Couples esseulés, enfants de la dernière chance, victimes du hasard et prédateurs en tous genres: la faune bigarrée de ce recueil fraye en eaux troubles. Seize nouvelles où une humanité ordinaire s''inflige les petites et grandes violences issues de l''incapacité d'aimer, de la haine brûlante et des regrets mortels. Tambour battant, Stanley Péan traque ses personnages jusqu''à l''heure des choix, là où tout bascule.. Un parcours haletant, néanmoins adouci par le contrepoint intimiste du narrateur, dont la petite musique de nuit distille la nostalgie des amours mortes. Soleil noir porté par une plume incandescente, Autochtones de la nuit explore la face obscure du rêve américain.
Marlon Lamontagne dépose l''aiguille du tourne-disque sur un vieux microsillon de jazz de son idole Jimmy Falcon, mort en 1960.
Aussitôt, une étrange pulsion s''empare de lui. Il prend sa trompette et commence à jouer en même temps que Shadow Hill, le trompettiste du groupe. Synchronisation parfaite. Adrénaline au maximum. En transe, il poursuit, dépossédé de lui-même. Étourdi, il détache son instrument de ses lèvres et ouvre les yeux.
Une enseigne lumineuse projette des flammes fantomatiques. Un rat éventré gît dans des déchets malodorants. Marlon n''est jamais venu ici, mais il reconnaîtrait l''endroit entre mille. New York, 1960....