Mon père mort me montre deux brins de muguet rouge. Il me dit qu'un jeune homme là-bas, dans une montagne du Jura, a inventé ce muguet et envisage de le répandre sur le monde. Il m'invite à aller le voir. L'homme tient une auberge au bord d'un lac. J'y mange une omelette, bois un vin de paille. Quand je lui parle des fleurs, mon hôte me conduit au-dessus d'un pré en pente : des dizaines de muguets rouges fraîchement poussés s'apprêtent à incendier la plaine. Je reviens vers mon père, lui demande qui est cet homme. Il me répond que c'est une partie de sa famille dont il ne m'avait encore jamais parlé. Va les voir, me dit-il, apprends à les reconnaître.C. B.
C'est la recette de la vie disait ma mère lorsqu'elle me tenait dans ses bras quand je pleurais pense à ces fleurs que tu plantes dans le jardin chaque année elles vont t'apprendre que les gens eux aussi doivent se faner tomber pourrir se redresser pour fleurir - rupi kaur -
«Il s'agit de savoir si l'on veut faire un poème ou rendre compte d'une chose (dans l'espoir que l'esprit y gagne, fasse à son propos quelque pas nouveau). C'est le second terme de l'alternative que mon goût (un goût violent des choses, et des progrès de l'esprit) sans hésitation me fait choisir. Ma détermination est donc prise... Peu m'importe après cela que l'on veuille nommer poème ce qui va en résulter. Quant à moi, le moindre soupçon de ronron poétique m'avertit seulement que je rentre dans le manège, et provoque mon coup de reins pour en sortir.» Francis Ponge.
Le kaddish est l'une des prières de deuil que les juifs récitent plusieurs fois par jour. Il a pour objet, non pas la mort, mais le futur et la sanctification du nom divin. Il n'existe pas de kaddish pour l'amour - alors une femme l'écrit pour l'homme dont elle est séparée.Dans Kaddish pour un amour, celle qui aime cherche l'aimé dans l'absolu de sa présence. La langue est ciselée, épurée, témoin de la fragilité du sentiment amoureux.Ce splendide recueil, habité par un souffle mystique, renoue avec une tradition poétique hébraïque trois fois millénaire et offre une prière universelle pour le retour de l'être aimé.
Le premier recueil de poésie d'Arthur Teboul, auteur et chanteur du groupe Feu! Chatterton.
Que trouverez-vous dans ce livre ?
98 poèmes minute.
Qu'est-ce qu'un poème minute ?
C'est un poème instantané (comme une photographie ou une soupe), souvent en prose, écrit en un temps compté, entre cinq et sept minutes.
Écrit à toute vitesse pour subjuguer la conscience de soi et l'étourdir, afin de laisser libre cours à ce qui traverse l'esprit. C'est une divagation, sans volonté, sans technique ni logique, hors de toute préoccupation esthétique et morale.
Si on ne se laisse pas intimider par cette langue de l'enfance et de l'inconnu, le réel s'offre dans une profondeur nouvelle.
La vitalité du geste délivre une vérité.
Un poème minute est toujours vrai. D'une vérité, peut-être, qu'on ne voudrait pas connaître. D'une vérité qui nous rend - comme toutes les vérités, au fond - vulnérables.
Entre poèmes en prose, visions et récits oniriques, les textes réunis ici sont de courtes pièces dont les mots, les émotions ou les pensées seraient les protagonistes, des voyages imaginaires débordant d'inventivité, de mystère, de vivacité, de drôlerie ou de beauté.
Le premier roman d'Ocean Vuong, Un bref instant de splendeur, prenait la forme d'une lettre adressée par un fils à sa mère analphabète. Dans Le temps est une mère, son deuxième recueil de poèmes, Vuong renoue avec cette voix singulière, qui témoigne de la violence des traumas autant que des éblouissements de l'amour. Confiant dans les pouvoirs du langage, le poète use ici des ressources vivifiantes de la poésie pour faire face à la perte de sa mère et donner forme à l'absence. D'un poème à l'autre, des souvenirs émergent, révélateurs des blessures de l'Amérique. D'une rare intensité émotionnelle, la langue d'Ocean Vuong casse la syntaxe pour mieux recréer un lien au point de bascule d'un vers à l'autre. Elle s'autorise des audaces formelles toujours irriguées par un lyrisme incandescent, faisant de ce recueil un sommet d'humanité, qui cherche sans cesse à préserver la beauté.
Des chemins de traverse, des bordures, des lisières. L'enfance, les départs en vacances, « Renault 20 caravane ». Leonard Cohen, Modiano, Jean-Louis Murat, Dominique A. Les bleus, les écorchures. La confiance fragile de celui qui ne croit qu'en la chaleur d'une main dans la sienne. Les lotissements périphériques et la maison sur la falaise, là-bas, dans l'embrasure littorale. Kyoto, « coeur insulaire », désir en archipel. Les souvenirs que l'on raconte et ceux que l'on invente. Les étés caniculaires et les matinées grises. Le coeur qui s'emballe et le coeur qui démâte. Un chant, le blues, cette musique. Et puis l'immense fait de si peu... « Nobody has to know », écrit Olivier Adam, comme pour s'excuser de faire entrer la vie dans ses poèmes. Nobody ? Pas tout à fait. En poésie, nous sommes nombreux désormais à croire le bonheur possible avec toi.
« Qu'est-ce que la poésie ?... Qu'est-ce que l'âme ?... Lorsqu'un poème, ou simplement un vers provoque chez le lecteur une sorte de choc, le tire hors de lui-même, le jetant dans le rêve, ou au contraire le contraint à descendre en lui plus profondément jusqu'à le confronter avec l'être et le destin, à ces signes se reconnaît la réussite poétique.
Telle est, bien sûr, l'ambition secrète et démesurée de tout auteur d'anthologie. S'il la commence pour lui-même, c'est pour d'autres qu'il la termine et la publie. Choisir tout ce qui lui paraît digne et capable de provoquer chez le lecteur le choc de la beauté, voilà l'objet de son effort. C'est dire qu'il se trahit lui-même puisqu'il livre le secret de ce qui le touche.
Mon ambition est bien de donner ici l'essentiel de notre poésie, c'est-à-dire les plus beaux vers de la langue française, ceux que je trouve tels, sans doute, mais avec l'espoir qu'ils le sont vraiment. ».
Georges Pompidou.
Des taudis honteux de l'Histoire.
Je m'élève.
D'un passé pétri de souffrance.
Je m'élève.
Tel un océan noir, bondissant et immense.
Débordant, grossissant, je porte la marée.
Maya Angelou est une icône de la culture afro-américaine. Engagée dans la lutte pour les droits civiques, elle fait entendre sa voix par l'écriture. Celle d'une femme noire à la détermination sans faille qui puise force et confiance dans son identité. Ses poèmes, tantôt engagés ou intimes, nous parlent du bruit des grandes villes du Sud, de féminité, d'amour et de ruptures. De rêves brisés mais, surtout, de courage et de liberté.
Tout commence à Conques dans cet hôtel donnant sur l'abbatiale du onzième siècle où l'auteur passe une nuit. Il la regarde comme personne et voit ce que, aveuglés par le souci de nous-mêmes et du temps, nous ne voyons pas. Tout ce que ses yeux touchent devient humain - vitraux bien sûr, mais aussi pavés, nuages, verre de vin. C'est la totalité de la vie qui est embrassée à partir d'un seul point de rayonnement. De retour dans sa forêt près du Creusot, le poète recense dans sa solitude toutes les merveilles «rapportées»:des visions, mais également le désir d'un grand et beau livre comme une lettre d'amour, La nuit du coeur. C'est ainsi, fragment après fragment, que s'écrit au présent, sous les yeux du lecteur, cette lettre dévorée par la beauté de la création comme une fugue de Jean-Sébastien Bach.
Avec sa fantaisie habituelle, Bérengère Cournut réinvente le mythe du couple originel. Sous la forme d'un long poème, nous revoilà mis dans le creuset de l'amour, et témoins de la métamorphose des corps et des désirs : On respire, on se désire comme de vieux crabes.
Vovol, c'est un long poème, la légende d'un amour à l'origine de nos vies ; l'idylle imprévue d'un poisson et d'une coquille ; un pied de nez fait à Dieu ; la quête d'un lynx et d'un hibou ; le tumulte des vagues et des volcans ; le secret d'une grotte ; la vie, la mort... Bref, Vovol, c'est la rencontre d'un esprit naïf et d'une femme sauvage, une histoire mystérieuse qui - fatalement - précède la naissance d'un enfant.
Ce poème d'Aragon est un «roman achevé», au sens où l'on dit qu'une oeuvre est achevée ; c'est un roman en ce qu'il raconte une aventure du coeur. L'amour, l'expérience, la réflexion sur la vie en constituent les thèmes. Un Roman de la Rose.Et comme le Roman de la Rose, difficile à analyser, car sa signification est multiple, et la Rose ici, de l'aveu de l'auteur, indescriptible. Peut-être le lecteur en trouvera-t-il la clef dans les épigraphes au poème, l'une tirée du Gulistan ou L'Empire des Roses, de Saadi, l'autre de Roses à crédit, roman d'Elsa Triolet.Le thème de la Rose, commun à nos poètes médiévaux et à ceux de l'Orient, ne semblera aucunement d'apparition fortuite au coeur du poème que voici, à condition de se rappeler qu'Elsa voit le jour en même temps que ces Roses à crédit.
À travers une série de divagations pleines d'esprit et d'humour, Hollie McNish interroge le quotidien de nos vies et ses interdits, lutte contre toutes les injustices qui persistent dans notre société.
- Du tabou des règles aux diktats de la beauté, de l'expérience de la parentalité aux céréales anti-masturbation de Kellogg, Hollie McNish lutte contre les injonctions imposées par la société et questionne les différentes pressions exercées sur les femmes vis-à-vis de leur corps ou de leur sexualité.
- Entre poésie, récit et anecdotes personnelles, Hollie révèle les injustices de notre société. Sa vision enchantée sonde nos comportements et les décortique pour offrir des perspectives nouvelles de l'habiter poétiquement.
- Selon Kae Tempest, Hollie tend " les absurdités auxquelles nous sommes trop habitués et nous laissent voir le monde avec des yeux neufs. Sa poésie est galvanisante et belle. "
« Oui, les femmes écrivent de la poésie (et non, leur poésie n'est ni uniforme ni mièvre). J'avais envie dans ce livre de partager avec vous ces mots qui m'ont tant émue. Et de faire la peau au vieux cliché qui voudrait que la poésie soit un genre littéraire réservé aux bancs de l'école ou, pire encore, à une élite. » _Diglee.
Je serai le feu est une anthologie sensible et subjective, dans laquelle Diglee réunit cinquante poétesses des 19e, 20e et 21e siècles. Certaines d'entre elles sont très connues, d'autres sont tombées dans l'oubli. Toutes ont en commun d'avoir marqué leur époque, et d'avoir écrit de sublimes poèmes. Pour chacune d'entre elles, Diglee a réalisé un portrait ou une illustration originale, rédigé une biographie, et sélectionné ses poèmes préférés.
Est-ce qu'on s'entendrait si on se rencontrait aujourd'hui ?
Pauline et Anouk sont soeurs. Elles ont huit ans d'écart : un gouffre pendant l'enfance. Désormais adultes, voici le temps des retrouvailles : il faut réapprendre à se connaître. Dans cette correspondance poétique et photographique, elles esquissent une mémoire commune.
De confidences en promesses, un échange qui sublime les liens familiaux et la sororité.
Une anthologie inédite sur ceux que Bukowski considérait comme une source de réconfort et « ses plus chers professeurs ».
Le chat sans queue, qui louche, s'est ramené un jour sur le pas de ma porte, et on l'a recueilli. Des yeux d'ancêtres, injectés de sang. Un sacré gars. Les animaux sont une source d'inspiration. Ils sont incapables de mentir. Ce sont des forces naturelles. La télé me rend malade au bout de cinq minutes, mais je peux regarder un animal pendant des heures et n'y voir qu'un mélange de gloire et de grâce, la vie telle qu'elle devrait être.
Le recueil Les Ronces de Cécile Coulon est désormais accessible en poche.
Sa poésie est une poésie de l'enfance, du quotidien, de celles qui rappellent les failles et les lumières de chacun.
- Les Ronces convoquent le souvenir de mollets griffés, de vêtements déchirés, mais aussi des mu?res, qu'on cueille avec ses parents dans la lumière d'une n de journée d'été, alors que la rentrée scolaire, littéraire, approche.
- La poésie de Cécile Coulon est une poésie de l'enfance, du quotidien, de celles qui rappellent les failles et les lumières de chacun.
- Cécile Coulon est devenue la nouvelle star de la poésie franc?aise. Sa poésie prosai?que et délicate réussit à toucher un public inédit.
Les Inrocks Trois saisons d'orage (Viviane Hamy), prix des Libraires 2017 Les Ronces (Le Castor Astral), prix Apollinaire 2018 et prix Révélation poésie de la SGDL 2018 Une bête au paradis (L'Iconoclaste), prix littéraire du Monde 2019
Choix des textes par Marie Gargne et Jean-Pierre Siméon
L'Europe, l'ancienne, celle d'un Vieux Monde bouleversé par la révolution industrielle, et l'Union européenne, belle utopie née sur les cendres de deux grandes guerres, sont l'alpha et l'oméga de cette épopée sociopolitique et humaniste en vers libres relatant un siècle et demi de constructions, d'affrontements, d'espoirs, de défaites et d'enthousiasmes. Un long poème en forme d'appel à la réalisation d'une Europe des différences, de la solidarité et de la liberté.
"De temps à autre.
Les nuages accordent une pause.
à ceux qui contemplent la lune".
Bashô.
Le haïku, admirablement mis en lumière par Yves Bonnefoy dans sa préface, est un poème en trois vers dont l'origine est presque aussi ancienne que la poésie japonaise traditionnelle. Parmi les nombreux auteurs présents dans ces pages, quatre grands noms, qui ont ponctué l'histoire du haïku, se détachent: Bashô (1644-1694), Buson (1715-1783), Issa (1763-1827) et Shiki (1866-1902).
À l'égal des autres arts du Japon, tels que l'arrangement des fleurs, l'art des jardins, le tir à l'arc ou le théâtre Nô, le haïku est beaucoup plus qu'un poème sur un instant privilégié. Ce qu'il propose est une expérience proche du satori ou de l'illumination.
Anna Akhmatova publie son premier recueil en 1912 et s'impose très tôt comme une virtuose de la petite forme lyrique. Classée comme «acméiste» ou «intimiste», elle est plus authentiquement quelqu'un qui cultive un style simple, rigoureux, d'un classicisme qui l'apparente à Pouchkine, même si chez elle toute idée d'imitation est exclue. Après la révolution d'Octobre, elle refuse d'émigrer, quoique suspecte aux autorités nouvelles qui vont, peu à peu, l'interdire de publication. En 1940, cette interdiction est momentanément levée et Anna Akhmatova publie plusieurs poèmes sur la guerre, mais non les textes qui lui tiennent le plus à coeur, comme Requiem ou les suites de poèmes brefs qui évoquent les arrestations massives et le goulag. À nouveau condamnée au silence dès la fin de la guerre, elle continue de composer pour elle-même des textes plus amples comme les «Élégies du Nord», et toujours des suites de textes brefs. Elle n'obtiendra jamais l'autorisation de donner au public un «septième livre» qui réunirait ses écrits récents et prendrait la suite des six recueils publiés dans sa jeunesse. Cette anthologie aborde l'oeuvre dans son entier. Elle puise dans les premiers livres, donne in extenso Requiem et le Poème sans héros, puis reprend à son compte un plan ébauché par la poétesse pour son fantomatique «Septième livre». C'est tout le parcours d'Anna Akhmatova qui est ici restitué, c'est un demi-siècle de combat solitaire, acharné, douloureux, mais au final sans faiblesse, qui se révèle page à page. Une poésie fragile et souveraine qui, confrontée aux risques les plus grands, ne renonce jamais, et célèbre avec une rare intensité les pouvoirs d'une parole irréductible.
Il y aura le premier jour.
À la naissance du mystère.
Un chant reniant la défaite.
L'Espoir comme un râle d'amour.
Brûlant la gorge d'un poète.
Réunies ici en un seul volume, les poésies écrites par Grisélidis Réal depuis l'âge de 13 ans forment une oeuvre d'une force et d'une cohérence rares. Du symbolisme des débuts au « récit » poétique et poignant de la prostitution, des années de prison à la lutte contre le cancer, ses poèmes racontent les révoltes et les grands amours d'une vie, avec un art et une profondeur uniques. Des mots qui fascinent et subliment une existence hors du commun, et nous font entrer dans la « cathédrale intérieure » de l'une des grandes poétesses du XXe siècle.
Par quelle lointaine croyance les êtres humains ont-ils associé le sentiment amoureux à l'organe vital qui bat en nous ? Un regard, et le coeur chavire. Une parole aimante, et la vie pulse plus intense et plus belle. Un enfant naît de notre union, le voici devenu notre chair, notre sang. A contrario, une rupture, une perte, et le coeur se brise. Le grand mérite d'Hélène Dorion n'est pas d'avoir pensé, en poète philosophe, les liens qui unissent le coeur à l'amour, mais d'avoir tenté, dans un entrelacs d'images et de résonances musicales, une approche du vivant dans laquelle l'amour et le coeur se trouvent associés au livre et à la poésie, aux paysages et au monde dans lequel nous vivons. Une approche sensible qui fait chanter, danser, battre la vie, ce miracle fragile. Jusqu'au vertige.
Je chevauche sur la rosse de mes exils.
Et sur la pierre blanche du chemin j'aiguise ma parole.
Quelqu'un me suit. Moi-même.
Quelqu'un me suit, c'est un vent qui revient d'autres terres.
Les vieux parfums de brises oubliées.
Retrouvés dans ses archives après son décès, les poèmes de Luis Sepúlveda sont réunis ici pour la première fois. Sensibles, touchants et engagés, ils nous font découvrir l'auteur sous un nouveau jour. Le décès d'une grand-mère, les jeux d'un enfant, les yeux d'une femme. L'odeur du maté, les couleurs vives, le son d'une guitare. La révolution chilienne, la dictature et l'emprisonnement. Le silence assourdissant des voix qui se sont tues et une patrie ensanglantée que seuls les mots peuvent ressusciter.