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Le Tigre
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Marketing, disent-ils, une chronique du magazine Le Tigre née d'une idée simple : faire une critique de la publicité qui ne se résume pas au discours « antipub », mais qui prenne la publicité à son propre piège, celle de la fabrication du discours et des images. Une critique de la pub qui décortique les publicités, mot à mot, image par image. La philosophie de BMW, le féminisme nucléaire d'EDF, le corniaud copié-collé de la SPA, les consignes « Attentifs ensemble! » de la RATP, le supporter de foot d'Orange, le machisme des agendas Quo Vadis, le chien jardinier de Round'up, les cancers pour tous de l'Institut Curie, l'amour de la typographie selon MacDo, la joie morbide de la Sécurité routière, etc. Autant de dérives des discours publicitaires passés au crible de l'ironie de Josée OEil-de-boeuf.
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Devant la fenêtre ouverte sur rapide fuite de toits épars puis la succession homothétique des éléments d'une urbanité faubourienne jusqu'à des tours de celles qu'on abat, nous évoquions la possibilité d'une cuisine rapportée, un truc sorti du sac, déplié à la sauvette, géométrie variable pour contamination furtive et choisie, détournement ponctuel d'une invitation à dîner: faire une tarte à l'hôtel (une pâte feuilletée dans la salle de bains), squatter les toilettes d'un centre d'art (ou de ses parents) pour cuire une laitue au lard; et quelqu'un s'est souvenu de: mignon de lapin aux olives et sa polenta moelleuse, accompagné de sa laitue cuite sous vide. » Cuisine domestique est le recueil des meilleures chroniques tenues par Frédéric Danos pour Le Tigre depuis plusieurs années. Chroniques culinaires, mais pas seulement : chaque texte propose une recette originale, mais déroule également le récit de sa genèse, met en scène l'auteur-cuisinier, et part sur des chemins de traverse. Bref, il s'agit de littérature autant que de cuisine. De mots autant que d'ingrédients. Et de poésie autant que de vie pratique, chaque recette étant reproductible à la maison.
« C'est quoi le mignon du lapin? Pendant qu'Olivier finissait à grands coups de pain la sauce sucrée par le poireau et l'échalote d'un poulet vieilles pierres concocté la veille à l'arrache entre deux poses de plaques de sol dé-coordonnées sur structure de palettes dans la cour de l'hôpital pour le bal de bientôt (nous mangerons des pâtés), j'ai pétri même poids de farine de blé et de maïs, de sucre roux et de beurre pour une pâte augmentée de noisettes écrasées, cerises séchées hachées, graines de lin brun et de sésame, 2 c.s. de gingembre, 1 de cannelle, 1/2 de muscade en poudre, qui a cuit, épaisse de deux centimètres, 90 min au four à 140°C en un nougat brun d'or et gras comme un pain d'épices qui pique et sursucre la bouche, craque comme un premier de sa classe, genre lavallière d'azur nouée au revers, s'immisce entre les dents, réserve pour plus tard. Mêlé à une faisselle il ne se mêle pas et c'est distinct qu'il se laisse écraser sous la ratiche, le parfait apartheid, un dentifrice dont on pourrait enfin séparer les rayures. »