De 1941 à 1943, à Amsterdam, une jeune femme juive de vingt-sept ans tient un journal. Le résultat : un document extraordinaire, tant par la qualité littéraire que par la foi qui en émane. Une foi indéfectible en l'homme alors qu'il accomplit ses plus noirs méfaits. Partie le 7 septembre 1943 du camp de transit de Westerbork, d'où elle envoie d'admirables lettres à ses amis, Etty Hillesum meurt à Auschwitz le 30 novembre de la même année.
Un nouveau recueil, en deux cycles, de l'immense auteur néerlandais Cees Nooteboom. D'abord "L'oeil du moine", une série de 33 poèmes solaires, qui approchent la beauté des mondes. Puis "Adieu", composé en partie lors du confinement du printemps 2020, marqué par l'impossibilité et la mort.
Publié en 1860, à Amsterdam, le roman de Multatuli fit l'effet d'une bombe dès sa sortie, à la fois par son style, qui révolutionnait l'esthétique littéraire du XIXe siècle, et sa sévère critique du système colonial néerlandais. En dénonçant l'oppression exercée sur les Javanais, ce roman s'est inscrit dans l'histoire comme texte fondateur d'une nouvelle libération.
« Mon premier contact avec les secrets qui allaient gouverner ma vie, ce fut cette trouvaille que je fis par un après-midi désoeuvré dans le grenier de notre maison de Voorburg. Derrière quelques malles hermétiquement closes, je découvris dans l'armoire-penderie, dissimulée au-delà d'une haie touffue de manteaux d'hiver dégageant une forte odeur de naphtaline, une autre malle qui, elle, n'était pas fermée à clé - ce qui, rétrospectivement, ne laisse pas d'étonner. Outre quelques chemises, des pantalons et diverses babioles, elle contenait un casque. Un casque noir à la brillance menaçante, portant d'un côté un emblème noir-blanc-rouge et de l'autre deux petits éclairs d'un blanc éclatant... » Ainsi commence «L'Héritier du nom», fresque d'une ampleur inouïe qui raconte l'histoire de la famille Münninghoff , dont la vie a coïncidé, peu ou prou, avec les fracas du XXe siècle. Pour reconstituer cette histoire, l'auteur, journaliste et spécialiste de la Russie, a travaillé des décennies durant, fouillant les archives ainsi que la mémoire des vivants et des morts : il livre un témoignage exceptionnel, mais aussi un récit picaresque aux mille rebondissements, un roman d'espionnage, un récit de guerre et d'après-guerre sur les « soldats perdus » du Troisième Reich... «L'Héritier du nom» a rencontré un fulgurant succès aux Pays-Bas et a été couronné par le prix Libris - le plus prestigieux en non-fiction.
À travers l'histoire d'un minuscule territoire resté neutre jusqu'en 1919 et le destin de l'un de ses habitants, qui changea cinq fois de nationalité au cours de sa vie, David Van Reybrouck nous invite à la réflexion sur la fin d'une utopie européenne, le retour des frontières et les dangers de la résurgence des nationalismes.
Toute personne qui projette de passer un week-end à Venise devrait emporter ce livre dans ses bagages, car c'est un merveilleux instrument de décryptage de l'objet culturel appelé Venise. Au fil des chapitres, et des années, la forme évolue, du traditionnel récit de voyage à une déambulation sans but précis, au gré de la mémoire de l'auteur, de sa culture, des associations d'idées ou des images qui le frappent durant les flâneries où il se perd plus ou moins volontairement. Venise fonctionne ici comme un précipité de toute l'Histoire et de toute la culture européennes, un héritage qui disparaît lentement dans les eaux... Au lieu de s'en désoler, l'auteur nous prête en souriant son immense érudition pour nous permettre d'en jouir tant qu'il en est encore temps
Ce volume donne une image riche, nuancée et authentique d'une jeune femme d'exception: non pas une sainte étrangère au monde, mais une personnalité audacieuse et libertine. amoureuse de la vie, qui tente de dompter des dons intellectuels et artistiques dont le foisonnement anarchique l'entrave. C'est aussi un merveilleux journal intime. la chronique minutieuse et inlassable d'une passion, avec ses moments exaltants et ses crises de jalousie. et en contrepoint des tentatives toujours recommencées pour reconquérir un peu de distance et de sérénité. En outre, ce qu'on n'a jamais dit, Etty Hillesum a beaucoup d'humour et un vrai talent satirique, qui éclate dans le tableau qu'elle brosse de son entourage, même dans les heures les plus tragiques. crin, cette oeuvre nous confronte au mystère d'un cheminement spirituel qui est un refuge sans être un rejet du monde et des hommes, qui semble au contraire être un acquiescement. parfois même un émerveillement, et ce au pire moment de notre histoire.
Un soir de janvier 1945 à haarlem, alors que les pays-bas sont encore occupés, anion steenwijk, douze ans, voit s'effondrer son univers : le cadavre d'un policier collaborateur exécuté par un groupe de résistants est trouvé devant la porte de la maison familiale, les allemands surgissent, la maison est brûlée, les parents et le frère aîné abattus.
Des années plus tard, anion devenu médecin offre l'image d'une tranquille réussite. et pourtant, dans l'apparente quiétude de sa vie, des rencontres fortuites, des moments de crise font revivre le drame. jusqu'à ce que toutes les pièces s'assemblent pour dénoncer l'absurde logique de l'événement. enquête policière, réflexion sur l'histoire et le terrorisme, ce roman interroge de manière paradoxale le mécanisme pervers de la mémoire.
Après l'accident d'avion qui emporta sa femme et son fils, Arthur Daane a quitté Amsterdam pour s'établir à Berlin. Cameraman, documentariste, cet homme-images est un nomade qui capture, au détour de ses promenades berlinoises, l'ombre du passé. Hanté par l'indicible mémoire des lieux, il observe le monde à travers le voile de sa douloureuse solitude.
C'est ainsi, dans cet état d'âme et d'esprit, qu'il croise Elik Orange. Attiré par cette silhouette, cette aura, cette ombre, Arthur retrouve enfin la voie du désir. Elik s'offre à lui puis se dérobe pour finalement l'attirer dans la lumière aveuglante de l'Espagne...
Roman d'amour pour une femme inaccessible et pour une autre à jamais disparue, Le jour des Morts est aussi le livre du Temps et de la mélancolie. Dans une langue superbe, Cees Nooteboom lance ses personnages bien au-delà de leur destin individuel et les inscrit ainsi au coeur des véritables enjeux de la littérature.
Sur 533 jours, entre le 1er août 2014 et le 15 janvier 2016, les pensées, voyages et souvenirs de Cees Nooteboom, qui dévoile par fragments son univers, de la littérature à la botanique en passant par son regard sur l'actualité. C'est essentiellement depuis l'île de Minorque que l'auteur passe le monde au crible de son écriture, dans la plus totale liberté. Ce recueil étincelant d'intelligence et de verve, qui porte l'empreinte des «Essais» de Montaigne, procure le ravissement de l'érudition et du dépaysement.
" sur sa feuille de papier, l'écrivain n'avait écrit qu'une seule ligne : "le colonel tombe amoureux de la femme du médecin.
" la parfaite banalité de cette phrase lui donnait la nausée. "so what, grommela-t-il. le colonel est amoureux de la femme du médecin. " " aux prises avec ses doutes et ses interrogations, l'écrivain donne vie à quelques personnages qui prennent corps, s'aiment et se haïssent, se blessent et souffrent. jusqu'à s'affranchir de leur créateur. qui nourrit le roman, les personnages ou l'auteur ? qui est réel ? la fiction se mêle à la réflexion du romancier fasciné par le pouvoir de la création.
Deux femmes venues d'univers différents, sylvia et laura, se rencontrent un jour à amsterdam.
Entre elles, plus que la passion sensuelle, c'est soudain la tragédie amoureuse qui s'insinue, progresse et, en quelque sorte, provoque le dénouement. dans le roman de harry mulisch, c'est la voix de laura que nous entendons. et l'intensité de son récit vient paradoxalement de sa transparence, de sa simplicité, de sa justesse. l'histoire de sylvia et laura, publiée par actes sud en 1986, est l'une des plus émouvantes qu'ait écrites un romancier néerlandais qui poursuit une oeuvre de première importance.
Peu de chose, sans doute, rapproche le rituel de la messe et celui de la cérémonie du thé. Pourtant, l'un comme l'autre vont marquer de leur empreinte Inni Wintrop. Ce dilettante sceptique coulerait à Amsterdam des jours heureux, s'il n'était maladivement sensible à la fuite du temps et à l'omniprésence de la mort. Inni, cependant, aime trop la vie pour ne pas conclure avec elle les compromis que requiert la société. Ce n'est pas le cas des deux êtres dont la rencontre bouleversera son existence. Le premier, Arnold Taads, est un misanthrope qui impose à ses jours le carcan d'une discipline de fer. Le second, Philip Taads fils d'Arnold, qu'Inni rencontre vingt ans plus tard, en l973, a en commun avec lui le goût de la solitude et de la méditation. Les deux Taads refusent le monde tel qu'il est, et le monde les éliminera tragiquement. Mais Inni, sous son masque ironique, n'est-il pas leur frère jumeau ? L'art, l'amour, les religions, le suicide - peu de livres ont l'art d'aborder des sujets aussi graves avec autant de légèreté, d'élégance et d'humour. Poète de la décadence souriante, Nooteboom nous offre ici, avec la délicatesse de trait d'un maître japonais, une chatoyante " peinture du monde flottant ".
Ce livre est une promenade intellectuelle et esthétique au fil de l'oeuvre de Cees Nooteboom, un précipité de ses textes les plus remarquables, qui se livre comme autant d'invitations à découvrir les voyages, romans et essais de cet amoureux des horizons lointains.
Rüdiger Safranski, philosophe et écrivain allemand, a composé en 2008 cette magnifique anthologie thématique. On y retrouve tous les grands thèmes de l'écrivain : le temps, l'Histoire, le voyage, l'art et l'espace du regard, et la lecture pénétrante d'un philosophe qui discerne au-delà des mots de l'auteur une authentique interrogation métaphysique sur le réel, l'imaginaire, l'être et le non-être.
Il était une fois une contrée mythique, les Pays-Bas du Sud. Il était une fois un couple mythique, Kai et Lucia, illusionnistes envoyés en tournée dans ce pays sauvage et escarpé. Une Reine des Neiges, qui enlèvera le beau Kai pour le séquestrer dans son château reculé. Un homme à barbe d'or, et une vieille femme clown, qui tous deux aideront Lucia à retrouver Kai. Un narrateur enfin, Alfonso Tiburôn de Mendoza, inspecteur des ponts et chaussées de la province de Saragosse, qui sait bien que "l'avantage des contes est qu'à l'inverse de la vie réelle, tout y est dicté par le dénouement. (...) Cela vous épargne bien des doutes et de déprimantes méditations." Et c'est l'occasion pour Cees Nooteboom de laisser libre cours à son imagination baroque, revisitant à l'envi la culture européenne et initiant le lecteur ébahi à sa géographie magique.
Félix Hoffman, ambassadeur des Pays-Bas à Prague, est un diplomate au comportement assez peu... diplomatique. Eprouvé par la vie, insatisfait de nature, il trouve refuge dans la nourriture - qu'il avale par buffets entiers - et dans la lecture de Spinoza. Mais les derniers soubresauts de la guerre froide vont perturber à jamais ce fragile équilibre...
Alma la Brésilienne pense avoir trouvé le paradis sur terre en arrivant en Australie et, bien que folle amoureuse d'un peintre aborigène, c'est à l'occasion du festival de littérature de Perth qu'en hommage à John Milton elle se déguise en ange et rencontre, dans cet étrange accoutrement, Erik Zondag qui pour un soir devient son amant.
Perdu, le paradis est l'histoire de la rencontre accidentelle de deux anciens amants.
La première partie du roman invite le lecteur à un tour du monde en compagnie de deux Brésiliennes, Almut et Alma. Cette dernière tente de se remettre d'un traumatisme et c'est en foulant le sol australien qu'elle pense avoir trouvé le paradis sur terre, ou du moins ce qui s'en rapproche. Alma s'entête à aimer un peintre aborigène qui se révèle aussi inaccessible que son art. Puis, pour gagner un peu d'argent, les deux amies participent à un festival de littérature au cours duquel, en hommage au Paradis perdu de John Milton, Alma devra se déguiser en ange.
C'est ainsi vêtue qu'elle rencontre Erik Zondag.
La deuxième partie du livre se déroule en Autriche près du lac de Constance. A cinquante ans, Erik Zondag fait une cure dans une station thermale quand il retrouve, parmi le personnel, une femme avec qui il a fait l'amour trois ans plus tôt alors qu'elle se trouvait déguisée en ange.
Les anges et les humains ne se ressemblent pas, telle est la simple conclusion de cette nouvelle rencontre consolatrice mais néanmoins fatale..
Un récit énigmatique auquel Cees Nooteboom n'a pas voulu donner de clef, si ce n'est celle de l'impossibilité de l'union amoureuse. Un roman aussi léger et insaisissable qu'un poème à travers lequel sont abordés magistralement tous les drames de la vie, y compris la perte de l'innocence. Un roman dans la mouvance de Mokuseï et de L'Histoire suivante.
Le voyageur au regard aigu, le romancier ou le nouvelliste subtil, l'essayiste féru d'art et d'histoire : ces figures de l'écrivain Cees Nooteboom nous sont familières. Mais la tonalité qui relie chez lui des genres si différents est une écriture reconnaissable entre toutes, rythmée, audacieuse, parcourue d'images étonnantes et de fulgurances. En un mot, une écriture de poète.
À l'aube de la neuvième décennie de ce grand écrivain, nous avons choisi de publier cet ample recueil telle une traversée de son oeuvre poétique des années 1960 à nos jours. Ainsi nous est-il offert de redécouvrir encore et toujours cet infatigable voyageur de l'âme à travers ce pan, inédit en français, du travail de toute une vie.
Dans l'avion qui le ramène vers New York, le rabbin Sol Mayer s'éprend de la passagère qui se tient à ses côtés, et qu'il n'aura de cesse de retrouver. À leur deuxième, rencontre, bien plus tard, il aura perdu quelques certitudes, compromis sa vie de couple avec la richissime Naomi et engagé une polémique sans merci avec ses confrères ultra orthodoxes - couronnée par un scandale de moeurs avec vidéos compromettantes...
Mais Sol Mayer n'est pas seulement en quête du bonheur amoureux. Il est surtout à la recherche d'un père disparu, à la fois vénéré et abhorré, à qui il doit sa vocation et ses pires égarements. De péripéties lamentables en épisodes hilarants, Sol reproduit l'itinéraire de son père, accomplissant de Manhattan au Surinam un étrange voyage initiatique du tout au rien, jusqu'à l'improbable illumination finale...
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je me suis souvent demandé ce que deviennent les images, les millions ou les milliards d'images que nous voyons durant notre vie. nous les transformons pour en fabriquer nos rêves, nous nous en servons comme matériel de référence, comme concentré de mémoire, comme expérience et comme mise en garde, mais en même temps nous laissons s'écouler à travers nous, comme dans le sas d'une écluse, des quantités infinies d'images que nous ne nous rappellerons plus jamais dans leur unicité.
l'irrévocabilité de ce mécanisme a le goût de notre temporalité, mais recèle encore un autre mystère. " depuis cinquante ans, cees nooteboom confronte les bruissements incessants du monde à l'intemporalité de la méditation. son ami, le photographe eddy posthuma de boer, l'a très souvent accompagné dans ses voyages, travaillant l'ombre de la lumière comme nooteboom l'éternité de l'instant. ensemble ils ont en quelque sorte archivé le monde.
de la bolivie à la malaisie, du japon au mali, de la camargue aux ardennes et de la thaïlande à la gambie, ces textes écrits entre 1967 et 1980 sont autant de mémoires, de réflexions et d'éblouissements. ici rassemblés, ils offrent au lecteur un très bel éclairage sur l'aptitude de ce poète à sublimer le fugitif, l'immédiateté, le fulgurant du temps présent, pour les placer, par le biais de son art, au plus près de l'intemporel.
C'est de la présence des morts en nous, de leur survie en nous, mais plus curieusement aussi de l'appel de la mort et de notre propre survie dans la pensée des morts que nous entretiennent ces étranges nouvelles.
Instantanés de voyages, paysages familiers de la Méditerranée comme du Nord, promenades à travers les oeuvres aimées... le tout ponctué par des lettres à Poséidon dans lesquelles l'auteur s'interroge sur la vie et la mort des religions et sur la notion même de dieu dans l'Antiquité. Entre prose poétique et méditations philosophiques, le charme unique de l'écriture "nooteboomienne" agit infailliblement.
Notre siècle a quinze ans, et semble déjà si négatif aux yeux d'une majorité de nos contemporains : des attaques terroristes à répétition, un secteur financier sans boussole, une mondialisation économique anxiogène pour les classes moyennes, notre planète Terre maltraitée, des tensions internationales qui augmentent et font affluer vers l'Europe des centaines de milliers de réfugiés, cette Europe qui semble elle-même douter de ses institutions au point de voir la Grande-Bretagne décider de les quitter...
Comment répondre à ces défis qui alimentent la peur ? Gémir ou détourner le regard ne servirait à rien. Il faut agir. Nous avons tant de valeurs à défendre, à promouvoir, à aimer. Frans Timmermans, dans un texte engagé, analyse ces dérives. Il rappelle qu'aujourd'hui nous sommes tous interconnectés et que ce lien est la richesse de notre monde.
Ce livre vivifiant, venant d'un haut responsable politique européen qui ne pratique pas la langue de bois, nous appelle à un sursaut, à repousser la tentation de l'indifférence ou des boucs émissaires, à croire de nouveau en notre histoire, nos liens, notre progrès. En 1875, pour Victor Hugo, la liberté était un droit ; l'égalité, un fait ; la fraternité, une obligation. Il est urgent aujourd'hui de le prendre au mot.