Randolph, fils d'un riche négociant en bois de Pittsburgh est expédié par son père en Louisiane pour y récupérer son aîné Byron, qui fait office de constable dans une exploitation forestière perdue au milieu des marais. Les ouvriers sont rongés par les fièvres et l'alcool, et Byron, moralement dévasté par son expérience de la Première Guerre en Europe. Un misérable saloon tenu par des Siciliens (la Mafia étend son bras tout-puissant jusqu'aux bayous) catalyse la violence et le manque d'espoir de ces hommes coupés du monde.
Tandis que Byron règle les problèmes à coups de feu et de poing, Randolph, lui, croit encore aux vertus du dialogue et de la diplomatie pour maintenir l'ordre dans la "colonie". Plus approche le moment où le dernier arbre sera coupé, et les ouvriers renvoyés chez eux aussi pauvres qu'ils étaient arrivés, plus l'on doute de voir Randolph ramener son frère à la civilisation - et à la raison. Grand roman "sudiste" sur la fraternité et la paternité, mais aussi sur l'impitoyable capitalisme des années 20 dans une Amérique ivre de progrès technique.
Un pays où être un bon citoyen, c'est être riche, ce qui signifie que celui qui possède l'argent est aussi celui qui dicte la loi.
La demeure éternelle met en scène la confrontation entre deux générations, deux sortes d'hommes : Dallas Hardin, le Mal incarné, obsédé par l'argent et complètement insensible à la valeur d'une vie humaine, impose à tous sa volonté par la force et la ruse, protégé par l'impunité que lui confèrent son audace et sa cruauté. Nathan Winer, jeune et forte tête, travaille de ses mains, qu'il a costaudes, pour se nourrir, ainsi que sa mère : son père a disparu un beau matin de 1933 quand le gamin n'avait que 7 ans.Dix ans plus tard, William Tell Oliver, le vieux ramasseur de ginseng qui a vu ce qui s'est réellement passé le jour de la disparition de Winer père et n'a rien dit sur le moment, essaie de se racheter en protégeant le fils. Longtemps le jeune homme ignorera que son père a en réalité été abattu par Hardin, parce qu'il refusait que celui-ci planque sur ses terres l'alcool frelaté dont il faisait commerce. Ce qui oppose Nathan à Hardin, au début, a davantage à voir avec une jeune fille, Amber Rose, qu'il ne parviendra pas à arracher aux griffes du maquignon.La pauvreté alliée à la rudesse du climat et des moeurs dans cette Amérique de 1943, la prolifération du mal grâce à l'argent qui ferme les yeux de la Loi, la soumission des femmes et la lâcheté des hommes, tous les ingrédients du noir sont ici réunis, convergeant vers une issue inéluctable.
En 1982, David Binder, jeune auteur que son éditeur a convaincu d'écrire un roman de genre, s'installe avec sa femme - enceinte et réticente - et leur petite fille dans l'ancienne maison d'une famille de planteurs, à Beale Station, Tennessee. La demeure n'a pas bonne réputation : un fantôme cruel et facétieux en a tourmenté les occupants au début du XIXe siècle, persécutant plus particulièrement la jeune Virginia. Sur la propriété, la pierre tombale de Jacob Beale est éloquente : « 1785-1844. Torturé par un esprit. » Il semblerait que le fantôme ait été une dame, et qu'elle rôde encore dans les murs. Or David s'est laissé envoûter par le lieu... La vie quotidienne, et conjugale, des Binder va s'en ressentir, jusqu'au drame.