Ecoles / Courants / Thèmes
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Ella Fitzgerald, Nina Simone, Billie Holiday, Mary Lou Williams... Les femmes du jazz bénéficient-elles toutes du même crédit et de la même reconnaissance que ces icônes mondiales ? Cela n'est pas si sûr tant elles semblent marginalisées dans leur milieu, contrairement à leurs confrères masculins. Cette marginalisation est d'autant plus étonnante qu'elle est dénoncée par les professionnels eux-mêmes, qui la jugent contraire à l'esprit de liberté et de créativité du jazz.
Ils en sont néanmoins les acteurs, voire les actrices, même si c'est à leur corps défendant.
Cet ouvrage vivant rend compte de ce paradoxe. Fondé sur une enquête ethnographique passionnante, il fait également appel à l'entretien, au témoignage et à la presse.
Marie Buscatto décrit les difficultés que les chanteuses et les instrumentistes expérimentent en tant que femmes dans un milieu qui est en majorité « un monde d'hommes ». Son long et patient travail de terrain ajoute une étude de cas stimulante et inhabituelle au corpus des études qui ont tant enrichi notre compréhension des mondes du travail.
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Essai d'épistemologie pour les sciences sociales
Alain Testart
- CNRS
- Biblis
- 16 Septembre 2021
- 9782271134363
Cet essai part d'un constat paradoxal?: alors que, depuis deux siècles, les sciences sociales ont accumulé un savoir considérable, on leur conteste encore trop souvent un statut de science à part entière.
Alain Testart bat en brèche bien des idées reçues. Parcourant l'histoire de l'optique géométrique ou de la théorie de la relativité, il montre que si toute réflexion en science débute par la subjectivité, aucune ne saurait s'y cantonner. Les sciences sociales ne font pas exception?: pour peu qu'elles s'efforcent de «?désubjectiviser leur objet?» et parviennent à développer, par un comparatisme ciblé, leurs capacités théoriques et explicatives, elles pourront dépasser l'état où se trouvait l'astronomie avant Galilée et Newton.
Telle est la thèse centrale de cet essai puissant et jubilatoire.
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Le numérique, OK, on connaît. Mais quelle science se cache derrière ? Et quels sont les domaines de recherche ? En 12 portraits de chercheuses, enseignantes-chercheuses et ingénieures, découvrez la richesse des thématiques dans les sciences du numérique d'aujourd'hui et de demain, et explorez les chemins qui y mènent. Passion, dynamisme, humour pour dépasser les embûches, et volonté de faire bouger les lignes : inspirez-vous de leurs parcours !
La cellule parité-égalité de l'INS2I-CNRS se mobilise pour accélérer l'évolution vers la parité dans les laboratoires de recherche et déconstruire les idées reçues sur les sciences du numérique. -
Principes de sociologie générale Tome 1 : dépendances et rapports sociaux
Alain Testart
- CNRS
- 9 Septembre 2021
- 9782271118035
Dans cet ouvrage posthume, Alain Testart s'attache à poser les bases d'une sociologie générale permettant de classer les sociétés les plus diverses et de penser leur évolution au-delà des champs disciplinaires établis (ethnologie, histoire, sociologie).
C'est par la relecture de Tocqueville, Marx et Durkheim, qui n'avaient pas hésité à chercher la cohérence interne des sociétés et à en dégager en quelque sorte des types sociaux, qu'il commence par préciser sa méthodologie. Celle-ci consiste à définir l'« architectonique d'une société », c'est-à-dire les « rapports sociaux fondamentaux » conditionnant les autres rapports et permettant d'expliquer les domaines du politique, de l'économie et du religieux.
Pour montrer que ces « rapports sociaux fondamentaux » relèvent d'une forme de dépendance ou au contraire d'indépendance, l'auteur étudie trois types de société : les Aborigènes d'Australie, la société féodale et la société moderne. Il élargit ensuite son examen tant aux civilisations classiques qu'aux sociétés sans État, et souligne par exemple combien la liberté des « modernes » n'est pas celle des Grecs, ni celle des Amérindiens.
Alain Testart conclut cette fresque monumentale par une « systématique » des formes de dépendance et des types de société, et propose deux lois sociologiques.
Texte établi par Valérie Lécrivain et Marc Joly.
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Manger mieux, autrement, local, bio, équitable..., la question revient sans cesse, dans tous les médias et dans toutes les bouches de citadins inquiets.
Nourrir les villes est pourtant une histoire qui plonge aux sources de l'agriculture. Car, avant de nourrir la planète entière, les fils de Caïn ont toujours satisfait l'appétit des urbains, fins gourmets ou insatiables gloutons.
Les spécialistes ici réunis autour de Gilles Fumey et de Thierry Paquot reviennent sur cette longue histoire de l'alimentation des villes, sur les rapports intimes du mangeur citadin et de l'agriculture. Ils nous invitent à explorer des voies possibles vers l'autonomie à travers des exemples concrets à Paris - qui vient d'ouvrir la plus grande ferme urbaine d'Europe sur les toits de son Parc des expositions -, aux États-Unis, à Letchworth ou en Argentine.
Après le temps des flux tendus et autres délices de la logistique glocale, un autre modèle de cité adviendra-t-il, plus résilient et plus frugal ?
Avec les contributions de Marc Dufumier ; Daniel Cérézuelle ; Stéphanie Lemoine ; Yves Cabannes et Philip Ross ; Sabrina Arcamone et Mónica Bifarello ; Adrien Baysse-Lainé ; Stéphane Linou ; Yuna Chiffoleau ; Michaël Brucker.
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Variations sur la ville ; ethnologie urbaine
Colette Pétonnet
- CNRS
- Biblis
- 4 Octobre 2018
- 9782271122506
Durant toute sa vie d'ethnologue, Colette Pétonnet a enquêté sur la ville. Elle en a scruté toutes les variations avec la plus grande attention, laissant flotter son regard dans les coins et recoins de l'urbain, collectant les données avec rigueur et sensibilité, captant les atmosphères en banlieue parisienne comme dans un bidonville de Rabat ou un quartier noir de New York. Une méthode unique qui lui a permis de saisir un phénomène en perpétuel mouvement et ainsi de mieux dévoiler les hommes et les lieux.
Dans ce recueil de textes choisis, présentés chronologiquement, chacun puisera selon ses goûts et ses intérêts : des jardins silencieux aux bruits de la ville, des cimetières aux bidonvilles, de l'anonymat de la foule aux affirmations sociales (prolétaires, immigrés, ouvriers...). Le lecteur y découvrira aussi le cheminement intellectuel d'une chercheuse et auteure unique, dont le style, depuis sa première monographie, Ces Gens-là (1968, rééd. 2017), est marqué par une écriture économe, une clarté d'expression et de pensée. Ici, pas de grille de lecture plaquée sur un objet, pas de bavardages psychologisants : de l'intelligence généreuse et ouverte à l'autre.
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Crêtes multicolores, vestes à clous, pantalons issus de surplus militaires, bouteilles de bières entassées, No Future, voix et musique saturées rythmant le pogo d'une foule bariolée?: le mot «?punk?» charrie à lui seul son lot d'images toutes faites. Par-delà les clichés, comment ce style musical venu de New-York et de Londres s'est-il implanté en France?? Si le mouvement punk connaît son âge d'or dans les années 1980, avant d'être supplanté sur la scène médiatique par d'autres musiques contestataires, il n'en demeure pas moins prégnant dans certains espaces sociaux et géographiques. Mais qui devient punk?? Où?? Comment?? De quelle vision du monde cette musique est-elle le vecteur?? En quoi est-elle aussi un mode de vie, placé sous le signe du Do It Yourself, qui offre un point de vue décalé sur la société française et ses évolutions??
Pour comprendre les multiples facettes du punk et retracer son histoire, cette enquête au long cours mobilise tous les outils de la sociologie?: observation participante, analyses statistiques, entretiens et suivi dans la durée de nombreuses trajectoires individuelles d'amateurs comme de musiciens. Ouvrant les portes d'un monde à part, elle parvient de la sorte à reconstituer les logiques sociales expliquant la genèse, l'organisation et la persistance d'une musique qui est aussi un style de vie.
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éloge de l'empirisme ; dialogue sur l'épistémiologie des sciences sociales
Emmanuel Todd
- CNRS
- 4 Juin 2020
- 9782271133410
Connu du grand public pour ses interventions souvent à contre-courant sur l'Europe et la vie politique française, Emmanuel Todd est d'abord et avant tout un chercheur. Ce dialogue, qui s'est tenu dans le cadre d'un séminaire d'épistémologie, est l'occasion pour l'historien des structures familiales, héritier de l'école des Annales, de revenir sur son parcours, de discuter de ses outils, de son rapport aux écoles historiques et sociologiques, mais aussi de débattre de ses «?intuitions?» et hypothèses sur le devenir économique et politique des sociétés contemporaines.
Un processus de recherche est-il par définition fait d'aléas et d'imprévus?? Quel usage l'historien doit-il faire des données quantitatives?? Comment, dans la perspective d'une théorie générale des processus sociaux, penser l'articulation entre l'État et les structures familiales?? Le savoir des sciences sociales est-il émancipateur?? Les sociétés humaines préfèrent-elles ignorer la vérité de ce qu'elles sont??
À ces questions fondamentales d'épistémologie des sciences sociales, Emmanuel Todd apporte des réponses aussi originales que respectueuses des faits, et, non sans humour, échange en toute liberté.
Dialogue préparé et animé par Marc Joly. Texte établi par Marc Joly et François Théron.
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Comment penser nos émotions dans la vie professionnelle??
Question délicate tant le champ du travail se veut ordonné, rationnel, balisé. Et pourtant, le travail sollicite de manière vive la subjectivité, le corps et les affects. Chacun y cherche du plaisir, des échos sensibles à ce qu'il est, à ce en quoi il croit.
Parallèlement, les dimensions de contrainte et d'exploitation y sont omniprésentes et de plus en plus intrusives, allant chercher du côté de l'intime. Instrumentalisation et déni des émotions cohabitent, générant une souffrance au travail qui semble croître dans tous les secteurs.
Si elles sont socialement construites, les émotions sont aussi marquées du sceau de l'imprévisibilité. Elles introduisent un «?grain de sable?» qui vient parfois gripper la machine, pour le meilleur et pour le pire. L'attention qu'on y porte devient une manière de se relier aux autres, au monde et à soi, et peut alors être pensée comme une forme de résistance et une voie d'émancipation.
Au fil d'une démonstration appuyée sur des exemples concrets, prenant en compte les effets de la pandémie et du développement massif du télétravail, Aurélie Jeantet redonne aux émotions la place qui leur revient, dans leur spécificité, leur diversité, leur ambivalence, et leur caractère potentiellement subversif.
Prix du livre Pôle emploi
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Après la philosophie ; histoire et épistémologie de la sociologie européenne
Marc Joly
- CNRS
- 27 Février 2020
- 9782271131935
Après la philosophie entend clore une vaste enquête destinée à éclairer aussi bien la naissance que le statut épistémologique de la sociologie. Cette enquête vise ainsi à dégager l'existence d'un paradigme sociologique unifié, par-delà la pluralité des manières de faire de la sociologie (statistique, ethnographie, analyse des processus de longue durée, etc.).
Émile Durkheim, en prêtant à la sociologie une triple vocation (viser une science sociale intégrée, contribuer à l'élaboration d'une théorie générale de la connaissance et nourrir une image scientifique de l'humanité et du monde), est le véritable fondateur de ce paradigme. Norbert Elias, ensuite, a beaucoup oeuvré pour clarifier le domaine d'étude de la sociologie?: à savoir des sociétés en développement constituées d'êtres humains interdépendants par nature et selon des dispositifs de contrainte spécifiques. Avant que Pierre Bourdieu ne parachève le paradigme en plaçant la «?réflexivité?» au coeur de l'habitus du sociologue.
Partant, la sociologie a très largement assumé et redéfini, en lien avec la psychologie et la biologie, les fonctions naguère attribuées à la philosophie par Kant, consacrant ainsi l'ambition théorique et épistémologique d'un au-delà de la philosophie.
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Selon des représentations bien ancrées dans les esprits, le viol est commis dans un lieu isolé par un inconnu violent et armé. Pourtant en France, 9 fois sur 10, la victime connaît l'agresseur et dans ce cas une fois sur deux, le violeur est le conjoint ou un ex-conjoint.
Depuis longtemps, le viol est considéré en France comme un crime. Le viol conjugal faisait exception. Le mari avait le droit d'avoir des rapports sexuels avec sa femme, y compris contre la volonté de cette dernière et par la force. Depuis la loi du 4 avril 2006, le code pénal reconnaît le viol entre conjoints comme un viol aggravé. Pourtant, les victimes portent rarement plainte et lorsqu'elles le font, les affaires sont souvent jugées, non pas en cour d'assises comme tous les crimes, mais au tribunal correctionnel.
Le viol conjugal est occulté par son invisibilité, lorsqu'il a lieu entre les murs d'un domicile commun. Comme les autres violences sexuelles, il laisse peu de traces visibles : ni bleu, ni plaie. Le viol conjugal, crime du quotidien, est à l'opposé du fait divers.
Peu propice aux raccourcis accrocheurs, le sujet est éclairé par les contributions d'un collectif multidisciplinaire associant médecins, psychologues, sociologues et juristes. Ce livre montre l'urgence d'un infléchissement des pratiques judiciaires.
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La mère est une femme qui a mis un enfant au monde : telle en est la définition minimale et purement biologique. En effet, si la maternité a pu être vécue, ou présentée, comme un destin, une vocation, voire une fatalité, les découvertes scientifiques autant que l'évolution des moeurs et les transformations de la société en font une capacité propre à la femme, capacité qu'elle pourra sans doute choisir d'exercer, mais qui ne l'oblige en rien.
Support d'un imaginaire qui a nourri la littérature, la mère est une figure construite historiquement et sociologiquement. C'est l'ordre chronologique qu'a choisi Patricia Ménissier pour saisir cette figure centrale de l'imaginaire européen : du XVIIIe siècle, période charnière où le statut de la femme et la question de l'éducation sont débattus, à nos jours, où la maternité prend de multiples formes.
Autant de tentatives de rapprochement et de dissociation entre deux identités, celle de la femme et celle de la mère, longtemps confondues et qui tendent à se distinguer de plus en plus. Saisir les diverses actualisations de la figure maternelle, et mesurer les conséquences de ces bouleversements sur les représentations et la place des mères dans la société actuelle, tel est le propos de ce livre qui ouvre sur une définition plurielle de la mère et de l'" être mère " aujourd'hui.
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Dicorue ; vocabulaire ordinaire et extraordinaire des lieux urbains
Thierry Paquot, Frédéric Soltan
- CNRS
- 2 Novembre 2017
- 9782271115829
L'urbanisation gagne inexorablement la planète entière. Ces formes de regroupements humains ont un point commun : les rues. Ce sont elles que ce dictionnaire encyclopédique honore en s'attardant sur le sens des mots qu'elles murmurent à l'oreille des passants.
Les notices sont sagement classées par ordre alphabétique, d'« Abribus » à « Zone » en passant par « Asphalte », « Barricade », « Carnaval », « Dérive », « Jardin », « Métro », « Mobilier urbain », « Pavé », « Taxi », « Toilettes publiques », « Trottoir »...
Outre la géohistoire étymologique, l'auteur mobilise les travaux d'historiens, d'architectes, d'anthropologues et de géographes, tout en prêtant attention aux réactions des flâneurs, poètes, romanciers et cinéastes.
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Paris, 2015 : le terrorisme djihadiste touche massivement la capitale française et fait près de 150 morts. Pour qualifier les auteurs de ces meurtres, on parle tantôt d'hommes radicalisés soumis à une idéologie, tantôt d'hommes médiocres, « banaux », qui ne font qu'obéir aux ordres, tantôt de monstres assoiffés de sang. Comme pour les tueurs de masse des plus grands crimes de l'histoire contemporaine, on se demande sans cesse qui sont ces hommes capables de tuer ainsi à la chaîne. Qu'éprouvent-ils dans leur conscience ? Ne ressentent-ils pas l'horreur de leurs actes ? N'ont-ils pas de la compassion pour leurs victimes ?
Pour Richard Rechtman, ce ne sont pas les idéologies qui tuent, mais bien les hommes. Ceux-ci s'en chargent avec une grande facilité, et tuent simplement comme d'autres vont au travail. Ce livre effectue une véritable descente dans la vie ordinaire des petits exécutants, des génocidaires. Il sonde le quotidien dans lequel les hommes s'accommodent d'exécuter chaque jour des dizaines d'individus. Il montre que ce n'est pas le fait de tuer qui occupe l'essentiel de leurs pensées, mais plus simplement leur vie quotidienne. Ils tuent comme ils s'attelleraient à n'importe quel métier, c'est-à-dire de façon ordinaire. Car ce ne sont pas les plus motivés ou les plus sadiques, ni même les plus endoctrinés, qui tuent avec une telle facilité, ce sont avant tout les hommes les plus disponibles.
L'objet de ce livre n'est donc pas de savoir qui sont ces exécuteurs ni au nom de quoi ils tuent, mais de montrer comment dans certains contextes, exécuter d'autres hommes constitue la vie ordinaire de tueurs anonymes.
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Expert reconnu des épidémies de choléra dans les pays en développement, Renaud Piarroux ne pensait pas devoir s'impliquer en première ligne dans la lutte contre l'épidémie de Covid-19 en France. Pourtant, de retour d'une mission à Kinshasa début mars, il constate avec effarement combien son propre pays sous-estime le danger et tarde à se préparer. Après plusieurs jours passés à tenter d'alerter ses collègues de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, il parvient à rencontrer Martin Hirsch, son directeur général. Son message fait mouche et les hôpitaux de Paris se mettent immédiatement en ordre de marche.
Dans ce récit enlevé, Renaud Piarroux, acteur et observateur privilégié de la crise, emmène le lecteur dans une épopée qui le conduira de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière au coeur de la forêt amazonienne, en Guyane, à un moment critique. Il nous dévoile ici toute la richesse de l'épidémiologie?: collecter les informations pertinentes et les analyser, mettre en place des stratégies de lutte pour casser les chaînes de contamination, suivre l'actualité scientifique et discerner, parmi les études, celles dont les résultats sont fiables des autres. Au passage, il nous livre son regard sur la gestion de la crise et pointe carences et dérives qu'il faudra impérativement corriger sous peine de voir des catastrophes similaires se reproduire.
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Alors même que l'activité d'écrivain tend à se professionnaliser, les auteurs connaissent aujourd'hui une précarisation : rares sont celles ou ceux qui parviennent à vivre uniquement de leur plume. Certains exercent un autre métier plus ou moins lié à l'écriture (enseignement, édition, écriture de scénarios, etc Alors même que l'activité d'écrivain tend à se professionnaliser, les auteurs connaissent aujourd'hui une précarisation : rares sont celles ou ceux qui parviennent à vivre uniquement de leur plume. Certains exercent un autre métier plus ou moins lié à l'écriture (enseignement, édition, écriture de scénarios, etc.), qui est leur source de revenus principale. Pour d'autres, les activités connexes occasionnelles - lectures-débats, résidences, ateliers d'écriture - constituent une ressource économique de plus en plus importante. C'est sur ces activités et les échanges qu'elles impliquent avec d'autres médias, théâtre, cinéma, musique, qu'est centré le présent ouvrage. Quel est le rôle de ces interactions dans le processus de reconnaissance littéraire ? Comment s'articulent-elles avec l'écriture ? Comment sont-elles prises en compte et/ou en charge par les intermédiaires et représentants des écrivains : éditeurs, libraires, bibliothécaires, organisateurs de manifestations littéraires, sociétés d'auteurs ?
La première enquête de fond sur les conditions d'exercice du métier d'écrivain aujourd'hui en France. -
La légitime défense ; homicides sécuritaires, crimes racistes et violences policières
Vanessa Codaccioni
- CNRS
- Sciences Politiques Et Relations Internationales
- 30 Août 2018
- 9782271120618
La légitime défense est au coeur de l'actualité politique et judiciaire : multiplication du nombre de femmes battues qui tirent sur leur mari ou leur compagnon violent, mobilisations pour soutenir des commerçants qui ont tué des voleurs, et, plus récemment, facilitation de l'usage des armes par la police dans le cadre du renforcement de la lutte antiterroriste.
Si la légitime défense fascine et fait débat - est-elle un permis de tuer ou l'arme du faible ? -, elle a aussi ses partisans radicaux : des militants pro-armes réclamant un « droit de tirer » et un « droit de tuer » ceux qui représenteraient un danger pour eux-mêmes et pour la société.
Parallèlement à l'étude de leurs mobilisations, Vanessa Codaccioni se penche sur les grandes affaires de légitime défense depuis la fin des années soixante-dix. Elle montre qu'il s'agit le plus souvent d'homicides sécuritaires, de crimes racistes ou de violences policières, et analyse la manière dont leurs auteurs tentent d'échapper à la justice, notamment par un renversement des figures du coupable et de la victime.
Par l'étude socio-historique des homicides « défensifs » et des usages sécuritaires des armes, ce livre explore la manière la plus radicale de se faire justice. Il interroge plus généralement les liens entre politiques du « faire mourir », pouvoir de mort et atteintes au droit à la vie dans les régimes démocratiques.
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Sociologue hors normes, Norbert Elias, né en Allemagne en 1897, mort aux Pays-Bas en 1990, est considéré comme l'un des plus grands représentants de sa discipline, à l'égal de Weber, Durkheim ou, plus tard, Bourdieu. Ayant dû fuir l'Allemagne nazie pour la France puis la Grande-Bretagne, il a attendu l'âge de la retraite pour voir son oeuvre enfin publiée et reconnue. Introduite tardivement en France dans les années 1970, elle commence seulement à bénéficier de la reconnaissance internationale et pluridisciplinaire qu'elle mérite, tant auprès des sociologues que des psychologues, historiens, politistes et anthropologues.
Rendre sa pensée plus accessible en en dégageant les motifs souterrains, et en dissipant quelques-uns des malentendus dont elle a pu pâtir, tel est le premier objectif de cet ouvrage. Quelques études de cas dans divers domaines illustrent la fécondité de ses apports : la question de l'authenticité, la notion d'élite, le statut d'artiste dans la modernité et le rôle de l'excitation dans les spectacles sportifs et la consommation des oeuvres de fiction. Une courte postface propose un commentaire plus personnel sur la vie exceptionnelle d'un penseur hors du commun.
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Documentation photographique n.8129 : un monde de migrants
Documentation photographique
- CNRS
- Documentation Photographique
- 4 Juillet 2019
- 9782271126153
Depuis 2015, la question des migrations fait l'actualité comme s'il s'agissait d'une réalité nouvelle. Pourtant, elle est une composante essentielle de l'histoire mondiale depuis le XIXe siècle et le peuplement des «nouveaux mondes». Depuis cette époque, les motivations des migrants n'ont pas changé. Une partie d'entre eux sont des réfugiés, mais l'immense majorité prend la route pour trouver du travail et construire une vie meilleure. Bien que l'immigration légale constitue la majorité des flux, elle est très encadrée et limitée numériquement. Les candidats sont ainsi nombreux à tenter leur chance dans la clandestinité.
Ce dossier pose les grands enjeux des migrations contemporaines et dissipe un certain nombre de fausses croyances.
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L'urbanisation à l'échelle planétaire et la conscience croissante des problèmes écologiques font de l'«?urbain?» un objet privilégié pour l'action publique et la recherche. C'est en effet grâce à la perspective urbaine que nous parvenons aujourd'hui à une meilleure compréhension des sociétés contemporaines et des milieux de vie.
En articulant les dimensions sociales, écologiques, politiques et matérielles, les recherches actuelles apportent de nouvelles connaissances sur les théories et définitions de l'urbain, les populations urbaines et la production de leur cadre de vie. Les enjeux sont de taille. Ils touchent à la qualité de vie des citadins et à la forme de nos sociétés?: diversification des populations, accroissement des inégalités, recompositions des flux, des échelles et des pouvoirs urbains, changements de l'environnement planétaire, etc.
Le présent ouvrage, qui repose sur un important travail collectif sur les villes des Nords et des Suds, propose un panorama engagé de ces enjeux présents et, surtout, à venir pour la recherche urbaine.
Ouvrage coordonné par Félix Adisson, maître de conférence à l'Université Paris-Est Marne-la-Vallée et chercheur au LATTS?; Sabine Barles, professeure à l'Université Paris 1 Panthéon Sorbonne et chercheuse à l'UMR Géographie-Cités?; Nathalie Blanc, directrice de recherche au CNRS et chercheuse au LADYSS?; Olivier Coutard, directeur de recherche au CNRS et chercheur au LATTS?; Leïla Frouillou, maîtresse de conférence à l'Université Paris Nanterre et chercheuse au CRESPPA?; Fanny Rassat, docteure de l'Université de Paris et chercheuse au LADYSS.
Préface de Stéphanie Thiébault, directrice de l'Institut écologie et environnement du CNRS, et de François-Joseph Ruggiu, directeur de l'Institut des sciences humaines et sociales du CNRS.
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Avec les mots, avec le corps, le genre s'impose. En ouvrant la bouche ou en nous habillant le matin, nous portons les marques du genre.
Nos moyens d'expression sont genrés. Nous en jouons et, ce faisant, nous élaborons un imaginaire de la différence sexuelle. Le plus souvent, nous nous contentons d'activer des stéréotypes. Étudier ces marques du genre est donc un vaste chantier, auquel cet ouvrage collectif entend contribuer.
Les mots d'abord. La langue continue à véhiculer de redoutables préjugés sexistes. En témoigne la règle apprise à l'école : « Le masculin l'emporte sur le féminin. » Mais l'écriture inclusive aujourd'hui proposée s'insurge contre la prééminence du masculin sur le féminin dans la langue française.
Et l'histoire des langues et des oeuvres littéraires donne bien des exemples de résistance à ce masculin qui s'impose comme neutre et universel.
Le corps ensuite. Des espaces de liberté se sont ouverts, mais les normes traditionnelles n'ont pas disparu. Le corps vêtu continue de dire le genre.
À moins de perturber le regard avec un travestissement, des pilosités inattendues ou une gestuelle inhabituelle, s'« attaquer » au genre, à son binarisme obligatoire et hiérarchisé, n'est pas chose facile.
Peut-on dépasser le genre ? L'annuler ? Créer du neutre ?
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Mondialement reconnue pour sa gastronomie, la France est aussi le pays des cantines...
Dont les opérateurs occupent une position dominante sur les principaux marchés internationaux. Sur notre territoire, ils se hissent au premier rang des employeurs de cuisiniers, avant les restaurants. Ils offrent des conditions de travail relativement satisfaisantes et leurs contraintes d'activité impliquent plutôt une maîtrise ou un élargissement des compétences traditionnelles de la restauration. Mais le positionnement identitaire du secteur reste difficile, tant sous le prisme d'images anciennes qu'à travers un caractère social encore déprécié.
Ce phénomène s'observe également dans un nombre croissant de restaurants, qui tendent à s'éloigner du modèle artisanal ou artistique pour adopter une conception plus industrielle ou plus banalisée de la production culinaire. L'ancrage singulier de la cuisine française dans un passé mythifié, présenté comme exclusivement gastronomique, contribue à expliquer l'ampleur du décalage entre idéal professionnel et réalité du métier.
D'où l'émergence d'un sentiment nostalgique. Avec le temps, le rêve l'une restauration gastronomique de renom s'estompe-t-il au profit d'une alimentation plus fonctionnelle et moins prestigieuse ? Les cuisiniers qui exercent une activité non conforme à leur ambition première parviennent-ils à réaliser leur idéal professionnel sur la base de compétences nouvelles ? Ceux qui n'ont jamais connu de véritable ambition gastronomique s'adaptent-ils mieux que leurs confrères à la réalité du métier ? Le présent ouvrage, qui pour la première fois aborde le marché de la restauration dans son ensemble, s'appuie sur un ancrage historiographique critique et une comparaison internationale pour offrir une approche inédite du secteur de l'hôtellerie-restauration et du métier de cuisinier, dans l'éventail de leurs évolutions.
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Joie tragique ; les formes élémentaires de la vie électronique
Vincenzo Susca
- CNRS
- 10 Mars 2011
- 9782271070104
Joie tragique Les formes élémentaires de la vie électronique En bref Tout ce qui se cache au fond du Web, du cinéma, de la télévision, mais aussi de la vie quotidienne à l'aube du XXIe siècle Le livre Le succès de Dexter ou d'Avatar, l'engouement pour Facebook, la diffusion massive des sites comme YouPorn, les performances spectaculaires des télépopulistes, la ferveur populaire soulevée par Barack Obama... Le paysage médiatique du début du XXIe siècle est protéiforme et mondialisé. Cet essai en étudie les arcanes.
La culture contemporaine est profondément ludique, en témoigne l'effervescence joyeuse qui anime la nouvelle culture électronique. Pourtant, dans ce carnaval diffus, imprégné d'excès, se manifeste un esprit grotesque et un sentiment tragique qui renvoient à l'acceptation et à l'intégration de la mort dans la vie, de la douleur dans la jouissance, de l'ombre dans la lumière. L'hédonisme s'accompagne de souffrances lancinantes.
Vincenzo Susca scrute les manifestations de cette joie tragique qui constitue la lame de fond de notre culture mondialisée, une tension qui traverse et façonne les formes élémentaires de la vie électronique.
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Le culte du banal ; de Duchamp à la télé-réalité
François Jost
- CNRS
- Biblis
- 26 Septembre 2013
- 9782271077318
En 2001, les Cahiers du cinéma classaient " Loft Story " dans les dix meilleurs films de l'année quand d'autres condamnaient cette télé-poubelle. La télé-réalité est-elle l'ultime avatar de l'art contemporain ou le degré zéro de la banalité ?
François Jost nous rappelle que de l'un à l'autre il n'y a qu'un pas. Duchamp, Warhol ou Perec, icones de la modernité, ont été les chantres de l'ordinaire, du quotidien, du banal, quand dans le même temps Barthes mettait à mort la notion d'auteur.
Dans cet essai percutant sur les inversions d'un siècle l'auteur montre comment le culte du banal d'abord à la pointe de tous les combats contre les institutions s'est finalement dilué dans nos petits écrans.