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Essais / Réflexions / Ecrits sur la sociologie
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Aliénation et accélération ; vers une théorie critique de la modernité tardive
Hartmut Rosa
- La découverte
- Poches Decouverte
- 7 Mai 2014
- 9782707182067
La vie moderne est une constante accélération. Jamais auparavant les moyens permettant de gagner du temps n'avaient atteint pareil niveau de développement, grâce aux technologies de production et de communication ; pourtant, jamais l'impression de manquer de temps n'a été si répandue. Dans toutes les sociétés occidentales, les individus souffrent toujours plus du manque de temps et ont le sentiment de devoir courir toujours plus vite, non pas pour atteindre un objectif mais simplement pour rester sur place. Ce livre examine les causes et les effets des processus d'accélération propres à la modernité, tout en élaborant une théorie critique de la temporalité dans la modernité tardive. Dans le sillage de son ouvrage Accélération (La Découverte, 2010), dont il reprend ici le coeur du propos de manière synthétique, Hartmut Rosa apporte de nouveaux éléments en rediscutant la question de l'aliénation à la lumière de la vie accélérée. Ainsi, il soutient et développe avec force l'idée que l'accélération engendre des formes d'aliénation sévères relatives au temps et à l'espace, aux choses et aux actions, à soi et aux autres. Sous la pression d'un rythme sans cesse accru, les individus font désormais face au monde sans pouvoir l'habiter et sans parvenir à se l'approprier.
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Près d'un siècle après sa publication en allemand, La Domination est enfin disponible en français, sur la base de l'édition critique de référence. Il s'agit d'une pièce fondamentale de la sociologie politique de Max Weber.
Ces manuscrits, rédigés avant la Première Guerre mondiale, sont fascinants par leur érudition et leur inventivité conceptuelle. C'est en les rédigeant que Weber forge des notions aujourd'hui encore incontournables pour toute sociologie politique : les trois modes de domination légitime, le passage de la domination des notables à la domination des partis de masse, l'opposition groupe de statut ( Stand)/classe ( Klasse), le patrimonialisme, la hiérocratie, la domination charismatique et le charisme de fonction n'en sont que les exemples les plus célèbres.
Weber se lance dans une sociologie historique comparative qui préfigure l'histoire globale. Brossant un tableau impressionnant par son ampleur, l'auteur construit les idéaux-types des différents régimes de domination pour mettre le monde occidental moderne en perspective et étudie les relations entre domination spirituelle et domination temporelle. -
Changer de société, refaire de la sociologie
Bruno Latour
- La découverte
- Poche Sciences Humaines
- 4 Octobre 2007
- 9782707153272
" Il faut changer de société ", dit-on souvent et on a bien raison, car celle où nous vivons est souvent irrespirable. Mais, pour y parvenir, il faut peut-être d'abord s'efforcer de changer la notion même de société. Et d'abord distinguer deux définitions du social. La première, devenue dominante dans la sociologie, présente le social comme l'ombre projetée par la société sur d'autres activités, par exemple l'économie, le droit, la science, etc. La seconde préfère considérer le social comme l'association nouvelle entre des êtres surprenants qui viennent briser la certitude confortable d'appartenir au même monde commun. Dans ce deuxième sens, le social se modifie constamment. Pour le suivre, il faut d'autres méthodes d'enquête, d'autres exigences, d'autres terrains.
C'est à retracer le social comme association que s'attache depuis trente ans ce qu'on a appelé la sociologie de " l'acteur-réseau " et que Bruno Latour présente dans ce livre. Sa proposition est simple : entre la société et la sociologie, il faut choisir. De la même manière que la notion de " nature " rend la politique impossible, il faut maintenant se faire à l'idée que la notion de société, à son tour, est devenue l'ennemie de toute pensée du politique. Ce n'est pas une raison pour se décourager mais l'occasion de refaire de la sociologie.
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Invitation à la sociologie
Peter ludwig Berger
- La découverte
- Grands Reperes
- 28 Août 2014
- 9782707182616
Écrit dans un style alerte, volontiers provocateur, érigeant l'irrespect en principe sociologique, sans érudition mais accompagné de suggestions de lectures ultérieures, cet ouvrage n'a actuellement aucun équivalent en langue française. Il est devenu, depuis sa traduction en 2006, une référence de premier ordre.
Plus de cinquante ans après sa parution aux États-Unis, traduit dans de nombreuses langues, ce petit livre d'initiation à la sociologie, devenu un classique, reste le best-seller de son genre.
C'est qu'il ne s'agit pas d'un manuel de plus, présentant la liste des objets, auteurs, doctrines, méthodes de la discipline, mais bien d'une invitation à en saisir l'esprit, la spécificité intellectuelle, ce qui en fait un regard particulier sur le monde, un éclairage de l'humaine condition. C'est à une conversion intellectuelle, à partager ce qu'il vit comme une vocation, qu'invite Peter Berger. Inscrite dans la tradition de la sociologie européenne, cette vision personnelle de la discipline le conduit à en présenter et articuler de manière originale les principales orientations.
Tout en respectant la lettre, la traduction cherche à rendre la qualité littéraire, la vivacité, l'humour et le sens de la provocation qui expliquent aussi le succès de ce livre. Elle éclaire le lecteur du XXIe siècle par les compléments d'une préface et d'une postface de l'auteur, d'une introduction présentant Peter Berger et de quelques notes pour éclairer des allusions ou actualiser les renvois bibliographiques. -
La Ville est la retraduction, à partir de la nouvelle édition allemande, de l'un des textes les plus célèbres du fondateur de la sociologie allemande. Weber y défend une thèse forte : au même titre que le capitalisme et l'État moderne, la ville, ou plus exactement la ville-commune , constitue la troisième grande contribution fondamentale de l'Occident à l'histoire mondiale.
Comment définir la notion de ville, ou plutôt, comment rendre justice de la diversité du phénomène urbain sans renoncer pour autant à l'ambition conceptuelle ? Pour quelles raisons, en Occident seulement, les citadins se sont-ils parfois constitués en citoyens de leur ville, prenant l'administration de leurs affaires en main propre ? Et par quels curieux détours historiques cette figure typiquement occidentale du citoyen a-t-elle paradoxalement engendré celle du bourgeois moderne, de l'Homo oeconomicus consacrant sa vie au gain pacifique plus qu'aux affaires publiques ?
C'est à ces questions toujours actuelles que Max Weber tente de répondre dans cette vaste fresque sociohistorique publiée ici dans une nouvelle et rigoureuse traduction. Dix ans après L'Éthique protestante, il y examine comment s'est constituée la couche sociale de travailleurs libres sans laquelle le développement d'une éthique du travail, condition sine qua non du capitalisme moderne, eût été impossible. Il y analyse aussi les luttes sociales qui ont peu à peu fait passer le pouvoir politique, traditionnellement aux mains des élites militaires, dans celles de nouvelles élites économiques - des luttes qui, dans les villes, opposaient plus des ordres que des classes et présupposaient la fraternisation insurrectionnelle des bourgeois en communes autonomes. Ce faisant, il propose une généalogie du bourgeois moderne, vecteur social et corrélat anthropologique des deux puissances déterminantes de la modernité globale : le capitalisme d'entreprise et l'État bureaucratique. -
Journalier dans une ferme, homme à tout faire chez McDo, manoeuvre dans le bâtiment, OS dans les aciéries , cobaye dans l'industrie pharmaceutique, chauffeur , colmateur de fuites dans une centrale... L'ordinaire d'Ali, travailleur turc immigré en Allemagne. Le plus stupéfiant des doubles inventés par Wallraff pour ses enquêtes incognito. Vendu à plus de 500 000 exemplaires depuis sa traduction en France à La Découverte en 1986, ce livre exceptionnel est un classique d'une incroyable actualité.
Pour gagner sa vie, il est prêt à faire tous les boulots, même les plus durs, même les plus insalubres . Il sera successivement journalier dans une ferme, homme à tout faire chez McDonald's, manoeuvre dans le bâtiment, OS dans les aciéries de Thyssen, cobaye dans l'industrie pharmaceutique, chauffeur d'un marchand d'esclaves, membre d'un commando suicide chargé d'aller colmater une fuite dans une centrale nucléaire... Il s'appelle Ali Sinirlioglu, il est turc, travailleur immigré en République fédérale d'Allemagne. Ou, du moins, c'est ce qu'indiquent ses papiers d'identité...
Car sous les dehors typiques du travailleur immigré (teint mat, chevelure et moustache noires, vêtements misérables) se dissimule un génial metteur en scène : le journaliste Günter Wallraff, rendu célèbre en Allemagne par ses nombreux reportages indésirables en immersion. Pendant deux ans, Wallraff a vécu comme un Turc, trimé comme un Turc, subi les brimades et les discriminations qui constituent le lot de nombre d'immigrés dans cette démocratie de bon renom qu'est la RFA. Tout en bas (Ganz unten), comme l'indique le titre original de ce reportage. Vendu à plusieurs millions d'exemplaires en Allemagne, à plus de 500 000 en France depuis sa traduction à La Découverte en 1986, ce livre exceptionnel n'a rien perdu de son actualité et la violence des relations sociales qu'il met en scène n'a pas fondamentalement évolué en un quart de siècle. -
Parias urbains ; ghettos, banlieues, état
Loïc Wacquant
- La découverte
- Poche Sciences Humaines
- 27 Septembre 2007
- 9782707152886
Rompant avec le biais exotisant des discours politique et médiatique, ce livre emmène le lecteur au sein du ghetto de Chicago et d'une cité déshéritée de la banlieue industrielle de Paris. Où l'on découvre que la marginalité urbaine n'est pas partout tissée de la même étoffe. Mêlant observations de terrain, données statistiques et rappels historiques, Loïc Wacquant montre que l'implosion du coeur noir de la métropole étasunienne s'explique par le retrait de l'économie salariale et de l'État-providence favorisé par des politiques publiques de ségrégation et d'abandon urbain. Quant à la prolifération des « quartiers à problèmes » au pourtour des villes européennes, elle n'annonce pas la formation de ghettos à l'américaine, mais traduit la décomposition des territoires ouvriers sous l'effet conjoint de la désindustrialisation, de la précarisation du travail, et du brassage ethnique de populations jusque-là cloisonnées.
Le travail de comparaison souligne le rôle-clef de l'État dans l'articulation des inégali-tés de classe, de lieu et d'origine des deux côtés de l'Atlantique. Elle révèle aussi l'émergence d'un nouveau régime de marginalité nourri par l'instabilité du salariat, le recul de l'État social et la concentration, dans des districts mal famés, de catégories dépourvues d'un langage collectif leur permettant de se forger une identité et des revendications collectives. En éclairant d'un jour nouveau le mélange détonant entre la misère, l'opulence et la violence dans les métropoles du Premier monde, Parias urbains offre des outils précieux pour revigorer le débat public sur les inégalités sociales et la citoyenneté.
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La bonne focale ; de l'utilité des cas particuliers en sciences sociales
Howard saul Becker, Christine Merllie-Young
- La découverte
- Grands Reperes
- 20 Octobre 2016
- 9782707188465
Ce nouveau livre du grand sociologue Howard S. Becker s'appuie sur plus de 40 ans expérience d'enseignement et de recherches. Prolongement idéal de ses célèbres Ficelles du métier, éclectique, drôle, malicieux et profondément concret, toujours très personnel, il est consacré à l'usage des cas en sciences sociales et aux questions de méthodes les plus variées qu'ils suscitent. Ce vade mecum éclaire aussi brillamment les mécanismes intellectuels de la construction d'analyses sociologiques.
Howard S. Becker poursuit ici une réflexion engagée dès le début de sa carrière sur l'usage des cas en sciences sociales.
Les observations des sociologues de terrain portent en effet sur des cas particuliers, enracinés dans un environnement historique et social spécifique. Quelles sont les démarches intellectuelles qui permettront d'en tirer des connaissances dont la portée dépasse leur objet initial et enrichit la science sociale ? Comment utiliser les études de cas de manière comparative ? Comment mettre ces comparaisons au service de la découverte de nouvelles variables pour l'analyse sociologique ? Telles sont quelques-unes des questions méthodologiques d'intérêt général dont traite cet ouvrage. -
Les valeurs, les idées et les intérêts ; introduction à la sociologie de Max Weber
Stephen Kalberg
- La découverte
- Textes A L'appui ; Bibliotheque Du Mauss
- 25 Février 2010
- 9782707157249
Connaît-on vraiment Max Weber, universellement considéré comme le plus grand des grands sociologues, "le" sociologue par excellence ? Pas si sûr, notamment en France, où les traductions de son oeuvre, parfois discutables, se succèdent sans grande cohérence ni continuité, chez des éditeurs dispersés. Voici donc une introduction simple et accessible à la sociologie de Max Weber, par celui qui est largement reconnu comme son meilleur connaisseur actuel.
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Théories du multiculturalisme ; un parcours entre philosophie et sciences sociales
Francesco Fistetti
- La découverte
- Textes A L'appui ; Bibliotheque Du Mauss
- 17 Septembre 2009
- 9782707158543
Le temps est révolu où l'on pouvait croire que la démocratie ne peut se réaliser que dans le cadre d'un État-nation, superposant sur un territoire, un peuple, une langue, une culture et une religion, transcendante ou séculière. La tâche prioritaire est désormais de penser les modalités plausibles de la coexistence au sein d'un même État et entre États de traditions culturelles diverses, traversant les frontières politiques.
Sur ce point décisif, le débat reste en France piégé par l'opposition rituelle entre républicanisme et communautarisme. D'où l'importance de ce livre du philosophe Francesco Fistetti, qui élargit considérablement la réflexion en exposant ce qui s'argumente ailleurs sur ce thème, à travers les Cultural Studies, Subaltern Studies, Postcolonial Studies et autres travaux mal connus en France. L'auteur en offre ici, entre philosophie et sciences sociales, une synthèse rigoureuse et pédagogique. Il montre comment cette aventure intellectuelle radicale peut frayer la voie à une redéfinition originale des notions d'identité, de culture, de nation ou de citoyenneté et, par là, à une intelligence renouvelée de la démocratie elle-même.
Dans le sillage de ces courants, mais aussi des travaux de Gramsci et de Arendt, la condition multiculturelle bien comprise prend alors un tout autre visage : celui d'une forme de vivre-ensemble où la différence culturelle et le conflit, loin d'être la cause de confrontations violentes, viendraient alimenter une spirale vertueuse, fondée sur la liberté de se « donner » et de se reconnaître mutuellement. Bref, une démocratie résolument multiculturelle, mais débarrassée de tout irénisme.
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Le commerce des pissotières ; pratiques homosexuelles anonymes dans l'amérique des années 1960
Laud Humphreys
- La découverte
- Textes A L'appui ; Genre Et Sexualite
- 26 Avril 2007
- 9782707152039
Dans l'argot homosexuel masculin, les « tasses », c'étaient les pissotières, lieux de rencontre pour des relations sexuelles éphémères entre partenaires anonymes. Laud Humphreys a mené dans les années 1960 une étonnante ethnographie des toilettes publiques d'une ville du Middle West des États-Unis. En adoptant le rôle du guetteur, sans déclarer son enquête, ce pasteur a pu observer ces échanges sans entraver le déroulement de l'action. Avec ses notes de terrain, attentif et minutieux, il analyse les phases successives des opérations, du contact préliminaire jusqu'à la séparation, ainsi que le jeu complexe des rôles (« fellateur », « pointeur », « guetteur », « voyeur », etc.).
Laud Humphreys ne s'est pas contenté d'observer ces hommes dans leurs pratiques sexuelles, il a conduit des entretiens en dissimulant son identité pour les retrouver chez eux. C'est ainsi qu'il peut préciser les caractéristiques sociales de ces « déviants » et entrevoir la face publique de leur vie clandestine. Si certains sont bien des gays, beaucoup sont des hommes mariés qui s'arrêtent là en rentrant du bureau. Le « commerce des pissotières » révèle alors la face cachée de la norme hétérosexuelle.
Document historique sur l'histoire de la sexualité avant la libération homosexuelle, ce livre offre également un exemple classique d'observation ethnographique. Cette étude interactionniste de la déviance dans la tradition de H. Becker et de E. Goffman soulève enfin des questions troublantes sur l'intimité en public, et sur l'identité sexuelle repensée en termes de rôles.
Publié pour la première fois en 1970, ce livre culte a obtenu le prix Wright Mills.
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Politique de la piété ; le féminisme à l'épreuve du renouveau islamique
Saba Mahmood
- La découverte
- Textes A L'appui ; Genre Et Sexualite
- 22 Octobre 2009
- 9782707153395
Depuis les années 1970, la société égyptienne est le théâtre d'un renouveau islamique dont le « mouvement de piété » est une composante essentielle. L'enquête ethnographique minutieuse menée en Égypte par Saba Mahmood vise à comprendre la pratique religieuse des femmes, prédicatrices ou participantes, engagées dans ce mouvement. Montrant qu'éthique et politique sont étroitement imbriquées dans ces nouvelles pratiques de piété, elle propose une analyse rigoureuse des formes corporelles des rituels religieux, pour préciser le lien conceptuel entre le corps et l'imaginaire politique.
Repenser la « politique de la piété » permet à l'anthropologue, à partir de ce matériau empirique d'une grande richesse, d'engager une critique théorique de la laïcité libérale, dont elle montre les présupposés normatifs. La discussion théorique des travaux de Judith Butler, de Michel Foucault, de Talal Asad et de Pierre Bourdieu débouche sur une réévaluation de la notion d'agency (capacité d'agir) : dans quelle mesure l'adhésion de ces femmes à des normes patriarcales remet-elle en question l'universalité des présupposés concernant la liberté individuelle, l'autorité et la définition même du sujet dans la perspective du féminisme libéral ? Répondre à cette question, c'est ouvrir la possibilité d'une articulation entre un féminisme nourri des théories du genre et la théorie postcoloniale. C'est aussi une manière de revisiter, à travers le cas de l'islam, les formes contemporaines de religiosité.
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Les textes réunis ici, inédits en français, ont été initialement publiés au début des années 1980. Différents par leur taille ou la tonalité du propos ; ils se fondent notamment sur un examen rigoureux et original du classique de Thomas More Utopia (1516) et de livres de H.G. Wells parus entre 1895-1901. En les réunissant pour la première fois comme un ensemble cohérent, cet ouvrage montre l'importance de cette thématique de l'utopie pour le grand sociologue, mort en 1990.
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La dynamique sociale de la conscience ; sociologie de la connaissance et des sciences
Norbert Elias
- La découverte
- Sciences Humaines
- 17 Novembre 2016
- 9782707176325
Ce livre réunit les articles - inédits en français - les plus importants de Norbert Elias sur les sciences et la connaissance. À partir du point de vue d'une sociologie autonome, il il s'y oppose aussi bien aux historiens des sciences qu'aux présupposés normatifs des philosophes des sciences et prône une authentique révolution copernicienne de la théorie des sciences et de la connaissance qui reste tout entière à découvrir.
C'est à une part largement méconnue du travail de Norbert Elias, et jusque-là inédite en français, que nous convient les textes majeurs qui composent cet ouvrage. Elias y déploie en effet une véritable sociologie de la connaissance et des sciences. En mobilisant une impressionnante culture classique ainsi qu'une large palette de connaissances scientifiques (de la physique à la biologie), il se confronte à la fois à l'" absolutisme philosophique " et au " relativisme " de certains historiens et sociologues.
Au premier, et à travers une discussion extrêmement serrée et sans concession avec Karl Popper et Imre Lakatos, il reproche de prétendre dire ce qu'est la Science, et même ce qu'elle doit être, sans considérer ce que les savants font réellement dans leurs domaines scientifiques respectifs.
Quant au second, il regrette qu'il ne pose pas explicitement la question des conditions historiques dans lesquelles certains savoirs peuvent réellement gagner non seulement en autonomie vis-à-vis des intérêts des groupes qui en sont porteurs, mais aussi en pertinence par rapport à la réalité observable.
Ce faisant, Elias poursuit un double objectif : substituer à l'" homme " de la métaphysique transcendantale, les êtres humains au pluriel, interdépendants par nature et dans des cultures spécifiques ; remplacer les théories de la science au singulier (reposant sur le postulat d'une science universelle et d'une méthode unique) par une théorie des sciences au pluriel - soit les sciences employant différentes méthodes, reliées, en partie, à la diversité de leurs objets respectifs. Le caractère radical de cette authentique révolution copernicienne de la théorie des sciences et de la connaissance reste tout entier à découvrir. -
Sauver le progrès ; comment rendre l'avenir (à nouveau) désirable
Peter Wagner
- La découverte
- L'horizon Des Possibles
- 6 Octobre 2016
- 9782707183668
Le progrès n'a aujourd'hui plus d'attrait. Il ne fait plus consensus pour les " progressistes ". Le doute légitime vis-à-vis du progrès technique et économique a renforcé, à son insu, le discours hégémonique sur l'absence d'alternatives et sur la fin de l'histoire. Afin de conjurer cette malédiction, Peter Wagner a conduit une enquête à conceptuelle, historique et sociologique qui vise à redéfinir, pour celles et ceux qui souffrent du présent, les contours d'un futur désirable.
Si l'idée de progrès a guidé l'action sociale et politique moderne depuis les Lumières, elle s'est aujourd'hui considérablement affaiblie. Y compris parmi les insatisfaits de la réalité actuelle, le mot même de progrès a perdu son sens. Progrès de quoi ? Progrès pour qui ? Progrès vers quoi ? Qui peut encore répondre à ces questions ? Que le progrès n'ait plus d'attrait ni de contours, qu'il ne fasse plus consensus pour les " progressistes " est un facteur central de la fermeture actuelle des possibles. Le doute légitime vis-à-vis du progrès, en particulier technique et économique, a renforcé à son insu le discours hégémonique sur l'absence d'alternatives et sur la fin de l'histoire. Afin de conjurer cette malédiction durable, Peter Wagner a conduit une enquête à la fois conceptuelle, historique et sociologique, qui vise à redéfinir ce que pourrait être un futur désirable pour celles et ceux qui souffrent du présent.
Selon Wagner, le progrès est la fois nécessaire et possible, et doit être réactivé à partir de deux matrices que sont la critique et l'imagination. Mais, pour penser le progrès de demain, il faut aussi se défaire de ses conceptions eurocentrées, qui ont dominé l'imaginaire des modernes. L'ouvrage est donc attentif à la multiplicité des définitions du progrès, au Nord comme au Sud, en Amérique latine et en Afrique du Sud, comme dans les anciens pays communistes et en Asie. Au fil de ce parcours, il offre un commentaire raisonné de la plupart des théories politiques qui se sont développées à l'échelle globale au cours des dernières décennies. L'émergence d'une capacité à l'autodétermination collective apparaît, au terme de l'enquête, comme la condition, mais aussi l'horizon, de tous les autres progrès possibles.