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Klincksieck
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Revue études germaniques n.240
Collectif
- Klincksieck
- Revue Etudes Germaniques
- 31 Mars 2005
- 9782252035078
La revue Études germaniques a pour but d'informer avec un grand souci d'impartialité et d'objectivité scientifique tous ceux qui s'intéressent à la vie du monde germanique (Allemagne, Suisse, pays scandinaves et néerlandais, études yiddish et judéo-allemandes), aussi bien sur des questions qui touchent à la linguistique, à la littérature, à l'histoire, à la philosophie, à l'art, à la religion - en un mot à la civilisation - qu'à celles qui relèvent de l'actualité et qui sont étudiées dans un esprit de savants et non de partisans.
Concernant les années antérieures à 2004, seuls les numéros thématiques ont été référencés. Pour tout renseignement concernant la disponibilité d'un numéro ou son contenu, merci d'adresser vos demandes à courrier@klincksieck.com -
Signe et écriture
Revue Etudes Chinoises
- Klincksieck
- Revue Etudes Chinoises
- 23 Mai 2014
- 9782252038796
Vincent Goossaert: L'histoire moderne du taoïsme. État des lieux et perspectivesCet essai historiographique vise à rendre compte des nombreux travaux sur l'histoire du taoïsme depuis le XVIIIe siècle jusqu'à nos jours, qui sont récemment parus dans le monde chinois comme en Occident et au Japon. Les études taoïstes accordent traditionnellement une place prépondérante d'une part à l'anthropologie, et d'autre part aux études d'histoire ancienne, basées sur les textes canoniques. Cependant, de nombreux chercheurs placent désormais au coeur de leurs problématiques les transformations des institutions, des pratiques et des idées taoïstes dans le contexte des processus de modernisation sociale et politique, et font usage à cette fin de nouvelles sources désormais accessibles. L'essai évoque les paradigmes dominants en ce qui concerne les rapports entre taoïsme et modernisation (déclin et renouveau, sécularisation) et présente les approches les plus utilisées (histoire institutionnelle, sociale, locale et transnationale). Il propose ensuite de nouvelles directions de recherche: un catalogue général des textes taoïstes post-canoniques, une histoire de la destruction des temples et d'autres institutions et une cartographie taoïste.Chrystelle Maréchal: Trois mille ans de simplification des caractères chinois du processus spontané aux mesures normativesLa longue histoire de l'écriture chinoise a été marquée par une grande variabilité des graphies oscillant entre complexification et simplification, cette dernière tendance étant la plus notable. L'article retrace, exemples à l'appui, l'évolution du courant simplificateur de l'époque des Shang à nos jours et la façon dont certaines formes simplifiées se sont finalement imposées. Dans ce contexte, la liste définitive de plus de 2200 caractères simplifiés introduite en 1964 en République populaire de Chine apparaît comme la confirmation officielle d'une tendance historique présente dès les origines du système d'écriture chinois.Françoise Bottéro: Les graphies énigmatiques de l'impératrice W Zétin Bien qu'elles notent des mots, les graphies introduites par l'impératrice W Zétin à la fin du VIIe siècle font intervenir plusieurs modes de création graphique qui donnent l'impression qu'elles ne sont pas là pour remplacer des caractères d'usage courant. Leur structure graphique est en général utilisée pour accéder aux significations subtiles et connotations cosmologiques auxquelles elles sont censées renvoyer au-delà de la langue. L'exemple des caractères de W Zétin permet de montrer que si les caractères chinois semblent se libérer de la langue pour transcrire de «pures» idées ou des vérités cachées, c'est parce qu'ils oscillent entre deux approches sémiotiques différentes. La nature de l'écriture chinoise, qui offre une notation syllabique (morphémique) à partir de constituants sémantiques, favorise cette double approche.Rainier Lanselle: Écriture du message amoureux. À partir de l'Éventail aux fleurs de pêchers de Kong ShangrenLe célèbre chuanqi de Kong Shangren (1648-1718), le Taohua shan (L'Éventail aux fleurs de pêcher), est tout entier construit autour de la circulation d'un message. Celui-ci est très particulier, puisqu'il n'est pas à proprement parler écrit comme un texte, même s'il relève d'un certain tracé: il est constitué par un éventail accidentellement éclaboussé de sang, bientôt paré de couches nombreuses de significations, et destiné à devenir objet d'identification, symbole de reconnaissance, support où s'entrecroisent les signifiants subjectifs les plus divers. Voyageant entre envoyeur et récipiendaire, il est destiné à communiquer quelque chose. Mais son contenu, qui se dévoile largement comme un rébus, garde une part d'énigme qui est consistante avec la limite assignée à tout sujet de savoir ce qu'il dit vraiment, quand il s'adresse à l'Autre. Ce message n'est entièrement lisible pour personne, ni pour celui qui l'écrit, ni pour celui qui le déchiffre, et c'est à la situation amoureuse de révéler mieux qu'aucune autre ce qu'il en est d'un fond d'incommunicabilité qui, comme a pu le mettre en évidence la psychanalyse, est structurel à tout langage.Miao Lin-Zucker: Une perspective didactique sur les typologies sinographiquesParmi les capacités cognitives, le geste classificatoire est primordial. Il sert à mieux appréhender la connaissance, afin d'en faciliter la mise en mémoire et de faciliter à terme l'identification ultérieure de nouvelles connaissances. Face aux sinogrammes à mémoriser, l'apprenant de chinois a besoin également de ce geste classificatoire, afin de les penser et les classer en vue de les acquérir. Or, les typologies sinographiques existantes, qu'elles soient orthodoxes ou modernes, manquent souvent de cohérence et ne sont donc pas bien adaptées à l'apprentissage et à l'enseignement. Nous abordons ici la problématique de la définition d'une typologie sinographique adaptée pour la didactique en langue étrangère sous l'angle de la théorie constructiviste de l'acquisition de la connaissance. Une telle typologie se doit de revêtir un caractère à la fois évolutif et adaptable, afin de répondre au fait que la perception sinographique de la part de l'apprenant évolue au fur et à mesure de l'apprentissage et dépend aussi du profil pédagogique de chacun. En prenant appui sur ce cadre théorique constructiviste, cette étude propose une déclinaison des typologies sinographiques dans une perspective didactique. L'esprit central de cette typologie est de se placer du point de vue de l'apprenant, en particulier quant aux inférences qu'il peut faire sur le rôle des composants de chaque caractère tout en gardant la grammatologie comme cadre de référence absolu.
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Revue de littérature comparée n.4
Revue De Litterature Comparee
- Klincksieck
- Revue De Litterature Comparee
- 25 Novembre 2010
- 9782252037652
Marie-Pierre Harder - Dialectique du sujet et virilité héroïque : la fable d'Hercule à la croisée des chemins et la question du genre
Isabelle Durand-Le Guern - Notre-Dame de Paris ou l'intériorisation du gothique
Anna Lushenkova - La vie « pleinement vécue » selon Marcel Proust et la « vie "pleine" » d'après Ivan Bounine
Brian Duffy - Journey to the Desert and Other Motifs in Albert Camus' "La femme adultère" and Richard Ford's "Abyss"
Études critiques
Daniel-Henri Pageaux
Iberica VI 211
Yves Chevrel
In Memoriam Henry H. H. Remak
Comptes rendus -
Supriya CHAUDHURI, Translating Loss: Place and Language in Amitav Ghosh and Salman Rushdie
Place, in the work of the postcolonial writer, is most often viewed under the sign of loss: either as threatened or as beyond recovery. If, as I suggest, this has something to do with the sense of loss attending all linguistic representation, it is most haunting and insistent in the act of translation. Beginning with some remarks on Milan Kundera's L'Ignorance (2000), a novel that examines questions of language, place and identity, this essay proceeds to analyse how two writers from the Indian subcontinent, Amitav Ghosh and Salman Rushdie, use language to mediate a sense of place in their writing. Focusing on Ghosh's The Hungry Tide (2004) and Rushdie's Shalimar the Clown (2005), two contemporary works that are strongly contrasted in terms of style, politics, language and treatment of landscape, I examine the consequences of translating experiences undergone in one language through the medium of another. Through this analysis, the essay seeks to arrive at some conclusions regarding writing, translation, and being-at-home in the world.
Dans l'oeuvre des écrivains post-coloniaux, le lieu apparaît souvent sous le signe de la perte : il est menacé, ou déjà perdu. Cela est dû à la perte qui accompagne toute représentation linguistique et qui est exacerbée dans le cas de la traduction. Prenant pour point de départ le roman de Milan Kundera, L'Ignorance, qui aborde les questions du langage, du lieu et de l'identité, cet article analyse la façon dont deux écrivains du sous-continent indien, Amitav Ghosh et Salman Rushdie, utilisent le langage pour s'inscrire dans l'espace. En m'appuyant principalement sur The Hungry Tide (2004) de Ghosh et Shalimar the Clown (2005) de Rushdie, j'analyse les conséquences de la traduction d'expériences vécues dans une langue vers une autre langue. Cette analyse s'interroge enfin sur l'écriture, la traduction, et le rapport du sujet au monde.
Ankhi MUKHERJEE, "Yes, sir, I was the one who got away": Postcolonial Emergence and the Question of Global English
In this essay, I use three novels published to wide acclaim in the last two yearsAravind Adiga's White Tiger (2008), Mohammed Hanif's A Case of Exploding Mangoes (2008), and Mohsin Hamid's The Reluctant Fundamentalist (2007)as case studies for the deterritorialization of the twenty-first-century Indian and Pakistani novel in English. I focus particularly on the phenomenon of minority lives told in a major language, and show how Western literary forms and Standard English are restructured in the postcolonial, English-language, narrative voice.
Cet article analyse trois romans extrêmement bien reçus par la critique ces deux dernières années (White Tiger [2008] de Aravind Adiga, A Case of Exploding Mangoes [2008] de Mohammed Hanif et The Reluctant Fundamentalist [2007] de Mohsin Hamid), en les considérant comme des études de cas pour une analyse de la déterritorialisation du roman indien et pakistanais en anglais du XXIe siècle. Il se concentre en particulier sur le phénomène des vies minoritaires décrites dans une langue majoritaire, et montre la façon dont les formes littéraires, ainsi que l'anglais standard, sont restructurés au sein de la voix narrative post-coloniale en anglais.
Cécile Girardin, The Inheritance of Modernity: Insurgencies in Contemporary Indian Fiction
Several novels of the 2000s (Magic Seeds, The Inheritance of Loss, An Iron Harvest and The Hungry Tide) feature Marxist-inspired insurgencies in several Indian states, thereby creating a bleak portrayal of political involvement and representation. Fiction highlights the dislocation between ideals and the actual violence created by these conflicts, as well as the linguistic disintegration that takes place when affects and emotions occupy the political stage. While the Indian novel has often celebrated difference and contestation, this political nonsense allows the writers to think anew the relationship of the individual to history.
Plusieurs romans des années 2000 (Magic Seeds, The Inheritance of Loss, An Iron Harvest et The Hungry Tide) font figurer des insurrections de type marxiste dans plusieurs régions de l'Inde, et dressent un portrait sombre de l'engagement et de la représentation politiques. La fiction permet de dessiner la dislocation entre les idéaux et la violence, réelle, disséminée par ces conflits, ainsi que le délitement du langage, quand les émotions et l'affect occupent toute la scène politique. Alors que le roman indien semblait souvent célébrer la différence et la contestation, ces non-sens politiques permettent de repenser radicalement la relation de l'individu à l'histoire.
Vanessa Guignery, "Step Across This Line": Edges and Borders in Contemporary Indian Literature
This essay analyses the ways in which contemporary Indian literature in English addresses the poetics of the border in the aftermath of colonialism and in the context of the new configurations of a global world, viewed both as a zone of transnational migrations but also as a place where communal divides are violently reasserted. On the one hand, Indian novels acknowledge the rigid lines and frames which define the individual, society and the nation, providing a sense of stability but also of fixity and enclosure. On the other hand, they suggest lines of flight which challenge binary divisions and arbitrary partitions, and favour instead the blurring and transgression of frontiers. Through this tension between the evocation and eradication of boundaries, Indian contemporary literature re-imagines the border as a contingent, transitory and fluid place, a space of becoming rather than a stable limit.
Cet article analyse les modes selon lesquels la littérature indienne contemporaine aborde la poétique de la frontière dans le contexte postcolonial et dans celui des nouvelles configurations d'un ordre mondial conçu comme une zone de migrations transnationales où les tensions communautaires s'affirment toutefois violemment. D'une part, les romans indiens prennent acte des lignes dures et des cadres qui définissent l'individu, la société et la nation, et offrent un sentiment de stabilité mais aussi de fixité et d'enfermement. D'autre part, ils suggèrent des lignes de fuite qui remettent en question les divisions binaires et les partitions arbitraires, et favorisent au contraire le brouillage et la transgression des limites. Par le biais de cette tension entre le rappel et la suppression des lignes de démarcation, la littérature indienne contemporaine reconfigure la frontière en tant qu'espace contingent, éphémère et fluide, un devenir-lieu plutôt qu'une limite stable.
Laetitia ZECCHINI, Indian Poetry in English: From the Trauma of Estrangement to a Poetics of Strangeness
This article frames Indian poetry in English in the broader context of poetry and literature in other Indian languages in the second half of the twentieth century till today. It concentrates on the works of the two Bombay poets Adil Jussawalla (born in 1940) and Arun Kolatkar (1932-2004), and argues that the poetry of estrangement born from historical rifts, a dislocated conscience, the disquieting otherness of the self and the chaos of reality outside, seems to have given way to a poetics of strangeness. Kolatkar's poetry is exemplary to show how dislocation, impermanence, impropriety and historicity combine to forge the unknown from the most familiar, to renovate our vision of the world, and restore reality to existence and consciousness. Strangeness is at the heart of perception and belonging.
Cet article situe la poésie indienne contemporaine de langue anglaise dans le contexte plus large de la littérature et de la poésie dans les autres langues indiennes, à partir de la seconde moitié du vingtième siècle jusqu'à aujourd'hui. Il montre que l'étrangeté comme valeur et comme poétique a aujourd'hui remplacé l'aliénation, la distanciation et la non-appartenance nourries par les disjonctions de l'histoire, par les sentiments de dislocation intime, de chaos ou d'inquiétante altérité du monde extérieur, que la poésie des années soixante et soixante-dix pouvaient mettre en évidence. L'analyse s'appuie sur l'oeuvre de deux poètes de Bombay : Adil Jussawalla (né en 1940) et Arun Kolatkar (1932-2004). La poésie de Kolatkar se fonde sur l'impermanence, le désagencement, l'opacité, l'entrelacement créatif et l'historicité pour forger de l'inconnu, renouveler notre regard sur le monde et faire émerger la réalité, aussi familière ou négligeable soit-elle, à la conscience et à l'émerveillement. L'étrangeté est au coeur de la perception et de l'appartenance.
Annie MONTAUT, But why do you write in Hindi ?
Writing in Hindi is often considered a negative choice since English is claimed to be a panindian language and is definitely a more prestigious means of expression than Indian languages. One is presumed to write in Hindi, or for that matter in a regional Indian language, either if one is unable to write in English or for chauvinistic reasons. This paper firstly aims at deconstructing these negative reasons by trying to unfold the historical causes for establishing English as a prestige language in India; secondly at providing some positive reasons for writing in Hindi (or regional languages), in relation to the nature of literary cultures of India, which are neither dictated by the modernistic concept of nation and state nor by the postmodern or postcolonial reshaping of the literary field.
Écrire en hindi est souvent considéré comme un choix par défaut, car on soutient que l'anglais est à la fois une langue panindienne et un moyen d'expression plus prestigieux que les langues indiennes. On n'écrit en hindi, ou dans une langue indienne régionale, que si on n'est incapable d'écrire en anglais, ou pour des raisons nationalistes. Cet article déconstruit en premier lieu ces arguments, en faisant apparaître les causes historiques du prestige de l'anglais en Inde. Il montre ensuite les raisons positives qu'il peut y avoir à écrire en hindi, ou en une autre langue régionale, en relation avec la nature des cultures littéraires de l'Inde. Celles-ci ne sont pas gouvernées par un concept moderniste de la nation et de l'état, ni par une redéfinition postmoderne ou postcoloniale du champ littéraire.
Udaya KUMAR, Two Figures of Shame: Exposure, Ethics, and Self-Narration
Taking the public dimension of autobiographical writing as its point of departure, this paper examines two instances of shame in Indian autobiography, where the subject experiences incoherence and dislocation. The paper discusses the tropes of vulnerability and self-shaming in Gandhi's autobiography alongside moments of forced shaming or humiliation in contemporary Dalit self-narratives. It concludes by speculating on the possibility of an ethical reconsideration of shame which may go beyond a dichotomous frame of perpetrators and victims.
En prenant pour point de départ la dimension publique de l'autobiographie, cet article étudie deux exemples de la honte dans l'autobiographie indienne, où le sujet fait l'expérience de l'incohérence et la dislocation. Cet article analyse les tropes de la vulnérabilité et de la honte auto-infligée, dans l'autobiographie de Gandhi, en même temps que des moments de honte ou d'humiliation forcée dans les autobiographies Dalit. Il conclut sur la possibilité d'un réexamen éthique de la honte qui irait au-delà d'une dichotomie opposant bourreaux et victimes.
Marta DVORÁK, Contemporary Indian Fiction and the Dynamics of Cross-Cultural Collocation
By engaging with the self-reflexive strategies of multiple viewpoints, multivocality and transtextuality, and by addressing the dialogical process between producer and receptor, this paper investigates how contemporary Indian fiction from Desai's and Ondaatje's to Man Booker Prize-winner Aravind Adiga's (2008), but also postcolonial fiction in general, articulate and negotiate meaning in our postmodern globalized world.
Étudiant les stratégies métatextuelles telles que les perspectives multiples, la polyphonie, et la transtextualité, et explorant le processus dialogique qui lie l'émetteur et le récepteur, cet essai place la littérature indienne contemporaine (de Desai à Adiga, lauréat du Man Booker Prize 2008) dans le contexte plus général des nouvelles littératures qui ont accentué les pratiques intertextuelles classiques et souligné la circulation du sens. -
Etudes chinoises xxxiv-2 (2015) - la vertu administrative a l'oeuvre : hommage a pierre-etienne will
Revue Etudes Chinoises
- Klincksieck
- Revue Etudes Chinoises
- 1 Juin 2016
- 9782252039939
Éditorial
Anne CHENG, Christian LAMOUROUX, Françoise SABBAN : De la paperasse à l'homme : en guise d'ouverture
R. Bin WONG : Revisiting Bureaucratie et Famine en Chine au XVIIIe siècle: Notes for Revising Contemporary Notions of Governance within and beyond China
Mireille DELMAS-MARTY : À l'heure de la mondialisation que pouvons-nous apprendre du droit chinois ?
Helen DUNSTAN : De la Paperasse à la Prison: Death in Custody, Law, and Career Advancement in the Mid-Qing Bureaucracy
LI Bozhong : The "Daoguang Depression" and the "Guiwei Great Flood": Economic Decline and Climatic Cataclysm in Early Nineteenth-Century Songjiang in a New Perspective
Xiaohong XIAO-PLANES : Un contestataire de la politique agricole de Mao Zedong : Deng Zihui en 1953-1962
Timothy BROOK : Telling Famine Stories: The Wanli Emperor and the "Henan Famine" of 1594
Susan NAQUIN : Paul Houo , A Dealer in Antiquities in Early Twentieth Century Peking
Wilt L. IDEMA : Animals in Court
COMPTES RENDUS
Daniela Campo, La construction de la sainteté dans la Chine moderne : la vie du maître bouddhiste Xuyun (Bernard Faure), p. 291 - Jean- Pierre Drège et Michel Zink (éds.), Paul Pelliot : de l'histoire à la légende (Isabelle Landry-Deron), p. 297 - Aurélie Névot, Versets chamaniques. Le Livre du sacrifice à la terre (textes rituels de Chine) (Pierre Déléage), p. 300 - Ines Eben v. Racknitz, Die Plünderung des Yuanming yuan. Imperiale Beutenahme im britisch-französischen Chinafeldzug von 1860 (Françoise Kreissler), p. 304 - Michael Schoenhals, Spying for the People: Mao's secret agents, 1949-1967 (Xiaohong Xiao-Planes), p. 306 - Hans Steinmüller, Communities of Complicity: Everyday Ethics in Rural China (Jean-Baptiste Pettier), p. 308 - Tao Jiang & Philip J. Ivanhoe (éds.), The Reception and Rendition of Freud in China: China's Freudian Slip (Rainier Lanselle), p. 312
ENGLISH ABSTRACTS
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Etudes chinoises xxxvii-1 (2018)
Revue Etudes Chinoises
- Klincksieck
- Revue Etudes Chinoises
- 17 Janvier 2019
- 9782252041703
Jonathan LESAIN
Zhang Zhan (c. 327-397), commentateur du Liezi : éléments biographiques
Léa SIGNER
Historicité de la réception et rôle de la critique : le cas de Printemps dans une petite ville
Nolwenn SALMON
Journalistes engagés et médias officiels : l'incarnation de l'ambiguïté des rapports avec le Parti
Chayma BODA
De passants secourables à acteurs vertueux. Politiques de l'engagement au secours d'autrui dans les lieux publics en Chine contemporaine
HOU Renyou
Le « banquet mobile » (liudong baozhuo ) de noces en Chine rurale contemporaine -
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Recherches sur diderot et sur l'encyclopedie n.26: diderot, philosophie, materialisme
Collectif
- Klincksieck
- 12 Mars 1999
- 9782252032534
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Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie Tome 30
Collectif
- Klincksieck
- 1 Juin 2000
- 9782252033111
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Les explorateurs de l'Amérique du Nord, 1492-1795
Raymonde Litalien
- Klincksieck
- 1 Octobre 1993
- 9782921114943
À LA FOIS CONCURRENTS ET SOLIDAIRES dans cette grande aventure, les explorateurs espagnols, anglais, français et même russes menèrent parallèlement leurs investigations dans toutes les directions. Les voyages de Cavelier de La Salle, de Pierre Le Moyne d'Iberville, de Vitus Béring, de George Vancouver, et de plusieurs autres explorateurs souvent méconnus, sont ici décrits dans un style vif. À l'aide de documents d'archives, l'auteure nous amène à la suite de ces hommes qui furent attirés par l'inconnu." Ce livre, bien écrit, éclairé par divers textes d'époque, illustré par des reproductions de superbes cartes anciennes, muni d'un index complet, situe remarquablement et avec finesse dans leur temps et dans leur contexte ces extraordinaires explorateurs derrière lesquels se profilent les grandes nations. " Jacques PORTES, Revue française d'histoire d'outre-mer.
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Le langage du sport
Collectif
- Klincksieck
- Etudes De Linguistique Appliquee
- 2 Août 2012
- 9782252038529
Pierluigi LIGAS - REGISTRES, STÉRÉOTYPES ET CHARGE CULTURELLE DES MOTS DANS LE DISCOURS SPORTIF NON NORMATIF
Résumé : Avec son lexique et son style à part le langage du sport produit un discours rituel et compulsif, fait de mots techniques certes mais aussi de trouvailles, de sens inhabituels, de clichés. Le présent article propose quelques réflexions sur la charge culturelle des mots du sport, non pas suivant une approche didactique ou contrastive, d'intercompréhension ou de communication interculturelle, mais au travers de la valeur ajoutée qu'ils véhiculent, intrinsèque, univoque et plus ou moins transparente, qui fait que bon nombre d'entre eux, non officiels ou peu conventionnels, atteignent la dimension d'échantillons culturels uniques et irremplaçables.
Giovanni DOTOLI - LA LANGUE DU FOOTBALL
Résumé : La langue du football est la preuve que le purisme n'amène nulle part et que la langue française a une grande capacité créative. Corpus à la dimension transversale, elle ouvre de grandes perspectives à la recherche, en offrant de nouvelles pistes à la lexicographie. La popula-rité du football l'a véhiculé vers une internationalisation progressive. Elle est désormais le sanscrit de ce sport. La langue française se révèle comme une langue hospitalière et ouverte sur le monde et les mondes.
Sophie LAVIGNASSE - ÉTUDE DE LEXICOLOGIE DU RUGBY
Résumé : Étudier la lexicologie du rugby revient à s'immerger dans un monde ovale où les termes techniques côtoient les termes familiers. Afin d'examiner les différentes facettes des notions les plus emblématiques, cette étude propose de se focaliser sur la façon de décrire les concepts rug-by et Ovalie, sur les réseaux synonymiques mais aussi sur les champs lexicaux de la faune et de la flore appartenant à la langue rugbystique.
Anna GIAUFRET - LA TERMINOLOGIE DU SKI DE FOND : GLOSSAIRES, DICTIONNAIRES, RÉPERTOIRES
Résumé : La pratique du ski de fond est bien implantée aussi bien en Italie que dans de nombreux pays francophones. Le but de cet article est de tracer un bilan des glossaires existants, de vérifier l'organisation du domaine, les possibilités d'accès aux définitions et aux termes équivalents en italien et français, ainsi que la présence de phénomènes de variation.
Paolo FRASSI - CRAWL, DOS, BRASSE ET PAPILLON : UN CHAMP SÉMANTIQUE MALTRAITÉ ?
Résumé : Nous nous occupons, dans le présent article, d'une sous-partie du champ sémantique de la natation, représenté par les lexèmes CRAWL, CRAWLER, CRAWLEUR, DOS, DOSSISTE, BRASSE, BRASSER, BRASSEUR, PAPILLON, PAPILLONNEUR. Après avoir analysé les liens morpho-sémantiques qu'entretiennent ces lexèmes, nous nous interrogeons sur la place qu'ils occupent dans les champs lexicaux respectifs, pour mettre en relief les failles éventuelles dans leur traitement lexi-cographique.
Dorota SIKORA - LE VERBE COURIR ET SES EXTENSIONS SPORTIVES
Résumé : L'article présente deux emplois du verbe courir qui relèvent clairement du domaine du sport. En effet, on dira d'un(e) athlète qu'il/elle court le marathon, alors que les participants d'un rallye automobile peuvent bien courir en moto. En partant de leur sens de base, qui est celui du déplacement, il s'agit de retracer les modifications sémantiques qui conduisent ce verbe dans le champ sémantique du sport. Il s'avère cependant que tout en relevant du domaine sportif, ces deux types d'emplois appartiennent à des classes verbales dont les membres se caractérisent par des propriétés aspectuelles et grammaticales fort différentes.
Jana ALTMANOVA - ENSEIGNEMENT DES LANGUES ET ACTIVITÉ SPORTIVE
Résumé : L'interaction entre les pratiques sportives et l'enseignement des langues trouve de nos jours plusieurs applications dans la didactique. D'un côté la didactique des langues fournit des réflexions et propositions théoriques à la didactique du sport (Bronckart), d'autre part les pratiques sportives sont de plus en plus employées dans l'enseignement des langues, notamment de la langue seconde (Caon). L'objectif de cette étude est d'observer, à partir du Cadre européen commun pour les langues, certains aspects théoriques de ¬l'enseignement des langues appliqués au domaine du sport et d'étudier leur apport à l'enseignement des langues en général. -
Débats et combats d'idées
Collectif
- Klincksieck
- Revue Etudes Chinoises
- 11 Décembre 2013
- 9782252038789
Hélène Piquet: Questions autour de la résurgence du modèle Ma XiwuRésumé Depuis quelques années, les autorités judiciaires mettent en avant des juges modèles destinés à inspirer le travail des juges chinois contemporains. Ainsi, le juge Ma Xiwu , qui exerçait dans le Shan-gan-ning durant les années 1940 et 1950, ressurgit dans la mémoire collective. Il est notamment vanté par les autorités judiciaires pour sa méthode de résolution des affaires (Ma Xiwu shenpan fangshi ). Que signifie, pour les juges chinois du xxiesiècle, cet appel à un modèle issu d'une autre période? Comment est perçu le «modèle Ma Xiwu» par les juristes chinois? Telles sont les questions traitées dans cette étude.Jean Levi: Les lieux de débats en Chine ancienne: écoles, routes, académies, palaisRésumé Il est universellement admis que, tandis qu'en Grèce l'éloquence vise avant tout à persuader un auditoire sur la place publique, en Chine elle s'adresse exclusivement à la personne du souverain. C'est cette opposition simpliste que cet article se propose de battre en brèche, en montrant que les débats d'idées en Chine tout au moins durant la période des Royaumes combattants (ve-iiie siècles avant notre ère) ne s'adressent pas seulement au Prince mais peuvent mettre aux prises toutes sortes de protagonistes et se dérouler dans de tout autres lieux que les cours princières, comme par exemple le sein des écoles ou la voie publique. Les circonstances, la nature des lieux et des interlocuteurs ne manqueront pas d'avoir une incidence sur les formes de la persuasion.Béatrice L'Haridon: La controverse dans le MouziRésumé Le Mouzi est la première «défense et illustration» en Chine du bouddhisme, et à ce titre est souvent étudié et cité comme un témoin crucial de l'introduction de cette religion en Chine, témoin sujet à caution cependant en raison des questions qui demeurent posées à propos de son authenticité. Est proposée ici une première approche des procédés rhétoriques mis en oeuvre dans ce texte: sous le feu roulant des questions et objections, Mouzi est amené dans le processus de cette controverse à intégrer au coeur même de son argumentation les Classiques confucéens et le taoïsme philosophique. Il se situe ainsi dans une tradition du débat (bian ) explicitement reconnue, se référant notamment aux figures des maîtres confucéens Mengzi et Lu Jia, mais développe dans le même temps une forme de synthèse intellectuelle lui permettant de rendre le bouddhisme acceptable aux yeux de ses contemporains, voire de les y convertir.Stéphane Feuillas: Évitement et mise en scène du conflit intérieur. Deux approches dans la culture de soi de la dynastie des Song (960-1279)Résumé L'article se propose d'étudier le cas particulier du conflit intérieur dans la culture de soi. Après avoir reconfiguré ce champ de la philosophie morale et défini de manière restrictive le conflit intérieur, il analyse deux approches de cette question sous la dynastie des Song (960-1279). Dans un premier temps, sont passés en revue quelques textes anciens d'obédience confucéenne qui signalent cette possibilité d'échec de la pratique morale. Cependant, dans la lecture qu'en ont faite les penseurs de l'Étude de la Voie (Daoxue ), le conflit intérieur n'accède à aucun statut propre et les auteurs néoconfucéens se sont essentiellement attachés à développer des stratégies d'évitement. La seconde partie de cet article étudie, quant à elle, deux textes tardifs de Su Shi (1037-1101). Revenant sur sa propre conception esthétique et morale de la culture de soi, il envisage nettement la possibilité d'un échec de la méthode et la met en scène, et semble indiquer que le conflit intérieur est une condition nécessaire, presque un passage obligé, à une véritable culture de soi, ouverte, non dogmatique et sans rapport de maîtrise préalable.Christian Lamouroux: À travers le Miroir. Une controverse politique sous les SongRésumé L'article présente le conflit qui opposa à partir de 1069 Li Shizhong (1013-1078), alors gouverneur militaire du circuit du Qinfeng et préfet de Qinzhou dans le Gansu actuel, à son subordonné, Wang Shao (1030-1081). Dès la première année de son mandat, Wang Anshi (1021-1086), le grand conseiller qui dirigea les réformes voulues par Song Shenzong (r. 1067-1085) entre 1069 et 1076, avait en effet dépêché Wang Shao aux côtés de Li pour qu'il assurât la mise en valeur de nouveaux territoires dans la région du He-Huang , une expansion territoriale à laquelle Li s'opposa jusqu'à sa mutation en 1071. Cette polémique sur la politique frontalière, que restituent des sources incomplètes et partiales, permet d'aborder les formes que revêtait alors la controverse politique, mais aussi de réfléchir à celles que l'historien Li Tao (1114-1183), résolument anti-réformateur, choisit de lui donner un siècle après les événements dans la Version longue de la Suite au Miroir pour l'aide au gouvernement .Frédéric Wang: Histoire de la pensée chinoise: quels paradigmes?Résumé L'Histoire de la pensée chinoise (1997) d'Anne Cheng et A History of Chinese Philosophy (trad. Derk Bodde, 1952-1953) de Fung Yu-lan présentent deux méthodes différentes dans le domaine de l'histoire des idées en Chine: l'un aborde la pensée chinoise sous l'angle historique en insistant sur les contextes de son élaboration, l'autre dans une perspective plutôt philosophique qui tend vers une conceptualisation systématique. Ces deux approches continuent à coexister dans la sinologie occidentale. Les récents travaux menés en Chine révèlent de nouveaux paradigmes de recherche sur le sujet au sein d'une même orientation historique et philologique. J'essaie d'en rendre compte à travers la présentation et l'analyse du Zhongguo jingxue sixiangshi (Histoire de la pensée classique chinoise) édité par Jiang Guanghui et du Zhongguo sixiangshi (Histoire de la pensée chinoise) de Ge Zhaoguang .
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Etudes anglaises n.64.2 : sciences et poésies de Wordsworth à Hopkins
Collectif
- Klincksieck
- Etudes Anglaises
- 7 Juillet 2011
- 9782252038024
Aurélie THIRIA-MEULEMANS - « Science of feelings » : de la complémentarité entre science et poésie chez Wordsworth
La posture anti-scientifique des poètes romantiques de la première génération en est presque la marque de fabrique, et Wordsworth ne fait pas figure d'exception : son célèbre « we murder to dissect » revendique une appréhension directe de la nature, à l'encontre des méthodes scientifiques. Son portrait de l'enfant prodige, au livre IV du Prélude, se lit comme une satire de l'approche scientifique de la nature, alors que celui du Winander Boy, quelques dizaines de vers plus loin, présente un rapport exemplaire à celle-ci. Il convient cependant de nuancer un tel rejet : la communion avec la nature si souvent dépeinte n'est pas exclusive d'un questionnement de cette même nature. À y regarder de plus près, tout prête à croire que le poète est perçu comme le confrère, le complément du scientifique, lui qui « porte la sensation au coeur des objets de la Science elle-même ».
The anti-scientific bias of the first generation of Romantic poets is well-known, and Wordsworth is no exception. His famous "we murder to dissect" advocates a direct apprehension of Nature that runs against scientific methods. His portrait of an infant prodigy in the fourth book of The Prelude even reads as a satire of the scientific approach of nature, the proper attitude being described, a few dozen lines further, through the character of the Winander Boy. Yet this rejection should be qualified inasmuch as the communion with Nature so often depicted is not exclusive of a questioning of her. On looking closer, one might even think that the poet is something of the scientist's counterpart, he who "[carries] sensation into the midst of the object of the Science itself."
Laurent FOLLIOT - « We must bewilder ourselves, whenever we would pierce into the Adyta of Causation » : les ressorts du monde dans la poésie de jeunesse de Coleridge
L'ambition poétique du jeune Coleridge le mène un moment du côté de la spécu-lation philosophico-scientifique de son temps. La pensée de Hartley et de Priestley, et la poésie panthéiste d'Erasmus Darwin nourrissent chez lui l'intuition de « myriades » de « monades » faisant oeuvre providentielle au sein de l'univers. Mais Coleridge prend rapidement ses distances vis-à-vis de la science matérialiste, en une critique qui est d'ordre poétique aussi bien que philosophique : le désir d'observer et de figurer les causes originaires des phénomènes est une forme d'idolâtrie, qui aboutit à une poésie artificielle et figée. Le rejet des « machines allégoriques » apparaît ainsi comme un moment significatif du « divorce » entre science et poésie auquel serait plus tard associé le romantisme.
Coleridge's early poetical ambitions owed much to contemporary speculations in natural philosophy and metaphysics. Hartley's vibratiuncles, Priestley's dynamic monism and Erasmus Darwin's pantheistic poetry all seemed to converge into a central vision of organising "myriads" providentially at work within the universe. Yet Coleridge soon distanced himself from "materialistic" science, for both philosophical and poetical reasons: he saw the will to see-and to image forth-the -primary causes of things as a species of idolatry, leading to poetry of an artificial kind. His subsequent dismissal of "allegorical machinery" was an important moment in the "divorce" between science and poetry that would later be associated with Romanticism.
Sophie LANIEL-MUSITELLI - « Weave the Mystic Measure » : cadence, mesure et nombre dans Prometheus Unbound de P. B. Shelley
Dans Prometheus Unbound, une affinité se crée entre physique et poétique. À l'acte II, l'onde sonore symbolise la capacité de l'inspiration poétique à éveiller les énergies latentes de la matière et de l'esprit humain. Sa périodicité épouse les effets de retour des rimes et des rythmes poétiques. Le trajet des ondes symbolise alors la dissolution des frontières entre intériorité et extériorité, ce qui donne lieu, au cours de l'acte IV, à une célébration du cosmos comme réseau d'attractions mutuelles. L'affinité entre science et poésie se manifeste alors grâce à la notion de mesure, qui pointe à la fois vers la métrique et vers les mathématiques. La physique mathématique permet de découvrir le rythme régulier qui régit le mouvement des corps célestes. Elle contribue à une réflexion sur la capacité de l'écriture poétique à informer la matière, à mettre au jour l'harmonie de ses architectures cachées. L'astronomie, entre mesure mathématique et démesure de l'univers, symbolise le désir de faire entrer l'infini dans la trame du poème.
Prometheus Unbound brings to light the affinities which unite physics and poetics. During Act II, the awakening of the latent energies in matter and in the mind is conveyed by the motif of the sound wave. Its periodic movement embraces the regular return of rhymes and rhythms in the poem. Sound waves spread and reverberate throughout Asia's song: they stand for the way poetic language breaks up the boundaries between the Self and the Other. This leads, in Act IV, to the celebration of the cosmos as a web of mutual attractions. Measure, a concept shared by prosody and mathematics, then becomes the leading metaphor for the affinity between science and poetry. Mathematical physics allows the discovery of the harmonious rhythms that govern the trajectories of celestial bodies. It contrib-utes to the poet's meditation on the ability of poetry to give form to matter and highlight its hidden harmonies. Astronomy, which associates the accuracy of mathematics with the boundlessness of the universe, stands for the desire to encompass the infinite within the measured frame of the poem.
Caroline BERTONÈCHE - The Beating Art of Keats's Surgical Poetics
This article deals with the perceptions of the mind and body in Keats's art and reflects on the role of medicine at that time, including the rise of surgery (1800-30). Keats, the apothecary-surgeon, is indeed the author of an anatomy of poetry, choosing to dissect his characters while preserving their spirits. He is inspired by a medicine of "conservation" treatments, integrated in a larger narrative of aesthetic reconstructions and scenes of passion born out of an art of skulls and corpses. As he explores the living, the poet-physician develops another vision of scientific "disinterestedness" where the verse of the anatomist opens up to the grotesqueness of humanity. The wounds and broken souls are of interest only for the beauty of their reconstruction and the world of science is thus reshaped by the poet's Romantic sensibility. In the end, Keats's fascination for man's inner mechanisms (arterial pulses, blood vessels, veins, fluids) makes for a new kind of poetry.
Cet article traite des perceptions du corps et de l'esprit dans l'art de Keats et analyse le rôle de la médecine - et de la chirurgie (1800-1820) - à l'époque romantique. Keats, l'apprenti chirurgien-apothicaire, crée donc une anatomie de la poésie en choisissant de disséquer de près le corps de ses personnages tout en préservant leur esprit. Il s'inspire d'une médecine de la « conservation » qu'il intègre dans un récit plus large sur la reconstruction esthétique où la passion se vit dans un univers de squelettes et de cadavres. Au fil de cette exploration du vivant, le poète-médecin nous fait découvrir une autre vision du « désintéressement » scientifique forçant les vers de l'anatomiste à s'ouvrir aux formes grotesques de l'humanité. Les blessures de l'âme n'intéressent le poète que pour la beauté de leur reconstruction et le monde de la science change de visage, après s'être laissé séduire par le pouvoir des sentiments. Enfin, la fascination de Keats pour les mécanismes internes de l'homme (pulsations artérielles, flux sanguins, veines, fluides) contribue à l'émergence d'un nouveau genre de poésie.
Haude THÉODEN-PALANQUE - « And nothing stands » : science et poésie dans In Memoriam et The Princess de Tennyson
L'intérêt que Tennyson porta, sa vie durant, à la science se reflète dans deux de ses poèmes majeurs : In Memoriam et The Princess. L'intertexte scientifique, loin -d'apporter un réconfort durable au locuteur endeuillé d'In Memoriam, se révèle au contraire suffisamment fluctuant pour traduire son humeur noire et participer ainsi à la relance mélancolique de son discours. Dans The Princess, la voix narrative tourne en dérision le discours évolutionniste de l'héroïne, s'ingéniant ainsi à en montrer les limites et les contradictions. Dans les deux cas, l'image d'une mère nature « dénaturée » fait jouer le texte et émerger la figure d'un enfant perdu qui hante l'écriture. Si l'« infant » est une métaphore de l'oeuvre tout entière, ce motif s'avère doublement fécond, pointant tout à la fois vers les interstices du texte où cherche à monter une autre voix poétique.
Throughout his life, Lord Alfred Tennyson showed great interest for science, which can be traced in two major poems: In Memoriam and The Princess. Far from providing the speaker of In Memoriam with lasting comfort, scientific discourse proves ambivalent enough to echo his mourning voice, thus contributing to the melancholy flow. In The Princess the playful narrative voice mocks the evolutionist stance of the main feminine character and shows its limits and inner contradictions. In both poems, the image of a monstrous mother nature goes together with the recurring figure of a lost child. The "infant" may be a metaphor for Tennyson's whole poetical work, but it also discloses some secret place behind the words where another poetical voice endeavours to make itself heard.
Joanny MOULIN - Entre science et poésie : la critique selon Matthew Arnold
Cet article se propose de plaider en faveur d'une relecture de Matthew Arnold sans a priori, à l'heure où les études littéraires recommencent d'envisager des approches historiques et contextuelles. Un bref aperçu de la réception de l'oeuvre critique -d'Arnold permettra d'ébaucher une évaluation de sa place dans l'histoire des idées. Poète et critique, Arnold ne s'est jamais prétendu scientifique ou philosophe, et ce fut vraisemblablement par choix stratégique qu'il cultiva un certain flou dans la définition de ses concepts, car il se faisait une idée du discours critique à mi-chemin entre science et littérature.
The object of this paper is to plead in favour of rereading Matthew Arnold with a candid eye, at a time when literary studies reconsider historical and contextual approaches. A brief survey of the reception of Matthew Arnold's critical work and of his influence on twentieth-century criticism will make for some assessment of his place in the history of ideas. Poet and critic, Matthew Arnold never claimed to be a scientist or a philosopher, and it may be argued that it was his strategy to maintain some degree of looseness in the definition of his concepts, as his idea of critical discourse was half-way between the scientific and the literary.
Charlotte RIBEYROL - L'« Hermaphroditus » d'Algernon Charles Swinburne, entre mythe et science
De la Renaissance au Romantisme, l'androgyne est érigé en paradigme d'une transcendance asexuée. Mais aux origines du mythe ovidien de l'hermaphrodite, il y a une crainte, celle de l'amollissement, de l'affaiblissement du masculin (« mollescat ») au contact du féminin. Cette crainte resurgit, à l'époque victorienne, en filigrane d'un autre discours en apparence aux antipodes du mythe : celui d'une nouvelle médecine légaliste, soucieuse de classifier et de circonscrire les moindres « déviances » anatomiques perçues comme autant d'atteintes aux hiérarchies d'un ordre à la fois naturel et moral. Le poète victorien Algernon Charles Swinburne se joue de ces tentatives visant à normer l'indéfini, l'indéterminé, prônant au contraire l'ambiguïté sexuelle comme principe créateur à défaut d'être source d'une fertilité strictement biologique. Cet hermaphroditisme idéal, mais néanmoins incarné (« fleshly »), est au coeur de deux poèmes successifs au sein de Poems and Ballads, First Series (1866) : Tous deux mettent en jeu une poétique du détour (« turn ») plutôt que de la métamorphose (« turn into ») qui s'impose comme per-version d'un certain discours scientifique instituant un code normatif sexuel et générique, mais également comme sub-version de l'intertexte ovidien et de ses multiples relectures romantiques, de Shelley à Gautier.
From the Renaissance to the Romantic age, the androgyne was considered as the paradigmatic model of an asexual transcendence. But the founding Ovidian myth of Hermaphroditus is a story of loss of masculine power ("mollescat"). This fear of effeminacy resurfaced in the Victorian era. The medico-legal studies of the period aimed at classifying and controlling what when then perceived as deviant bodies and sexualities. The Victorian poet A.C. Swinburne, on the contrary, tried to resist this attempt at defining indeterminate beings, by praising barren sexual ambiguity as an aesthetic principle. Therefore, in his two poems "Hermaphroditus" and "Fragoletta" dealing with "fleshly" hermaphrodites in Poems and Ballads, First Series (1866), Swinburne replaces the Ovidian metamorphosis ("turn into") with a hymn to sexual deviance ("turn") which can be interpreted both as a per-version of the normative gender codifications of the age and as a sub-version of the previous romantic readings of the myth of the hermaphrodite, from Shelley to Gautier.
Adrian GRAFE - Hopkins's Saltationism
Saltationism-literally, the way in which nature is considered able to take sudden evolutionary leaps and is therefore not limited to gradualism or long-term evolu-tion-is part of the warp and weft of Hopkins's poetry, esthetics and philosophical outlook. His poetry and approach to language, be it poetic or scientific, as well as to the natural world and man's place in it, all bear witness to saltationism, first fixed by the poet as a philosophical principle when he was a student at Oxford, and probably confirmed by his reading of the Catholic evolutionist St. George Jackson Mivart. Though Hopkins's sympathy with Mivart has been noted by some critics, albeit a very few, such criticism has tended to focus less on the poems than on Hopkins's sympathy with Mivart as a way for the poet to position himself in relation to the wider, indeed, dominant scientific debate on Darwinism in the nineteenth century. Mivart's Genesis of Species (1871) may have aroused such sympathy in Hopkins because it chimed so closely with the poet's aesthetic and poetic. Hopkins's ability to pass back and forth so easily between poetry and science-his four letters to Nature were almost the only things he published in his lifetime-provides further confirmation in act of his saltationism. The article offers examples showing how the saltationist viewpoint works out in poetic practice, before concluding with several other points relating to Hopkins's interest in science.
Le saltationnisme - en principe, la façon dont la nature est capable, pense-t-on, de sauts d'évolution, par rapport au gradualisme, c'est-à-dire l'évolution au long terme -, fait partie intégrante de la poétique, ainsi que de l'approche esthétique ou philosophique de Hopkins. Sa poésie, son approche du langage, qu'il soit poétique ou scientifique, et son regard sur le monde naturel et la place de l'homme à l'intérieur de la nature, manifestent le principe du saut, déjà fixé lorsque Hopkins est étudiant à Oxford, et confirmé sans doute par sa lecture de St George Jackson Mivart, scientifique et évolutionniste catholique. Dans une lettre de 1874, Hopkins conseille chaleureusement à sa mère la lecture de On the Genesis of Species de Mivart. Hopkins a pu faire ce choix non pas seulement pour des raisons religieuses mais aussi par rapport à ses options esthétiques et philosophiques. L'aisance avec laquelle Hopkins passe de la poésie à la science et vice versa - les quatre lettres que le poète a publiées dans la revue scientifique Nature, constituent presque tout ce qu'il a pu faire paraître de son vivant -, témoigne également du saltationnisme auquel le poète adhérait. Des exemples tirés des poèmes de Hopkins tentent de justifier la perspective saltationniste. -
REVUE ELA n.161 : formation des enseignants, recherche et sciences du langage
Revue éla
- Klincksieck
- Revue Ela
- 29 Septembre 2011
- 9782252038130
FORMATION DES ENSEIGNANTS, RECHERCHE ET SCIENCES DU LANGAGE : UNE OUVERTURE AUX QUESTIONNEMENTS FORMATEURS Cet article a pour but de montrer en quoi mieux saisir (au double sens concret/abstrait cf. begrei-fen/verstehen) les phénomènes de langue, de discours en situation et de langage est capital dans la formation des enseignants, depuis les concours jusqu'à l'exercice de la vie professionnelle, afin de mieux s'y situer et fonder ses pratiques. Pour les concours, même si les épreuves sont très encadrées, et peuvent toujours être critiquées, la capacité à (se) poser des questions est un atout irremplaçable ; et il en va de même dans la préparation puis dans la durée de la vie professionnelle incluant l'exercice de la liberté pédagogique et donc de la pensée.
ANALYSE D'UN « ENTRE-DEUX SOCIOPROFESSIONNEL » : DOCTEURS DANS L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE FRANÇAIS. POINT DE VUE DU VÉCU DE L'ENSEIGNANT DE LA FORMATION CONTINUE Partant du point de vue du vécu des enseignants nous avons voulu connaître à la fois les motivations initiales de ces enseignants du secondaire qui entrent dans la démarche d'écriture d'une thèse, mais aussi ce que cette démarche leur apporte, apporte à leur formation d'enseignant et à la formation continue.
Pour cela nous nous sommes appuyés sur l'analyse des représentations qui sont présentes non seulement dans cette démarche, dans cet investissement que représentent l'élaboration d'une thèse et sa soutenance mais ensuite dans la prise en compte de ce bagage dans le système éducatif lui-même (la classe, les pairs, la hiérarchie).
Faisant l'hypothèse d'un apport possible de ces enseignants en tant qu'acteurs de formation continue pour leurs pairs nous avons analysé, à travers leurs discours, les réactions et résistances des autres acteurs du système. Nous sommes interrogés avec ces enseignants sur de possibles pistes de réinvestissement de ces savoirs, savoir-faire, savoir-être acquis lors de cette démarche de recherche dans le cadre d'une thèse, cela en terme de formation continue.
Les mots clés pourraient être : sociolinguistique, langage et société, représentations, politiques éducatives, systèmes, compétences, formation.
LA RECHERCHE COMME AIDE À LA CONSCIENTISATION PAR L'ENSEIGNANT DE SON « OFFRE LANGAGIÈRE » Indifférence, coexistence, ou enrichissement réciproque, tels sont les rapports possibles entre les sciences du langage et la formation des enseignants. Il ne fait pas de doute qu'un lien entre les deux dimen-sions est à garantir et à construire. En observant quelques interactions langagières entre enseignants et élèves en maternelle, en repérant l'influence effective des offres langagières de l'enseignant sur les pratiques langagières de l'élève, dans le cadre notamment de la reformulation, se détermine bien une inscription effective dans le champ des sciences du langage. De fait, l'analyse interactionnelle met clairement en relief la nécessité d'une formation à l'étayage langagier mis en oeuvre par ¬l'enseignant auprès de ses élèves. Et pour ce faire, décrire, analyser les pratiques orales dans la classe, s'impose afin de nourrir la formation initiale et continue des enseignants.
« LES CONNAISSANCES NOUS SUIVENT TOUT LE RESTE DE NOTRE VIE. » : APPORTS DE LA RECHERCHE DANS UN DOMAINE ÉLOIGNÉ DU MÉTIER D'ENSEIGNANT Trouver un langage commun avec des élèves ayant la volonté d'apprendre implique la capacité à faire preuve d'adaptation et à analyser des résultats, en sachant se remettre en cause. L'enseignement est un art supposant du talent et beaucoup de travail. Motivation, temps c'est-à-dire aussi patience, résultats, ce sont là des mots clefs. Approfondir, c'est-à-dire creuser, et garantir une atmosphère détendue, font partie des démarches nécessaires. On distinguera trois éléments constitutifs : maîtriser la langue commune, le russe normatif, et donc rassurer ainsi les élèves ; disposer d'une base de connaissances communes pour convaincre de l'intérêt pour le pays ; relever le plus possible d'une mentalité y correspondant, rassérénante pour les élèves. Ainsi, recentrer ses efforts sur la culture, objet de l'apprentissage d'une langue, voilà qui (pré)conditionne tout acte de communication entre sujets allophones ou non.
PROFESSIONNALISATION DE LA FORMATION DES ENSEIGNANTS DE FLE : RETOUR SUR DES ANNÉES DE RECHERCHE FOS, FLS, FLsco, FLI, FOU. L'émiettement du domaine de l'enseignement du français aux non-francophones depuis quelques années n'aura échappé à personne. Par souci de mieux adapter l'offre de formation à la demande et de se centrer davantage sur le sujet-apprenant, cette expansion terminologique fait courir le risque, par dilution, d'affaiblir un champ du FLE, qui a toujours peiné à trouver et affirmer sa légitimité. Cette surenchère, avec les débats futiles qu'elle génère, nourrit et entretient surtout les intérêts des uns ou des autres - spécialistes autoproclamés, concepteurs et éditeurs de méthodes, politiques. Plus encore, elle cache et révèle un vrai malaise, celui de la formation des enseignants.
DE L'ENSEIGNANT DE LANGUE(S) AU PROFESSIONNEL DES LANGUES L'enseignement des langues s'est complexifié tant au niveau des attentes des publics qu'au niveau didactique (sous l'effet des propositions du Cadre européen commun de référence pour les langues). Cette complexité nouvelle incite à faire appel au concept de compétence, dans sa version humaniste, développé dans les univers de travail pour répondre à un monde toujours plus concurrentiel. Peut alors être esquissée une reconfiguration du métier d'enseignant de langues, un enseignant de langues qui, mobilisant ses compétences, sa capacité de réflexivité, son éthique, se redéfinit alors comme professionnel des langues. Les mots-clés pourraient être : compétence-action, savoir-mobiliser, réflexivité-éthique.
LE FRANÇAIS MÉDIUM D'ENSEIGNEMENT (FME) POUR NON NATIFS : ENTRE APPORTS DE LA RECHERCHE LINGUISTIQUE ET BESOINS Dans cet article, on souhaite présenter le parcours méthodologique et conceptuel sous-tendant toute mise en place de langue 2 (L2) : les éclairages de la recherche contemporaine en sciences cognitives et en psycholinguistique - plus particulièrement - sont ré-évalués à la lumière de débats récents ; ils sont également rapprochés de la théorie des opérations prédicatives et énonciatives d'Antoine Culioli. Ce cadre théorique posé, nous relatons une expérience de l'enseignement du français en tant que médium d'enseignement de disciplines non linguistiques. Cette expérience présente un certain intérêt dans la mesure où elle combine les aspects théoriques et méthodologiques déjà passés en revue avec quelques principes méthodologiques issus de l'ingénierie de la formation. De la sorte, la question des besoins linguistiques fait l'objet d'une procédure d'analyse de corpus qui débouche sur la conception de référentiels de formation linguistique contextualisés.
LA RECHERCHE DANS LA FORMATION UNIVERSITAIRE DES PROFESSEURS DE FRANÇAIS LANGUE SECONDE AU QUÉBEC : CARACTÉRISTIQUES ET ENJEUX Cet article présente la place de la recherche dans les formations universitaires à l'enseignement du FLS au Québec. La transformation du « métier » d'enseignant en « profession » a eu comme conséquence une augmentation de la formation pratique et une réorientation vers de nouveaux objectifs de formation, ceci afin de donner au futur professeur de nouvelles compétences ciblées. Même si elles ne sont pas systématiques sur le terrain de la formation, des formes d'initiation à la recherche sont présentes, afin de développer l'autonomie et la pratique réflexive. Cette co-présence entre recherche et pratique répond à une logique de formation fondée sur l'interaction entre enseignants sur le terrain et futurs enseignants en formation. Cependant, l'interrelation entre ces deux parties gagnerait à être explicitée, et ainsi à être valorisée, afin de contribuer à modifier les représentations clivantes sur les fonctions et les ¬compétences imparties à un enseignant et à un chercheur.
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Le public Erasmus, stratégies d'enseignement et d'appropriation de la langue du pays d'accuel
Collectif
- Klincksieck
- Etudes De Linguistique Appliquee
- 22 Novembre 2011
- 9782252038147
MOBILITÉ ET APPRENTISSAGE LINGUISTIQUE : ÉTUDE DU DISCOURS MÉTA-LINGUISTIQUE D'APPRENANTS ERASMUS
Nous proposons d'étudier ici la réalité complexe de la mobilité étudiante Erasmus en ce qu'elle influence l'émergence et le développement de la conscience métalinguistique des étudiants. Nous verrons que dans le processus d'apprentissage linguistique (de la langue du pays d'accueil mais aussi parfois d'autres langues), les apprenants vont développer des théories spontanées sur la langue cible, des savoirs dits « ordinaires » ou « profanes » (Beacco, 2004 ; Paveau, 2005, 2008), qui se fondent sur des représentations plus ou moins axiologiques voire un imaginaire linguistique puriste. Nous analyserons la mise en discours de ces représentations afin de voir comment les conditions d'apprentissage linguistique des étudiants se voient gouvernées par des normes diverses, socialement et culturellement construites. Des extraits du corpus constitué dans le cadre de notre recherche doctorale viendront étayer notre propos.
LES MARQUEURS DISCURSIFS, UN OBJET D'ENSEIGNEMENT PERTINENT POUR LES ÉTUDIANTS ERASMUS ?
Les étudiants Erasmus constituent un public particulièrement problématique pour l'enseignant de français langue étrangère (FLE). En effet, le profil et les besoins en langue de ces apprenants sont très variés et les objectifs d'apprentissage sont pluriels, orientés à la fois vers des exigences universitaires, puisque les apprenants Erasmus doivent être capables de suivre un cours et de passer des examens en français, mais aussi vers le langage parlé de la vie quotidienne, les étudiants Erasmus devant souvent pour la première fois vivre seuls, sans le soutien logistique de la famille. Comment répondre à tous ces objectifs et satisfaire les besoins d'un public si varié ? Tandis que l'offre d'enseignement en FLE aux étudiants Erasmus est encore largement orientée vers le français général, la recherche en didactique s'intéresse plutôt à l'enseignement/apprentissage du français dit « académique » ou « universitaire » pour étudiants étrangers. Partant de ce constat, nous réfléchirons sur les objectifs et les objets d'enseignement nécessairement transversaux des cours de FLE pour étudiants Erasmus. Plus précisément en ce qui concerne les objets linguistiques enseignés au public Erasmus, nous voudrions apporter une petite contribution, en proposant une réflexion à la fois linguistique et didactique sur les marqueurs discursifs du français. Cette notion qui fait l'objet de nombreuses recherches ces dernières années en linguistique ne semble pas encore avoir intéressé la didactique des langues. Et pourtant, en fait, tiens, bon sont bien connus des enseignants de FLE, sommés d'expliquer des emplois fort étranges pour les oreilles d'un public Erasmus peu habitué au parler de l'étudiant français. Ce que nous essaierons donc de montrer, c'est que les marqueurs discursifs constituent un objet d'enseignement particulièrement pertinent pour le public Erasmus parce qu'ils relèvent à la fois du français académique et du français quotidien. Cependant, pour qu'ils deviennent objets d'enseignement autrement qu'à travers des listes notionnelles (les connecteurs logiques de cause, conséquence etc.), il convient de mener une véritable réflexion sur la transposition didactique des descriptions linguistiques existantes. Pour cela, nous nous appuierons sur le projet d'Inventaire raisonné des marqueurs discursifs du français dirigé par Paillard (Université Paris 7-Denis Diderot) et Vu Thi (Université de Hanoï) avec le soutien de l'Agence universitaire de la Francophonie. Après une brève présentation des objectifs d'enseignement/apprentissage du français au public Erasmus et des développements récents du « français sur objectifs universitaires », nous montrerons la pertinence et les modalités possibles d'un enseignement des marqueurs discursifs à ce type de public à travers l'exemple du marqueur en fait.
INTERLANGUE ERASMUS, VERS UN EUROFRANÇAIS ?
Public en pleine expansion, les étudiants Erasmus constituent un public spécifique qui intéresse de plus en plus la didactique des langues et des cultures. Dans le cadre de la mobilité européenne, des pro-grammes de formation linguistiques ont vu le jour, souvent inspirées du Cadre européen commun de référence pour les langues (CECR). Les descriptions des savoir-faire proposés restent souvent dépendantes de l'approche communicative (même si elle s'est dernièrement transformée en perspective actionnelle : apprendre à accomplir des tâches langagières) et de l'objectif d'une grammaire idéalisée d'un locuteur natif. Or, chez ce public, on peut remarquer certaines pratiques interactionnelles qui peuvent donner naissance à des interlangues de groupes qui ne peuvent que difficilement donner lieu à des évaluations.
ERASMUS ET CLASSES D'INITIATION : LA DIDACTIQUE IMPOSSIBLE
On posera le paradoxe d'une langue acquise sans le « savoir » : chez les élèves non francophones nouvellement arrivés en CLIN, le monde de l'école est l'univers privilégié de l'apprentissage du français. Nulle part ailleurs les interactions langagières n'auront un tel impact. Tout nous porte à croire que ces enfants commencent à s'approprier les régularités d'une langue seconde dans le cadre exclusif de situations naturelles d'interlocutions entre pairs et non par le biais d'un quelconque enseignement didactique. C'est la notion de « parler de l'école » qui est ici pertinente puisqu'elle excède les catégories habituelles de la langue de scolarisation. Situation particulière qui offre des ressemblances avec celle d'autres « primo-arrivants » : les étudiants Erasmus.
ERASMUS, LIEUX D'ÉCRITURE ET ÉCRITURE DES LIEUX POUR PUBLIC NOMADE
Le public Erasmus est un public nomade. Non captif, il s'échappe des programmes, des évaluations, des classes ; éphémère, il ne reste qu'un temps qui se dilate par son intensité vécue mais ne coïncide pas avec les rythmes institutionnels ; plurilingue, il surfe sur la norme et pratique de façon décomplexée le code-switching et l'intercompréhension ; extraterritorial : il jouit de sa position liminaire, invente des lieux tiers... La didactique du FLE est mise à l'épreuve par ce public tout à la fois exigeant et fuyant. L'une des voies didactiques possibles pour relier les deux pôles de leur apprentissage linguistique, l'expérience directe et le cours, est celle de l'écriture d'élaboration du vécu qui prend souvent la forme de l'écriture délocalisée sur la toile ou de l'écriture hybride entre le journal de voyage et le journal d'ethnologue dans les journaux d'apprentissage. Dans ce filon, nous examinerons les lieux d'écriture des Erasmus et leur potentiel en didactique : les allers et retours entre la classe (virtuelle ou non) et le corps social appellent à une méthodologique spécifique qui bouleverse les pratiques enseignantes. La voix des Erasmus est souvent sollicitée dans des visées institutionnelles promotionnelles mais leur prise de parole effective qui émerge d'une brève recherche sur les lieux d'expression des Erasmus dans l'espace public, conduit à poser sur ce groupe social un regard renouvelé : non plus hôtes étrangers à assister ou à mettre en vitrine mais agents de nouvelles modalités de citoyenneté active.
PRATIQUES DIDACTIQUES ET CULTURE PARTAGÉE : APPRENDRE À S'INTÉGRER DANS UN SYSTÈME UNIVERSITAIRE AUTRE EN TANT QU'ÉTUDIANT ERASMUS
À partir de la distinction mise au point par Robert Galisson entre culture partagée et culture savante dans les sociétés modernes où l'éducation est devenue publique et obligatoire, il est possible de considérer les cultures scolaires, y compris les pratiques et les représentations auxquelles elles renvoient, comme des cultures hybrides, à cheval entre le savant et le partagé.
Le souvenir d'un certain type d'exercice (par exemple la dictée en France ou le tema en Italie, sorte d'essai où le talent naturel l'emporte sur toute compétence à acquérir) hante la mémoire de tout individu ayant vécu cette expérience scolaire, et peut devenir une source de narration et de partage.
L'étudiant en mobilité doit faire face non seulement à un système d'enseignement et d'évaluation inconnu, mais il doit également comprendre la valeur symbolique de certaines pratiques universitaires ; or, il s'avère que ces spécificités sont souvent identifiées comme des obstacles à l'intégration des étudiants étrangers dans l'environnement universitaire du pays d'accueil.
Voilà pourquoi enquêter sur quelques-unes de ces pratiques caractéristiques des systèmes universitaires de différents pays peut renseigner sur la façon d'après laquelle les auto- et hétéro-représentations des identités culturelles se construisent.
Sur la base d'un corpus de textes argumentatifs en langue étrangère (FLE) adressés à des étudiants italiens destinés à bénéficier (ou bénéficiaires) d'un séjour Erasmus en France, et d'autres instruments d'analyse (profil langagier, interviews, thinking aloud protocols), cette recherche a pour objet d'observer dans quelle mesure les pratiques de classe sont liées au rapport entre langue, culture et scolarité.
D'un point de vue didactique, cette réflexion permet d'une part de fournir aux étudiants en mobilité Erasmus (en particulier outgoing) un outil pour développer les habilités linguistiques et les stratégies cognitives et métacognitives nécessaires à la bonne réalisation d'une période d'étude à l'étranger, et pour remobiliser successivement ces compétences dans d'autres contextes académiques. D'autre part, analyser l'origine des pratiques scolaires dans leurs valeurs symboliques peut constituer une occasion de décentration par l'autoréflexion sur les pratiques autochtones, vécues comme évidentes, naturelles, universelles.
L'INTERCOMPRÉHENSION, UN ATOUT POUR LES ÉTUDIANTS ERASMUS ?
En septembre 2010, l'Université catholique portugaise a organisé trois cours intensifs (EILC) pour des étudiants Erasmus en début de mobilité au Portugal. Sur les 60 heures prévues pour chacun de ces cours (niveau débutant et niveau intermédiaire), 15 heures ont visé un apprentissage formel en Intercompréhension. Notre article présentera les grandes lignes méthodologiques que nous avons suivies dans le cadre d'une Didactique de l'Intercompréhension et analysera les résultats obtenus par l'application d'un questionnaire adressé aux 51 étudiants, concernant la façon dont ils ont accueilli l'Intercompréhension et son influence immédiate sur leur adaptation initiale dans un cadre institutionnel, social et linguistique qui leur était inconnu. -
Etudes anglaises n.65 : persistent dickens
Collectif
- Klincksieck
- Etudes Anglaises
- 17 Avril 2012
- 9782252038444
Charles Dickens in Twenty-First-Century India. A Study of the Novel Q & A by Vikas Swarup and its Film Adaptation by Danny Boyle
Danny Boyle's film adaptation of Vikas Swarup's début novel Q & A, published in 2005 and released worldwide in 2008 as Slumdog Millionaire, inspired many comments regarding alleged "Dickensian" overtones, but so far no thorough analysis of the novel and its adaptation has really substantiated this claim. This article identifies Dickensian influences in the novel and its adaptation, and it tries to understand why Swarup and Boyle resorted to such allusions. In examining the complex effect of Dickensian references on the reception of these works in India but also abroad, the article reveals that they have led to contradictory and even incompatible, but nonetheless extremely relevant interpretations of Swarup's novel and its cinematic adaptation. Through such references, Swarup and Boyle provide a stereoscopic view of Indian culture similar to that of Dickens's London. This perspective not only reveals the striking contrasts inherent to Indian society and this society's deep ambivalence as to its own identity, it also unveils equally ambiguous Western imaginary constructions of India.
La sortie en 2008 de Slumdog Millionnaire, film réalisé par Danny Boyle et adapté du premier roman de Vikas Swarup, Q & A (2005), a amené de nombreux critiques à y relever des échos « dickensiens ». Pourtant, jusqu'à présent, aucune étude approfondie n'a permis de confirmer cette affirmation. Cet article s'emploie à identifier l'influence de Dickens sur ces deux oeuvres et à comprendre les raisons de ces allusions. Il s'interroge sur l'effet des références dickensiennes sur la réception de ces oeuvres en Inde et à l'étranger, et constate qu'elles ont conduit à des interprétations contradictoires et par moments incompatibles, mais non moins révélatrices du roman de Swarup et de son adaptation filmique. À travers ces références, Swarup et Boyle livrent en effet une vision stéréoscopique de la culture indienne, semblable à celle du Londres de Dickens. Cette perspective ne révèle pas seulement les contrastes saisissants inhérents à la société indienne et les ambivalences profondes de celle-ci quant à sa propre identité, elle dévoile aussi des constructions imaginaires tout aussi ambiguës de l'Inde par le monde occidental.
Revisiting Great Expectations. The Postcolonial Persistence of Dickens
Following John Thieme's definition of postcolonialism's dual response to Dickens, resenting canonical writing yet responding to his vision of Englishness and his depiction of marginality and deception in Victorian England, this paper will address the way in which postcolonial engagement with Dickens both qualifies and reasserts the persistence of Dickens. Great Expectations and Pip's inability to read the scenario of his own life provide the hypotext for Lloyd Jones's novel, relocating reading in the context of exploitation and the ruthless violence of war, hovering between redemption and irony. Flanagan's Wanting portrays Dickens's performance in The Frozen Deep and his tryst with actress Ellen Ternan, a transgression which is set in the wider context of the lost Franklin expedition and colonial disaster. The fate of Mathinna, the abandoned orphan, shatters all great expectations in the context of Tasmanian genocide. In these novels, Dickens functions both as a canonical writer and as a transgressor, whose writing raises fundamental questions about humane values, reaffirming the need for persistence even though affiliation remains problematic.
Dickens continue d'occuper une position clef dans l'imaginaire post-colonial, peut-être parce qu'il est perçu comme l'écrivain de la différence et du décalage, plaçant par exemple Pip, le protagoniste de Great Expectations, dans la position du subalterne qui n'accède jamais à la culture dominante à laquelle il aspire. Prisonnier d'un scénario qui lui échappe, Pip invite aux réécritures post-coloniales. Celles-ci opèrent selon deux modalités distinctes, revendiquant la filiation ou au contraire rejetant le modèle canonique. Loin du Jack Maggs de Peter Carey qui déconstruit ironiquement Dickens, les romans de Lloyd Jones et de Richard Flanagan dialoguent avec l'hypotexte pour osciller entre défiance et nostalgie, proposant une relecture de l'humanisme de Dickens et de ses limites dans la violence du génocide ou de la guerre civile. La leçon de lecture prend chez Lloyd Jones des accents à la fois rédempteurs et désespérés, impuissants à endiguer la violence aveugle. Chez Flanagan, la représentation de la pièce The Frozen Deep permet de lier ironiquement désir illicite et réalité coloniale, tandis que le parcours de Mathinna, l'orpheline aborigène abandonnée, réécrit le leurre des vaines espérances. Dickens reste donc la pierre de touche d'une forme d'écriture post-coloniale, réaffirmant la persistance d'une écriture dont les enjeux restent d'actualité, alors même que la relation de Dickens au colonialisme est contestée.
The Havisham Affair or the Afterlife of a Memorable Fixture
Long after they first appeared in fiction, Dickens's characters often seem to have acquired a life of their own. The name of Miss Havisham, the recluse of Satis House, is probably known by many people who may never have read Great Expectations. This article investigates the afterlife of a character whose contemporary reappearances go far beyond the usual stereotypes the mere mention of her name is bound to elicit. It argues that the different discourses held on Miss Havisham by the main characters from Dickens's novel may be used as privileged entries to document the various adaptations of her character today, through poetry, high brow and more popular fiction, and to a lesser extent, through cinema adaptations too. In the last resort, two main directions stand out; the first one responds to the ambivalent feminine identity that her character suggests, especially through her relationship with Estella, and the second appropriates Miss Havisham as a textual signifier, and to conclude as a transtextual adventuress with Jasper Fforde.
Longtemps après leur première apparition dans les romans, les personnages de Dickens semblent avoir acquis une vie en propre. Le nom de Miss Havisham, la recluse de Satis House, est probablement connu de beaucoup de gens qui n'ont peut-être jamais lu Les Grandes espérances. Cet article s'intéresse à la postérité d'un personnage qui dans ses réapparitions contemporaines va bien au-delà des idées reçues que l'on pourrait avoir le concernant. Il démontre que les différents discours que les personnages du roman tiennent sur Miss Havisham dans le roman de Dickens peuvent servir de points de départ pour explorer tout ce qu'il advient d'elle aujourd'hui dans la poésie, le roman plus ou moins grand public et, dans une moindre mesure, le cinéma. Deux directions principales se dégagent pour finir, la première fait un sort à la question de l'ambivalence de l'identité féminine que le personnage porte, principalement à travers sa relation avec Estella, la deuxième met en avant le personnage comme signifiant textuel, ou enfin comme aventurière trans¬textuelle chez Jasper Fforde.
Persistent Marginality: Deviance as a Travelling Aesthetics
Dickensian marginals are famously numerous, and many of them have lived in collective memory for generations. Created within the pale of Victorian decency, Dickens's deviants nonetheless have great imaginary force; such power is precisely what accounts for their eclectic and long-lasting afterlife as characters. There are many successors to Dickens's marginals because these characters will resist one-sided interpretations and definite rationalisation-marginality, with them, is never to be pinned down as a stable motif. The aesthetics of their deviance is already reconfigured within Dickens's novels themselves; and, ever since, it has been repeatedly adopted and adapted. Using three of Dickens's most memorable marginals-Sikes, Fagin, and Miss Havisham-, this article will examine how Dickensian deviance persists but also evolves, moving from one medium to another, and from one century to another.
Les romans de Dickens sont peuplés d'une foule de marginaux parmi lesquels certains ont intégré l'imaginaire collectif depuis des générations. Bien qu'ayant vu le jour sous la contrainte de la décence victorienne, les déviants dickensiens laissent néanmoins dans l'imagination une empreinte profonde. C'est cette force-là qui a permis à ces personnages de subsister si longtemps et de se réincarner en une multitude d'avatars. Les héritiers des marginaux dickensiens sont nombreux, car ces figures ne se laissent déci-dément pas soumettre à une interprétation fermée ni à une explication catégorique - leur marginalité ne peut être réduite à un motif stable. L'esthétique de leur déviance est déjà sujette à des reconfigurations au sein des romans de Dickens ; par la suite, elle a été récupérée et adaptée à de nombreuses reprises. En s'appuyant sur trois des marginaux dickensiens les plus mémorables - Sikes, Fagin et Miss Havisham - cet article explorera comment la déviance dickensienne persiste tout en évoluant, au gré des média et des siècles.
Dickens, and the Persistence of the Letter in the Unconscious: Reading
This paper looks at Lacan's stress on literature, the letter, and the individual letter, as constituting the unconscious and persisting in making its effects felt throughout speech and language. By taking selected examples from Pickwick Papers, David Copperfield and Bleak House, the unsettling and enduring effects of the letter are shown, as both questioning and reinforcing the way that language constructs meaning and signifiance in individual texts.
Cet article étudie l'insistance de Lacan sur la littérature, la lettre, la lettre individuelle qui constitue l'inconscient, et qui persiste à se faire entendre dans le discours et le langage. À l'aide d'exemples choisis empruntés aux Pickwick Papers, à David Copperfield et à Bleak House, on verra les effets déstabilisants et permanents de la lettre, qui remet en question, mais renforce en même temps la façon dont le langage construit le sens de textes particuliers.
Little Dorrit: Dickens's Woman at the Window
This essay is inspired by a 2011 Exhibition in New York, Rooms with a View, focussed upon a crucial image in 19th century painting featuring people, often solitary, usually female, standing at an open window. I try to show that this is also a recurrent motif in Dickens's writing, and that amongst its manifold significances is a clear emphasis on the virtue of persistence. My specific target novel is Little Dorrit, where the image is particularly prominent in view of the novel's setting in various literal and virtual prisons. The heroine is seen regularly stationed at the open window from childhood on, and the patience of this Griselda is rewarded at the novel's end.
L'inspiration de ce texte remonte à une exposition qui s'est tenue à New York en 2011, Rooms with a View, et qui était consacrée à une image clef de la peinture du XIXe siècle, où des personnes, surtout solitaires, surtout féminines, se trouvent debout près d'une fenêtre ouverte. J'essaie de montrer que ce motif est aussi très présent dans l'oeuvre de Dickens, et que parmi les différents sens que l'on peut lui donner, il y a manifestement l'idée de la « persistance ». Je ¬m'attache ici surtout à Little Dorrit, où cette image a une importance particulière, du fait que le roman se déroule principalement dans des prisons, réelles ou virtuelles. Dès l'enfance, l'héroïne se trouve constamment devant des fenêtres ouvertes, et la patience de cette Griselda est récompensée à la fin.
The Thames Persistently Revisited: Dickens on the edge of water
For most people in the world, Dickens is famous for his comic and melodramatic qualities, both for Scrooge's transformation from an old miser into a benevolent uncle and for the dark underworld of London's petty thieves and prostitutes. The favourite locus for this underworld is London's river banks, where prostitutes are tempted by a suicidal urge to dive into the river, cadavers are robbed by unscrupulous watermen, convicts drown trying to leave England by catching the steamboat heading for Hamburg. However persistently he resorted to the river as a place and a metaphor, it seems that throughout his career, Dickens did not approach the Thames in the same systematic way. How did London's river evolve in the mind of the "Inimitable," from the pages of Oliver Twist (1837-39) to those of Our Mutual Friend (1864-65) and how did film versions adapt those visions of the night-time river? Finally, how did the constant evolution in Dickens's approach to the Thames change Londoners' perception of their river in the long run? Oliver Twist, David Copperfield, Great Expectations and Our Mutual Friend will be central to this study.
Pour le grand public, Dickens est resté célèbre pour deux aspects fondamentaux de sa production littéraire : la comédie et le mélo-drame. Pour la postérité en effet la transformation d'un vieil avare en un oncle généreux le dispute aux scènes dramatiques sur les quais du fleuve londonien. Là, une prostituée menace de se jeter à l'eau, certains détroussent des cadavres, un héros autoproclamé plonge pour renaître régénéré tandis qu'un autre en profite pour changer d'identité. Quelle que soit la persistance de la Tamise comme lieu et comme métaphore dans ses romans, il semble que Dickens ait peu à peu modifié son point de vue sur le fleuve londonien. Comment ce dernier a-t-il évolué depuis Oliver Twist (1837-39) jusqu'à Our Mutual Friend (1864-65) et comment les versions cinématographiques ont-elles adapté ces visions de la rivière enveloppée de ténèbres ? Quel impact cette évolution dans l'approche dickensienne a-t-elle eu sur la perception de la Tamise depuis la période victorienne ? Oliver Twist, David Copperfield, Great Expectations et Our Mutual Friend seront autant de balises sur notre parcours.
The Strange Persistence of David Copperfield's Inheritance
In David Copperfield, the theme of David's inheritance has received little critical attention, compared with the theme of his development and self-fashioning as a man (the Bildungsroman) and as an artist (the Künstlerroman). Yet this article tries to show that the two are closely linked and that David's Bildung depends largely on the strange persistence of his inheritance. Apparently, after the death of his father, he is left with a dubious inheritance, which is rather a handicap in the struggle for life. After another crisis, the death of his mother and his ordeal in the firm of Murdstone and Grinby's, he turns to his Aunt Betsey, who adopts him and proves to be the provider of his real inheritance. However, even as he is enjoying it, he gradually discovers that his father has left him with an invaluable legacy, the small collection of books which are now lost, but live on and persist in his memory, thus forming the basis of his growth as a novelist. If we take the word inheritance in its Biblical sense, we may read the novel not simply as a Bildungsroman, or a Künstlerroman, but as a novel of conversion. Thus, the notion of inheritance bears within it the persistence of an ideal within legal and familial transmission.
Dans David Copperfield, les critiques se sont moins intéressés au thème de l'héritage de David qu'à celui de sa formation humaine (le Bildungsroman) ou artistique (le Künstlerroman). Cet article s'efforce de montrer que les deux sont étroitement liés et que la formation de David dépend en grande partie de la préservation et de la persistance de son héritage. Apparemment, après la mort de son père, il se retrouve avec un héritage douteux, qui va plutôt le handicaper dans le combat pour la vie. Après une autre crise, la mort de sa mère, qui le condamne à connaître la dure vie des ouvriers chez Murdstone et Grinby, il se tourne vers sa tante Betsey qui, en l'adoptant, va se révéler être son véritable héritage. Mais tandis qu'il en découvre la valeur, il comprend peu à peu que son père lui a légué un véritable trésor, une petite bibliothèque dont les ouvrages, maintenant disparus, continuent de vivre dans sa mémoire et forment le socle sur laquelle se bâtit sa carrière de romancier. Si nous prenons le mot héritage dans son sens biblique, nous pouvons lire le roman non plus tant comme un Bildungsroman, ou un Künstlerroman, que comme un roman de conversion. La notion d'héritage implique la permanence d'un idéal à travers la transmission juridique et familiale. -
Public Erasmus : vers une mobilité culturelle
Collectif
- Klincksieck
- Etudes De Linguistique Appliquee
- 21 Juin 2013
- 9782252038925
Catherine Carlo : Les étudiants « Erasmus » saisis par l'Europe ?
Résumé : Il y a une dizaine d'années, une enquête par entretiens avait été menée à l'Université Paris 8 (Carlo et Poisson-Quinton, 2001), auprès de 20 étudiants participant à un échange « Erasmus », notamment pour cerner les représentations qu'avaient de l'Europe ces étudiants. Les résultats avaient fait apparaître des caractéristiques saillantes. Le programme ERASMUS a maintenant 24 ans, l'Europe s'est considérablement étendue, le CECRL, élaboré sur la base d'une culture d'apprentissage des langues postulée partagée, est aujourd'hui largement connu et invoqué dans la plupart des pays d'Europe, la réflexion sur l'apprentissage plurilingue d'une part et celle portant sur la construction identitaire intégrative d'autre part se développent au-delà des cercles restreints dans lesquels elles sont nées. La question se pose donc de savoir comment se dessine aujourd'hui l'Europe dans les représentations des étudiants, si l'on considère que les représentations valent d'être éclairées parce qu'elles permettent l'intercompréhension, et orientent les comportements (Py, 2000 : 14). Les résultats de la première enquête seront mis en regard avec les résultats de l'enquête menée durant le premier semestre universitaire 2010-2011, selon le même protocole. Cette seconde enquête s'attachera en outre à la question de la perception d'une culture éducative européenne - question qui n'était pas, comme elle l'est devenue, au coeur des préoccupations universitaires - et à celle des contours de l'Europe.
Maddalena DE CARLO et Laura DIAMANTI : Les vécus des étudiants Erasmus pendant leur séjour à l'étranger : un apprentissage expérientiel
Résumé : Au cours des dernières années, de nombreuses recherches se sont penchées sur les finalités explicites du projet Erasmus, sur les résultats véritablement atteints et sur les risques de réduction de cette expérience de mobilité dans l'espace européen à un simple stage linguistique. Si d'une part le séjour à l'étranger peut apparaître comme un puissant moyen de décentration culturelle, d'autre part le considérer comme un processus naturel, activé automatiquement par la fréquentation de l'autre, serait nier les implications affectives liées aux sens de dépaysement et d'isolement vécus par l'étudiant voyageur dans le pays étranger et à son retour chez lui.
À ce propos des travaux récents ont suggéré des « dispositifs d'accompagnement » à la mobilité (Anquetil 2006) de façon à développer, parallèlement aux savoirs disciplinaires et aux postures intellectuelles, des capacités d'adaptation aux divers contextes culturels.
Cette étude se situe dans cet axe de recherche : les réponses d'étudiants interrogés relativement à leur expérience de mobilité, nous ont permis de dégager des pistes sur les vécus interculturels et les besoins sociaux expérimentés lors d'un séjour Erasmus
Camille GUYON-LECOQ : Retour analytique sur une expérience pédagogique ou plaidoyer pour des cours d'histoire de la culture et des idées françaises à destination des étudiants Erasmus
Résumé : Convaincue par une enquête menée auprès de nos étudiants Erasmus que l'obstacle majeur à une authentique appropriation culturelle est la discordance entre l'image qu'ils se font de la culture française et l'expérience qu'ils font de cette culture lors de leur séjour, nous avons mené, dans cette circonstance d'enseignement exceptionnelle que fut, en 2009, un blocage universitaire partiel, une expérience pédagogique qui nous a donné l'occasion de préciser l'idée que, pour aider efficacement les étudiants Erasmus à prendre conscience des efforts qu'ils doivent faire pour combler leurs lacunes en matière culturelle, un enseignement d'Histoire de la culture et des idées françaises ne devait pas seulement proposer une approche critique des stéréotypes ou substituer des savoirs à des pseudo-savoirs, mais aussi, et presque contradictoirement, se donner pour but d'enseigner de manière systématique tout à la fois les « lieux communs » et une méthode de lecture spécifique qui les aide à s'orienter dans cette prose d'idées contemporaine saturée de culture incorporée, de lieux (culturels) communs, qu'est la grande presse. L'article propose des réflexions sur des pratiques mais aussi des exemples de méthode, l'un sur le sujet de la grève des enseignants-chercheurs, d'une fable de La Fontaine à un article de Philippe d'Iribarne, l'autre sur l'idée de « Modernité », d'une page de Fontenelle à deux articles de Claude Imbert et Jacques Julliard.
Jean-Michel Robert : Lexiculture et noms propres terrain miné pour étudiants Erasmus
Résumé : La lexiculture, conçue pour intégrer plus intimement l'enseignement de la culture à l'enseignement de la langue, s'avère d'un abord difficile quand certains termes sont dotés d'un poids connotatif qui échappe aux étudiants étrangers comme par exemple le public ERASMUS. Que ce soit du fait de la valeur ajoutée au signifié de certains mots, la charge culturelle partagée (culture courante) inconnue des apprenants ou par manque de connaissances dans le domaine de la culture savante, le maniement des noms propres et leurs dérivés (l'adjectif éponyme), tant en culture savante qu'en culture courante, révèle, chez ces étudiants étrangers, des lacunes culturelles. L'enseignement/apprentissage de ces faits de langue concerne aussi bien le français langue étrangère ou seconde que le français académique, universitaire.
Philippe NORMAND : Balaise dans la civilisation ou balaise dans la culture ?
Résumé : En passant de l'interculturel à l'interculturalité, les recherches ethno-anthropologiques postmodernes voudraient se débarrasser de la réflexion sur la culture entendue comme contenu des cours dits de civilisation. En effet, seule l'étude des processus d'interculturation permettraient une meilleure compréhension des « diverses diversités » de nos sociétés contemporaines. Cependant l'éducation des étudiants Erasmus et le CECRL, s'inscrivent dans une tradition éducative à visée humaniste traversée de débats idéologiques sur le SAVOIR et le SAVOIR-FAIRE.
Maddalena DE CARLO : Réflexions sur une compétence difficile à cerner : le savoir-être. Tentative de déclinaison à la lumière du concept de reconnaissance
Résumé : Cette contribution complète l'étude présentée dans ce même numéro (cf. De Carlo et Diamanti), concernant le vécu interculturel et les besoins linguistico-culturels d'étudiants ERASMUS. L'auteure propose en particulier des réflexions concernant une des compétences générales présentes dans le Cadre Européen de Référence pour les Langues : le savoir-être, interprétée dans ce contexte particulier comme la capacité « de resituer et redéfinir ses propres points de repère au cours de l'expérience de l'altérité ». Plusieurs auteurs ont souligné la difficulté à cerner cette compétence relevant de la sphère intime de l'individu : comment relever ce défi éthique qu'est la formation de l'individu, sans que cela se traduise par des préceptes moralisateurs ? D'autre part, si tout apprentissage linguistique met les individus face à la diversité et à l'altérité, l'expérience de mobilité constitue sans doute le moment privilégié où les représentations et convictions de chacun sont mises « à l'épreuve de l'étranger ». Le concept de reconnaissance, élaboré par le philosophe Paul Ricoeur, peut constituer une précieuse réflexion sur la compétence de savoir-être, car il représente d'une part la possibilité de construire l'existence de soi par l'autre ; d'autre part il dépasse la sphère individuelle pour investir la sphère publique, vu qu'en éducation on a toujours affaire à des individus, mais aussi à des communautés, à des cultures et aux institutions qui les expriment. -
Linguistique contrastive et traductologie anglais/français: quels enjeux
Lise Hamelin
- Klincksieck
- Etudes De Linguistique Appliquee
- 8 Février 2014
- 9782252038956
Grâce aux travaux en linguistique contrastive développés par Jacqueline Guillemin-Flescher (entre autres Guillemin-Flescher 1981, 1984, 1993) et ses successeurs (voir les auteurs dans Contrastes, Gournay et Merle 2004), le cours de traduction, partout où il est enseigné par des linguistes rompus à l'exercice de traduction, est le lieu d'une prise de conscience des spécificités récurrentes des deux langues en contact. Ces spécificités, qualifiées d'énonciatives, apparaissent au niveau lexical, intra-phrastique ou inter-phrastique. Elles sont à lier, pour chaque langue, à la façon dont le locuteur se situe a) par rapport à son propos b) par rapport au co-locuteur, c) au sein d'un type de discours. Dans cet article, je propose de présenter les problèmes de traduction posés dans le discours narratif par les énoncés en incise dans les dialogues, comme dans "Always runnin'," I said. / - Toujours en courant, précisai-je. (trad. publiée). En effet, l'étude des énoncés en incise permet de présenter en cours de traduction les 3 niveaux sus-mentionnés où s'illustrent les différences énonciatives récurrentes entre l'anglais et le français. Ce fait de langue constitue ainsi un point d'entrée dans les études contrastives appliquées à la traduction littéraire d'autant plus intéressant qu'il permet aussi d'aborder l'articulation entre récit et discours au sein des narrations. Reprenant l'apport de Gournay 2000 et à partir d'observations quantifiées faites sur un corpus de traductions publiées de l'anglais vers le français, on mettra en avant les spécificités énonciatives des énoncés en incise en anglais et en français. Des problèmes de traduction seront identifiés, concernant la traduction de SAY, de l'incise complexe, l'omission de l'incise. Dans l'optique de l'apprentissage à la traduction, les schémas dégagés ont pour fonction d'alerter sur les choix qu'il est nécessaire de faire pour rendre la production «?traduite?» la plus proche possible d'une production écrite dans un contexte unilingue.
TRADUIRE L'ÉVALUATION SUBJECTIVE?: EXEMPLE DU VERBE ESTIMER Le verbe estimer en tant que modalisateur d'assertion, met en jeu différentes configurations énonciatives selon la source du jugement, l'objet et les critères de l'évaluation. Il permet de poser la «?bonne valeur?» pour l'énonciateur relativement à un cadre de référence qui fonctionne comme norme subjective. Estimer sera traduit par estimate, feel, believe ou think selon les critères de l'évaluation (quantitatifs ou qualitatifs) et le rapport entre la source du jugement, le contenu de pensée évalué et d'autres sources énonciatives potentielles HE WAS SHOT DEAD / HE WAS SHOT TO DEATH?: L'APPORT DE LA TRADUCTOLOGIE À L'ANALYSE UNILINGUE Le présent article a pour objectif de mettre en lumière l'apport de la comparaison avec le français pour l'analyse d'un fait de langue en anglais, à savoir l'alternance des groupes adjectivaux et prépositionnels en to dans les constructions résultatives du type he was shot dead / he was shot to death. Pour des raisons liées aux difficultés matérielles engendrées par la constitution d'un corpus bilingue, l'étude ci-après s'appuiera sur des énoncés de l'anglais du Canada et leur traduction française, collectés via la base de données WeBiText. Quant aux énoncés anglais non traduits, ils proviennent du British National Corpus ou du Corpus Of Contemporary American English. L'analyse proposée s'inscrit dans le cadre de la Théorie des Opérations Énonciatives d'Antoine Culioli.
TRADUIRE WITH Cet article se propose d'analyser la traduction anglais/français de la préposition with. Face à ce problème, traduire ou ne pas traduire with, nous avons établi un corpus de citations, extraites de Far From The Madding Crowd, de Thomas Hardy. Ces exemples sont bien sûr datés mais la discussion des choix de traduction que nous proposons s'inscrit dans une approche synchronique dans laquelle le style particulier à l'auteur est un adjuvant et ne représente pas une contrainte. LE VERNACULAIRE NOIR-AMÉRICAIN?: QUELS ENJEUX POUR LA TRADUCTION?? Le roman de Kathryn Stockett, The Help, paru en 2009 (2010 pour sa traduction française), dresse le portrait d'employées de maison noires dans le Mississipi des années 1960. Bien qu'écrit par une auteure blanche, la version originale fait appel au vernaculaire noir-américain pour faire entendre la voix de ces «?black maids?». Ce choix soulève un certain nombre de questions pour la transposition de l'histoire dans une autre langue et un autre contexte socio-historique. Cette actualité récente est pour nous l'occasion d'un retour sur les implications sociolinguistiques du vernaculaire noir-américain et de sa traduction. Cet article propose un aperçu des dimensions linguistiques, sociolinguistiques et psycholinguistiques du vernaculaire noir-américain, avant d'interroger les choix et les stratégies du traducteur littéraire qui y est confronté, à travers le projet de traduction de Pierre Girard pour La Couleur des sentiments.
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Michèle Biraud. Une double compétence phonologique créatrice d'une double lecture poétique: l'exemple des épigrammes d'Antipater à Pison et au petit-fils d'Auguste (p.215-234)Il résulte de la transformation de la nature de l'accent au cours de l'époque hellénistique que la plupart des Grecs cultivés, à l'époque d'Auguste, savaient, comme le peuple, s'exprimer dans un état de langue qui avait perdu les anciennes oppositions quantitatives en même temps que s'instaurait l'accent d'intensité-durée; néanmoins le maintien de la culture poétique et rhétorique traditionnelle présuppose le maintien de la connaissance du système de prononciation classique fondé sur la prosodie quantitative des syllabes et sur l'accent mélodique. Cette double compétence phonologique n'a pas été sans conséquence sur la production de certains poètes, qui ont essayé de réaliser des tressages d'échos rythmiques et mélodiques harmonieux quel que soit le mode de lecture. Certaines épigrammes d'Antipater de Thessalonique témoignent de recherches élaborées d'organisation rythmique selon ces deux modes de lecture; bien plus, le travail sur les rimes accentuelles (dans le mode de lecture moderne) n'exclut pas un travail poussé sur les mélodies accentuelles (dans le mode de lecture ancien), notamment dans un poème dédié au petit-fils d'Auguste (A.P. 9, 59).Michèle Biraud. Double phonological competence created a double reading of poetry: the example of the epigrams of Antipater to Pison and the grandson of August (p.215-234)It results from the transformation of the nature of the accent during the Hellenistic period that most of the cultured Greeks, in the Augustan age, knew, as common people did, how to express themselves in a language which had lost the former quantitative oppositions at the time at which the accent of intensity-duration established its prevalence; nevertheless the preservation of the poetic culture and traditional rhetoric presupposes the preservation of the knowledge of the classical pronunciation system based on the quantitative prosody of the syllables and on the melodic accent. This double phonological skill was not without consequence on the writings of several poets, who tried to achieve the development of harmonious rhythmic and melodic echoes in both modes of reading. Some epigrams of Antipater of Thessalonica testify to the presence of elaborate searches for rhythmic organization according to both modes of reading; moreover, the work on the accentual rhymes (in the mode of modern reading) does not exclude an elaborate work on accentual melodies (in the former mode of reading), in particular in a poem dedicated to Augustus' grandson (A.P. 9, 59).Julien Faguer. Autour de Isée VI, 36: retour sur la et sur un problème de traduction (p.235-243)Jusqu'à la fin des années 1920, les rares travaux d'économistes consacrés aux sociétés antiques ont suscité un rejet massif de la part des antiquisants et des philologues, privilégiant des approches anachroniques ou strictement juridiques (voir la controverse Bücher-Meyer). Cet intérêt tardif pour les problèmes et les concepts de l'économie doit inciter à aborder avec prudence les passages relatifs au crédit ou au patrimoine dans les sources, leur compréhension restant tributaire de dictionnaires, d'éditions critiques, voire de traductions remontant au xixe siècle. Nous pouvons le voir à propos d'un plaidoyer d'Isée traitant d'une affaire d'héritage. L'imprécision des premiers traducteurs sur les sens d'oikos, d'ousia et d'apotimèma a favorisé un contresens syntaxique, aboutissant à un texte incohérent relayé d'édition en édition. En reprenant les données du problème, je propose une nouvelle traduction du passage, qui reste une source essentielle pour notre connaissance de l'affermage du patrimoine des orphelins dans l'Athènes classique (misthosis oikou), et pour la définition juridico-économique de l'oikos.Julien Faguer. A Note on Isaeus, VI, 36: Reconsidering the and a translation problem (p.235-243)Until the late 1920s, the few studies written by economists on ancient societies aroused strong opposition both from ancient historians and philologists, who favoured anachronistic or strictly legal approaches (see the Bücher-Meyer controversy). Such a late interest for economical problems and terminology should encourage us to deal carefully with passages related to credit and property in the sources, since our understanding of them relies on dictionaries, critical editions or even translations dating back to the 19th century. This is the case with one of Isaeus' speeches that concerns an inheritance case. The inaccuracy of the first translators concerning the meaning of 'oikos', ousia' and apotimma' has led them to misunderstand the syntax of one sentence, producing an inconsistent reading transmitted from edition to edition. After reconsidering the matter, I propose a new translation of this passage, which remains an essential source for understanding the leasing of orphans' estates in Classical Athens (misthsis oikou) as well as the legal-economical meaning of the oikos.Pierre Flobert. La coriandre: du mycénien au latin (p.245-250)Ce condiment très employé dans l'Antiquité en cuisine et en médecine est manifestement un emprunt, non au grec alphabétique, comme on l'affirme partout, mais au mycénien. Il faut donc partir de korijadono, écrit aussi koria2dono, bien représenté sur les listes de condiments à Cnossos, Pylos et Mycènes, qui s'interprète koriandnon en tenant compte des règles graphiques. Le latin conserve le d et dissimile le deuxième n en r; le grec alphabétique atteste peut-être depuis Anacréon, VIe siècle, et en tout cas Aristophane, le d entre deux n s'étant assimilé avant de disparaître nécessairement. Le latin tardif a connu encore une forme dissimilée coliandrum qui a passé en grec byzantine: . Il existe un témoin roman: espagnol culantro, cilantro. Quant au grec , c'est un emprunt très tardif au latin, une forme de glossaire, reprise en grec moderne, mais étrangère au grec ancien. Cet emprunt latin au mycénien ouvre des aperçus sur les trafics commerciaux de l'âge du bronze en Italie du sud, en Sicile et au Latium, bien connus par l'archéologie mycénienne; il s'y ajoute donc des contacts linguistiques qui confirment et approfondissent les relations sociales.Pierre Flobert. Coriander: from Mycaenean to Latin (p.245-250)The coriander was used among the Greeks and Romans both for cooking and curing. The Latin coriandrum is the product of the Mycenaean korijadono, that is koriandnon, with a phonetical treatment that differs from the Greek (perhaps Anacreon, VIth century, and surely Aristophanes). The dissimilated form coliandrum produced the Greek (both are late formations). The Mycenaean origin of coriandrum vouches for the existence of commercial relationships between South-Italy, Sicily or Latium and the Mycenaeans during the Bronze Age. The evidence of language is prevalent in that history.Philippe Le Doze. Choisir son roi (Virgile, Georg., 4, 67-108) (p.251-266)Georg. 4, 67-108 est à lire comme un discours analogique. La ruche est le prétexte à une méditation sur les guerres civiles (ici décrites comme l'acte impie par excellence), mais aussi sur la compétition pour le pouvoir. Conscient des évolutions institutionnelles à l'oeuvre depuis de nombreuses décennies à Rome, Virgile affirme que le « roi » n'est pas légitime en tant que tel. Non seulement il doit être choisi parmi les meilleurs, mais il doit aussi être contrôlé, façonné, de manière à offrir les garanties morales qui agiront comme une limite à sa toute-puissance. Derrière la question des vertus du prince, c'est aussi la valeur morale de l'ensemble de la population qui est en jeu. Le rex joue le rôle du coryphée, le peuple se mettant au diapason. Ces quelques vers montrent que Virgile a développé une réflexion de nature politique en lien avec les bouleversements que connaissait Rome à cette période.Philippe Le Doze. Choosing the right king (Vergil, Georg., 4, 67-108) (p.251-266)Georg. 4, 67-108 has to be considered as an analogical discourse. The beehive provides an analogy for reflecting on the Civil wars (the impious act par excellence as Vergil tells us) as well as on the struggle for power. In his awareness of the contemporary institutional changes, Vergil asserts that the king is no longer legitimate as such. Not only he has to be chosen among the best, but also he has to be shaped and controlled so as to offer moral guarantees that will limit his overwhelming power. Behind the question of the virtues of the prince, appears a further question about the moral value of the population as a whole. As the rex assumes the role of coryphaeus, the people fall in step with him. These few lines prove that Vergil developed a philosophy related to the political upheavals that Rome was undergoing at the time.Claire Le Feuvre. / / : que lisaient les auteurs classiques en Il. 23, 30? (p.267-294)La forme de Il. 23, 30 connaît une variante , retenue par Aristarque. Cette variante était déjà connue au ve s., c'est elle qu'on trouve dans un fragment d'Eschyle ( fr. 158 TrGF), parallèle à un fragment d'Aristias ( fr. 6 TrGF): Eschyle et Aristias retiennent chacun une leçon différente et témoignent de l'ancienneté de la controverse. L'unique attestation du verbe chez Eschyle est donc à éliminer. On propose de voir dans le homérique une forme issue de l'aoriste de , utilisé en attique classique avec le sens moyen de « désirer », en face de , mais qui pouvait avoir un sens passif « je fus étendu » à l'origine, la neutralisation de l'opposition moyen / passif étant secondaire en attique. Un présent thématique contracte peut être tiré de l'aoriste via le participe, dans une formule * # (lesb. ), variante vocalique de #: ce participe peut être en éolien un participe aoriste passif comme en ionien mais aussi un participe présent correspondant au type contracte en - de l'ionien. L'erreur d'identification serait liée à la transposition de l'éolien en ionien, elle serait due à un aède pour lequel était déjà l'aoriste de et n'avait plus d'emploi passif, et qui a donc attribué ce avec valeur passive à un nouveau présent contracte . Il faudrait donc comprendre en Il. 23, 30 « les boeufs étaient étendus, égorgés », interprétation qu'on trouve déjà chez certains commentateurs anciens. Cette forme n'a aucun rapport avec ni avec . En revanche, ces deux derniers verbes sont sans doute apparentés et forment un couple présent radical / présent itératif du type / , dont le sens premier est « battre, marteler ». n'est donc pas un verbe de sonorité onomatopéique mais une formation dérivée selon un schéma régulier. Le sens de « gronder » qu'on admet pour les emplois homériques et post-homériques résulte d'une réinterprétation dans l'emploi homérique où « le flot bat contre le rivage », réinterprété « le flot gronde contre le rivage » sans doute en Od. 5, 402-403. Le rapprochement étymologique de avec skr. rákas- « dommage, blessure », av. r¨aiia- « endommager », est défendable, mais n'est pas certain.Claire Le Feuvre. / / : what did classical writers read in 30? (p.267-294)The Homeric imperfect ( 30) is also transmitted as , which was preferred by Aristarchus. This varia lectio was already known in the 5th c. and is found in an Æschylean fragment ( fr. 158 TrGF), parallel to a fragment by Aristias ( fr. 6 TrGF), each poet retaining a different reading for the Homeric line. This eliminates the only occurrence of the verb in Æschylus. We should analyze the Homeric as a secondary form derived from the aorist belonging to , used in Attic as a middle corresponding to « to desire »: this aorist must have had originally a passive meaning « was stretched out », and the neutralization of the opposition between middle and passive in Attic is secondary. A present can originate in the aorist via the participle, in a formula * # (Lesb. ), vocalic variant of #: in Aeolic, this participle is a passive aorist participle, as in Ionic, but can also be analyzed as a present active participle corresponding to the Ionic contract type in -. The wrong identification would be a consequence of the transposition from Æolic to Ionic, because contemporary Ionic had lost the passive value of and knew only the middle value which is that of classic Ionic-Attic, so that an Æol. passive was reassigned not to , but to a different verb . One should therefore understand in 30 « oxen were laid down, slaughtered », interpretation which is already found in some scholia. This has nothing to do with either or . These two verbs, however, are likely to belong with each other, as a pair consisting of a radical present and a derived iterative present (as / ), the primary meaning of which is « to beat, to hammer ». Thus is not an onomatopeic verb, but a regular derivative. The meaning « to roar » which is attributed to this verb, both in Homeric and post-Homeric occurrences, results from a reinterpretation of the Homeric context in which « the waves beat against the shore » was understood as « the waves roar against the shore », probably in 402-403. The etymological connection of with Sanscrite rákas- « damage », Avestan r¨aiia- « to cause damage » can be strengthened by this analysis of / , but remains uncertain.Francesca Maltomini. Nouvelles recherches sur les sylloges mineures d'épigrammes grecques (p.295-318)Une analyse attentive des contenus et de la structure du recueil d'épigrammes anciens écrit par Constantin Lascaris dans les ff. 101-136 du manuscrit Matrit. BN 4562 (olim N-24) permet d'aboutir à des conclusions fiables sur ses sources et sur sa valeur culturelle: si l'importance de ce recueil sur le plan textuel est assez limitée, les principes qui ont gouverné sa composition sont, par contre, très intéressants pour l'histoire des anthologies épigrammatiques. L'attention à certaines thématiques qui est évidente dans le choix opéré par Lascaris est étroitement liée au contexte culturel dans lequel le savant byzantin émigré en Italie a vécu et travaillé.Francesca Maltomini. New Researches on the Sillogae Minores of Greek Epigrams (p.295-318)An accurate study of the contents and structure of the epigrammatic collection written by Constantin Lascaris in ms. Matrit. BN 4562 (olim N-24), ff. 101-136 leads to fairly certain conclusions about its sources and its cultural value. Although its textual contribution is limited, the principles that guided its composition are very interesting for the history of epigrammatic anthologies. The special attention devoted by Lascaris to specific themes is linked to the cultural context in which the Byzantine scholar lived and worked during his stay in Italy.Camille Rambourg. Aristophane, Grenouilles, 1437-1465: un éclairage rhétorique (p.319-333)La dernière épreuve, décisive, du concours qui oppose Eschyle à Euripide dans les Grenouilles d'Aristophane (1437-65) consiste à répondre à la question Comment sauver Athènes?; mais le texte qui nous a été transmis est incompréhensible en l'état. Les nombreuses reconstructions qui en ont été proposées divergent profondément quant à l'attribution des répliques, c'est-à-dire des réponses, aux deux poètes, et de là quant à la valeur de ces réponses et à l'interprétation de la décision de Dionysos en faveur d'Eschyle. Or il semblerait que la prise en compte du contexte rhétorique de la fin du ve siècle, jusqu'ici peu mis à contribution pour l'interprétation du passage, puisse fournir à la fois un argument supplémentaire à l'appui des reconstructions d'A.H. Sommerstein (1996) et de N.G. Wilson (2007) et une réponse nuancée à la question de la valeur des solutions avancées par chacun des deux poètes et de leur rôle dans l'issue du concours.Camille Rambourg. Aristophanes, Frogs, 1437-1465: a rhetorical point of view (p.319-333)In the last and decisive round of the contest between Aeschylus and Euripides in Aristophanes' Frogs (1437-65), the two poets are to answer Dionysus' question How to rescue Athens? The extant text, however, is very difficult to follow at this point. Numerous attempts have been made to mend it, but they differ widely from each other as to the attribution of the answers to the two poets, and also, as a result, as to the value of the answers and the interpretation of Dionysus' judgment in favour of Aeschylus. Now it seems that, by taking into account the rhetorical context of the late fifth century, which has so far been neglected for the interpretation of these lines, we can offer not only an additional argument in favour of the solutions proposed by A.H. Sommerstein (1996) and N.G. Wilson (2007), but also a nuanced reply to the question of the value of the poets' answers and of their significance for the outcome of the contest.
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Francesca Prometea BARONE, Pour une édition critique de la Synopsis Scripturae Sacrae du Pseudo-Jean Chrysostome La Synopsis Scripturae Sacrae du Pseudo-Chrysostome (PG, 56, 313-386) constitue un document fondamental pour l'histoire de la formation et de la composition du canon biblique dans les premiers siècles chrétiens, car il se présente comme la plus ancienne collection de résumés de livres bibliques. Néanmoins, pour évaluer correctement la valeur historique de cette oeuvre, il est nécessaire de résoudre deux problèmes critiques qui la caractérisent : la détermination de l'extension du texte (le texte publié dans la PG constitue le résultat hybride d'une combinaison acritique de sources distantes les unes des autres) ; le rapport de cette Synopsis avec une autre Synopsis attribuée faussement à Athanase (PG, 28, 281-438). L'analyse de la tradition directe semble légitimer la conclusion selon laquelle la première branche de la tradition (H P O M) témoigne d'un stade du texte plus ancien, mais déjà fortement lacunaire par rapport à « l'original » ; la deuxième branche (N R L) serait intervenue pour combler les lacunes produites dans le temps, en ayant recours aux matériaux disponibles : la Synopsis du Ps. Athanase en premier lieu ; ensuite, les Vitae Prophetarum. L'article énonce les interventions sur le textus uulgatus qui s'imposeront au moment de la constitutio textus.
Guillaume BONNET, Remmius Palémon et la catégorie des adjectifs : le sens de la leçon partio dans le texte de l'Ars de Charisius Le texte admis par les éditeurs de Charisius, p. 146, 29 et 147, 1 B, partio, est présenté comme un vulgarisme. Nous proposons de le comprendre comme une création terminologique délibérée, dans un texte qui remonte peut-être à Palémon. Dégageant pour la première fois nettement la classe des adjectifs, le grammairien lui confère un nom autonome, qualitas, et la constitue en partio, désignant par ce faux avatar de partitio (en fait, un dérivé en -io) une classe intermédiaire entre la pars orationis et les sous-catégories traditionnelles auxquelles il n'assimile pas les adjectifs.
Michel CASEVITZ, Δουλέκδουλος. Sur une injure et certains composés nominaux À partir d'un fragment de Diodore de Sicile (X, 1) où apparaît le surcomposé δουλέκδουλος, on examine les quelque quarante composés de δοῦλος, dont certains sont employés tôt, dans la langue des Tragiques notamment. Beaucoup de ces composés sont en fait des injures.
Kathryn GUTZWILLER, Apelles and the Painting of Language Art historical anecdotes and literary ecphrases offer evidence that Apelles consciously addressed, in both his technical writings and his painting, the paradoxical nature of art as a silent presence activated by the linguistic paradigms employed by viewers. The ecphrastic tradition preserving Apelles' theoretical analysis of his painting is discussed in three sections, each examining different aspects of the interrelationship of the verbal and the visual: Herodas' Mimiambus 4 on realism and truth, Lucian's Calumny on allegory and falseness, and a series of ecphrases and anecdotes on verbal reaction to the corporality of paint as a means of reifying Apelles' Aphrodite Anadyomene as a living goddess.
Bernadette MORIN, L'inscription d'Ion au patrimoine mythique d'Athènes L'action de l'Ion d'Euripide se dénoue grâce à l'introduction, dans l'espace théâtral, de la corbeille d'exposition du héros. Loin d'avoir cantonné cet objet de naissance à une fonction d'accessoire scénique, le dramaturge en a fait un objet emblématique de sa tragédie. En effet parce que dans son tressage la corbeille rassemble les données constitutives du héros et concentre les thèmes à l'oeuvre dans le drame, elle symbolise l'existence d'Ion ; par son ouverture au terme du drame, elle se fait la métaphore de la révélation apportée par la tragédie : la découverte de l'ascendance apollinienne du héros. Dans ce drame qui met en spectacle un mythe nouveau, Euripide révèle son habileté d'homme de théâtre.
Giampiero SCAFOGLIO, La via per l'immortalità. Un'interpretazione dell'Inno omerico ad Afrodite The Homeric Hymn to Aphrodite seems to be an hymn sui generis for the peculiarity of the mythological tale and for the apparent lack of didactic purpose. It dials with the complex and delicate problem of immortality, tries to find an answer to this issue (as also Homer and Pindar do, each in his own way) and comes to an original solution.
John SCHEID et Paul VEYNE, Proprius (Virgile, Ecl. VII, 31 ; Aen. VII, 331) Dans Virg., Ecl. VII, 31 et Aen. VII, 331, le terme proprius doit être traduit par « si cela te convient » et « approprié », comme dans les documents sacerdotaux et chez Plaute.
Gilles VAN HEEMS, Nombre, chiffre, lettre : formes et réformes des notations chiffrées de l'étrusque L'article se propose d'examiner deux types de notation « anormale » des séquences numérales en étrusque. La première est représentée par les graphies de type XIIIX, XIIX et XIX, au lieu des formations régulièrement attendues XVII, XVIII et XVIIII, et est due à une influence de la forme linguistique des numéraux étrusques des séries '17, 18, 19', '27, 28, 29', etc. Le corpus des inscriptions funéraires de Tarquinia et Volterra, où abondent les notations numérales, permet un encadrement chronologique satisfaisant de cette réforme graphique. On s'intéresse ensuite aux notations en toutes lettres de séquences numérales dans l'épigraphie étrusque : pourquoi, dans certaines épitaphes, l'âge du défunt est-il donné en lettres plutôt qu'en chiffres ? Un examen attentif de la répartition de ces notations en toutes lettres doublé d'une étude prosopographique des titulaires d'inscriptions où les séquences numérales sont rédigées en lettres permet de conclure que le succès de ces notations, qui restent minoritaires et « hors norme », s'explique par les connotations de prestige qui s'attachent à l'emploi des lettres par rapport aux chiffres.
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Crées par B. Quemada, notre Président d'honneur, en 1961, les ÉLA ont vocation durable à publier des travaux de recherche, de formation, d'information visant à promouvoir et développer l'accès aux langues-cultures, étrangères et maternelles.
Reste que la politique éditoriale de la revue a beaucoup évolué au fil du temps :
1. dans son orientation générale d'abord : elle assume à la fois son histoire et ses changements de perspective ; ainsi, tout en conservant son titre originel, qui fait référence à la discipline dont elle se réclamait naguère, elle affiche aujourd'hui d'autres ancrages, qui élargissent l'horizon, déplacent l'assiette et modifient l'approche de l'objet étude. Elle publie uniquement des textes en français, pour préserver la dimension internationale de cette langue comme vecteur de communication artistique, scientifique, courante et affirmer le droit à l'existence de toutes les langues-cultures.
2. dans le traitement de la matière ensuite : elle a opté pour la thématisation-trimestrialisation en 1971 et privilégié ainsi le développement des recherches collectives ; elle ouvre à présent l'éventail des choix thématiques, en vue de diversifier sa production pour satisfaire et conforter les attentes de son lectorat habituel (fidélisé par abonnement) et aller à la rencontre d'un lectorat occasionnel (tributaire de la diffusion au numéro), dont elle ne saurait ignorer les problèmes dès lors qu'ils sont identifiés. -
Revue de littérature comparée n.332
Collectif
- Klincksieck
- Revue De Litterature Comparee
- 16 Janvier 2008
- 9782252036174
Fondée en 1921 par Fernand Baldensperger et Paul Hazard, la Revue de littérature comparée, rédigée en français et en anglais, est une revue à comité de lecture qui a une vaste diffusion internationale.
Consacrée aux études comparatistes sur les littératures de l'Europe et du monde, elle en propose des approches historiques, théoriques ou méthodologiques.
Trimestrielle, elle fait alterner deux numéros thématiques confiés à un rédacteur en chef, et deux numéros qui accueillent des articles traitant de sujets variés.
Les propositions d'articles, rédigées en français ou en anglais, sont soumises sous anonymat à l'examen de deux rapporteurs désignés par le comité de rédaction.
Les numéros non thématiques publient chacun un nombre important de comptes rendus d'ouvrages ainsi que, régulièrement, des études critiques et des notes documentaires qui font de cette revue l'instrument de travail de référence dans le domaine des recherches comparatistes sur la littérature.
Direction :
Pierre Brunel, Daniel-Henri Pageaux, Véronique Gély
Comité d'honneur :
J. Body, F. Cheng, C. Garcia Gual, M. Glowinski, Mme Meng Hua, E. Lourenço, Cl. Magris, R. Mortier, J. Riesz, G. Steiner, J. Starobinski, M. Schmeling
Comité de rédaction :
Bernard Franco, Karen Haddad, Glyn Hambrook, Anne Teulade (secrétaire : anne.teulade@univ-nantes.fr), Sylvie Parizet, Yinde Zhang
Comité de lecture :
Yves Clavaron, Claude De Grève, Antonia Fonyi, Marie-Françoise Hamard, Micheline Hugues, François Lecercle, Daniel Madelénat
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The Revue de Littérature Comparée, founded in 1921 by Fernand Baldensperger and Paul Hazard, is a peer-reviewed journal devoted to the comparative study of European and international literature from a historical, theoretical and methodological perspective. The range of themes and topics with which the journal engages not only place it at the forefront of comparative literary research in France and beyond, but also make it an invaluable research and reference tool for literary scholarship in general.
The Revue de Littérature Comparée, operates, in accordance with international quality practice, a double blind peer-review procedure that is managed by the journal's Submission Review Committee. The journal publishes two themed and two open issues per year. The latter incorporate, in addition to critical essays and bibliographical studies, a substantial number of book reviews. This broad range of research topics makes this journal the leading working instrument, as well as the publication of reference in the field of comparative literature in France.
The Revue de Littérature Comparée accepts submissions in French and English.
Board of Directors :
Pierre Brunel, Daniel-Henri Pageaux, Véronique Gély
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J. Body, F. Cheng, C. Garca Gual, M. Glowinski, Mme Meng Hua, E. Lourenço, Cl. Magris, R. Mortier, J. Riesz, G. Steiner, J. Starobinski, M. Schmeling
Editorial Committee:
Bernard Franco, Karen Haddad, Glyn Hambrook, Anne Teulade (secretary : anne.teulade@univ-nantes.fr), Sylvie Parizet, Yinde Zhang
Submission Review Committee:
Yves Clavaron, Claude De Grève, Antonia Fonyi, Marie-Françoise Hamard, Micheline Hugues, François Lecercle, Daniel Madelénat
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Concernant les années antérieures à 2004, seuls les numéros thématiques ont été référencés. Pour tout renseignement concernant la disponibilité d'un numéro ou son contenu, merci d'adresser vos demandes à courrier@klincksieck.com -
Etudes anglaises n.61.2 : la poésie américaine contemporaine: formes et pratiques
Collectif
- Klincksieck
- Etudes Anglaises
- 18 Juillet 2008
- 9782252036464
Articles :
Christine Savinel : Introduction
Cole Swensen : The Hybrid : The Meeting of American Poetry's Extremes
Olivier Brossard : Peter Gizzi's hypothetical lyricism : Some Values of Landscape and Weather (2003) and The Outernationale (2007)
Antoine Cazé : « Les muses inquiétantes » : intermittences musicales dans la poésie de John Ashbery
Hélène Aji : S'écrire l'histoire : Mac Low, Silliman, Hejinian, Watten, Goldsmith
Marie-Christine Lemardeley : Lyn Hejinian : l'écriture à la limite
Tony Lopez : Susan Howe's Visual Poetics
Isabelle Alfandary : La pensée à l'oeuvre chez David Antin
Essai
Marjorie Perloff : Unoriginal Genius : Walter Benjamin's Arcades as Paradigm for the New Poetics -
Etudes anglaises n.61.2 : genre(s)
Collectif
- Klincksieck
- Etudes Anglaises
- 11 Décembre 2008
- 9782252036471
Frédéric REGARD : « If I can't dance I don't want to be part of your revolution » : désorientations
Paul HAMMOND : Shakespeare's Male Utopias
Chantal ZABUS : Against the Straightgeist: Queer Artists, "Shakespeare's England," and "Today's London"
Nathalie ZIMPFER : Portrait of the Narrator as a Phallocrat : Tristram from Swiftian Modern to Self Defeating Shandy
David AMIGONI and Amber K. REGIS : The Colony, the Carpenter's Shop, and the Making of the Queer "Man of Letters" :
hybridity, art, and sexuality in J.A. Symonds's writing
Merete STISTRUP JENSEN : Au-delà de la différence sexuelle : Orlando de Virginia Woolf et Seven Gothic Tales de Karen
Blixen
Béatrice BIJON : "Voices under Water" : Jeanette Winterson's Oranges Are Not the Only Fruit
Xavier LEMOINE : Le camp lesbien des Five Lesbian Brothers
Thomas DUTOIT : Homo-hetero-phony-graphy: on Quentin Tarantino's Pulp Fiction
Jean-Paul ROCCHI : Writing as I Lay Dying-AIDS Literature and the Death of Identity
William J. SPURLIN : Postcolonial/Queer and the "New" South Africa : HIV/AIDS and Emerging Queer Transnational Politics