Mes parents m'avaient laissé une lettre : je passerais mes vacances de fin d'année chez ma grand-tante Léonie, à Londres. Pas vraiment un cadeau, vu sa réputation. Et le train partait dans une heure. "Délicieusement excentriques" ? Complètement irresponsables, je dirais. Heureusement que je me débrouille en anglais. Je me demande maintenant à quoi ressemblerait ma vie si j'avais raté ce train, si je n'avais pas été obligé d'aller dans ce musée, la National Gallery, si je n'avais pas découvert... Disons juste que la magie n'est pas toujours là où on s'y attend.
Léa et Tom ont bien grandi. Ils ont aujourd'hui quinze ans. Les temps ont changé depuis que Tom, soutenu par sa soeur, s'est battu pour porter des shorts à l'école primaire. Aujourd'hui, lorsqu'il s'élève contre les injustices qui frappent les garçons, Léa n'est plus derrière lui comme avant. Si elle veut qu'ils fêtent leur anniversaire ensemble, elle va devoir faire des efforts pour se mettre à la place de Tom et comprendre ce que vivent les garçons de son âge. Entre le female gaze, la culture du viol, les injonctions vestimentaires... Léa va de surprise en surprise. Tom subit un sexisme plus fort que lorsqu'il avait dix ans !
Quand le nouveau est entré dans la classe, j'ai tout de suite senti qu'il m'arrivait quelque chose. Je n'ai rien dit à personne, même pas à Louise, ma meilleure amie. D'ailleurs, il ne faisait pas le moindre effort pour avoir l'air sympa et j'ai même cru que je m'étais trompée. Mais en vrai, je l'observais, je pensais à lui et je me demandais ce qu'il pensait de moi. Tout le temps. Le coeur qui bat à toute allure, le ventre qui se tord, la jalousie pour un rien et la peur qu'il me trouve idiote : si c'est ça l'amour, je n'en veux pas...
Molière ne s'est pas toujours appelé Molière. Il s'est d'abord appelé Jean-Baptiste Poquelin, du nom de son père et du prénom choisi par ses parents le 15 janvier 1622, jour de sa naissance à Paris. Molière n'était pas destiné à faire du théâtre. La tradition voulait qu'il devienne marchand tapissier comme son père, une profession qui lui aurait assuré la vie confortable et sans histoire d'un bourgeois de Paris. Molière n'est pas devenu célèbre en un jour. Il a connu la galère et les échecs avant de rencontrer la gloire à Paris. Il avait alors trente-six ans. Molière n'a pas seulement écrit des pièces de théâtre. Il était d'abord acteur, le plus grand comédien de son temps. Mais aussi metteur en scène et directeur de troupe. Enfin, le Molière en perruque, représenté en médaillon sur la couverture des pièces de théâtre que l'on étudie en classe, a d'abord été un petit garçon aux boucles brunes et aux gros yeux ronds.
Elle s'appelait Violante. Elle était arrivée après nous à l'école, et elle restait toujours un peu à l'écart. Avec sa tignasse de cheveux noirs, sa tache rouge sur la joue et son regard de flamme, elle ressemblait à une sorcière. On s'en méfiait, et on s'en moquait. Elle nous inquiétait, et elle nous fascinait. Mais quel était son secret ?
C'est l'histoire d'un petit garçon bavard, curieux et un peu triste. Bon élève, il aurait pu étudier le droit ou la médecine. Mais, dans l'Italie du XVe siècle, lorsqu'on est un bâtard, le fils d'un notaire et d'une fille de ferme, on doit vite apprendre un métier. Léonard de Vinci aime dessiner. Parfait ! à seize ans, on l'envoie en apprentissage à Florence, chez un artisan peintre. Dix ans plus tard, Léonard est le peintre le plus doué de sa génération. Les commandes pleuvent. Mais, il traîne à finir ses tableaux. Parfois, il ne les finit pas du tout. Et, les clients perdent patience. C'est que Léonard a d'autres idées en tête. Des projets un peu farfelus qu'il consigne dans ses carnets : un char d'assaut, une bicyclette, un sous-marin... Car, l'auteur de la Joconde se voyait ingénieur, inventeur, fabricant d'armes... Tout sauf le plus grand peintre de la Renaissance.
Basile sait que de nombreux migrants passent dans la région. Il a entendu parler des camps et des trafics, des jeunes gens qui s'accrochent sous les camions et en meurent parfois. Il sait tant et tant de choses qui le concernent si peu ! Tout change lorsqu'il croise quatre garçons dans une gare désaffectée. Ils sont à cran, ils se cachent, la police les cherche depuis qu'ils ont fui le centre pour mineurs isolés.
Quand l'un d'entre eux se fait enlever par des passeurs, Basile n'a plus le choix. Il s'embarque dans une nuit sans fin à la recherche de ce garçon qu'il ne connaît pas, cet étranger, prisonnier de la mafia.
Wander, un jeune loup, grandit paisiblement dans le Nord-Ouest des États-Unis en compagnie de ses frères et soeurs. Il lui tarde d'être assez grand et fort pour se mettre à chasser, puis devenir à son tour chef de meute, mais un drame survient : une meute ennemie les attaque pour conquérir leur territoire, et Wander se retrouve seul, perdu, affamé et sous la menace de multiples périls, dont les hommes et leurs engins de mort, armes, véhicules. Que va faire le jeune loup ? Tenter de rentrer chez lui ou refaire sa vie ailleurs ? Il part sur les traces d'éventuelles survivants, trouve des alliés et surmonte de nombreux obstacles, jusqu'à faire une rencontre qui bouleversera son existence : celle d'une louve avec qui fonder une nouvelle meute. Wander la cherche, la perd puis la retrouve, dans les paysages majestueux de l'Oregon et de l'État de Washington. Wander est inspiré d'une histoire vraie, que les enfants du Nord-Ouest des États-Unis étudient d'ailleurs en classe.
" Je ne peux pas passer une année de plus dans ce costume de graisse, mais je peux terminer cette année dans une apothéose. "Il a tout essayé, rien n'y fait : Butter est malade de son poids. Et sa vie est devenu un enfer, avec les autres et avec lui-même. Alors, pour en sortir, il lance un défi désespéré sur Internet : le 31 décembre, en direct, il mangera, mangera, mangera, jusqu'à ce que tout soit terminé.
Et vous, que ferez-vous ce soir-là ?
Félix Thomassin rêvait d'avoir un chien pour son anniversaire, mais à la place de la boule de poils qu'il attendait, ses parents lui ont offert un bouledogue à piles qui remue la queue quand on l'active. Félix s'inquiète. Ce chien-robot va t-il le faire redescendre illico dans la catégorie des " bolosses ", lui qui avait eu tant de mal à en sortir ? Au contraire ! L'animal en plastique fait sensation parmi les gens de sa classe.
Imaginez ! Il parle ! Il répète même tout ce qu'il entend autour de lui. Le meilleur comme le pire. Surtout le pire...
Hier, mon père est rentré de son cabinet à l'heure du dîner, a rassemblé toute la famille dans son bureau et nous a annoncé, funèbre, que Paris était " à feu et à sang ". Des échauffourées entre étudiants et CRS avaient lieu dans le Quartier Latin. Un après-midi, j'étais monté jusqu'à la rue Soufflot et à la rue Gay-Lussac. Où avais-je le plus de chance de tomber sur elle, sinon là, au coeur des événements...11/13 ans.
Sudhir Venkatesh, étudiant en sociologie à l'université de Chicago, participe, sous la direction d'un grand professeur, à un nouveau projet de recherche. Il s'agit d'étudier les jeunes Noirs des cités HLM de Lake Park, un ghetto où la police et les ambulances n'entrent plus. La méthode : poser des questions élaborées par ses aînés, afin de générer des données scientifiques. Exemple : comment se sent-on quand on est noir et pauvre ? A : très bien. B : bien. C : assez bien. D : moyennement bien. E : pas bien du tout... Le type qui a formulé cette question est-il seulement déjà sorti de la bibliothèque ? C'est ce que se demande Sudhir lorsqu'il se retrouve dans la cage d'escalier d'une des barres de Lake Park, face à un colosse armé jusqu'aux dents absolument persuadé qu'il appartient à un gang rival. Il faudra que J. T., le chef des Black Kings, ceux qui contrôlent le quartier, prenne in extremis le jeune étudiant sous son aile. « Tu ne comprendras rien avec tes questions à la noix, lui dit-il. En revanche, si tu voulais, je pourrais te montrer comment on s'organise pour survivre quand on est un "négro" à Chicago. »
Alicia a trouvé un mystérieux manuscrit d'une adolescente prodige, une certaine Myrtille, âgée de treize ans. Le monde à l'enfer est le genre de roman haletant qui, une fois publié, est programmé pour cartonner auprès des jeunes. Cette Myrtille pourrait réaliser le voeu le plus cher d'Alicia et de Clémence. Les deux amies, passionnées de littérature, rêvent d'écrire ensemble un best-seller qui changera leur vie. Les deux collégiennes y travaillent chaque mercredi, élaborant des scénarios, écrivant des textes qu'elles se lisent l'une à l'autre. Alors, ce manuscrit tombé du ciel, c'est vraiment de la bombe. Une bombe explosive qui risque de faire voler en éclat une amitié que toutes deux pensaient indestructible.
La mort l'a frappé le 3 décembre 1894. Robert Louis Stevenson avait quarante-quatre ans. Il avait abattu une bonne journée de travail et aidait sa femme à préparer une mayonnaise. Il laissait derrière lui une production littéraire immense dont L'île au trésor et le fameux Docteur Jekyll et Mister Hyde. Si la mort l'a frappé subitement, elle le guettait depuis sa naissance à Edimbourg, le 13 novembre 1850. Elle aurait même dû se manifester avant qu'il souffle sa cinquième bougie et l'emporter dans une de ses fulgurantes quintes de toux. La mort aura préféré attendre quarante-quatre années. Elle voulait mieux connaître sa victime. Mais, surtout, elle doit bien l'admettre, pour entendre les merveilleux récits que Stevenson, déjà tout petit, inventait. Alors qui mieux que la mort pouvait raconter la vie de Robert Louis Balfour Stevenson.
Simon Peretti, quinze ans et demi, photographe de nuages, amateur de hard métal, d'Erik Satie et d'Eminem, a des centaines d'amis sur Facebook depuis qu'il est devenu le type le plus populaire du lycée. Celui qui a réussi à conquérir la fille la plus mystérieuse du quartier, une terreur, une légende. Nul doute, on les a vus, on les a pris en photo.
Ils veulent tous la connaître, réclament à Simon leur dose d'images et de commentaires. Surtout Léonard et Nessim. Ne se connaissent-ils pas depuis toujours, ne sont-ils pas frères ? Simon refuse d'en dire davantage, protège une histoire qui n'appartient qu'à lui et à la fille qu'il vient de rencontrer. Bientôt, il parlera à ses amis d'enfance, mais pas maintenant.
Pourtant, il suffit d'un week-end pour que le monde de Simon Peretti s'effondre. Pour qu'il assiste, impuissant, à son lynchage numérique. Pire, Léonard et Nessim ne font rien pour arrêter ce carnage.
Comment en sont-ils arrivés là tous les trois et justement ce lundi où il s'apprêtait à leur présenter la fille qu'il aime le plus au monde ?
Il faut attendre le XIXe siècle, les travaux du naturaliste Charles Darwin, la naissance de disciplines telles que la géologie, l'archéologie, la biologie et le développement des sciences humaines pour que les hommes admettent que notre histoire a commencé il y a cent mille ans, à la naissance de l'Homo sapiens.
Comment sommes-nous devenus ce que nous sommes ? Et d'ailleurs, qui sommes-nous vraiment ? En quoi sommes-nous différents de nos cousins primates ? Patiemment, progressivement, les préhistoriens apportent ainsi des réponses à nos questions. Pas facile lorsque l'on ne dispose pour indices que de silex, de tessons de poterie, de fragments d'os.Comme les enquêteurs de la police scientifique, les préhistoriens utilisent les toutes dernières technologies, technique du radiocarbone, analyses d'ADN, physique nucléaire pour disséquer les éléments livrés par le terrain et rassembler les pièces à conviction permettant de remonter la piste de l'histoire de l'humanité jusqu'à l'apparition de l'écriture.
Taylor, 14 ans, n'a jamais aimé les jouets.
Son truc: le tableau périodique des éléments, particulièrement les trente-quatre derniers, les plus radioactifs. Garret, en cinquième dans un coin reculé de l'Arizona, une réserve Navajo où près de la moitié des enfants ne terminent pas le lycée est devenu une légende grâce à un radiateur de Pontiac 1967, une feuille de Plexiglas et soixante-neuf cannettes de soda. Lloyd Jones, pensionnaire à Eagle Point, un centre de détention fermé, n'aime pas les gangs, ni la violence.
En revanche, il connaît bien les cratères de volcan. Kelydra Weckler, 17 ans, est déjà recherchée par le FBI : motif, elle gêne l'usine chimique installée en face de chez elle. Ryan, lui, aurait bien aimé arrêter l'école au CE1 pour pouvoir se consacrer pleinement à ses amis les robots. Quant à Sarah, elle n'a pas des parents faciles. Disons qu'ils font tout pour lui compliquer la vie. Pourtant, la jeune fille ne demande qu'une chose : poursuivre ses études.
Ses recherches sur la contamination microbienne dans les lieux publics lui permettront-elles d'obtenir une bourse ? Il y a aussi Eliza, Kalya ou Philipp. Ces jeunes gens ne se connaissent pas. Mais tous ont travaillé dur à un projet scientifique. Courageusement, ils l'ont défendu aux fameuses foires aux sciences qui se déroulent à travers les États-Unis et qui, chaque année, permettent à des enfants talentueux de continuer des études que, pour la plupart, leur famille n'aurait jamais pu payer.
En 1434, les livres sont manuscrits et ne circulent pas.
Les gens vivent dans la crainte de Dieu. 80% d'entre eux sont analphabètes. En 1434, Johann Gutenberg a la trentaine. Il vit à Mayence et cela fait maintenant dix ans qu'il fabrique et poinçonne des pièces de monnaie. Il gagne peu d'argent, s'ennuie beaucoup et se lance dans la fabrique de reliques sacrées, un petit bout de métal frappé comme une pièce de monnaie qu'il vend une fortune aux milliers de pèlerins qui croient alors dur comme fer en ses vertus salvatrices.
« Et si seulement il existait un moyen de produire des textes rapidement, en grande quantité, plutôt que des amulettes ? » Pour cela, il doit fabriquer des lettres à la place des amulettes, des milliers de lettres en plomb. Puis inventer une façon de les assembler pour former des lignes, des pages, et enfin des livres. Gutenberg était en train de concevoir l'imprimerie à caractères mobiles. Il lui faudra encore plusieurs années pour mettre en oeuvre son idée.
Mais, pas à pas, obstinément, toujours à court d'argent, pressé par les créanciers, il parviendra à ouvrir la porte aux délices du savoir.
Depuis l'enfance, Jane Goodall ne désire qu'une chose : comprendre les animaux. Mais comment commencer ? Comment en vivre ? Une fois le bac en poche, sa mère lui conseille d'entrer dans une école de secrétariat. Elle lui assure qu'une bonne secrétaire peut toujours trouver du travail, et partout dans le monde. Jane enchaîne les petits boulots à Londres. Certains sont même plutôt très amusants. Mais la jeune fille les considère comme une étape. Elle guette sa chance. La chance se présentera une première fois un mercredi matin sous la forme d'une lettre d'une ancienne camarade de classe l'invitant à passer des vacances au Kenya. Jane doit beaucoup travailler et faire de terribles économies pour s'offrir le billet. Ses efforts et son obstination paieront. Sur place, un anthropologue et paléontologue a besoin d'une secrétaire. En vérité, il est très impressionné par les vastes connaissances de la jeune fille sur la faune et la flore africaines. C'est ainsi qu'a commencé l'histoire de Jane Goodall, celle d'une jeune fille qui s'est donné les moyens d'une vie passionnante. Elle raconte dans ce livre son parcours depuis Bournemouth jusqu'à la réserve de Gombe et sa rencontre avec les chimpanzés.
Chez les Cunxin, des paysans chinois, il faut travailler dur pour ne pas mourir de faim. Souvent, le soir, lorsque les sept enfants se réunissent à table, il n'y a pas à manger pour tout le monde. À 9 ans, Li, l'avant-dernier, est envoyé à l'école. Il y apprend à lire sur le Petit Livre rouge « Longue vie au président Mao » et à conjuguer les verbes : « J'aime le président Mao, Tu aimes le président Mao, Il aime... » Un jour, alors qu'il récite les préceptes du Grand Timonier, quatre fonctionnaires en veste Mao et manteaux à cols de fourrure synthétique entrent dans la classe. Ils font déshabiller les enfants, les mesurent de la tête aux pieds, appuient vigoureusement leurs genoux contre leurs reins pour vérifier la résistance de leur hanche. Au final, quinze élèves parmi ceux sélectionnés dans la province, seront recrutés. Le but : devenir de grands danseurs et faire rayonner la révolution chinoise dans le monde. À sa grande surprise, Li est choisi. Dans son village on dit que c'est parce qu'il aurait trois longs orteils grâce auxquels il pourra tenir longtemps sur ses pointes. Mais avant de devenir danseur étoile, il faudra quitter sa famille, adhérer à la Révolution culturelle et se plier à la dure discipline de l'école de danse de Pékin, dirigée par Madame Mao.
Rien ne prédisposait Linus Torvalds à devenir l'informaticien le plus convoité de la planète. Tout commence en 1981, à Helsinki, en Finlande. à l'époque, il n'y a pas de console, pas de Mac, pas de PC, pas de Wii et pas d'Internet. à onze ans, alors que la plupart des garçons jouent au hockey et font du ski avec leurs parents, Linus découvre l'informatique. Son grand-père lui a offert pour son anniversaire le premier ordinateur familial disponible sur le marché. à vingt et un ans, il développe son propre système d'exploitation (le programme qui donne un visage humain aux ordinateurs) et le publie sur Internet. Gratuit et ouvert, les internautes du monde entier peuvent l'améliorer nuit et jour, bénévolement : Linux est né. La légende dit que le visage rond à lunettes de Linus Torvalds devint alors la cible préférée des jeux de fléchettes chez Microsoft. Le géant de l'informatique venait de découvrir une grande famille de programmateurs complètement passionnés. Prêts à travailler gratuitement dans leur lit, en pyjama, avec leur copine et à partager généreusement leurs découvertes. Tout ça pour améliorer un projet commun. Tout ça pour jouer ensemble. Tout ça grâce à Internet, évidemment !
En 1960, Steve Wozniak est au CM2 dans une école de Californie.
Les ordinateurs existent, bien sûr, mais ils prennent beaucoup de place. Des pièces entières dans les sous-sols des centres de recherches les plus prestigieux. Personne n'imagine seulement en avoir un chez soi, encore moins jouer avec ni même y surfer sur Internet. Personne, sauf le jeune Steve. Lui en rêve. Un rêve qui vire à l'obsession. Il devra pourtant attendre encore quelques années avant de parvenir à le réaliser.
Des années à participer aux foires aux sciences locales, à construire des équipements de radioamateurs, à inventer une super calculatrice, à démonter des machines, à en concevoir sur papier (toujours avec moins de composants électroniques ), à éplucher les manuels d'informatique, à se perfectionner en logique, à devenir président du club d'électronique de son établissement, à faire des blagues aussi, beaucoup de blagues, à fabriquer une Blue Box et à sympathiser avec Captain Crunch.
Il devra aussi se faire un bon copain au lycée. C'est important, les copains. Il s'appellera Steve Jobs, sera dingue d'informatique et n'aimera pas trop les études. En revanche, il cherchera un truc à faire dans la vie. Et tous deux seront bien d'accord sur un point : pourquoi les ordinateurs sont-ils si compliqués d'utilisation ? Après quelques réunions au Homebrew Computer Club, les deux Steve, Jobs le businessman et Wozniak l'ingénieur, créeront et commercialiseront le premier micro-ordinateur, l'Apple I.
C'était en 1977.
En 1979, John Roméro a un BMX. C'est très utile pour aller jouer aux jeux d'arcade installés dans les centres commerciaux américains qui, depuis les années 70, dominent le monde des jeux électroniques. Le samedi matin, à 7 h 30, il fonce à la faculté de Sierra où les étudiants lui apprennent à programmer des unités centrales Hewlett Packard de la taille d'un réfrigérateur. En 1979, John Carmack est en CM2. Il n'a pas de BMX, lui. En revanche, il a un ordinateur et il sait pénétrer dans le logiciel de ses jeux préférés. Son truc : repérer les lignes de codes des personnages et les modifier pour les doter de pouvoirs supplémentaires ! Inutile de préciser que les parents de ces deux garçons désapprouvent fortement le passe-temps de leurs fils. Mais, les premiers ordinateurs de salon allaient arriver sur le marché et ils ne pourraient pas faire grand-chose pour empêcher les deux John de monter leur boîte de production, de créer Commander Keen, Wolfenstein 3D, Doom et Quake, de révolutionner le monde des jeux vidéo et de devenir milliardaires à vingt-deux ans en travaillant la nuit, en mangeant des pizzas et en écoutant du Heavy Métal.
George Hogg, jeune Anglais de 22 ans, fraîchement diplômé d'Oxford, se pose des questions sur son destin. Ses amis envisagent la fonction publique ou la finance. Lui rêve d'aventure. En 1937, le monde peine à sortir de la crise : de grands conflits se profilent. Le hasard - une tante pacifiste - l'emmène en Chine. Le pays est dévasté par la guerre civile et la guerre avec le Japon. Le jeune homme devient correspondant, s'engage auprès des civils, frôle la mort, assiste aux effroyables massacres de Nankin. Dans la vallée du mont Tsingling, George rencontre enfin son destin : directeur d'école. Une école sans livres, sans chauffage, sans toit, sans lit, où déambulent de jeunes orphelins affamés, couverts de gale et infestés de poux. Il faut tout reconstruire, nourrir ces enfants, leur apprendre un métier, les protéger de l'armée chinoise qui recrute et des Japonais qui attaquent. Et, au plus profond de l'hiver 1944, déplacer l'école à 1 126 km au nord du pays pour sauver les élèves d'une guerre qui, entre 1937 et 1945, tua plus de 15 millions de Chinois.