dit Edgar Morin.
Ainsi a-t-il entrepris dans ce livre de patrouiller dans les territoires nouveaux de la connaissance, où se révèle un trio inséparable : connaissance ignorance mystère.
A ses yeux, le mystère ne dévalue nullement la connaissance qui y conduit. Il nous rend conscient des puissances occultes qui nous commandent et nous possèdent, tels des Daimon intérieurs et extérieurs à nous. Mais, surtout, il stimule et fortifie le sentiment poétique de l'existence.
Qu'est-ce qu'un vampire ? Alors qu'on imagine volontiers un Dracula se nourrissant du sang des vivants, le sociologue Arnaud Esquerre donne à voir un tout autre visage, beaucoup plus complexe, de ces êtres entre la mort et la vie. On apprend ainsi qu'ils ont un lieu et une date de naissance : en Europe, au XVIII e siècle. Ils commencent alors à peupler les discours, qu'on soutienne ou nie leur existence. Au fil du temps, les vampires vont désigner aussi bien une variété de chauve-souris qu'un personnage à succès de la littérature (de Lord Byron à Bram Stoker) ; une catégorie médicale cherchant à rendre compte des cas de nécrophilie ; ou, pour Karl Marx, les capitalistes ; ou encore les protagonistes d'un film comique comme dans Le Bal des vampires.
Nous sommes ainsi mis sur la trace des vampires, les suivant dans des sources aussi diverses qu'inattendues, des archives médicales à la série True Blood, en passant par les écrits de naturalistes. Cette enquête décrit la destinée d'un mot inven[1]té et utilisé sinon pour résoudre, du moins pour affronter, une contradiction commune à tous les êtres humains : comment vit-on avec le fait de mourir ?
Le couple est une danse. Les amants évoluent ensemble et le tempo qui berce leur mouvement est scandé de crises et, souvent, d'insatisfactions. Aujourd'hui, on attend tout, parfois trop, du couple. Pourtant, la vie à deux n'est pas un conte de fées, l'amour ne suffit pas à garantir le bonheur ni l'épanouissement que l'on recherche.
Un pacte inconscient, des règles implicites, des mythes familiaux et des fantômes scellent les partenaires à leur insu. Les remises en question sont inévitables. Mais c'est à ce prix que le couple évolue : il se nourrit de ses propres crises.
A travers des histoires de couples au bord de la rupture venus le consulter, Serge Hefez, thérapeute conjugal et familial, raconte et explique ce pas de deux qui confronte, entrechoque et fait valser un homme et une femme, deux hommes ou deux femmes, avec ou sans enfants. Il dévoile les coulisses et les enjeux de la vie à deux.
Ce livre est un plaidoyer pour le couple. Ni moralisateur, ni attaché à la tradition, il montre comment, lorsque deux personnes prennent le risque de transformer une relation, cette relation possède à son tour le pouvoir de les transformer.
Montres, agendas, horaires: le temps semble être une contrainte à laquelle nul ne peut échapper. Notre conscience du temps est si intériorisée que nous avons du mal à imaginer que des groupes humains aient pu vivre sans calendrier. Nous avons le sentiment que le temps passe , alors qu'en réalité ce sentiment de passage concerne notre vie elle-même, ou les transformations de la nature ou celles de la société. Le temps n'existe pas en soi, affirme Norbert Elias, ce n'est ni une donnée objective, comme le soutenait Newton, ni une structure a priori de l'esprit humain, comme le soutenait Kant. Le temps est avant tout un symbole social, résultat d'un long processus d'apprentissage. Il a fallu des millénaires pour que la notion de temps en vienne à représenter une synthèse de très haut niveau. Quelles unités de référence les hommes ont-ils pris comme repères temporels? Dans quel but ont-ils eu besoin de déterminer le temps? Comment la conscience du temps a-t-elle fini par devenir une seconde nature? Dans cette vaste exploration de l'expérience du temps au cours des âges, Norbert Elias nous invite à réfléchir sur un aspect fondamental du processus de civilisation .
Demeurer fidèle à la singularité et à la richesse de l'expérience humaine en y introduisant le plus de raison possible, telle est la tâche première de la philosophie. De livre en livre, depuis près de trente ans, Francis Wolff s'attelle sereinement à élaborer une philosophie au sens classique du terme, ni une simple exégèse des Classiques ni la déconstruction des systèmes. Une philosophie qui englobe une métaphysique, une théorie de la connaissance, une définition de l'être humain et toutes leurs conséquences morales, politiques et esthétiques.
Dans ce dialogue passionnant, amical et sans concession avec André Comte-Sponville, Francis Wolff invite à une traversée de son oeuvre dans un style accessible et allègre. Il montre les liens qui unissent sa vision du monde à son esthétique (l'universalité de la musique, des images et des récits), en passant par l'anthropologie (l'homme, « animal dialogique »), l'éthique (l'existence de la liberté et l'objectivité du bien) et la politique (de la démocratie au cosmopolitisme).
Donnant corps à une philosophie généreuse et résolument contemporaine, le livre dévoile un autoportrait attachant ainsi qu'un itinéraire familial singulier croisant une des grandes tragédies du siècle dernier.
C'est à la sociologie qu'Edgar Morin consacre ici la réflexion entreprise dans Science avec conscience sur la possibilité d'une connaissance qui ne soit ni mutilée ni arbitraire. La sociologie doit-elle prendre pour modèle les sciences de la nature? Comment peut-elle fonder scientifiquement les notions d'acteur, de sujet, d'autonomie, de liberté, d'invention? Comment concevoir la société sur le modèle de l'auto-éco-organisation et y intégrer la part de mythe qui est dans sa nature même?
Edgar Morin pousse la réflexion de la sociologie sur elle-même jusqu'à une sociologie de la sociologie. Le sociologue, en effet, ne passe pas impunément de l'individu au groupe, de la classe à l'Etat-nation. Autant de points de vue qui le contraignent à intégrer la dimension historique, à interroger l'événement imprévu. Tel est le propre des diagnostics sociologiques du temps présent auxquels se livre Edgar Morin à propos de l'automobile, du cinéma, de la mode, de l'écologie ou de la crise étudiante. Avec toujours l'aller et retour du micro-social au macro-planétaire qui brise les isolements réducteurs et restitue l'unité complexe.
Minutieuse anthologie des démarches plurielles de la sociologie, ce livre est la Somme sociologique d'Edgar Morin.
Edgar Morin a déjà publié aux Editions Fayard: Commune en France, La métamorphose de Plodemet, Science avec conscience et De la nature de l'URSS.
« Dans un monde aujourd'hui insupportable et qui, bientôt, le sera bien plus encore, il est temps pour chacun de se prendre en main, sans attendre indéfiniment des solutions miraculeuses. Il ne s'agit pas de résistance, ni de résilience. Mais de devenir soi.
De Gandhi à Steve Jobs, de Bouddha à Picasso, ils sont nombreux, ceux qui se sont libérés des déterminismes et des idéologies, pour choisir leur destin et changer le monde.
Aujourd'hui, mille trajectoires humaines, célèbres ou anonymes, donnent le signal d'une nouvelle Renaissance. Toutes incitent à réfléchir au chemin que chacun peut emprunter, pour choisir et réussir sa vie.
Plus nombreux seront ceux qui ne se résigneront pas, plus profonde sera la démocratie, plus seront libérées des énergies, plus seront créées des richesses.
Où que vous soyez, qui que vous soyez, agissez comme si rien ne vous était impossible.
Ayez le courage d'agir. Prenez le pouvoir sur votre vie ! » J. A.
Après avoir dit qu'il était urgent de réformer notre pays, après avoir exposé le détail des réformes à mettre en oeuvre, Jacques Attali, ancien conseiller spécial de François Mitterrand, président de PlaNet Finance et auteur de nombreux ouvrages, appelle ici chacun de nous à ne plus rien attendre de personne et à faire sa propre révolution. Il explique quelles étapes suivre pour y parvenir. Nous avons tout à y gagner.
En 1915, Adrienne Monnier inaugure au 7, rue de l'Odéon une librairie-bibliothèque de prêt d'un genre nouveau, La Maison des Amis des Livres, appelée à devenir le rendez-vous favori du Tout-Paris littéraire, d'Aragon à Walter Benjamin, d'André Gide à Nathalie Sarraute. En 1921, Sylvia Beach installe en face, au n° 12, une boutique fondée deux ans plus tôt sur le même modèle, Shakespeare and Company, dont les habitués ont pour noms Gertrude Stein, Francis Scott Fitzgerald, Marianne Moore, Ernest Hemingway, Djuna Barnes...
Pendant près de trente ans, de rencontres en lectures publiques, d'expositions en soirées musicales, l'«Odéonie» va constituer l'un des foyers les plus actifs de la vie culturelle de l'entre-deux-guerres, dont la renommée franchira les frontières de la France avec la publication de l'Ulysse de James Joyce, édité en 1922 par les soins de Sylvia Beach, puis traduit et publié en français en 1929 grâce à Adrienne Monnier.
Éditrices, mais aussi traductrices et revuistes, les deux libraires ont contribué de façon majeure à la circulation des savoirs, des idées et des langues, par leur rôle d'intermédiaires entre les livres, les lecteurs et les écrivains, la France et l'Amérique. Que nous apprennent les registres d'abonnés sur les lectures d'Aragon, de Breton et même de Lacan lorsqu'ils avaient 20 ans, de Sartre ou d'Hemingway ? Comment les réseaux entre auteurs et éditeurs se sont-ils constitués, et quelle fut, finalement, l'identité de la rue de l'Odéon, en regard notamment de la NRF et du groupe surréaliste ? Grâce à Laure Murat et à son exceptionnel talent de chercheuse et de narratrice, ces questions trouvent désormais une réponse, puisée aux sources de milliers d'archives inédites, dispersées entre l'université de Princeton, la bibliothèque Doucet et l'IMEC.
En consacrant pour la première fois une étude d'envergure à ces lieux mythiques et largement méconnus, le livre entend non seulement rendre à Adrienne Monnier et Sylvia Beach la place déterminante qui est la leur, mais aussi mettre en lumière l'audace de leur entreprise, que l'on ne saurait réduire à la seule animation d'un salon littéraire, auquel l'image des femmes est traditionnellement attachée.
Née en 1967, Laure Murat vit et travaille à Paris. Elle a fait des pratiques culturelles son domaine de prédilection, et La Maison du docteur Blanche, qu'elle a publié en 2001, a reçu un accueil critique et public exceptionnel.
Le 19 juillet 2014, le journal Le Soir révélait à Bruxelles que selon des estimations américaines, britanniques et belges, la France, la Belgique, le Royaume-Uni, l'Italie, la Pologne et les États-Unis pourraient perdre entre 43 et 50 % de leurs emplois dans les dix à quinze prochaines années. Trois mois plus tard, le Journal du dimanche soutenait que trois millions d'emplois seraient condamnés à disparaître en France au cours des dix prochaines années.
L'automatisation intégrée est le principal résultat de ce que l'on appelle « l'économie des data ». Organisant des boucles de rétroactions à la vitesse de la lumière (à travers les réseaux sociaux, objets communicants, puces RFID, capteurs, actionneurs, calcul intensif sur données massives appelées big data, smart cities et robots en tout genre) entre consommation, marketing, production, logistique et distribution, la réticulation généralisée conduit à une régression drastique de l'emploi dans tous les secteurs - de l'avocat au chauffeur routier, du médecin au manutentionnaire - et dans tous les pays.
Pourquoi le rapport remis en juin 2014 au président de la République française par Jean Pisani-Ferry occulte-t-il ces prévisions ? Pourquoi le gouvernement n'ouvre-t-il pas un débat sur l'avenir de la France et de l'Europe dans ce nouveau contexte ?
L'automatisation intégrale et généralisée fut anticipée de longue date - notamment par Karl Marx en 1857, par John Maynard Keynes en 1930, par Norbert Wiener et Georges Friedmann en 1950, et par Georges Elgozy en 1967. Tous ces penseurs y voyaient la nécessité d'un changement économique, politique et culturel radical.
Le temps de ce changement est venu, et le présent ouvrage est consacré à en analyser les fondements, à en décrire les enjeux et à préconiser des mesures à la hauteur d'une situation exceptionnelle à tous égards - où il se pourrait que commence véritablement le temps du travail.
Bernard Stiegler, philosophe, est notamment l'auteur de la Technique et le Temps, Mécréance et discrédit, Ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue, États de choc. Bêtise et savoir au XXIe siècle. Depuis 2006, il dirige l'Institut de recherche et d'innovation (IRI) et préside l'association Ars Industrialis, Association internationale pour une politique industrielle des technologies de l'esprit.
Témoignage émouvant que les souvenirs de l'un des plus grands penseurs de notre temps, qui est mort l'été 1990 à l'âge de 93 ans, et qui surmonta les épreuves de l'exil grâce à sa certitude d' être capable de faire quelque chose de nouveau .Le destin de Norbert Elias commence à Breslau, dans une famille juive aisée où il fait l'apprentissage de la culture allemande classique. Au lendemain de la guerre (Elias servit sur le front), il entreprend des études de médecine et de philosophie, mais, après des démêlés avec son directeur de thèse, il se convertit à la sociologie et s'intalle à Heidelberg. En 1930, Karl Mannheim lui propose de le suivre comme assistant à l'université de Francfort: C'était une époque extrêmement féconde d'un point de vue culturel... Nous ne nous doutions pas que ce qui nous attendait était plus qu'un déplacement des rapports de force sur le plan parlementaire. Au printemps 1933 Elias fuit l'Allemagne et part pour Paris. Faute de trouver un poste à l'université, il doit quitter la capitale et se fixe à Londres. Grâce à l'aide que lui accorde un comité de réfugiés juifs, il élabore alors son livre sur le processus de civilisation , sans doute l'un des livres majeurs du XXe siècle. Mais cet ouvrage passa presque inaperçu dans une Europe hantée par la guerre et ne fut découvert en France que dans les années 1970. Entre-temps Elias enseigna la sociologie à l'université de Leicester (1954-1962), puis au Ghana. Finalement il s'établit à Amsterdam où il continua à travailler à de nombreux livres et essais.Au terme de sa longue vie qui se confond avec le siècle, Elias confiait: J'avais l'ambition de développer une image de la société qui ne soit pas idéologique. Un objectif ambitieux, que je n'ai atteint que partiellement, ce qui m'attriste un peu, car je ne suis pas sûr que d'autres poursuivront mon travail. .
"Un jour, je me suis demandée : pourquoi est-ce moi qui ramasse les affaires qui traînent ? Je n'ai trouvé qu'une seule réponse. Parce que je suis une femme qui vit avec un homme et deux enfants et que, conséquemment, les corvées, c'est pour ma gueule. Etre une femme, ce n'est pas seulement l'idéal de minceur et de cheveux qui brillent, c'est le souci permanent des autres et du foyer, c'est être sans cesse ramenée à la saleté, aux taches, à la morve.
L'égalité serait déjà là, mais les femmes conservent la conviction intérieure qu'elles doivent s'occuper de tout et tout le monde, et d'elles en dernier, s'il reste cinq minutes à la fin de leur triple journée. Cette féminisation de la sphère privée implique une autre conséquence : l'espace public est toujours masculin. Peut-on se dire égaux quand la moitié de la population adapte ses vêtements en fonction des transports et fait attention à ne pas être seule la nuit dans la rue ? Et si le combat féministe devait encore et toujours se jouer dans la vie quotidienne de chacune et chacun, chez soi, dans sa propre maison, devant le panier de linge sale ?
Qu´est-ce que le genre ? Comment les identités sexuelles et les rapports entre hommes et femmes sont-ils construits, et comment se transforment-ils ? Quel rôle jouent, dans ces processus, la politique et les mobilisations collectives, l´économique et le social, mais aussi le langage et l´inconscient ? Historienne mondialement reconnue, Joan W. Scott a imposé l´idée selon laquelle le genre ne constitue pas seulement un domaine d´investigation : c´est un instrument critique destiné à transformer la réflexion dans tous les secteurs. Pour elle, il se situe au coeur de toute relation de pouvoir et traverse l´ensemble des dynamiques à l´oeuvre dans la société. Ce volume réunit les grands essais de Joan W. Scott sur le genre publiés entre 1986 et 2011. Ces textes renouvellent ainsi l´analyse de questions aussi diverses que le sécularisme, la laïcité, la démocratie, la représentation de l´État et de l´identité nationale, ou encore celle du marxisme et des classes sociales. À l´heure où les études sur le genre se multiplient, Joan W. Scott s´interroge sur l´avenir du féminisme. Elle s´inquiète de la manière dont cette catégorie est si souvent vidée de ses implications radicales. Et montre comment elle peut continuer à nous inciter à penser autrement.
En 1972, un jeune philosophe alors âgé de vingt-cinq ans publiait un livre au titre retentissant : Le Désir homosexuel. Ecrit sous l'influence de Gilles Deleuze, et profondément marqué par le bouillonnement politique et intellectuel qui a suivi en France la révolte de mai 68, l'ouvrage s'inscrivait aussi dans le sillage des émeutes homosexuelles de Stonewall, à New York en 1969, et de la naissance, aux États-Unis, d'un mouvement gay et lesbien qui se pensait comme subversif et voulait révolutionner la société.
Ce livre est vite devenu un classique dans le monde entier, et notamment aux Etats-Unis où il a trouvé récemment une nouvelle jeunesse lorsque les penseurs de la Queer Theory ont revendiqué son héritage.
Près de trente ans après sa parution, le livre de Guy Hocquenghem a bien quelque chose à nous dire, à la fois parce qu'il nous aide à comprendre le regain que vient de connaître ce qu'il appelait la paranoïa anti-homosexuelle, et parce qu'il incite ceux qui portent les revendications gays et lesbiennes sur la scène publique à s'interroger sur l'évolution actuelle qui tend à la normalisation et à l'intégration.
Guy Hocquenghem est mort du sida en 1988.
Un démenti point par point, à la manière d'une rubrique de fact checking, aux arguments qui tentent de faire croire que l'identité française est menacée. Une réponse à Eric Zemmour, Michel Houellebecq, Alain Finkielkraut - et à beaucoup d'autres.
L'identité française est-elle menacée ? Une immigration africaine massive est-elle à nos portes ? L'islam est-il contraire aux lois de la République et est-il en train de s'insinuer sournoisement un peu partout avec ses voiles, sa nourriture hallal et ses terroristes ? Les descendants des immigrés sont-ils responsables des violences qui accablent depuis des décennies les banlieues ? C'est ce qu'affirment les nationalistes racistes depuis toujours, et ce n'est pas surprenant de leur part. Ce qui l'est davantage, c'est l'audience croissante dont jouissent ces idées dans le débat public.
Démontrant l'inanité de ces discours, ce livre parcourt l'histoire de France depuis la Révolution de 1789. Il montre que nous sommes un pays d'immigration qui ne s'assume pas, que l'ampleur et les vraies raisons de ces migrations sont largement méconnues, que la peur de la violence ou de la subversion que porterait en elle cette immigration relève du fantasme, que notre roman national doit être sérieusement révisé, et qu'il est urgent de nous déprendre des deux types de nationalismes empêchant de penser la France telle qu'elle est pour affronter ensemble les défis économiques, sociaux et environnementaux de demain.
Un jour de juin 2014, un homme s'assoit par terre au milieu des migrants qui ont fui les guerres, les dictatures et les persécutions. Il les écoute, prenant la mesure de la situation humanitaire de la "jungle" de Calais. Il s'agit de Pascal Brice, diplomate, petit-fils de réfugiés. En prenant la tête de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) en 2012, il trouve une administration à bout de souffle, qui a vu les demandes doubler en cinq ans, quand l'attend encore une crise de l'asile en Europe d'une ampleur sans précédent.
Alors, il décide de tout faire pour améliorer le sort de ces personnes meurtries par la violence de l'exil, en les aidant à surmonter les obstacles qui se dressent devant eux avant de pouvoir obtenir la protection de la France. De Lampedusa à Calais, de Lesbos à Munich, d'Agadez à Valence avec l'Aquarius, en passant par Beyrouth et Paris, Pascal Brice nous fait découvrir les destins des migrants, les visages de celles et ceux qui les accompagnent, les conflits qui bouleversent le monde, l'atmosphère des campements, loin des clichés.
Il nous rappelle combien il reste nécessaire et possible d'agir en ces temps de doutes sur notre capacité à accueillir. Le récit inédit d'une aventure humaine autant que d'un combat pour que la France et l'Europe soient pleinement un refuge.
" Entre sa correspondance éprise d'une liberté exubérante et contradictoire, et ses romans et contes ciselant ses regrets d'autres siècles, l'ennui et la sottise de l'esprit bourgeois, Flaubert, ermite et mondain, apparaît comme l'un des colosses de son temps. Il n'aime pas le port mais la haute mer. Ses hautes vagues, ses creux et ses houles. L'acteur-auteur y nage et s'y noie, par les champs et par les grèves bretonnes, dans les boues et les gouffres des chantiers d'Haussmann, dans les bordels du Caire et les jupons des courtisanes de la rue Saint-Honoré, dans les silences orageux partagés avec sa mère, son jardinier ou son chien, dans le secret de ses amours londoniens avec miss Herbert, ou celui, très officiel et ô combien tempétueux, avec Louise Collet...
Mystique et queutard, gourmand et ascétique, il cerne le sujet invisible, le rien, cet autre univers qui, comme la terre, se tient en l'air sans être soutenu, le silence de la littérature . J'enquête, mes mots ricochent sur les siens, l'onde s'écarte en cercles de plus en plus grands, puis disparaît à l'horizon, lui qui recule à mesure que l'on s'avance. "