Filtrer
Rayons
Support
Éditeurs
Langues
Prix
-
Les poignantes mais souvent joyeuses histoires de ce livre composent la tendre chronique d'un homme qui se souvient de son père, génial représentant de commerce et grand amoureux de la pêche, géant captivant et charmeur aux yeux de l'enfant qu'il était. Elles commencent simplement, par ce regard de l'enfance, puis elles se développent pour illustrer la prise de conscience d'un garçon qui grandit et observe le monde autour de lui. Et si elles reconstituent l'histoire de sa famille, avec en arrière-plan celle de l'Europe centrale, elles sont en réalité beaucoup plus que cela :
De touchantes méditations sur la vie et la survie, la mort et la mémoire, l'humour, la justice et la compassion.
Classique de la littérature tchèque au même titre que les oeuvres de Jaroslav Hasek et Bohumil Hrabal, ce livre largement autobiographique, traduit dans de nombreux pays, de la Pologne à l'Italie, de l'Espagne aux Etats-Unis, en passant par Israël et l'Allemagne, ne l'avait encore jamais été en français. Et s'il est un des préférés des lecteurs tchèques, il l'est aussi de l'écrivain et journaliste polonais Mariusz Szczygiel (Gottland et Chacun son paradis, éd. Actes Sud), auteur du texte De la vie vécue comme une fête, qui accompagne cette édition.
-
Mes deux mondes est la chronique d'un promeneur désenchanté, sorte de double fictif de l'auteur, invité en tant qu'écrivain dans une métropole brésilienne anonyme pour un salon du livre et qui profite de son temps libre pour se rendre dans un parc au milieu de la ville. Le récit s'articule entièrement autour de cette promenade de quelques heures et du spectacle assez ordinaire qu'elle lui offre, ainsi que des nombreuses réflexions et réminiscences qu'elle suscite. Si cette déambulation semble stimuler sa pensée et sa mémoire, le narrateur n'aura pourtant de cesse de dévaluer cette expérience de la promenade. Peu à peu, il va s'apercevoir que ce sont ses propres impressions et pensées, peu flatteuses, qui personnalisent le paysage et ses habitants. Ce qui était au départ une expérience d'hyper-perception, visant avant tout la précision et la nuance, devient un exercice oscillant entre lassitude, confusion, déception et peur.
-
À la fin de l'hiver, sur la mer Baltique encore en partie gelée, un banc de glace se détache et part à la dérive au large de la Courlande. Un groupe de pêcheurs lettons, leurs deux chevaux et leurs traîneaux se trouvent pris au piège, sans moyen de rejoindre la côte. Dans ces conditions extrêmes, les journées sont interminables, hantées par le froid, le manque de nourriture et d'eau douce. Avec le terrible compte à rebours de la glace qui fond. Partis quatorze, ils ne seront bientôt plus que treize, puis dix, puis enfin, combien?? Dans ce huis clos fatal, les hiérarchies sont bousculées, les tempéraments se révèlent, les bassesses éclatent au grand jour. Quel prix est-on prêt à payer pour sauver sa peau alors que chaque geste, chaque décision nous laisse seuls face à la responsabilité de nos actes??
Inspiré d'un fait divers réel, Blaumanis pose dans ce texte bref écrit en 1899 des questions humaines universelles essentielles. À l'ombre de la mort est un des chefs-d'oeuvre de la littérature lettone. -
N'entre pas docilement dans cette nuit paisible
Ricardo Menéndez Salmón
- Editions Do
- 21 Mars 2024
- 9791095434511
"N'entre pas docilement dans cette nuit paisible" tente de reconstruire une existence qui avance vers la maturité, celle de l'écrivain, à travers une existence qui s'est épuisée sans remède, celle de son père. Comme Philip Roth dans "Patrimoine", Amoz Oz dans "Une histoire d'amour et de ténèbres", Ricardo Menéndez Salmón explore l'histoire familiale pour se comprendre à partir des zones d'ombre et de lumière paternelles.
Le résultat est un texte qui traverse les domaines de l'héroïsme et de la misère, de la bonté et du mépris, de la joie et de la maladie, et qui livre un document d'une émotion contenue et d'une brûlante honnêteté. -
Dans un monde où, à force d'être pervertis, les mots ont perdu leur sens, les enfants se sont emparés du pouvoir et ont instauré le silence comme norme. En même temps que cette obligation, ils ont créé une religion de l'image, matérialisée par un dispositif monumental qui émet sans répit des stimuli visuels, et ils persécutent toute manifestation verbale ou écrite. Dans cette réalité sourde et muette, quelqu'un appelé IL (il n'y a pas de noms propres dans cette fable) tente de trouver un sens à l'existence, protégé par trois singuliers compagnons : un livre, un singe et le rire. Ricardo Menéndez Salmón concentre dans ce roman les grands thèmes qui ont marqué son oeuvre tout au long des années, comme la perte du sens du discours collectif, la mort de la parole, le legs que nous transmettons à ceux qui nous survivent, et la façon dont la technologie nous transforme et nous change en une autre espèce d'humains. Intense, stimulante et impeccablement écrite, Horde est une parabole qui, comme telle, aspire à contenir une leçon morale. Né en 1971 à Gijón où il vit, Ricardo Menéndez Salmón est considéré comme un des écrivains les plus remarquables de la littérature espagnole contemporaine. Si une grande partie de son oeuvre a été publiée en France aux éditions Actes Sud et Jacqueline Chambon, La Nuit féroce a paru aux éditions do en 2020.
-
Dans un petit village, Mario, quinze ans, épouse le jeune Fotis, futur prêtre. Elle donne bientôt naissance à un premier enfant. Un garçon. Ce qu'elle a fait ensuite est impardonnable. Elle y a pourtant trouvé joie et illumination. Alors elle a recommencé. Au début on l'a traitée de folle. Et puis on l'a appelée la Sainte Blanche. « Certains trouvent Dieu et d'autres le perdent » est-il écrit dans ce livre.
Bonne nuit mes doudous dépeint la Grèce rurale avec un réalisme que ne contredisent ni l'ambiance mystique ni l'atmosphère surnaturelle dont il est baigné. Cette histoire pleine de folie et de superstition, non dénuée d'ironie vis-à-vis de la religion et de son opportunisme, oscille sans cesse entre une description brutale du quotidien et l'incursion d'éléments fantastiques. Derrière son titre faussement naïf, c'est un conte cruel, à mi-chemin entre les motifs d'Alexandros Papadiamandis et ceux d'Edgar Allan Poe. Il est vraiment à ne pas lire aux enfants. -
Les enfants s'ennuient le dimanche » réunit quelques-unes des nouvelles les plus caractéristiques et les plus célèbres de Jean Stafford. Elle en a écrit plus de quarante, publiées dans de prestigieuses revues, qui ont fait l'essentiel de sa réputation. « The Collected Stories of Jean Stafford » fut d'ailleurs un des rares recueils à recevoir le prix Pulitzer de la fiction, en 1970. La plupart de ses textes s'intéressent aux différentes périodes de la vie de jeunes filles et de femmes, de l'enfance à la vieillesse, cartographiant les peurs, les angoisses et les compromis auxquels elles doivent faire face. Les questions de quête de l'identité féminine, de marginalité et d'impuissance apparaissent dans toutes ses histoires, et l'ironie abonde dans ses contes d'amours perdus, de rêves brisés et d'occasions manquées. Son style alterne entre le langage familier et rustique de Mark Twain et la prose élégante et raffinée d'Henry James, ses deux écrivains favoris.
-
Tous les matins, avant l'aube, une femme sort d'une maison de cantonnier située sur la rive d'un fleuve, parcourt douze kilomètres sur une voie ferrée désaffectée et se couche juste après le tournant trop serré, en attendant le train « qui fera rouler sa tête en bas de la digue, dans le fleuve ». Tous les matins, un homme, promenant son nuage d'expiations amères tenu en laisse, parcourt ces mêmes douze kilomètres pour ramener sa femme à la maison. Sept jours durant, face au regard morne d'Elisa, dans un monologue rythmé, obsessionnel, envoûtant, Augusto dévoile progressivement les fantômes de son passé, laissant apparaître ses secrets, ses failles, ses culpabilités. Le chant d'une vie consumée, la litanie d'une tragédie familiale aux accents bibliques, l'histoire d'une damnation, une allégorie du dernier siècle de l'Italie, et aussi, peut-être, un manuel de résistance pour devenir braconniers, clandestins de la pensée à l'heure de la banalité.
-
Le Vol de Bostjan est le roman d´une enfance et d´une jeunesse marquées de manière indélébile par la perte. Il se déroule au fond d´une vallée isolée, au pied des montagnes, pendant l´occupation allemande, au sein d´une communauté slovène construite sur la hiérarchie et la tradition. L´histoire entremêle un enchaînement incomparable de scènes, qui se combinent pour former un ensemble bouleversant et esthétiquement fascinant : l´arrestation de la mère et sa mort dans un camp, tandis que le père est à la guerre le retour au pays du père et son second mariage la disparition de la grand-mère malade la rencontre de Bo?tjan avec son premier amour, qui lui redonne vie et le remplit d´espérance. Le Vol de Bo?tjan est, selon Peter Handke : « Une histoire d´amour sauvage et tendre comme je n´en ai lu aucune dans ma vie. (.) langage qui vole, qui rythme, qui cherche, qui traverse les frontières extérieures et intérieures (de l´être). » « Une des plus belles de la littérature mondiale. »
-
Le délire d'un espion convaincu que son travail refusé aurait changé le sens de l'Histoire ; l'occasion trahie d'une seconde vie dans une colonie africaine ; les équivoques relations de pouvoir dans le sexe ; les malédictions de l'Europe ; le remplacement de l'amour par la botanique exotique ; une restauratrice d'oeuvres d'art qui évoque sa passion lesbienne ; l'art comme métaphore de l'échec amoureux ; Dickens et Jivago dans un nouveau conte de Noël ; une nouvelle qui est toutes les nouvelles publiées dans le monde...
-
Italia Donati était une jeune femme, originaire de Cintolese, devenue institutrice à Porciano, petits villages de Toscane. Grâce à son intelligence et à son travail, elle a échappé à la pauvreté de sa famille paysanne, en essayant de s'émanciper, même si, au XIXe siècle, les femmes étaient toujours moralement et pratiquement dépendantes de l'homme. Arrivée à Porciano en septembre 1883, Italia Donati était pleine d'espoir et d'attentes pour sa première expérience professionnelle. Pourtant, en acceptant l'hospitalité du maire, qui l'avait recrutée comme enseignante, et auprès duquel elle pensait trouver le soutien et la protection dont une femme seule à cette époque avait encore besoin, elle n'avait pas conscience que cette proximité serait à l'origine d'une vague de calomnies infâmes, qu'elle ne parviendrait jamais à faire taire. Peu à peu submergée et complètement isolée, incapable de parvenir à rétablir sa réputation, elle perdit également l'estime de ses collègues et de ses élèves, qui en vinrent même à lui reprocher les turpitudes qu'elle n'avait pas commises.
Alors, un matin de juin 1886, pour prouver son innocence et réhabiliter l'honneur perdu, Italia Donati écrivit une lettre et mit son tablier rouge...
Cet événement fit la une des journaux de l'époque. Un célèbre article du Corriere della Sera eut pour titre « Comment meurent les institutrices ». Italia Donati devint ainsi une figure féminine emblématique de la fin du XIXe siècle et son cas s'est ajouté à la longue liste des cas des femmes dont l'émancipation tentait de s'opposer au système de la domination masculine.
Est-il nécessaire de dire l'urgence de raconter une fois encore la vie d'une femme dont la fin n'est pas heureuse ; est-il utile de dire à quel point cette histoire est actuelle ; est-il indispensable de dire combien il est important de la faire connaître.
-
Chacune de ces histoires est un voyage novateur, poétique, subversif, absurde, tendre et étonnamment drôle à travers les relations - souvent familiales -, les émotions et l´expérience humaine. Chacune de ces histoires permet de regarder le monde dans une perspective vraiment nouvelle. Il vaut d´ailleurs mieux aborder chacune de ces histoires avec une sorte d´esprit malléable. Certains ont aussi conseillé de ne pas lire Lait sauvage en une seule fois. Après chaque histoire ils pensent qu´il est préférable de se réunir autour d´une table pleine de souris pour discuter de l´histoire du jour et de faire circuler les pages comme un apéritif pour dévorer lentement chacune d´entre elles et décrire le goût qu´elle laisse sur la langue. Certains sont même allés jusqu´à écrire à propos de ces histoires : elles sont comme si les frères Grimm rencontraient Samuel Beckett dans son maillot de bain à la plage. Ou bien peut-être Franz Kafka, serait-on tenté de rajouter.
-
Dans des villages espagnols des années 30, trop isolés pour qu´un instituteur y fût nommé, les maîtres d´école étaient recrutés par des villageois au moment des foires. Ils avaient un salaire mais prenaient leurs repas chez les habitants qui les recevaient à tour de rôle. On les appelait catapote, « pique-au-pot ». La Nuit féroce se déroule à cette époque, dans un de ces villages au nom étrange. Le maître d´école est invité à partager une table dans une des maisons du lieu. Mais le terrible meurtre d´une jeune fille fige cette scène et libère la brutalité qui sous-tend ce bourg perdu lorsqu´un groupe d´hommes part à la chasse au meurtrier. Deux innocents fuient, bientôt persécutés par la colère aveugle. Un mal profond, enraciné dans le passé, irréfutable et impassible, gouverne le temps et l´espace dans ce conte noir et métaphysique aux résonances de tragédie grecque.
-
Les vingt journées de Turin
Giorgio De maria, Angela Calaprice
- Editions Do
- 7 Avril 2022
- 9791095434399
Un détective passionné d'histoire décide d'enquêter sur le mystérieux phénomène survenu dix ans plus tôt, la grande « psychose » collective liée à une série d'horribles meurtres qui a affecté les habitants de Turin pendant vingt jours, ou plutôt vingt nuits. Au cÅ«ur, et à l'origine, de ces mystérieux événements, il y a la Bibliothèque, née pour inciter les hommes et les femmes à s'ouvrir les uns aux autres, une collection misérable et effrayante de confessions, d'écrits et de manifestes, rassemblés par de jeunes individus étrangement propres et souriants, et conservés dans un sanatorium administré par une église. Pas de fiction. Aucune littérature. Des sujets populaires. Et tous ceux qui le souhaitent peuvent aussi aller lire ce qu'ils veulentâ€- Paru en 1977, traduit pour la première fois en français, ce roman, dont l'intrigue est digne d'un parfait thriller, a d'étonnantes résonances avec la société contemporaine, en particulier son anticipation d'internet et des réseaux sociaux.
-
Pendant des années Ota Pavel s'est intéressé à ce que des athlètes, hommes et femmes, devenus parfois de véritables symboles, ont dû accomplir, endurer, réaliser - mais aussi supporter et oublier. Leurs victoires, leurs défaites, leurs drames intérieurs, leurs tragédies personnelles. Il a ensuite mis tout son art d'écrivain à convertir ces observations en récit, réussissant en quelques pages à transformer un destin individuel en un drame puissant, à tirer d'une histoire personnelle des leçons universelles. Avec un regard toujours tendre, un style et un ton si caractéristiques, il parvient à évoquer la saveur de la gloire, mais aussi le goût amer des obstacles, de l'ingratitude et de l'oubli. Sa vision ample et profonde dépasse ainsi largement le seul univers du sport. Ota Pavel (1930-1973) est l'auteur du classique tchèque Comment j'ai rencontré les poissons, déjà paru aux éditions do, traduit par Barbora Faure, prix Mémorable 2017.
-
Si l'on s'en tient aux faits, Malacqua est la chronique de quatre jours de pluie dans la ville de Naples, du 23 au 26 octobre d'une année indéterminée au cours desquels se produisent des événements étranges, dans une atmosphère d'attente, pas seulement de la fin du déluge mais surtout d'un événement extraordinaire.
Cette longue et dense chronique d'un désastre commence par deux morts, à cause de la pluie, deux voitures englouties dans une crevasse. Mais ce mauvais temps ne provoque pas seulement des éboulements et des effondrements. Dans l'incertitude hostile nourrit par la pluie se multiplient des faits inhabituels, prennent corps des présages et de noirs avertissements : « voix » mystérieuses, énigme des poupées, mer qui poursuit les gamins des rues, piécettes qui se mettent à sonner. La peur crée l'attente et le roman se transforme alors en l'espérance de cet événement absurde, irrationnel, capable de briser les perspectives mêmes de la vie.
Naples bien sûr est le vrai protagoniste de Malacqua. Ville de carton, ville du rêve et de la spéculation immobilière, coeur de l'exploitation intensive sur le dos de ceux qui ne sont pas puissants. À travers les rues anciennes de la ville, les quatre jours de pluie alimentent un suspens appliqué aux raisons mêmes de l'existence. Et l'Événement extraordinaire, tant attendu, trouve son origine fondamentale dans un sentiment ancestral des Napolitains : l'espoir ambigu qu'un « miracle » puisse intervenir pour améliorer leurs conditions de vie précaires.
-
Paraît un jour un livre, d'un romancier allemand, qui raconte l'histoire universelle, sagement absurde bien qu'alambiquée, d'un homme ordinaire, dans une ville sans qualités. L'ouvrage passe inaperçu ou presque, jusqu'à ce que l'on découvre, sept ans plus tard, l'existence d'un roman « jumeau », au titre et à l'intrigue en tous points identiques. Un livre publié à la même époque, mais de l'autre côté de l'Atlantique, dans une autre langue, par un auteur uruguayen. Lequel serait resté dans l'anonymat le plus total s'il ne s'était pas ainsi trouvé, avec son confrère allemand, promu héros d'une vertigineuse coïncidence dont s'emparent vite éditeurs, essayistes, critiques, universitaires... Mais la question demeure : deux hommes, étrangers l'un à l'autre, peuvent-ils réellement avoir écrit le même roman ?
Avec une ironie diffuse, traversée d'élans burlesques, Kostis Maloùtas dessine, de fausses pistes en vrais questionnements (qu'est-ce que la création ? à quel point est-on original ?), un impressionnant réseau de textes « gigognes » où sont soulevés, un à un, les grands enjeux de l'industrie littéraire : arbitraire du succès et de la réception critique, course à l'exégèse et à la traduction, hantise du plagiat, appât du gain et, par conséquent, « condamnation » de l'écrivain à toujours alimenter son oeuvre. Au-delà des références explicites (Borges, mais aussi Perec et Melville, que les personnages invoquent au gré de leurs pérégrinations), le récit de Maloùtas n'est pas sans rappeler, dans l'esprit et la générosité, les proses inventives et réflexives d'Italo Calvino et de Flann O'Brien, deux de ses principaux modèles.
-
« Est-il vraiment imaginaire ce pays où un étonnant projet de loi prétend décider des droits et des devoirs des écrivains et des lecteurs ? Où un cercle d'admirateurs veut contraindre les romans de leur écrivain favori à devenir réalité ? Où une étrange maladie se déclenche après la lecture d'une célèbre nouvelle de Kafka, et un complot modifie les ouvrages empruntés dans les bibliothèques ? Et où, bien entendu, le service météorologique prévoit des températures toujours comprises entre 12 et 23 degrés ?
Dans un subtil et ludique agencement, Eduardo Berti entremêle et fait dialoguer les nouvelles de ce drôle de pays, en même temps (calme, forcément) qu'il célèbre l'importance de la lecture comme acte d'intelligence, de connaissance et de plaisir. »
-
Lire Vie et mémoire du docteur Pi c'est s'exposer à vivre une expédition à nulle autre pareille. Impossible de revenir en arrière, impossible de ne pas se perdre. C'est un livre malicieux et fascinant qui emporte les lecteurs dans un voyage fait de mystérieuses rencontres, de missions officielles et d'escapades romantiques. La logique de son monde, familier quoique invraisemblable, est un puzzle que seul le docteur Pi peut résoudre, composé à parts égales de comédie, de poésie et d'absurdité. Pour suivre avec plaisir ce mélange de James Bond et de Buster Keaton, imperturbable et charismatique, astucieux et d'une arrogance discrète, il suffit de suspendre son incrédulité, afin d'aller à la rencontre d'une création littéraire sans équivalent.
-
La plupart des femmes qui racontent les histoires à la fois belles, terrifiantes et totalement bizarres de ce livre, vivent dans des mondes régis par la logique vertigineuse des cauchemars, luttant contre des situations incontrôlables. Elles ont des relations tendues avec les hommes dans leur vie - père, amant, mari. La plupart de ces hommes souffrent d'une forme de névrose. Et dans leur tentative de prendre soin d'eux, la plupart de ces femmes donnent tout.
-
La narratrice de L'Âge du fer est une jeune Finlandaise. Le livre raconte une courte période de l'histoire de sa famille, avant et après la Seconde Guerre mondiale, commençant par leur vie dans la ferme de sa grand-mère, suivie d'un bref séjour dans une petite ville, et se terminant par le récit de leur déménagement en Suède, une fois que le père a trouvé un emploi stable dans une usine de papier. On l'appelle L'Âge du fer en partie parce que leur vie dans le nord au début des années 1950 est rudimentaire et difficile - une ampoule électrique est une nouveauté ; il faut traverser un lac à la rame pour rendre visite à de riches parents afin de mendier quelques oeufs ; le Noël où le Père Noël apporte un crayon et un petit pain sucré est « le meilleur Noël de tous les temps » - et en partie en référence aux éclats d'obus qui sont entrés dans les jambes du père de la narratrice pendant la « guerre de continuation » contre les Soviets, dans la première moitié des années 1940). La jeune fille pense que ce fer a affecté non seulement ses jambes, mais son coeur ; et non seulement lui, mais toute sa famille.
Les scènes d'ouverture sont relativement joyeuses - scènes rurales, oeufs et chiens, contes populaires et épouvantails - mais à mesure que le texte progresse, Kajermo nous force doucement mais inexorablement à reconnaître que son véritable sujet est l'impact psychologique de la pauvreté, de la violence domestique et de la marginalisation (le conflit ville-pays en Finlande ; les barrières culturelles et linguistiques en Suède) sur sa narratrice. Ce qui semblait au premier abord clownesque et amusant (l'incapacité du père à s'entendre avec sa famille, ses collègues ou ses voisins) devient de plus en plus sombre, comme en témoigne notamment son amertume devant l'indépendance croissante de sa femme. Le père se lit d'abord comme un personnage malheureux, mais plein d'espoir - un personnage qui pourrait être attachant - mais il apparaît peu à peu comme un être faible, qui recourt à la violence pour prouver sa masculinité, et à la fin du livre, alors que sa fille se retire dans un silence auto-protecteur, il est devenu un symbole de brutalité.
L'apparente simplicité du style contraste avec la force de cette histoire. Sa prose est sans fioritures et son récit est simple, anecdotique, souvent drôle. La violence sous-jacente et le malheur de ses personnages se glissent alors dans l'esprit du lecteur et laissent un sentiment d'horreur plus persistant qu'il ne l'aurait fait autrement. Son utilisation de contes de fées et de contes populaires renforce cette idée de réalités superposées - le paysage magique qui cache et révèle à la fois une terreur sous-jacente. La fin, en particulier, n'offre aucune concession au lecteur désireux de tourner la page. Alors qu'il s'agit, d'une certaine manière, d'une histoire de passage à l'âge adulte, où la narratrice prend conscience des défauts et des tendances de son père et des cruautés de la société, Arja Kajermo, comme les frères Grimm, refuse de la compléter avec des platitudes et des promesses de jours meilleurs à venir.
-
Qu'ont en commun Le Petit Prince, les sombres années de jeunesse de Jürgen Habermas, l'artiste Joseph Beuys, le saxophoniste John Gilmore et Bill Pilgrim, le protagoniste d'Abattoir 5 ?
« Le monde est une pelote de laine », ainsi débute ce livre. Mais comment tournet- il ? Qui tire ses fils ? Il y a ceux qui disent que tout est le résultat d'une grande conspiration : « L'homme n'est jamais allé sur la Lune ; Paul McCartney est mort en 1967 et a été remplacé par quelqu'un qui lui ressemblait ; le Christ n'est pas descendu de la croix, il a eu des jumeaux avec Marie-Madeleine ; Shakespeare est Francis Bacon », etc. Explication, écrit Luis Sagasti, qui est le «résultat d'une extraordinaire paresse intellectuelle. » Mieux vaut, selon lui, parler en termes de secrets, mieux même, en terme d'omissions. Car depuis des milliers d'années la pelote de laine tourne et ses fils se croisent en couches infinies. Alors par où commencer s'il n'est pas facile de trouver le bout ? L'écrivain choisit de tirer un des fils, de le couper d'un coup sec et, en huit textes d'inégales longueurs, de construire une merveilleuse constellation à partir de personnages - Joseph Beuys, Kurt Vonnegut, Antoine de Saint-Exupéry et Jürgen Habermas, mais aussi Matsuo Basho, Marina Abramovic, Ludwig Wittgenstein, Jorge Barón Biza, Sun Ra, Youri Gagarine ou encore Glenn Miller - liés par les fragments les plus curieux de leurs biographies.
Il fait ainsi de Bellas artes une incroyable et étonnante histoire sur la place du récit dans l'expérience humaine, qui procure à son lecteur un intense plaisir intellectuel.
Alors ce livre bref, d'une écriture condensée, précise et musicale, séduit et emporte ses lecteurs avec le charme d'une poétique et subtile conversation.
-
Un poète au chômage se retrouve jeté en prison après avoir inexplicablement violé sa voisine, mais son temps d'enfermement est mystérieusement écourté quand il est brusquement emmené dans une nouvelle maison - un manoir rural où l'on pourvoit à tous ses besoins. Tout ce qu'on exige de lui, c'est... écrire de la poésie. Seulement qui sont ses ravisseurs, Kurt et Otávio ? Qu'en est-il de la femme de chambre séduisante, Amália, et de son aide, une femme malade d'un cancer, nommée Gerda ? Et, le plus alarmant de tous, pourquoi Kurt semble-t-il soudainement vieillir tellement plus vite qu'il ne le devrait ?
-
« ... Le livre (x) fois est un oeuf qui renferme un oeuf qui renferme un oeuf.
Une femme enceinte d'un enfant qui porte un enfant qui porte un enfant. Une photocopie légèrement déformée, une image stéréoscopique à travers les yeux d'un appareil photo astigmate. Une surface qui ressemble à un miroir, mais se révèle être une fenêtre grande ouverte. En définitive, (x) fois est un roman dont le souffle ne s'épuise pas à l'intérieur de ses quelques pages. Sa véritable fin se trouve ailleurs : là-dehors ».
Connor O'Sullivan.