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SACHA ZILBERFARB
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Un élève officier de l'armée austro-hongroise, aspirant écrivain, adresse ses tentatives poétiques à Rainer Maria Rilke et sollicite son avis. De 1903 à 1908, en quelque dix lettres, le jeune homme, alors à la croisée des chemins, hésitant entre la voie toute tracée de la carrière militaire et la solitude aventureuse de la vie d'écrivain, confie à son aîné admiré ses doutes, ses souffrances, ses émois sentimentaux, ses interrogations sur l'amour et la sexualité, sa difficulté de créer et d'exister. Le poète lui répond. Une correspondance s'engage. Refusant d'emblée le rôle de critique, Rilke ne dira rien sur ses vers, mais il exposera ce qu'implique pour lui le fait d'écrire, de vivre en poète et de vivre tout court.
Publié pour la première fois dans son intégralité, cet échange intime ne permet pas seulement de découvrir enfin le contrechamp de lettres qui furent le bréviaire de générations entières, il donne au texte de Rilke une puissance et une portée nouvelles, et invite à repenser la radicalité de son engagement esthétique, mais aussi la modernité frappante de sa vision de la femme.
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Vienne, printemps 1933.
Eugen Althager, jeune intellectuel au chômage, se réveille dans le désordre de sa petite chambre et se demande comment tuer le temps. Il est juif, bien qu'instruit dans la religion catholique. Ses études erratiques, interrompues pour des raisons économiques, l'ont porté vers les lettres et la philosophie. Au cours de sa promenade matinale, Eugen Althager va être témoin d'échauffourées antisémites dans les rues du quartier universitaire.
Comment survivre, comment aimer, comment ne pas perdre la raison dans cette époque terrifiante ? Roman sur fond de crise spirituelle, sociale et politique, oeuvre à fort accent autobiographique, Les Naufragés dressent le portrait étonnamment actuel d'une jeunesse en instance de sombrer.
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Résonance ; une sociologie de la relation au monde
Hartmut Rosa
- La découverte
- Poches Decouverte
- 8 Avril 2021
- 9782348067358
Si l'accélération constitue le problème central de notre temps, la résonance peut être la solution. Telle est la thèse du présent ouvrage, lequel assoit les bases d'une sociologie de la " vie bonne " - en rompant avec l'idée que seules les ressources matérielles, symboliques ou psychiques suffisent à accéder au bonheur.
La résonance accroît notre puissance d'agir et notre aptitude à nous laisser " prendre ", toucher et transformer par le monde. Soit l'exact inverse d'une relation instrumentale et " muette ", à quoi nous soumet la société moderne. Car en raison de la logique de croissance et d'accélération de la modernité, nous éprouvons de plus en plus rarement des relations de résonance. De l'expérience corporelle la plus basique aux rapports affectifs et aux conceptions cognitives les plus élaborées, la relation au monde prend des formes très diverses : la relation avec autrui ; la relation avec une idée ou un absolu ; la relation avec la matière ou les artefacts.
Tout en analysant les tendances à la crise - écologique, démocratique, psychologique - des sociétés contemporaines, cette théorie de la résonance renouvelle de manière magistrale le cadre d'une théorie critique de la société. -
Emmy est une jeune femme pleine de vie de talent, qui n'a qu'une envie : vivre, marcher dans les rues ensoleillées, partir à Paris où elle doit bientôt chanter. Mais quand la police la convoque, sa vie devient une succession d'attentes : de son procès, de sa condamnation, de son transfert, puis des repas, des promenades, de sa libération, enfin, dont elle ne sait quand elle interviendra.
Rendue malade par l'angoisse, l'incertitude et l'enfermement, Emmy retrouve le goût de vivre auprès de ses camarades d'infortune : Anna, la voleuse de chocolat, Hafner, la maitresse encombrante, et tant d'autres anonymes... Toutes lui délivrent leur histoire, des histoires tragiques et douloureuses, des vies de femmes du peuple dans l'Allemagne du début du XXe siècle. -
Resté censuré en Allemagne près de 20 ans, Nuit est aujourd'hui considéré comme le chef-d'ouvre d'Edgar Hilsenrath.
C'est la nuit permanente sur le ghetto de Prokov. Au fil des jours, dans un décor apocalyptique, Ranek lutte pour sa survie.
Les personnages sont réduits à des ombres... comme s'ils n'avaient plus ni âme ni corps. Pourtant, dans ce brouillard permanent, surnagent des éléments de vie : la faim, le froid, les scènes d'amour hâtives, de pendaisons (ratées) ou d'accouchement au milieu du ghetto montrent que l'humanité demeure.
Le style, mécanique, concis, halluciné, est quasiment cinématographique.
Hilsenrath s'est inspiré pour Nuit de sa propre histoire, et du ghetto ukrainien où il a passé quatre ans entre 1941 et 1945. C'est d'ailleurs la genèse de ce livre, qu'il a réécrit vingt fois entre 1947 et 1958, qui est racontée dans Fuck America.
Hilsenrath est né en Allemagne en 1926. Après avoir survécu à l'expérience du ghetto pendant la guerre, puis avoir vécu en Palestine et en France, il arrive à New York (sur le même bateau que Rita Hayworth) au début des années cinquante. Il travaille comme garçon de café et réduit ses besoins à l'essentiel, écrivant la nuit dans les cafétérias juives. Les éditeurs allemands craignant son approche très crue de la Shoah, il est d'abord publié aux États-Unis... À son retour en Allemagne, en 1975, un petit éditeur relève enfin le gant et un article du Spiegel le rend célèbre du jour au lendemain. Depuis, il accumule les prix et les reconnaissances institutionnelles. -
Lettres à un jeune poète
Rainer Maria Rilke, Franz Xaver Kappus
- Points
- 10 Novembre 2021
- 9782757891292
« Un bréviaire d'initiation à la poésie et, au-delà, à l'existence. » Télérama
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Après la dissolution de sa troupe de théâtre, la jeune Dagny (alter-ego de Hennings) se retrouve à Cologne, une ville qu'elle ne connait pas, seule, sans le sou, ni aucune perspective d'avenir. Elle y croise par hasard un ancien ami comédien, devenu souteneur, qui l'introduit dans un « café » de la ville. Pour Dagny, artiste idéaliste, naïve et pétrie de religiosité, c'est le début d'une plongée brutale dans un monde dominé par les hommes, où « tout s'offre et se paie », à commencer par le corps des femmes.
Sombrant peu à peu dans la folie, elle ne trouvera son salut que dans la camaraderie de ses compagnes d'infortune, dans ses souvenirs, et dans la foi.
"La flétrissure", c'est un roman de Dostoïevski écrit par l'un de ses personnages. -
Si Aby Warburg a été le premier à définir une méthode d'interprétation iconologique, s'il a créé une bibliothèque des sciences de la culture unique au monde, l'innovation décisive qu'il a introduite dans le champ épistémologique de l'histoire de l'art est bien Mnémosyne : oeuvre absolument originale et unique, dont l'ambition n'est rien moins que de poser les fondements d'une grammaire figurative générale, et qui ouvre des perspectives dont la portée n'a pas encore été totalement mesurée.
Par la complexité des problèmes auxquels s'est confronté Warburg face à cet immense corpus d'images, c'est l'attention de l'ensemble des sciences humaines qu'il a attirée sur son oeuvre.
Resté inachevé à la mort de l'auteur, ayant mobilisé l'énergie intellectuelle et physique de ses dernières années, Mnémosyne peut être considéré comme l'aboutissement de toutes ses recherches. Il constitue le plus ambitieux corpus d'images jamais réuni, dont la genèse et l'évolution sont liées à une pratique discursive et à un mode de transmission du savoir que préconisait Warburg, mais qu'il convient aussi d'examiner sous l'angle de ses relations avec le problème de la mémoire et avec sa bibliothèque.
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Dans un court article publié en 1909, Heinrich Wölffl in (1864-1945), qui n'est pas encore devenu l'immense historien de l'art qui marquera toutes les générations à venir, s'insurge contre un enseignement de l'histoire de l'art tourné exclusivement vers l'histoire. Il égratigne au passage les musées, condamne le tourisme « cultivé » et ses guides qui ne font qu'alimenter chez le profane une boulimie de voir et une illusion historienne de pseudo connaisseur. Son texte n'a pas pris une ride... Que reste-t-il de l'expérience esthétique aujourd'hui ? Comment voir encore les oeuvres ? Où peut-on encore les contempler ? Comment les comprendre ? quand le savoir fait écran au regard...
« On se sent obligé de tout voir, écrit Wölffl in, et c'est fort dommage, car ce faisant on voit trop, ce qui revient à ne rien voir du tout. [...] Voyager devient un supplice, [...] Les guides de voyage prescrivent la quantité de ce qui doit être « fait » chaque jour, et pas question de rester à la traîne ! », lit-on plus loin. « Si le public a donc les yeux plus grands que le ventre, il me semble par ailleurs qu'un tel vernis de culture en matière d'histoire de l'art a engendré une sorte de fausse posture de connaisseur, qui fait obstacle, plus qu'elle n'y prépare, à la connaissance véritable des choses. [...] Pour comprendre l'art, peu importe de savoir ce qui fait la particularité des mains d'un Botticelli, et en quoi elles se distinguent de celles d'un Filippino Lippi ; ce qui importe, c'est de savoir ce qu'est une main bien dessinée, et nous devrions employer toute notre énergie à éduquer le jugement en ce sens. » C'est une erreur, nous dit Wölffl in, d'accorder plus d'importance à l'attribution d'une oeuvre et à la description savante de son style qu'à sa valeur ! C'est l'éducation de l'oeil et l'exercice de la compréhension qu'il nous faut développer. En nous expliquant comment le regard devant l'oeuvre est saisi par une apparition claire et immédiate (qui a elle-même sa dimension historique), Wölffl in nous donne ici les clés de l'explication de l'oeuvre d'art. Rien de moins.
Le ton, très virulent, est celui du Nietzsche de la 2e des Considérations inactuelles. Quant au texte suivant, qui donne son titre au volume, c'est un classique, inédit en français . Il ne fait ici que développer et approfondir l'ensemble des questions évoquées par le premier, les ouvrir. Ces deux textes nous livrent « les buts essentiels de l'éducation du sens artistique » et annoncent les Principes fondamentaux de l'histoire de l'art (à paraître en 2019, dans une traduction inédite).
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Beethoven ; une philosophie de la musique
Theodor Wiesengrund Adorno
- Rue D'Ulm
- Aesthetica
- 14 Janvier 2021
- 9782728807185
Pendant plus de trente ans, Adorno a nourri le projet d'une monographie consacrée à Beethoven, que sa disparition brutale en 1969 ne lui a pas permis d'achever. Collectés dans ses carnets et complétés par des extraits d'oeuvres publiées, les fragments réunis dans ce volume permettent de cerner l'armature de cette « philosophie de la musique » inédite. Passant avec virtuosité des analyses musicales les plus fines à l'interprétation philosophique la plus audacieuse, Adorno déchiffre dans la musique de Beethoven le destin contrasté des Lumières au moment où le capitalisme prend son essor. Il donne également à la contemporanéité de Beethoven et de Hegel (tous deux nés en 1770) un sens philosophique décisif, qui éclaire l'affinité élective qui dans toute son oeuvre unit musique et philosophie. Quant aux analyses consacrées au « style tardif » de Beethoven, elles sont devenues, en un temps où le sentiment de l'après n'a peut-être jamais été aussi vif, une référence incontournable. Si Adorno a souvent été présenté comme le porte-parole de Schoenberg, ces textes et fragments montrent à quel point toute sa philosophie de la musique, si ce n'est l'ensemble de sa pensée, gravite autour de ce foyer qui porte le nom de Beethoven.
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Encouragé par son psychanalyste et ami Amnon Zichroni, le célèbre violoniste Minsky publie un livre très remarqué sur son enfance dans un camp nazi. Mais lorsque Jan Wechsler, par son minutieux travail de journaliste, démontre que ce récit n'est qu'une fiction, la vie de Minsky et celle de Zichroni commencent à basculer. Une valise est livrée au domicile de Jan Wechsler. Une valise qu'il aurait perdue lors d'un voyage en Israël mais dont il n'a aucun souvenir. A-t-il réellement séjourné dans le pays ? Et si oui, pourquoi son hôte d'alors, Amnon Zichroni, a-t-il disparu depuis ? Constitué de deux récits qui se rencontrent au centre du livre et qui peuvent être lus dans un ordre aléatoire, Canevas est un thriller haletant autant qu'une réflexion sur nos identités fragiles et nos mémoires vacillantes.