Quand les sociologues répondent à des commandes, comment y répondent-ils ? Les reformulent-ils pour faire émerger ce qu'ils considèrent comme des demandes sous-jacentes ? Sont-ils au contraire instrumentalisés ? Quelles pratiques d'enquête et de restitutions proposent-ils pour répondre aux commanditaires ? Celles-ci favorisentelles les échanges entre les sociologues et les acteurs de terrain, les décideurs, les citoyens...
? La sociologie y trouvet-elle l'occasion de moderniser ses théories et concepts et de consolider sa pertinence en écho aux interrogations de nos sociétés ?
Si la critique (voire la défiance) à l'égard de la technologie (vaccins, nucléaire, OGM...) s'est développée dans nos sociétés occidentales, l'idée que la technique réparera nos erreurs sociales et environnementales est plus prégnante encore, qui nous déresponsabilise collectivement des conséquences de nos actions individuelles. Cette confiance dans la technologie (réduction des pollutions, isolation des bâtiments, traitement des déchets, voitures électriques...) conduit souvent à déléguer à d'autres (ingénieurs, chercheurs, mais également responsables politiques) la responsabilité des solutions à trouver aux problèmes environnementaux et sociaux, tout en leur demandant des comptes. Pourtant certains tentent de se réapproprier la technologie, en créant des laboratoires communautaires ouverts (hackerspaces, fablabs) où des gens partagent librement machines, compétences et savoirs.
Le monde des relations professionnelles n'échappe pas à la réaffirmation des identités religieuses ni aux crispations qu'elles engendrent. Les publications des entreprises, des organismes publics, des syndicats, des juristes et des professionnels du management sur le sujet de la religion au travail se multiplient, mais les éclairages sociologiques sont lacunaires et épars. Malgré la réflexion fondatrice de Max Weber, l'articulation entre religion et travail reste sousexplorée tant en sociologie du travail qu'en sociologie de la religion. Ce numéro donne un aperçu des travaux empiriques en cours et livre des pistes d'analyse utiles à la réflexion théorique comme aux praticiens.
L'adoption, en 2002, de la General Food Law Regulation par l'Union européenne entendait tirer les conséquences des crises des années 1990, en particulier celle de la «vache folle» qui avait provoqué des morts et mis à mal la filière de la viande bovine en Europe.Près de vingt ans après la réorganisation de l'ensemble du dispositif de sécurité sanitaire des aliments, on peut se demander comment les acteurs publics et privés de ce secteur ont modifié leurs pratiques et leurs métiers, dans quelle mesure les consommateurs ont fait évoluer leurs comportements, et pour quelles raisons les crises sanitaires et les fraudes alimentaires se sont poursuivies. Ces questions restent un impensé des analyses sociologiques, une lacune que ce dossier contribue à combler.
Qu'ils soient agents de maîtrise, responsables d'équipe ou chefs de service, quel est aujourd'hui le travail des managers de proximité? Quels sont leur statut, leur profil et leur place dans les entreprises? Au-delà de la figure du «petit chef» ou de celle du gestionnaire éloigné du terrain, Sociologies Pratiques s'intéresse au rôle d'interface, d'organisation et d'articulation qu'ils assurent quotidiennement auprèsde leur équipe, l'objectif étant de saisir au plus près la réalité de leur travail et de rendre compte des enjeux, bien souvent invisibles, auxquels ils sont confrontés.Ce numéro a bénéficié d'une aide de la MSH Paris-Saclay.
Numéro coordonné par Hélène Stevens et Philippe Robert-Tanguy
AVANT-PROPOS
Quand le psychologique prend le pas sur le social pour comprendre et conduire des changements professionnels
Hélène STEVENS
RECHERCHES ET DEBATS
D'où vient la psychologisation des rapports sociaux ?
Entretien avec Robert CASTEL et Eugène ENRIQUEZ
REPONSES SOCIOLOGIQUES (ETUDES DE CAS)
La « mission psychologique » des pompes funèbres
Julien BERNARD
La fonction palliative du coaching en entreprise
Scarlett SALMAN
Psychologisation et dé-psychologisation de l'accompagnement des chômeurs
Sophie DIVAY
L'ambivalence de la psychologisation des rapports de travail dans les institutions "psy"
Stanislas MOREL
A chacun son « psy » : la diffusion des pratiques psychologiques en prison
Corinne ROSTAING
La méthode du « Projet Personnel et Professionnel » : un « travail de soi » des étudiants
Stéphanie TRALONGO
Les usages de la psychologie à l'école : quels effets sur les inégalités scolaires ?
Stéphane BONNERY
SOCIOLOGIES D'AILLEURS
Les Sciences Sociales au Brésil aujourd´hui : des questions structurelles aux nouvelles questions sociales
Ana Maria KIRSCHNER et Eduardo Rodrigues GOMES
NOTES DE SYNTHESE
Pour une sociologie du sujet ?
La sociologie clinique. Enjeux théoriques et méthodologiques. Vincent de Gaulejac, Fabienne Hanique, Pierre Roche (sous la direction)
Intervenir par le récit de vie. Vincent de Gaulejac, Michel Legrand (sous la direction)
NOTES DE LECTURE
L'appétence pour la formation : une entreprise de rationalisation du flou. Cédric Frétigné
Emploi et travail : le grand écart. Françoise Piotet
Trop de gestion tue le social. Essai sur une discrète chalandisation. Michel Chauvière
Vieillir dans le métier. Christiane Montandon, Jacqueline Trincaz (sous la direction)
La communauté des sociologues s'interroge de manière quasi permanente sur son utilité, son rôle social, son épistémologie et ses méthodes. Si ces questionnements sont légitimes, ne convient-il pas aussi d'identifier les demandes qui lui sont adressées ? Ce numéro traite trois séries d'interrogations : quels sont les objets pour lesquels les sociologues sont sollicités et quels sont ceux qui leur échappent ? A la lumière de leurs productions, quels diagnostics peuvent-ils établir sur leur discipline ? En quoi les demandes faites aux sociologues et leurs réponses éclairent-elles la relation entre la discipline et nos sociétés ?
La question des discriminations a gagné une large audience ces dix dernières années, en particulier dans le monde du travail.
Les entreprises sont en première ligne aussi bien du côté de la production des discriminations que des actions pour les réduire et les réparer. Mais comment se sont-elles approprié cette question et quelles en sont les traductions managériales ? Avec la montée en puissance d'un "nouvel esprit du capitalisme" qui intègre morale et valeurs non marchandes, n'y a t-il pas derrière le nouvel intérêt pour la diversité et l'égalité des chances une volonté d'instrumentalisation au service du management ? Par ailleurs, quelles positions occupent les autres acteurs du monde du travail, et en premier lieu les syndicats ? Un dossier qui apporte des éclairages sur la façon dont les différents acteurs du monde du travail se positionnent, s'approprient, (re) définissent et agissent face aux discriminations.
Ce numéro apporte des éclairages sur les savoirs et savoir- faire mobilisés par les agents administratifs et les usagers dans le cadre de la relation administrative, entre prescriptions hiérarchiques et savoirs acquis par l'expérience.
Il s'intéresse à la formation de ces savoirs, à leur utilisation dans l'échange avec l'usager, aux transformations de l'action administrative induite par leur évolution. Différentes scènes sont présentées, montrant que la relation administrative ne se réduit pas à un simple échange de paroles à travers un guichet.
Récit des origines, de fondation, de rupture, de légitimation ou apologétique (Hartog et Revel, 2004), l'histoire se prête à de multiples usages politiques. Mais en définitive, on sait peu de choses sur la manière dont l'histoire, et plus largement le passé, sont réellement utilisés par les acteurs des organisations.
Ce numéro aborde trois thématiques : les usages managériaux de l'histoire et du passé, les contre-usages entendus comme d'autres formes de production et d'usage de l'histoire et du passé que les précédentes, les usages de l'histoire et du passé dans la pratique des sociologues.
La consommation fait si bien corps avec nos identités sociales et culturelles qu'il semble malcommode de la remettre en question. Or, le contexte actuel de crise environnementale, économique et de valeurs collectives, imposait d'en interroger les mécanismes. Fort d'une approche compréhensive, permettant de saisir les raisons d'agir des différents acteurs, et critique, pour comprendre les mécanismes de ces comprtements, ce numéro introduit de nécessaires voies alternatives d'analyse, voire des propositions originales à insuffler dans le débat public.
Soucieux de rénovation ou de modernisation, entreprises et services publics se dotent d'outils pour accroître sans cesse l'information disponible et le traitement de celle-ci. En confortant la traçabilité des biens et des personnes, ces dispositifs visent à contrôler l'activité de chacun et le suivi des décisions. En analysant les transformations inter et intra organisationnelles induites par la montée en puissance des outils de fichage et d'évaluation, les articles réunis dans ce numéro mettent en évidence gue ces outils de gestion ne relèvent pas exclusivement d'une logigue de rationalité absolue.
En révélant des reconfigurions institutionnelles, des effets inattendus et parfois même contre-productifs, il guestionne les présupposés attachés au fichage et au contrôle.
AVANT-PROPOS Ficher et mesurer : les paradoxes du contrôle Christian MOUHANNA L'ACTUALITÉ EN MIROIR Entretien avec François Vatin Entretien avec Alain Desrosières RÉPONSES SOCIOLOGIQUES Le contrôle du travail, entre réalités et perceptions : le cas de la messagerie électronique Jérémie ROSANVALLON Surveiller les professionnels, ficher les clients : étude des contrôles de la Banque Postale Nadège VEZINAT Des statistiques au coeur de la relation client : l'accès aux « données clients », leur effet sur l'organisation du travail et les relations clients/vendeurs en boutique Marie BENEDETTO-MEYER Mesure de la santé et maladie de la mesure : le contrôle des corps dans une usine de production automobile François DUBREUIL et Benoît GAUTIER Détourner le contrôle ? Le cas de la Fédération des lieux de musiques actuelles Gérôme GUIBERT BIBLIOGRAPHIE & RESSOURCES Christian MOUHANNA LE MÉTIER Le dévoilement de la violence à travers des indicateurs de vulnérabilité Franca Garreffa BONNES FEUILLES DE MASTERS PROFESSIONNELS Le téléphone portable comme outil de lutte contre la disqualification sociale de personnes « fragiles » Thibault Jarnigon La mobilité professionnelle : usages et mésusages Erika Nizard Le Lean 6 sigma dans l'aéronautique : un cas de management par projet comme modèle d'organisation Sébastien Petit SOCIOLOGIES D'AILLEURS De la sociologie québécoise à la sociologie au Québec : continuités et ruptures Jacques Rhéaume LECTURES ABSTRACTS
Les politiques d'aide en faveur des pays "en développement" existent depuis le début des années 1950 et leur champ a considérablement évolué depuis, avec l'apparition de nouveaux acteurs et de nouveaux outils de coopération. Ce numéro étudie les mutations qui accompagnent ces évolutions ainsi que les effets induits par les nouvelles sphères d'intervention et les nouveaux outils du développement sur le fonctionnement des acteurs.
La communication de l'entreprise a d'abord été construite sur une segmentation de ses publics et sur une répartition des tâches entre l'interne et l'externe. À l'heure du Web 2.0, on peut se demander ce que vaut cette distinction. Mais, en même temps, on observe que l'entreprise est en tension : elle s'est éloignée de ses salariés et éprouve de la difficulté à communiquer au travail sur le travail.
Plus que d'autres salariés, le communicant est confronté à ces difficultés.
Ce nouveau numéro de Sociologies pratiques tente d'identifier les évolutions en cours de la communication en entreprise et d'analyser la posture des praticiens face à celles-ci.
L'innovation sociale connait un regain d'attention tant du côté des acteurs socioéconomiques que des chercheurs. Nouvelle réponse à des besoins non satisfaits ou expérience alternative visant à des changements sociaux, ce concept polysémique donne lieu à de multiples interprétations.
Ce numéro de Sociologies pratiques analyse les conditions d'émergence, les modalités et les obstacles à la généralisation de l'innovation sociale et au changement d'échelle de pratiques innovantes, pour mieux comprendre leur portée plus ou moins transformatrice de la société, ainsi que les formes de banalisation et de récupération par les entreprises et les pouvoirs publics.