Sociologie généralités
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Sur la télévision ; l'emprise du journalisme
Pierre Bourdieu
- Raisons D'Agir
- Raisons D'agir
- 26 Novembre 1996
- 9782912107008
Ces deux cours télévisés du Collège de France, présentent, sous une forme claire et synthétique, les acquis de la recherche sur la télévision. Le premier démonte les mécanismes de la censure invisible qui s'exerce sur le petit écran et livre quelques-uns des secrets de fabrication des ces artefacts que sont les images et les discours de télévision. Le second explique comment la télévision, qui domine le monde du jounalisme, a profondément altéré le fonctionnement d'univers aussi différents que ceux de l'art, de la littérature, de la philosophie ou de la potitique, et même de la justice et de la science ; cela en y introduisant la logique de l'audimat, c'est-à-dire de la soumission démagogique aux exigences du plébiscite commercial.
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Blocs sociaux, conflits et domination : Pour une économie politique néoréaliste
Bruno Amable, Stefano Palombarini
- Raisons D'Agir
- Cours Et Travaux
- 5 Novembre 2024
- 9791097084417
Cet ouvrage présente les éléments d'économie politique qui ont servi de grille d'analyse à de nombreux travaux écrits ou co-écrits par les auteurs au cours des vingt dernières années sur le bloc bourgeois. S'il permet de dissiper certains malentendus et autres simplifications qui ont pu circuler à propos de ces travaux, il présente surtout en détail les principaux éléments théoriques de leur cadre d'analyse : les relations entre l'économie et le politique, la constitution des blocs sociaux, les différentes composantes de la domination, la façon dont les institutions régulent temporairement et imparfaitement le conflit social. L'ouvrage propose aussi une définition de différents types de crise qui peuvent caractériser une dynamique sociale : crise politique, crise de l'architecture institutionnelle, crise d'hégémonie. Une postface applique cette grille d'analyse aux quinquennats Macron et au projet de transformation néolibérale du modèle socio-économique français.
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Impérialismes : circulation internationale des idées et luttes pour l'universel
Pierre Bourdieu
- Raisons D'Agir
- Microcosmes
- 17 Février 2023
- 9791097084219
Les nations s'affrontent toujours en invoquant ce qu'elles portent de plus universel. La France a ainsi pu se prévaloir d'incarner la révolution universelle par excellence, et le modèle universel de toute révolution. Ce monopole de l'universel est contesté depuis quelques décennies, en particulier par les États-Unis, au nom d'autres principes d'organisation de la politique ou de la science. Car l'impérialisme n'est pas seulement une relation de domination entre pays, il s'exerce aussi dans les prétentions à l'universalité en matière de culture et de styles de vie. Sur la base de plusieurs textes explorant la dimension internationale des champs, ce livre ouvre des perspectives de recherche inédites sur les stratégies d'universalisation déployées par toute entreprise de domination.
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Si j'ai pu me résoudre à rassembler pour la publication ces textes en grande partie inédits, c'est que j'ai le sentiment que les dangers contre lesquels ont été allumés les contre-feux dont ils voudraient perpétuer les effets ne sont ni ponctuels, ni occasionnels et que ces propos, s'ils sont plus exposés que les écrits méthodiquement contrôlés aux dissonances, pourront encore fournir des armes utiles à tous ceux qui s'efforcent de résister au fléau néo-libéral.
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Microcosmes. théorie des champs
Pierre Bourdieu
- Raisons D'Agir
- Microcosmes
- 21 Janvier 2022
- 9791097084196
Ce livre constitue une occasion unique de saisir l'une des dimensions les plus innovantes de son oeuvre, moins connue mais non moins importante que les notions d'habitus ou de capital culturel : la théorie des champs, dont on trouve des formulations partielles dans nombre de ses travaux depuis La Distinction (1979).
La notion de champ sous-tend en réalité de manière plus ou moins explicite toute son oeuvre et fournit un instrument d'analyse qu'il mobilise sur un ensemble de domaines très diversifiés : la religion, la culture, la littérature, l'art, le monde académique, l'économie, la famille, le pouvoir, le patronat, etc. Tous ces objets sociaux particuliers sont en effet justiciables d'une analyse en termes de champ, une analyse relationnelle qui fait apparaître les forces qui les différencient et les séparent en même temps que les luttes spécifiques qui sous-tendent leur unité interne.
Pierre Bourdieu voulait proposer sous la forme d'un livre une synthèse provisoire permettant de faire apparaître la force opératoire et la cohérence théorique de ce concept inlassablement mis à l'épreuve de la réalité sociale tout au long de sa vie scientifique. Interrompu en 1995, ce projet est resté inachevé et le présent ouvrage est une tentative d'en proposer une réalisation approchée en s'appuyant sur les notes qu'il a laissées, sur les textes originaux qu'il a écrits dans ce but et sur une collection raisonnée d'articles qu'il souhaitait retravailler comme à son habitude dans la perspective de les intégrer à son livre.
Ce livre, voulu par son auteur et refait sans lui, pour lui, est un livre incontournable pour saisir la portée de son oeuvre. On ne peut réellement comprendre et saisir la portée des travaux les plus connus et les plus reconnus de Bourdieu sur la théorie de la pratique (habitus, dispositions, etc.) et sur la structuration de l'espace social (en fonction des capitaux culturels, économiques, sociaux, symboliques), sans les rapporter à la théorie des champs qui vient compléter le système conceptuel, scientifique et méthodologique, d'un auteur qui a révolutionné durablement les sciences sociales.
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Les Prisons de la misère est un livre important pour les éditions Raisons d'agir. Paru en 1999, il a été vendu a 20000 exemplaires et a été traduit dans vingt langues. Ce livre et son auteur, professeur à l'université de Berkeley, sont à l'origine d'un débat très intense sur le rôle de l'incarcération aux Etats-Unis et dans le reste du monde. La thèse qu'il soutient est que l'État pénal est en train de prendre la pace de l'État social et que l'emprisonnement devient un moyen massif de répondre à la misère produite par les politiques néo-libérales. Plus généralement, on assiste à un processus d'incubation et d'internationalisation des slogans (" la prison, ça marche "), des soi-disant théories (la " vitre brisée ") et des mesures (telles que le recours accru à l'incarcération, les peines-plancher, les camps de redressement et les couvre-feu pour jeunes) qui composent ce nouveau " sens commun " punitif, conçu pour endiguer la montée de l'inégalité et de la marginalité dans la ville postindustrielle.
Dans cette nouvelle édition, l'auteur revient sur la réception internationale des Prisons de la misère comme révélateur des évolutions pénales dans les sociétés avancées au cours de la décennie passée. Il établit comment la tornade sécuritaire mondiale inspirée par les États-Unis, que le livre détectait en 1999, a continué de faire rage de toutes parts. De fait, elle s'est étendue des pays du Premier monde à ceux du Second monde et elle a transformé les enjeux et les mesures politiques du châtiment pénal à travers la planète de façon que nul n'aurait pu prédire ou même croire possible il y a seulement une quinzaine d'années. L'auteur développe et étend son analyse du rôle des think tanks dans la diffusion de la pénalité " made in USA " à l'Amérique latine. Enfin, il révise le modèle initial du lien entre néolibéralisme et pénalité punitive, révision qui débouche sur l'analyse de la refonte de l'État à l'ère de l'insécurité sociale.
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Université qui vient : un nouveau régime de sélection scolaire
Cédric Hugreee, Tristan Poullaouec
- Raisons D'Agir
- 19 Août 2022
- 9791097084172
La crise sanitaire et sa gestion au sein des universités françaises ont révélé et accentué un nouveau régime de sélection scolaire. Jamais la France et son système scolaire n'ont autant diplômé et pourtant jamais les savoirs n'ont été aussi inégalement transmis. C'est dans les premiers cycles universitaires que ce paradoxe est le plus palpable. Ce livre revient sur l'histoire récente de la banalisation des études universitaires, à la fois en les inscrivant dans les horizons ordinaires des possibles de la très grande majorité des lycéens et lycéennes mais au prix d'une formation volontairement réalisée au rabais dans ses contenus, faute de moyens, par des gouvernements qui n'ont cessé de dégrader les conditions d'apprentissage à l'université au moment où les besoins sont les plus grands. Face à la force de l'offensive politique qui déstabilise aujourd'hui l'université (généralisation de l'évaluation des formations des établissements par le biais d'indicateurs standardisés, récit simpliste de la prétendue crise de l'université par le gouvernement via de jolies infographies), ce livre reprend sous un angle nouveau les enquêtes statistiques existantes pour mettre au jour les mécanismes de ce régime de sélection scolaire qui, sous couvert de démocratisation de l'accès à des diplômes de valeur prétendument homogène et constante, refuse sciemment de donner les moyens à des étudiants d'origines sociales élargies de se former réellement. Cela au détriment d'un besoin de qualification universellement reconnu et au prix de la perpétuation sans fin de la production et de la reproduction des inégalités sociales.
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Contre-feux 2 ; pour un mouvement social européen
Pierre Bourdieu
- Raisons D'Agir
- 12 Janvier 2001
- 9782912107138
L'analyse systématique du nouvel ordre économique mondial, des mécanismes qui te régissent et des politiques qui l'orientent, introduit à une vision profondément nouvelle de l'action politique ; seul le mouvement social européen qu'elle appelle serait en effet capable de s'opposer aux forces économiques qui dominent aujourd'hui le monde.
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La casse du siècle : à propos des réformes de l'hôpital public
Pierre-André Juven, Frédéric Pierru, Fanny Vincent
- Raisons D'Agir
- Raisons D'Agir
- 25 Avril 2019
- 9791097084011
Des couloirs transformés en hébergements de fortune, des personnels de santé au bord de la crise de nerfs, des mobilisations récurrentes, nombreux sont les signes d'une période éprouvante pour l'hôpital public. Pourtant, aux protestations réclamant des moyens supplémentaires, les différents gouvernements et experts des systèmes de santé répondent que le problème de l'hôpital n'est en rien financier mais organisationnel et qu'il suffirait de repenser sa place dans le système de santé, son organisation et ses missions. L'hôpital serait en crise, il faudrait en réformer le mode de gestion afin de le rendre économiquement performant et de répondre aux « attentes » des « usagers ».
Contre cette vision sommaire et simplificatrice, cet ouvrage décrypte la fabrication des différentes « crises » de l'hôpital public, dans leurs dimensions financière, organisationnelle et territoriale. A partir de plusieurs enquêtes sur les personnels hospitaliers et les conditions d'exercice de leur métier, il montre que les réformes entreprises depuis les années 1980 ont progressivement fragilisé l'organisation des soins au point d'en interroger aujourd'hui la pertinence et de promouvoir l'« innovation » comme remède miracle aux maux hospitaliers. Cette superposition de crises implique ainsi différentes façons de dire les problèmes et par là, les solutions à apporter. Derrière ces lectures concurrentielles et parfois antagonistes se joue en fait la conception même du rôle et de la place de l'hôpital public. Un débat démocratique qu'il est temps d'engager.
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La finance autoritaire ; vers la fin du néolibéralisme
Marlène Benquet, Théo Bourgeron
- Raisons D'Agir
- 7 Janvier 2021
- 9791097084110
Ce livre décrit la montée de régimes autoritaires dans les démocraties occidentales depuis 2010 (Trump; Brexit; Johnson; Bolsonaro). Ce n'est pas le produit de l'insurrection électorale des classes populaires, mais de l'action organisée d'une nouvelle forme de patronat financier dans un contexte d'effondrement écologique. Une analyse des sources de financement des élections, du référendum sur le Brexit : le poids de la finance est considérable et il ne s'agit pas de n'importe quelle finance.
C'est un livre fort et passionnant, qui décrit une lutte à mort entre fractions traditionnelles et récentes du patronat pour le contrôle de ce qui reste des démocraties occidentales et des ressources planétaires. L'enjeu de cette lutte, c'est le minimum d'équilibre politique, social et environnemental qui permet aux sociétés de fonctionner. C'est un livre très important qu'il faut lire pour comprendre la situation politique contemporaine.
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Travail et travailleurs en Algérie
Pierre Bourdieu
- Raisons D'Agir
- Cours Et Travaux
- 21 Janvier 2021
- 9791097084080
Ce livre originellement paru en 1963, et indisponible depuis de nombreuses années, est un des premiers ouvrages de Pierre Bourdieu, et le seul qu'il ait consacré au travail. Produit de plusieurs années d'enquêtes ethnographiques, en collaboration avec Abdelmalek Sayad, et une équipe de statisticiens de l'INSEE, il offre un tableau complet d'une société coloniale en pleine décomposition : liée à la guerre, mais plus largement aussi à l'introduction d'une économie capitaliste qui détruit peu à peu les structures de la société traditionnelle en changeant non seulement les circuits économiques, mais le rapport des gens à l'économie avec, en particulier, l'introduction d'une rationalité instrumentale. Les conditions sociales spécifiques qu'une telle « raison du monde » nécessitent pour être adoptée, laissent alors sur le côté tous ceux dont les dispositions restent marquées par l'état antérieur du monde social. Les fameuses analyses de Bourdieu sur les « sous-prolétaires » algériens, qui n'ont pas les moyens de se projeter dans l'avenir et encore moins dans un projet révolutionnaire, trouvent ici leur formulation la plus développée. C'est toute une analyse du rapport au temps en fonction des conditions sociales de vie, et de son rôle dans la formation d'une « conscience politique », qui reçoit aussi une formulation sociologique à la fois rigoureuse et riche d'enseignement pour des générations futures de chercheurs. La présente édition ne republie pas la première partie du livre paru en 1963, qui était un ensemble de tableaux statistiques analysés par les chercheurs de l'INSEE avec lesquels Pierre Bourdieu travaillait en Algérie, ni le détail des entretiens en annexes. Par contre, il continent des textes complémentaires : en appendice, une partie d'enquête (« Les artisans », p. 521-557) qui représente une étude originale sur une catégorie peu analysée, celle des travailleurs indépendants ; en postface un texte plus tardif où Pierre Bourdieu réinvestit son expérience algérienne et les acquis d'enquêtes sociologiques développées au sein de son laboratoire de recherche, pour analyser « la double vérité du travail », où la vérité subjective de l'investissement dans le travail contribue à occulter la vérité objective du travail comme exploitation.
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Pas de pitié pour les gueux ; sur les théories économiques du chômage
Laurent Cordonnier
- Raisons D'Agir
- Raisons D'agir
- 8 Octobre 2020
- 9791097084073
Un livre grand public et incisif sur la vision qu'ont les économistes du chômage. Nécessaire pour comprendre les politiques de flexibilisation du marché du travail mise en oeuvre en Europe et partout dans le monde. Permet de comprendre le succès pour le moins mitigé de ces politiques.
Une réédition indispensable : ce que décrivait le livre a toujours cours ; ce que décrivait le livre a été réellement mis en oeuvre et le livre fournit les clés pour comprendre pourquoi ça n'a pas marché.
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économies populaires et luttes féministes ; résister au néoliberalisme en Amérique du sud
Verónica Gago
- Raisons D'Agir
- 18 Juin 2020
- 9791097084059
L'Amérique du Sud constitue depuis plusieurs décennies le lieu d'expérimentation des politiques néolibérales. Il n'est donc pas étonnant qu'elle soit aussi le foyer le plus spectaculaire des résistances à ces politiques : conflits sociaux de grande ampleur, protestations de rue, succès électoraux de gouvernements de gauche, processus de remunicipalisation, etc. C'est d'autres aspects de ces résistances, moins visibles mais pas moins novateurs politiquement, que ce livre de Verónica Gago explore. L'auteur développe une perspective « par en bas » qui permet de comprendre le pragmatisme déployé par les classes populaires pour s'adapter et, en même temps, détourner les normes de compétitivité néolibérales, tout en les intégrant à d'autres pratiques et d'autres savoirs. Gago étudie en premier lieu les économies informelles des marchés populaires où les groupes subalternes (migrants, femmes, etc.) s'approprient les rues, inventent d'autres pratiques économiques et mettent en cause la légitimité politique du néolibéralisme. Gago fait ensuite le lien avec le renouveau des luttes féministes, en particulier contre les féminicides, en montrant comment la violence domestique renvoie à la violence économique, l'endettement et la précarité. Les formes d'auto-organisation générées par ces nouvelles luttes portent ainsi une remise en cause, à l'échelle internationale, des modes de domination économiques, familiaux et culturels associés à l'économie capitaliste, tels que l'illustre la diffusion récente du mouvement « un violeur sur ton chemin », du Chili à l'Europe et à l'Asie.
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Pierre Bourdieu, une bibliographie
Yvette Delsaut, Marie-Christine Riviere
- Raisons D'Agir
- Cours Et Travaux
- 14 Janvier 2022
- 9791097084165
Cette bibliographie de référence est le résultat d'un travail qui s'est élaboré à mesure que s'est développée l'oeuvre de Pierre Bourdieu. Entreprise par Yvette Delsaut, sociologue, alors membre de son laboratoire, elle a été continuée par Marie-Christine Rivière, son assistante au Collège de France. S'y ajoute un entretien, daté de novembre 2001, dans lequel Pierre Bourdieu et Yvette Delsaut interrogent la logique de la bibliographie et discutent de l'esprit de la recherche et du travail collectif.
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L'immigration ou les paradoxes de l'altérité Tome 2 ; les enfants illégitimes
Abdelmalek Sayad
- Raisons D'Agir
- Cours Et Travaux
- 28 Septembre 2006
- 9782912107305
Dans les textes rassemblés ici, Abdelmalek Sayad expose les contradictions vécues par les enfants d'immigrés algériens en France. Tenaillés entre une société d'accueil qui voudrait les rendre invisibles et des familles désorientées par la violence de l'émigration, ils sont «étrangers» à leur pays autant qu'à leurs parents. Pour ces «enfants illégitimes», Sayad dévoile la nécessité et les difficultés d'exister politiquement. «La défense des immigrés, l'amélioration de leur condition, leur promotion sur tous les plans ne peuvent plus être assurées aujourd'hui que si les intéressés eux-mêmes et, surtout, leurs enfants engagent leur action dans la sphère politique. Cette conviction, il fallait la retraduire en termes de lutte, en faire une arme de combat.»
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Contrôler les assistés : genèses et usages d'un mot d'ordre
Vincent Dubois
- Raisons D'Agir
- Cours Et Travaux
- 15 Avril 2021
- 9791097084134
Contrôler les assistés s'est imposé à partir des années 1990 en France comme un mot d'ordre politique et moral. Jamais la lutte contre les potentiels abus des allocataires n'avait été aussi systématiquement organisé ; jamais les bénéficiaires d'aides sociales, et parmi eux surtout les plus précaires, n'avaient été aussi rigoureusement surveillés, ni leurs illégalismes ou leurs erreurs si sévèrement sanctionnés.
Or, pas plus que l'intensification des politiques sécuritaires ne reflète l'augmentation de la délinquance, l'essor du contrôle des assistés ne reflète celle de la « fraude sociale ». On estime à environ 2% la proportion d'allocataires ayant perçu des sommes sur la base de déclarations erronées, pour un montant représentant environ 1% de l'ensemble des allocations versées. Et lorsqu'elles sont constatées, les augmentations tiennent davantage à la mise en oeuvre à grande échelle de dispositifs de détection plus efficaces.
Si le souci d'éviter des dépenses injustifiées s'est renforcé avec la focalisation croissante sur la maîtrise des comptes sociaux, le contrôle des assistés ne procède pas essentiellement de préoccupations financières - qui auraient dû conduire à concentrer les efforts sur l'évasion fiscale, dont les montants en jeu (20 milliards de redressements fiscaux) sont sans commune mesure avec les erreurs ou abus des bénéficiaires d'aides sociales (environ 550 millions d'euros par an ces dernières années). De même, le défaut de paiement des cotisations sociales par les employeurs, lié principalement au travail illégal, est quant à lui estimé à plus de 15 milliards par an.
L'essor du contrôle des assistés ne se réduit donc pas à une réponse aux problèmes socio-économiques objectifs qui l'auraient suscité. Il renvoie à un ensemble de processus sociaux et politiques qui ont affecté la gestion des classes populaires et l'organisation de l'État social. Comment la « fraude sociale » a-t-elle été promue en un problème public devenu majeur dans le traitement des questions sociales ? Comment la routine bureaucratique du contrôle des « assistés » a-t-elle été transformée en une politique à part entière, progressivement renforcée et rationalisée ? Quels sont les ressorts du durcissement des pratiques d'inspection et de sanction ? Quels profils sociaux y sont les plus directement exposés ?
C'est à ces questions que ce livre se propose d'apporter des éléments de réponse. Loin de ne voir dans les rodomontades à l'encontre des « faux chômeurs » et des « tricheurs du RSA » qu'une illustration parmi d'autres de polémiques politiques et médiatiques, il montre que l'essor du contrôle des « assistés » et la dénonciation de ceux qui abuseraient de la protection sociale sert désormais la critique des « dérives » d'un État-providence qu'il s'agit de réformer et la promotion d'autres principes d'organisation sociale, où la responsabilité individuelle et la contribution de chacun par le travail l'emportent sur la solidarité ou la réduction des inégalités.
Dans cette économie morale et symbolique en partie renouvelée des politiques sociales, la fraude, figure radicale de « l'assistanat », constitue une sorte de repoussoir de la « valeur travail », elle-même placée au coeur d'un nouveau modèle d'État social dit « actif » promu depuis les années 1990 dans les pays occidentaux.
Enfin, le contrôle des assistés met en scène le « sérieux » des acteurs politiques, leur « volontarisme » politique et leur capacité à agir sur le cours des choses. Ces logiques sont essentiellement le fait de leaders de la droite, ceux-là mêmes qui ont le plus directement contribué à renforcer ce contrôle - la présidence de Nicolas Sarkozy formant une période particulièrement décisive à cet égard. Cette posture de rigueur gestionnaire et morale constitue un marqueur de droite, décliné de multiples manières, et tout particulièrement dans l'association du néo-libéralisme et du néo-paternalisme par laquelle s'est opéré le renouvellement idéologique du camp conservateur.
D'une simple pratique de vérification consubstantielle au traitement bureaucratique de la population, le contrôle de la fraude est donc devenu un mode de gouvernement des pauvres. La vulgate économique des « trappes » à inactivité ou à pauvreté a largement accrédité l'idée selon laquelle aides sociales et allocations de chômage constitueraient des sources de « désincitation au travail » en conduisant à des arbitrages au profit de l'assistance. Cette axiomatique est au coeur des politiques de workfare qui constituent la tendance majeure des réformes de l'État social dans les pays occidentaux depuis les années 1990. Elle fonde notamment les dispositifs visant à « rendre le travail attractif » et à « faire de l'emploi une option pour tous », comme l'expriment les slogans de l'OCDE, de la Commission européenne et des réformateurs de l'État social. Parmi ces mesures incitatives, on trouve les « crédits d'impôts » (Working tax credit au Royaume-Uni depuis 1999, Prime pour l'emploi en France entre 2001 et 2015), et la conditionnalité des aides et les contreparties exigées des bénéficiaires (par exemple En France avec la transformation du RMI en RSA en 2009). Le renforcement du contrôle et des sanctions constitue ainsi l'un des outils coercitifs du workfare et, plus largement, une des manières de « responsabiliser » les « assistés » sociaux. Loin d'un épiphénomène, il est au coeur de ces tendances majeures de la réorientation des politiques sociales.
La thèse de ce livre consiste à voir dans le renforcement du contrôle des assistés l'effet d'un mouvement en spirale - une spirale rigoriste. Le leader politique pourfendeur de la fraude sociale qui parvient à imposer sinon ses vues au moins le problème qu'il soulève en condamnant ses éventuels contradicteurs à paraître naïfs ou complices ; la surenchère des administrations dans des technologies de contrôle toujours plus performantes qui procède tant des concurrences avec d'autres organismes que des injonctions auxquelles elles sont soumises et que, parfois, elles anticipent ; les progrès de la division bureaucratique du contrôle qui déréalise et déshumanise le traitement des cas ; le fonctionnement interne des commissions chargées de la fraude où la clémence est toujours plus difficile à assumer et à défendre que la sévérité ; le contrôleur de la caisse locale dont le point d'honneur professionnel est de traquer la moindre erreur au nom de l'exactitude des dossiers dont la garantie légitime sa fonction : ce sont là quelques-unes des dynamiques relationnelles qui conduisent à renforcer la rigueur du contrôle ; des spirales rigoristes. Pour saisir comment ce qui se joue au sommet de l'État affecte les régions les plus déshéritées de l'espace social, cette recherche a donc choisi un mode d'exposition descendant, partant des transformations politiques et institutionnelles qui ont favorisé l'essor des politiques de contrôle, pour aboutir aux effets qu'elles produisent sur les assistés sociaux.
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Esquisse pour une auto-analyse
Pierre Bourdieu
- Raisons D'Agir
- Cours Et Travaux
- 5 Février 2004
- 9782912107190
Ce texte, oeuvre ultime de Pierre Bourdieu rédigée entre octobre et décembre 2001 - mais à laquelle il travaillait et réfléchissait depuis plusieurs années, s'interrogeant notamment sur la forme qu'il convenait de lui donner - a été conçu comme une nouvelle version développée, réélaborée, de son dernier cours au Collège de France prononcé en avril 2001. Il avait donné une première transcription de ce cours dans son précédent ouvrage : Science de la Science et Réflexivité. Mais c'est à la demande de son éditeur allemand Suhrkamp, qui souhaitait le publier à part, que Pierre Bourdieu avait décidé de le reprendre et, pour bien marquer la continuité entre les deux versions, de leur donner le même titre : Esquisse pour une auto-analyse.
De la même façon qu'il était entré au Collège de France (en 1982) par une très réflexive Leçon sur la leçon, Pierre Bourdieu avait décidé de quitter cette institution en se soumettant lui-même, comme en un dernier défi, à l'exercice de la réflexivité qu'il avait constitué tout au long de sa vie de chercheur comme l'un de préalables nécessaires à la recherche scientifique. Cette auto-analyse, autant qu'un exercice de virtuosité intellectuelle et de maîtrise conceptuelle (un peu à la manière des Ménines de Velasquez ou du dernier Manet), était une mise en danger de soi-même, engageant à la fois des aveux sociaux parmi les plus difficiles à faire ou des souvenirs d'enfance appartenant à une intimité très peu divulguée.
Il savait que se prendre soi-même pour objet, en risquant non seulement d'être accusé de complaisance, mais aussi de donner des armes à tous ceux qui n'attendent qu'une occasion pour nier, précisément au nom de la position et de la trajectoire de son auteur, le caractère scientifique de sa sociologie, était pour le moins périlleux. Dans ce projet paradoxal entre tous, il s'agissait bien moins d'un geste ostentatoire que d'une entreprise tout à fait inédite de mise en conformité finale du chercheur avec sa conception de la vérité scientifique, d'une volonté de donner une sorte de garantie ultime, en un retour sur soi très contrôlé (« je mets au service du plus subjectif l'analyse la plus objective » écrit-il dans ses notes de travail préparatoires), du caractère scientifique des propositions énoncées dans toute l'oeuvre.On a vu qu'il avait raison de craindre le mauvais usage qui pouvait être fait de ce texte. Il avait pourtant écrit dans une des nombreuses versions antérieures du texte, comme par une sorte de prémonition bien fondée : « Ceci n'est pas une autobiographie. Le genre ne m'est pas interdit seulement parce que j'ai (d)énoncé l'illusion biographique ; il m'est profondément antipathique et l'aversion mêlée de crainte qui m'a conduit à décourager plusieurs biographes s'inspire de raisons que je crois légitimes. » Quatrième de couverture Je n'ai pas l'intention de sacrifier au genre, dont j'ai assez dit combien il était à la fois convenu et illusoire, de l'autobiographie. Je voudrais seulement essayer de rassembler et de livrer quelques éléments pour une auto-socioanalyse. Je ne cache pas mes appréhensions, qui vont bien au-delà de la crainte habituelle d'être mal compris. J'ai en effet le sentiment que, en raison notamment de l'amplitude de mon parcours dans l'espace social et de l'incompatibilité pratique des mondes sociaux qu'il relie sans les réconcilier, je ne puis pas gager - étant loin d'être sûr d'y parvenir moi-même avec les instruments de la sociologie - que le lecteur saura porter sur les expériences que je serai amené à évoquer le regard qui convient, selon moi. En adoptant le point de vue de l'analyste, je m'oblige (et m'autorise) à retenir tous les traits qui sont pertinents du point de vue de la sociologie, c'est-à-dire nécessaires à l'explication et à la compréhension sociologiques, et ceux-là seulement. Mais loin de chercher à produire par là, comme on pourrait le craindre, un effet de fermeture, en imposant mon interprétation, j'entends livrer cette expérience, le craindre, un effet de fermeture, en imposant mon interprétation, j'entends livrer cette expérience, énoncée aussi honnêtement que possible, à la confrontation critique, comme s'il s'agissait de n'importe quel autre objet.
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A la télévision comme dans les entreprises, au parti socialiste comme à l'elysée, à sciences po comme à l'armée résonne un nouveau mot d'ordre: vive la diversité ! avec l'élection de barack obama, le bruissement s'est changé en clameur.
Désormais, chacun devrait se mobiliser pour que les femmes et les "minorités visibles" occupent la place qui leur revient au sein des élites. mais une société dont les classes dirigeantes reflètent la diversité a-t-elle vraiment progressé sur le chemin de la justice sociale ? a cette question jamais posée, walter benn michaels répond par la négative. la promotion incessante de la diversité et la célébration des " identités culturelles " permettent au mieux, selon lui, de diversifier la couleur de peau et le sexe des maîtres.
Sans remettre en cause la domination qui traverse toutes les autres : celle des riches sur les pauvres. a l'aide d'exemples tirés de la littérature, de l'histoire et de l'actualité, ce livre montre comment la question sociale se trouve désamorcée lorsqu'elle est reformulée en termes ethnico-culturels. plus fondamentalement, il s'interroge sur l'objectif d'une politique de gauche: s'agit-il de répartir les inégalités sans discrimination d'origine et de sexe, ou de les supprimer ?.
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L'immigration ou les paradoxes de l'altérité Tome 3 ; la fabrication des identités culturelles
Abdelmalek Sayad
- Raisons D'Agir
- Cours Et Travaux
- 12 Juin 2014
- 9782912107701
La France a une longue tradition d'immigration. En période d'essor économique, les immigrants ne font guère parler d'eux ; ce n'est qu'en situation de crise qu'ils viennent à occuper le centre du débat public. Ils ne sont plus seulement des travailleurs invisibles exerçant souvent les tâches les plus rudes, ou des héritiers de l'immigration identifiés par leur appartenance sociale, ils se transforment en un groupe social à part, dont l'identité, la culture propre mettent en cause la culture et la cohésion nationale.
L'intérêt de ce nouveau recueil de textes d'Abdelmalek Sayad est de circonscrire la place et la fonction ambivalente de la « culture des immigrés » dans les années 1980, à la fois instrument de légitimation et de rejet de cette population.
Dernier volet de L'immigration ou les paradoxes de l'altérité, cet ouvrage poursuit l'analyse des effets de l'émigration familiale, pour comprendre la transformation des préoccupations politiques : de la question de l'adaptation des « travailleurs immigrés » à la société française, on passe aux difficultés que rencontrent leurs enfants, français pour la plupart. Il se donne également pour objet les incidences que l'émigration et l'immigration induisent sur les usages que font les immigrés de leur culture. Sayad retrace, en particulier, les différents sens que prend l'Islam et il montre les transformations du rapport à la religion musulmane au sein de la population immigré et dans la manière de percevoir cette population en France.
Pour Sayad, la question est tout autant de restituer les défis que l'immigration pose au politique, que de saisir les moyens dont le politique se dote pour légitimer et dissimuler sa domination. Sayad revient sur l'émergence d'une nouvelle gestion de l'immigration qui met en avant les origines des immigrés et de leurs descendants. Il met au jour une forme de réification culturelle qui enferme les enfants en les figeant dans leur relation à leurs parents immigrés, et qui est aussi un moyen de les stigmatiser (aussi bien « beurs » que « travailleurs inassimilables »). Ce processus contribue à cacher les conditions sociales de vie et à ériger des catégories « identitaires » pour ces jeunes Français.
Le discours sur l'« intégration » qui se constitue à cette période et qui est omniprésent de nos jours, est ainsi l'aboutissement des mécanismes décryptés par cet ouvrage : il produit la situation intenable propre à la condition « d'immigré de l'intérieur ».
Une présentation du texte proposée par Amín Pérez qui prépare une thèse sur l'oeuvre de Sayad, fournit au lecteur les éléments contextuels permettant de comprendre cette période politique singulière de l'histoire de France et montre l'originalité et la portée analytique du travail de Sayad dans les débats politico-médiatiques actuels.
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Urbanisme 1.0 ; enquête sur une commune du Gand Paris
Dominique Lorrain
- Raisons D'Agir
- 24 Mai 2018
- 9782912107947
Avec le Grand Paris, la construction est repartie de plus belle : logements, équipements, infrastructures. Ce livre expose les transformations d'une commune de l'Est parisien, autrefois en 2ème couronne, et qui demain sera desservie par une nouvelle gare du Grand Paris Express. L'auteur habitant de cette commune depuis 40 ans, et ancien chercheur au CNRS, mobilise ses connaissances pour développer une approche inédite, une « économie politique du détail ». Le projet est de sortir des grandes fresques - d'une décennie à l'autre - qui expliquent les choses en gros sans donner à voir comment l'histoire s'écrit et quels en sont les impacts pour les habitants. Les villes sont certes le produit de quelques programmes structurants mais aussi d'un très grand nombre d'opérations ordinaires qui, répétées, transforment une rue, un quartier et finalement expliquent qu'une ville change.
Pour tenir ce projet l'auteur regarde sa ville à partir de plusieurs points de vue. Tour à tour il mesure le nombre de constructions en cours ; c'est une accélération vertigineuse du rythme par rapport au passé et un décalage total par rapport à l'objectif de croissance « modérée ». Avec la procédure du plan local d'urbanisme, il étudie l'élaboration d'une politique publique. Il décrit les principales opérations de construction passées ou en cours, et les promoteurs actifs : intermédiaires immobiliers et moyens constructeurs y ont une place importante. Spécialiste des infrastructures en réseaux, l'auteur apporte un éclairage inédit sur le secteur en mobilisant les catégories de la régulation des utilities : transparence, égalité, asymétrie, capture, profit raisonnable. Enfin, à partir des documents conservés par le service des hypothèques, il s'intéresse à l'économie réelle de quelques opérations phares. Quel est le niveau des rentes urbaines, comment se comparent-elles par rapport aux marges d'opération ?
Ce livre, riche en informations et en points de vue divers, questionne aussi le rôle des élus 35 ans après la décentralisation. Il éclaire d'un jour nouveau le pilotage de la politique du logement dans le Grand Paris. Il démontre par des petites histoires significatives, telles « 400 mètres de voies douces en 17 ans », qu'il ne peut y avoir de changement sans vision et sans les « bonnes institutions ». Ici, le livre rejoint le débat national sur la hausse des prix du logement. Les données produites démontrent comment se forme le prix - et donc les hausses - et sur quel maillon il conviendrait d'agir ; elles aident finalement à mesurer l'ampleur du chemin à parcourir pour concevoir des villes durables.
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Le temps d'écouter ; enquêtes sur les métamorphoses de la classe ouvrière
Michel Pialoux
- Raisons D'Agir
- Cours Et Travaux
- 5 Septembre 2019
- 9791097084004
Ce livre concentre plusieurs décennies de travail d'un des plus importants sociologues français contemporains, Michel Pialoux, dont les livres sur le monde ouvrier, co-signés avec Stéphane Beaud (sociologue) ou Christian Corouges (syndicaliste Peugeot) ont connu un véritable succès public et académique depuis les années 1990. Pourtant, la majeure partie des écrits de Pialoux reste inédite, méconnue ou dispersée dans une multitude de revues de statut différent, et parfois disparues. Cela s'explique notamment par la dimension artisanale du travail de ce chercheur hors pair qui a formé des générations d'ethnographes et accompagné de nombreuses recherches de thèse, sans avoir suivi un plan de carrière linéaire ni bâti de stratégie éditoriale individuelle. Bref, Michel Pialoux est un auteur qui reste à découvrir, et la principale originalité de ce livre est de faire ressortir une oeuvre originale qui, en l'absence d'un volume de référence, n'existerait pas aussi clairement en tant que telle.
Pialoux n'est pas seulement un « sociologue des OS », et la diversité des thèmes abordés dans ses écrits constitue un point fort du projet éditorial : politiques du logement, pauvreté urbaine, sous-prolétariat économique, théories sociales diverses (Marx, Foucault, etc.), hiérarchies dans l'entreprise, militantisme syndical, rapports intellectuels/dominés, travail ouvrier, etc. Par ailleurs, l'imbrication continue d'une réflexion entre sociologie, économie et histoire (par exemple à travers la critique en règle de La Police des familles de Donzelot) donne à l'ensemble une grande actualité au regard des débats récurrents sur la « juste distance » des sciences sociales à l'égard des cultures et groupes dominés.
L'enjeu est donc de montrer un Pialoux avant Sochaux et avant « Beaud et Pialoux », par la réédition sélective de ses textes écrits des années 1970 aux années 2000, mais aussi par la constitution d'un ouvrage de référence à vocation généraliste. L'enjeu est de montrer, au-delà des ouvriers, une certaine façon de faire la sociologie des groupes dominés, une certaine idée de l'enquête et des enquêtés, que les transformations récentes de la sociologie (professionnalisation, spécialisation, etc.) n'ont pas tendance à favoriser.
Ce volume imposant de 15 textes serait accompagné d'un avant-propos inédit de Michel Pialoux, d'une description circonstanciée en introduction présentant à grands traits sa trajectoire et les étapes de sa carrière intellectuelle (rédigée par Paul Pasquali), d'un entretien biographique inédit (réalisé par Paul Pasquali) et d'une post-face de Stéphane Beaud.
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On achète bien les cerveaux ; la publicité et les médias
Marie Bénilde
- Raisons D'Agir
- 15 Février 2007
- 9782912107312
Trop souvent, l'omniprésence de la publicité dans les médias est acceptée avec un mélange d'agacement et de fatalisme.
Mais connaît-on le coût d'une telle résignation ? Il est élevé : une information altérée au profit d'intérêts privés, une télévision soucieuse de "vendre du temps de cerveau humain disponible", une presse soumise aux exigences des annonceurs. Pourtant, la publicité se présente comme un art, une culture, une machine à rêves. En réalité, elle façonne des besoins de consommation, véhicule des stéréotypes, alimente la course au productivisme.
Et, désormais, elle recourt aux neurosciences pour installer ses "marques " dans nos consciences. Ses agences milliardaires en ont fait un pouvoir financier ; ses conseillers en communication, un pouvoir politique ; son influence sur la presse, un pouvoir médiatique. Bien plus qu'une émanation superficielle de l'ordre économique, la "pub" en est un rouage essentiel.
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Science de la science et réflexivité
Pierre Bourdieu
- Raisons D'Agir
- Cours Et Travaux
- 24 Octobre 2001
- 9782912107145
« Il m'a paru particulièrement nécessaire de soumettre la science à une analyse historique et sociologique qui ne vise nullement à relativiser la connaissance scientifique en la rapportant et en la réduisant à ses conditions historiques, donc à des circonstances situées et datées, mais qui entend, tout au contraire, permettre à ceux qui font la science de mieux comprendre les mécanismes sociaux qui orientent la pratique scientifique et de se rendre ainsi « maîtres et possesseurs » non seulement de la « nature », selon la vieille ambition cartésienne, mais aussi, et ce n'est sans doute pas moins difficile, du monde social dans lequel se produit la connaissance de la nature ».
Pierre Bourdieu
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L'artiste en philosophe politique ; Ambrogio Lorenzetti et le bon gouvernement
Quentin Skinner
- Raisons D'Agir
- Cours Et Travaux
- 15 Janvier 2003
- 9782912107152
En se donnant pour objet le célèbre cycle de fresques du Buon Governo d'Ambrogio Lorenzetti dans le Palais Communal de Sienne, Quentin Skinner s'engage, dans une relecture décisive de la philosophie politique des communes italiennes et des origines intellectuelles du républicanisme au cours du Moyen Age et des débuts de la Renaissance, à partir de ce qui en constitue l'une des expressions les plus précoces et pourtant les plus abouties.
Le déchiffrement des énigmes iconographiques jusqu'ici insolubles de cette oeuvre ne peut, en effet, se réaliser que dans la relecture systématique de la pensée politique médiévale et des traités de l'art de gouverner qui contribuent alors à transformer historiquement les enjeux de la réflexion sur la conduite des affaires publiques. En représentant les effets opposés du Bon Gouvernement et de la Tyrannie, Lorenzetti, artiste en philosophe, donne à voir ce qui s'accomplit alors justement dans la République de Sienne.