L'une des oeuvres majeures de la poésie anglaise dont l'influence s'est étendue jusqu'à Shelley, Browning et Coleridge, à Yeats et T.S. Eliot. "Poète métaphysique" par son dédain des faux-semblants et l'exigence de son esprit "rude et discordant" de saisir la totalité de l'être alliant sensualité, foi et connaissance. Robert Ellrodt, professeur à la Sorbonne est reconnu comme une autorité des études de littérature anglaise et l'un des meilleurs traducteurs de la poésie.
Le classicisme de l'art de la révolution, écrivait Mandelstam en 1922. Tristia - le titre est emprunté à Ovide - illustre ce paradoxe. Les années de guerre civile sont celle de l'errance dans la Russie, la Crimée, le Caucase, où se dessine le thème de l'exil et de l'adieu au passé. Michel Aucouturier, professeur à la Sorbonne et grand spécialiste de la poésie russe, en donne une traduction fidèle et musicale.
Masaccio (1401-1428) a accompli en à peine dix ans une oeuvre d'exception. Quand il meurt à 27 ans, il laisse un nombre restreint de travaux, mais dont l'originalité et la puissance font autorité sur les artistes qui le suivront de peu : Fra Angelico, Piero della Francesca et Mantegna.
Par ses fresques, ses tableaux et ses retables, c'est une véritable révolution qu'il opère, à mi-chemin entre Giotto, dont il hérite la maîtrise de la gestuelle, des drapés et des volumes pleins, et Raphaël, dont il annonce le savant équilibre entre le dessin et la couleur.
Libéré de l'influence des représentations antiques, il accompagne le sculpteur Donatello dans la recherche des justes proportions et l'architecte Brunelleschi dans celle de la perspective (en ce début de XVe siècle, Florence est animée par le vaste chantier de Brunelleschi : l'édification du dôme de Santa Maria del Fiore).
Son oeuvre majeure reste les fresques de la chapelle Brancacci (Santa Maria del Carmine, Florence), commencées par Masolino, puis achevés par Filippino Lippi à la fin du Quattrocento. Les scènes de la Vie de saint Pierre ou celles avec Adam et Ève réalisent tout ce à quoi s'étaient essayés les artistes du siècle précédent : représenter un idéal, tout en l'ancrant dans le réel ; faire résonner poétiquement, mais souvent dramatiquement, les récits bibliques avec les vérités du monde terrestre.
Nourrie des acquis des recherches les plus récentes, cette monographie replace Masaccio dans son contexte historique, politique, social et économique, et propose un nouveau regard sur la chronologie et la lecture stylistique de ses oeuvres.
Le grand classique du romantisme allemand, roman d'apprentissage, quête d'un univers poétique qui s'ouvre avec le fameux épisode de la recherche de la fleur bleue au milieu du lac... Märchen qui transporte le héros dans un univers où c'est la poésie qui gouverne le monde, où l'irruption du merveilleux donne sens à la volonté d'embrasser la totalité du savoir encyclopédique, histoire et science, religion et philosophie. L'influence de Novalis sur ses contemporains sur les symbolistes et jusqu'aux surréalistes fut considérable. Cette nouvelle traduction est un événement.
Mieux qu'une nouvelle étude sur l'architecture d'Angkor, voici un livre à la mesure de la grandeur de la civilisation khmère : de sa durée - près d'un millénaire -, de son rayonnement bien au-delà des frontières de l'actuel Cambodge ; de sa luxuriance et de son infinie diversité, englobant plus de mille sites, qui allient la puissance imposante des structures architecturales à la grâce incomparable des sculptures et des bas-reliefs. Elle rend compte, enfin, de la fascination qu'exercent sur tout visiteur, depuis Zhou Daguan au xiiie siècle, l'oeuvre colossale des hommes - le complexe d'Angkor fut le plus important ensemble urbain du millénaire, ont révélé de récentes découvertes archéologiques - et l'impressionnante nature qui l'enserre.
Depuis les premiers prasats - tours-sanctuaires de Phnom Da et Sambor Prei Kuk au viie siècle - et les premiers «temples-montagnes» - Ak Yum au viiie siècle, Bakong au siècle suivant -, jusqu'aux légendaires ensembles du xiie siècle : Angkor Vat, création du «roi-soleil» Suruyavarman II, montagne cosmique symbolisant le mythique mont Méru, axe du monde et mandala ; Angkor Thom et le temple royal du Bayon, couronnement de l'âge d'or de Jayavarnam VII, l'un des plus grandioses et des plus mystérieux monuments jamais créés par l'homme. c'est toute l'histoire de la montée en puissance de l'Empire khmer que passe en revue Helen Jessup, visitant avec nous ses plus fameux vestiges.
À la dimension religieuse des temples, parfois empreinte d'un admirable oecuménisme unissant les divinités hindouistes au bouddhisme du Mahayana, se joint la volonté d'affirmer le pouvoir des souverains conquérants et organisateurs de l'empire : l'illustre aussi la construction de routes, de canaux, de bassins d'irrigation à fonction également cérémonielle, les barays, symboles de l'océan cosmique, au sein desquels s'élève souvent un temple édifié sur un mebong, une île artificielle.
L'auteur sait donner vie à son vaste savoir : la sensibilité au charme profond des forêts, des monts et des eaux, en phase avec les mythes hindous ; un émerveillement spontané face à l'ampleur des édifices et des perspectives (ainsi de l'impressionnante ascension du Preah Vihear, à la frontière de la Thaïlande) ; la faculté d'imaginer les fastes et l'éclat de la cour, de faire revivre l'émotion des pèlerins bouddhistes : tout nous invite et nous enchante. Des photographies de Barry Brukoff se dégagent, de même, une douce et majestueuse poésie qui confère aux sites une présence hors du temps.
Le grand poète du Dolce stil nuovo ami de Dante, au délicat lyrisme qui inspira Laurent de Médicis, Politien et à travers Pétrarque toute la poésie européenne du XVIème siècle.
L'intégrale du grand poète d'Alexandrie, annexant l'histoire et le mythe pour exprimer la quête d'idéal et les tourments de l'âme. Une des grandes oeuvres majeures du siècles.
De Paul le Silentiaire, chambellan de Justinien (VIe siècle après JC) aux alexandrins, Callimaque, Théocrite ; à Hérondas et Aristophane et jusqu'aux grands classiques de la lyrique grecque, Pindare, Théognis, Anacréon, de la tragédie, Sophocle, Eschyle, Homère qui les contient tous : le meilleur de la poésie amoureuse grecque.
Le premier recueil du grand poète symboliste russe joue sur d'infinies variations de couleurs, de rythmes et de registres.
Le plus joyeusement méchant(pire que Martial !) , le plus raffiné, le plus subtil, le plus difficile aussi des poètes latins, terreur des agrégatifs autant que de Néron qu'il dauba - il leur donne à tous "des oreilles d'âne" comme Midas. Le philosophe germaniste et latiniste Bernard Pautrat en décèle toutes les finesses allusives et le traduit avec l'acuité requise. L'édition de référence.
Poésie de la rupture et de l'appel angoissé à une renaissance, ces Elégies, fruit de dix années de labeur et d'attentes, sont le sommet de l'oeuvre de Rilke. La traduction de Jean-Yves Masson, poète lui-même, rend le rythme fièvreux du vers de Rilke et, par un choix de fragments ajoutés au recueil, en éclaire la génèse et la portée.
La saga du légendaire souverain de l'an mil qui évangélisera la norvège par le fer et inspira au grand poète et seigneur islandais du XIIIème siècle, Snorrie Sturluson, l'un des plus fameux épisodes de son épopée, la Heimskringla (la "Sphère du Monde").
Sous le masque des animaux se cachent les personnages typiques de la société indienne hierarchisée ; La satire est féroce, notamment à l?égard des brahmanes dominants. Ces fables millénaires furent transmises à l'Occident par la Perse les Grecs et les Arabes et La Fontaine qui s'y réfère à l'orée de ses Fables y a puisé maintes fois son inspiration (Les Animaux malades de la peste ,La laitière et le pot au lait).
En Islam, le domaine de Dieu est inaccessible aux hommes sinon de par la volonté de Dieu lui-même et selon la lettre du Coran, texte de la Révélation, fondamental, nécessaire et suffisant.
Les musulmans s'interdisent donc toute autre représentation du divin et singulièrement celles qui procèdent de l'imagination. C'est pourtant le Coran qui, par sa sourate XVII, ouvre une brèche dans cette interdiction " Gloire à celui qui a fait voyager de nuit son serviteur de la Mosquée sacrée à la Mosquée très éloignée dont nous avons béni l'enceinte, et ceci pour lui montrer certains de nos Signes.
" La tradition populaire s'est autorisée de ces versets pour broder sur le thème d'un voyage fait en songe par le Prophète, de La Mecque à Jérusalem, puis dans les au-delà célestes et infernaux. Des moyens merveilleux, une échelle sublime (mi'radj) ou une monture prodigieuse, ailée, à visage féminin, conduisent jusqu'à Dieu, à travers les Cieux, font découvrir l'Enfer et permettent la rencontre d'Adam, des patriarches et des prophètes, d'Abraham à Jésus, en passant par Moïse.
Les variantes attestées et écrites sont nombreuses, précisément parce qu'il s'agit de la seule ouverture sur l'imaginaire religieux. Et leur objectif est simple : convoqué à comparaître devant Dieu qui va prononcer sa légitimité, Mahomet franchit ces espaces utopiques accompagné et vénéré par tous les grands témoins du credo monothéiste. Dernier des Envoyés, il se trouve immédiatement confirmé dans sa supériorité sur tous les précédents.
Ici, l'islam se fonde tout en célébrant sa primauté.
Face à la variété des textes issus de ce que gardiens du temple et islamologues distingués traitent de " fatras et folklore matérialiste pour croyants médiocres aux appétits grossiers ", Jamel Eddine Bencheikh a réécrit, avec une magnifique sensibilité littéraire, l'une des versions, la plus étoffée, en l'enrichissant des autres de façon à restituer un récit poétique complet et dont l'homogénéité se justifie par l'unicité de la source d'inspiration.
Il s'en explique dans une postface remarquable sous le titre de L'Aventure de la Parole. Ce faisant, il fait justice à un peuple musulman de plusieurs centaines de millions d'âmes pour qui ces représentations sont le corps de la foi. Si l'islam est aujourd'hui l'une des religions les plus répandues au monde, c'est aussi grâce à ces récits apocalyptiques. Sans doute leur popularité tient-elle à ce qu'ils donnent à voir.
D'où, encore, leur succès auprès des miniaturistes. Car, telle est l'autre qualité de ce livre : un chatoiement d'images et de couleurs nées du texte et qui y trouvent immédiatement leur place. Rarement harmonie aura été aussi parfaite.
Il a intégré au raffinement du gothique la perspective de la Renaissance. Né à Florence en 1397 - il y meurt en 1475 -, Paolo di Dono, dit Uccello, combine avec son esprit scientifique tradition et innovation pour inventer des réponses géométriques aux nouveaux défis de la représentation.
Apprenti auprès de Lorenzo Ghiberti quand celui-ci sculpte les portes du baptistère de Florence, Uccello aide à la réfection des mosaïques sur la façade de la basilique Saint-Marc, à Venise, où il découvre le travail de Gentile da Fabriano. Sa première commande le rappelle à Florence : il exécute une fresque équestre en l'honneur du défunt condottiere Sir John Hawkwood.
La composition du Déluge peint dans le cloître de Santa Maria Novella, dont la radicalité déséquilibre le spectateur, est à la hauteur de la violence du cataclysme divin. Le triptyque qu'Uccello consacre à la bataille de San Romano saisit le mouvement avec virtuosité. Dans son Saint Georges et le dragon, plus tardif, le jeu des lignes d'horizon et la minutie du trait créent une atmosphère d'onirisme fantastique.
Sa démarche, expérimentale et précise, annonce les recherches de Léonard de Vinci. Et si son étrangeté a pu désarçonner ses contemporains, elle séduira les cubistes et fascinera les surréalistes.
Très richement illustrée, cette monographie développe la trajectoire d'Uccello de façon chronologique, en la replaçant dans les bouleversements artistiques de son temps. Elle intègre les découvertes les plus récentes concernant l'attribution jusqu'alors douteuse de certaines de ses oeuvres.
Parménide et Pythagore en un seul poète au temps du futurianisme russe...La prose de Khlebnikov comme sa poésie veut embrasser la totalité du monde par-delà les limites de l'espace et du temps : l'ensemble des civilisations, une numérologie universelle, une parole libérée de la mesure du sens pour être "verbe en tant que tel"...le génie panique de Khlebnikhov porte en lui tous les bouleversements esthétiques et utopiques du XXème siècle, qui ont révolutionné le rapport de l'homme au monde, de la pensée et de l'art. Duchamp, Artaud, Heidegger, bien d'autres, consciemment ou non, lui sont redevables de ce profond séisme.
Souvent massacré par ses traducteurs Torquato Tasso est délivré ici par la grâce de Jacques Audiberti.
L'un des grands livres de la littérature espagnole du XXème siècle, l'Aimant, dont le sujet est la guerre du Maroc, souligne la violence inhérente à l'histoire de l'Espagne, comme un trait fatal de l'homme espagnol.