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sylvain diaz
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Avec Wajdi Mouawad ; tout est écriture
Sylvain Diaz, Wajdi Mouawad
- Actes Sud-Papiers
- Apprendre
- 13 Septembre 2017
- 9782330072544
A l'occasion d'une résidence à l'université de Strasbourg en mars 2016, Wajdi Mouawad s'est entretenu à trois reprises devant son public avec Sylvain Diaz, enseignant-chercheur en études théâtrales. La plongée profonde, parfois vertigineuse, de l'artiste jusqu'au coeur de son oeuvre confère à ces rencontres une valeur de témoignage exceptionnel.
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j'ai toujours la photo tu sais, là-bas il y avait forcément quelque chose pour toi, quelque chose de spécial, quelque chose d'apaisant et d'électrique en même temps, la forêt était impressionnante, il faisait frais à l'aube, doux dans la soirée, quand j'y pense, on n'a jamais visité Tokyo, je sais que tu n'as jamais aimé la ville, ton père non plus, il disait qu'il y avait trop de monde, que le réseau des transports en commun était compliqué, que les gens ne pensaient qu'à eux-mêmes et qu'ils étaient froids
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La marche va-t-elle de soi?? La question peut paraître incongrue. Pourtant, la marche ne revêt aucune évidence?: elle est, à chaque instant, lutte contre la gravité qui nous entraîne vers le sol. Elle est d'autant moins évidente qu'elle est, par-delà sa physique, métaphorique, signalant le repli sur soi, le vagabondage, l'errance ou, au contraire, l'ouverture aux autres. Comment, dès lors, représenter la marche?? Si elle vaut pour tous les arts, cette question prend un sens particulier dans les arts vivants du fait de l'effectivité même de la marche. Elle est le mouvement zéro des corps qui se déplacent au plateau. À partir de ressources empruntées à l'anthropologie, à l'histoire, à la philosophie ou à la sociologie, il nous a semblé nécessaire de penser les pratiques de la marche des artistes d'aujourd'hui, chez qui la démarche confine souvent à la déroute. Dans les oeuvres étudiées, la marche échappe à toute destination comme à toute signification pour mobiliser non seulement les interprètes mais aussi les spectateurs mus par ce qui se joue non pas face à eux, mais avec eux. Conçus lors de la dernière crise sanitaire, les chapitres de cet ouvrage ont été écrits à un moment où la marche n'allait plus de soi. Sinon impossible, elle était restreinte et contrainte par les pouvoirs publics. Aussi avons-nous pensé ce livre comme une invitation au voyage à travers les représentations de la marche dans les arts vivants contemporains.
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De quoi la dramaturgie est elle le nom ?
Marion Boudier, Alice Carré, Sylvain Diaz, Barbara Métais-chastanier
- L'Harmattan
- Univers Theatral
- 10 Mars 2014
- 9782343027920
Définie à partir du modèle théâtral, la dramaturgie est désormais inscrite et revendiquée au sein d'autres arts scéniques comme la danse, le cirque, ou encore l'opéra. Cet ouvrage se propose donc de l'appréhender de manière extensive et transversale avec l'ambition d'analyser la spécificité de la posture dramaturgique dans tous les arts de la scène, du point de vue de leurs processus de création et en donnant la parole à leur praticiens.
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Dramaturgies de la crise (XXe-XXIe siècles)
Sylvain Diaz
- Classiques Garnier
- Etudes Sur Le Theatre Et Les Arts De La Scene
- 27 Septembre 2017
- 9782406065432
Notion dramaturgique majeure au vu de la récurrence de son emploi dans les traités d'esthétique, la crise est pourtant une notion encore à construire, construction à laquelle procède cet ouvrage à partir de l'étude des oeuvres de Brecht, Weiss, Bond d'une part, de Horváth, Vinaver, Crimp d'autre part.
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Utopies de la gratuité : droit, économie, esthétique et histoire des arts
Collectif
- Pu De Strasbourg
- Arts-Correspondances
- 13 Septembre 2022
- 9791034400393
Et si malgré les idées reçues, art et gratuité pouvaient faire bon ménage ? De nombreux artistes le revendiquent pour des raisons économiques, idéologiques ou esthétiques et font en sorte de matérialiser cet engagement sous diverses formes. Les contributions réunies dans ce volume présentent différents arts - théâtre, danse, cinéma, musique, arts plastiques ou arts de la rue - et croisent plusieurs champs d'analyse - économie, politique culturelle, éthique, théorie esthétique ou processus créatif -. Au fil des pages se dessine un panorama des modalités de la gratuité, du don et du partage de valeurs ou de biens communs.
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« À la renverse » : Dramaturgies de la chute
Sylvain Diaz
- Deuxième époque
- Domaines
- 4 Septembre 2025
- 9782377691388
Quoi de commun entre Place des héros (1988) de Thomas Bernhard et Krach (2013) de Philippe Malone, entre Les Idiots (1997) de Claudine Galea et Promenades (2003) de Noëlle Renaude, entre Après la pluie (1993) de Sergi Belbel et Pulvérisés (2009) d'Alexandra Badea ? Toutes mettent en scène « des hommes qui tombent », pour reprendre le titre d'une pièce de Marion Aubert ; toutes mettent en scène des « hommes dégringolés », pour reprendre le titre d'une pièce de Christophe Huysman. Toutes suggèrent que, depuis les années 1980, le théâtre est hanté par la chute.
L'expérience pourrait être banale : qui n'a jamais raté une marche, glissé sur une plaque de verglas, perdu l'équilibre, cédé à la pesanteur qui invariablement nous entraîne vers le sol ? Mais elle ne l'est pas car cette physique est aussi une métaphysique. C'est qu'elle charrie un imaginaire où se confondent, de manière presque indiscernable, doctrine biblique - selon laquelle est exclu du paradis céleste le pêcheur projeté vers l'enfer terrestre - et philosophie platonicienne - selon laquelle l'âme « ayant joué de malchance, gorgée d'oubli et de perversion », s'incarne en tombant. Dans la chute à laquelle nous sommes toutes et tous exposés, se rejoue immanquablement la Chute - événement qui, selon Cioran, inaugure l'Histoire, du moins dans la tradition occidentale.
Représentant crashs (F. Richter, J.-R. Lemoine) et défenestrations (A. Jacob, W. Mouawad), sauts depuis un pont (A. Badea, O. Sylvestre), une falaise (A. Allais, S. Diard) ou un immeuble (J. H. Khemiri, G. Poix), notre théâtre s'inscrit dans cette Histoire qu'ont pu raviver, plus ou moins récemment, tant l'image de « l'Homme qui tombe » depuis les tours en feu du World Trade Center que la pensée collapsologique qui postule l'effondrement prochain de nos civilisations. Notre théâtre expose un monde « à la renverse », pour reprendre le titre d'une emblématique pièce de Michel Vinaver qui métaphorise la chute, signe universel de déchéance, de déréliction, d'échec souvent cuisant, parfois ridicule (aussi drôle que cruelle, elle a tout du gag). C'est à l'exploration de ces dramaturgies de la chute, principalement françaises, qu'est consacré cet ouvrage, conçu comme une « hantologie » : il s'agit bien, dans ces pages, de débusquer ce qui, presque obsessionnellement, les inquiète - quitte à se demander si le théâtre des quarante dernières années, si notre théâtre (qu'à l'envi on dit politique) ne serait pas en fait moral.
À cette question brutale, on n'apportera de réponse qu'en conclusion, après avoir envisagé comment, de Bernard-Marie Koltès à Marina Skalova, la scène devient, chez ces auteurs, chez ces autrices, lieu d'invention d'un « (extra)ordinaire art de choir » : on peut y trébucher ou y basculer ; on peut y culbuter ou s'y abîmer, selon les titres des quatre chapitres qui forment cette étude. Chacun expose une approche différente de la chute que déploient des écritures de l'accident et de la gravité, des écritures de l'effondrement et de la faute. Prises entre le vertige (vaciller est le titre du prologue) et le soulèvement (se redresser est celui de l'épilogue), les dramaturgies ici traversées explorent obstinément ce qui caractérise notre posture anthropologique fondamentale (être debout), et ce qui violemment la mine.
« À la renverse » - Dramaturgies de la chute (1980-2020) ne contribue pas seulement à la nécessaire élaboration d'une poétique du drame contemporain ; elle esquisse aussi en creux son ontologie.