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STEPHANE BOUQUET
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Et maintenant le noir est le quatrième recueil de Peter Gizzi traduit en français. On y retrouve sa voix mélancolique, noire presque d'encre. Un lyrisme si l'on veut d'après la catastrophe : le monde a subi des coups, des chocs, des accidents. Les deux frères de l'auteur sont morts, par exemple, les amours sont parties, les amis sont loin. Les choses sont souvent cassées, défaites, brûlées, abîmées. « La maison se délabre ». Et pourtant il faut continuer à vivre et peut-être à aimer et sans doute à mourir. C'est ce que dit Gizzi lui-même de ce livre : « C'est une façon de changer un coeur brisé au milieu d'un monde acharné en un coeur acharné au milieu d'un monde brisé. » Le « Je » qui se promène dans les poèmes de ce recueil semble avoir perdu toute relation facile avec le monde. « J'ai perdu le signal » dit le poète dans un des textes. Mais aussitôt vient la solution : « alors j'ai pensé que j'allais écrire un poème ». Peter Gizzi a mille façons de dire la même chose : « Dans ma tête, un volant incapable de rien diriger d'autre qu'une chanson et tout le reste est survie - » Chanson est une façon fréquente pour Gizzi de dire poème : ses textes en effet chantent à leur façon. Ils chantent, ils aiment les refrains, les répétitions, le bruit de ferraille que font parfois les syllabes cliquetantes.
La poésie indique donc la direction. Elle est le volant. L'autoroute. Le satellite GPS. La survie.
Parce que, en vérité, le poème n'a pas renoncé au monde, il fait au contraire de son mieux pour lancer son propre signal, même faible, pour tracer sa propre route, même méandreuse, et pour trouver une façon de fréquenter un peu les choses afin de s'y tenir un peu, au moins un peu.
On tombe souvent dans ces pages sur le mot « standing » : debout - debout dans les choses. Cet effort, ce combat pour ainsi dire, afin d'être, de rester debout, est une des grandes émotions que procurent les poèmes de Peter Gizzi. -
Bon, eh bien voilà.
Et il se trouve que ça s'appelle villes, ou, c'est à quoi je m'en suis tenu. Les Villes. Que chacun se fasse son idée.
Finalement, c'est une construction, issue de mes isolements, yeux, oreilles, nez, et souffle de la reconnaissance d'autres constructions qui ne sont pas miennes mais que je peux habiter. Les Villes. Quant aux poèmes, permettez-moi d'utiliser le mot de Lorca : duende est cette faculté de faire / à quoi vous vous subsumez, votre nickel, votre dime, votre cruzeiro, votre peso, votre pièce de cinq dollar or, votre talent, votre mark d'argent, ou denier, un foutu demi penny, si c'est tout ce que vous trimballez dans votre poche ce jour-là, vous le posez à la ligne, c'est une façon de payer le genre de diable ou de démon qui veut (avec cette idée ou cette sensation qu'il s'éprouve lui-même, c'est le propriétaire, si vous voulez) prendre possession de la Chose en vous, en donnant cette qualité au processus.
Le secret du livre est triple :
Ciseaux, pierre et papier.
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Peter Gizzi, né en 1959, dans le Michigan, est poète, essayiste, éditeur et professeur de littérature américaine (University of Massachussetts Amherst). Il a publié huit livres de poésie, qui, tous, ont été remarqué par la critique outre-atlantique. Avec le présent recueil, Archeophonics, le troisième que nous publions, après Externationale et Chansons du seuil, nous avons pour ambition de poursuivre, dans le cadre de notre collection La Série Américaine, exclusivement consacrée aux poètes améri- cains, une politique d'auteur pour cette voix contemporaine novatrice.
Archéophonies est un titre qui ne fait pas mystère de son contenu.
Il s'agira de voix (phonies) et il s'agira de choses qui sont sous le sol et qu'on trou- vera si on creuse (archéo) : morts, fantômes, souvenirs d'enfance et d'une langue qui chantait des berceuses aux « rythmes naïfs » (pour citer Rimbaud qu'un des poèmes place en épigraphe). Mais aussi souvenirs d'amours ratées ou d'une ado- lescence parfois compliquée. Dans un des poèmes le narrateur à genoux sur le sol, « dégueu et défoncé », pourrait ressembler comme un frère au poète Peter Gizzi qui a, de son propre aveu, abu- sé de substance dans sa jeunesse. S. B.
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L'Externationale (The Outernationale) est le quatrième livre du poète américain contemporain Peter Gizzi (1959), et le premier à être traduit en français. D'abord remarqué outre Atlantique pour son édition de l'oeuvre de Jack Spicer, son premier recueil "Some Values of Landscape and Weather" est accueilli par Robert Creeley comme un " livre novateur non seulement pour le lecteur, mais aussi pour l'écrivain et pour l'art. " Avec L'Externationale, Gizzi renouvelle la voix lyrique, "son écriture peut nous arracher le coeur, son regard réfracter une lumière en visions pénétrantes." Adrienne Rich.
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Chaine de décisions minuscules dans la forme d'une sensation
Sarah Riggs
- Le Bleu Du Ciel
- Poesie Contemporaine
- 6 Juin 2010
- 9782915232684
Née à New York en 1971, Sarah Riggs vit en France depuis 2001. Cet ouvrage, paru en 2007 aux éditions Reality Street (Angleterre) est traduit pour la 1ère fois en Français (par les poètes Stéphane Bouquet, Virginie Lalucq, Jérôme Mauche, Éric Suchère et Bénédicte Vilgrain). Très sensible aux ambiances, Sarah Riggs l'est aussi aux manifestations du quotidien et au sens à leur donner ; son ouvrage est par ailleurs construit dans une forme résolument contemporaine. Elle a publié aux éditions de l'Attente trois autres ouvrages à l'écoute de différentes formes d'écriture selon les supports : télégrammes, textos, post-it.
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Les poèmes présents dans ce recueil sont tirés de tous les livres de James Schuyler, couvrant ainsi toute sa carrière de poète : Freely Espousing (Doubleday, 1969), The Crystal Lithium (Random House, 1972), Hymns to Life (Random House, 1974), The Home Book Prose and Poems 1951-1970 (Z Press, 1977), The Morning of the Poem (FSG, 1980), A Few Days (Random House, 1985) et Last Poems (Slow Dancer Press, 1999).
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La Phrase. Il y a ceci dans l'amour / que, par simple effet de syntaxe, / des hommes trouvent des femmes et joignent / le corps à l'esprit / - qui a tant besoin d'acquérir / une continuité, un lieu, / une démonstration que ce doit / être de chacun la propre phrase
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Julien Mérieau, astonish me / étonnez-moi !
Gérard Malanga, Julien Mérieau
- Warm
- Photo-graphie
- 26 Avril 2016
- 9782955673904
Gerard Malanga et Julien Mérieau entretiennent une relation amicale depuis une quinzaine d'années. Pour le premier livre de la collection Photo-Graphie, nous avons demandé à Gerard Malanga de sélectionner quatre photographies de Julien Mérieau et d'écrire un texte sur le travail de son ami.
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Lettres à la réinsertion culturelle du chômeur ; mes cahiers de poèmes
Andrea Inglese
- NOUS
- 19 Novembre 2013
- 9782913549913
Chère Réinsertion Culturelle du Chômeur, que tu sois muette, et le sois par politesse, comme si c'était, cela, une précaution à mon égard, une manière inquiète, presque angoissée, de m'accueillir, de me faire hospitalité, avec le sentiment plaisant d'un privilège, d'un aboutissement, je ne sais pas, je ne crois pas, tout cela devrait résulter d'une analyse bienveillante des faits, mais je ne peux pas, en toute sincérité, m'abandonner à cette bienveillance.
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Né en 1959 dans le Michigan, Peter Gizzi est l'auteur de plusieurs recueils de poèmes dont le tout dernier (Archeophonics, 2016) fut finaliste pour le prestigieux National Book Award.
De son travail, il dit ceci : « Je crois que je suis un poète narratif. Je raconte juste mon étonnement de citoyen devant ce monde ». Gizzi dit aussi qu'il est désireux d'écrire à la frontière du connu quand on ne connait encore ni la structure du temps qui vient, et quels méandres seront ceux de l'histoire, ni la structure des choses qui sont, et les mystères de la physique. Chaque de ses livres est un voyage étonné au delà des frontières du monde identifié.
Le recueil ici traduit, son avant-dernier, daté de 2011 s'intitule Chansons du seuil, précisément pour cette raison : ce sont des poèmes écrits sur le seuil entre les vivants et les morts, entre le présent et les souvenirs, entre le connu et l'inconnu, entre le savoir et les sensations. Ils sont à la fois tournés vers les disparus (notamment les morts familiers, mère, père, frère) et vers ce qui n'est pas encore apparu.
Le présent pour Peter Gizzi et il écrit ses poèmes au présent est vraiment cette tension ou plutôt cet équilibre : une façon d'avoir deux visages, l'un vers le passé, l'autre vers le futur.
Une dernière chose. Si Chansons du seuil s'appelle Chansons, c'est que Gizzi tient au lyrisme, mais à un lyrisme réinventé. Ces poèmes ne sont pas de ceux qu'on chante à haute voix ils sont plutôt de petits refrains qu'on murmure, des vers qui chantonnent selon les rythmes d'une mélodie à la fois douce et triste.