Il était l'heure de faire cette adaptation, aussi en souvenir des lettres reçues du monde entier. « Bonjour Monsieur Hessel. Je ne vous cache pas que j'ai déjà dû faire une bonne dizaine de brouillons, mais cette fois-ci c'est décidé ; je ne recommencerai pas ! », écrit Pauline, une lycéenne de Fos-sur-Mer de 13 ans à l'auteur d'Indignez-vous ! âgé, lui, de 93 ans avant d'ajouter : « Grâce à vous, j'ai retrouvé l'espérance que j'avais perdue. » Cette lettre et d'autres rythmeront cette version théâtrale, orale (Indignez-vous !fut conçu en interrogeant l'auteur) à l'heure où le « pouvoir des sans-pouvoir », ces indignés d'aujourd'hui, entrent en scène, tandis que Stéphane Hessel, comme ressuscité, relit son message : « L'indignation : une des composantes essentielles qui font l'humain ! »
Lors d'un débat télévisé, on opposa Stéphane Hessel au dalaï-lama, arguant que l'un résiste, l'autre médite. La non-violence reste incomprise en Occident qui n'y voit que passivité. Qui a dit : " Là où il n'y a la choix qu'entre la lâcheté et la violence, je conseillerai la violence " ? Gandhi, incitant à la résistance contre le nazisme, à sauver sa conscience ! Mais s'il faut déconseiller les interventions militaires en Afghanistan, en Lybie, c'est parce qu'elles auraient pu être évitées si nos années de lâcheté n'avaient pas fabriqué les tyrans. Comme disait Camus de la non-violence : " Il y faut une grandeur que je n'ai pas. " C'est à cette grandeur que ce livre est dédié.
Cartes postales, photos, lettres: une correspondance, qui avait échappé à l'histoire, entre Henri Matisse et Étienne Terrus, peintre catalan (1858-1922), éclaire d'un jour nouveau la naissance du Fauvisme et ses développements.
Les deux hommes se rencontrent dès mai 1905, alors que Matisse découvre Collioure, y loue à l'année un atelier et fait venir femme et enfants. Derain, puis les anciens de l'École des beaux-arts, Camoin, Manguin, Marquet, suivent et se lient aussi avec ce peintre dont le sculpteur Maillot a pu dire que ses couleurs sont " comme des notes de Mozart ". Terrus se révèle à la fois comme un maître de la couleur expressive et le confident privilégié des crises morales de Matisse, si secret, en ces années décisives.
" Vous ne pouviez me faire un plus grand plaisir qu'en m'annonçant ces deux bonnes nouvelles : votre crise de volonté finie et Marguerite en train de guérir de la gorge ", lui écrit Terrus en 1910.