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Paru en 1986, Décoloniser l'esprit marque un tournant dans l'oeuvre de Ngugi wa Thiong'o. Après de nombreux essais et romans en anglais, il fait ce choix difficile, mal compris parfois : abandonner l'anglais pour ne plus écrire que dans la langue de son peuple, le kikuyu. Ngugi wa Thiong'o dénonce l'aliénation qui l'a conduit, comme beaucoup d'autres auteurs africains francophones et anglophones, à bâtir pendant des décennies sans même s'en rendre compte une oeuvre - aux thèmes pourtant anticoloniaux - dans une langue à laquelle la majorité de ses concitoyens ne pouvait avoir accès. À l'opposé du reniement de soi, Ngugi wa Thiong'o invite les auteurs africains à devenir les Homère et les Shakespeare de leur langue maternelle, à bâtir de grandes oeuvres fondatrices dont leur peuple puisse se revendiquer. Défi revigorant d'une littérature tout entière à construire encore, capable de réveiller la fierté et la conscience d'un peuple.
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Dans une écriture abrasive, voici l'histoire d'un jeune homme des années soixante-dix dans un township de Harare, la capitale du Zimbabwe. La Maison de la faim est autant sa propre maison où le moindre quignon de pain a valeur d'or, que le symbole de la pauvreté des banlieues d'Harare, l'appétit de vivre et d'apprendre d'un adolescent en colère qui grandit dans un milieu hostile, raciste et d'une extrême pauvreté.
Critique sociale et exploration de soi, audace verbale fulgurante dans ce texte culte pour la littérature anglophone des années 70. Ce roman est considéré comme le départ d'une nouvelle écriture africaine, incisive et visionnaire. La Maison de la faim a reçu le Guardian Fiction Prize en 1979, Marechera est le premier et seul Africain à avoir remporté ce prix. -
Avec Pancho Villa, John Reed nous entraîne dans une chevauchée épique aux côtés du chef révolutionnaire mexicain. Prenant pour cadre les années 1910, le jeune reporter nous livre le portrait aux accents cubistes d'un homme ordinaire au destin hors du commun. De Doroteo Arango à Pancho Villa, du péon au dirigeant charismatique, un homme que Reed décrit avec une admiration mêlée d'humour, sans jamais tomber dans l'apologie. On demeure fasciné par la complicité qui lie les deux hommes. L'intensité de leur vie, leur intuition de l'engagement et leur refus du recul intellectuel les rendront admirables... mais c'est aussi ce qui rendra leurs morts tragiques.
Rare document sur une période méconnue de l'Histoire, le livre de John Reed nous transporte dans un Mexique chaleureux, utopique et enchanteur, un pays en révolution où tout est possible.
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Contes du pays tammari (Bénin)
Sylvain Prudhomme
- Karthala
- Contes Et Legendes Karthala
- 1 Décembre 2003
- 9782845864559
Les quarante-huit contes de ce recueil viennent tous de l'Atakora, une région montagneuse du nord-ouest du Bénin.
Ils ont été regroupés en trois parties. Les " contes de l'origine ", merveilleux, fantaisistes, nous obligent à regarder le monde d'un oeil nouveau : pourquoi le ciel et la terre sont-ils séparés ? Depuis quand les hommes ont-ils des testicules ? Pourquoi les singes ont-ils le derrière glabre ?... Les " leçons de choses " nous parlent de la vie quotidienne et des conflits entre les hommes. Les personnages, toujours humains, y apparaissent comme des modèles du bien ou du mal.
Le " cycle du lièvre " enfin, met en scène cet animal malicieux, attachant dans certains contes, étrangement cruel dans d'autres, généralement d'un orgueil démesuré.