Guerre d'Espagne, sort réservé aux plus pauvres dans les hôpitaux du début du XXe siècle, vocation d'écrivain mêlée de vision politique, formes subreptices de la censure littéraire... Dans ces six textes aux multiples échos avec ses grandes oeuvres, l'auteur de 1984 et de Dans la dèche à Paris et à Londres déploie toute la force de son engagement.«Je le répète, il n'y a pas de livre dénué de préjugé politique. L'idée selon laquelle l'art ne devrait rien avoir affaire avec la politique constitue elle-même une opinion politique.»
San Francisco, 1942. Card est un détective privé dont les affaires ne marchent pas très fort. Et pour cause : au lieu de s'occuper de la sordide histoire de cadavre volé dans laquelle l'a embarqué une femme mystérieuse (et fatale, comme il se doit), ou de trouver une nouvelle secrétaire après que la précédente a claqué la porte, Card passe son temps à rêver. En imagination, le voici qui se transporte dans le temps et l'espace à Babylone, où il devient le fin limier le plus célèbre et adulé de la cité antique.
Détournement jubilatoire des codes du polar, portrait hilarant et poignant d'un homme pour qui la vie est littéralement un songe, Un privé à Babylone est l'un des joyaux de l'oeuvre de Richard Brautigan, et sans doute l'un des romans les plus personnels de cet écrivain culte, devenu le saint patron littéraire de tous ceux qui tournent le dos au monde pour mieux le réenchanter par la fantaisie et la poésie.
Est-ce un lieu ? Le nom d'un personnage cul-de-jatte ? Un cours d'eau ? Une librairie ? Un hôtel ? Un slogan politique ? Ou encore, tout simplement, un poisson ? La «truite» de Richard Brautigan est un peu tout cela, et plus encore ; métaphore aussi enchanteresse qu'incongrue d'une Amérique rêvée et réinventée de fond en comble par Brautigan à l'orée de l'âge beat, c'est surtout son chef-d'oeuvre, le livre qui lui conféra du jour au lendemain une gloire à ce jour jamais démentie.
Livre totem, qui de génération en génération aura toujours trouvé sa place sur les chevets des amoureux de la littérature la plus libre et poétique, La Pêche à la truite en Amérique, auquel répond Sucre de pastèque comme une sorte de face B plus satirique, est un émerveillement inépuisable.
Ultime volume dans la saga du héros de Charyn Isaac Sidel. Depuis Marilyn la Dingue, roman dans lequel il était inspecteur à la Criminelle de New York, Isaac a fait son chemin. Il est devenu commissaire principal de la police, puis maire de New York. Et voilà que par un concous de circonstances, il se retrouve... à la Maison-Blanche, le candidat élu n'ayant pu être intronisé.
Un roman d'espionnage délirant, noir et grinçant. Une comédie du pouvoir qui résonne étrangement avec la "réalité" de la présidence Trump. L'écriture électrique et le talent de conteur de Jerome Charyn sont à l'oeuvre dans cette grandiose conclusion de la saga.
Nul n'est plus difficile à saisir que Jack London. Écrivain populaire, selon un étiquetage hâtif, lu dans les foyers plutôt qu'à l'université, mal édité aux États-Unis, pourtant traduit dans toutes les langues, connu et aimé dans le monde entier, il semble appartenir, plutôt qu'à la littérature, à un imaginaire collectif où la dénomination «Jack London» incarnerait l'esprit d'aventure sous ses formes les plus violentes.
Sa vie, menée à un train d'enfer, est souvent confondue avec ses livres, l'ensemble composant une sorte de légende hybride dans laquelle «la vie» ne cesse de l'emporter en prestige sur des ouvrages qui n'en seraient que la pâle imitation. C'est oublier que les équipées du jeune London sont inspirées des récits héroïques lus dans son enfance : la littérature précède et commande la carrière tumultueuse du jeune aventurier risque-tout. Ses livres sont les produits d'une authentique volonté créatrice.
Mais il faut être juste : London, mythographe de lui-même, n'a pas peu contribué à cette confusion. L'autodidacte, l'ange au corps d'athlète, l'écrivain-chercheur d'or, l'écrivain-navigateur, le reporter, le prophète de la révolution socialiste, le gentleman-farmer - les images qui composent le mythe sont largement une création de cet homme acharné à goûter de toutes les intensités que la vie peut offrir.
Revenir aux textes de Jack London et le rendre à la littérature, telle est l'ambition de ces volumes, enrichis de la totalité des illustrations et photographies des premières éditions américaines. Les traductions, nouvelles, s'efforcent de ne pas atténuer les étrangetés d'un style que l'écrivain a souvent déclaré s'être forgé sans autre maître que lui-même. Tous les genres que London a abordés sont représentés : le roman, le récit, le reportage, l'autobiographie. Une place importante a été faite à la nouvelle : on propose en tout quarante-sept proses brèves, et c'est peut-être par là qu'il faut commencer pour saisir ce que London demande à l'écriture de fiction.
Seize nouvelles et textes autobiographiques qui résument à eux seuls la vie brillante et fertile en désastres du grand romancier américain des années vingt. On va ainsi des charmantes histoires d'adolescence dont le héros, Basil Duke Lee, ressemble fort au jeune Scott, à la sombre expérience de La fêlure, un texte à l'accent pascalien, plein d'ironie et de détresse, où Fitzgerald arrive même à écrire sur son impuissance d'écrire. Il pensait que sa vie, ses passions, ses souvenirs, ses malheurs devaient servir son oeuvre, car il n'avait pas d'autre foi que la littérature. C'est pourquoi tout ce qu'il raconte, avec tant de charme, fait de lui un écrivain exemplaire.
Cette édition propose tous les romans publiés du vivant de Fitzgerald, à quoi vient naturellement s'ajouter Le Dernier Nabab, «roman inachevé», dit-on généralement, alors qu'il s'agit plutôt d'un chantier littéraire : l'organisation interne de l'oeuvre posait à l'auteur des problèmes qui n'avaient pas encore été résolus au moment de sa mort, le 21 décembre 1940. Le texte est ici retraduit sous le titre figurant sur le dactylogramme laissé par Fitzgerald : Stahr. A Romance, et il est suivi de documents permettant de mieux cerner le projet dont il est le vestige.
Fitzgerald a également publié quatre recueils de nouvelles - auxquels le public français n'a jamais eu véritablement accès : alors que leur auteur les avait conçus et revus avec soin, dans l'espoir de corriger sa réputation (équivoque) de collaborateur des magazines de grande diffusion, ils n'ont jamais été traduits en l'état dans notre langue. On découvrira donc ici Garçonnes et philosophes, Contes de l'âge du jazz, Tous les jeunes gens tristes, Quand sonne la diane, et c'est, par exemple, au sein des Contes de l'âge du jazz qu'on lira des nouvelles aussi célèbres que «Le Diamant gros comme le Ritz» ou «L'Étrange Histoire de Benjamin Button». S'ajoutent à ces recueils les Autres histoires de Basil et de Josephine, fictions non recueillies liées à Quand sonne la diane, et les Histoires de Pat Hobby, que Fitzgerald publia dans la presse puis révisa afin de les faire paraître en volume ; la mort, là encore, empêcha la réalisation du projet.
Enfin, figure au tome II, sous l'intitulé Récits, un choix d'articles ou d'«essais personnels» (à caractère autobiographique) publiés dans divers périodiques entre 1924 et 1939 et jamais réunis par Fitzgerald. C'est dans cette section qu'on lira la célèbre «Fêlure», parue dans Esquire en 1936 : l'aveu, par l'écrivain fatigué et amer, de sa dépression.
Que la première édition française respectant les choix éditoriaux de Fitzgerald paraisse près de trois quarts de siècle après sa mort a de quoi surprendre. C'est pourtant explicable. Les contemporains de l'écrivain n'ont jamais vraiment su que faire ni que penser de son oeuvre, et les clichés qu'ils ont répandus (peintre habile mais superficiel, «inventeur» d'une génération, etc.) ont eu la vie dure. Depuis, ces jugements ont été révisés à l'occasion de réévaluations successives, mais «le mythe Fitzgerald» (élaboré avec la complicité de l'intéressé) continue, dans une large mesure, à faire écran. Sans doute disposons-nous à présent de la distance nécessaire pour entreprendre de dégager la littérature de Scott Fitzgerald de ce qui la masque. Telle est l'ambition dont ces deux volumes voudraient être les instruments.
Le narrateur décide de s'installer à Big Sur avec son ami Lee Mellon, qui se croit le descendant d'un général de la guerre de Sécession. Au bord du Pacifique, ils investissent une cabane, construite par trois hommes ivres, où l'on ne peut se déplacer sans se cogner au plafond et dont les nuits sont peuplées par le coassement incessant des grenouilles. Au fil de multiples anecdotes plus fantaisistes les unes que les autres, le lecteur suit la trajectoire de ces deux hommes : leur rencontre avec Elisabeth et Elaine - qui aura l'idée d'acheter des alligators pour les débarrasser des grenouilles -, avec qui ils vivront respectivement l'amour fou ; l'apparition de Johnston Wade, un milliardaire déséquilibré qu'ils surnomment Roy Earle (« le personnage de Humphrey Bogart dans High Sierra »), que sa famille menace d'interner. Les aventures de ces héros n'en finissent jamais, puisque quand bien même Richard Brautigan tente d'écrire une fin, une deuxième vient s'y ajouter, puis une troisième.
Né en 1935, Richard Brautigan, poète, novelliste et romancier, est l'un des pionniers de la Beat Generation. Installé à San Francisco dès 1956, il est l'auteur de onze romans, dix recueils de poésie, deux scénarii qui séduiront la génération Woodstock et feront de lui une icône de la contre-culture et du mouvement hippie. Il passe la fin de sa vie retiré dans un ranch du Montana avant de mourir en Californie.
Richard Brautigan a acquis le statut d'artiste culte et continue d'inspirer nombre de cinéastes et d'écrivains.
« Il ne s'agit pas ici de loufoquerie, de parodie, de fantaisie gratuite. Brautigan rejoint la grande tradition radicale des écrivains américains auxquels il adresse des clins d'oeil discrets dans son texte : Whitman, Mark Twain, Sherwood Anderson, Hemingway. » Le Monde
Mémoires sauvés du vent, paru en 1983, est un recueil de nouvelles rassemblant histoires, anecdotes, fragments douloureux et saugrenus de la jeunesse de Richard Brautigan. Il met en scène des personnages entre l'enfance et l'âge adulte, entre le rêve et la réalité, dépeints dans une langue fluide, sobre, limpide : la description d'un lac et d'un couple de pêcheurs obèses qui ont installé là un canapé, des lampadaires et un guéridon où se trouvent des numéros du National Geographic, ou encore l'image harcelante de l'accident survenu durant son enfance, cette balle de carabine avec laquelle il tua accidentellement son camarade de chasse. À travers ce recueil, Richard Brautigan parcourt en sens inverse la spirale de sa vie, il la rêve, la sculpte, la remodèle à sa guise grâce à la magie des mots.
« Ce fut bientôt une avalanche qui déboula sans crier gare sur l'homme et sur le feu, et le feu fut effacé ! À l'endroit où il avait brûlé, il n'y avait plus qu'un manteau de neige fraîche informe. » Dans le Klondike, territoire hostile et désertique du grand Nord américain, un chercheur d'or prospecte, accompagné de son chien. Mal préparé à la rudesse de l'hiver, l'homme se laisse surprendre par le froid et n'a d'autre choix que de faire un feu pour survivre. Mais l'isolement et le manque d'expérience vont bientôt le plonger, lui et son animal, dans une situation critique.
Ce court récit d'aventure est un instantané de l'oeuvre de Jack London ; l'épopée vers le grand Nord, la survie dans des conditions extrêmes et le lien entre l'homme et l'animal sont des thèmes chers à l'auteur que l'on retrouve notamment dans ses romans L'Appel sauvage et Croc-Blanc.
Depuis 1992, Rivages a entrepris de publier les oeuvres complètes de Willa Cather (1876-1947), grande dame de la littérature honorée par le prix Pulitzer en 1922 et auteur du célèbre Mon Ántonia. Saphira, dernier roman de Willa Cather paru en 1940 est traduit pour la première fois en français : superbe portrait de l'Amérique avant la guerre de Sécession, le roman évoque la question de la ségrégation raciale au sein d'une famille, partagée entre les traditions esclavagistes et le progressisme abolitionniste.
Il s´agit ici d´une édition critique de l´Autoportrait dans un miroir convexe qui révèle John Ashbery au grand public en 1975 : le livre reçoit simultanément les trois plus prestigieux prix littéraires américains, le Pulitzer Prize for Poetry, le National Book Award for Poetry et le National Book Critics Circle Award for Poetry. L´Autoportrait dans un miroir convexe tire son nom d´un long poème, méditation métaphysique de l´auteur sur l´autoportrait réalisé en 1524 par le peintre italien Parmigianino. Il s´agit, comme dans les autres poèmes du livre, d´une partie de cache-cache du poète avec ses images, ses ombres et ses formes. Ce jeu sérieux et drôle mène parfois, au détour d´un vers, au sourire mélancolique du poète qui invite le lecteur à se regarder lui aussi dans le miroir du poème. Cette nouvelle traduction est suivie d´essais d´écrivains et universitaires qui ont côtoyé John Ashbery et ont contribué à le faire connaître en France.
Marian Forrester est la belle Américaine parfaite. Son mari, nettement plus âgé qu'elle, a été l'un des fondateurs des chemins de fer trans-Etats. Ils habitent une confortable maison dans un coin reculé de l'Ouest sauvage américain. Mais un jour, tout s'écroule : son mari est victime d'un désastre bancaire et d'une attaque. Pourtant, la Dame perdue continue de donner le change. Un personnage comme Willa Cather sait les camper.
Séduisant et troublant
Tokyo-Montana Express, le très spécial TGV (Texte à Géniales Visions poétiques) conçu et piloté par Richard Brautigan, fait la navette entre le Montana, où il vivait une partie de l'année, et le Japon, pays dont il était tombé amoureux. Au long des quelque 130 stations qui jalonnent son imprévisible itinéraire, on trouvera des restaurants où toutes les serveuses ont la même tête ; d'autres désespérément vides ; un taxi rempli de carpes ; le plus grand film érotique du monde ;
Et la plus petite tempête de neige jamais observée depuis l'invention du bulletin météo.
Flânerie dans les mots et les paysages, invitation à regarder le monde d'un oeil neuf, attentif à la beauté de ses plus infimes et improbables détails, Tokyo-Montana Express est l'une des oeuvres de Brautigan dans lesquelles il livre le plus de lui-même, tout en laissant libre cours à la fécondité de son imagination à nulle autre pareille. Il y a là la quintessence de l'art poétique d'un des écrivains les plus attachants, loufoques et émouvants de la littérature américaine.
Élégante, douée, confortablement élevée dans une petite ville du Missouri, Myra tombe sous le charme d'Oswald Henshawe et le suit à New York. Là-bas, son raffinement attire. Des années plus tard, il ne reste plus rien du charisme magnétique de la troublante Mrs Henshawe. Myra est malade, pauvre, et semble lutter contre d'invisibles démons dans un petit hôtel de la côte ouest. Contre quel ennemi mortel se débat-elle ?
Superbe portrait de femme, ce roman publié en 1926 est un vibrant hommage à la littérature européenne, à la Félicité de Flaubert ou encore à Jeanne, merveilleuse héroïne d'Une vie de Maupassant.
Rien n'arrête l'ascension du célèbre commissaire Isaac Sidel. Devenu maire de New York, le voici viceprésident des Etats-Unis, en attente d'investiture ! Heureusement (ou malheureusement) pour lui, il est beaucoup plus populaire que le président élu, Michael J. Storm, un affairiste qui traîne quelques casseroles.
Son succès suscite bien des jalousies et, de fait, un tueur à gages - le « Dieu » du titre - est chargé de l'éliminer. Mais il en faut plus pour déstabiliser Isaac qui peut toujours compter sur son fidèle Glock, sur des tripotées d'enfants (dont une surdouée qui confectionne de divins sablés au beurre), et sur sa capacité à tomber amoureux d'aventurières louches et flamboyantes. Surnommé « Isaac le Pur » il y a déjà bien longtemps, le vice-président n'a pas l'intention de laisser le Bronx en pâture aux requins.
Isaac Sidel, personnage emblématique de l'univers de Jerome Charyn, est revenu après une période d'absence romanesque. On l'avait connu inspecteur puis commissaire de police ; une irrésistible ascension l'a propulsé maire de New York, presque malgré lui. Il rêve de sortir les enfants des quartiers pauvres de l'engrenage de la violence et du crack pour les ramener sur les bancs de l'école grâce à « Merlin », un programme de développement éducatif.
Dans l'immédiat, il doit résoudre le problème des Yankees, les joueurs de base-ball du Bronx ; ils se sont mis en grève, ce qui menace de faire exploser le quartier qui n'a pas besoin de ça. En effet, avec la pauvreté grandissante, des gangs et des flics ripoux s'y affrontent. Cette guerre sanglante est chroniquée par Angel, alias Aliocha, un gamin latino qui peint des fresques extraordinaires en hommage à ses potes tombés sur le champ de bataille. Il signe d'un « A » caractéristique, et Isaac, frappé par la beauté de ces oeuvres, voudrait bien mettre la main sur lui pour en faire son joker dans son combat contre la violence et l'illettrisme. Mais même pour l'ancien commissaire, il devient de plus en plus difficile de distinguer amis et ennemis dans la jungle urbaine...
À l'âge de 18 ans, Lucy Gayheart part étudier le piano à Chicago. Elle est belle, impressionnable, avec un tempérament ardent, ce qui attire l'attention de Clément Sebastian, célèbre ténor plus âgé qu'elle qui décide de la prendre comme accompagnatrice en remplacement de son pianiste habituel, en convalescence.Très vite se noue entre eux une relation qui dépasse le cadre de la simple collaboration. Il voit en elle une fraîcheur qu'il n'a plus, et exerce sur elle la sinistre fascination de celui qui sacrifie tout pour retrouver la gloire une dernière fois. Tendu vers ce but, il accepte une tournée en Europe puis une série de concerts à New York où Lucy le rejoindrait. Malheureusement, il trouve la mort dans un tragique accident. Laissant Lucy inconsolable.De retour chez son père, Lucy n'a plus goût à rien. Les voisins jasent, et son ami d'enfance, Harry Gordon, ne lui adresse plus la parole depuis qu'elle a refusé sa demande en mariage. Pourtant Lucy aimerait avoir quelqu'un à qui parler. Ses relations avec sa soeur Pauline sont de plus en plus difficiles. Un jour, après une violente altercation avec elle, Lucy fuit la maison pour aller faire du patin à glace. La glace, trop molle, cède sous Lucy qui meurt dans l'eau gelée.Dans ce roman écrit en 1935, Willa Cather signe une série de variations sur les thèmes récurrents de son oeuvre : la perte de l'innocence, la dichotomie ville/campagne, et toujours ce même sentiment d'exaltation qu'éprouve une jeune fille en quittant sa petite ville de province pour conquérir le monde avec son art.Willa Cather a obtenu en 1922 le Prix Pulitzer pour L'Un des nôtres (BER nº285). Son art d'éprouver et d'exprimer l'éveil d'un être et d'une conscience l'a consacrée comme l'une des grandes romancières du XXe siècle, à l'instar de Virginia Woolf, d'Eudora Welty et d'Edith Warthon.Tous les ouvrages de Willa Cather disponibles en français sont publiés chez Rivages.
Le professeur st.
Peter, historien reconnu, au faîte de sa carrière dans une université proche du lac michigan, doit quitter sa maison pour une plus grande, plus belle, qui correspond mieux à sa réussite et au désir de sa femme et de ses filles. il résiste et se souvient -surtout d'un jeune étudiant devenu son ami, dont l'histoire lui rappelle sa jeunesse. willa cather se retrouve dans le portrait de ce professeur d'une cinquantaine d'années à l'apogée de ses facultés intellectuelles mais qui pressent les bouleversements trop rapides, trop durs, de sa vie.
La maison du professeur est un roman sur les déchirures entre le langage et le silence le matérialisme et l'idéalisme, et, par-dessus tout, sur le passé et le présent.
«Où t'en es-tu allé, Joe DiMaggio ? Une nation entière tourne vers toi son regard esseulé», interrogent Simon et Garfunkel dans la chanson culte «Mrs Robinson». Homme élevé au rang de demi-dieu, acclamé par les foules, DiMaggio a été brisé par la machine qui a fait sa gloire. Mais qui était vraiment Joe «la Châtaigne», légende américaine du baseball, héros trop discret à la personnalité taciturne et époux malheureux de Marilyn Monroe ?
Jerome Charyn donne ici voix à l'Amérique de l'après-guerre, qui a vu naître la culture de masse et l'âge d'or des icônes patronnées par les industries du sport et du cinéma. Il analyse les rouages du rêve américain à travers les portraits croisés de DiMaggio, fils d'immigrés italiens, et de Marilyn, aux origines sociales modestes, tous deux partis côtoyer les étoiles. Par petites touches, il en montre également les fêlures : la ségrégation, le maccarthysme, et l'émergence de la contre-culture. Mêlant travail de recherche, bonheur d'écriture et fulgurances littéraires, il s'affranchit de la frontière entre la biographie et le roman, s'inscrivant ainsi dans la lignée des grands textes de Norman Mailer et de Joyce Carol Oates.
Préface inédite de l'auteur.
«Elseneur n'était pas difficile à trouver. C'était un pays où un type du nom d'Hamlet avait jadis vécu. Holden avait lu la pièce au lycée. Il se rappelait que du poison y était versé dans l'oreille de quelqu'un. Et puis une princesse folle. Une reine qui aimait bien embrasser son fils sur la bouche. Un prince qui descendait les gens se trouvant sur son chemin. Hamlet était un flingueur, comme Sidney Holden...» Revoici donc Sidney Holden, le héros de Frog, le flingueur. Il est en semi-retraite quand Howard Phipps, quatre-vingt-douze ans, un des rois de la pègre new-yorkaise, vient solliciter ses services. Quelqu'un cherche à détruire l'empire Phipps. Holden sera chargé de le trouver. Il va devoir affronter des ombres, des souvenirs, des cauchemars et pas mal de coups fourrés avant de gagner l'amour d'une bien étrange «princesse».
Mais on sait qu'on ne raconte pas un roman de Charyn. Plus que d'une intrigue, c'est d'une danse loufoque et macabre qu'il s'agit, où il n'y a jamais ni justes ni méchants. On se laisse emporter, bousculer, enchanter...
Un recueil comprenant des poèmes comme At North farm, Merci de ne pas coopérer, Les puristes objecteront, Quoi que ce soit, où que vous soyez, ou encore Vague, par le représentant de l'Ecole de New York des poètes.
Après Le Tunnel, Sonates cartésiennes et Le Musée de l'Inhumanité, William Gass revient avec ce recueil composé de deux longs récits et de quatre nouvelles. Ici, le narrateur n'est autre que le célèbre piano du film Casablanca qui donne sans complexe sa version de l'histoire au cours d'une interview riche en révélations et en coups de griffe. Là, nous faisons connaissance avec le photographe d'une ville si désolée que même les voleurs ne la visitent plus et où il règle en maître sur sa boutique, sanctuaire d'images pâles et encadrées reltant une vie passée anonyme - jusqu'au jour où un client inattendu vient tout bouleverser. Nous croiseront aussi une chaise pliante se livrant à un étrange monologue dans l'échoppe d'un barbier...
Le diable, dit-on, gît dans les détails. Avec Regards, Gass démontre une fois de plus sa puissance d'évocation, toujours attentif au monde muet des objets et curieux des secrets de l'âme, usant de la langue comme d'un instrument incomparable, nous donnant à chaque fois l'impression d'entendre des notes derrière les mots.
Après El Bronx, Jerome Charyn poursuit dans Citizen Sidel la saga d'Isaac qui, après des débuts comme inspecteur de police à New York, est devenu commissaire puis maire de la ville. Un personnage dont Charyn dit : « J'aime à le définir comme une sorte de Don Quichotte qui combat des moulins à vent auxquels sont accrochés des lames de rasoir et des bombes à retardement. » Voici donc le Don Quichotte en campagne électorale, colistier démocrate de J. Michael Storm, homme d'affaires aux multiples casseroles et roi du base-ball. Que celui qui est surnommé « Isaac le Pur » s'allie à un personnage aussi corrompu a de quoi surprendre, mais il ne désespère pas de redresser quelques torts et de faire triompher ses idéaux, même si sa tête est mise à prix, même s'il doit croiser le fer avec toutes sortes d'ennemis dans les rues de Manhattan, depuis le FBI qui lui met des bâtons dans les roues jusqu'à Margaret Tolstoï, amour de jeunesse et redoutable tueuse à gages.