Perdu dans les rues de Madrid, un vieil homme déambule à la recherche de son domicile. Ressassant les souvenirs d'un monde disparu, il imagine une ville future privée de musées, de librairies et de salles de cinéma où les lieux de culture et de rencontre sont désormais tout aussi virtuels que l'amour et où les nouvelles technologies asservissent la collectivité pour imposer leur nouveau modèle de consommation. À la croisée du conte et de la dystopie, ce roman sonde avec mélancolie l'obsolescence programmée d'un monde et de la vie d'un homme.
Annie Ernaux est aujourd'hui, de façon incontestable, l'un des auteurs français les plus (re)connus dans le paysage littéraire contemporain, son oeuvre est traduite dans de nombreux pays et couronnée par de multiples prix (récemment encore le Prix Prince Pierre de Monaco). Ce volume qui lui est consacré permettra tout à la fois de satisfaire les lecteurs les plus érudits mais également de répondre à la curiosité littéraire d'un public de plus en plus large et fidèle. Mêlant regards critiques et interventions plus personnelles d'écrivains ou d'artistes, le Cahier explore autant les enjeux sociologiques, historiques et parfois psychanalytiques de l'oeuvre d'Annie Ernaux que sa sensibilité intime. La multitude des intervenants, issus de milieux aussi divers que le cinéma, le théâtre, la littérature, la chanson et la recherche littéraire, vise à mettre en valeur les nombreuses facettes du travail d'Annie Ernaux. Certaines parties mettent l'accent sur des ouvrages précis, L'Événement, Les Années et Mémoire de fille, quand d'autres abordent les thématiques qui traversent toute l'oeuvre ; écriture, voyages, engagement politique,... De nombreux extraits inédits du journal d'écriture d'Annie Ernaux témoignent par ailleurs du regard sans cesse éveillé que l'écrivaine pose sur le monde.
Depuis maintenant une bonne trentaine d'années, chercheurs, collectionneurs, lecteurs et spécialistes ont permis de révéler la richesse, la profondeur et la complexité de l'oeuvre de Colette ainsi que sa personnalité, inscrits dans la modernité. C'est cette modernité qu'explore le Cahier de L'Herne. Non seulement en revisitant quelques-uns des grands thèmes de l'oeuvre, mais aussi en s'interrogeant sur la radicalité dont Colette fait preuve dans ses choix. À propos des bêtes, de la nature, ou encore de sa position ambivalente à l'égard du féminisme, dont certains travaux et textes prouvent que Colette professe un féminisme non pas théorique et militant, mais un féminisme du quotidien, on serait tenté de dire : un féminisme constitutif. Le développement des « gender studies » (études de genre), venues des États-Unis, a contribué à faire relire Colette dans cette optique. Car il s'agit, là aussi, d'une interrogation essentielle qui irrigue toute son oeuvre et bien souvent sa vie, lui permettant de questionner les représentations classiques du féminin/masculin en les détournant, voire en les inversant.
Ce recueil regroupe une trentaine de chroniques de voyage, nous invitant à parcourir les paysages andins, du Pérou à la Bolivie, jusqu'aux confins de l'Europe, à Berlin, Rome ou Londres. Mario Vargas Llosa se révèle véritable « citoyen du monde », témoignant avec clairvoyance de ses évolutions sociales et politiques et posant son regard de journaliste sur les traditions culturelles de pays lointains (Hawaï, les îles marquises, le Japon,...). Ces quelques chroniques démontrent surtout que Mario Vargas Llosa est un homme curieux de tout, un écrivain nourri de multiples lectures dont la plume n'a de cesse d'interroger le théâtre du monde.
Nul besoin de caution pour s'intéresser à l'oeuvre monumentale de Vladimir Jankélévitch (1903-1985) qui traverse de bout en bout le XXe siècle. Philosophe, écrivain, pianiste, musicologue, résistant, témoin et victime d'une guerre qui a « coupé sa vie en deux », infatigable marcheur de la gauche, professeur en Sorbonne... C'est tout cela que fut Vladimir Jankélévitch. Les visages de l'homme sont multiples et ce Cahier, à partir de conférences et d'articles de Jankélévitch désormais introuvables (sur la musique, la religion et son judaïsme), de documents historiques (un CV corrigé de la main de Jankélévitch, une attestation de Résistance), d'engagements publics (sur l'enseignement de la philosophie, sur l'Université française, sur la Shoah, sur l'Allemagne d'après-guerre), mais aussi, du pinceau de ses maîtres, de ses collègues, de ses disciples et de ses fidèles amis, permet d'en dessiner tous les contours.
Toutes les pages de ce Cahier démontreront sans peine l'actualité d'une pensée qui lie tous les champs du savoir classique à l'exigence quasiment existentielle de la morale.
Depuis la parution du Méridien de Greenwich en 1979, Jean Echenoz s'est imposé comme l'un des écrivains parmi les plus singuliers et les plus novateurs du paysage littéraire français de notre temps, reconnu par la critique et suivi par un public toujours plus enthousiaste. Ce Cahier de L'Herne propose d'interroger une oeuvre qui, jalonnée de récits majeurs comme L'Équipée malaise, Les Grandes Blondes, Ravel ou encore 14, n'a cessé de déplacer ses enjeux pour interroger de nouvelles formes narratives. De fait, loin d'être figées, l'interprétation et la connaissance de l'oeuvre de Jean Echenoz se voient constamment remises en jeu par les romans successifs que l'auteur a pu faire paraître, chaque nouveau récit éclairant d'une lumière neuve les romans précédents. Le volume révèle plusieurs périodes de l'écriture de Jean Echenoz rendues lisibles grâce aux carnets personnels de l'écrivain, accessibles pour la première fois et dont la lecture modifie en profondeur la saisie de l'oeuvre. Alternant les contributions de spécialistes, qui interrogent la poétique même d'Echenoz, avec des interventions d'autrices et d'auteurs qui, toutes générations confondues, rendent hommage à l'influence majeure de Jean Echenoz dans la littérature contemporaine, ce Cahier entend dessiner le portrait de l'un des romanciers qui, s'il se tient parmi l'un des plus discrets de sa génération, n'en est pas moins l'un des plus influents.
L'étude des rapports entre sciences humaines, ésotérisme et occultisme irrigue intrinsèquement toutes les disciplines des sciences humaines. Si les historiens, anthropologues et ethnologues ont de longue date investi ces domaines de la culture occidentale, les spécialistes de littérature ont tendance à regarder ces objets avec suspicion, même si ces derniers font intrinsèquement partie de la pensée des auteurs ou de leur bagage culturel. L'ambition de ce Cahier est donc de parcourir cette création littéraire, depuis la fin du XVIIIe siècle jusqu'à l''émergence du concept de « contre-culture » à la fin des années 50. Pour envisager une telle perspective diachronique, l'approche littéraire est indissociable d'une histoire culturelle et des mentalités. C'est pourquoi le cahier « Mondes invisibles » a été conçu comme le lieu d'un dialogue interdisciplinaire et transéculaire.
Organisé en quatre volets, le Cahier aborde autant de thématiques telles que le spiritisme et les formes occultes et ésotériques qu'il revêt au XIXe siècle, la tension dialectique entre sciences et parasciences, les héritages ésotériques, les individualités remarquables du mouvement, ou encore les phénomènes collectifs qui ont alluvionné la création littéraire.
Ce volume explore les enjeux intellectuels et culturels des mondes invisibles dans une perspective historique, littéraire et anthropologique. Il réunit une cinquantaine de contributions de spécialistes, de nombreux textes rares, dont une traduction d'un inédit de Conan Doyle, ainsi qu'une vingtaine d'illustrations.
Et si j'entame du texte de Lafargue était le secret du succès jamais démenti mais ambigu de ce Droit à la paresse ?
«Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. Cette folie est l'amour du travail.
Et si Le Droit à la paresse était beaucoup plus qu'un pamphlet superbement écrit ? S'il contenait une compréhension essentielle de la transformation nécessaire et actuelle de nos sociétés à travers la nature même du travail productif ?
Oui, la paresse est la mère de toutes les vertus, car elle est ce par quoi l'homme cherche à économiser ses forces, à surmonter ses déceptions. C'est elle qui lui fait inventer des organisations sociales, révolutionner des techniques, imaginer des cultures. Cela, toutes les idéologies de la performance, de la réussite individuelle ou du productivisme ne parviendront jamais à l'effacer.
Les textes de ce recueil font état de l'attachement de Vladimir Jankélévitch à Israël, à la conscience juive et à sa complexité. Surprenants, graves, remontant le fil de sa propre histoire, Jankélévitch donne à lire dans ses pages son lien fort à Israël et au judaïsme.
Cesse-t-on jamais d'être de son village ? En « vingt arrondissements et deux rives de fleuve », Colette a cherché à retrouver à Paris sa province perdue. Jusqu'à découvrir le Palais-Royal. D'abord entre 1926 et 1930, dans son « tunnel », un sombre entresol aux fenêtres en demi-lune ; puis, de 1938 à sa mort en 1954, dans la « seigneurie retrouvée », un premier étage dont les hautes baies donnent directement sur le jardin « Ma Province de Paris » écrit Colette à propos de cette enclave de verdure en plein coeur de la capitale.
Un village en somme avec ses autochtones, ses habitants anonymes ou illustres (Cocteau, Bérard, Bove etc.), ses lieux de rencontres, ses boutiques et ses restaurants (le Grand Véfour).
Immobilisée par l'arthrose à partir de la fin des années 40, l'écrivaine, devenue pour tous « la bonne dame du Palais-Royal », observe le monde depuis son lit-radeau. Elle restitue avec un émerveillement sans cesse renouvelé, le petit monde du Palais-Royal. Ses spectacles petits et grands. Toujours à la recherche du « mot meilleur que meilleur » et de cet accord sensible avec le monde qui est la marque de son style.
Les Monuments nationaux rendront hommage à « la bonne dame du Palais-Royal » au travers d'une exposition qui sera présentée dans les jardins à l'automne 2014.
Ce texte est l'occasion d'une réflexion particulièrement éclairée sur la relativité des moeurs et des coutumes : « Chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage. » Il s'agit de la première dénonciation, aussi explicite, de ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui « ethnocentrisme », cette tendance spontanée de l'esprit humain à juger les autres cultures (et leurs normes) à partir de la sienne propre, érigée en absolu.
Sur les cimes du désespoir est le premier livre écrit par Emil Cioran, pendant une période d'insomnie. Rassemblés sous forme d'aphorismes, on y trouve déjà ses thèmes de prédilection qui ont fait de lui le grand philosophe qu'il est aujourd'hui.
La Grève des électeurs est le titre d'une chronique, d'inspiration clairement anarchiste, de l'écrivain français Octave Mirbeau, parue le 28 novembre 1888 dans Le Figaro. Comme tous les anarchistes, Mirbeau ne voit dans le suffrage universel et le recours à des élections qu'une duperie par laquelle les dominants obtiennent à bon compte l'assentiment de ceux-là mêmes qu'ils oppriment et exploitent.
S'adressant à l'électeur moyen, « ce bipède pensant, doué d'une volonté, à ce qu'on prétend, et qui s'en va, fier de son droit, assuré qu'il accomplit un devoir, déposer dans une boîte électorale quelconque un quelconque bulletin », il s'emploie donc à démystifier, discréditer et délégitimer le prétendu droit de vote, «grâce» auquel les opprimés, dûment aliénés et abêtis, choisissent «librement» leurs propres prédateurs : « Les moutons vont à l'abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et ils n'espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l'électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. » Au lieu d'assumer sa liberté, l'électeur, cet « inexprimable imbécile », ne fait en réalité que se choisir un maître, qui l'éblouit de promesses impossibles à tenir et qui n'a pas le moindre souci des intérêts des larges masses : il participe, ce faisant, à son propre asservissement. Mirbeau appelle donc les électeurs à faire la grève des urnes et à se comporter, non en moutons grégaires, mais en citoyens lucides.
" l'objet de ce livre est une illusion exprimée par schopenhauer, dans cette formule que pour saisir l'essence de l'histoire il suffit de comparer hérodote et la presse du matin.
C'est là l'expression de la sensation de vertige caractéristique pour la conception que le siècle dernier se faisait de l'histoire. elle correspond à un point de vue qui compose le cours du monde d'une série illimitée de faits figés sous forme de choses. le résidu caractéristique de cette conception est ce qu'on a appelé " l'histoire de la civilisation ", qui fait l'inventaire des formes de vie et des créations de l'humanité point par point.
[...] notre enquête se propose de montrer comment par suite de cette représentation chosiste de la civilisation, les formes de vie nouvelle et les nouvelles créations à base économique et technique que nous devons au siècle dernier entrent dans l'univers d'une fantasmagorie. " w. b.
Si l'essentiel de l'oeuvre de Marcel Proust est déjà publié et connu, la publication de ce Cahier permet du moins, si ce n'est d'accroître nos connaissances, de maintenir cette oeuvre en vie et de lui garantir une forme d'immortalité. On trouvera dans ce volume quelques inédits et quelques lettres et poèmes mais surtout un grand nombre de documents ou témoignages peu connus, peu accessibles ou même oubliés : les cahiers de brouillon de Proust, le premier texte écrit sur Céleste Albaret, une nouvelle inconnue de Stephen Hudson qui date de 1924,...
Les contributions originales de chercheurs incontournables comme Nathalie Mauriac-Dyer, Pyra Wise, Isabelle Serça, Mireille Naturel, Luc Fraisse, Antoine Compagnon ou Jean-Marc Quaranta, apportent un nouvel éclairage sur l'étude de l'oeuvre et des auteurs prestigieux tels Pierre Bergounioux, Gérard Macé, Jacques Réda, témoignent de ce que Proust leur a apporté. À chaque fois, Proust est différent. Cinquante masques pour un seul visage.
Le Cahier s'attache aussi à décrire certains aspects négligés de l'oeuvre, comme les figurants analysés par Michel Schneider, le marquis de Palancy présenté par Michel Crépu, les opinions politiques de Proust au fil des années, lui qui a eu dans sa famille trois ministres, dont l'un a eu des funérailles nationales, et dont les parents étaient liés au président de la République.
Les Inséparables est un court roman inédit de Simone de Beauvoir qui évoque son grand amour de jeunesse pour son amie Zaza dont la mort tragique provoquée par les préjugés et les diktats de la société de l'époque, la hantera toute sa vie. Mais bien au-delà, Les Inséparables met en scène l'éducation sexuelle et intellectuelle de deux jeunes filles "rangées" et rebelles dans un monde qui prétend leur interdire de devenir des femmes libres et pensantes pour les cantonner à un rôle d'épouse et de mère au service de la société.
Ce texte autobiographique évoque avec émotion et lucidité les expériences fondatrices de la révolte et de l'oeuvre de la grande philosophe féministe : son émancipation mouvementée et l'antagonisme fondamental entre les intellectuels et les bien-pensants, qui formeront le socle des Mémoires d'une jeune fille rangée.
Ce carnet rassemble deux textes d'Hannah Arendt sur l'affaire Adolf Eichmann qui sont suivis d'un entretien entre Karl Jaspers et Peter Wyss, et d'un article d'Alexander Mitscherlich paru dans Der Spiegel à propos du livre d'Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem.
Tous les textes de ce carnet sont inédits en français.
La figure d'Arendt aujourd'hui n'est pas seulement celle d'une « théoricienne de la politique » comme elle aimait à se désigner. Des livres, des films, des pièces de théâtre s'intéressent de plus en plus à la femme qu'elle était, car la personnalité d'Arendt et ses prises de position ont toujours déclenché des passions et continuent de le faire. Ainsi la première partie du Cahier dresse le portrait de cette femme, revenant sur les principaux évènements de sa vie et dévoilant des facettes moins connue de la philosophe allemande étayées par des extraits de correspondance inédits : avec Judah Magnes, David Riesman, Hermann Broch, Hilde Frankel, Kurt et Helen Wolff.
Ce Cahier rassemble aussi des contributions qui évoquent son oeuvre, et son travail majeur sur le totalitarisme mais aussi son expérience historique et personnelle, les moments forts de sa vie et la réflexion qu'ils ont suscité en elle, notamment sa judéité. Le Cahier se penche aussi sur la relation d'Arendt avec Heidegger en revenant sur la controverse d'une telle relation.
De nombreux inédits trouvent leur place dans ce Cahier, essentiellement en anglais et en allemand, issus des archives Arendt de Washington :
Des extraits de cours, des conférences.
Le parti pris du Cahier n'est pas de constituer Arendt en icône intouchable qu'il serait scandaleux de critiquer, mais de considérer que la critique de son oeuvre n'est intéressante que si elle est formulée par un lecteur à qui elle donne aussi à penser. Non parce qu'Arendt apporte des solutions aux problèmes de notre temps, mais parce qu'elle nous aide à les identifier et nous donne des clés pour les formuler et les penser.
L'histoire nous transporte en octobre 1799 sur les bords du Rhin. Deux jeunes chirurgiens militaires français, originaires de Beauvais, rejoignent leur brigade. L'un s'appelle Prosper Magnan ; Hermann a oublié le nom du second, qu'il nommera Wilhem. Ils s'arrêtent dans une auberge « entièrement peinte au rouge ». L'aubergiste leur cède sa chambre : toutes les autres sont occupées. Débarque un voyageur, porteur d'une lourde valise, pleine d'argent. C'est un riche négociant, fort affable. Les jeunes gens l'invitent à leur table et lui offrent de partager leur chambre. Troublé par la présence de cette fortune, Prosper ne parvient pas à s'endormir : des rêves éveillés l'agitent et le plongent dans un scénario de crime parfait.
Effrayé, il se précipite au dehors, arpente fébrilement la campagne et reprenant ses esprits, rentre à l'auberge et s'endort.
Au matin, réveillé par le vacarme qui règne dans l'auberge, il découvre le négociant mort, gisant dans une mare de sang à côté de son instrument de chirurgie...
Le livre de Georges Cattaui, publié pour la première fois en 1956 mais depuis longtemps épuisé, nous emmène à travers un voyage iconographique, au coeur du monde proustien. De nombreuses photographies et peintures font revivre les grands moments de la vie du célèbre auteur, ses amitiés d'élection, ses relations mondaines, les coteries et les clans dont il s'est largement inspiré pour écrire La Recherche. Ce livre évoque tout ensemble l'oeuvre de Proust mais aussi l'ambiance de la fin du XIXe siècle et du début du XXe, dont il fut, autant qu'un Lautrec ou qu'un Seurat, le peintre et l'interprète.
Ce Cahier est l'exploration de ce que Christian Bobin appela dès ses vingt ans Les différentes régions du ciel, et qui n'est autre qu'une sorte de chemin buissonnier contournant les croyances et les incroyances du monde. Les nombreux textes de Christian Bobin réunis dans ce volume démontrent la puissance de son écriture lumineuse qui ne cesse de conquérir un public fervent, et touche comme seule touche l'écriture des poètes.
Écrivains (Sylvie Germain, Jacques Réda, Dominique Pagnier, Yves Leclair...), poètes (Alain Borer, Jean-Philippe de Tonnac, Pierre Bettencourt,...), philosophes (André Comte-Sponville...), universitaires (Serge Linarès, Bertrand Degott), artistes (Olivier Py, Franck Olivar...), compositeurs de musique (Benoît Menut, Olivier Bogé), journalistes (Jérôme Garcin) ou lecteurs anonymes, offrent au lecteur une polyphonie de textes et de réflexions où seront débattues les idées reçues qui depuis quarante ans déforment l'oeuvre de ce penseur libre.
Parlant de sa ville natale, Christian Bobin fait exploser toutes les notions tristes d'appartenance, de racines, voire d'identité. Il dessine ses rues, ses maisons préférées, le ciel qui roule au-dessus et contracte le tout dans le dessin d'une feuille d'automne, ou la minuscule cathédrale d'un flocon de neige. Celui qui était réputé immobile, plus sédentaire qu'un arbre, se révèle en vérité habitant de tous les mondes, vagabond de tous les ciels.