Si vous aussi, vous ressentez l'envie d'échapper à l'hystérie de l'époque en faisant un pas de côté et en tournant poliment le dos au jeunisme ambiant, cette revue est faite pour vous. Elle vous fera replonger dans des oeuvres parfois oubliées, rencontrer des personnages hauts en couleur, mémoires encore vivaces de notre patrimoine culturel, vous permettant ainsi de satisfaire vos goûts de jeune (ou vieux) schnock.
Ni rétrograde, ni passéiste. Schnock, donc... Tout bonnement. Alors rejoignez-nous ! Après vous...
Enquêter sur « la guerre transmise », c'est explorer un territoire immense. Celui de la guerre elle-même, bien sûr, elle que nous pouvons tenir pour la plus importante épreuve collective que puisse traverser un acteur social - au point d'ailleurs qu'elle imprime parfois sa marque jusqu'aux heures ultimes de sa propre vie. Mais c'est aussi, d'un même élan, interroger sa transmission : par les liens puissants qu'une guerre tisse avec celles qui la précèdent ; à travers la parole des témoins, les oeuvres de écrivains, des cinéastes, des artistes ; par l'École, les musées et le politique. Elle descend ainsi les filiations par le jeu des mémoires familiales, d'une génération à l'autre, puis de celle-ci aux suivantes. Elle se transmet également par les historiens, qui font de la guerre récit, et qui oublient parfois que c'est en disant la guerre qu'est née leur discipline. Elle se transmet enfin - et peut-être surtout - par le silence, ce que les spécialistes de la psyché savent mieux que les historiens.
Dans cette dixième livraison de Sensibilités, ces derniers posent ensemble leur regard sur les expériences de guerre d'autrefois et les modalités de leur transmission sur la longue durée. Mais plutôt que de les scruter en parallèle, ce numéro tente surtout d'organiser une interlocution véritable entre approches disciplinaires, sans jamais perdre de vue le rapport personnel des chercheurs en sciences sociales ou des explorateurs de la psyché aux objets qu'il analyse.
Avec : Janine Altounian, Stéphane Audoin-Rouzeau, Jeanne Bernard, Julien Blanc, Françoise Davoine, Hélène Dumas, Pierre Judet de La Combe, Rithy Panh, Jean Rouaud, Karine Rouquet, Henry Rousso, Emmanuel Saint-Fuscien, Olivier Saint-Hilaire, Nicolas Werth.
Avec la crise sanitaire, nous avons tous redécouvert notre domicile, ou bien nous l'avons investi différemment. Cette expérience à la fois personnelle et collective nous a conduits, à des degrés divers, à nous interroger sur les contours de l'espace privé et sur ce qu'habiter veut dire. En donnant la parole à des artistes, des philosophes et des sociologues, ce numéro propose une réflexion sur la façon dont les normes de l'habiter se sont définies au fil du temps, en prenant en compte les formes du cadre bâti comme les processus d'appropriation qui font du logement un espace à soi. Que dit de nous une représentation picturale ou photographique de notre intérieur ? Quel rapport entretient-on avec soi et avec l'espace quand on vit dans un monastère ? Comment parvient-on à se recréer un espace intime quand on vit dans la rue ? De quelle(s) utopie(s) les pratiques d'autoconstruction sont-elles porteuses ? Telles sont quelques-unes des thématiques abordées dans ce numéro qui invite à partir à la découverte d'un espace capital et singulier, le « chez-soi ».
Des études approfondies du commerce des aviations de chasse, les expéditions d'observation des passages de la planète Vénus au 18esiècle, ou la formation du jeune Bourdieu. Un dossier, coordonné par Jérôme Lamy et Sébastien Plutniak, fait le point sur les relations entre la science et l'anarchie. En même temps qu'il fait le point sur l'état des connaissances, il met l'accent sur des figures de cet alliage, par exemple Paul Feyerabend ou André «Dédé-la-science» Langaney. La rédaction poursuit également son travail d'exploration des archives en dépoussiérant un texte du philosophe belge Léo Apostel, particulièrement dense et publié en 1977. Un autre texte important de Jacques Bouveresse paru en 1985 interroge les fondements de l'intelligence artificielle. Un entretien avec l'historien Christophe Charle, au titre volontiers provocateur (« Les débats épistémologiques en histoire, c'est toujours un peu du théâtre »), met en lumière les séquences et progrès d'une longue et fructueuse carrière. Des notes critiques complètent le sommaire, qu'introduit un éditorial invité d'Arnaud Fossier sur les conditions de production de la vérité en histoire, dans un contexte de mise en question du métier d'historien par quantité de faussaires qui prétendent dire le vrai sur le passé.Â
Avion, smartphone, voiture, viande, fruits exotiques, légumes hors-saison... À quoi devons-nous renoncer ? Une fois admis que le mode de vie occidental n'est pas soutenable écologiquement et que tout ne pourra pas être rendu «â€‰vert », il devient nécessaire de faire le tri parmi nos objets, nos usages et nos habitudes. Et pour atteindre l'objectif de 2 tonnes équivalent carbone par personne, certains sacrifices seront nécessaires... De quoi avons-nous vraiment besoin ? Pourquoi rien n'est-il jamais «â€‰suffisant » ? Faudra-t-il nous rationner ? Boycotter sert-il à quelque chose ? Comment démanteler nos grandes infrastructures ? Autant de questions auxquelles Socialter tente de répondre dans ce dossier.
DARD/DARD analyse et met en récit les transitions écologiques et sociales. La revue propose des dossiers thématiques sur les grands enjeux de la transition et va dans les territoires à la rencontre de celles et ceux qui construisent le monde de demain, durable et solidaire. Au sommaire de ce numéro de printemps : - Le monde en transition - Dossier : Fin du monde/fin du mois - La transition avec les milieux populaires - Quelle écologie pour quelle justice ? -Quelle écologie dans les milieux populaires ? - Récit fictionnel : Vivre avec des quotas carbone pour plus de solidarité ! - L'exemple : l'association Vrac, Pas de quartier pour la malbouffe dans les milieux populaires ! - Territoire en transition : Malaunay, premier volet : la « montée en transition » - Entretien croisé : Maxence Cordiez # Yves Marignac : Quelle place pour le nucléaire dans notre scénario énergétique ? - Hérauts en transition : projet Tera en Lot-et-Garonne
Paru en 1885 à Paris, De l'égalité des races humaines est un plaidoyer en faveur de la race noire, une réponse à l'essai De l'inégalité des races humaines de Joseph Arthur de Gobineau. Anténor Firmin voulait combattre les thèses racistes de Gobineau par ce livre de combat qui apporte au mouvement panafricain une grande rigueur scientifique. Se positionnant contre les pseudo-scientifiques, Firmin définit une anthropologie critique, sociale et culturelle. Il réévalue le rôle essentiel des cultures africaines dans l'histoire de la civilisation, des Égyptiens à la première République noire d'Haïti. L'auteur affirme ses certitudes sur l'égalité des hommes et ouvre de nouvelles voies (voix) à la réflexion sur la condition noire. De l'égalité des races humaines est un incontournable pour comprendre le racisme et les stéréotypes qui circulent dans nos sociétés modernes.
Des êtres, poussés par l'urgence vitale, se retrouvent à arpenter la longue route, semée de haines et de peurs, qui mène de l'Afrique à l'Europe, questionnent ce qui fonde notre humanité: une fragilité de notre relation. Ils s'agitent, sans l'avoir choisi, dans une tragédie d'errances multiples. Ces hommes, ces femmes, ces enfants, que l'on nomme avec un langage à géométrie variable - migrants, réfugiés, étrangers - ont ce visage que beaucoup ne veulent plus voir. Le début des récits à venir se fonde pourtant sur la réinvention possible d'un Etre-ensemble.
Qu'ils vivent en famille d'accueil ou en foyer, la plupart des adolescents relevant de la protection de l'enfance, comme tous ceux de leur âge, possèdent aujourd'hui un smartphone. Alors que les mesures de placement cherchent à séparer les lieux de vie pour leur permettre de se reconstruire loin d'un milieu familial jugé inadapté, cet outil technologique constitue un cordon relationnel, qu'ils peuvent gérer de manière autonome. Quels usages en font-ils ? Peut-on les considérer comme bénéfiques ou au contraire comme dangereux ?
En l'absence de consignes officielles précises, les professionnels de la protection de l'enfance (assistants familiaux, éducateurs, référents, coordinateurs, juges...) doivent trouver de nouveaux ajustements pour faire cohabiter pratiques juvéniles, communications familiales et mesures de protection. À partir d'une analyse des décisions de justice et de la réalité des pratiques, les auteurs montrent les marges de manoeuvre possibles entre le maintien d'un cadre formel et l'élaboration d'un accompagnement qui tient compte du parcours familial des enfants et des innovations socionumériques.
Tout se passe comme si, face aux catastrophes en cours et à venir, le pessimisme ambiant devait être compensé par des promesses toujours plus exorbitantes. Les rutilants projets spatiaux de ces dernières années en sont l'exemple le plus frappant : vols suborbitaux pour riches désÅ«uvrés, constellation de mini-satellites, publicités et industries lourdes envoyées dans l'espace, terraformation de Marsâ€- Qu'importe, si ces pseudo-aventures risquent de précipiter l'humanité dans l'abîme, si elles sont hautement spéculatives au regard des lois de la physique ou de l'état actuel des connaissances, ou même si elles répondent avant tout à la soif de domination de quelques milliardaires - Jeff Bezos, Elon Musk et Richard Branson en tête - boursouflés de pouvoir et de capitaux, plus occupés à faire fructifier leurs parts de marché (bien terrestres) qu'à trouver des solutions aux désastres en cours. Dans ce numéro, Socialter a choisi de se pencher sur les délires d'escapisme qui remodèlent profondé
Manger, c'est changer le monde trois fois par jour.
Parce que notre fourchette a un impact sur les hommes et la planète, Oui ! vous apporte son éclairage sur ce que l'on mange et l'on produit aujourd'hui.
Aujourd'hui, l'alimentation n'est pas un choix strictement personnel, c'est aussi un choix politique : elle impacte l'écologie, l'économie, le bien-être des hommes et celui des animaux. Elle dépend de notre rapport au monde et l'influence à la fois. Difficile, pourtant, de faire le tri, de séparer le bon grain de l'ivraie, fut-il de quinoa.
Cette revue réalisée par La Ruche qui dit Oui ! souhaite apporter son éclairage sur ce que l'on mange et l'on produit aujourd'hui. Vous n'y trouverez pas d'idées pré-machées, de dogmes réchauffés, mais seulement l'expression d'une curiosité, d'un appétit pour la vérité souvent difficile à satisfaire dans le monde de l'alimentation. On peindra ce monde tel qu'il est. Pour le meilleur et pour le pire. À chacun ensuite de faire ses choix, en conscience.
La Ruche qui dit Oui ! la plateforme web des circuits courts, donne à tous les moyens de créer un système alimentaire juste. 5000 Producteurs, 1100 Ruches et 160 000 utilisateurs réguliers inventent chaque jour une nouvelle façon de consommer. www.laruchequiditoui.fr
P class="MsoNormal">ENQUÊTES p class="MsoNormal">Jean-Samuel Beuscart, Anne-Sylvie Pharabod, Valérie Peugeot p class="MsoNormal">Discuter sa transition écologique n ligne un appui collectif dans la transformation de soi p class="MsoNormal">Pierre Périer, Chloé Riban p class="MsoNormal">L'ethnicisation des parents à l'école assignations identitaires et logiques d'action des mères immigrées de milieux populaires p class="MsoNormal">Élodie Druez p class="MsoNormal">Résister par p ou contre p la classe Identifications de classe et réponses à la racisation chez les Black middle classes p subsahariennes à Paris et à Londres p class="MsoNormal">Stanislas Morel p class="MsoNormal">L'« nquiétante étrangeté . Les rapports des assistantes sociales aux programmes de réussite éducative vus au prisme de la sociologie des professions d'Andrew Abbott p class="MsoNormal">span style="mso-bidi-font-family:"Times New Roman"; text-transform:uppercase">Théories et Méthodes p class="MsoNormal">Loïc Pignolo, Sandro Cattacin span style="text-transform:uppercase"> p class="MsoNormal">Enquêter l'illégalité les défis méthodologiques de se confronter à un terrain ambivalent p class="MsoNormal">COMPTES RENDUS p class="MsoNormal">Christèle Dondeyne p class="MsoNormal">Scarlett Salman, Aux bons soins du capitalisme. Le coaching en entreprise p p class="MsoNormal">Patricia Loncle-Moriceaus>s> p class="MsoNormal">Yaëlle Amsellem-Mainguy, Les Filles du coin. Vivre et grandir en milieu rural p p class="MsoNormal">Perrine Agnoux p class="MsoNormal">Sophie Orange et Fanny Renard, Des femmes qui tiennent la campagne p p class="MsoNormal">Marion Clerc p class="MsoNormal">Pierre Blavier, Gilets jaunes, la révolte des budgets contraints p p class="MsoNormal">span lang="EN-US">Sylvain Bordiec p class="MsoNormal">span lang="EN-US">Anthony Abraham Jack, The Privileged Poor. How Elite Colleges Are Failing Disadvantaged Students
Dossier : le procès des données L'ethnographie en procès. Enjeux contemporains autour de l'éthique de l'enquête de terrain (Sylvain Laurens).
L'assignation à comparaître et la saisie des données ethnographiques (Shamus Khan).
Une armure pour les ethnographes (Jack Katz).
Peur de la violence et enquête de terrain. Enquêter sur la criminalité organisée entre les risques de violence et les injonctions paradoxales du milieu académique (Marwan Mohammed).
Qui protéger, consentir à quoi, enquêter comment ? Les sciences sociales face à la bureaucratisation de la vertu scientifique (Johanna Siméant-Germanos).
Enquêter sur la filière nucléaire après Fukushima : une recherche négociée (Valérie Arnhold).
Historicité et vérifiabilité des données : sortir l'histoire de son berceau judiciaire (Joseph Morsel).
Rubrique.
Entretien avec Roland Marchal (par Johanna Siméant-Germanos).
Fenêtre.
La base de données sur les appartements parisiens saisis pendant l'Occupation (Isabelle Backouche et Sarah Gensburger).
« Jouer dehors ! », « libérer la scène », « libérer la parole » : autant d'appels répétés à un théâtre qui se veut « libéré » d'un ensemble de contraintes plus ou moins explicitement nommées. Libérer le théâtre, oui, mais de quoi ?
Ce numéro est consacré aux formes d'expressions verbales et de performances qui investissent l'espace public et qui revendiquent par ce geste, sinon de faire un théâtre politique, à tout le moins de libérer une parole enfouie, tue ou généralement ignorée et habituellement absente du plateau de jeu. Sortir « dans la rue », jouer « dehors », prendre possession de l'espace public, en somme sortir des théâtres, des arènes, des scènes, permettrait une adéquation entre parole politique et espace public, libérant la parole des citoyens sur des sujets de société sensibles ou qui font débat (des questions sociales, politiques, mais aussi de genre). Du Chili à Marseille, en passant par le Brésil, le Burundi, le Mali, le Rwanda et Sevran, ce numéro approfondit la définition, la portée et les enjeux de divers théâtres joués dans l'espace public.
En 1962, Emile J. Biasini précisait dans un rapport, reproduit ici intégralement, les contours réels des maisons de la culture, qui devinrent le symbole de l'action culturelle. Elles devaient illustrer la mission fondamentale du ministère de la Culture, telle qu'elle fut définie par André Malraux : "rendre accessibles les oeuvres capitales de l'humanité, et d'abord de la France, au plus grand nombre possible de Français, assurer la plus vaste audience au patrimoine culturel, et favoriser la création d'oeuvres de l'art et de l'esprit qui l'enrichissent".
Parallèlement, depuis une vingtaine d'années, les "événements" culturels se succèdent à un rythme de plus en plus rapide qui réjouit les uns et alarme les autres. Cette omniprésence de l'événementiel joue-telle au détriment de l'action culturelle ou la conforte-t-elle ?
A travers les contributions de Pierre-Yves Heurtin, Catherine Clément, Jean-Michel Djian, Paul Virilio, Françoise Grùnd, André Lewin, Jean Biaise et Chérif Khaznadar, le présent ouvrage aborde cette problématique sous des angles différents. Il n'apporte pas de réponses, il offre matière à réflexion.
Jean Duvignaud, pour qui l'événement, comme le mirage des songes, serait "une appropriation commune dont se repaît la vie collective", a préfacé ce livre peu avant sa disparition.
De nos jours, la censure n'a plus le visage officiel des systèmes autoritaires connus par le passé. L'autocensure a pris une telle place dans les imaginaires qu'il n'est plus nécessaire de recourir à la violence directe d'un temps révolu. Des dynamiques orchestrées sous le manteau sont sans cesse en marche. Le non-dit ou le principe de l'évitement suffisent à noyer les questions qui fâchent, au point que les créateurs, les artistes, les chercheurs en sciences humaines, épousent d'eux-mêmes les contours d'une pensée consensuelle. Un numéro qui soulève bien des questions.
Ce numéro s'inscrit dans le cadre du programme ANR franco-allemand Eco- GlobReg « Histoire environnementale du temps présent : l'Union soviétique et les États successeurs, 1970-2000. Globalisation écologique et dynamiques régionales », qui vise à étudier les processus d'émergence et d'effacement des discours écologistes dans la politique et la société soviétiques et ex-soviétiques.
Il s'agira ici d'examiner en particulier les effets - ou absence d'effets - d'une prise de conscience environnementale dans l'exploitation agro-pastorale des steppes centrasiatiques, du point de vue de ses acteurs : autorités politiques, experts en agriculture, directeurs et employés de kolkhozes et de sovkhozes, fermiers privés, bergers salariés, membres d'ONG.
Le discernement n'est pas d'abord une démarche intellectuelle, une technique éprouvée ou même l'application de valeurs morales. Dans la dynamique d'une vie orientée par l'Evangile et dans l'esprit des Exercices spirituels d'Ignace de Loyola, il s'agit de repérer les mouvements intérieurs qui surgissent en nous pour distinguer ceux qui sont signes d'un surcroît de vie, de ceux qui apportent avec eux le découragement et la paralysie intérieurs.
Discerner, c'est faire le tri dans les aspirations ou les résistances que suscite en nous un choix. Il nous faut pour cela libérer nos facultés d'analyse des attachements mal placés qui peuvent les altérer, car c'est en désirant vraiment la décision qui viendra que nous accomplissons ce que la foi chrétienne appelle la volonté de Die
Que pourrait être un monde où l'air est respirable pour quelqu'un comme Adama Traoré, où la Méditerranée est une mer plutôt que le tombeau des espoirs en exil des harragas comme l'appelle de ses voeux la bande dessinée de Thiziri qui clôture ce numéro. Les violences policières sont une manifestation visible de politiques dont la logique consiste à étouffer, asphyxier, écraser et effacer les familles issues de l'immigration postcoloniale, en nous affectant directement ou indirectement.
L'idée de consacrer un numéro aux utopies a été décidée bien avant que la pandémie ne nous confine, et la promesse présidentielle d'un « monde d'après », qui fait peur plus qu'il ne fait rêver, à partir du moment où nous avons vu des drones se mettre à parler. Nous ne sommes pas tous égaux/égales face à la tâche d'imaginer quel serait ce monde, dans un contexte d'état d'urgence sanitaire qui a affecté de façon différenciée les individus selon leur race, leur classe et leur genre. Comment imaginer d'autres mondes quand nous sommes sous l'emprise de « nécessités pressantes » comme celle d'assurer la continuité de la vie de la nation, endossée principalement par des femmes et/ou racisé·es et/ou prolétaires.
2020 signe les cinq ans de la revue AssiégéEs qui met au centre les réflexions et les enjeux des personnes racisées appartenant aux minorités sexuelles et de genre, comme une opportunité de produire des savoirs, et de créer, avec nos façons de faire. Penser nos expériences n'est pas une finalité lorsque nous produisons des connaissances, parfois sous la forme d'auto-histoires : il s'agit toujours de nous relier à des histoires collectives ; de penser les rapports sociaux, les structures oppressives, à partir de la condition minoritaire ; de confronter fructueusement les multiples expériences de racialisation et de sexualisation.
Avec la revue AssiégéEs, nous faisons l'effort de traduire « nos propres peurs », « nos propres insécurités » comme l'espérait Donna Kate Rushin, car notre parole politique ne peut être réduite à traduire et faire des ponts entre les un·es et les autres, car nos corps et nos dos ne sont pas des ponts à piétiner.
Où se situent nos mémoires ?
Dans notre mémoire des lieux, au coin de la rue, quand un souvenir émerge. Dans le fond d'un carton poussiéreux d'archives ; dans les musées coloniaux ;
Les cimetières. Dans l'usine ; les champs ; les sites de construction ; les chambres de bonne ; les douches publiques. Les foyers de travailleurs immigrés ; les bidonvilles ; les camps ; les prisons ; les parloirs ;
Les cités de transit. Dans les traversées. Dans des espaces prévus pour disparaître. Dans des espaces qui prévoient notre disparition.
Dans la garde que prend mon corps ; nos jambes qui courent en zigzag ; nos cicatrices ; mes poils ;
Les mains abîmées par l'eau de javel ; l'espace pour poser sa tête sur les jambes de Setti. Dans l'odeur de l'ail et des épices de « chez-moi » ; le miel et l'huile d'olive ; les fleurs de jasmin ; le bon café qui siffle dans l'ibriq. Dans les rituels couchés sur des papiers secrets ou transmis par le corps ; les rituels afrocaribéens ; les arts martiaux et les danses ; le Gwo Ka, le kalarri payattu, la capoeira, le hip-hop.
Dans des mappemondes tenues à l'envers ; les vieilles photos et papiers d'identité enveloppés dans de l'aluminium ; les foulards des aïeules ; les jouets cachés au fond d'un tiroir, sous une pile de vieux sous-vêtements ; nos laissez-passer, nos cartes de séjours, nos passeports ou leur absence.
Nos silences et non-dits. Nos récits oraux et nos histoires. Nos tentatives pour préserver nos mémoires. Nos tentatives pour transmettre nos luttes, nos traces, nos sillons, nos mondes.
Ce cinquième numéro, Transmettre, se propose d'évoquer nos mémoires et amnésies intimes et collectives. Les transmissions passent par les corps, les gestes, l'ordinaire, le mondain, les luttes, par nos ancêtres et nos liens à la terre.
Une vingtaine d'auteurs venant d'horizons géographiques et disciplinaires différents collaborent à ce numéro dont le projet est d'interroger les sciences sociales et humaines, mais aussi la philosophie et même le droit, sur leur rapport à la domination coloniale. Cette relation restant très généralement du domaine du non-dit, on y explore ce qui relève des implicites, des métaphores, des lacunes, bref, des impensés. Il s'agit donc de montrer, à partir de cas précis, comment certains scientifiques sociaux ont mené leurs recherches en complicité totale, mais déniée ou ignorée avec l'entreprise coloniale, comment cette adhésion sans faille à l'esprit de la colonie a marqué et marque encore le choix des objets, la méthodologie, la théorisation, la conceptualisation, le privilège accordé à certaines approches aux dépens d'autres. Au-delà de cette perspective historique sur le passé des disciplines, se pose aussi la question de la persistance et de l'insistance de ce lien largement occulté entre sciences sociales et colonie.
Ce double numéro d'Émulations. Revue de sciences sociales invite à construire nos pratiques pédagogiques de formation à l'enquête de terrain comme objet de recherche. L'originalité des contributions réunies ici est de proposer des récits d'expériences singulières de cet enseignement dans une pluralité de situations : des stages de terrain à partir d'enquêtes collectives, des enseignements en salle de classe dans des cursus de sciences sociales ou bien encore des formations à l'enquête dans des écoles professionnelles. Malgré cette diversité, les douze articles décrivent tous des pratiques d'enseignement et d'apprentissage collectives et réflexives. Ils reviennent sur la construction d'espaces de prises de parole étudiantes, à partir desquels s'invente un enseignement inductif. Ce numéro interroge aussi les effets des réformes sur les manières d'enseigner l'enquête en sciences sociales, que ce soit à travers le prisme d'un changement de maquette dans un cursus académique ou celui de l'universitarisation des formations professionnelles. En prenant parfois le risque de dévoiler les difficultés et limites de leur enseignement, les auteurs montrent l'intérêt pédagogique et heuristique de ce type de formation et participent à réarticuler recherche et enseignement. Nicolas Adell, Selma Bendjaballah, Anne Bossé, Coline Cardi, Barbara Casciarri, Laurence Charlier Zeineddine, Marie Chartier, Philippe Chaudat, Thibault Courcelle, Jérôme Courduriès, Anne-Laure Cozian, Estelle Czerny, Corinne Davault, Benjamin Derbez, Valéry Didelon, Ygal Fijalkow, Laurent Gabail, Guillaume Garcia, Jean Alain Goudiaby, Bénédicte Havard Duclos, Mélanie Jacquemin, Anaïs Leblon, Laurent Legrain, Victor Lepaux, Olivier Leservoisier, Nathalie Mondain, Julie Rannoux, Magalie Saussey, Christine Schaut, Jérémie Vandenbunder, Sandrine Victor, Juliette Woitchik
IN MEMORIAM François Chazel par François Dubet Margaret Maruani par Catherine Marry ENQUÊTES Maxime Quijoux, Cécile Rodrigues - La loi d'airain de l'entreprise coopérative. Comprendre la personnalisation du pouvoir dans les sociétés coopératives et participatives (Scop) Maël Ginsburger, Julie Madon - Faire durer ses objets, une pratique distinctive ? Consommation et frontières de classe chez les ménages aisés THÉORIES ET MÉTHODES Marie-Paule Couto - « Naturels » ou « naturalisés » ? Le travail d'identification des rapatriés d'Algérie par l'État et ses effets sur la recherche en sciences sociales Fabrice Ripoll - Du « capital d'autochtonie » au « capital international ». Penser la structuration scalaire des capitaux et des espaces sociaux DÉBAT : Vers une « droitisation » de la société française ?
Lise Bernard, Tom Chevalier - Introduction Frédérique Matonti - Intellectuels et hégémonie de l'idéologie réactionnaire Raphaël Challier - Peut-on parler de « droitisation » des classes populaires ?
Des usages ordinaires du clivage droite/gauche à l'écart du champ politique Vincent Tiberj - For what it's worth : la droitisation « par en bas » n'a pas eu lieu COMPTES RENDUS Anton Perdoncin - Anaïs Henneguelle et Arthur Jatteau, Sociologie de la quantification Margot Roisin-Jonquières - Haude Rivoal, La Fabrique des masculinités au travail Ève Meuret-Campfort - Collectif Rosa Bonheur, La Ville vue d'en bas. Travail et production de l'espace populaire