Filtrer
Rayons
Support
Éditeurs
Langues
Bord De L'Eau
5 produits trouvés
-
REVUE TETE-A-TETE n.2 : témoigner
Collectif
- Bord De L'Eau
- Revue Tete-a-tete
- 22 Novembre 2011
- 9782356871497
« Témoigner » pose la question de la médiation vers autrui de ce qui a été vu, entendu, vécu, donc nécessairement passé au crible de la parole, de l'image ou du texte.
Les transformations, les écarts, même infimes, que suppose toute adaptation au médium choisi semblent faire de l'erreur et du mensonge des données consubstantielles à l'acte de témoigner. Autant qu'à celui qui témoigne, on pourra s'intéresser à la valeur de l'acte, perçu et jaugé à l'aune des preuves avancées et de leur mise en forme. Entre ce qui relèverait du devoir de mémoire institutionnalisé et d'un voyeurisme garantissant les petits succès d'audience, s'ouvre un large spectre où l'indécence et la vertu ne sont pas forcément là où on les attend.
Le témoin, c'est aussi l'objet que l'on se passe de main en main pour écrire l'histoire. Si le documentaire a toujours soigné ses effets de véracité, la fiction n'a pas manqué de les exploiter dans une esthétique du témoignage qui vise la mise en place d'un régime de croyance. Cependant, ce sont aujourd'hui certaines images « low tech » qui semblent investies d'une nouvelle crédibilité. À l'instar de ces « pocket-films » tournés sur téléphone portable dans les rues du Caire ou de Benghazi, de nouveaux médias privilégient le témoignage comme relation directe, « im-médiate », entre la source de l'information et son public.
Ces clichés, films et textes circulant sur la toile nourrissent l'illusion d'une mondialisation du vrai, d'une image enfin « juste », libérée des grands groupes de presse et des États, mais aussi de toute mise en forme. La vérité des caméras de surveillance en somme. Mais qui est le témoin ? Celui qui est filmé, ou celui qui filme ? Celui qui raconte ou celui qui est raconté ? Comment les récits et les oeuvres issus d'un matériau brut transformé, peuvent-ils encore nous dire quelque chose du monde alors que ce même monde entre déjà dans nos maisons sans filtre ?
-
-
REVUE TETE-A-TETE : pirates
Collectif
- Bord De L'Eau
- Revue Tete-a-tete
- 24 Novembre 2015
- 9782356873910
Bandit de grands chemins, des mers ou de l'internet, le pirate fait fi gure de voleur patenté qui peut commettre le pire pour servir son propre intérêt. Ces spoliations violentes peuvent pourtant tenir de l'héroïsme quand elles visent le détournement ou la mise en faillite des systèmes aux fi ns d'une redistribution des savoirs et des biens. La lutte contre certains dispositifs jugés liberticides peut aussi bien mener les pirates à recouvrer leurs droits qu'à laisser place au libéralisme sauvage le plus dommageable pour une démocratie tenue par ses lois. Vulgaires criminels de droit commun ou véritables résistants, fi gures littéraires et cinématographiques ou héros cachés d'une organisation souterraine, les pirates, avec ou sans code d'honneur, hantent ainsi les revers du monde, qu'ils proposent des alternatives de survie, d'authentiques plateformes pour contourner les lois ou qu'ils organisent des raids informatiques à l'instar de certains collectifs qui défraient la chronique.
Mobile et opportuniste, prompt à investir les zones de non-droit et les terres franches, le pirate est doué d'une habileté, d'un savoir-faire : celle du faussaire, du passe-muraille qui se glisse dans les brèches pour infi ltrer et défi er les tenants d'un ordre qu'il veut déjouer au risque d'être assimilé au terroriste qu'il n'est pas toujours. Cette ambivalence de la fi gure du pirate est aux fondements de certains positionnements esthétiques qui animent les domaines de la création artistique. S'émanciper des standards et des monopoles qui conditionnent tant la production, la diff usion que la commercialisation des oeuvres apparaît alors comme l'un des enjeux possibles d'une piraterie contemporaine. Se réapproprier des espaces, réinventer leur défi nition pour les restituer dans des usages plus diff érenciés et plus spontanés tient aussi de cette ambition.
La veille active des organisations pirates, qu'elle soit anonyme ou non, clandestine ou revendiquée, silencieuse ou tapageuse, échappe aux catégories habituelles du droit et interroge les principes de la propriété intellectuelle, de la circulation des biens et des idées mais aussi la légitimité des gouvernances. Parti pirate ou punk attitude, roman d'aventures ou essai insurrectionnel, activisme forcené ou performances dans l'espace public, défense des libertés fondamentales ou plateforme criminelle : autant d'enjeux socio-politiques et esthétiques dont les artistes et penseurs de ce numéro explorent les trésors et les profondeurs.
-
REVUE TETE-A-TETE n.4 : catastrophe !
Collectif
- Bord De L'Eau
- Revue Tete-a-tete
- 22 Novembre 2012
- 9782356872104
La planète est en danger, le monde court à sa perte, nos jours sont comptés. Les scientifiques, relayés par les écologistes, ne cessent de nous mettre en garde devant le réchauffement climatique, la déforestation, la raréfaction des espèces... Catastrophe et progrès semblent plus que jamais l'avers et le revers d'une même médaille, comme l'affirmait Hannah Arendt. À chaque nouvelle catastrophe, nous entendons sonner le glas du séjour de l'homme sur Terre. Plus de châtiment divin, mais une éco-responsabilité qui nous poursuit jusque dans notre bain. Millénarisme culpabilisant, ou bien péril réel qui place l'homme à l'origine et au centre de sa perte ?
Aux catastrophismes divers nous répondons à grands coups de " principe de précaution ", de " risque zéro " et de " cellules psychologiques ". Les discours sécuritaires s'alimentent des images de destruction venues de partout et diffusées sur les écrans du monde entier. Le spectacle des souffrances humaines donne lieu aux récupérations les plus variées, médiatiques, politiques, religieuses, voire artistiques. À l'abri de ces manifestations de surface peuvent sans doute se maintenir en place des systèmes qui menacent l'humanité, l'intoxiquent, l'affament...
Danger véritable ou chiffon rouge agité devant nos yeux, la catastrophe, qu'elle soit naturelle, industrielle, humanitaire, militaire, politique ou financière est le lieu d'infinis fantasmes, mais aussi de critiques profondes du monde tel qu'il est. Des flamboyants films catastrophes (The Host de Bong Joon-ho) au roman épuré, post-apocalyptique, d'un Cormac McCarthy, sur le fond de nos désirs les plus troubles, se dessine l'image sombre, en négatif, de notre monde, en mettant à jour sa mécanique infernale. Pourtant, de la catastrophe peuvent naître aussi des trésors d'ingéniosité et de solidarités nouvelles. Effrayante et féconde, elle a le mérite de rendre l'avenir à son incertitude.
-
Partir. Voilà commune façon d'agir. Même en partant de rien, on ne trouve guère d'itinéraire qui ne dispose au choix, au renoncement, au sacrifice, au départ, au partage, à la rupture, à la fuite, à la mort. Aussi de tout homme, pour oraison, on finira par dire qu'il est parti, préférant à l'idée qu'il puisse être emporté la possibilité que son épique destinée ne s'arrête pas au dernier souffle. Le thème résonne donc d'enjeux vitaux et, par-delà l'emphase romantique dont il est frappé, on comprend qu'il occupe une place importante dans la pensée et les oeuvres. Nous invitons dans ce numéro les créateurs pour qui partir, que l'action soit volontaire ou forcée, imaginaire ou réelle, ponctuelle ou définitive, devient la condition pour faire oeuvre. Nombreux sont les artistes et penseurs dont la pratique est rivée à la question du départ, qu'ils en aient fait un sujet nodal, le moteur d'un projet ou encore un mode opératoire par lequel l'oeuvre se construit. Le thème est fécond et draine un large éventail d'univers qui nous parlent de voyage, de transit, d'exil, d'errance.
Partir, c'est faire la démonstration d'une capacité d'agir. Celui qui part a trouvé la force de trancher pour quitter par le geste ou la pensée, à moins qu'on ne l'ait rejeté, expulsé, ou qu'on ne soit venu l'enlever à ce qui enracinait son identité et sa conscience. N'y a-t-il pas dans l'acte de partir, quelles qu'en soient les raisons et les circonstances, ce mouvement ambivalent qui transforme la fin en commencement, la perte en découverte et l'exil en promesse de retour ? Ce déplacement, assumé ou contrarié, réel ou fictionnel, ne produirait-il pas sa propre énergie, celle des récits de voyage, des blogs, des road movies, des reportages, des romans d'aventures, des paysages arpentés ?
Si certaines pratiques réclament une vie nomade, d'autres naissent dans le fracas du départ. Cette vision initiatique du traumatisme, qui trouve un écho chez certains artistes ou penseurs, ne convient certainement pas pour qualifier toutes les démarches qui s'accomplissent par cette déterritorialisation. On peut s'interroger néanmoins sur ce qui relie ces formes d'expression à travers le temps et l'espace pour, peut-être, repérer la part constante de cette propension à rendre compte d'une expérience de l'étranger à l'aune de ce qu'on a quitté. Enfin, ce numéro tente d'approcher la diversité des moyens par lesquels s'engagent ces entreprises afin d'apprécier notamment si les outils contemporains de prévisualisation du monde et des parcours atténuent la solitude du départ et si le rapport à l'ailleurs en est modifié. L'observation attentive des représentations qui en découlent dit ainsi beaucoup de ce qui imprime au monde son mouvement.