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Diaphanes
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L'anarchie - pour ainsi dire : conversations avec Mehdi Belhaj Kacem, Nika Dubrovsky et Assia Turquier-Zauberman
David Graeber
- Diaphanes
- 24 Mars 2021
- 9782889280452
Les entretiens de David Graeber (avec Mehdi Belhaj Kacem, Nika Dubrovsky et Assia Turquier-Zauberman) redéfinissent les contours de ce que pourrait être une morale anarchiste aujourd'hui.
Tant par ses grands concepts comme ceux de la dette, de la bureaucratie ou des bullshit jobs, que par son implication cruciale dans le mouvement Occupy Wall Street, David Graeber était l'un des plus influents penseurs de notre temps. Au contraire de bien d'intellectuels « engagés », il était l'un des très rares à avoir fait preuve d'une efficacité militante à répercussion mondiale.
Se revendiquant depuis toujours anarchiste, dans ce livre d'entretiens avec Assia Turquier-Zauberman, Nika Dubrovsky et Mehdi Belhaj Kacem, Graeber parle tant sur l'histoire de l'anarchie que sur sa pertinence contemporaine et sur son avenir; tant sur les liens qui unissent l'anthropologie à l'anarchisme qu'aux « traces ADN » de celui-ci dans le mouvement d'OWS ou dans celui des Gilets jaunes; sur la signification de l'éthique anarchiste non seulement dans sa portée politique, mais esthétique et artistique, sexuelle et amoureuse...
Avec une verve étonnante de vivacité, de drôlerie et d'érudition, le présent livre contribue à redéfinir les contours de ce que pourrait être, comme le disait Kropotkine, une « morale anarchiste » aujourd'hui.
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Le merveilleux saloon de McSorley ; récits new-yorkais
Joseph Mitchell
- Diaphanes
- 5 Avril 2016
- 9782889280216
New York, années trente à cinquante. Voilà bien longtemps que les reportages, portraits et récits de Joseph Mitchell font partie des grands classiques de la littérature américaine. Il était donc grand temps de faire traduire ces récits fourmillant de personnages originaux et d'événements improbables.
Parus entre 1938 et 1955 dans le journal The New Yorker, les textes réunis dans le présent recueil, livre de chevet de Paul Auster, de Jonathan Lethem ou encore de Woody Allen, dessinent une sorte de tableau animé d'un milieu populaire new-yorkais en proie à une lente disparition. Avec ces portraits fouillés, le mythique père fondateur du « New Journalism » démontre de manière inégalée que le reportage de terrain peut être une discipline littéraire à part entière qui se lit avec gourmandise.
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Peter Kurzeck travaillait depuis une quinzaine d'années à un cycle qui devait comporter douze volumes et qu'il avait intitulé Le vieux siècle, quand la mort est venue l'interrompre. Ce texte d'abord conçu comme une préface à un petit livre sur un quartier de Francfort, le quartier de la gare détruit par la spéculation immobilière des années 60 et 70, s'est épaissi à mesure du temps, cherchant à embrasser l'année 1983/1984 et bien au-delà, suivant les méandres du récit et de la mémoire, remontant à l'enfance, la jeunesse, recouvrant le passé, recouvrant la vie. C'est l'entrée dans un monde unique, cohérent, consistant - un univers.
On le compare souvent à Joyce pour la complexité de ses structures narratives, à Proust pour son fétichisme de la mémoire, ou à Doblin pour ses personnages de petits bourgeois. Mais pourquoi le comparer ? Le nom de Kurzeck se suffit à lui-même... -
Philosophies singulières : conversation avec Michaël Crevoisier
Bernard Stiegler, Mehdi Belhaj Kacem
- Diaphanes
- 14 Septembre 2021
- 9782889280667
Mehdi Belhaj Kacem et Bernard Stiegler échangent à propos de ce qui les lie à la philosophie.
Rarement les philosophes dont la formation s'est faite à l'écart de l'université se sont entretenus. Le temps d'une conversation Mehdi Belhaj Kacem et Bernard Stiegler se sont prêtés au jeu, échangeant à propos de ce qui les lie à la philosophie. Inévitablement, la mort tragique de Bernard Stiegler, survenue un an plus tard, donne à lire ce texte avec un regard affecté. L'enthousiasme des échanges nous fait sentir le mouvement vivant de ces philosophies à l'oeuvre.
En effet, bien que les oeuvres de ces deux auteurs soient singulières, l'une et l'autre procèdent d'une même exigence qui les place au centre de la tradition philosophique : produire un système conceptuel qui donne à penser la nouveauté de la situation historique. À quoi bon la cohérence d'une philosophie qui ne nous dirait rien de ce qu'est devenu le monde ? Que vaudrait l'abstraction conceptuelle si celle-ci n'était pas au service de la compréhension de ce qui nous transforme ? Ainsi, les deux auteurs nous appellent à ne pas oublier : l'enjeu de la philosophie n'est pas la philosophie. Cette exigence critique, la présente conversation la réfléchit à bras le corps, non sans détours et tourments, mais avec franchise et esprit de liberté.
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Se constituer soi-même comme sujet anarchique : trois essais
Reiner Schürmann
- Diaphanes
- 14 Septembre 2021
- 9782889280506
Le recueil de trois articles-charnières de Rainer Schürmann.
Deux des articles ici rassemblés, Que faire à la fin de la métaphysique ? et Des doubles contraintes normatives, sont des échos, respectivement récapitulatif et prospectif, des deux opus magnum de Schürmann, Le principe d'anarchie et Des hégémonies brisées. L'autre texte, Se constituer soi-même comme sujet anarchique, jette un éclairage tout à fait inédit sur ce qu'on pouvait déjà savoir à partir des deux autres textes, abondamment repris dans les deux ouvrages-phares de leurs auteurs. Ils les font lire différemment. C'est cet éclairage entièrement neuf, quant à la portée praxique que revêt la vaste méditation post-métaphysique de Schürmann, qui fait du présent recueil un inédit, au sens le plus plein du terme.
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« Le présent, ce n'est quand même pas seulement ici et maintenant. » Allemagne, année 1958 : dans le quartier rouge qui s'étend aux abords de la gare de Francfort, le jeune Peter Kurzeck entame une aventure littéraire à laquelle il n'a toujours pas mis de point final. Tableau d'une entrée mouvementée dans la vie, Un été sans fin restitue la magie séductrice d'une grande ville dans l'Allemagne d'après-guerre à travers une réflexion sur la force poétique du souvenir. Car pour Peter Kurzeck, ce qui a été vécu reste pour toujours à portée de main. Au lieu d'assujettir ses récits à un mode de narration linéaire, l'écrivain préfère galvaniser le temps, les souvenirs et les images intérieures : suivre les méandres de l'existence, être à l'écoute des associations d'idées, rassembler des instantanés, s'attarder sur certains détails et restituer des ambiances. Régulièrement comparé à James Joyce pour la complexité de ses structures narratives, à Marcel Proust pour son fétichisme de la mémoire, à Alfred Döblin pour ses personnages de petits bourgeois, d'ouvriers et d'alcooliques citadins, Peter Kurzeck est certainement l'un des plus illustres - et injustement méconnus - représentants de la littérature allemande contemporaine.
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Un dialogue entre le philosophe et l'historienne de l'art autour de la rencontre.
D'une rencontre est né un dialogue au sujet de la rencontre : un étonnement partagé de la possibilité qu'ait lieu l'incalculable, l'imprévisible et l'irréductible. Une curiosité pour la justesse de ce qui n'a été ni concerté ni décidé.
Hasard, providence, intrication quantique, rituel, animisme, étreinte ou porosité, pensée ou art sont autant de tentatives de tourner autour de ce qui nous échappe quand nous nous rencontrons. Et autant de façons de se rencontrer là où la philosophie reconnait que l'art lui échappe.
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L'ouvrage testament et magnum opus du philosophe allemand d'expression française : une interprétation monumentale et radicalement nouvelle de l'histoire de la philosophie occidentale et de ses faillites, immense fresque historique où se déploie toute l'originalité de la pensée de Reiner Schürmann.
« Le b-a ba du métier n'est-il pas d'assurer un fondement, non-fondé mais capable néanmoins d'ancrer les prémisses m'instruisant sur ce que je puis savoir et sur ce que je dois faire ? Comprise ainsi, la norme ne se justifie pas ; en quoi elle est fantasmatique. Mais elle justifie tout ce qui peut devenir phénomène pendant l'époque linguistique à laquelle elle imprime sa marque ; en quoi elle est hégémonique. S'il s'avère qu'un tel référent non-référable à quelque instance supérieure se maintient tant que prédomine une langue, alors l'histoire à retracer sera celle des fantasmes hégémoniques grec, latin, et moderne. Un fantasme est hégémonique quand toute une culture s'y fie comme si elle tenait là au nom de quoi parler et agir. Pareil représenté-chef (hêgemôn) travaille le singulier qui est indicible, en le disant part d'un tout. Les hégémonies tournent le singulier en du particulier. Il s'agira donc de retracer une histoire de soumissions par nous-mêmes encourues. » « Je n'aurais sans doute jamais entrepris d'écrire ce livre si, étranger, je ne vivais pas au milieu du peuple occidental le plus brutalement idéologique en cette fin de siècle : peuple qui, tout aussi brutalement, dénie non seulement les singularités, mais encore ses propres maximisations et fantasmes idéologiques. »
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Le principe d'anarchie. heidegger et la question de l'agir
Reiner Schürmann
- Diaphanes
- 1 Février 2022
- 9782889280926
Interprétation audacieuse et vivifiante de l'une des oeuvres philosophiques les plus marquantes du XXe siècle, Le principe d'anarchie a influencé de nombreux philosophes français contemporains. Trente ans après la première publication, la présente réédition témoigne que cette oeuvre longtemps épuisée n'a rien perdu de son actualité ni de sa force.
Par une lecture à rebours de l'oeuvre de Martin Heidegger, Reiner Schürmann vise à mettre au jour ce qu'il identifie comme son impensé : le principe d'anarchie. Affirmant que le projet de destruction de l'ontologie annoncé dans Être et temps n'est pleinement intelligible qu'à partir des derniers jalons de cette pensée, Schürmann fait ainsi apparaître ce que Heidegger n'avait pu expliciter lui-même. Selon lui, la question de l'être telle qu'elle est posée par le philosophe de Fribourg est indissociable de celle de l'agir. Déconstruisant la métaphysique occidentale, Heidegger aurait ainsi sapé toute possibilité de donner une arché à l'action humaine. Le paradoxe d'un principe d'anarchie, principe de « dépérissement de la règle », est aux yeux de Schürmann ce qui permet de penser l'ambiguïté de la transition opérée par Heidegger.
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Dialogue entre Judith Butler et Athena Athanasiou : le débat tourne autour de ceux qui ont perdu leur pays, leur nationalité, leurs biens, tous ceux qui ont été expropriés de leur appartenance au monde. Que signifie cette précarité, cette perte fondamentale, dans une société capitaliste dominée par la logique de la possession ? Est-ce que cette conscience d'expropriation peut amener à une nouvelle forme de résistance, apporter une réponse politique à ceux qui ont été déchus de leurs droits, de leurs biens, en un mot, des conditions de base de la vie elle-même ?
Les soulèvements révolutionnaires au Moyen-Orient et au Maghreb, comme les manifestations sur la place Puerta del Sol, la place Syntagma et le parc Zucotti établissent une nouvelle économie politique et affective du corps dans l'espace public. La rue est l'endroit par excellence des expropriés - de ceux qui défient les forces de police et qui se regroupent spontanément dans des collectifs pour lever la voix, pour être vus et entendus. Le livre offre une introduction à la complexité des nouvelles formes de privation de droits, de dépossession et de contestation politique. Une réflexion sur la puissance du perfomatif ainsi que sur la perte de pouvoir du sujet souverain et moral classique.
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Pierre Guyotat. La parole visible est un livre d'artiste conçu par l'architecte Patrick Bouchain, à l'occasion des deux expositions de Pierre Guyotat au Musée National d'Art Moderne - Centre Georges Pompidou et à la Cité Internationale de la langue française. Patrick Bouchain opère comme le trait d'union entre les deux projets.
Cet ouvrage constitue une lecture par Patrick Bouchain de l'oeuvre et de son amitié avec Pierre Guyotat, ainsi qu'une analyse, par lui et par toutes les figures participantes, issues de la communauté créative de Pierre Guyotat, du pouvoir que tient, dans l'oeuvre de l'auteur, l'alliance entre la vision et la parole, l'image et le poème. Elle s'inscrit ainsi dans la dualité des deux événements : le Musée National d'Art Moderne présente la donation Régis Guyotat, constituée de centaines de dessins réalisés par Pierre Guyotat, et la Cité Internationale de la langue française ses Leçons sur la langue française.
Cette ouvrage polyphonique est entièrement conçu et mis en page par Patrick Bouchain. Il intègre une enquête sur la parole visible de Pierre Guyotat, avec la participation de Claude Arnaud, Stephen Barber, Miquel Barceló, Juliette Blightman, Bernard Blistène, Paul Buck, Daniel Buren, Pierre Chopinaud, Michael Dean, Simone Fattal, Colette Fellous, Michaël Ferrier, Maximilian Gillessen, Régis Guyotat, Yannick Haenel, Jacques Henric, Xavier Hufkens, Emmanuelle Huynh, Niranjani Iyer, Colette Kerber, Selma Laghmara, Michèle Lamy, Jack Lang, Bertrand Leclair, Mara McCarthy, Paul McCarthy, Frank Madlener, Pierre-Alexandre Mateos et Charles Teyssou, Bernardo Montet, Jean-Luc Moulène, Gérard Nguyen Van Khan, Thierry Thieu Niang, Stanislas Nordey, Chiara Parisi, Philippe Parreno, Emmanuel Pierrat, Jean-Michel Rabaté, Bruno Racine, Ariana Reines, Andy Robert, Tiphaine Samoyault, Devika Singh et Noura Wedell.
Préfacé par Laurent Le Bon et avec un avant-propos de Paul Rondin, il est ouvert par un texte de Régis Guyotat et introduit par une conversation entre Patrick Bouchain et Donatien Grau, ainsi que par un entretien inédit entre Pierre Guyotat et Hans Ulrich Obrist. -
Les médias de masse forment un système qui s'autoalimente indépendamment de toute intervention extérieure, dans lequel nous avons pris l'habitude d'évoluer sans le questionner. Niklas Luhmann propose une analyse minutieuse des modes de fonctionnement de ce système, de ses implications et des sélections simplificatrices qu'il opère au sein de la complexité et de la contingence définissant le monde. Selon lui, l'actualité émerge ainsi au sein des médias de masse en suivant des règles précises et en respectant les constructions que ceux qui l'écrivent ou la filment plaquent sur le réel. Ils façonnent la réalité tout autant qu'ils la décrivent. D'une actualité indiscutable, cet essai invite à reconsidérer la manière dont le monde se conçoit lui-même.
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Depuis la crise de 2008, les États subviennent aux besoins des organismes financiers et imposent à la société la dictature du marché : un scénario défini dans ce recueil d'essais de l'économiste Christian Marazzi comme un « socialisme du capital » qui pourrait bien constituer la nouvelle forme du régime capitaliste.
« La crise constitue le moment où une partie importante du capital humain est détruite, brisée, comme cela se produit pour les machines qui sont amenées à la casse. » Depuis l'effondrement des banques en 2008, le capitalisme semble être entré dans une phase de stagnation durable, mais aussi dans une instabilité géopolitique et monétaire. Le scénario qui se joue sous nos yeux évoque une sorte de « socialisme du capital » : l'État, qui subvient aux besoins des « soviets de la finance », impose à la société la dictature du marché. Plutôt qu'un effet parasite du capitalisme, cette financiarisation pourrait bien constituer la forme aussi essentielle que perverse de son nouveau régime. Les textes rassemblés dans le présent recueil analysent et commentent les changements économiques survenus ces dix dernières années en revenant sur leurs acteurs principaux, sur certains symptômes de la crise ainsi que sur des phénomènes qui ont pu apparaître jusque-là comme marginaux. Loin d'adopter une approche simplificatrice ou moralisante, Christian Marazzi relit les enseignements de Michel Foucault sur la biopolitique pour tenter d'interpréter les bouleversements contemporains comme des transformations fondamentales du politique.
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La version bilingue (français / anglais) d'Artaud le Mômo, l'oeuvre poétique la plus extraordinaire de la dernière période de la vie d'Artaud, depuis son retour à Paris après une incarcération de neuf ans dans les institutions psychiatriques françaises. L'ouvrage respecte les directives graphiques voulues par le poète pour l'édition originale de 1947. Avec huit dessins originaux d'Artaud.
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Comme toute autobiographie qui se respecte, celle-ci fait de la naissance de son protagoniste un mythe fondateur : « Riez, non pas de joie comme si vous aviez entendu quelque chose de drôle, mais pour relâcher la tension abdominale », conseille un médecin mélancolique à la mère du futur George Tabori pour déclencher sa naissance. Conseil qui ne manquera pas de déterminer la vie de ce dernier, dans laquelle l'humour - toujours plus noir - tiendra une place prépondérante. Et s'avèrera nécessaire pour résister à l'hostilité ambiante, à commencer par celle de son frère, qui déclare à la vue du nourrisson : « Je vais le balancer dans le Danube. » À l'exception de quelques interviews, George Tabori, fils d'intellectuels juifs, ne s'était encore jamais raconté. Entre tendre ironie envers les femmes de son enfance - sa mère, dénuée de tout mystère, lui est mystérieuse précisément pour cette raison - et culpabilité d'avoir survécu au génocide qui a décimé sa famille, il fait balancer les cinq récits qui composent Autodafé entre pathos et drame, accordant une grande place à l'absurde et au théâtre. Et livre, au-delà de ces portraits touchants, une peinture lucide de cette société en proie à la montée du nazisme.
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« Les solutions se trouvent toujours dans la rue, dans le trafic. » Les chaînes privées allemandes ne sont pas vraiment réputées pour le niveau élevé des débats qu'elles diffusent; la surprise est d'autant plus grande pour le zappeur qui, aux alentours de minuit, tombe sur ce genre de phrases : « La superstition économique est un peu comme l'éventail des vertus bourgeoises » ou « Les solutions se trouvent toujours dans la rue, dans le trafic. » Aucun doute : il s'agit d'une des émissions culturelles les plus remarquables - au sens plein du mot - d'Alexander Kluge. Kluge a trouvé en Joseph Vogl un partenaire idéal pour sa technique d'interview si caractéristique. Le résultat de cette passion commune, ce sont plus de 40 interviews télévisuelles qui renouvellent le genre en profondeur. La digression, maniée avec un talent particulier, n'y est jamais gratuite.
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« C'est seulement lorsqu'on la raconte que l'attaque aérienne devient réelle, perceptible ».
À sa parution en 1977, Der Luftangriff auf Halberstadt am 8. April 1945 d'Alexander Kluge a provoqué un véritable choc. Traduit en français pour la première fois, ce montage implacable de textes et d'images, irrigué par une matrice autobiographique, explore en une fiction documentaire la destruction de sa ville natale à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Prenant toute la mesure du désastre, il met au jour le quadrillage et le concassement des territoires, des terres et des chairs, tout en préservant les possibilités de faire face à la catastrophe. Alors se construitun témoignage à la fois individuel et collectif. Loin de réduire la complexité historique à une représentation linéaire, l'auteur produit ainsi un récit éclaté et sans fard.
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Dès ses débuts les dessins numériques font le fond de l'oeuvre complexe d'Yves Netzhammer. Comme toutes les autres formes d'expression de cet artiste extraordinaire ils déploient un cosmos autant poétique que réfléchi. Parfois ses pensées- images sont abstraites, parfois enjouées, drôles, bizarres, cauchemardesques...
Mais toujours il y révèle avec une plus grande clarté une idée inouï, une pensée originale en naissance. Avec une évidence tout à fait étonnante Netzhammer met en scène à la vue de tous l'interaction des corps et des appareils, les métamorphoses des objets en hommes, la transmutation des bêtes en architectures.
« Concave Thoughts » est un livre dessiné de centaines d'histoires possibles, un livre artiste comme espace-livre, un univers de poche, un vade-mecum pour les penseurs en images, un story-board d'un artiste à la page.
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Après la crise ; états contemporains de la photographie
Donatien Grau, Christoph Wiesner, Collectif
- Diaphanes
- 31 Octobre 2019
- 9782889280490
Après la crise constitue une plate-forme internationale de discussion entre artistes, écrivains, théoriciens, curateurs et historiens questionnant le statut même de la photographie aujourd'hui, notre relation à l'image, ainsi que les dimensions politiques et culturelles de celle-ci, à partir d'une mise en perspective de l'image photographique contemporaine à l'ère numérique avec la crise de la représentation à l'époque de la naissance de la photographie.
Les contributeurs viennent aussi bien de la théorie critique, du roman, de la performance, de la photographie de mode, des musées, du film et du design, mais ils abordent chacun la question du support photographique. Dans leurs conversations, l'histoire de la photographie et sa pratique contemporaine ne sont jamais séparées : la photographie est conçue en dehors du cadre limité de notre obsession du numérique. En comparant la situation actuelle des images photographiques avec la crise vécue par la représentation à l'époque de la naissance de la photographie dans les années 1820 et 1830, nous comprenons qu'il faut mettre en perspective la radicalité de notre relation à l'image photographique. Nous pouvons ressentir le fardeau existentiel d'être entouré d'images, tout en essayant de mieux comprendre la profondeur historique d'un questionnement qui a commencé bien avant la génération actuelle qui se livre à des interrogations cruciales de notre époque en termes de politique, de culture et de créativité. Cette crise de la représentation est peut-être arrivée à sa fin et a été remplacée par un nouvel état du monde dans lequel la concurrence entre peinture et photographie n'est plus le seul et unique problème.
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Qu'est-ce que l'art contemporain ?
Alexander Garcia duttmann
- Diaphanes
- 31 Octobre 2019
- 9782889280476
L'art contemporain comme question philosophique : un essai sur les relations entre art et politique et sur la manière dont la prétendue radicalité de l'art contemporain apparaît comme liée voire assujettie à l'idéologie libérale actuelle, à l'encontre de la possibilité de tout changement social effectif.
Il est difficile de concevoir un art qui soit aussi étroitement lié à son présent que ne l'est l'art contemporain. En effet, l'art contemporain est issu d'une rupture inouïe avec les pratiques artistiques du passé. Il semble prendre son point de départ dans une profonde amnésie par rapport à ce qui le précède. Les distinctions esthétiques traditionnelles, entre forme et contenu, autonomie et hétéronomie, ou oeuvre et critique, ne sont plus pertinentes quand il s'agit de cet art.
Mais qu'est-ce alors que l'art contemporain ? Cette question a pu être posée par l'historien, le théoricien, voire le sociologue de l'art. Mais elle n'a pas encore été soulevée comme question philosophique - comme question qui cherche à établir l'essence de l'art contemporain. La réponse donnée, dans ce livre, à ladite question est double. D'une part, elle est positive: dans son essence, l'art contemporain est la fiction d'un pur faire. D'autre part, elle est négative : l'art contemporain est le site où se révèle comme nulle part ailleurs l'idéologie politique du capitalisme néolibéral.
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« La lumière est traumatique. Ta bouche hagarde. Tu dois raconter. » Une femme parle toute seule, ses pensées s'enferment dans un cocon excentrique, sa langue incise l'enveloppe d'un monde étouffant, tout se mue, hors d'haleine, jusqu'à ce que ses aigus pénètrent le corps d'une violence.Papillon de verre est un vol frénétique contre la glace d'un amour disparu, une descente en piqué au coeur des désirs, une sortie de la chrysalide vers la pleine liberté.« Le mot comprendre est une infamie : À peine avais-je commencé de lire Papillon de verre que j'ai su à qui j'avais affaire. »Simon Liberati« Violoncelles en fugue, violentes cascades, violence prédatrice, violence cryptée, violoncelliste virtuose... »Jean-Luc Nancy
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Ce numéro unit un étrange couple, fait rimer skill avec kill et junk avec spunk, écrits Dolls, Pistols et Clash dans l'alphabet grec et en termes latins, invite à se confronter au passé, ouvre des perspectives d'avenir en paysages de textes et en proclamations à grands cris.
Qu'y a-t-il encore à lire dans les provocations du passé ? Quelle est cette liberté qui force un texte à prendre sens ? Pourquoi la philologie n'est-elle pas une île face aux barbares, alors que punk signifiait la « la sciure pourrie dont on fait de l'amadou » ? Pouvons-nous exister simultanément avec le punk, son programme d'intersectionnalité politique, et dans l'abandon de soi-même ?
Dan-el Padilla Peralta s'exerce à l'anti-commentaire. Dennis Cooper et Richard Hell trouvent la vraie vie dans les livres. Cosey Fanni Tutti détaille le script de son strip. Sina Dell'Anno nous parle avec bonheur de la tristesse de la lecture. Yannick Haenel évoque les démons rouges et noirs de son passé. James Spooner souligne les fondements textuels de l'Afropunk. Simon Critchley dévore le temps avec ses oreilles. David Rimanelli demande à « Se faire baiser », tandis que Charlie Engman montre pourquoi le contexte règne. Donatien Grau, à la tête de ce bizarre orchestre, nous fait traverser un univers hybride encore méconnu, et nous offre le quatrième accord du punk. -
Ci-gît précédé de La Culture Indienne, deux des plus grandes oeuvres poétiques de la dernière période de la vie d'Antonin Artaud (version bilingue français / anglais).
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Pierre Guyotat et l'Algérie
Catherine Brun, Donatien Grau, Guillaume Fau, Collectif
- Diaphanes
- 1 Janvier 2024
- 9782889280964
Pierre Guyotat est une figure majeure, avant même Tombeau pour cinq cent mille soldats et bien au-delà, de la mémoire la guerre d'indépendance algérienne. Idiotie est l'une des oeuvres récentes les plus importantes sur ce sujet. C'est le fait de la guerre, vécue en appelé jugé récalcitrant et mis au cachot, mais aussi des voyages post-indépendances, de la rencontre avec la langue, la géologie, la faune et la flore algériennes, de la défense publique de Mohammed Laïd Moussa. Les fictions, les carnets sont marqués par l'empreinte des corps, des langues, de la terre algériens.
Guyotat contribua aussi à établir, dans la création et l'action publique, des relations nouvelles, post-indépendance, à l'Algérie, ses auteurs, et les personnes qui en étaient originaires également en France.
Cet ouvrage offre la parole à des figures de la recherche et de la création issues d'Algérie, de France et d'ailleurs. Il permet de découvrir un regard unique sur l'Algérie, affectueux et savant, celui d'un des plus grand auteurs de langue française.