Elles sont deux ombres dans la fourmillante ville de Madrid : María qui, en 1969, a abandonné famille et enfant pour servir des gens plus riches qu'elle ; et Alicia qui, en 2018, vit et se perd dans un boulot et une relation précaire.
Elles sont deux trajectoires contrariées, deux femmes sous le joug d'un mari, d'un employeur, d'une condition sociale dont elles ne s'extraient pas.
Elles voudraient enfin, un jour, s'appartenir.
« Dans le fond, tout revient à l'argent : au manque d'argent. » Les Merveilles parle d'argent. En avoir ou pas, comment faire avec, comment faire sans. Dans la lignée d'Annie Ernaux et d'Edouard Louis, Elena Medel s'attache par une prose remarquable à relier l'intime au politique et fait des Merveilles le grand roman espagnol sur la précarité, physique et sentimentale, qui caractérise nos contemporains.
Le Trainspotting iranien Shadi, jeune femme iranienne, plonge dans l'opium pour échapper à ses parents stricts, à sa famille omniprésente, à son avenir compromis, dans un Téhéran secoué de tremblements de terre, aussi physiques que politiques. Le temps d'un week-end, elle fait le mur et nous entraine dans l'envers du décor de Téhéran pour nous faire découvrir une jeunesse désenchantée et fascinante.
Un roman vif, déjanté, banni dans son pays, enfin publié aux USA et en Europe, et salué comme un souffle d'air dans la littérature orientale.
Pologne, 1980. Ludwik et Janusz, étudiants, tombent amoureux lors d'un camp d'été à la campagne. Mais de retour à Varsovie, sous le joug d' un Parti omniprésent et menaçant, leur relation secrète devient dangereuse. Ludwik et Janusz sont confrontés au choix d'une vie : Faut-il (se) trahir pour protéger celui que l'on aime ? Porté par une plume élégante et sensible, Les nageurs de la nuit nous plonge dans une histoire d'amour déchirante à l'époque du rideau de fer.
Une ode sensible et brutales aux disparus.Tomas Orilla a fui Buenos Aires aux heures les plus sombres du coup d'État militaire de Videla en 1976. Depuis, il s'appelle Thomas Shore et vit à New York. Mais après dix ans d'absence, le passé le somme de rentrer, le convoquant au chevet de Pichuca, la mère d'Isabel Aroztegui, son premier et seul amour, disparue elle aussi. Tel Orphée, ce voyage à l'envers emporte Tomas dans une odyssée souterraine, où l'attendent tapis ses démons intimes et les ombres de ceux qu'il a abandonnés. Il n'a alors d'autre choix que d'affronter son passé...
« Tout ce qui comptait, c'était ce petit garçon. » Henry et son fils Junior dorment dans leur pick-up et se lavent dans les toilettes des McDonald's. Avant, Henry avait pourtant un toit au-dessus de sa tête, un boulot, une vie de famille et l'espoir des jours heureux. Mais l'Amérique ne pardonne pas.
Henry a tout perdu et se bat pour son enfant. Demain, Henry a un entretien d'embauche. Il peut s'en sortir. Il doit s'en sortir.
Abondance est le roman de la nouvelle Amérique sauvage, celle des laissés-pour-compte et de l'essence trop chère, où la vie ne tient qu'à quelques dollars. Par sa prose et la finesse de son regard, Jakob Guanzon nous offre l'inoubliable et pudique chant d'amour d'un père prêt à tout pour son fils.
Abondance a été sélectionné pour le National Book Award et est traduit dans plusieurs pays.
« Chaque fois qu'il croisait un Noir, son coeur cognait sous son manteau. Il poursuivait son chemin en espe´rant que l'homme ne le suivait pas.» Mitchell, « mad men » blanc typique des anne´es 1960, posse`de un bel appartement, une femme charmante et un gentil petit garc¸on. Une famille parfaite, en apparence seulement : le couple bat de l'aile et chacun vit ses aventures en secret. Mais quand son e´pouse accouche de jumeaux, l'un blanc et l'autre noir, Mitchell est confronte´ a` une re´alite´ difficile a` cacher...
Dans cette fiction unique en son genre, Kelley s'amuse et nous plonge dans la psyche´ tourmente´e de l'homme blanc post-se´gre´gation, pe´tri de pre´juge´s et de fantasmes inassume´s envers son « fre`re ennemi ». Un roman ironique et cinglant sur les rapports raciaux aux E´tats-Unis.
« Chaque fois qu'il croisait un Noir, son coeur cognait sous son manteau. Il poursuivait son chemin en espe´rant que l'homme ne le suivait pas.».
William Melvin Kelley
C'est la fin des vacances d'été et Wallace retrouve son groupe de camarades au sein de la prestigieuse université du Midwest. Mais parmi ces jeunes gens Blancs et insouciants, Wallace peine à trouver sa place. Le veut-il vraiment ? Hanté par son passé, troublé par de récents événements, le jeune homme garde une distance entre lui et le reste du monde.
C'est lors de ces quelques jours, entre les traditionnelles fêtes étudiantes et les éternelles discussions pour refaire le monde, que Miller va tenter de se rapprocher de lui. Leur liaison va pousser Wallace dans ses derniers retranchements.
À la fois campus novel et roman d'apprentissage d'une intensité nouvelle, Real Life a été le roman sensation de l'année 2020.
Porté par une prose élégante et un regard tranchant, ce premier roman d'une maturité impressionnante pointe sans manichéisme le diable caché dans les détails d'une vie américaine en apparence apaisée et dresse le portrait sensible d'un homosexuel noir en crise d'identité.
Ludlow Washington est né différent, aveugle. Abandonné à cinq ans aux mauvais traitements d'une institution, il endure les brimades jusqu'à ce que ses prodigieux talents de musicien lui offrent un ticket d'entrée dans le monde. Un monde auquel il n'est pas préparé, et où il doit apprendre la vie à tâtons. Il devient dès lors la propriété de Bud Rodney, le chef d'un orchestre qui se produit au Café Boone, à New Marsails, une petite ville du Sud.
Bientôt lassé par le répertoire limité et suranné de Rodney, Luddy emboîte le pas aux pionniers du Jazz et part à la conquête de la scène new-yorkaise, où il invente un nouveau son et devient vite une icône de l'avant-garde de Harlem. Mais la musique ne suffit plus à adoucir ses démons intimes. Désorienté par la mémoire de son enfance volée, meurtri par les trahisons amoureuses, Ludlow est hanté au point de vaciller.
Antonia, écrivaine et professeure de lettres récemment retraitée, vient de perdre son époux. Face au deuil et aux jours trop calmes, son quotidien se redessine dans un silence assourdissant. Même ses compagnons de toujours, les romans, peinent à l'aiguiller dans ce chemin difficile. C'est alors que la vie se rappelle à elle : l'une de ses trois soeurs disparait mystérieusement et une immigrée clandestine enceinte vient frapper à sa porte... Antonia va devoir regarder au-delà d'elle-même, au-delà des livres, pour revenir au monde et aider ceux qui l'entourent.
Dans ce court roman sensible et inspiré, qui célèbre le pouvoir de la littérature et la force de l'action civique, Julia Alvarez dessine le portrait attachant d'une femme en pleine quête d'elle-même, qui va se trouver à travers les autres.
C'est une guerre mystérieuse. Une guerre aux règles absurdes, soudaine, menée par des autorités inquiétantes, une guerre violente qui confine notre héros seul chez lui, avec sa mère.
C'est un pays inconnu, qui pourrait être partout, contaminé par un air « mauvais ». On y parle une langue non autorisée, qui se désagrège.
C'est un territoire dans lequel naît un amour interdit, romantique, enfiévré.
C'est un couple de garçons qui trouve le courage de fuir de « l'autre côté », lesté d'un héritage lourd à porter.
C'est une dystopie à une époque étrangement actuelle.
C'est un livre poétique. C'est un livre politique.
Durant toute son enfance en Californie, Maxine Hong Kingston a entendu sa mère lui narrer des récits ancestraux chinois où les filles ne valent rien, où l'honneur de la famille importe plus que tout, et où seule une femme déguisée en guerrier peut marcher librement vers son destin. Prise entre les feux d'une vie américaine et ceux d'une famille nostalgique de son pays d'origine, la personnalité de Maxine va naître de ces deux cultures, opposées et pourtant complémentaires dans le coeur de la grande écrivaine qu'elle deviendra.
Complexe et magnifique, à la fois révolté et tendre envers les siens, La Femme Guerrière est une oeuvre fondatrice sur la construction d'un être tiraillé de toutes parts et condamné à subir les préjugés sur un sexe dit faible. Cette autobiographie romanesque, alliant souvenirs et mythes, réalité et songes, a remporté le National Book Award en 1976 .
Traduit dans le monde entier, enseigné dans les universités américaines, La Femme Guerrière est aujourd'hui acclamé comme un classique de la littérature.
Korede s'est donné pour mission de protéger sa cadette envers et contre tout, et ce n'est pas une mince affaire. Non contente d'être la plus belle et la favorite de leur mère, Ayoola a aussi la fâcheuse habitude de tuer ses amants.
Ainsi, au fil du temps, Korede est devenue experte pour faire disparaître les traces de sang et les cadavres. « Seulement, avec Femi, ça fait trois. Et à trois, on vous catalogue serial killer... ».
Korede a une vie à mener, elle aussi : elle est secrètement amoureuse de Tade, le séduisant médecin qu'elle croise tous les jours dans les couloirs de l'hôpital où elle travaille comme infirmière. Aussi, lorsque sa jeune soeur jette son dévolu sur Tade, Korede se trouve face à un dilemme : comment continuer à protéger Ayoola, sans risquer la vie de l'homme qu'elle aime ?
A l'instar d'une Jane Austen des temps modernes, Oyinkan Braithwaite interroge les liens du sang, tout en pratiquant une critique en règle de la société nigériane: sa corruption, ses différences de classe, son machisme exacerbé...
Une comédie noire et décalée, aussi grinçante que glaçante.
Joan Ashby a toujours voulu devenir écrivaine et a établi dès l'âge de 13 ans quelques préceptes de vie pour mettre toutes les chances de son côté : « Ne pas perdre de temps», « Écrire tous les jours », mais surtout : « Éviter l'amour », « Ne jamais avoir d'enfants », « Ne céder à aucune proposition de mariage »... Elle touche au but dix ans plus tard et devient la nouvelle sensation de la scène littéraire new-yorkaise avec un premier recueil de nouvelles singulières et explosives. Elle fait toutefois un premier pas de côté en épousant Martin, puis découvre peu après avec effroi qu'elle est enceinte. Elle prend alors une décision fatale à sa carrière et s'efface dans une vie de famille non préméditée. Mère de deux fils diagnostiqués précoces, Joan laisse filer les années par dizaine avant de pouvoir achever son roman monstre. Sur le point de retrouver la lumière, et de renouer enfin avec la vie qu'elle a mise en suspens, une trahison aux proportions shakespeariennes va l'acculer à questionner tous les choix qu'elle a faits.
1909 a Spokane, dans l'état de Washington. Les frères Dolan vivent de menus larcins et de petits boulots. Rye, 16 ans, rêve de mener une vie tranquille, mais son grand frère Gig se lie à aux premiers travailleurs syndiqués du IWW (International Workers of the World) qui se battent pour un salaire et des conditions de travail de cents. Quand Rye rencontre la suffragette Elizabeth Gurley Flynn, il tombe amoureux et s'engage dans le mouvement. Au risque de s'y perdre.
Grande saga historique, Jours Meilleurs nous emporte dans une aventure humaine véridique où pauvres, marginaux, anarchistes et suffragettes s'unissent pour imposer leurs droits de travailleurs. De cette époque méconnue des USA, Jess Walter tire un roman passionnant et documenté, qui trouve une étrange résonance avec notre époque.
Un western d'un nouveau genre, une réflexion sur la condition des migrants.
« J'ai grandi à Chesterfield County en Virginie. Au bout de ma rue, je pouvais apercevoir un champ et les ruines solitaires d'une plantation, datant d'avant la Guerre Civile, qui se détachaient au milieu de la banlieue en expansion de Richmond. Une image qui m'habite encore aujourd'hui. » Cette plantation est au centre du second roman de Kevin Powers, dans lequel il tente d'approcher la vérité de ceux qui y ont vécu. Nul n'a jamais su par exemple ce qu'il était advenu d'Emily Levallois. A-t-elle péri en 1865 dans l'incendie criminel de la plantation, dont elle est la coupable désignée, et qui a causé la mort de son esclavagiste de mari ? Ou bien a-t-elle réinventé sa vie ailleurs, comme le suppose la rumeur. L'Histoire ne le dit pas, laissant au romancier le soin d'en décider.
L'Histoire ne dit pas plus ce que sont devenus Rawls et Nurse, ce couple d'esclaves affranchis dont le destin est intimement lié à la plantation.
Des années plus tard (dans les années 1950), à Richmond, un vieil homme cherche lui aussi à retracer sa propre histoire. De ses origines il ne sait rien, sinon qu'il a été recueilli par Miss Dolores à l'âge de trois ans, après qu'elle l'ait trouvé devant sa porte, avec ce mot : « Suffolk, Virginie 1866. Je m'appelle Georges. J'ai presque trois ans. Prenez soin de moi. » À travers les destins croisés de ces personnages à la dérive, Kevin Powers replonge dans l'histoire violente et déchirée du Sud et explore la question du sens de la vie. Quelle empreinte sur la terre laissons-nous derrière nous ?
Une saga ukrainienne moderne. L'histoire de quatre générations de femmes en butte aux cahots politiques de leur pays.
Il y a mille façons de disparaître au coeurde l'hiver, et le printemps toujours retrouve notre trace. On a coutume de dire qu'il y a deux types d'histoires : celle où le héros part en voyage et celle où un étranger arrive en ville. Les derniers touristes se sont envolés depuis longtemps quand, ce jour de décembre 2007, "l'étranger" - Daniil - pousse la porte de l'auberge dans laquelle travaille Kathleen, au coeur du parc naturel.
A son accent et son allure, il n'est à l'évidence pas d'ici, mais Kathleen, qui a choisi ce coin pour son silence, n'est pas du genre à jouer les indiscrètes. A seulement 27 ans, elle est veuve depuis quatre ans déjà, depuis l'accident de voiture qui a coûté la vie à son mari... "L'étranger" dit être un étudiant ouzbek - rien ne le prouve, par contre il semble évident qu'il a peur, qu'il fuit quelque chose, quelqu'un.
Les jours passent, se ressemblent, peu à peu une amitié se noue. Plus Kahtleen apprend des secrets de Daniil ("J'ai trahi"), plus il lui devient impossible de continuer à ignorer les siens. Et, pendant ce temps, le danger se rapproche...
Sommes-nous tous devenus des créatures d'Internet ? Pourquoi le mariage devient-il hype ? L'optimisation aura-t-elle notre peau? Sylvia Plath, Elena Ferrante, JK Rowling : la littérature brise-t-elle les jeunes filles ?
Faut-il être la badass Winona Ryder dans un monde peuplé de Gwyneth Paltrow ? Au fil de neuf récits personnels teintés de pop culture, de sa plume précise, litte raire et ironique, Jia Tolentino dresse avec maestria des ponts entre l'anecdotique et le fait sociétal pour nous faire passer de l'autre co te de ce miroir des vanités qui nous obsède tant.
La nuit est tombée quand Hagos et Saba, frère et soeur, arrivent dans un camp de réfugiés au Soudan avec leur mère. Ils n'ont plus rien et ont fui leur pays en guerre, mais leur coeur bat toujours : Hagos, muet et fragile, et Saba, au caractère farouche, vont trouver l'amour au milieu des ruines.
C'est dans ce monde à part, lieu condensé d'humanité que frère et soeur vont briser les tabous, renverser les genres et illustrer un conte d'amour sensuel au milieu du chaos.
Par ce roman élégiaque à contre-courant des préjugés, Sulaiman Addonia redéfinit la littérature de l'exil et célàbre avec modernité l'amour sous toutes ses formes. Dans la lignée de Floraison sauvage d'Aharon Appelfeld, Le silence est ma langue natale bouscule nos repères et nos codes, et par le pouvoir de sa langue, illumine l'insupportable réalité.
Le silence est ma langue natale a été finaliste du Lambda Literary Award et du Orwell Prize for Political Fiction. Il est en cours d'adaptation cinématographique.
Une écrivaine doit remettre à son éditeur un livre dont elle n'a pas écrit une ligne. Dans la torpeur de l'été new yorkais, elle reste enfermée chez elle, angoissée par la page blanche. Pour s'inspirer, elle se plaît à évoquer les travaux de Rilke, Kafka ou encore d'Agnès Varda, mais alors qu'elle se nourrit des oeuvres d'autrui pour créer la sienne, elle découvre qu'elle attend un enfant. L'un est-il compatible avec l'autre ? Journal d'isolement et fourmillant carnet de création, Dérives, par sa voix intime mais familière, nous livre une réflexion inspirante sur l'art et sur les décisions qui orientent le chemin de notre existence.
Quand elle arrive dans la baie de San Francisco après a voir fui les Philippines, son pays natal, Hero refuse d'e voquer ce qui lui est arrivé. Au coeur de la Californie, c'est toute une communauté d'expatriés qui va l'accueillir : jeunes adultes, enfants, employés de restaurants, salons de beauté, qui se sentent ni tout à fait américains, ni tout à fait philippins. Parmi eux, Hero tombe amoureuse de Rosalyn, et son passe resurgit malgre elle...
Entre La Vie bre ve et merveilleuse d'Oscar Wao de Junot Diaz et les Chroniques de San Francisco d'Armistead Maupin, Nos coeurs si loin est un premier roman lumineux et profond sur l'amour sous toutes ses formes, sur les exactions d'un régime politique et le pouvoir salvateur des communautés - de sang ou de coeur.
Yona travaille chez Jungle, agence de voyages core´enne spe´cialise´e dans le tourisme macabre, dit « tourisme noir ». Elle conc¸oit des circuits touristiques dans des destinations marque´es par la mort et les de´sastres e´cologiques. Harcele´e par son chef, Yona veut quitter l'entreprise. Mais Jungle l'envoie pour une dernie`re mission sur l'i^le de Mui, lieu ravage´ ou` subsiste une e´trange population...
Couronne´ du prix policier international CWA Dagger 2021, Les Touristes du de´sastre est un roman noir et acide sur les exce`s du consume´risme moderne, porte´ par la plume alerte d'une des meilleures jeunes e´crivaines core´ennes.
« Les calamités, c'était son métier ».
Yun Ko-Eun